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Histoire du Japon
Les plus anciens vestiges humains au Japon appartiennent au Paléolithique. Il semble que des populations venues à la fois de Sibérie, via la Corée, et de Chine et même d'Asie du Sud-Est se soient dès cette période retrouvées sur les îles de l'archipel. Vers le IIIe millénaire, apparaît une culture dite de Jomon (Jômon), qui durera environ 2000 ans. La riziculture se développe vers le IIIe siècle av. J. C. et est marquée par divers autres progrès dans les modes de vie, qui caractérisent la période dite de Yayoï. 

Si l'on en croit les premiers écrits japonais, qui ne datent que du VIIIe siècle de notre ère, la structuration politique de l'archipel, le titre d'empereur ou mikado, remonteraient au VIIe s. av. J.C. Plus fiables sont sans doute les connaissances des faits contemporains des textes. Ainsi, apprend-on qu'en 788, un peuple de l'ouest, que l'on suppose être les Mongols, essaya d'envahir le Japon, mais que son armée et sa flotte furent presque anéanties. 

Pendant trois ou quatre siècles encore, on vit arriver au pouvoir différents individus appartenant aux grandes familles nobles. La puissance impériale commença de décroître et les princes vassaux, profitant de sa faiblesse, se rendirent presque indépendants. Pour remédier à ces maux, la cour du mikado créa les fonctions de shogun, ou gouverneur généralissime, entre les mains de qui va vite résider le vrai pouvoir, surtout à partir du XIIe siècle quand cette charge devient héréditaire, et  jusqu'à la dissolution du shogunat, en 1868.

De 1331 à 1392, des guerres civiles éclatèrent entre  empereurs rivaux. La Période de 1336 à 1573 est connue comme l'époque de la guerre et le pays fut gouverné par des shoguns de la famille Ashikaga. A la fin de cette période, trois des plus grands noms de l'histoire japonaise se firent remarquer : Nobunaga, Hideyoshi et Iyeyasu. Nobunaga conçut l'idée de réunir tout l'empire sous sa domination, mais il fut tué par un traître avant qu'il eût accompli cette oeuvre. Hideyoshi fut plus heureux. Nobunaga persécuta les prêtres bouddhistes et, de concert avec Hideyoshi, il reçut favorablement les jésuites missionnaires pour les opposer aux Bouddhistes

Après la mort d'Hideyoshi (1592), le pays fut déchiré par deux partis, l'un dirigé par les adhérents du jeune enfant de Hideyoshi, l'autre par Tokugawa lyeyasu. Ce dernier triompha et fonda le shogunat de Tokugawa, qui gouverna le Japon depuis 1603, jusqu'en 1867. Pendant cette période, le pays jouit d'une paix profonde. Edo  (Yedo) devint capitale. Iyeyasu est regardé comme le plus grand caractère de l'histoire japonaise. Son système de gouvernement régna jusqu'à ces derniers temps. Bien que le shogun fût de facto le maître, le mikado (porte illustre ou sublime porte) était le véritable souverain du Japon, et le shogun n'était ni roi, ni empereur, mais gouverneur militaire, commandant en chef. 

Les Européens ont commencé à se rendre au Japon au XVIe siècle. Sur fond de rivalités entre eux, les Portugais et les Hollandais en particulier ont réussi à y implanter des établissements. Mais les relations entre Japonais et européens devinrent vite orageuses. Les chrétiens furent persécutés au milieu du XVIIe siècle; les commerçants étrangers relégués sur l'île de Deshima, dans la rade de Nagasaki.  Assez vite, cependant, les Hollandais, vainqueurs à la fois de leurs concurrents européens (le Portugais sont chassés) et des réticences des Japonais parvinrent à arracher pour deux siècles le monopole des échanges commerciaux entre l'Europe et le Japon.

La situation change au milieu du XIXe siècle, avec l'entrée en scène en 1852 des Américains, puis avec la conclusion de traités entre le Japon et toutes les grandes puissances occidentales. Une irruption des étrangers favorisée par le shogun et l'époque et qui se révèle hautement impopulaire. La succession des événements conduira à partir de là à la dissolution du shogunat (1868) et à la prise en main de tout le pouvoir par le mikado. Cette époque marque aussi le commencement d'une ère de progrès (dite ère Meiji), mais aussi la naissance d'une politique expansionniste du pays, qui se lance dans plusieurs guerres. Dans un premier temps contre la Chine, puis la Russie, et  - plus tard, mais dans une perspective du même ordre - contre les Alliés, au cours de la Seconde Guerre mondiale

Dates clés :
VIIe av. J.C. - Premier mikado?

VIIe-XIIIe - Période des Fujiwara.

XIIIe s. - Ère de Kamakura. Attaques mongoles.

ca. 1550 - Arrivée des Européens.

1868 - Abolition du shogunat.

1941-45 - Guerre du Pacifique.

1951 - Fin de l'administration américaine.

Les premiers habitants du Japon étaient des chasseurs-cueilleurs nomades du Paléolithique. Ils utilisaient des outils de pierre taillée, tels que des bifaces et des pointes de lance. La preuve de l'occupation humaine la plus ancienne au Japon provient de sites comme celui de Kamitakamori, où l'on a découvert des outils datant de plus de 30 000 ans.

Le Japon des temps anciens

Période Jōmon.
Vers 14 000 av. JC, le climat plus chaud a permis une abondance de ressources naturelles, ce qui a conduit à une sédentarisation partielle des groupes humains. On parle de période Jōmon  (environ 14 000 à .) pour désigne la culture qui se déploie alors au Japon et qui va durer jusuqe vers 300 av. JC. Ce nom lui vient de celui de la poterie caractéristique de l'époque, et qui est décorée de motifs cordés ("jōmon" signifie "motif de corde" en japonais). Les populations de la période Jōmon sont parmi les premières au monde à avoir fabriqué de la poterie, utilisée pour la cuisson et le stockage des aliments.

Jōmoniens vivaient dans des habitations semi-souterraines,  mais restaient une société de chasseurs-cueilleurs. Les coquillages, les poissons, les fruits de mer, les noix et les baies constituaient une part importante de leur alimentation.  Ils fabriquaient des outils en pierre et en os, ainsi que des ornements et des figurines (dogū) en argile, indiquant des croyances religieuses et des pratiques rituelles.

Le premier empereur. - Si l'on suit les récits semi-légendaires, le premier tennō, c'est-à-dire le premier empereur du Japon, aurait été un certain Kami-yamato-no-Iware-biko (667 av. JC), originaire du Sud de Kien-siou. Il chassa, dit-on, le peuple primitif du pays, représenté comme un peuple chevelu et sauvage, ressemblant aux Aïnous qui habitent aujourd'hui Hokkaïdo (et peut-être encore les îles Kouriles). Il est plus probable que ce peuple se mélangea graduellement avec ses conquérants. Quoi qu'il en soit, ce personnage conquiert l'île de Nippon, jusque vers le trentième degré de latitude, devient en 660, empereur sous le titre de Zim-mou-Tennō ou Jimmu Tennō, et il choisit pour capitale Yamato (Kashiwabara). Il mourut, dit la tradition, en 585, à l'âge de cent trente-sept ans, et fut remplacé par son troisième fils, Kami-nuna-gava-mimi-no-mikoto; avec le titre de Suisei-Tennō. On notera ici que le titre d'empereur (tennō,) est couramment remplacé dans l'histoire du japon par celui de mikado, qui originairement désigne le palais de l'empereur qui qui est utilisé, par métonymie, à la place du terme tenno. (Comme en France, par exemple, on parlerait de l'Elysée pour dire le président).
Période Yayoi.
La période Yayoi (environ 300 av. JC. à 300 ap. JC) marque l'introduction de l'agriculture au Japon, notamment la culture du riz inondé. Cette transition a été facilitée par l'arrivée de nouveaux immigrants de la péninsule coréenne et de la Chine, apportant avec eux des technologies agricoles et métallurgiques. L'utilisation du bronze et du fer la fabrication d'outils plus efficaces et d'armes. Ces innovations ont transformé la société japonaise, menant à une augmentation de la population et à la formation de villages plus grands et plus complexes. La période Yayoi a vu l'émergence de structures sociales plus hiérarchisées et le développement de la propriété foncière.

Période Kofun.
La période Kofun  (environ 250 - 538 ap. JC) tire son nom des tumulus (kofun), qui sont des tombes monumentales en forme de trou de serrure (ex. : le tombeau de l'empereur Nintoku), entourées de fossés, reflétant une hiérarchisation sociale accrue. C'est durant cette période que les premiers signes d'un État centralisé apparaissent, avec l'ascension du clan Yamato. Ce clan a progressivement établi son autorité sur les autres clans et régions. Des contacts avec la Chine et la Corée apportent des influences culturelles et technologiques, comme l'écriture et les techniques métallurgiques. 

Période Asuka.
La période Asuka (538 - 710 ap. JC) marque l'introduction et l'établissement du bouddhisme au Japon, ainsi que des réformes politiques majeures. Le bouddhisme est introduit officiellement en 552  avec le soutien du prince Shōtoku, et a apporté de profondes transformations religieuses, culturelles et artistiques. Les réformes Taika (645 ap. JC)  visent à centraliser et renforcer l'autorité impériale. Elles introduisent un système de provinces administrées par des fonctionnaires nommés par la cour impériale inspiré du modèle chinois, et comprennent  des mesures telles que la redistribution des terres. Dans la capitale, sont établis les huit ministères au-dessus desquels se trouve un conseil supérieur, composé d'un dajo-dai jin (premier ministre), d'un u-dai-jin (ministre de gauche) et d'un sa-dai jin (ministre de droite) (649 ap. JC).

Parmi les jalons majeurs de la période aujoutons : la défaite, en 663, des Japonais par les Coréens et les Chinois réunis; le règne important de Temmu-Tennô (673-686 ap. JC) marqué par des règlements concernant les vêtements; l'établissement de barrières, appelées seki-sho, pour contrôler les voyageurs aux frontières des provinces; la division des Japonais en huit familles, etc.  A cette époque aussi
des temples bouddhistes, comme le temple Hōryū-ji (l'un des plus anciens temples en bois du monde), sont construits. Ils marquent le début de l'architecture religieuse japonaise.

Période Nara.
En 710, la capitale est déplacée à Heijō-kyō (aujourd'hui Nara), organisée selon le modèle chinois de Chang'an, la capitale de la dynastie Tang en Chine. La ville devient le centre politique et culturel du Japon. Le code de Taihō (701) et le code de Yōrō (718) formalisent les structures administratives et juridiques de l'État. Le bouddhisme continue à se développer, avec le soutien impérial. Le Tōdai-ji, un temple colossal avec une statue géante de Bouddha,est érigé pendant cette période.

Période Heian.
Le début de la période Heian (794-1185 apr. JC) correspond au déplacement de la capitale à Heian-kyō (Kyoto) par le 50e mikado, Kammu Tennô  (782-807). La période Heian est souvent vue comme l'âge d'or de la culture japonaise classique. La littérature, l'art et la poésie ont prospéré. Le Genji Monogatari (Le Dit du Genji) de Murasaki Shikibu, souvent considéré comme le premier roman du monde, a été écrit pendant cette période. En 799, le cotonnier est introduit au Japon; en 815, c'est le tour de la culture du thé.

Bien que les relations formelles avec la Chine aient diminué, l'influence culturelle et intellectuelle chinoise reste forte. Le système de gouvernement et la culture de cour sont fortement inspirés par les modèles chinois, qui bientôt conduit à écarter les mikados du commandement militaire et fait passer le gouvernement aux mains de leurs lieutenants.  A partir de là, les grandes familles aristocratiques, comme les Fujiwara, ont accru leur pouvoir. En 888, Motatsune, premier ministre (daïjo-daïjin) de la maison de Fujiwara, reçoit à titre héréditaire la dignité de kambaku (administrateur en chef). Les mikados tombent complètement sous la tutelle des Fujiwara, ne prenant d'épouses et ne mariant leurs filles et soeurs que dans cette famille. 

Après les Fujiwara, l'ascendant va passer à deux familles militaires, les Taïra et les Minamoto. Les Taïra se rattachent à un petit-fils de Kammu-Tennô. Leur splendeur est courte. Les Minamoto passent, quant à eux, pour des descendants du 52e mikado, Saga-Tennô. Ils odonnent au Japon de brillants généraux. Les familles Ashikaga et Tokugawa, qui passeront plus tard sur le devant de la scène, ne sont que des branches des Minamoto. Un des  premiers héros des Minamoto est Yoriyoshi, qui, au milieu du XIe siècle, soumet les populations Emishi du Nord de l'île de Hondo. Son fils Yoshiiye éclipse ses exploits; les légendes le célèbrent sous le nom de Hachiman Taro.

Au XIIe siècle, les intrigues de palais cèdent la place aux guerres civiles. L'usage s'estétabli de faire abdiquer les mikados et de les cloîtrer  lorsqu'ils atteignent vingt ans, de manière que le souverain nominal fût mineur. Le 75e empereur, Shutoku-Tenno, a ainsi régné de trois à vingt ans et s'est retiré dans un monastère. Mais à la mort imprévue de son jeune beau-frère, Konoyé-Tennô, qui lui a succédé, il veut assurer le trône à son fils. C'est l'occasion d'une guerre acharnée; tandis que le chef de la maison de Minamoto, Tametomo, l'appuie, les Kambaku et les Taïra lui opposent un fils de son prédécesseur, Toba-Tennô : le chef des Taïra, Kiyomori, fait prévaloir ce dernier; qui régnera sous le nom de Go-Shirakawa-Tennô (1156). Le frère de Tametomo exilé, Yoshitomo, reprendla lutte, mais est battu devant Kyoto et tué (1159). Ses fils, Yoritomo (Minamoto no Yoritomo) et  Yoshitsune, se soulèvent à leur tour (1180). La lutte est terrible. Le souvenir des hauts faits de Yoshitsune et de son serviteur le géant Benke est encore populaire. Il prévaut dans le Sud, tandis que Yoritomo triomphe dans la région de la capitale. 

Définitivement vainqueur en 1185, Yoritomo est nommé l'année suivante sotsui-hoshi et, en 1192, sei-i-tai-shogoun. Ce mot de shôgun ou shogoun veut dire généralissime, et il paraît avoir été employé pour la première fois par un certain Watamaro, dans une guerre contre les Aïnous en 813 sous l'empereur Kami-no-sin-wau (Saga-Tennô).


Scène de bataille.

Epoque féodale. L'âge d'or du shogunat

Période Kamakura.
La victoire de Yoritomo lors de la bataille de Dan-no-ura en 1185 contre les Taira marque le début de la période Kamakura, qui tire son nom de la ville de Kamakura, située au sud de Tokyo, qui devient alors le centre politique et militaire du Japon. Minamoto no Yoritomo devient le premier shogun (ou général en chef) du shogunat de Kamakura. Yoritomo et ses successeurs exercent une autorité sur les seigneurs féodaux locaux appelés daïmio et les samouraï, qui sont les guerriers de l'époque.

Samoura

 
 Un samouraï. - Les soldats formaient une classe à part, les buke; mais, depuis Yori-tomo, on les appelait plutôt samuraï, samouraï ou gardes. Ils avaient les classes inférieures (hei-min), dont ils étaient la terreur, en quelque sorte à leur merci. Vivant chez leur daimio, un peu à la façon des hommes d'armes du Moyen âge, ils avaient le droit de porter deux épées, se mariaient dans les familles de samouraïet leur fils aîné recevait une pension de leur chef. Beaucoup de ces pensions furent rachetées par le gouvernement impérial à partir de décembre 1873; elles le furent toutes à partir d'août 1876. En 1878, le mot de samuraï fut changé en celui de shizoku, qui a le même sens. On désignait sous le nom de rônin, vagabonds, les samuraï qui avaient cessé d'être attachés à la personne d'un daimio, soit librement, soit par renvoi, soit enfin par le fait de la condamnation de leur chef; le rônin, n'ayant pas de paye, comme le samurai, vivait souvent de rapine, mais aussi se montrait fort dévoué à celui qui l'employait, ainsi qu'en témoigne l'histoire célèbre des Quarante-sept Rônins, qui furent tous condamnés au hara-kiri pour avoir (avril 1701) vengé la mort de leur patron, Asano, seigneur de Ako.
Après la mort de Yoritomo en 1199, son fils, Yoriie, devient shogun mais est encore un enfant. Le pouvoir réel est exercé par le régent (shikken), une position souvent occupée par les membres de la famille Hojo, qui deviennent de fait les régents du shogunat. La famille Hojo joue un rôle prépondérant dans la gestion du shogunat et dans le maintien de l'ordre à Kamakura. Ainsi, presque aussitôt après leur avènement, les shogouns subissent-ilsle sort des mikados et sont eux aussi réduits à une autorité nominale; le pouvoir réel est exercé par des shikken de la famille de Hojo, descendant du beau-père de Yori-iye. Des enfants détenaient à Kyoto et à Kamakura le titre de mikado et de shogoun. La puissance des Hojo fut détruite à Kamakora par le héros Nitta Yoshisada, de la famille de Minamoto, et à Kyoto par Ashikaga Takaudji, lequel restaura le pouvoir effectif des shogouns.

La période Kamakura voit une effervescence religieuse avec l'émergence de nouvelles écoles de pensée bouddhistes comme le Zen, le Jodo (Bouddhisme de la Terre Pure), et le Nichiren. Ces écoles ont une influence majeure sur la culture et la société de l'époque. Le bouddhisme Zen influence fortement les arts, la philosophie et les pratiques de méditation.

Pendant cette période, le Japon, sous le régent Hojo Tokimune, fait aussi face à deux invasions mongoles sous la direction de Kubilaï Khan, en 1274 et en 1281. Les samouraïs repoussent les invasions. Ils renforcent leur statut de défenseurs du pays et augmentent leur prestige.

Le shogunat de Kamakura commence à s'affaiblir au début du XIVe siècle en raison de conflits internes, de rébellions et de pressions externes. Les factions rivales, notamment les Ashikaga, profitent de cette faiblesse pour s'emparer du pouvoir. En 1333, l'armée d'Ashikaga Takauji renverse le shogunat de Kamakura et établit le shogunat Ashikaga, marquant la fin de la période Kamakura et le début de la période Muromachi.
 

La première connaissance occidentale du Japon 

Les auteurs de l'Antiquité classique ne connaissaient pas le Japon; les marchands arabes, au contraire l'ont connu, mais ce qu'ils en savaient est peu clair. Doit-on, par exemple, voir dans les îles de Sila dont ils parlent, le Japon ou la Corée? Aboufélda écrit-

« Sila ou Silâ est située au plus haut de la Chine, à l'Est. Ceux qui voyagent sur mer ne s'y rendent pas souvent. C'est une des îles de la mer Orientale qui font pendant, par leur situation, aux îles Eternelles et Fortunées de la mer Occidentale; seulement celles-ci sont cultivées et remplies de tous les biens, contrairement à celles-là. »
Dans l'histoire des Mongols, Youen, Youen-chi, le Japon, le Je-peun, est décrit dans le chap. CCVIII de la quatrième section. C'est le pays Je-peun Kouo, transcrit phonétiquement et décrit par Marco Polo sous le nom de Zipangu (ou Cipango, etc.) :
« Sypangu est une isle en Levant qui est en la haulte mer, loings de la terre ferme mille cinq cens milles; et est moult grandisme isle. Les gens sont blans et de belle maniere. Ilz sont idolastres, et se tiennent par eux; et si vous dy qu'il ont tant d'or que c'est sans fin; car ilz le treuvent en leurs isles. Ilz sont pou de marchans qui là voisent, pour ce que c'est si loings de la terre ferme. Si que pour ceste raison leur habonde l'or oultre mesure. » 
Rachid-eddin emploie également ce mot modifié de Zipangu. Le mot de Nippon se trouve déjà au Xe siècle de notre ère sous la forme Al-Nâfun, dans le lkhwân-al-Sâfâ. En réalité, le Japon, qui a été connu des Occidentaux par la relation de Marco Polo (vers 1300), avait été oublié par eux et l'on peut considérer le Portugal comme l'ayant à nouveau fait copnnaître par les Occidentaux.

Période Muromachi (Ashikaga).
La période Muromachi, s'étend de 1336 à 1573. Elle commence avec la montée en puissance d'Ashikaga Takauji. Ancien général au service du shogunat Kamakura, Takauji se rebelle contre le shogunat Kamakura et soutient la restauration de l'empereur Go-Daigo, qui avait été exilé par les Kamakura. Cependant, après des conflits internes et des désaccords avec l'empereur, Takauji établit un nouveau shogunat à Kyoto en 1336, marquant le début du shogunat Ashikaga, aussi appelé shogunat Muromachi en raison de la localisation de son siège dans le quartier de Muromachi à Kyoto.

Ce shogunat est caractérisé par une organisation plus décentralisée comparée au shogunat Kamakura. Bien que le shogun soit le dirigeant militaire suprême, le pouvoir réel est  délégué aux seigneurs locaux (daïmios), qui exercent un contrôle considérable sur leurs territoires. Le shogunat Ashikaga maintient une certaine autorité, mais les conflits internes et les ambitions des daïmios affaiblissent souvent son pouvoir central.

C'est pendant cette période que le bouddhisme Zen, qui a commencé à s'implanter au Japon durant l'époque Kamakura, devient prédominant. Cette influence se manifeste dans les arts, l'architecture et les jardins japonais. Les célèbres jardins secs (karesansui) et les temples zen de Kyoto sont des exemples de cette influence. La période aussi  voit l'épanouissement de plusieurs formes d'art, comme le théâtre Nô et les arts de la cérémonie du thé. Le théâtre Nô, qui combine musique, danse et drame, est soutenu par les seigneurs locaux et devient un élément important de la culture japonaise. La cérémonie du thé, influencée par la philosophie Zen, se perfectionne et gagne en popularité.
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Crmonie du th.
Tout le Japon traditionnel : la cérémonie du thé.

La période Ashikaga se termine en grande partie à cause des conflits internes et des guerres civiles, connues sous le nom de période Sengoku (la période des provinces en guerre, Sengoku Jidai). Les guerres civiles, les rébellions et les conflits entre les daïmios mènent à un affaiblissement du pouvoir central du shogunat Ashikaga. 

Voici la liste de ces shogouns :

Dynastie Minamoto : Yori-tomo (1186-1201); Yori-iye (1202); Sane-tomo (1203-1219). - Dynastie Fujiwara : Yori-tsune (1220-1243); Yori-tsugu (1244-1251). - Dynastie Jimmu-ten wo : Mune-taka (1252-1265), Kore-yasu (1266-1289); Hisa-akira (1289-1307); Morikuni (1308-1333) ; Mori-yosi (1333-1335); Nari-yoshi (1334-1338). - Dynastie Ashikaga : Taka-udji (13341357); Yoshi-mori I (1358-1367); Yoshi-mitsu I (13681393); Yoshi-motsi (1394-1422); Yoshi-katsu I (14231425); Yoshi-motsi (réétabli en 1425-1428); Yoshi-nobu (1428-1440); Yoshi-katsu II (1441-1443); Yoshi-nari (1449-1471); Yoshi-nao (1473-1489); Yoshi-mura (1490-1493); Yoshi-mitsu II (1494-1507); Yoshi-mura (réétabli, 1508-1521); Yoshi-naru (1521-1545); Yoshifusa (1546-1565) ; Matu-naga (usurpateur, 1565-1568; Yoshi-sûsa (1568); Yoshi-aki (1568-1573). - Dynastie Taïrano : Taïra-nobu-naga (1574-5582); Aketi-mituhide (usurpateur, 1582); San-ban-si (1582-1586). - Dynastie Toyo-tomi : Hide-yoshi ou Taï-ko-sama (15861590); Hide-tugu (1591-1595); Hide-yori (1600-1615). - Dynastie Toku-gawa : Mina-moto-no-iye-yasû-kô (1603-1605); Hide-tada-kô (1605-1622); Iye-mitu-ko (1623-1649); Iye-tuna-kô (1650-1680); Tuna-yosi-kô (1681-1709); Iye-nobu-kô (1709-1712); Iye-tugu-kô (1713-1715; Yoshi mune-kô (1716-1745); Iye-sige-kô (1745-1762); Iye-haru-kô (1762-1786); Iye-nari-kô (1787-1837); lye-yohi-kô (1838-1853); Iye-sada-kô (1853-1858); Iye-motsi-kô (1858-1866); Yoshi-hisa-kô (1866-1867).

De la période postféodale au seuil de la modernité

L'Unification du Japon.
Oda Nobunaga, un puissant daïmio, commence le processus d'unification du Japon en 1568.  En 1573, il met fin au shogunat Ashikaga et renverse le dernier shogun Ashikaga Yoshiaki, consolidant ainsi son pouvoir (1568-1582)

Après l'assassinat d'Oda Nobunaga en 1582, Toyotomi Hideyoshi, un de ses généraux, prend le relais. Hideyoshi poursuit l'unification du Japon avec succès. Il met en place des réformes importantes telles que le katana-gari (interdiction aux paysans de posséder des armes), et organise les célèbres recensements et la distribution des terres. Après la mort de Hideyoshi en 1598, Tokugawa Ieyasu se positionne comme le principal leader militaire. Il remporte la bataille décisive de Sekigahara en 1600 contre les forces rivales, consolidant son pouvoir. En 1603, Ieyasu obtient le titre de shogun, établissant ainsi le shogunat Tokugawa à Edo ou Yedo (aujourd'hui Tokyo).
 

Les Portugais au Japon

Dans une lettre adressée en 1505 par le roi du Portugal, Emmanuel, au roi de Castille, il est parlé d'un navire du roi de Calicut, qui fut saisi par les Portugais et à bord duquel on trouva trois instruments astronomiques en argent qu'il avait été chercher dans l'île Saponin (Japon). Le Japon se retrouve sous son ancienne forme de Zipangu, ou ses variantes, dans le globe de Martin Behaim (1492) et dans la relation de voyage de Magellan, par Pigafetta (1524). Mais on peut dire que le Japon n'a été connu en Occident que par le voyage de Fernão Mendez Pinto (1545), qui y acosta, chassé par le mauvais temps dans un port de l'une des plus petites îles japonaises. Revenu aux établissements portugais de la Chine, il fit de tels récits sur les richesses du Japon, qu'un grand nombre d'aventuriers s'y rendirent.

Les marins, les commerçants et les missionnaires qui ont atteint les premiers le Japon n'avaient évidemment pas pour objectif de faire connaître ce pays. Aussi, les connaissances qu'en ont eu les Européens sont restées très longtemps fragmentaires. Elles ont été apportées par quelques rares voyageurs. Il s'agit principalement de Engelbert Kempfer, qui séjourna au Japon de 1690 à 1692, dont l'Histoire, parut en anglais en 1727; de Charles-Pierre Thunberg, élève de Linné, envoyé au Japon en 1772; et de Siebold, qui a publié le grand ouvrage Nippon, Archiv zur Beschretbung von Japan (Leyde, 1832-1851).
Des missionnaires les imitèrent et le Japon fut visité par saint François-Xavier, qui débarque à Kago-shima le 15 août 1549. Ils allaient s'employer à donner une certaine influence au christianisme dans l'archipel. Dans un premier temps, marchands et missionnaires furent favorablement accueillis et un certain nombre de conversions furent même obtenues. Nobu-naga protégea les chrétiens au détriment des bonzes. Une ambassade envoyée par les daimios de Bungo, d'Arima et d'Omura, qui quitta le Japon en 1582, l'année de la mort de Nobunaga, arriva en 1585 à Rome, où elle fut reçue par le pape Grégoire XIII. L'ère de Hide-yoshi (Taiko-sama) amena une forte réaction contre les chrétiens, en 1587. Les abus et la conduite inconséquente des chrétiens portugais conduisirent Hideyoshi à publier un édit bannissant les missionnaires. Cet édit fut renouvelé par son successeur en 1596 et, en 1597, furent crucifiés à Nagasaki 9 missionnaires et 17 catholiques indigènes. Iye-Yasû s'était d'abord appuyé sur les catholiques, mais, prévenu par les Hollandais et les Anglais contre eux, il leur devint hostile. Son fils et son petit-fils les exterminèrent.

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La période Edo.
Tokugawa Ieyasu (1603-1630) établit un gouvernement et met en place un système de gouvernement féodal où les seigneurs locaux (daïmios) doivent se soumettre au shogun. Cette période est marquée par une stabilité relative et une paix intérieure.

La période Edo est caractérisée par une société hiérarchisée, avec les samouraïs au sommet, suivis des paysans, des artisans, et des marchands. Les règles strictes régissent la vie quotidienne, et le système de classes est rigide. Cette époque voit un épanouissement des arts et de la culture, avec notamment le développement du théâtre kabuki, du ukiyo-e (estampes japonaises) et de la poésie haïku. Les festivals, la cérémonie du thé, et les arts martiaux continuent de jouer un rôle important dans la vie japonaise.

Le shogunat Tokugawa impose une politique d'isolement (sakoku), interdisant aux étrangers de commercer avec le Japon sauf dans quelques ports contrôlés, comme Nagasaki. Cette politique vise à éviter l'influence étrangère et à préserver l'ordre social. Malgré l'isolement, des contacts limités avec les Néerlandais et les Chinois se poursuivent.
 

Les Hollandais et les Anglais au Japon

Une expédition partie en 1607 sous les ordres de l'amiral général Pieter Willemsz Verhoeven qui avait pour mission spéciale d'enlever aux Portugais les îles Moluques, arriva à Bantam en février 1609, après avoir envoyé au Japon deux navires, le Leeuw et le Brack. Les Hollandais construisirent en 1609 une factorerie à Firando (Hirado), île du Saï-kaï-do, dépendant de Kiou-siou (Kyushu), à la pointe de la province Hizen, non loin de l'île Ikki, et y installèrent comme agent Jacques Speckx. Ce voyage a été raconté par Reynier Diecksz. Le port de Firando était sûr, mais l'accès en était difficile. Les Hollandais eurent de telles difficultés dans leur établissement qu'ils songèrent même en 1617 à l'abandonner, mais ils le maintinrent néanmoins. Ils avaient d'ailleurs rendu de grands services aux Japonais en leur apprenant à fondre des pièces d'artillerie. En 1624, Speckx fut remplacé comme résident par Cornelis van Nyenrode.

Le 9 novembre 1640, les Japonais donnèrent l'ordre aux Hollandais de démolir tous leurs magasins nouveaux, ainsi que les établissements qui porteraient des emblèmes chrétiens. François Caron céda à cette injonction, mais le 11 mai 1644, les Japonais forcèrent les Hollandais d'abandonner Firando pour s'installer dans la petite île de Deshima, sous la surveillance de l'autorité de Nagasaki. Cet ordre, qui était en quelque sorte l'expulsion des étrangers du Japon, fut exécuté, et, le 21 mai 1644, les Hollandais quittaient Firando. La factorerie de Firando n'avait pas été pour les Hollandais une possession incontestée. Le capitaine anglais, Saris, commandant le « huitième voyage » de l'Old Company, parti en 1611, établit en 1613une agence à Firando dont R. Wickham fut le premier agent. C'est dans une lettre de Wickham, du 27 juin 1615, adressée à M. Eaton, à Miaco, et conservée dans les archives de la Compagnie, que se trouve la mention la plus ancienne du thé (chaw). En 1616, le privilège accordé aux Anglais de faire le commerce au Japon fut modifié et limité au seul port de Firondo. Les Hollandais, jaloux de leurs rivaux, et infiniment supérieurs en nombre, les attaquèrent en 1618 et les auraient certainement massacrés sans la médiation des Japonais. Malgré cet incident, l'année suivante, Anglais et Hollandais, reconnaissant la nécessité d'une entente, réunirent leurs deux factoreries en une seule. L'arrangement dura peu, car, dès 1621, les Hollandais continuèrent seuls leurs opérations.

Firando a toujours été noté pour l'hostilité de ses princes contre le christianisme, quoique les chrétiens fussent nombreux dès 1606 (ou à cause de cela). Le Père Augustin Hernando de Saint-Joseph fit en 1616 de vains efforts pour établir une mission et construire une église à Firando, et l'année 1624 fut marquée par une grande persécution. 

On peut dire que depuis que les Hollandais furent relégués à Deshima jusqu'à l'arrivée du commodore américain Perry, en 1853, la situation des étrangers au Japon ne changea guère. Vainement en 1807 les Russes essayèrent-ils de débarquer à Yesso (auj. Hokkaïdo), vainement les bateaux français au anglais tentèrent-ils, soit aux îles Lieou-kieou (Ryu-Kyu), soit dans l'archipel japonais proprement dit, d'établir des relations. 

Vers la fin de la période Edo, des problèmes internes tels que des famines, des soulèvements paysans, et des crises économiques deviennent plus fréquents. La société est marquée par des tensions croissantes et des critiques du gouvernement. Le shogunat tente diverses réformes pour revitaliser le pays, comme les réformes Kansei et les réformes Tenpo, mais elles sont souvent insuffisantes pour résoudre les problèmes.

La Transition vers l'Ère Moderne.
 En 1853, le commodore américain Matthew Perry arrive au Japon avec une flotte de navires, forçant le pays à ouvrir ses ports au commerce international par le biais du traité de Kanagawa en 1854. Le Japon est contraint de signer des traités inégaux avec d'autres puissances occidentales, ce qui provoque des tensions internes et un sentiment anti-étranger croissant. C'est la fin de la politique d'isolement.
 

Le coup de force de Perry

Les grands intérêts commerciaux des États-Unis dans l'Extrême-Orient décidèrent le président Fillimore à envoyer au Japon une escadre suffisante pour obtenir la signature d'un traité. Le commodore Matthew Calbraith Perry, mis à la tête de l'escadre composée de sept bâtiments de guerre, arrivait en juillet 1853 à Uraga, à l'entrée de la baie d'Edo (baie de Tokyo), porteur de ses instructions. Il visitait après les îles Lieoukieou et la Chine, et l'année suivante, malgré l'hostilité du prince de Mito et les ennemis des shôgouns de la maison de Toku-gawa, lebakufu, c.-à-d. le gouvernement shôgounal, consentit à signer un traité à Kanazawa, le 31 mars 1854. Ce traité signé pour les États-Unis par le commodore C. Perry, l'était pour le Japon par Hayashi, Dai-gaku-no-kami, Ido, prince de Tsoushima, Iza-wa, prince de Mimasaka, et Udono, membre du ministère des finances, et comprend douze articles, dont le plus important est le dixième qui ouvrait aux Américains les ports de Shimoda dans la province d'Idzu, et d'Hakodaté (Hakodadi) , dans l'île de Yeso (Hokkaïdo). 

Ratifié par le président des États-Unis en 1854, les ratifications de ce traité furent échangées à Shimoda le 21 février 1855. Ces dates sont le point départ d'une ère nouvelle : le 14 octobre de la même année, l'amiral anglais, sir James Stirling, signait à Nagasaki un traité qui ouvrait les ports de Nagasaki (Hizen) et d'Hakodaté (Matsmai); venaient ensuite le vice-amiral russe Euphimius Poutiatine (traité de Shimoda, 7 février 1855), le chevalier hollandais Jan Hendrik Donker Curtius (traité de Nagasaki, 30 janvier 1856). Un nouveau traité fut signé à Edo, le 29 juillet 1858, par le consul général américain Townsend Harris qui permettait d'établir un agent diplomatique à Edo, et qui amena la signature d'un nouveau traité avec la Hollande le 18 août 1858, avec la Russie le 7 août, avec la Grande-Bretagne le 26 août, et enfin, avec la France, le 9 octobre 1858. 

La France, représentée par le baron Gros, obtenait l'ouverture pour la commerce français de Hakodaté; Kanazawa et Nagasaki, à partir du 13 août 1859, de Ni-i-gata, à partir du 1er janvier 1860, et d'Hiogo, à partir du 1er janvier 1863. A partir du 1er janvier 1862, les sujets français étaient autorisés à résider dans la ville d'Edo, et à dater du 1er  janvier 1863, dans la ville d'Osaka, mais seulement pour y faire le commerce. Cependant, l'agitation contre les étrangers augmentait; le 5 juillet 1861, la légation d'Angleterre était attaquée; l'année suivante, un Anglais, nommé Richardson, était assassiné près de Yokohama le 14 septembre 1862 par les gens du daimio de Satsuma. Enfin, le 5 septembre 1864, les flottes combinées anglaises, françaises, hollandaises et américaines, détruisent les forts de Shimonoseki. En 1867, Mutsu-hito devient mikado; immédiatement la révolution éclate, et la première année du nouveau règne (1868), qui prend le nom de mei-dji (meiji), le shôgounat est aboli; les partisans des anciens shôgouns de la maison de Tokugawa sont battus, les traités avec les puissances étrangères sont ratifiés, les ports de Kobe, Osaka, puis (1869) Ni-i-gala et Eo sont ouverts aux étrangers,  la capitale du mikado est transportée de Kyoto à Edo, qui prend le nom de Tokyo (c'est-à-dire la « capitale de l'Est »).

L'ère Meiji ( = ère « de lumière » ou « de progrès »).
En 1868, une révolution politique connue sous le nom de Restauration Meiji met fin au shogunat Tokugawa et restaure le pouvoir impérial sous l'empereur Meiji. En peu de temps, on voit se transformer non seulement le gouvernement, mais les moeurs du pays. Dès 1871, les fiefs (kan) des daimios sont pris par le gouvernement central; par suite, le régime féodal est aboli, et les classes inférieures (eta), parias chargés des métiers vils, et heïmin, population d'industriels, d'agriculteurs et de commerçants, trouvent l'égalité dans la société. En même temps, le bouddhisme cessait d'être religion officielle; on établissait des postes et des télégraphes; à Osaka, une monnaie d'État était installée pour fabriquer des monnaies sur le modèle européen; enfin on commençait la rédaction d'un nouveau code pénal; l'année suivante (1872) le Japon construisait, avant la Chine, le premier chemin de fer de l'Extrême-Orient : de Tokyo à Yokohama; l'adoption du calendrier grégorien, des lois sur la conscription et contre la nudité dans les villes, marquèrent de plus en plus le désir d'entrer dans une voie absolument neuve; en 1873, nous voyons le mouvement s'accentuer encore par l'introduction de la vaccination et de la photographie, et l'adoption des uniformes officiels européens. 

Les religions au Japon. - On trouve au Japon deux manières d'aborder le religieux, deux courants. L'un, le shintô peut se définir comme le culte des Kamis (divinités de nature et d'origine diverses); l'autre correspond au bouddhisme. Après s'être disputé avec acharnement la suprématie, après des luttes séculaires ou la victoire oscilla de l'un à l'autre des adversaires, après des persécutions réciproques allant jusqu'à la prise d'assaut, l'incendie, le pillage des temples et des monastères et au massacre des prêtres et des fidèles, dégénérant parfois en de petites guerres civiles où le sang coulait à flots, les deux ennemies finiront par apprendre à vivre dans une paix apparente à l'abri d'un compromis de tolérance imposé par les progrès du scepticisme et de l'indifférence religieuse plutôt que librement et sincèrement consenti. Car les vieilles haines, les jalousies, les ambitions ardentes, les querelles de jadis se sont durablement ancrées entre les deux clergés pendant une très longue période de l'histoire du pays; seulement, au lieu d'armes meurtrières, elles se règleront avec des mémoires apologétiques et des controverses plus ou moins courtoises. Dans cette lutte pour l'existence et le pouvoir, l'avantage est allé semble-t-il longtemps au bouddhisme. Mais il semble l'appui que le gouvernement de l'ère Meiji a prêté au shintô pour l'ériger en une sorte de "religion nationale", ait d'une certaine manière équilibré la situation, au moins sur le papier.
Mais toutes ces réformes devaient fatalement aboutir à une réaction, dont la première (1874) est la rébellion de Saga, district de la province de Hizen, dans Kiou-siou, qui fut rapidement écrasée par le général Nodzu cette même année, des pécheurs des îles Riou-Kiou, ayant fait naufrage sur la côte de Formose (Taïwan), furent massacrés; les Chinois ayant refusé de donner satisfaction au Japon pour l'attaque dont cet équipage avait été l'objet de la part des sauvages de l'île, une expédition sous les ordres du général Saigo-Tsugumitsu débarqua sur la côte sud-est : la guerre était inévitable entre les deux empires de l'Extrême-Orient, si les puissances occidentales, et l'Angleterre en particulier, n'avaient servi de médiatrices. Un traité donnant pleine satisfaction au Japon fut signé le 31 octobre 1874; l'année 1875 fut moins heureuse au point de vue extérieur, car le Japon cédait à la Russie toute l'île de Sakhaline, dont elle occupait jusqu'alors le Sud, en échange de l'archipel stérile des Kouriles

Un édit promulgué en 1876, qui devait avoir force de loi à partir du 1er janvier 1877, défendit dorénavant aux anciens samouraï de porter les deux épées. Cet édit et la politique extérieure du gouvernement amenèrent une nouvelle grande rébellion, cette fois, du clan de Satsuma, dirigée par le frère même du général Saigo-Tsugumichi, Saigo-Takamori, qui se mit à la tête d'une force de 14 000 hommes au milieu de février 1877. Battue le 19 août, la révolution fut complètement anéantie le 24 septembre 1877, et Saigo se suicida l'année suivante. Cette mort, l'écrasement des rebelles, le triomphe des nouvelles idées furent la cause, le 14 mai 1878, de l'assassinat à Tokyo, par des gens de Kaga, du célèbre ministre de l'intérieur Okubo-toshimitsu.

Les années suivantes furent marquées par la promulgation des codes pénal et criminel (1881), l'établissement de différents rouages administratifs et judiciaires, la fondation d'une nouvelle constitution (1889). SignaIons toutefois les visites au Japon de l'ancien président des États-Unis, Grant (1879), et celle du tsarévitch - le futur empereur Nicolas II -, qui faillit être assassiné à coups de sabre à Otsu, sur les bords du lac Biwa (1891).

Encore des guerres

La guerre sino-japonaise.
Nous avons déjà, au cours de cet article, fait mention des difficultés qui ont existé pendant des siècles entre la Corée et le Japon. Dès l'année 1872, les Coréens avaient refusé de faire droit aux demandes que les Japonais faisaient remonter à l'impératrice Zingo; aussi, après le règlement des affaires de Formose avec la Chine, une flotte, sous les ordres du général Kuroda, avec une nouvelle ambassade, fut-elle envoyée à Fou-san, où elle arriva le 15 janvier 1876. Le mois suivant, le 26 février 1876, un traité fut signé à Kang-hoa, en chinois et en japonais, par Kuroda-Kiyotaka et Inouye-Kaoru pour le Japon, et Sin-Hôn et In-Jâ-syng pour la Corée. Par ce traité extrêmement important, était affirmée l'indépendance de la Corée; l'ouverture de ports au commerce était accordée. Les Japonais obtenaient donc du premier coup ce que tour à tour la France et les États-Unis avaient exigé en vain. Des arrangements et des règlements en 1877, en 1882, en 1883 complétaient ou modifiaient le traité de 1876. 

Entre-temps, la Chine ou au moins ses employés prenaient la direction des douanes dans les trois ports ouverts au commerce : Jentchuan, Yuen-san et Fou-san. Il était évident que la Chine, se considérant comme suzeraine de la Corée, ne se laisserait pas supplanter dans ses droits par sa jeune rivale; à partir de 1882, une double garnison chinoise et japonaise, casernée à Séoul, amenait beaucoup de désordres par suite de leurs jalousies. Le 4 décembre 1884, des troubles sérieux éclataient à Séoul; sept des ministres furent assassinés; le lendemain, la lutte se déclarait entre la garnison chinoise et la garnison japonaise. La légation japonaise était brûlée, un grand nombre de Japonais étaient massacrés et les survivants forcés de fuir vers la côte. 

Les auteurs de cette révolution étaient : Palk-keum-moun-youi, Kim-ok-kyoum, Saye-koum-pou, Hong-yeng-syetri. Ils paraissent avoir agi pour le compte des Japonais, mais le résultat fut contraire à leurs espérances, puisque ce furent les Chinois, qui, aidés du peuple, eurent le dessus. Les Japonais n'acceptèrent pas longtemps cette situation, Kim-ok-kyoum, réfugié au Japon, était induit par un de ses compatriotes, Hong-tjyong-ou à se rendre avec lui à Chang-haï; il fut assassiné dans cette ville, à coups de revolver, par son compatriote, qui déclara avoir agi par ordre du roi de Corée (28 mars 1894). Le corps de Kim-ok-kyoum, transporté en Corée, y fut coupé en huit morceaux, répartis entre les huit provinces du royaume. La guerre à laquelle le Japon se préparait depuis longtemps ne pouvait tarder à éclater.

Avant même la déclaration officielle de la guerre, les hostilités commencèrent. Le 20 juillet le navire anglais Kowshing, capitaine Galsworthy, partait de Takou, pour transporter des troupes à Asan, en Corée. Il fut coulé près des îles Shup-sinto et, sur 1 500 hommes, 40 seulement, y compris le capitaine Galsworthy et le capitaine allemand von Hannecken, furent sauvés. Les premières luttes importantes eurent lieu sur terre : une première attaque, les 27 et 28 juillet, des Japonais sur les troupes chinoises fortifiées à Asan, ne paraît pas avoir eu de résultats importants, car les Japonais, sous la direction du général comte Yamagata, s'engagèrent résolument sur la grande route qui conduit de Séoul à Pékin par la Mandchourie. Ils prenaient contact le 15 septembre à Ping- yang : les généraux chinois Yeh et Wei, ayant jugé la retraite nécessaire, laissèrent seul le général Tso; le 16, les Japonais emportaient la position et les Chinois, en débandade, se repliaient vers Yi-tcheou (Wiju) sur le Yalou, fleuve frontière entre la Corée et la Mandchourie. Deux jours plus tard, le 17 septembre, l'amiral chinois Ting, chargé d'accompagner des troupes à destination de Wi-ju, était attaqué à l'entrée du Yalou par la flotte japonaise, qui remportait une grande victoire. Les débris de la flotte chinoise gagnèrent péniblement Port-Arthur. Cependant, les Japonais s'emparaient de Wi-ju le 8 octobre, puis, remontant la rive gauche du Yalou, leur général Nodzu franchissait (24 octobre) ce fleuve, et il arrivait après quelques combats à Foung-houang-tcheng, point d'intersection des trois routes de Moukden, de Niou-tchouang et de Port-Arthur. 

D'autre part, le comte Oyama quittait Hiroshima le 26 septembre et débarquait à Ta-lien-ouan, au-dessus de Port-Arthur. Un troisième corps japonais, suivant la côte depuis Wi-ju, était venu renforcer ses troupes par terre. Déjà, les troupes, sous le commandement du maréchal Yamagata et du général Nodzu, ont quitter Founghouang-tcheng, et  pris en grande partie la route de Moukden, capitale de la Mandchourie, berceau de la famille  régnante à Pékin, par conséquent ville sainte (Cheng-king). Les quelques difficultés que les Japonais laissent derrière eux dans le Sud de la Corée, où le parti national, les Tong-hak, lutte contre eux, ne sont rien à comparer avec les terribles embarras des Chinois à ce moment. Et la Chine, d'ailleurs, envisage dès cette époque la paix. Celle-ci ne sera signée qu'en avril 1895 (paix de Shimonoseki); elle consacrera l'indépendance de la Corée et l'annexion de Formose et des îles Pescadores par le Japon. Les Occidentaux en profiteront également pour avancer quelques uns de leurs pions en Chine (Allemagne, France), et en Mandchourie (Russie, qui pourra ainsi achever la ligne du transsibérien en 1898).  (H. Cordier / T.)
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Europinisation du costume au Japon.
L'européanisation du costume au Japon, au début du XXe siècle.

Le XXe siècle et le début du XXIe.
Au cours des premières décennies du XXe siècle, le Japon a poursuivi et amplifié sa politique d'expansion, axée principalement sur l'Asie continentale. Après la guerre avec la Chine, le pays va ainsi se confronter à son nouveau voisin le plus puissant dans la région : la Russie, où le tsar Nicolas II refuse le compromis qui lui était proposé par ses conseillers, et qui revenait à proposer un partage territorial au Japon : celui-ci aurait eu la Corée, la Russie aurait eu la Mandchourie. Il en résulte un débarquement des troupes japonaises en Corée le 8 février 1904, et occupation aussitôt de Séoul, puis des combats avec les troupes russes, dont le plus important, à Moukden (février-mars 1905) se soldera par la défaite des troupes tsaristes. Le 27-28 mai suivant, ce sera au tour de la flotte russe d'être battue au large des îles Tsushima, et les japonais prirent pied sur Sakhaline en juillet. Après une médiation réclamée par le Japon aux États-Unis, la paix y fut signée le 5 septembre 1905.
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Photo d'une rizire au Japon.
La plantation dans les rizières japonaises dans les années 1920.
Les années qui suivent vont être marquée par un florissement économique d'ampleur exceptionnelle, qui rend le Japon de plus en plus à même de rivaliser à tous les points de vue avec les grandes puissances occidentales. Cela ne fera aussi qu'accentuer ses visées expansionistes. Un plan d'expansion militaire (le plan Tanaka) est adopté dès 1927. En 1931, le Japon envahit la Mandchourie et place à sa tête un dirigeant fantoche, l'ancien empereur de Chine Pou-yi. Les graves secousses politiques qui, parallèlement, ébranlent le Japon pendant toute cette période, conduisent par ailleurs à y donner le pouvoir effectif aux militaires dès 1938. Ceux-ci, après des tergiversations qui aboutiront à la victoire de la clique extrémiste dirigée par le général Hideki Tojo.

Le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.
A cette époque, le Japon, désireux de contrôler les ressources naturelles (pétrole, caoutchouc, etc.) de l'Asie du Sud-Est, se rapproche des puissances de l'Axe (Allemagne nazie et Italie fasciste). En 1940, il signe le pacte tripartite avec ces deux pays. Le 7 décembre 1941 le japon lance son attaque sur Pearl Harbor une base navale américaine à Hawaii. Cette attaque surprise déclenche l'entrée des États-Unis dans la guerre et marque le début des hostilités directes entre le Japon et les Alliés (États-Unis, Royaume-Uni, Chine, etc.).

Dans les mois qui suivent Pearl Harbor, le Japon connaît une série de victoires éclatantes en Asie-Pacifique qui lui permettent de conquérire les Philippines,  la Malaisie, Singapour, les Indes néerlandaises (Indonésie actuelle) et d'autres territoires stratégiques. Les forces japonaises contrôlent rapidement une grande partie du Pacifique et de l'Asie du Sud-Est. Cependant, cette expansion éclair cache des faiblesses structurelles : le Japon manque de ressources naturelles et d'une industrie capable de soutenir un effort de guerre prolongé. À partir de 1942, la situation change rapidement avec plusieurs défaites décisives. La bataille de Midway (juin 1942) est un tournant dans la guerre du Pacifique. Les forces américaines détruisent quatre porte-avions japonais, réduisant ainsi la capacité offensive de la flotte japonaise.  L'offensive japonaise en Océanie est finalement stoppée aux îles Salomon,  lors de la bataille de Guadalcanal (1942-1943) , et les forces alliées commencent à reconquérir progressivement le territoire.

À mesure que les défaites s'accumulent, le Japon adopte des stratégies de plus en plus désespérées. L'armée japonaise combat avec un acharnement extrême, refusant souvent la reddition. Les kamikazes (= pilotes suicides) deviennent emblématiques de cette mentalité, particulièrement à partir de 1944, alors que la situation militaire devient critique. En 1944-1945, les Alliés lancent une série de bombardements intensifs contre le Japon et détruisent de nombreuses villes et infrastructures. Le moment le plus marquant sera l'utilisation de l'arme nucléaire par les États-Unis. Le 6 août 1945 , une première bombe nucléaire est lancée sur Hiroshima, tuant instantanément des dizaines de milliers de personnes. Le 9 août 1945, la seconde bombe nucléaire frappe Nagasaki, causant ici encore des dizaines de milliers de morts.

Ces bombardements, combinés à l'invasion soviétique de la Mandchourie, précipitent la décision du Japon de capituler. Le 15 août 1945, le Japon annonce sa reddition sans condition, marquant la fin de la guerre dans le Pacifique. Le 2 septembre 1945 a lieu la signature officielle de la capitulation sur le cuirassé USS Missouri dans la baie de Tokyo.

Depuis les Seconde Guerre mondiale

De 1945 à 1952, le Japon va se trouver sous occupation américaine dirigée par le général Douglas MacArthur. Cette période voit la démilitarisation du pays, la dissolution de l'empire et l'adoption d'une nouvelle constitution en 1947, avec l'article 9 renonçant à la guerre comme moyen de régler les différends internationaux. Des dirigeants militaires et politiques japonais sont jugés pour crimes de guerre lors des procès de Tokyo (1946-1948). Plusieurs sont condamnés à mort ou à la prison. ent avec les souvenirs des bombardements atomiques. Les terres sont redistribuées, les zaibatsu (conglomérats financiers et industriels) sont démantelés, les syndicats sont promus. Le Japon restera aligné avec les États-Unis pendant la Guerre froide et adhérera à l'ONU en 1956.

Après la fin de l'occupation en 1952, le Japon connaît une croissance économique rapide. On assiste à un iInvestissement massif dans les secteurs de l'automobile, de l'électronique, et de la sidérurgie. Le Jeux Olympiques de Tokyo 1964 marquent l'entrée du Japon sur la scène mondiale en tant que puissance moderne. 

Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 affectent l'économie japonaise, mais le pays parvient à s'adapter. Le pays passe de l'industrie lourde aux technologies de pointe et aux services. Les entreprises japonaises s'internationalisent et investissent massivement à l'étranger. Dans les années 1980, se forment des bulles immobilières et boursières, qui éclatente au cours de la décennie suivante,  la "décennie perdue", ce qui conduit à une stagnation prolongée. Des tentatives sont faites de réformer le système financier et de stimuler l'économie par des politiques fiscales et monétaires. Le pays se heurte aussi à partir de cette époque au vieillissement de la population, faible taux de natalité, et aux effets du changement des structures familiales et sociales. Cette période est marquée par une évolution culturelle et sociétale importante, avec l'émergence d'une culture populaire influente (manga, anime, musique), et des débats sur l'identité nationale et le rôle du Japon dans le monde contemporain.

Les premières décennies du XXIe siècle.
Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9.0 a frappé le nord-est du Japon, suivi d'un tsunami dévastateur. Cette double catastrophe a causé la mort de près de 20 000 personnes et a conduit à l'accident nucléaire de Fukushima, l'un des pires accidents nucléaires de l'histoire. La gestion de cette crise a eu des répercussions majeures sur la politique énergétique et environnementale du pays. Le gouvernement de Naoto Kan (Premier ministre de 2010 à 2011) a été critiqué pour sa gestion de la crise. Yoshihiko Noda lui a succédé en septembre 2011, mais son mandat a été marqué par des défis économiques persistants et une perte de confiance publique. En décembre 2012, Abe Shinzo est redevenu Premier ministre, après un premier mandat de 2006 à 2007. Abe a lancé une série de politiques économiques connues sous le nom d'« Abenomics », visant à revitaliser l'économie japonaise par des mesures de relance fiscale, une politique monétaire accommodante et des réformes structurelles. Abe a également renforcé les relations avec les États-Unis, accentué la présence du Japon sur la scène internationale et promu une politique de sécurité plus proactive, notamment par la réinterprétation de la Constitution pacifiste du Japon pour permettre une défense collective.

Le Japon a remporté la candidature pour organiser les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo. Les préparations pour cet événement ont stimulé divers projets d'infrastructure et ont été vues comme une opportunité de revitaliser l'économie et de promouvoir l'image du Japon à l'échelle mondiale. Mais la pandémie de covid-19 a eu un impact significatif sur le Japon, avec des perturbations économiques, des mesures de confinement et la nécessité de reporter les Jeux Olympiques de 2020 à 2021. Le gouvernement a dû naviguer à travers les défis de la gestion de la crise sanitaire tout en soutenant l'économie. Malgré la pandémie, les Jeux Olympiques se sont finalement tenus en 2021 sans spectateurs internationaux. Cet événement a été marqué par des mesures strictes de santé et de sécurité, et a montré la résilience du pays.

En août 2020, Abe Shinzo a démissionné pour des raisons de santé. Yoshihide Suga lui a succédé, mais son mandat a été de courte durée en raison de la gestion controversée de la pandémie. En octobre 2021, Fumio Kishida a été élu Premier ministre. Il a promis de continuer certaines des politiques d'Abe tout en se concentrant sur la gestion de la pandémie et la reprise économique. Abe sera assassiné le 8 juillet 2022, lors d'une campagne électorale.

Le Japon continue de faire face à des défis économiques, notamment une population vieillissante, une faible natalité et des pressions économiques mondiales. Le gouvernement cherche à encourager l'innovation, à renforcer la résilience économique et à améliorer les conditions sociales.

Le Japon continue de jouer un rôle actif dans la région Asie-Pacifique, en renforçant ses alliances et en participant aux initiatives de sécurité régionale. Les relations avec la Chine, la Corée du Sud et d'autres pays de la région restent complexes et stratégiques. Le Japon maintient son leadership dans les technologies avancées (robotique, intelligence artificielle, énergies renouvelables). Le pays s'efforce de rester à la pointe de l'innovation tout en traitant les défis environnementaux.
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Le samoura : Kusunoki Masashige.
Statue équestre du samouraï Kusunoki Masashige (1294-1336), devant
le palais impérial de Tokyo. Source : The World Factbook. 


Tamiki Hara, Hiroshima, fleurs d'été, Actes Sud, 2007. - En trois récits brefs et intenses, Tamiki Hara raconte ce qui se passa à Hiroshima au cours de l'été 1945, avant, pendant et après l'explosion de la première bombe atomique de l'histoire de l'humanité. De cette plongée dans l'horreur pure sourd une plainte déchirante qui renvoie l'homme à sa violence et la nature à son apaisante et terrible immuabilité. Bouleversants de précision, de concision, de pureté, de vérité, ces textes du poète suicidé furent à l'origine, au Japon, d'un genre littéraire nouveau, la "littérature de la bombe atomique" (Genbaku bungaku), qui, en raison de la censure dont il fit l'objet de la part des forces d'occupation américaines, ne connut son essor qu'au début des années 1950.

(Né en 1905 à Hiroshima, Tamiki Hara s'impose rapidement comme un écrivain et poète brillant, engagé politiquement. Au début de l'année 1945, brisé par le récent décès de sa femme, il revient dans sa ville natale et s'y trouve encore le 6 août, au moment où explose la bombe. Survivant traumatisé, Tamiki Hara continue d'écrire sans relâche, mais il se jette en 1951 sous un train de banlieue, dans un dernier cri de protestation contre la folie des hommes).  (couv.).
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Jean-Louis Margolin, (préf. Yves Ternon), L'armée de l'empereur : Violences et crimes du Japon en guerre 1937-1945, Armand Colin, 2007. - Massacres en masse de prisonniers de guerre, notamment à Nankin ; asservissement de millions d'Asiatiques et d'Occidentaux, entre camps de la faim et chantiers de la mort; atmosphère de terreur à l'échelle d'un quasi-continent; débauche de crimes sexuels et prostitution forcée ; utilisation de cobayes humains; pillage généralisé; intoxication par la drogue de populations entières. Cela dura huit ans et toucha 400 millions d'hommes. Ce terrifiant volet de la Seconde Guerre mondiale en Asie n'avait jamais fait l'objet jusqu'à présent d'une étude approfondie et globale. Les pratiques de guerre de l'Armée de l'Empereur du Japon sont minutieusement décrites afin d'en comprendre les mécanismes. Comment en arriva-t-on là? Les explications, trop simples, par la culture ou le contexte ne tiennent pas. C'est la conquête d'une armée par l'ultranationalisme, puis la conquête d'un pays par son armée qui sont en cause. Au-delà, c'est l'ère du fascisme, des totalitarismes, du triomphe de la brutalité qui trouva au Japon un formidable point d'appui. Ces horreurs des années 1940 restent encore au coeur des mémoires des années 2000. Le Japon s'est-il assez repenti? La Chine est-elle fondée à s'offusquer des manuels scolaires de son voisin? Et qu'en pensent les autres Asiatiques, dont l'attitude à l'égard de l'occupant nippon fut loin d'être unanime?  Pour comprendre à la fois les totalitarismes d'hier et l'Asie d'aujourd'hui, il était indispensable de mettre en lumière ces violences massives et méconnues. (couv.).

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