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La Première Guerre mondiale La paix, les traités |
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Le 7 novembre 1918,
à minuit 30, Foch, le généralissime des armées alliées, reçut du
quartier général allemand un message dont la rédaction avait visiblement
embarrassé ses auteurs :
« Le gouvernement allemand ayant été informé par les soins du président des Etats-Unis que le maréchal Foch a les pouvoirs nécessaires pour communiquer aux représentants accrédités du gouvernement allemand les conditions de l'armistice, les plénipotentiaires désignés par lui - le secrétaire d'État Erzberger, l'ambassadeur comte Oberndorf, les généraux von Günndell et von Winterfeld, le capitaine de vaisseau van Selovv - demandent qu'on leur communique par T. S. F. l'endroit où ils pourront se rencontrer avec le maréchal Foch. »Le maréchal répondit une heure après que les plénipotentiaires seraient reçus aux avant-postes français sur la route de Chimay à Guise, et que des ordres étaient donnés pour « les conduire au lieu fixé pour la rencontre ». Les délégués allemands, partis de Spa à midi en automobiles, franchirent les lignes françaises à 9 heures du soir, près de La Capelle, passèrent la nuit au château de Francport, près de Compiègne, et furent amenés le lendemain matin à Rethondes, où le maréchal les attendait dans un wagon-salon de son train spécial, avec le général Weygand, son chef-d'état-major, l'amiral anglais Wemyss et un officier américain représentant le général Pershing. - Rethondes, le11 novembre 1918 : Foch et les hauts responsables militaires alliés reçoivent les plénipotentiaires allemands pour la signature de l'armistice. Il leur donna lecture des conditions de l'armistice que l'Allemagne devait accepter ou refuser sans discussion dans un délai de 72 heures. Erzberger et ses collègues furent tout d'abord dans un étrange embarras. La révolution du 9 novembre renverse à Berlin le gouvernement impérial qui les avait accrédités. Le gouvernement provisoire, constitué à grand-peine par les socialistes majoritaires Ebert et Scheidemann, déclare qu'il veut « procurer la paix le plus rapidement possible » et confirme les pouvoirs de la délégation. Mais ce gouvernement n'est pas reconnu par Ie grand quartier général où l'empereur se trouve encore. L'état-major refuse de cesser le feu pour laisser passer l'officier allemand qui lui apportait de la part d'Erzberger et avec l'autorisation de Foch le texte de l'armistice. Cet officier n'arriva à Spa que dans la matinée du 10, quelques heures après la fuite de Guillaume II. L'Allemagne n'avait plus qu'un jour pour se décider. Hindenburg, convaincu que la résistance était impossible, se mit d'accord avec Ebert et lui promit son concours pour rétablir l'ordre et démobiliser l'armée. L'Armistice du 11 novembre 1918 et la Conférence de la PaixL'armistice fut signé le lundi 11 novembre, à 5 heures du matin, dans le wagon du généralissime. Les hostilités « sur terre et dans les airs » devaient cesser à 11 heures. C'était le premier des 31 articles de la convention dont les dispositions essentielles peuvent se résumer ainsi :1° sur le front occidental, évacuation immédiate, pour être réalisée dans un délai de 15 jours, de tous les pays occupés, Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l'Alsace-Lorraine, l'occupation de ces territoires par l'ensemble des troupes alliées et des Etats-Unis devant suivre la marche de l'évacuation; livraison par les Allemands de 5000 canons, dont 2300 lourds, de 25.000 mitrailleuses, 3000 minenwerfer, 1700 avions de chasse et de bombardement, le tout en bon état; évacuation dans un délai maximum de 31 jours des pays de la rive gauche du Rhin, qui « seront administrés par les autorités locales sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des Etats-Unis »; ces troupes tiendront des garnisons à Mayence, Coblence et Cologne, principaux points de passage du Rhin, et occuperont en ces points sur la rive droite des « têtes de pont de 30 km de rayon »; une zone neutre sera réservée sur la rive droite et délimitée par une ligne tracée à 10 km à l'est du fleuve et des têtes de pont, depuis la frontière de Hollande jusqu'à la Suisse; aucune destruction d'aucune sorte ne doit être faite dans les pays de la rive gauche du Rhin; les installations militaires, les usines, les voies ferrées et les voies navigables doivent rester intactes, et le personnel actuellement utilisé y sera maintenu; 5000 locomotives, 150.000 wagons et 5000 camions automobiles seront remis aux Alliés; l'entretien des troupes d'occupation dans les pays du Rhin, l'Alsace-Lorraine exceptée, sera à la charge de l'Allemagne.L'armistice, conclu pour 36 jours, pouvait être renouvelé. Une commission internationale permanente « sous la haute autorité du commandement en chef militaire et naval des armées alliées » en assurera l'exécution dans les meilleures conditions possible. « Dans le cinquante-deuxième mois d'une guerre sans précédent dans l'histoire », l'Allemagne vaincue renonçait à la lutte. L'armistice qu'elle signait était une capitulation. « Non seulement la guerre est terminée, disait Asquith à la Chambre des Communes, mais il est évident qu'elle ne sera pas reprise. » Wilson donnait la même assurance au Sénat des États-Unis. Ce fut l'impression générale en Amérique et dans les pays de l'Entente, dont les peuples célébrèrent par des manifestations d'un enthousiasme inouï la victoire définitive et la certitude de la paix. Les comptes rendus et même les illustrations des journaux ne donnent qu'une faible idée de la joie qui régnait en France, de la fête triomphale improvisée le 11 novembre au bruit du canon et des cloches par la population parisienne. « On riait, on chantait, on s'embrassait en pleurant d'attendrissement. »Des cortèges de jeunes gens et de jeunes filles, des vétérans de 1870 et des réfugiés du Nord portaient des fleurs et des couronnes aux statues de Strasbourg et de Metz, ainsi qu'au monument de Gambetta. D'autres traînaient sur les boulevards les gros canons allemands conquis par Mangin, Humbert ou Gouraud. Les soldats des armées alliées, Anglais, Belges, Italiens, Serbes, Portugais, répondaient par des hourras aux ovations de la foule. La Brabançonne et le God save the King alternaient avec la Marseillaise. Les Américains, passant et repassant sur leurs camions pavoisés, poussaient en signe de joie des hurlements et des coups de sifflet accompagnés de coups de revolver. Une loi votée le même jour décréta que « le Gouvernement de la République, le citoyen Georges Clemenceau et le maréchal Foch avaient bien mérité de la patrie ». Pétain, nommé le 19 maréchal de France, reçut le bâton à Metz des mains du président de la République. La Lorraine d'abord, puis l'Alsace firent aux soldats français un accueil inoubliable. Mulhouse acclama Hirschauer, Colmar Castelnau; l'entrée de Foch à Strasbourg fut un véritable triomphe. - L'entrée des Français en Alsace : défilé des régiments français devant l'hôtel de ville de Mulhouse. Avant la fin du mois, la Belgiqueétait entièrement libérée; le roi Albert avait repris possession de sa capitale. En décembre les Alliés, suivant pas à pas la retraite allemande, occupèrent le Luxembourg, le Palatinat bavarois, la principauté de Birkenfeld, les parties de la Hesse et de la Prusse rhénane situées sur la rive gauche du Rhin et les trois têtes de pont sur la rive droite. Les Français s'établirent à Landau et à Sarrebruck, à Spire, Ludwigshafen, Worms, Mayence et Wesbaden, quartier général de « l'armée du Rhin », dont Mangin fut le premier commandant; les Américains à Trèves et à Coblence; les Anglais à Cologne; les Belges à Aix-la-Chapelle, à Neuss et, après le second renouvellement de l'armistice, le 17 décembre, jusqu'à la frontière hollandaise. La France à la même époque se fit concéder une quatrième tête de pont, la ville et les forts de Kehl, précaution légitime contre un ennemi qui ne se résignait pas à sa défaite, intriguait et fomentait des grèves en Alsace, assassinait des prisonniers français à Mannheim et à Langeusalza et laissait derrière lui, dans les pays qu'il évacuait, des bombes à retardement et des machines infernales (explosions meurtrières à Bruxelles. Avelghem, Frameries, Guise, etc.). Pour retarder ou refuser les livraisons promises, les Allemands exagérèrent leur détresse, firent appel au président Wilson, au pape, aux socialistes hollandais et scandinaves, même aux travaillistes anglais, réclamant « au nom de l'humanité » la levée immédiate du blocus, menaçant l'Europe, en cas de refus, d'une révolution bolchéviste, protestant à l'avance contre toute cession territoriale, spécialement sur la rive gauche du Rhin, accusant des pires méfaits les troupes coloniales noires et cherchant par tous les moyens à brouiller les Français avec leurs alliés. Les vaincus ne réussirent pas à apitoyer, encore moins à diviser les vainqueurs. Les félicitations cordiales des souverains et des chefs d'État, les visites de Georges V, d'Albert Ier et de Victor-Emmanuel, de Ferdinand Ier de Roumanie et du prince de Serbie Alexandre à Paris (de novembre 1918 à mars 1919), leurs « pèlerinages » aux champs de bataille de la Marne et à Verdun, l'accueil enthousiaste fait au président des Etats-Unis lorsqu'il débarqua à Brest le 13 décembre, et ses premières déclarations publiques donnèrent l'impression très nette qu'avant toute conversation diplomatique, ils étaient d'accord entre eux et avec la France sur la question qui pour les Français primait toutes les autres, la responsabilité de l'Allemagne et les sanctions qu'elle devait entraîner. « Les mesures nécessaires seront prises, disait le président Wilson répondant à Poincaré. Il ne suffit pas que les actes de terreur et de spoliation soient flétris. L'humanité entière doit rester avertie qu'aucun peuple ne pourra à l'avenir oser de pareils outrages sans encourir la certitude d'un juste châtiment. »La Conférence de la Paix. La séance d'ouverture de la Conférence de la paix eut lieu le samedi 18 janvier à Paris, au ministère des affaires étrangères, avec une grande solennité. Elle comprenait les représentants de la France, de l'Angleterre, de ses Dominions, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Union Sud-africaine et des Indes britanniques, de l'Italie, du Japon, des États-Unis, de la Belgique et de la Serbie; ensuite, par ordre alphabétique, les délégués de la Bolivie, du Brésil, de la Chine, de Cuba, de l'Équateur, de la Grèce, du Guatemala, d'Haïti, du Hedjaz (Arabie), de Panama, du Pérou, de la Pologne, du Portugal, de la Roumanie, du Siam (Thaïlande), de la Tchéco-Slovaquie (Tchécoslovaquie) et de l'Uruguay, en tout 68 personnes. Après un discours de Poincaré, sur la proposition de Wilson, appuyée par Lloyd George, Clemenceau fut élu président à l'unanimité. L'assemblée, trop nombreuse, fut divisée assez arbitrairement en deux groupes : puissances à intérêts généraux, puissances à intérêts particuliers. Leurs délégués, répartis en commissions et sous-commissions, se partagèrent le travail préparatoire. La Conférence ne se réunit qu'assez rarement en séance plénière et seulement pour ratifier les décisions arrêtées par le Conseil des Dix (France, Angleterre, États-Unis, Italie, Belgique, Serbie (2 délégués dont un pour la Croatie), Roumanie, Grèce, Tchécoslovaquie), auquel succéda en avril le Conseil des Quatre (Clemenceau, Lloyd George, Orlando, Wilson). La procédure adoptée rompait avec tous les usages de l'ancienne diplomatie en supprimant tout débat contradictoire entre les vainqueurs et les vaincus. Pas d'autres préliminaires de paix que la convention d'armistice. Les Allemands, les Autrichiens, les Hongrois, les Bulgares et les Turcs ne participaient pas à la Conférence qui n'était pas un congrès. Ils devaient être convoqués séparément pour recevoir communication du traité qui les concernait, pourraient, avant de le signer, présenter des observations, mais un délai fixe leur serait assigné pour l'acceptation définitive. - Lloyd George, Clemenceau et Wilson. Les 14 articles de Wilson (Déclaration du 8 janvier 1915), unanimement adoptés par les grandes puissances alliées, devaient servir de base à la paix future. On peut les résumer ainsi : Plus de diplomatie occulte, plus de traités secrets, mais des accords ouvertement conclus; droit pour tous les peuples de disposer d'eux-mêmes; extension de ce droit aux anciens sujets de l'Autriche-Hongrie, aux populations de la région balkanique et aux diverses parties du « présent Empire ottoman »; restitution pure et simple à la France de l'Alsace et de la Lorraine et restauration complète des territoires envahis; indépendance absolue de la Belgique et reconstitution de la Pologne; « réajusteraient des frontières italiennes suivant les lignes des nationalités »; stricte limitation des armements; liberté de la navigation maritime et du commerce international; règlement impartial et équitable de toutes les revendications coloniales; enfin Société générale des nations unies pour empêcher, dans la mesure du possible, le recommencement des guerres et prévenir de nouveaux attentats. Ces « hautes vérités morales et politiques », commentées, éclaircies et complétées avec infiniment de tact et de mesure par Poincaré dans son discours du 18 janvier, ne rencontrèrent pas de contradicteurs. « Le programme de cette Conférence, dit aux délégués Clemenceau, a été établi par M. le président Wilson. Ce programme se suffit à lui-même. »Et il annonça qu'à l'ordre du jour de la prochaine séance figurerait, en tête, la question de la Société des nations. On s'occuperait ensuite de la responsabilité des auteurs de la guerre, des sanctions contre les auteurs des crimes commis pendant la guerre, de l'organisation d'une législation internationale du travail, Le public, surpris et peu satisfait, trouva que la Conférence commençait par où elle aurait dû finir. Les journaux lui reprochèrent ses lenteurs, qui étaient inévitables, et critiquèrent plus justement sa méthode qui compliquait sa tâche en cherchant à la simplifier. L'article 9 de son règlement stipulait que les délégués ne pourraient « présenter leurs demandes ou exposer leurs vues que par mémoires écrits ». On résumerait ces mémoires dans un travail d'ensemble qui serait ensuite communiqué à toutes les délégations. Dans les premiers jours de mars, les commissions achevèrent leurs rapports et présentèrent leurs conclusions. La Conférence entrait dans sa phase décisive que tous les gouvernements, disait-on, étaient résolus à abréger. Mais des questions importantes avaient été réservées, sur lesquelles les Quatre n'étaient pas d'accord. Malgré la discrétion des communiqués officiels, on sut que des divergences profondes se manifestaient entre eux, que leurs discussions étaient vives et parfois orageuses. L'idéalisme autoritaire du président Wilson et son intransigeance absolue au sujet des nationalités provoquèrent le 23 avril un très grave incident. Orlando rompit avec lui à propos de Fiume et partit pour Rome avec toute la délégation italienne. La France et l'Angleterre intervinrent, les négociations furent reprises et aboutirent à un compromis qui souleva les protestations des Italiens, sans contenter les Yougoslaves. Wilson prit part jusqu'au bout aux délibérations du « Conseil suprême », intervint dans toutes les questions, signa le 28 juin, en même temps que les Alliés, la paix avec l'Allemagne et repartit le soir même pour les Etats-Unis. Lansing, puis Polk le remplacèrent à la tête de la délégation américaine. A partir de ce moment l'histoire de le paix devient si complexe et si confuse que nous devons, pour la rendre plus claire, renoncer à l'ordre chronologique et grouper les faits essentiels autour des six traités qui résument l'oeuvre diplomatique de la Conférence : Acte constitutif de la Société des nations; traités de Versailles avec l'Allemagne, de Saint-Germain avec l'Autriche, de Trianon avec la Hongrie, de Neuilly avec la Bulgarie, de Sèvres avec la Turquie. La Société des NationsLa Société des Nations (SDN) est issue d'un projet déposé le 14 février 1919 par Wilson, et légèrement modifié au cours de la discussion. Sa composition : en font partie de droit les puissances signataires de la convention et, sans autre formalité, celles qui seront invitées à donner leur adhésion et l'enverront dans un délai de deux mois; pourront être admises, mais seulement après un vote favorable, celles qui demanderont à y entrer et fourniront des garanties sûres de leur bonne foi et de leur bonne volonté. L'Allemagne, ne remplissant pas ces conditions, était exclue sans être nommée. Une tentative de rapprochement avec la Russie des Soviets, suggérée et presque imposée par Llyod George offre d'une conférence dans l'île de Prinkipo), échoua complètement.Son organisation : siège à Genève, la France, appuyant la Belgique, avait proposé Bruxelles; Secrétariat international permanent, Conseil élu de 9 membres, Assemblée générale, Cour de justice ayant le droit de donner des avis. Son objet : garanties réciproques pour le maintien de la paix, l'exécution des traités, l'observation des règles du droit des gens; règlement des différends par voie d'arbitrage ou par arrêts motivés; abrogation des engagements antérieurs et des conventions particulières conclues entre les divers Etats, à l'exception des traités d'arbitrage existants et des ententes régionales, telles que la doctrine de Monroe s'appliquant aux deux Amériques; mandats internationaux conférés à certaines puissances pour l'administration des colonies enlevées à l'Allemagne, pour la protection et la tutelle des populations orientales récemment affranchies. Ses moyens d'action : avant tout la persuasion. La Société des nations devait être, suivant la définition de Wilson, « la force morale organisée ». Elle publie des déclarations, convoque où et quand elle veut des conferences internationales qui légifèrent sur les questions politiques, sociales, économiques les plus diverses, mais, pour que leurs décisions soient obligatoires, il faut qu'elles réunissent tantôt les deux tiers, tantôt l'unanimité des voix. Les Etats qui manquent à leurs engagements peuvent être frappés d'exclusion. Contre eux et contre les perturbateurs de la paix, des sanctions rigoureuses sont édictées : rupture économique et financière, blocus éventuel et même action militaire, mais ces menaces, comprenait-on déjà , risquaient fort de rester lettre morte, faute de moyens matériels pour en assurer l'exécution, et Wilson ne voulut pas entendre parler d'une « gendarmerie internationale », et fit repousser un amendement de Léon Bourgeois qui proposait d'en contituer au moins les cadres., Un autre amendement du délégué japonais Makino réclamant l'égalité absolue des races, repoussé, par les Américains et les Anglais, fut retiré par son auteur. L'Acte constitutif de la Société des nations, en 26 articles, fut adopté par la Conférence en séance plénière et publique le 28 avril 1919. Traité de Versailles avec l'AllemagneDepuis la signature de l'Armistice jusqu'à la fin d'avril 1919, l'Allemagne fut profondément troublée par des discussions intérieures et des crises révolutionnaires qui mirent en péril son unité et même son existence nationale.Le 6 janvier 1919, les Spartakistes (en référence à Spartacus et à la révolte d'esclaves qu'il avait conduite), dirigés par Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, et qui défendent le programme que Lénine commence à appliquer en Russie, initient (associés à une fraction des sociaux-démocrates) un soulèvement à Berlin. L'armée, légaliste et alliée aux Sociaux-démocrates majoritaires) écrase en quelques jours le mouvement (semaine sanglante de Berlin). Liebknecht et Rosa Luxembourg sont arrêtés et exécutés. Un certain calme revient, mais le pouvoir qui, par la violence de sa répression, s'est privé du soutien d'une grande partie de la classe ouvrière, s'en trouve fragilisé. Les grèves se multiplient. La droite et l'aristocratie, de leur côté, nourrissent l'instabilité parlementaire. (Une tentative de coup d'État aura même lieu en 1920, suivie de deux assassinats de ministres). On assiste à des manifestations nationalistes et militaristes, à la rentrée triomphale des régiments de la garde à Berlin, aux hommages rendus aux fils de Guillaume II, à des provocations directes : insultes aux drapeaux des Alliés, attentats contre les membres de leurs missions militaires, injures et menaces dans les journaux, récriminations sans fin et protestations dans l'Assemblée nationale. Tout celà ajouté au discours du président Fehrenbach, aux violents débats au sujet de l'armistice, montrait à quel point l'Allemagne n'acceptait ni ne comprenait les conséquences de sa défaite. Réclamant la paix immédiate, « sur les bases de la déclaration Wilson », elle renversait les rôles en posant à l'avance ses conditions : maintien de l'unité et annexion au Reich de l'Autriche allemande, restitution des colonies, rapatriement des prisonniers de guerre, désarmement simultané, admission de l'Allemagne dans la Société des nations (déclarations d'Ebert et de Scheidemann). Les Alliés ne s'inquiétèrent pas de ce qui se disait à Berlin et n'intervinrent d'aucune façon dans les affaires intérieure de l'Allemagne. Suivant à la lettre leur programme, ils discutèrent entre eux et arrtèrent les termes du traité qui devait être signé à Versailles, et convoquèrent dans cette ville les délégués du Reich pour en recevoir communication, 28 avril 1919. Le 7 mai Clemenceau remit à Broekdorf-Rantzau le texte du traité, « dur règlement de comptes dont l'heure était venue ». La protestation arrogante et maladroite de Brockdorf-Rantzau resta sans réponse, mais les Allemands usèrent du droit de présenter des observations écrites, retardant la paix de deux mois pour n'obtenir qu'un petit nombre de concessions jugées alors sans importance. Le texte définitif communiqué le 10 juin ne diffère pas sensiblement de celui du 7 mai Le traité comprend 110 articles, Nous en résumons les conditions principales, en signalant celles qui ont donné lieu à des divergences entre les Alliés et les solutions qui ont été adoptées. I. Pour la France
et pour la Belgique.
"Le Rhin, écrit le ma réchal Foch dans un rapport demandé par le Conseil suprême. constitue la garantie de la paix pour toutes les nations qui ont versé leur sang pour la liberté du monde. Laissez-nous surveiller le Rhin. »Il proposait en conséquence l'occupation permanente par les forces interalliées de la rive gauche et des passages du fleuve. Pas d'annexions, pas d'État tampon, auquel on avait un instant songé : l'Allemagne conservait sa frontière politique, mais l'Entente se donnait le Rhin comme frontière militaire. Cette solution, appuyée par la France et la Belgique, fut écartée par Lloyd George et Wilson. On accusa la France d'impérialisme parce qu'elle réclamait, « une borne, une solide frontière que nos soldats avaient bien gagnée » (Deschanel). La solution adoptée fut la suivante : défense aux Allemands de construire des fortifications, d'entretenir des troupes ou des installations militaires quelconques sur la rive gauche du Rhin et dans une zone de 50 km sur la rive droite, et, en cas d'infraction, rupture immédiate; maintien de l'occupation temporaire, prévue par l'armistice, fixée en principe à 15 ans, mais pouvant être réduite à 10 ans pour Coblence, 5 ans pour Cologne, ou prolongée au delà du terme de 15 ans, suivant la manière dont l'Allemagne exécuterait ses engagements. Pour décider la France à donner son adhésion, Lloyd George et Wilson lui offrirent une alliance défensive contre toute agression injustifiée des Allemands, garantie précaire, car le traité signé le 7 mai n'obligeait l'Angleterre que s'il était ratifié par le Sénat des Etats-Unis. Le Sénat l'ayant rejeté, Lloyd George affirma sans hésiter à la Chambre des Communes que l'Angleterre les Français n'avaient rien promis. II. Cessions imposées
à l'Allemagne et remaniements territoriaux.
III. Colonies.
IV. Clauses morales.
Aucune de ces sanctions ne fut appliquée. L'Angleterre, qui les réclamait avec le plus d'insistance, fut la première à les abandonner : l'extradition de Guillaume fut refusée par la Hollande, les Alliés n'insistèrent pas et laissèrent juger les coupables par la cour de Leipzig qui les acquitta. Enfin, d'après un article ajouté après coup et qui prête à l'équivoque, rien ne s'oppose à ce que l'Allemagne soit admise comme membre de la Société des nations dans un temps prochain (texte anglais), dans un temps non éloigné (texte français). V. - Clauses militaires,
navales, aériennes.
par la Compagnie des chemins de fer de l'Est. VI - Clauses financières
et réparations.
A défaut d'indemnité, l'Allemagne devait à la France des réparations. Le traité les énumère : d'abord restitution de tout ce qui a été pris au Français et aux Belges, par voie de réquisition, pillage ou vol individuel, bétail, instruments d'agriculture, outils et métiers, matériel des usines et des chemins de fer, meubles, bijoux, objets d'art, livres et manuscrits précieux des bibliothèques, espèces et valeurs de toute nature, des caisses pleines de vêtements sacerdotaux furent renvoyées à la France par l'archevêque de Cologne; ensuite les réparations proprement dites, en argent ou en nature, remplacements, dédommagements, remboursement des pensions et allocations, fournitures de charbon, de matériaux, de matières premières et de produits des manufactures pour la restauration de nos régions dévastées et la reconstitution de nos industries, etc.; garantie par un privilège hypothécaire sur tous les biens du Reich et des Etats confédérés du recouvrement de nos créances dont le montant total sera fixé ultérieurement par la Commission des réparations; en attendant, et par provision, l'Allemagne remettra aux Alliés des bons pour une somme de 100 milliards de marks or, dont les 20 premiers milliards devront être remboursés en or, déduction faite des frais d'occupation, avant le 1er mai 1921; les autres paiements seront échelonnés à des dates déterminées par le Conseil suprême; si à une époque quelconque, même après 15 ans, l'Allemagne manquait à ses engagements, les Alliés pourraient, de plein droit, réoccuper la rive gauche du Rhin et les têtes de pont. Un barème était prévu pour la répartition entre les puissances alliées et associées, au prorata de leurs pertes, des sommes que verserait l'Allemagne, de ses bâtiments de guerre ou de commerce, de ses câbles télégraphiques. Ce barème, péniblement établi, fut plusieurs fois remanié par la suite au désavantage de la France, dont la part fut réduite de 55 à moins de 52%. Les Allemands profitèrent de ces divergences pour élever de nouvelles chicanes. Un article introduit dans la seconde rédaction du traité les autorisait à présenter, dans un délai de 4 mois, « telles propositions qu'ils jugeront opportunes » relativement au paiement de leur dette, et « tout plan pratique » pour la restauration des pays dévastés. Cette clause, trop largement interprétée, leur a permis de rouvrir et de prolonger indéfiniment la discussion. VII. - Clauses
économiques.
VIII. - Clauses
sociales.
1. le travail n'est pas simplement une marchandise ou un objet de commerce; 2. droit d'association « en vue d'un objet non contraire aux lois » pour les salaries comme pour les employeurs; 3. salaire assurant aux travailleurs « un niveau de vie convenable » ; 4. la journée de 8 heures ou la semaine de 48 heures, but à atteindre partout où il n'a pas encore été obtenu; 5. repos hebdomadaire, 24 heures au minimum, comprenant autant que possible le dimanche; 6. suppression du travail des enfants, limitation de celui des jeunes gens et des jeunes filles; 7, salaire égal, sans distinction de sexe, pour un travail d'égale valeur; 8. traitement économique équitable garanti dans chaque Etat à tous les Travailleurs (nationaux ou étrangers) résidant légalement dans le pays; 9. service d'inspection comprenant des femmes pour assurer la protection des travailleurs. Un secrétariat spécial et un conseil du travail sont adjoints par le traité à la Société des nations. Jusqu'au dernier moment les Allemands avaient cru que les Alliés ne maintiendraient pas leurs conditions. Les fausses nouvelles colportées par leurs journaux - rupture entre Lloyd George et Clemenceau, entre le président Wilson et l'Entente, révolution bolcheviste imminente à Paris, à Londres et à Rome - entretenaient leurs illusions, brusquement dissipées par la mise en demeure du 16 juin. L'Allemagne n'avait que huit jours pour se décider. On se demanda ce qu'elle allait faire. Des incidents divers, incendie dans une émeute à Berlin des drapeaux français de 1870 qui devaient être restitués, destruction par ses équipages de la flotte de von Reuter internée à Scapa Flow, menaces d'un ultimatum et concentration de troupes à la frontière polonaise, avec ou sans le consentement du gouvernement qui n'était plus maître de ses généraux, la démission de Brockdorf-Rantzau qui ne voulait pas signer la paix et celle de Scheidemann qui n'osait pas la proposer, rendirent un instant la situation très critique, Le Conseil des Etats (Bundesrat) était hostile au traité, l'Assemblée de Weimar indécise et partagée. Le nouveau chancelier Bauer réussit à la convaincre. Par 238 voix contre 137 il obtint pleins pouvoirs pour signer la paix, sous réserve de ratification par l'Assemblée nationale. Si le vote avait été contraire, l'armistice aurait été rompu, et les armées alliées, qui avaient reçu leurs ordres de marche, seraient entrées en Allemagne. Le traité fut signé, Müller et Bell représentant l'Allemagne, le 28 juin 1919, cinq ans jour pour jour après l'attentat de Sarajevo, dans la Galerie des glaces du palais de Versailles, où Guillaume ler s'était fait proclamer empereur d'Allemagne le 18 janvier 1871. Tous les plénipotentiaires des Alliés signèrent, à l'exception des Chinois qui protestaient par leur absence contre l'attribution du Chan-toung aux Japonais. L'Assemblée de Weimar ratifia Ie traité de Versailles le 9 juillet, à une assez faible majorité; l'Angleterre, l'Italie et le Japon le ratifièrent, - il était dès lors exécutoire -, et en dernier lieu la France, par 372 voix contre 53 et 73 abstentions à la Chambre, et à l'unanimité de 217 votants au Sénat. Il fut rejeté par le Sénat américain, très mécontent de Wilson, dont il condamna la politique et désavoua les engagements, Les Etats-Unis refusèrent d'entrer dans la Société des nations et ne signèrent leur traité particulier avec l'AIlemagne qu'en août 1921, sous la présidence Harding. Traité de Saint-Germain avec l'AutricheL'Autriche et la Hongrie ayant d'elles-mêmes rompu le lien politique qui les unissait, le Conseil suprême les reconnut comme Etats distincts et convoqua séparément leurs délégués, d'abord les Autrichiens qui arrivèrent le 14 mai à Saint-Germain. Le chef de la mission, le Dr Karl Renner était le chancelier très modéré d'un gouvernement qui s'intitulait socialiste, mais vivait en bon accord avec les partis bourgeois. La révolution était finie, l'ordre, qui n'avait jamais été bien sérieusement troublé, était rétabli à Vienne, et si le secrétaire d'Etat Bauer évoquait encore dans ses discours " le spectre du bolchévisme », c'était pour justifier devant l'Assemblée nationale qui l'approuva, et devant les Alliés qui maintinrent leur veto, le rattachement de « l'Autriche allemande à la grande Allemagne ». Tout le monde au reste, même Bauer, désirait sincèrement et ardemment la paix « pour mettre fin aux souffrances du pays »; Renner avait hâte de conclure. Le traité n'était pas prêt. Une partie seulement en fut communiquée dans la séance solennelle du 2 juin à la délégation autrichienne : des clauses fort importantes étaient réservées, L'échange des notes et des contre-notes se prolongea pendant 3 mois. Ce ne fut pas la faute de l'Autriche, dont les « observations » sur l'exiguïté du territoire qu'on lui laissait, le tracé désavantageux de ses frontières, l'insuffisance de ses ressources économiques et les charges très lourdes qu'on lui imposait, furent raisonnnables et mesurées. Mais le partage des pays non allemands de la couronne autrichienne entre les petits Etats qu'on lui donnait comme héritiers, l'antagonisme et l'enchevêtrement des nationalités, la clause relative à « la protection des minorités ethniques ou religieuses » combattue par la Roumanie, la question de l'Adriatique, l'intransigeance des Italiens et l'égale obstination des Yougoslave, suscitèrent d'interminables controverses entre les intéressés.Le Conseil suprême, pour en finir, modifia quelques articles et compléta tant bien que mal le traité, qui fut signé le 10 septembre 1919 au château de Saint-Germain. La Roumanie et la Serbie ne le signèrent pas, l'Italie fit des réserves. Il s'en fallait de beaucoup que toutes les questions litigieuses fussent réglées. Le préambule du traité reproduit intégralement le pacte de la Société des nations, et les dispositions générales relatives à la liberté du commerce et de la navigation, à la propriété industrielle, au travail, etc., sont identiques à celles du traité le Versailles de même dans les autres traités rédigés par la Conférence. Les clauses territoriales et politiques qui doivent fixer les destinées de l'ancien empire des Habsbourg, sont les suivantes : indépendance absolue et inaliénable de la République autrichienne, qui s'engage à démocratiser ses lois et ses institution; son territoire comprend les provinces de Basse et de Haute-Autriche, de Salzbourg, le Tyrol allemand (au Nord des Alpes et Ie Vorarlberg, la Styrie et la Carinthie, sauf la partie orientale, soumise à un plébiscite dont le résultat a été favorable à l'Autriche; au total, environ 87,500 km² avec 8 millions et demi d'habitants. Elle reconnait les nouveaux Etats, cède à la Tchécoslovaquie la Bohème, la Moravie, plus une tête de pont en face de Presbourg (Bratislava), sur la rive droite du Danube, la Galicie à la Pologne, la Bukovine à la Roumanie. A l'est, la frontière est modifiée de façon à englober dans les limites de l'Autriche, sous la réserve d'un plébiscite , le territoire hongrois du Burgenland (Oedenburg et Stein-am-Anger), dont la population est de langue allemande. Au sud, l'Autriche cède au royaume Yougoslave la Carniole, à l'Italie le Tyrol méridional (vallée entière de l'Adige et de ses affluents depuis leurs sources), le Frioul, Trieste et l'Istrie, renonce à la Dalmatie et aux îles Illyriennes, dont l'attribution sera fixée plus tard, et à la Bosnie et à l'Herzégovine déjà incorporées à l'État Yougoslave. Sa frontière du côté de l'Italie sera déterminée par « un règlement ultérieur ». Tous les nationaux autrichiens, aussi bien que ceux des États nouveaux, sans distinction de langue, seront égaux devant la loi, et la protection des minorités sera garantie par la Société des nations. Clauses militaires.
Clauses financières
et réparations.
Mais l'Autriche, réduite des deux tiers et succombant déjà sous le poids d'une énorme guerre, pourra-t-elle jamais faire honneur à sa signature? Les termes mêmes du traité laissent entendre que les Alliés n'y comptent guère. Ils insistent bien davantage sur les remplacements et les restitutions. Quelques revendications, d'ailleurs très légitimes, sont un peu inattendues. « L'Autriche s'engage à restituer les objets artistiques et les manuscrits enlevés par la maison des Habsbourg et autres dynasties en Italie, en Belgique, en Pologne, en Tchécoslovaquie. »L'Italie réclame, avec plusieurs tableaux, des souvenirs de la famille des Médicis, la Belgique des documents emportés en 1794, la Pologne une coupe en or de Ladislas IV, la Tchécoslovaquie des manuscrits historiques enlevés du palais du Hradschin à Prague. En cas de contestation, la Commission des réparations décidera. Une des principales clauses économiques est l'article spécial qui réglait « le sort des réseaux ferrés de l'ancienne Monarchie concédés à des sociétés privées». Si la compagnie concessionnaire ne s'accordait avec l'Etat sous la souveraineté duquel ses lignes étaient passées, on aurait recours à l'arbitrage de la Société des nations. Traité de Trianon avec la HongrieLa Conférence avait fait attendre les Autrichiens, les Hongrois firent attendre plus longtemps la Conférence. Ils ne signèrent leur traité que 9 mois après les Autrichiens. La nation désirait la paix avec l'Entente, mais non avec ses ennemis héréditaires, Tchécoslovaques, Yougoslaves et Roumains qui avaient envahi son territoire et continuaient à se battre pour démembrer à leur profit les pays de la couronne de Saint-Etienne.Le comte Karolyi, chef du gouvernement provisoire, refusa aux Roumains l'armistice exigé par le Conseil suprême. Une révolution communiste éclata à Budapest; le bolchéviste Bela Kun s'empara du pouvoir et exerça, du 4 mars au 2 août 1919, une sanglante dictature, repoussant avec mépris trois tentatives de l'Entente (mission du général anglais Smuts) pour négocier avec lui. La déroute de son armée rouge l'obligea à prendre la fuite, les Roumains entrèrent à Budapest et y rétablirent l'ordre, le Conseil suprême ne leur permit pas d'y rester. Les complots et les coups d'Etat recommencèrent, cette fois dans le sens des conservateurs, qui réclamaient le retour à l'ancienne constitution monarchique et la restauration du roi Charles Ier. Son cousin, l'archiduc Joseph, se proclama le 7 août Gouverneur de la Hongrie, et notifia son installation au Conseil suprême, qui lui enjoignit de quitter sans délai Budapest et envoya quelques troupes alliées pour maintenir l'ordre jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale. Celle-ci se prononça nettement en faveur de la monarchie et nomma chef d'Etat - en réalité régent -, pendant la vacance du trône, l'amiral Horthy, dont le Conseil voulut bien recevoir les délégués, 13 février 1920. Les Hongrois trouvèrent les conditions très dures, insistèrent vivement auprès de l'Angleterre et de l'Italie pour en obtenir de meilleures et présentèrent des contre-propositions qui ne furent pas admises. Le 21 mai, Millerand, qui avait succédé à Clemenceau comme président de la Conférence, remit à la délégation hongroise le texte définitif du traité, qui fut signé le 4 juin 1920, au palais de Trianon. Aucune forme spéciale de gouvernement n'est imposée à la Hongrie, mais la restauration de la dynastie des Habsbourg lui est formellement interdite. L'Angleterre surtout tenait à cette exclusion déjà signifiée à l'Autriche. Les clauses territoriales favorisent encore plus que celles du traité de Saint-Germain les intérêts des « Petits Etats » et des nationalités affranchies, réduisant au strict minimum le domaine incontesté de la nationalité magyare. La République hongroise abandonne au Nord-Ouest, à la Tchécoslovaquie, le territoire compris entre la Morava, les Carpates, le massif des Tatra et la rive gauche du Danube, la frontière passant à 30 km de Budapest; à l'Est, à la Roumanie, la Transylvanie tout entière, la partie orientale de l'ancien Cercle au delà de la Theiss et le Banatde Temesvar; au Sud, à l'État YougosIave, l'Esclavonie, la Croatie et le Littoral hongrois, sauf Fiume, érigée en Etat libre, moyennant un compromis accepté de guerre lasse par le gouvernement italien, mais violemment critiqué par le parlement, la presse et l'opinion publique. Le poète G. d'Annunzio, qui s'était jeté dans la ville avec 2 ou 300 volontaires, refusa d'en sortir et ne l'abandonna que le 31 décembre 1920, sous la menace des troupes italiennes. Le différend entre l'Italie et les Yougoslaves au sujet de la Dalmatie n'était toujours pas réglé. D'autres conflits se produisirent, où les torts étaient partagés : entre les Roumains et les Yougoslaves (frontières du Banat vers la Theiss et le Danube), entre les Yougoslaves et les Hongrois, au sujet du district de Pecs (Fünfkirchen), indûment occupé par les premiers, entre les Hongrois et les Autrichiens au sujet du Bürgenland (plus haut Traité de Saint-Germain), qui devait être cédé à l'Autriche et dont la possession resta contestée jusqu'en 1921. Les autres clauses du traité de Trianon, sont identiques ou analogues à celles des traités précédents. Traité de Neuilly avec la BulgarieEn mai 1919, quand les premiers plénipotentiaires allemands furent arrivés à Versailles, les journaux annoncèrent que la Conférence s'occupait des Bulgares et des Turcs, que leurs délégués seraient prochainement convoqués et que la paix serait rétablie en Orient en même temps qu'en Occident, - pour le 15 juin, disait un diplomate trop optimiste. Les Turcs arrivèrent les premiers le 12, à Vaucresson, sous la conduite de Férid pacha, mais avec tout un programme de revendications extravagantes (restitution de l'Égypte et de la Tripolitaine, évacuation de la Tunisie par les Français, etc.). On les renvoya chez eux sans leur répondre et l'on convoqua les Bulgares, dont l'arrivée discrète passa presque inaperçue. Ils plaidèrent habilement les circonstances atténuantes, rejetèrent les responsabilités sur Ferdinand de Cobourg, son ministre Radoslavov et les agents de Guillaume Il. Le traité qu'on leur présenta, et qu'ils signèrent le 27 novembre 1919 au château de Madrid à Neuilly, imposait à leur pays, à titre de réparations, de lourdes charges financières; mais les clauses territoriales étaient d'une modération inattendue : cession de la Dobroudja méridionale à la Roumanie, qui conservait en outre, du consentement des Alliés, l'ancienne Bessarabie russe; rectifications de frontières accordées à la Serbie et à la Grèce; abandon au roi Alexandre du littoral de la mer Égée, de la Mesta à la Maritsa avec le port de Dédé-agatch. C'était un acompte sur la récompense promise à Venizelos pour le concours que l'armée grecque avait prêté aux Français à Salonique.Traité de Sèvres avec la TurquieLa paix bulgare n'était que le préambule du traité turc. Mais y aurait-il un traité turc? L'expérience de juin 1919 n'était pas encourageante, les Alliés se demandèrent s'ils devaient la recommencer. Deux solutions étaient envisagées par le Conseil suprême, connues du public et discutées dans les journaux démembrement total sans traité et suppression pure et simple de I'Empire ottoman; maintien nominal, démembrement partiel consacré par un acte diplomatique auquel les Turcs seraient amenés de gré ou de force à donner leur adhésion. Les Anglais et les Américains, y compris Wilson, penchaient pour la première solution; les Français et les Italiens préféraient la seconde, à laquelle Lloyd George finit par se rallier, à la condition qu'on ne rendit aux Turcs rien de ce qu'on leur avait enlevé pendant la guerre. Le principe anglais était : Ce que la Croissant a perdu, il ne doit pas le reprendre. Le 21 avril 1920 les Alliés annoncèrent qu'ils avaient définitivement réglé la question turque et convoquèrent les plénipotentiaires de Méhémet VI. Le chef de la delégation. Tewfik pacha, adversaire déclaré des Jeunes Turcs, était considéré comme un ami des Anglais, qui n'eurent pas pour lui Ies mêmes ménagements que pour les envoyés bulgares. Les clauses essentielles du traité communiqué le 11 mai étaient les suivantes : la Turquie reconnaît l'existence des nouveaux États, Républiques tchécoslovaque et polonaise, Royaume yougoslave, Républiques autrichienne et hongroise, et tous les arrangements territoriaux réalisés ou à intervenir aux termes des traités de Versailles, de Saint-Germain et de Trianon; elle reconnaît pour la première fois le protectorat de la France en Tunisie, celui de l'Angleterre en Égypte, abandonne toute prétention sur le canal de Suez, sur la Tripolitaine, déjà cédée à l'Italie (traité d'Ouchy-Lausanne), et sur l'île de Chypre annexée en 1914 par l'Angleterre. Elle cède à la Grèce la Thrace tout entière avec Andrinople (Edirne). On ne lui rend pas ses îles de la mer Egée, que les italiens partagent avec les Grecs. Elle reconnaît enfin comme Etats indépendants, sous la forme que les Alliés leur donneront et sous le contrôle de la société des nations, l'Arménie qui aura un débouché sur la mer Noire entre Batoum et Trébizonde, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, le Kurdistan et le Hedjaz avec les villes saintes de la Mecque et de Médine.Le sultan conservera Constantinople (Istanbul) et sa banlieue, les Détroits et l'Anatolie jusqu'à l'Anti-Taurus; l'Empire ottoman maintenu ne comprend pas autre chose. Encore s'en faut-il de beaucoup que les Turcs soient maîtres chez eux. Constantinople et les Détroits sont en fait internationalisés : rétablissement et renforcement des Capitulations et du contrôle financier, commission de surveillance et occupation permanente par des forces interalliées du Bosphore et des Dardanelles dont le passage restera libre en temps de paix et en temps de guerre. Tout le sud de l'Anatolie, dont la population n'est pas en majorité musulmane, est répartie en deux zones d'influence, de protection et d'exploitation économique, zone française au Sud-Est (Cilicie), zone italienne au Sud-Ouest, du Taurus à la mer Égée. La Grèce obtient de son côté « l'administration » de Smyrne (Izmir) et du territoire environnant, sans limites précises. L'armée turque est limitée à 50.000 hommes, la marine de guerre supprimée. Quand il connut ces conditions, Méhémet voulut abdiquer. Ses ministres l'en empéchèrent et profitèrent du délai de 2 mois qui leur était accordé, pour demander en vain qu'on leur laissât la Thrace et Smyrne et obtenir au dernier moment quelques atténuations de forme qui rendirent un peu moins humiliante la soumission du sultan. Le traité, officiellement accepté à Constantinople le 22 juillet, malgré les très vives protestations des nationalistes (Mustafa Kémal, chef du gouvernement provisoire d'Ankara), fut signé à Sèvres le 5 août 1920. La plupart des articles sanctionnaient des faits accomplis; d'autres étaient contestés ou violés; plusieurs parurent inexécutables. Personne ne fut satisfait. Les Grecs se plaignaient des Turcs qui leur disputaient Smyrne, des Anglais qui leur avaient promis l'île de Chypre et la leur refusaient, des Italiens qui leur cédaient l'archipel de la Dodécanèse, mais gardaient la grande île de Rhodes en échange de droits illusoires sur la Haute-Albanie. Ils en voulaient au Conseil suprême qui, leur abandonnant la Thrace jusqu'à la mer de Marmara, les arrêtait par son veto aux portes de Constantinople. La confusion n'est pas moindre et les difficultés sont plus grandes quand il s'agit de constituer les nouveaux États indigènes « sous l'égide de la Société des nations ». Bien avant la déclaration de Wilson, les Alliés s'en étaient partagé la tutelle par des arrangements pris pendant la guerre, dont le détail seul était tenu secret, car les ministres de I'Entente en avaient publiquement avoué l'existence et l'objet. Les accords anglo-franco-russes de 1916-1917, modifiés par suite de l'effondrement de la Russie, mais toujours en rigueur en ce qui concernait l'Angleterre et la France, prévoyaient 3 zones d'occupation, protection ou influence (la distinction n'est pas très nettement indiquée); 1° zone russe, Constantinople et Grande Arménie; 2° zone française, la Syrie et le Kurdistan occidental jusqu'au Tigre, la Cilicie et la Petite Arménie; 3° zone anglaise, Hedjaz, Yémen et toute l'Arabie turque, Mésopotamie avec Bagdad, Kurdistan oriental, plus à l'Ouest une bande de territoire aboutissant aux ports d'Akka et de Caiffa, entre la Syrie française et la Palestine, qui serait, en raison des intérêts religieux des puissances alliées, soumise, sous leur protectorat commun, à un régime particulier. Un article dangereux par son ambiguïté stipulait qu'entre les régions (?) françaises et anglaises, on constituerait « une confédération d'Etats arabes ou bien un Etat arabe indépendant », dans lequel on déterminerait des zones d'influence - En 1920 la zone russe était vacante. on eut l'idée de l'offrir au président Wilson, qui aurait probablement accepté un mandat sur l'Arménie sans l'opposition du Sénat. Entre la France et l'Angleterre de nouveaux accords furent conclus. L'Angleterre, conservant sa part tout entière, fit tout ce qu'elle put pour diminuer celle de la France. Elle l'évinça complètement de la Palestine qu'elle érigea en province anglo-juive, au grand mécontentement des chrétiens et des musulmans du pays; elle se fit céder par le gouvernement français mal informé la partie du Kurdistan que convoitait, la rive droite du Tigre avec les mines de cuivre de Diarbékir et les pétroles de Mossoul. Sous prétexte d'organiser les « Etats arabes indépendants », des agents anglais, secondés par une mission militaire « d'enquêteurs américains », représentèrent aux Syriens que l'Angleterre les protégerait bien mieux que la France, poussèrent leurs intrigues jusque dans le Liban, dont les populations chrétiennes (les Maronites) étaient attachées à la France par des liens séculaires, et donnèrent pour chef au parti antifrançais l'émir Fayçal, fils du chérif de La Mecque Hussein, qui se fit proclamer roi à Damas et demanda à la France de le reconnaître, tout en conspirant contre elle. Les Anglo-Arabes avaient cette fois dépassé la mesure. Sur l'ordre du gouvernement français, le général Gouraud, commandant en chef de l'armée française d'Orient, occupa en juillet 1920 Damas et Alep et expulsa Fayçal, dont les Anglais se servirent pour apaiser une révolte en Mésopotamie. Retirant leurs troupes de Bagdad, ils y installèrent Fayçal qui se fit nommer roi et gouverna pour eux. La France conserva la Syrie jusqu'à l'Euphrate (combat de Deir-el-Zor), avec les ports de Beyrouth et d'Alexandrette. Sa frontière du sud traversait la région des sources du Jourdain dont les Anglais s'adjugèrent la meilleure part. Au nord, après une pénible guerre de deux ans contre les Turcs de Mustafa Kemal, elle renonça par le traité d'Ankara (octobre 1921) à l'occupation de la Petite Arménie et de la Cilicie, moyennant des garanties sérieuses pour les populations chrétiennes et des conditions économiques avantageuses. L'Angleterre, dans une note officielle, critiqua sous différents prétextes cet « accord séparé ». Il y avait entre elle et la France un dissentiment plus grave. D'accord avec son ministre des affaires étrangères lord Curzon, Lloyd George penchait pour la révision du traité de Sèvres à laquelle la France était opposée, encourageait les « légitimes aspirations des Grecs », leur marche en avant vers Brousse, et soutenait que la France devait les appuyer même par les armes (juillet 1920). La mort du roi Alexandre, la défaite électorale de Venizelos, la restauration de Constantin (octobre-décembre 1920), ses protestations de fidélité à l'Entente et ses menaces contre les Turcs causèrent de vifs débats dans le Conseil suprême. Les Alliés décidèrent de maintenir leurs ambassadeurs à Athènes, sans reconnaître Constantin, de le laisser faire la guerre aux Turcs, mais de ne lui fournir ni soldats, ni matériel, ni munitions, ni argent. Les événements qui suivirent en 1921, la déclaration de guerre aux Kémalistes, la prise d'Afiounkara-Hissar, les combats autour d'Eski-Cheïr, la marche des Grecs sur Ankara, les vigoureuses contre-offensives des Turcs, l'épuisement des deux partis, l'initiative de l'Angleterre en vue d'un règlement définitif remplaçant le traité de Sèvres, sont encore des conséquences de la Grande Guerre, mais n'appartiennent plus à son histoire. La Grande Guerre, c'est la guerre allemande officiellement terminée par le traité de Versailles. Le jour où ce traité fut signé, on disait à Paris et à Londres : la paix est faite, - la paix tout court, - sans se préoccuper autrement des Turcs ni des Bulgares, ni même des Hongrois et des Autrichiens. Wilson, à la même date, écrivait dans son message au peuple américain : « C'est plus qu'un traité de paix avec l'Allemagne, » c'est « la charte d'un nouvel ordre de choses pour le monde, si ce traité est exécuté dans toute la sincérité de ses termes », - affirmation trop optimiste, trop idéaliste surtout, bien qu'elle renfermât une grande part de vérité. Ni Wilson ni l'opinion publique dans les pays de l'Entente ne se rendaient un compte exact des difficultés pratiques de l'exécution du traité. La RussieLa Russie restait, par sa faute, en dehors de la pacification générale. Il est impossible de traiter avec les Soviets, disait Clemenceau en janvier 1920. Envoyer des troupes en Russie, serait une folie de la part de l'Entente, disait Lloyd George; le Japon retirait les siennes de Vladivostok, et l'Angleterre allait jusqu'à blâmer la France d'avoir reconnu dans les provinces de la mer Noire le gouvernement du général Wrangel renversé d'ailleurs par les Soviétiques en novembre 1920. La république bolchévique de Moscou, sous la dictature de Lénine, Trotzsky et Tchitchérine, ne se bornait pasà lancer des manifestes contre la « bourgeoisie capitaliste » du monde entier, à organiser dans ses congrès la 3e Internationale, à envoyer des émissaires et à propager sa doctrine, non seulement en Allemagne et en Autriche, mais chez les neutres, Scandinaves ou Suisses, dans les pays de l'Entente, aux Etats-Unis, en Arménie, en Géorgie, en Iran, dans le Turkestan, l'Afghanistan et jusque dans l'Inde anglaise Avec son armée rouge d'un million d'hommes et le matériel perfectionné que lui vendaient, supposait-on, les Allemands, elle dominait, exploitait ou soviétisait, sous prétexte de les protéger, la Finlande, les « républiques baltes » d'Estonie et de Lettonie, la Lituanie, l'Ukraine, et menaçait directement dans l'Europe orientale les deux alliés de l'Entente, la Roumanie, qui ne se laissa pas intimider, et la Pologne plus faible à laquelle elle déclara la guerre. Pendant que le président PiIsudsky essayait de négocier, l'armée rouge victorieuse arriva sur la Vistule, presque aux portes de Varsovie. La France seule, parmi Ies puissances alliées, vint en aide à la Pologne. Cinq ou six mille soldats français se trouvaient déjà dans le pays. Le général Weygand, chef d'etat-major du maréchal Foch, prit le commandement de l'armée. Varsovie fut sauvée, l'armée rouge mise en déroute et les Soviets signèrent la paix avec les polonais à Riga, juillet-octobre 1920. Une autre cause qui devait retarder, sinon
compromettre, la pacification définitive, c'était l'immensité du programme
de la grande Conférence de la paix, le nombre et l'importance des questions
laissées par elle en suspens ou « renvoyées à des arrangements ultérieurs
». Bien avant la signature des derniers traités, des divergences se produisirent
entre les Alliés sur l'interprétation des premiers. Dans les entrevues,
conversations ou colloques de Londres, de
Paris,
de Boulogne, de Hythe ou de Chequers (villa du premier ministre angIais),
dans la conférence de San-Remo (avril 1920),
entre Millerand, Lloyd George et Nitti, la discussion porta sur des objets
divers, la protection des minorités, l'indépendance de l'Albanie, les
frontières de l'Arménie, la reprise des relations commerciales avec la
Russie,
proposée par Tchitchérine, repoussée par la France, acceptée par l'Angleterre
et I'Italie sous la réserve qu'elle n'impliquait pas la reconnaissance
politique du gouvernement des Soviets, etc. Mais la question capitale pour
les gouvernements alliés et pour l'opinion était de savoir si l'Allemagne
était disposée à tenir ses engagements, à exécuter le traité de Versailles
que les chefs des partis dans le Reichstag et les ministres eux-mêmes
déclaraient inexécutable. Le diplomate von Lersner disait : « Nous n'avons
signé que pour récupérer nos prisonniers. » Les plus modérés disaient
: « Nous exécuterons le traité dans les limites de nos possibilités
» ce qui ne les engageait pas beaucoup. Les protestations et les réclamations
de Français portaient sur trois points principaux : 1° introduction et
emploi de la Reichswehr (armée régulière allemande) dans la zone neutre
de la rive droite du Rhin où elle n'avait pas le droit de pénétrer.
Millerand, alors président du conseil, avait aussitôt fait occuper Francfort,
Hanau et Darmstadt par les troupes franco-belges, et les Allemands avaient
cédé, avril 1920; - 2° retards dans
le désarmement (le Traité de Berlin)
et maintien d'effectifs trop élevés. Pour conserver au moins 200,000
hommes les Allemands alléguaient « le péril bolchévique », le coup
d'Etat réactionnaire de von Kapp appuyé par Ludendorf, 4 mars 1920,
et des émeutes ouvrières dont ils exagéraient la gravité; - 3° réparations.
Les Allemands ne payaient rien aux Français et leur faisaient, Ã
eux et à la Belgique, des propositions dérisoires. A la conférence de
Spa, juillet 1920, où pour la première
fois leurs délégués furent convoques (le chancelier Fehrenbach, le Dr
Simons, Hugo Stinnes, représentant du parti industriel), on crut sérieusement
qu'ils voulaient rompre; les maréchaux Foch et Wilson furent appelés
d'urgence en vue des mesures militaires à prendre. Devant cette menace
les Allemands signèrent une convention qui aurait été plus avantageuse
pour la France si l'Angleterre ne l'avait pas obligée à payer beaucoup
trop cher les charbons de la Ruhr, que I'AIlemagne s'engageait à lui fournir.
Des sanctions militaires étaient prévues en cas de non-livraison, malgré
la répugnance de Lloyd George pour les mesures coercitives, il avait vivement
à la France reproché l'occupation de Francfort). Il fallut pourtant y
avoir recours en 1921, en raison du
mauvais vouloir persistant et des résistances obstinées des Allemands,
occuper sur la rive droite, Dusseldorf, Duisbourg et Rühort, établir
momentanément un cordon douanier sur le Rhin et renforcer, au moment du
plébiscite, les garnisons alliées en haute Silésie.
(E.
Darsy).
Le monument des Trois Maréchaux (Galliéni, Joffre, Foch), à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Photo : © Serge Jodra. |
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