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L'époque précolombienne
Périodes et cultures
principales
Période
paléo-indienne.
Les premiers
habitants de l'Amérique du Nord seraient arrivés par la région du détroit
de Béring il ya a 15 000 à 12 000 ans, à une époque où un pont terrestre
qui reliait l'Asie Ă l'Alaska. Ces groupes de chasseurs-cueilleurs suivaient
probablement les grands troupeaux d'animaux tels que les mammouths.
Des outils de pierre
caractéristiques ont été découverts sur de nombreux sites en Amérique
du Nord, témoignant de la présence de ces premiers peuples, qui définissent
la culture Clovis (du nom d'un site archéologique représentatif de cette
période, au Nouvea-Mexique).
Période
archaĂŻque.
A partir de 7000
av. JC environ, les sociétés amérindiennes se diversifient et s'adaptent
aux différents environnements. L'agriculture commence à se développer,
notamment avec la culture du maĂŻs, des haricots et des courges dans certaines
régions. A cette époque, des techniques de chasse et de cueillette sont
développées; des paniers, des filets et d'autres outils spécialisés
sont fabriqués.
Période
sylvicole.
Les peuples amérindiens
commencent à s'établir dans des villages permanents, notamment dans la
région du Mississippi vers 1000 av. JC. De vastes réseaux commerciaux
se mettent en place. On échange de biens comme le cuivre, les coquillages
et le mica. La construction de grands monticules, tels que ceux des cultures
Adena et Hopewell, utilisés à des fins cérémonielles et funéraires,
date de cette période.
Période
du Mississippi.
La civilisation
du Mississippi (vers 1000 ap. JC - 1600) correspond au développement de
sociétés complexes avec de grandes villes telles que Cahokia, située
près de l'actuelle Saint-Louis. Cahokia
était un centre politique et religieux majeur avec des milliers d'habitants
et des structures monumentales. On cultivait intensivement le maĂŻs et
autres plantes, permettant de nourrirde grandes populations. A cette époque
apparaissent des sociétés hiérarchisées avec une élite dirigeante.
Tribus et régions.
Quelques exemples
parmi beaucoup d'autres (leurs descendants sont souvent organisés en nations,
au sein des Etats-Unis actuels) :
Les
Anasazis (ancĂŞtres des Pueblos).
Les Anasazis vivaient
dans le sud-ouest des États-Unis (Arizona, Nouveau-Mexique, Colorado et
Utah). Ils sont connus pour leurs habitations en falaises et leurs kivas
(structures cérémonielles souterraines). La culture anasazi a décliné
vers 1300, probablement Ă cause des changements climatiques et des conflits.
Les
Iroquois (Haudenosaunee).
Les Iroquois étaient
une confédération de six nations située dans le nord-est des États-Unis.
Leur société était matriarcale avec des pratiques agricoles développées.
Ils ont créé une forme de constitution démocratique, la Grande loi
de la paix.
Les
Algonquiens.
Les Algonquiens
constituent un groupe linguistique couvrant une vaste région de la côte
est et des Grands Lacs. Ces populations étaient principalement des chasseurs-cueilleurs
et des pĂŞcheurs, avec certaines pratiques agricoles.
Les
Sioux.
Les Sioux (Lakotas,
Dakotas et Nakotas) étaient des groupes nomades des Grandes Plaines. Ils
sont connus pour leur mode de vie de chasseurs de bisons et leurs tipis.
Les
tribus du Nord-Ouest Pacifique.
On compte parmi
ces tribus vivant dans la région côtière du nord-ouest. les Tlingits,
les Haidas et les Kwakiutls. Il s'agissait de cultures maritimes avec des
pratiques de pêche et de chasse à la baleine. Ils étaient (et restent)
célèbres pour leurs totems et potlatchs (fêtes cérémonielles de don
et de redistribution).
L'époque
coloniale
L'existence des États-Unis comme État
indépendant ne date que de 1776 : mais l'histoire
des Européens dans ce pays remonte plus haut. Rapidement après les premières
explorations, Français
et Espagnols
revendiquèrent les territoires nouvellement découverts. Ainsi, par exemple,
de 1562 à 1565 les Français essayèrent-ils vainement de coloniser la
Floride. Mais ce sont les Britanniques, puis les Hollandais, qui fondèrent
les établissements durables. En 1584 des Anglais s'établirent en Virginie.
Gosnold en 1602,
Hudson en 1607,
John
Smith en 1614, firent d'importantes découvertes dans le nord.
Les Hollandais, marchant
sur leurs traces, colonisèrent en 1614 l'État de New York, auquel ils
donnèrent le nom de Nouveaux Pays-Bas. Des Puritains, émigrés de la
Grande-Bretagne, vinrent en 1620 s''établir dans le Massachusetts. Le
New Hampshire fut colonisé en 1621. En 1627 le Delaware reçut une colonie
suédoise; le Maryland fut colonisé en 1632, le Connecticut en 1635, le
Rhode Island en 1638 : tous ces pays durent leurs premiers habitants aux
persécutions religieuses.
Charles Il,
roi d'Angleterre, donna en 1662 au comte Clarendon et Ă sept autres seigneurs
le pays qui forma depuis les deux Carolines, et en 1681 au quaker William
Penn la contrée appelée de son nom Pennsylvanie.
L'Angleterre n'était
pas la seule puissance européenne présente en Amérique du Nord
à cette époque. L'Espagne
et la France
avaient leurs propres colonies sur le continent. Les colons de Caroline
entrèrent ainsi plus d'une fois en conflit avec les Espagnols installés
en Floride. Mais ce sont surtout les conflits permanents qui opposaient
la France Ă l'Angleterre qui allaient s'exprimer ici. En 1717, la
compagnie française d'Occident avait fondé la Nouvelle-Orléans;
en 1735, elle avait élevé la ville de Vincennes, dans ce qui deviendra
l'État de l'Indiana. Un territoire ainsi partagé entre nations rivales
ne pouvait tarder à devenir le théâtre de guerres sanglantes : en 1754
la guerre éclata entre les Français et les Anglais. Elle dura
sept ans et vit la défaite des Français .
La
Révolution américaine
Après la guerre que s'étaient livrés
en Amérique du Nord Français
et Anglais (et Anglo-américains), les treize colonies
anglaises, délivrées d'un voisinage dangereux, se trouvaient en tête
à tête avec leur métropole. Le désaccord éclata presque aussitôt.
La faute en fut Ă la fois aux humains et aux circonstances. Les gouvernants
d'Angleterre nourrissaient des projets attestant une médiocre intelligence
des conditions nouvelles oĂą la guerre soutenue en commun contre le Canada
venait de placer les possessions américaines de la couronne. Le plan d'union
de 1754, élaboré par Franklin, n'avait pu
les rapprocher les unes des autres, mais la guerre, les efforts qu'elle
avait coûtés, les périls partagés avaient opéré ce rapprochement.
Elles avaient appris à se connaître, acquis la conscience de leurs forces.
Montcalm, dit-on, avait prédit que, si la France perdait le Canada, dix
ans plus tard, l'Amérique serait en révolte contre l'Angleterre; la prédiction
allait se réaliser.
L'indépendance n'était
pourtant pas le but premier de ce conflit, que les Américains qualifient
de Révolution. Il s'agissait au départ, pour les riches propriétaires
coloniaux d'échapper à la pression fiscale de l'Angleterre, l'indépendance,
acquise au terme d'une guerre opiniâtre, ne fut pour eux que le moyen
qui s'offrit, au terme diverses luttes juridiques, afin de préserver leur
prospérité. Après cette guerre qui offrit des chances diverses, la victoire
de Saratoga (1777) et la reddition du général Burgoyne donnèrent aux
insurgés une supériorité décidée. En 1778, la France, poussée par
son hostilité à l'Angleterre, fit un traité d'alliance avec les États-Unis,
et les aida tant sur mer que sur terre, Ă combattre les Anglais : Lafayette,
Rochambeau et une foule d'autres officiers français s'illustrèrent dans
ces combats. Un traité fut également conclu par les insurgés avec l'Espagne
en 1779. Enfin la capitulation de Cornwallis, en 1781, força l'Angleterre
à reconnaître l'indépendance des États-Unis, et à accepter la paix,
qui fut signée à Paris, le 3 septembre 1783.
L'indépendance acquise, la révolution américaine n'en était pas pour
autant terminée : une nouvelle entité politique restait à bâtir, et
il fallait encore jeter les bases de ce que serait le nouvel État. La
constitution des États-Unis, adoptée en 1789, sera le symbole de ce nouvel
édifice .
Au
temps des « Pères fondateurs »
La guerre d'indépendance terminée, le
Congrès s'était occupé d'établir une constitution qui fut acceptée
par tous les États en 1787, et en 1789 Washington
avait été appelé à la présidence. Pendant la guerre qui éclata peu
après entre la France et l'Angleterre, le président s'empressa de déclarer
la neutralité des États-Unis. Il maintint ainsi la paix avec l'Europe que
la Révolution française mettait en feu et resta neutre pendant la guerre
de la France
et de l'Angleterre (1793). Il fut renommĂ© cette mĂŞme annĂ©e Ă
la même unanimité pour quatre nouvelles années, mais il perdit un peu
de sa popularité en s'opposant aux doctrines démagogiques. Il renonça
en 1797 à un troisième mandat et mourut deux ans après.
A l'abri de sa neutralité
le pays continua de prospérer sous la présidence de ses successeurs.
Adams,
puis Jefferson, qui avaient été les ministres
de Washington, furent successivement présidents. Le territoire s'agrandit
par l'achat de vastes terres prises aux tribus indiennes, que l'on commença
dès cette époque à parquer dans des réserves, ainsi par l'acquisition,
sous Jefferson, de la Louisiane (1803). Mais Madison, élu à la présidence
en 1808 fut confronté rapidement à de nouvelles difficultés, qui s'élevèrent
entre l'Angleterre et les États-Unis, surtout à l'occasion de la question
de la liberté des mers, et la guerre fut déclarée en 1812 : elle dura
jusqu'en 1815, et se termina encore à l'avantage de la République.
La paix revenue,
semble se replier sur lui-même, l'armée est réduite - elle est surtout
requise pour mener des "opérations de police" contre les Indiens. Les
États-Unis, sous les présidences de Madison (1809) et Monroe (1817),
s'engagent de fait dans la prise de possession leur propre territoire,
symbolisée par la Frontière, un front de colonisation qui s'avance
progressivement vers l'Ouest. En même temps, s'installe un débat autour
de l'esclavage qui polarisera la vie politique
pendant plusieurs décennies. Au Nord, on le refuse, au Sud ont bâti sur
lui toute l'économie. Le compromis du Missouri, en 1920, qui établit
le partage entre les États esclavagistes et les États abolitionnistes
ne réglera aucune tension.
Après Washington,
qui invitait les États-Unis à ne pas se mêler des affaires de l'Europe,
Monroe avertit l'Europe de ne pas se mêler des affaires de l'Amérique.
La "doctrine Monroe"
(1823), comme on désignera cette option, parfaitement en phase avec les
tendances traditionnellement isolationnistes de l'opinion publique, dominera
dans une large mesure la politique extĂ©rieure des États-Unis jusqu'Ă
la fin du XIXe siècle .
La
nouvelle démocratie américaine
A partir des années
1820 et pendant près de quatre décennies, les États-Unis se sont principalement
occupés de leur consolidation. Cela est passé par des transformations
dans les règles du jeu politique et plus spécialement à une modification
du mode d'élection présidentielle, évoluant ainsi vers le régime présidentiel
actuel. La forte personnalité d'Andrew Jackson,
président entre et 1829 et 1836, contribuera amplement à cette évolution
des moeurs politique. Un autre point crucial aura été pendant cette période
la croissance démographique exceptionnelle du pays, devenu une terre d'immigrants
(près de cinq millions d'Européens
viennent s'installer aux États-Unis entre 1830 et 1860).
Le territoire a été
investi peu à peu sous la poussée de cette affluence de populations nouvelles.
La Frontière a progressivement reculé, en même temps que se perpétrait
le génocide des Indiens, qui ne sont plus seulement
spoliés de leurs territoires, mais aussi exterminés physiquement. Les
États-Unis s'agrandiront par ailleurs au détriment du Mexique ,
auxquels ils enlèvent le Texas, le Nouveau-Mexique, et la Californie
(1845-1848), destination, au cours de la décennie suivante de la "ruée
vers l'or". En même temps de nombreux problèmes doivent être surmontés.
La crise économique a frappé le pays à la fin des années 1830, et si
elle est surmonté, la question de l'esclavage, elle, devient de plus en
plus aiguë, surtout après l'admission de la Californie comme État libre
(sans esclaves).
Et, contrairement
à ce que l'on pourrait imaginer aujourd'hui, le débat revêt alors
moins un caractère moral qu'économique. Les États du Nord ont bâti
leur économie sur l'industrie et sont riches; ceux du Sud, sur l'agriculture
et sont nettement plus pauvres. Sans leurs esclaves, ils le seraient encore
davantage. Ce constat, cynique, allait conduire Ă un compromis, en 1850,
selon lequel les deux grands partis, whig et démocrate, s'entendirent
pour faire passer leur réticences sur la question de l'esclavage après
ce qu'ils considéraient comme l'intérêt
supérieur de l'Union .
La
guerre de Sécession
Depuis le compromis de
1850 qui avait apaisé pour un temps les luttes violentes à propos de
l'esclavage au sein du Congrès, dans la presse et dans toutes les manifestations
de la vie politique et sociale entre les adversaires et les défenseurs
de l'esclavage, la lutte avait repris, plus ardente que jamais, aux élections
de 1856, où un président démocrate, Buchanan, fut nommé, et elle atteignit
son maximum d'acuité en 1860, lorsque le parti républicain du Nord triompha
avec son candidat,
Abraham Lincoln, pour la présidence.
Le 10 novembre 1860, lorsque le résultat de l'élection fut connu, la
législature de la Caroline du Sud ordonna l'élection d'une Convention
chargée de considérer la question de la sortie de l'Union. Elle fit le
choix de la scission entre les États du Sud, partisans de l'esclavage,
et les États du Nord, opposés à cette institution. Dix États les deux
Carolines, la Floride, la Géorgie, l'Alabama, le Mississippi, la Louisiane,
le Texas, l'Arkansas, le Tennessee, et une partie de la Virginie, déclarèrent
successivement (20 décembre 1860-12 juin 1861) se détacher de l'union,
se constituèrent en gouvernement séparé : la Confédération sudiste.
Une constitution fut adoptée, et on nomma Jefferson Davis comme
président et Alexander Stephens comme vice-président. Les Sudistes adoptèrent
une nouvelle capitale (Richmond), et opposèrent une armée à celle de
l'Union.
A Washington, le
Congrès, pendant les dernières semaines de la présidence de Buchanan,
tenta quelques mesures de conciliation qui ne purent aboutir. Il
quitta la Maison-Blanche le 4 mars 1861, léguant à son successeur et
Ă son pays ce qui allait ĂŞtre une effroyable guerre civile. La guerre
fut engagée à partir du bombardement du fort Sumter, 12 avril. Au cours
de ce mois, la Virginie et le Tennessee, en mai l'Arkansas et la Caroline
du Nord, se joignirent aux autres États déjà confédérés, ce qui en
porta le nombre à onze. Le Congrès confédéré s'ajourna à Montgomery,
le 21 mai, et se réunit le 20 juin à Richmond. La constitution définitive
était à ce moment ratifiée par tous les États. Ayant désormais les
mains libres, le gouvernement confédéré, sous la direction omnipotente
de Jefferson Davis, mena à partir de là les opérations de guerre avec
une extrême énergie et délivra des lettres de marque et de représailles.
Il ne réussit pas cependant à faire reconnaître en Europe la Confédération
comme puissance indépendante, malgré les sympathies qu'ils trouva de
la part de la France
et de l'Angleterre.
Pendant quatre ans,
les Confédérés, commandés par Beauregard, Jackson et Lee, livrèrent
aux Fédéraux, commandés par Scott, Mac Clellan, Burnside, Sherman et
Grant, une suite de batailles meurtrières, où les succès et les
revers se balancèrent longtemps. La résistance du Sud contre les masses
sans cesse renouvelées du Nord commença à cependant s'épuiser après
la bataille de Gettysburg et la prise de Vicksburg (1863). L'expédition
de Sherman dans le Sud et les victoires répétées de Grant autour de
Richmond eurent enfin raison du courage désespéré des derniers régiments
levés par Jefferson Davis et commandés par Lee. Dans les premiers mois
de 1865 la prise de Richmond amena la reddition de Lee et la chute définitive
du gouvernement confédéré. Les États qui avaient fait sécession en
1860 et 1861 furent tour à tour réintroduits dans l'Union entre 1865
et 1870 .
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La
Maison Blanche, Ă Washington.
L'Empire
américain
La fin de la Guerre de sécession, les
États-Unis connaissent une période cataclysmique. L'assassinat du président
Lincoln,
qui plonge la classe politique dans le chaos apparaît presque comme
une péripétie au regard de la situation apocalyptique dans laquelle est
plongée la société civile pendant encore près d'une décennie. Certes,
le XIIIe amendement de la constitution
abolit
l'esclavage dès 1865. Mais aucune place n'a été faite à cette nouvelle
population libre, et même après que le droit de vote leur soit accordé
par le XVe amendement, ils resteront des
citoyens de seconde zone. De plus, l'attitude revancharde du Congrès,
rend pratiquement impossible toute reconstruction dans le Sud, occupé
militairement par les troupes de l'Union. Sur ce Sud dévasté vont rapidement
faire main-basse des crapules venues du Nord (Carpetbaggers), suscitant
à leur tour des réactions extrémistes, dont la formation de cliques
racistes comme le Ku klux klan ne sont que
la manifestation la plus spectaculaire. Une société ségrégationniste,
dans laquelle racisme est érigé en valeur, se met durablement en place.
La situation chaotique
est progressivement contenue à partir du début des années 1870, et la
priorité pour tout le pays consiste bientôt à se bâtir une nouvelle
prospérité. L'espace compris entre la côte atlantique et la côte
pacifique aura été maillé par de nouveaux États (seuls l'Arizona et
le Nouveau-Mexique conserveront jusqu'en 1912 le statut de territoires).
La Frontière disparaît ainsi en 1890, en même temps que sont
vaincues les dernières résistances indiennes (Sitting Bull, Géronimo,
Chief Joseph, etc.). Quatre lignes de chemin de fer transcontinentales
drainent les populations vers la Californie ,
nouveau pôle de développement, tandis qu'on assiste à une vague d'immigration
sans précédent. Quinze millions de nouveaux venus, d'ici la fin du siècle.
L'exploitation sans frein de cette main-d'oeuvre en situation précaire,
et dont les soulèvements sont matés dans le sang, va être la clé de
l'extraordinaire développement économique que connaissent alors les États
industriels du Nord-Est. Elle constitue dans une très large mesure la
source de la puissance Ă©conomique de la puissance mondiale que sont dĂ©jĂ
les États-Unis au tournant du XXe siècle.
L'isolationniste
prôné par la doctrine Monroe n'a sans doute jamais été absolu ( Coup
de force du commodore Perry au Japon
en 1853). Et d'ailleurs il y a Amérique et Amérique, il y a États-Unis
et continent américain, et les les États-Unis ne se sont jamais privés
d'intervenir Ă l'occasion dans les autres pays du continent (Guerre avec
le Mexique ,
par exemple). Avec le temps, La doctrine de Monroe «-transformée
en remède préventif contre une l'immixtion de l'Europe
», selon l'expression de P. Fauchille, a engendré une politique d'hégémonie
et d'impérialisme. En 1895, le président Cleveland alla jusqu'à affirmer
la souveraineté de fait des États-Unis sur tout le continent, et obtint
par ses menaces qu'un litige de frontières entre le Venezuela et l'Angleterre
fût soumis à un arbitrage. Mais l'exagération même de cette doctrine
éveilla les susceptibilités des Républiques latines, jalouses de conserver
leur indépendance et l'originalité de leur civilisation.
Aussi les Congrès
panaméricains qui se réunirent à partir de 1889 déçurent-ils les espérances
des États-Unis : ils n'aboutirent ni à la création d'une union douanière,
ni Ă la construction d'un Transcontinental qui relierait New-York
au Rio de la Plata. Le patriotisme mexicain s'insurgeait à la pensée
d'une annexion possible. Les États de l'Amérique centrale créèrent,
pour régler leurs différends, une Cour centrale d'arbitrage, et en 1925
les États-Unis allaient juger utile de donner une satisfaction à l'opinion
publique en retirant la garnison qu'ils entretenaient dans le Nicaragua
depuis 1912. Mais, d'autre part, un facteur nouveau s'était affirmé :
la création d'une Ligue des nations américaines telle que l'avait conçue
Bolivar;
elle soutiendrait le prestige américain en face de l'ancien monde et resserrerait
les liens de solidarité entre les républiques. C'est dans cet esprit
que se réunit le Congrès de Panama en juin 1926.
-
L'Oncle
Sam (= les Etats-Unis) se prépare à intervenir
dans
le conflit mettant aux prises l'Espagne et Cuba.
"Pour
la cause de l'humanité, dit-il, il est de mon devoir de les séparer."
Gravure
humoristique parue dans le Puck, le 20 avril 1898.
Les États-Unis n'ont pas moins poursuivi
depuis la fin du XIXe
siècle une politique qui leur a conféré dans les Antilles et sur tout
le pourtour du golfe du Mexique
une situation prépondérante. Une insurrection des Cubains contre leurs
maîtres espagnols leur fournit un prétexte d'intervention. Le président
Cleveland, puis son successeur Mac Kinley, protestèrent au nom de l'humanité
contre les excès des gouverneurs espagnols : l'explosion fortuite d'un
cuirassé américain, le Maine, dans la rade de La Havane, déchaîna la
guerre (avril-août 1898). Deux escadres espagnoles furent anéanties :
l'une dans la baie de Manille, par l'amiral Dewey (2 mai); la seconde par
l'amiral Sampson, lorsqu'elle essaya de s'échapper de la rade de Santiago-de-Cuba,
où elle se trouvait embouteillée (3 juillet). Quelques jours après,
la place de Santiago capitulait, après avoir vaillamment résisté aux
efforts des volontaires et soldats américains (16 juillet). A bout de
souffle, l'Espagne
demanda la paix, par l'intermédiaire de la France .
Le traité de Paris (10 décembre 1898)
assura aux États-Unis Porto-Rico, Cuba ,
bientôt érigée en République vassale (1902), les Philippines et l'île
de Guam, dans l'archipel des Mariannes.
Ensuite, les États-Unis
ont mis fin à l'anarchie des deux Républiques de l'île de Haïti
en leur imposant leur protectorat (1905 et 1915); ils ont acheté les Antilles
danoises (1916); leur puissance financière s'est appesantie sur le Mexique
et sur les petits États de l'Amérique centrale. Enfin et surtout, ils
ont provoqué la création, aux dépens de la Colombie, d'une République
de Panama, qu'ils contrôlèrent, et finirent de creuser à travers l'isthme
le canal transocéanique commencé par les Français, et dont ils
possédaient désormais les rives et surveillaient les issues. Ce canal,
inauguré en 1914, leur permit à la fois d'améliorer les relations maritimes
entre Atlantique et Pacifique, d'accentuer leur pression économique sur
l'Amérique latine et de répandre les produits de leurs industries dans
tous les pays riverains du Grand Océan.
Hors du continent,
les États-Unis imposèrent à Bismarck un condominium
sur les îles Samoa (1889), puis partagèrent l'archipel avec l'Allemagne
(1895). En 1898, ils annexèrent les îles Hawaii en plus des Philippines.
En 1900, ils aidèrent l'Europe
à réprimer en Chine
le mouvement des Boxers, s'opposèrent à un démembrement de l'Empire
du Milieu et, pour sauvegarder leurs intérêts commerciaux, firent prévaloir
le principe de la « porte ouverte ». Depuis lors, ils observèrent avec
inquiétude la rapide croissance du Japon ;
Th.
Roosevelt intervint pour arrêter ses progrès pendant la guerre de
Mandchourie
et ménager la paix de Portsmouth (1905). L'attitude hostile des
Californiens vis-Ă -vis des Asiatique envenima les relations des deux puissances.
-
Le
président Theodore Roosevelt.
Enfin, les États-Unis se sont intéressés,
non sans quelque répugnance, à la politique européenne. Ils ont pris
part en 1906 à la Conférence d'Algésiras qui essaya
de régler le problème marocain. En 1917, au cours de la Grande
Guerre, après de longues hésitations, les États-Unis, sous la présidence
de Thomas W. Wilson (1913-1921), ont jeté dans la balance tout le
poids de leur force et précipité la défaite des Empires centraux. L'entrée
en guerre aux côtés des Alliés n'avait rien eu d'idéologique. Il s'était
d'abord agi pour le pays de faire respecter son droit au commerce. Mais
la révolution soviétique qui avait éclate quelques mois plus tard changea
la donne pour soixante-dix ans au moins.
D'une guerre mondiale
Ă l'autre
La période de l'entre-deux
guerres est une période de transformation profonde pour les Etats-Unis,
allant de la prospérité des Années Folles à la crise dévastatrice
de la Grande Dépression, suivie par l'intervention gouvernementale massive
du New Deal et l'engagement dans la Seconde
Guerre mondiale. Une migration massive de la population rurale vers
les centres urbains se produit, a transformé la société américaine.
L'innovation technologique et l'industrialisation ont continué de façonner
l'économie et la société, avec des avancées significatives dans les
domaines de l'automobile, de l'aviation et des communications.
Au lendemain de la
guerre, Wilson, fut l'un des principaux artisans du traité de Versailles
(1919). Son successeur, Warren G. Harding (1921-1923) promit un retour
à la normale. Son administration sera marquée par des politiques
pro-business et des scandales de corruption comme le scandale du Teapot
Dome.
Les années folles.
Les années 1920,
souvent appelées les années folles, ont été une période de
croissance économique rapide, de hausse des investissements en bourse,
de prospérité industrielle et de changements sociaux. C'est aussi la
période de la Prohibition (1920-1933) : la production et la distribution
d'alcool sont interdites aux États-Unis par le 18e
amendement. Cette politique mène à une période de contrebande et de
criminalité organisée. La culture populaire, notamment le jazz, le cinéma
et la littérature, connaissent un essor significatif. Les femmes obtiennent
le droit de vote en 1920 avec le 19e amendement
et commencent à jouer des rôles plus actifs dans la société.
-
La Prohibition
La Prohibition s'étend
de 1920 à 1933, mais ses racines plongent bien plus profondément, dans
le mouvement de tempérance du XIXe siècle.
Ce mouvement, initialement axé sur la modération de la consommation d'alcool,
a progressivement évolué vers une demande d'interdiction totale. Plusieurs
facteurs ont alimenté cette évolution. Des groupes religieux, notamment
protestants, considéraient l'alcool comme un péché et une source de
déchéance morale. Les femmes, confrontées aux violences domestiques
et à la pauvreté souvent liées à l'alcoolisme de leurs maris, ont joué
un rôle important dans le mouvement de tempérance. Des réformateurs
sociaux voyaient dans l'alcool la cause de nombreux problèmes, comme la
criminalité, la pauvreté et la maladie. Le mouvement de tempérance a
gagné en puissance au fil des décennies, s'organisant en ligues et associations
telles que la Women's Christian Temperance Union (WCTU) et l'Anti-Saloon
League. Ces organisations ont mené une campagne efficace de lobbying politique
et de sensibilisation publique, utilisant des arguments moraux, sociaux
et économiques pour convaincre de la nécessité de la prohibition. La
Première
Guerre mondiale a également joué un rôle décisif. L'interdiction
de l'alcool était présentée comme une mesure patriotique, permettant
de conserver les céréales pour nourrir les soldats et de lutter contre
l'influence supposée des brasseurs allemands.
L'aboutissement de
ces efforts fut l'adoption du 18e amendement
à la Constitution américaine en 1919, ratifié par les États et entrant
en vigueur le 17 janvier 1920. Cet amendement interdisait la fabrication,
la vente, le transport et l'importation de boissons alcoolisées "enivrantes"
aux États-Unis. Pour mettre en oeuvre cet amendement, le Congrès adopta
le Volstead Act, qui définissait les boissons "enivrantes" comme
celles contenant plus de 0,5% d'alcool et précisait les modalités d'application
de la Prohibition. Loin des espoirs des prohibitionnistes, la Prohibition
ne marqua pas la fin de la consommation d'alcool. Au contraire, elle la
poussa dans la clandestinité, créant un marché noir florissant et des
conséquences inattendues et souvent désastreuses.
L'un des effets les
plus immédiats et visibles fut l'essor du crime organisé. Des gangs criminels,
comme celui d'Al Capone Ă Chicago, ont rapidement
compris les profits énormes à tirer du trafic d'alcool. Ils ont mis en
place des réseaux sophistiqués de contrebande, d'importation illégale
(notamment depuis le Canada et les CaraĂŻbes),
de fabrication clandestine (dans des distilleries illégales appelées
speakeasies)
et de distribution d'alcool. La violence et la corruption ont explosé.
Les rivalités entre gangs pour le contrôle du marché noir ont engendré
de sanglantes guerres de territoire. La corruption s'est infiltrĂ©e Ă
tous les niveaux de la société, des policiers aux politiciens, facilitant
les activités criminelles et minant l'autorité de l'État. Les speakeasies,
qui étaient aussi des bars clandestins souvent cachés derrière des façades
respectables, ont proliféré dans les villes, offrant un lieu de consommation
illégal mais aussi un espace de socialisation et de transgression des
règles sociales. Paradoxalement, la Prohibition, censée moraliser la
société, a contribué à une culture de la transgression et à une perte
de respect pour la loi.
La Prohibition a
également eu des conséquences économiques importantes. L'État a perdu
les revenus fiscaux considérables liés à la vente d'alcool, revenus
qui auraient pu être utilisés pour financer des services publics. Au
lieu de cela, il a dû dépenser des sommes importantes pour tenter, souvent
vainement, d'appliquer la Prohibition. L'industrie légale de la boisson,
qui employait des milliers de personnes, a été ruinée, entraînant des
pertes d'emplois et des faillites. Seul le marché noir a prospéré, enrichissant
les criminels et privant l'État de ressources.
Sur le plan social,
la Prohibition a eu des effets contrastés. Si la consommation d'alcool
a peut-être diminué dans certaines couches de la population, notamment
dans les zones rurales et parmi les classes moyennes, elle a continué,
voire augmenté, dans les villes et parmi les classes supérieures. La
Prohibition a également favorisé la consommation de boissons alcoolisées
plus fortes et potentiellement plus dangereuses, comme le whisky et le
gin, plus faciles à transporter et à dissimuler que la bière ou le vin.
L'alcool de contrebande était souvent de mauvaise qualité et pouvait
contenir des substances toxiques, causant des problèmes de santé graves,
voire la mort, pour les consommateurs. Ironiquement, la Prohibition, censée
améliorer la santé publique, a probablement eu des effets néfastes sur
la santé de certains consommateurs.
Au fil des années
1920, l'opposition à la Prohibition s'est progressivement renforcée.
De plus en plus de voix se sont élevées pour dénoncer les échecs et
les conséquences négatives de cette politique. Les arguments contre la
Prohibition se sont multipliés : l'inefficacité de l'application de la
loi, l'essor du crime organisé et de la corruption, les pertes économiques
pour l'État, les atteintes à la liberté individuelle, les risques sanitaires
liés à l'alcool de contrebande. La Grande
Dépression, qui débuta en 1929, renforça encore les arguments en
faveur de la fin de la Prohibition. La légalisation et la taxation de
l'alcool étaient vues comme un moyen potentiel de générer des revenus
pour l'État et de créer des emplois.
L'élection de Franklin
Delano Roosevelt à la présidence en 1932, sur une plateforme promettant
la fin de la Prohibition, marqua un tournant décisif. Le Congrès adopta
le 21e amendement, qui abrogeait le 18e
amendement, et le soumit à la ratification des États. Le 5 décembre
1933, le 21e amendement fut ratifié par
un nombre suffisant d'États, mettant officiellement fin à la Prohibition
au niveau fédéral. Les États individuels conservaient toutefois le droit
de maintenir la prohibition au niveau local, et certains le firent pendant
encore plusieurs années.
La Prohibition a
été un échec retentissant, un exemple de politique publique aux conséquences
imprévues et largement négatives. Elle a démontré la difficulté, voire
l'impossibilité, d'imposer par la loi une morale unique à une société
diverse et complexe. Elle a mis en évidence les effets pervers de l'interdiction,
qui crée un marché noir lucratif et favorise le crime organisé. |
La Grande dépression.
Le krach boursier
de 1929 marque ensuite le début de la Grande
Dépression, une période de chômage massif, de faillites bancaires
et de difficultés économiques généralisées. Des millions de personnes
perdent leur emploi et leurs économies. Elu en 1932, Franklin
D. Roosevelt promet de sortir le pays de la dépression. Il lance une
série de programmes et de réformes économiques connus sous le nom de
New
Deal, visant à relever l'économie et à fournir un filet de sécurité
sociale aux citoyens touchés par la dépression. Le gouvernement fédéral
joue un rôle plus actif dans la régulation économique et sociale, notamment
avec la création dess assurances chômage. Des agences comme la WPA (Works
Progress Administration) et la TVA (Tennessee Valley Authority) sont créées.
La Seconde Guerre
mondiale.
Restés neutres
au début de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont entrés en
guerre au côté des Alliés après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor
le 7 décembre 1941. L'économie a été mobilisée pour soutenir l'effort
de guerre, avec une production industrielle massive et la participation
de millions de soldats américains aux combats en Europe et dans le Pacifique.
De 1945 Ă 2001
L'après-guerre.
Dans la seconde
moitié des années 1940, les États-Unis ont joué un rôle clé dans
la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et dans la mise
en place du système économique international de Bretton Woods, qui a
établi des institutions comme le FMI et la Banque mondiale.
La période d'après-guerre
est aussi marquée par une forte croissance économique, une augmentation
de la consommation et de la production industrielle, ainsi qu'une expansion
de la classe moyenne.
Au temps de la
Guerre froide.
La rivalité entre
les États-Unis et l'Union soviétique , dont
la puissance s'est affirmée pendans le conflit modial, a donné naissance
Ă la Guerre froide.
Containment
et McCarthysme.
Les États-Unis
ont alors adopté, à l'extérieur, une politique destiner à limiter l'expansion
du communisme dans le monde (politique dite de containment). A l'intérieur,
la peur du communisme se signale par les sombres heures du maccarthysme,
avec ses purges politiques et ses accusations de trahison (souvent imaginaires),
notamment sous l'influence du sénateur Joseph McCarthy.
-
Le maccarthysme
Le maccarthysme s'étend
approximativement de la fin des années 1940 au milieu des années 1950.
Il tire son nom de celui du sénateur républicain Joseph McCarthy, bien
que le phénomène ait des racines plus profondes et ait impliqué de nombreux
acteurs. Le contexte de la Guerre Froide
est central pour comprendre l'ascension du maccarthysme. Après la Seconde
Guerre mondiale, les États-Unis et l'Union
Soviétique se sont retrouvés en compétition pour la domination mondiale,
une compétition idéologique et géopolitique qui a alimenté une peur
intense du communisme aux États-Unis. L'Union Soviétique était une puissance
totalitaire
expansionniste, et il y avait des membres du Parti communiste américain
(PCA) aux États-Unis, bien que leur influence et leur nombre aient été
grandement exagérés. Les succès communistes en Europe
de l'Est, la révolution chinoise
en 1949, et le choc de la détonation d'une bombe atomique soviétique
la même année ont intensifié l'anxiété américaine et créé un climat
de suspicion et de peur.
Avant mĂŞme l'ascension
de McCarthy, l'anticommunisme était une force politique significative
aux États-Unis. Le "Second Red Scare" avait commencé après la Première
Guerre mondiale, mais il a repris de la vigueur après la Seconde Guerre
mondiale. Le gouvernement Truman avait dĂ©jĂ
mis en place des programmes de loyauté pour les employés fédéraux en
1947, et le Comité des activités non-américaines de la Chambre des représentants
(HUAC) menait des enquĂŞtes sur l'influence communiste Ă Hollywood. Cependant,
c'est l'arrivée de Joseph McCarthy sur la scène nationale qui a propulsé
cette peur à de nouveaux sommets et lui a donné son caractère distinctif.
En février 1950,
McCarthy, alors sénateur junior du Wisconsin,
a prononcé un discours à Wheeling, en Virginie-Occidentale,
où il a affirmé avoir une liste de 205 communistes travaillant au Département
d'État. Ce chiffre a varié dans ses discours ultérieurs, et il n'a jamais
produit de preuves concrètes pour étayer ses accusations. Néanmoins,
ses déclarations ont fait sensation et ont captivé l'attention des médias
et du public. McCarthy a exploité avec brio l'anxiété et la paranoïa
ambiantes, se présentant comme un croisé courageux luttant contre une
conspiration communiste interne qui, selon lui, menaçait de détruire
l'Amérique de l'intérieur.
La popularité de
McCarthy a monté en flèche. Il a été nommé à la tête du Comité
permanent d'enquête du Sénat, une position qu'il a utilisée pour mener
des audiences publiques sensationnalistes. Ces audiences étaient souvent
télévisées et ont attiré une large audience. McCarthy et son comité
ont convoqué des centaines de personnes, principalement des fonctionnaires,
des artistes, des écrivains, des intellectuels, et des universitaires,
pour les interroger sur leurs liens passés ou présents avec le Parti
communiste ou des organisations jugées subversives.
Les tactiques de
McCarthy étaient brutales et volontiers contraires à l'éthique. Il utilisait
des accusations vagues et non étayées, des insinuations, des demi-vérités,
et des pressions psychologiques pour forcer les témoins à coopérer et
à dénoncer d'autres personnes. Le principe de la présomption d'innocence
était ignoré; être accusé par McCarthy équivalait souvent à être
considéré coupable aux yeux du public. Le "maccarthysme" est devenu synonyme
d'accusations non fondées, de dénigrement de caractère, d'intimidation
politique, et de répression de la dissidence.
Le maccarthysme a
eu un impact dévastateur sur la vie de nombreuses personnes. Des individus
ont perdu leur emploi, ont été mis sur liste noire (blacklistés) dans
leurs professions, ont été ostracisés socialement, et ont vu leur réputation
ruinée, souvent sur la base de preuves minces ou inexistantes. Hollywood
a été particulièrement touché, avec la création de la "liste noire
d'Hollywood", qui a empêché de nombreux scénaristes, réalisateurs et
acteurs de travailler. Les universités et les établissements d'enseignement
ont également été ciblés, conduisant à des licenciements de professeurs
et à une atmosphère de peur et d'autocensure.
Au-delĂ des victimes
individuelles, le maccarthysme a eu un effet paralysant sur la liberté
d'expression et le débat public aux États-Unis. La peur d'être étiqueté
comme "communiste" ou "sympathisant communiste" a conduit à une conformité
accrue et à la suppression des opinions dissidentes. Le débat politique
s'est appauvri, et la créativité culturelle a été étouffée. L'atmosphère
de suspicion et de peur a miné les principes fondamentaux de la démocratie
américaine.
Cependant, Ă partir
de 1954, le vent a commencé à tourner. Plusieurs facteurs ont contribué
à la chute de McCarthy. La couverture médiatique critique, notamment
l'émission See It Now d'Edward R. Murrow en mars 1954, a commencé
à démystifier McCarthy et à exposer ses tactiques abusives. L'administration
Eisenhower, initialement hésitante à s'opposer directement à McCarthy,
a commencé à prendre ses distances.
Le tournant décisif
fut les Army-McCarthy Hearings en 1954. Ces audiences, télévisées
à l'échelle nationale, portaient sur les accusations de McCarthy selon
lesquelles l'armée américaine abritait des communistes. Les audiences
ont révélé au grand jour le comportement agressif et intimidant de McCarthy,
ainsi que son manque de preuves concrètes. Le public a été témoin direct
de ses tactiques et de son manque de respect pour les procédures régulières.
L'avocat de l'armée, Joseph Welch, a joué un rôle décisif en confrontant
McCarthy avec une question rhétorique restée célèbre :
"N'avez-vous enfin
aucun sens de la décence, monsieur ?"
Après les Army-McCarthy
Hearings, le soutien public à McCarthy a diminué rapidement. Le Sénat
a voté une motion de censure contre lui en décembre 1954, condamnant
sa conduite. Bien qu'il soit resté sénateur, McCarthy a perdu son influence
politique et son prestige. Il est tombé dans l'alcoolisme et la dépression,
et est mort en 1957 à l'âge de 48 ans.
Le maccarthysme,
en tant que phénomène politique dominant, a pris fin avec la censure
de McCarthy. Cependant, les enseignements tirés des excès de cette période
ont perduré. Le maccarthysme a servi, du moins pendant quelques décennuies,
de mise en garde contre les dangers de l'hystérie de masse, de la chasse
aux sorcières, et de la suppression des libertés civiles au nom de la
sécurité nationale. Il a mis en lumière l'importance de la protection
des droits individuels, de la présomption d'innocence, et du respect des
procédures régulières, même en temps de crise ou de peur. Les mesures
de contrôle social prises après les attentats du 11
septembre 2001, comme le Patriot Act, montrent que l'immunisation
a vait etteint sa limite dans le temps. Le terme "maccarthysme" est cependant
encore utilisé aujourd'hui pour décrire des pratiques politiques consistant
Ă faire des accusations non fondĂ©es et Ă intimider ses opposants, Ă
réduire la liberté d'expression, rappelant les leçons douloureuses
de cette période sombre de l'histoire américaine. Le mot a fait très
significativement son retour dans l'actualité, à propos des politiques
réactionnaires, obscurantistes, brutales et liberticides (programmes d'enseignement
et de recherche, médias, industries culturelles, armée, vocabulaire,
ONG, LGBTQ+, étrangers, Etat
de droit, etc.) menées par l'administration Trump à partir de 2025.
La différence étant ici, toutefois, qu'il s'agit moins d'exploiter des
peurs que de déployer en force un agenda idéologique et l'instauration
d'une gouvernance autoritaire d'extrĂŞme-droite. |
Mouvement
des droits civiques
Les années 1960
ont été marquées par le Mouvement
des droits civiques, qui est celui de la luttedes Afro-Américains
pour l'égalité des droits, la fin de la ségrégation raciale et la discrimination.
Des figures emblématiques comme Martin Luther King
Jr. dirigent des manifestations non violentes, des boycotts et des
marches, culminant avec la promulgation du Civil Rights Act de 1964
et du Voting Rights Act de 1965. Mais cela sera loin de suffire
à mettre fin à ce mal endémique, et structurant, de la société américaine,
qu'est le racisme.
La
guerre du Vietnam
La Guerre froide
a été une période pendant laquelle Etats-Unis et URSS se sont affrontés
indirectement via des conflits régionaux. Certains ont aussi vu l'implication
directes des Etats-Unis, après la Guerre de Corée (1953-1953), les Etats-Unis
s'impliquent aussi dans la guerre qui oppose ses alliés, au Sud et du
Vietnam aux alliés de l'Union soviétique au Nord. Cela a conduit à partir
des années 1960 à un conflit prolongé et controversé, provoquant des
divisions profondes au sein de la société américaine et des mouvements
de protestation massive en raison du coût humain et financier élevé.
Les protestations contre la guerre ont été un aspect majeur de la culture
des années 1960 et 1970.
Assassinats
politiques.
Les années 1960
ont été entachées par plusieurs assassinats politiques notables, dont
celui du président John F. Kennedy en 1963,
de Malcolm X (leader noir radical) en 1965,
de Martin Luther King Jr. en 1968 et de Robert F. Kennedy (le frère de
l'ancien président) la même année. Ces événements ont alimenté
le climat de désillusion et de méfiance envers le gouvernement.
Changements
sociaux et culturels.
Les années 1960
et les années 1970 ont également vu l'émergence de la contre-culture,
avec des mouvements pour les droits des femmes, les droits des LGBT, et
l'opposition à la guerre, symbolisés par des événements comme le festival
de Woodstock. Le mouvement pour les droits des femmes a gagné en importance,
avec des avancées législatives telles que le Title IX, qui a interdit
la discrimination basée sur le sexe dans les programmes éducatifs.
Nixon
et Reagan.
Le président Nixon
(1969-1974) mettra fin à la Guerre du Vietnam, mais il est aussi impliqué
dans le scandale du Watergate, qui a conduit à sa démission en 1974.
Un scandale qui marque durablement une perte de confiance dans le gouvernement.
L'époque est, par ailleurs, marquée par la stagflation (une combinaison
de stagnation économique et d'inflation élevée). De plus, les chocs
pétroliers de 1973 et 1979 exacerbent les problèmes économiques.
Ronald Reagan
(1981-1989) a mis en oeuvre des politiques économiques libérales (appelées
les reaganomics) visant à réduire les impôts, diminuer
la réglementation et encourager la croissance économique. Reagan adopte
une position ferme contre l'Union soviétique, augmentant les dépenses
militaires et soutenant les mouvements anticommunistes Ă travers le monde.
Après la Guerre
froide.
La fin des années
1980 a été marquée par la chute du mur de Berlin en 1989 et l'effondrement
de l'Union soviétique en 1991, mettant fin à la Guerre froide. Sous Bill
Clinton (1993-2001), les États-Unis ont connu une période de prospérité
économique, avec une forte croissance et une baisse du chômage. Les réformes
fiscales et la réduction du déficit ont marqué cette période.La signature
de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) en 1994 a renforcé
la mondialisation économique et les échanges commerciaux entre les États-Unis,
le Canada et le Mexique.
Le premier quart du
XXIe siècle
Terrorisme et crise
financière.
Les
attentats du 11 septembre 2001.
Le 11
septembre 2001, l'organisation terroriste islamiste Al-Qaïda a mené
des attaques coordonnées en utilisant des avions détournés pour frapper
les tours jumelles du World Trade Center Ă New York et le Pentagone Ă
Washington, D.C., faisant près de 3 000 victimes. Ces attentats représenteront
pour les Etats-Unis un tournant majeur et ouvrent pour le monde une ère
qui n'est pas terminée.
En réponse aux attentats,
les États-Unis ont envahi l'Afghanistan pour renverser le régime taliban
et détruire les infrastructures d'Al-Qaïda. En 2003, les États-Unis,
sous la présidence de George W. Bush (2001-2009), envahissent l'Irak en
affirmant mensongèrement que le régime de Saddam
Hussein possédait des armes de destruction massive. Bien que ces armes
n'aient jamais été trouvées, le renversement de Hussein a plongé le
pays dans une longue période de conflit et d'instabilité. Ces troubles
ont également favorisé d'unelle organisation terroriste, Daesh (l'Etat
islamique).
La
crise financière de 2008.
La crise financière
mondiale de 2008, déclenchée par l'effondrement du marché immobilier
et des banques aux Etats-Unis, a entraîné une grave récession. Des millions
d'Américains ont perdu leur emploi et leur maison. Le gouvernement a adopté
des mesures de sauvetage pour les banques et les entreprises en difficulté,
et
des réformes financières comme la loi Dodd-Frank ont été mises en place
pour prévenir de futures crises.
Réformes sociales
et tensions politiques.
La
présidence de Barack Obama (2009-2017).
Elu en novembre
2008, le président Barack Obama met en oeuvre
de nouvelles mesures de relance pour redresser l'économie post-crise et
a promeut des politiques de protection sociale et environnementale. L'Affordable
Care Act (Obamacare), adopté en 2010, élargira ainsi l'accès
à l'assurance maladie pour des millions d'Américains.
Les années 2010
ont également vu l'émergence de mouvements comme Black Lives Matter,
qui lutte contre la violence policière et les inégalités raciales. En
2015, la Cour suprême a légalisé le mariage homosexuel dans tout le
pays, marquant une victoire majeure pour les droits LGBTQ+.
La
présidence de Donald Trump (2017-2021).
Le démagogue et
ochlocrate Donald Trump, qui succède à Obama, a adopté une politique
nationaliste, affairiste, avec un accent sur la réduction de l'immigration,
le retrait de certains accords internationaux et des guerres commerciales,
notamment avec la Chine. Trump a également géré de façon calamiteuse
la crise sanitaire du covid-19. Mis en accusation
deux fois par la Chambre des représentants (en 2019 pour abus de pouvoir
et obstruction au Congrès, et en 2021 pour incitation à l'insurrection
après l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par ses partisans), il sera
blanchi les deux fois par un Sénat acquis, il est vrai, dès le départ
Ă sa cause.
-
La tentative
de coup d'Etat du 6 janvier 2021
L'assaut du Capitole
des États-Unis le 6 janvier 2021 fut l'apogée de mois de rhétorique
incendiaire et d'affirmations non fondées de fraude électorale généralisée
à la suite de l'élection présidentielle de novembre 2020 qui a vu la
défaite de Donald Trump. Alors que le Congrès se préparait à certifier
les votes du Collège électoral, des milliers de partisans du président
sortant Donald Trump se sont rassemblés à Washington, répondant à son
appel à manifester contre le résultat de l'élection qu'il refusait de
reconnaître.
La journée a commencé
par un rassemblement majeur près de la Maison Blanche, l'événement Save
America (Sauver l'Amérique), où Trump a prononcé un discours devant
une foule immense. Il a répété ses affirmations de fraude, attaqué
les médias et les législateurs républicains qu'il percevait comme déloyaux,
et a exhorté ses partisans à marcher vers le Capitole pour "se battre"
et montrer leur force.
"Nous allons
marcher jusqu'au Capitole", a-t-il déclaré, "et nous allons acclamer
nos courageux sénateurs et membres du Congrès, et probablement pas quelques-uns
d'entre eux, car ils ne reprendront jamais notre pays avec faiblesse. Vous
devez faire preuve de force et vous devez ĂŞtre forts."
Il a ajouté que son
propre vice-président, Mike Pence, qui devait présider la certification
au Congrès, "devra passer à travers pour nous".
Après le discours
de Trump, des milliers de personnes ont commencé à marcher vers le Capitole,
distant d'environ 2,5 kilomètres. La sécurité au Capitole était manifestement
insuffisante pour faire face à une foule aussi importante et déterminée.
Les barrières métalliques qui protégeaient l'extérieur du bâtiment
ont été rapidement renversées. La police du Capitole, largement dépassée
en nombre, a tenté de repousser les assaillants, utilisant du gaz poivré
et matraques, mais la poussée de la foule était trop forte. Les manifestants
sont parvenus à franchir les périmètres de sécurité successifs. Certains
ont escaladé les murs du bâtiment, d'autres ont enfoncé les portes et
brisé les fenêtres. Vers 14h13 heure locale, les premières personnes
ont réussi à pénétrer à l'intérieur du Capitole.
Au moment de l'intrusion,
le Sénat et la Chambre des représentants étaient en session conjointe
dans leurs chambres respectives pour le processus de certification. La
séance a été brusquement interrompue. Les législateurs, le personnel
et les journalistes présents ont été invités à se mettre à l'abri
ou Ă©vacuĂ©s en urgence. Des scènes chaotiques se sont dĂ©roulĂ©es Ă
l'intérieur. Les assaillants ont envahi les bureaux des législateurs,
y compris celui de la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, laissant
derrière eux vandalisme et désordre. Ils ont déambulé dans la Rotonde,
le Statuary Hall et se sont dirigés vers les chambres du Sénat et de
la Chambre. La violence a éclaté à plusieurs endroits. Une femme est
mortellement blessée par balle par un policier du Capitole alors qu'elle
tentait de franchir une porte barricadant l'accès au couloir menant Ă
la chambre de la Chambre des représentants. D'autres affrontements violents
ont eu lieu entre les émeutiers et les forces de l'ordre, au cours desquels
de nombreux policiers ont été blessés, certains gravement. Des slogans
menaçants ont été scandés, notamment "Pendez Mike Pence!", reflétant
la colère des manifestants envers le vice-président qui avait refusé
de céder aux pressions de Trump pour bloquer la certification.
Pendant que le Capitole
était sous attaque, le président Trump a mis du temps à réagir publiquement
pour condamner les violences ou appeler ses partisans Ă se retirer. Il
a tweeté des messages qui semblaient attiser la colère ou étaient ambigus,
avant de finalement publier une vidéo en fin d'après-midi, dans laquelle
il demandait aux émeutiers de rentrer chez eux, tout en réitérant ses
affirmations mensongères sur l'élection. Le déploiement de renforts
de police et de la Garde nationale a été marqué par des retards et une
confusion quant aux autorités responsables de donner les ordres. Ce n'est
que plusieurs heures après l'intrusion initiale que les forces de sécurité,
enfin renforcées, ont commencé à reprendre le contrôle du bâtiment,
délogeant les assaillants pièce par pièce, souvent en utilisant du gaz
lacrymogène et d'autres moyens de dispersion.
En fin de soirée,
le Capitole a été sécurisé. Malgré les violences et l'interruption,
le Congrès a décidé de reprendre sa session conjointe dans la nuit pour
terminer la certification des votes. Sous la présidence de Mike Pence,
le processus s'est poursuivi et, aux premières heures du 7 janvier 2021,
le Congrès a officiellement certifié les votes du Collège électoral,
confirmant la victoire de Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris.
L'assaut aura entraîné
au final la mort de cinq personnes dans les heures suivant l'événement,
dont un policier du Capitole, Brian Sicknick, décédé d'un accident vasculaire
cérébral le lendemain (son décès a d'abord été attribué aux blessures
subies lors de l'émeute, mais l'autopsie officielle n'a pas trouvé de
preuves de cela, bien que l'Ă©vĂ©nement ait Ă©tĂ© jugĂ© contribuant Ă
son décès ultérieur) et quatre émeutiers. Plusieurs autres policiers
qui étaient présents ce jour-là sont décédés par suicide dans les
mois qui ont suivi. Des centaines d'émeutiers ont été arrêtés et poursuivis
en justice pour diverses infractions, allant de l'intrusion à la sédition.
L'événement a profondément
choqué les États-Unis et le monde, soulevant des questions sur la résilience
des institutions démocratiques américaines et la polarisation politique
du pays. Il a conduit à une deuxième procédure de destitution contre
Donald Trump par la Chambre des représentants et à la création d'une
commission d'enquête parlementaire pour examiner les causes et les responsabilités
de l'attaque. |
La
présidence de Joe Biden (2021 - 2025).
Joe Biden, élu
en novembre 2020, a commencé par mettre en place des plans de relance
économique ambitieux, tels que l'American Rescue Plan Act, pour
aider à la reprise post-pandémie. L'année suivant, Biden a supervisé
le retrait des troupes américaines d'Afghanistan, mis en route pas sont
prédecesseur, mettant fin à la plus longue guerre de l'histoire des États-Unis.
Ce retrait a été critiqué pour son exécution chaotique. L'administration
Biden a promu des investissements massifs dans les infrastructures et des
politiques pour lutter contre le changement
climatique.
Trump, qui n'a jamais
reconnu sa défaite de 2020, continue d'agiter les passions les plus sombres.
Les États-Unis restent profondément divisés politiquement, avec des
tensions croissantes entre les partis démocrate et républicain sur des
questions clés telles que l'immigration, le droit de vote et la réforme
de la justice pénale. Les mouvements pour les droits civiques continuent
de se faire entendre dans la lutte pour l'égalité et la justice sociale,
face à des défis persistants.
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Pierre
Gervais, Les Etats-Unis de 1860 Ă nos jours, Hachette Education,
2005. |
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