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Officiellement
créée en 1922,
l'Union soviétique reçut une constitution en 1924.
Le gouvernement du pays fut confié à une direction collégiale partagée
entre un Présidium du Soviet Suprême et le Conseil des Commissaires du
Peuple. Un seul parti politique était autorisé : le parti communiste.
Il tenait les rouages de l'administration et les organes gouvernementaux.
A sa tête se trouvaient le Comité central et le Bureau politique.
Jusqu'Ã sa mort,
le 21 janvier 1924,
c'est Lénine qui
avait dirigé le pays. Au communisme de guerre qu'il avait mis en place
d'abord, qui avait consisté à étatiser le commerce et l'industrie et
à réquisitionner les productions agricoles, mais n'avait réussi qu'Ã
susciter une grande famine, Lénine avait substitué, en
1921,
une Nouvelle politique économique (NEP), qui revenait à réintroduire
provisoirement une économie de marché. Et c'est dans ce contexte d'apparent
retour en arrière, qui allait même faire revenir en Russie
des sociétés anglaises, allemandes et françaises, que se déroula une
longue crise politique, qui opposa le secrétaire général du Parti communiste,
Joseph
Staline et ses partisans, Ã Trotski et aux
siens. Les succès relatifs de la NEP, après l'échec du communisme de
guerre, confortaient ces derniers dans l'idée que la révolution dans
un seul pays ne pouvait fonctionner, et qu'il fallait l'internationaliser.
Staline au contraire voulait commencer à construire une société communiste
en URSS tout de suite. Le camp de Staline gagna à la fin, et la NEP fut
abandonnée à partir de 1927.
Trotski, relevé de ses fonctions depuis le début de la crise, fut
exclu du parti, déporté, puis exilé. (Staline le fera assassiner Ã
Mexico en 1940).
L'ère
stalinienne.
Staline, autocrate
brutal, mais habile à justifier doctrinalement son action va forger ce
qui va devenir et demeurer l'« idéologie soviétique », bien
longtemps encore après sa mort. Aussitôt après avoir décidé la collectivisation
agraire et renationalisé le commerce et l'industrie, le régime se lança
dans une politique de planification. Un premier plan quinquennal, en 1928,
définit les objectifs de production pour les années suivantes. Des nouveaux
plans lui succédèrent en 1933, puis
en 1939 et permirent pour l'essentiel
la réalisation des objectifs assignés. L'URSS se dota ainsi en quelques
années d'une solide industrie lourde, qui fit de ce pays si longtemps
sous-développé, la troisième puissance industrielle dans le monde. Elle
fit son entrée à la Société des Nations en 1934,
marquant ainsi sa volonté de peser de tout son poids dans la vie internationale.
Cependant, les campagnes avaient eu à payer très durement le prix de
cette réussite, et en Ukraine et dans le Kouban, une politique délibérément
génocidaire
avait provoqué ou dum moins exploité une famine en 1932
et 1933, qui avait tué plusieurs millions
de personnes. Un épisode répressif connu sous le nom d'holodomor.
Inaudibles pendant
les premières années de l'ère stalinienne, les dissensions à l'intérieur
de l'appareil d'État éclatèrent au grand jour à parti de l'assassinat,
le 1er décembre 1934,
de Kirov, un des membres du bureau politique du Parti. Il s'ensuivit une
série de purges et de procès dont seront victimes de nombreuses figures
de la Révolution, que Staline fait accuser de complot. En
1936,
Zinoviev
et Kamenev, anciens trotskistes furent fusillés;
en 1937,
ce fut au tour du maréchal Toukhatchevski et de sept autres chefs militaires;
En 1938,
Boukharine,
vieux compagnon de Lénine, subit le même sort. Beaucoup d'autres encore
furent exécutés ou déportés en Sibérie .
On estime que sept millions de personnes connurent ainsi le Goulag
(= camps de travail) pendant cette période. Dans le même temps, en 1936,
une nouvelle constitution est adoptée : elle reconnaît le suffrage universel,
direct et secret, et les libertés essentiels. Staline n'en était pas
à un paradoxe près.
Après n'avoir cessé
de dénoncer le danger que représentaient l'Allemagne
nazie, l'Italie
fasciste et le Japon ,
Staline, conseillé par Viacheslav Molotov, son nouveau ministre des affaires
étrangères, conclut avec Hitler, le 23 août
1939,
un pacte de non-agression, dans le but de retarder une guerre qui apparaît
de plus en plus inévitable. Ce pacte germano-soviétique n'empêcha
pas l'Allemagne de lancer une attaque foudroyante contre l'URSS, le 22
juin 1941
(plan Barbarossa). Complètement dépassée, dans un premier temps,
l'Armée Rouge ne put empêcher les troupes allemandes de parvenir, Ã
l'automne, à 22 kilomètres de Moscou. Seules
les rigueurs du climat avaient été alors en mesure de bloquer l'avancée
de la Wehrmacht, et d'en dissoudre complètement la force pendant l'hiver.
En mai
1942,
Hitler lança une autre offensive entre Voronej
et Stalingrad (= Volgograd, aujourd'hui).
L'Armée Rouge, commandée
par le général Eremenko, parvint à stopper devant Stalingrad la VIe
armée allemande, commandée par von Paulus. La ville finira par tomber
l'année suivante. Mais la bataille de Stalingrad n'aura pas été pour
autant une défaite pour les soviétiques. La résistance de leur armée
pendant tout un hiver fut le tournant qui permit à l'URSS de lancer la
contre-offensive, et de ne plus cesser ensuite de reprendre du terrain
sur les troupes allemandes. L'Armée Rouge atteindra même Berlin (16 avril
1945),
et fera la jonction à Torgau avec l'Amée américaine le 25 avril. Déjà ,
les 4-12 février de cette année, avant même la fin complète de la Guerre,
Staline aura pu ainsi accueillir sur le sol soviétique, à Yalta
(Crimée), les deux autres prochains grands vainqueurs du conflit, Franklin
D. Roosevelt, le président des États-Unis ,
et Winston Churchill, le premier ministre
britannique ,
et discuter d'égal à égal avec eux de leurs futurs rôles respectifs
dans la conduite des affaires du monde, rôles qui seront ensuite précisés
à la conférence de Potsdam
(17 juillet - 2 août 1945).
La Seconde Guerre mondiale avait
tué en Union soviétique 25 millions de personnes (la moitié des pertes
totales de la guerre), dont les deux tiers de civils.-
Les déportations
de populations
L'histoire des déportations
de populations à l'intérieur de l'Union Soviétique est l'un des chapitres
les plus sombres et massifs de la répression étatique du XXe
siècle. Bien que des formes d'exil interne aient existé sous le régime
tsariste, c'est sous le pouvoir bolchevique, et particulièrement durant
l'ère stalinienne, que cette pratique a atteint une ampleur sans précédent,
et est devenuet un outil systématique de contrôle social, politique et
ethnique. Des millions de citoyens soviétiques de diverses nationalités,
classes sociales ou affiliations politiques ont été arrachés de force
à leurs foyers et envoyés dans des régions éloignées et souvent inhospitalières.
Les débuts de cette
politique sous le régime soviétique peuvent être tracés dès les premières
années après la Révolution d'Octobre 1917. Initialement, les cibles
principales étaient les "ennemis de classe" perçus, les membres de l'aristocratie,
du clergé, de la bourgeoisie, ainsi que les participants à des révoltes
ou des mouvements d'opposition. Des déportations ciblées ont eu lieu,
notamment contre les Cosaques du Don et du Kouban jugés hostiles au nouveau
régime. Cependant, l'échelle des déportations a explosé au début des
années 1930 avec le lancement de la politique de collectivisation forcée
de l'agriculture. Dans le cadre de la "liquidation des koulaks en tant
que classe", des millions de paysans considérés (souvent arbitrairement)
comme aisés ou simplement réticents à la collectivisation ont été
déportés. Cette campagne, menée par le GPU (future NKVD), impliquait
l'arrestation de familles entières, la confiscation de leurs biens, et
leur transport dans des wagons à bestiaux vers des "colonies spéciales"
(spetsposelenia) situées principalement dans le Nord de la Russie
européenne, en Sibérie, au Kazakhstan et en Asie Centrale. Les conditions
de transport étaient atroces, et ont entraîné une mortalité élevée,
en particulier parmi les enfants et les personnes âgées. Une fois arrivés
à destination, les déportés étaient installés dans des zones généralement
inhabitées, contraints au travail forcé (abattage d'arbres, construction,
agriculture dans des conditions primitives) et soumis à une surveillance
stricte. On estime que plusieurs millions de personnes, peut-être jusqu'Ã
5 millions, ont été déportées dans le cadre de cette campagne de dékoulakisation,
dont une part significative a péri en transit ou dans les colonies.
Parallèlement Ã
la dékoulakisation, les années 1930 ont vu d'autres catégories de populations
être déportées. Cela incluait des résidents de zones frontalières
jugés peu fiables, des nomades (comme certains Kazakhs lors de la sédentarisation
forcée) et des membres de l'intelligentsia ou des fonctionnaires purgés.
Les grandes purges de 1937-1938, bien que principalement associées aux
arrestations et exécutions, ont également entraîné la déportation
des familles d'"ennemis du peuple".
La Seconde Guerre
Mondiale a marqué une nouvelle phase massive de déportations, qui a ciblé
cette fois principalement des groupes ethniques entiers, accusés collectivement
de collaboration avec l'envahisseur allemand ou jugés potentiellement
déloyaux. Dès 1941, après l'invasion allemande, les Allemands de la
Volga, une communauté qui vivait en Russie depuis des siècles, ont été
massivement déportés vers le Kazakhstan et la Sibérie. Leur République
Autonome a été dissoute. Durant la guerre, d'autres peuples ont subi
le même sort : les Karatchaïs (1943), les Kalmouks (1943), les Tchétchènes
et les Ingouches (février 1944), les Balkars (mars 1944), les Tatars de
Crimée (mai 1944), et les Grecs, Bulgares et Arméniens de Crimée (juin
1944). Ces opérations, menées avec une rapidité brutale par le NKVD,
ont impliqué la déportation de centaines de milliers, voire de millions
de personnes en quelques jours ou semaines. Le voyage en wagons à bestiaux
durait des semaines et était ici encore marqué par une très forte mortalité
due au froid, à la faim, à la soif et à l'épuisement. Les destinations
étaient les mêmes régions éloignées : Kazakhstan, Ouzbékistan, Sibérie,
Kirghizistan. Sur place, ils étaient à nouveau placés en "règlement
spécial" et contraints au travail. Ces déportations de peuples entiers
sont considérées par de nombreux historiens et les descendants des victimes
comme des actes de génocide ou de crime contre
l'humanité, visant à détruire l'existence sociale et culturelle de ces
groupes.
Après la guerre,
les déportations se sont poursuivies. Des peuples plus petits, comme les
Turcs Meskhètes de Géorgie, ont été déportés en 1944. Dans les territoires
annexés (Pays Baltes, Pologne occidentale, Ukraine occidentale, Moldavie),
de vastes opérations de "pacification" ont eu lieu, entraînant la déportation
de centaines de milliers de personnes, incluant des partisans de l'indépendance,
des membres de l'intelligentsia, du clergé, et ceux considérés comme
des soutiens aux mouvements de résistance. Entre 1948 et 1951, des vagues
de déportations massives (Opération Priboi dans les États Baltes) ont
visé les "koulaks" et les nationalistes dans ces régions. Les déportés
en "règlement spécial" vivaient sous des restrictions sévères, avec
l'interdiction de quitter leur zone d'assignation sans permission et des
rapports réguliers aux autorités. Les conditions de vie restaient difficiles,
marquées par le manque de nourriture, de logement adéquat et l'accès
limité aux soins de santé. Le système des colonies spéciales a perduré
jusqu'Ã la mort de Staline en 1953.
Après 1953, et en
particulier après le rapport secret de Nikita Khrouchtchev en 1956 qui
dénonçait certains aspects des crimes staliniens, une amnistie a été
accordée à de nombreux déportés. Les restrictions de "règlement spécial"
ont été levées pour la majorité des groupes déportés, et certains
peuples (Tchétchènes, Ingouches, Kalmouks, Karatchaïs, Balkars) ont
été autorisés à retourner sur leurs terres ancestrales, bien que le
processus de retour ait été fréquemment complexe et marqué par des
tensions avec les nouvelles populations installées entre-temps. Cependant,
d'autres groupes, notamment les Tatars de Crimée et les Allemands de la
Volga, n'ont pas obtenu le droit de retour immédiat et organisé vers
leurs territoires d'origine avant la fin des années 1980, voire après
la dissolution de l'URSS. Des millions d'autres déportés (anciens koulaks,
etc.) ont également été libérés du règlement spécial, mais n'ont
pas toujours pu ou voulu retourner dans leurs régions d'origine.
Au total, on estime
que plusieurs dizaines de millions de personnes ont été affectées par
les politiques de déportation et d'exil interne en URSS entre les années
1920 et les années 1950. Ces mouvements forcés de populations ont eu
des conséquences démographiques, sociales, économiques et culturelles
considérables, et ont laissé des cicatrices profondes dans les sociétés
soviétiques et post-soviétiques, à la fois dans les régions d'origine
vidées de leurs habitants et dans les régions d'accueil où les déportés
ont souvent vécu en marge de la société dominante, marqués par le traumatisme
et la perte. La reconnaissance pleine et entière de ces crimes d'État
et la réhabilitation des victimes restent des enjeux importants dans les
pays successeurs de l'URSS. |
La
Guerre froide.
Après la capitulation
de l'Allemagne ,
le 8 mai 1945,
puis celle du Japon ,
le 15 août, il ne restait plus sur la planète que deux superpuissances
qui se faisaient face, les États-Unis
et l'Union soviétique. Pour cette dernière, les bases militaires que
les États-Unis avaient établies au cours du récent conflit et qu'ils
maintenaient en activité, étaient perçues comme un encerclement et une
menace. Pour les États-Unis, il existait aussi beaucoup de motifs d'inquiétude
: la main-mise que l'Union soviétique opérait sur les pays d'Europe qu'elle
avait débarrassé des nazis (Allemagne de l'Est, Albanie ,
Bulgarie, Hongrie ,
Pologne
Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie); l'expansion du communisme en
Asie, avec la Révolution Chinoise en 1949;
le soutien de l'Union soviétique aux mouvements de libération pendant
cette période de décolonisation, etc. L'opposition des deux blocs fut
consacrée par la formation de deux alliances militaires : l'OTAN, réunissant
dès 1949
les alliés des Américains, et le Pacte de Varsovie ,
ceux des Russes ,
en 1955.
Elle avait pris très tôt une tournure radicale et ponctuée de nombreuses
crises (Blocus de Berlin-Ouest et Guerre de Corée ,
déjà du vivant de Staline). Désignée sous le nom de Guerre
froide, cette confrontation bipolaire allait dominer les relations
internationales pendant presque un demi-siècle.
A la mort de Staline,
le 5 mars 1953,
l'année même où l'Union soviétique fit exploser sa première bombe
atomique, la direction du pays connut quelques remous, qui connaîtront
leur apogée lors de la tenue en février
1956
du XXe congrès du Parti communiste. A
cette occasion, le nouveau secrétaire général du Parti, Nikita Krouchtchev
lut un rapport pour condamner le système de répression qu'avait
mis en place Staline, la bureaucratie, et le culte de la personnalité
qu'il avait organisés. La vieille garde du Comité central (Chepilov,
Kaganovitch, Malenkov, Molotov) fut limogée. On crut alors à une ouverture
du régime. L'écrasement sanglant du soulèvement de Budapest
( Hongrie ),
en octobre 1956,
qui fit plusieurs milliers de victimes, montra vite les limites de cette
ouverture.
Quant à la Guerre
froide, elle continuait de plus belle. Elle prit un tour particulier avec
la course à l'espace que ce livrèrent l'URSS et les États-Unis ,
qui était aussi une course aux armements (maîtrise de la technologie
des missiles intercontinentaux) et une entreprise de propagande pour deux
superpuissances qui prétendaient ériger leur système économique et
politique en modèle universel. L'Union soviétique eut d'abord l'avantage,
avec Spoutnik, le premier satellite artificiel en 1957,
puis avec Youri Gagarine, le premier humain dans l'espace, en 1961.
Le programme lunaire mis en route la même année en Amérique par Kennedy,
et dans lequel se lanceront aussi, mais en secret, les soviétiques, aura,
lui, une issue contraire. En attendant, une crise aiguë éclata entre
les deux camps lors de la construction du mur de Berlin en août
1961,
puis une autre plus grave, en octobre 1962,
au moment où Krouchtchev décida de l'installation à Cuba
de missiles pointés vers les États-Unis. Mais la crise se dénoua après
seulement quelques jours de tension extrême et déboucha sur la prise
de conscience qu'aucun des deux camps ne souhaitait l'affrontement direct.
A partir de ce moment on envisagea des discussions visant à obtenir des
accords de désarmement (les premiers, SALT-1, seront signés en 1972).
Ainsi fut inaugurée une période que l'on a appelée la Détente
( La Guerre
froide).
En 1964,
Nikita Krouchtchev, auquel il était notamment reproché des mauvais résultats
économiques, fut limogé et remplacé, comme secrétaire général du
Parti communiste par Léonid Brejnev, Alexeï
Kossyguine devenant son premier ministre. La direction du pays devint plus
collective, les soviets locaux furent davantage consultés, la coercition
policière s'atténua, sauf lorsqu'il s'agissait d'étouffer le voix de
dissidents (tels le réactionnaire
Alexandre
Soljénitsyne, qui fit connaître à l'Occident la réalité du Goulag,
ou le réformiste Andrei Sakharov, l'un des
pères de la Bombe H soviétique) qui commençait à percer. La population
se laissa assoupir par le ronronnement bureaucratique et l'expansion de
l'alcoolisme. L'ère Brejnev, terne à l'intérieur du pays, marqua aussi,
à l'extérieur, la fin de la Détente. Si l'écrasement du «-Printemps
de
Prague-»,
en
1968, par les troupes du Pacte de
Varsovie, put n'apparaître que comme une affaire de police interne, la
Tchécoslovaquie faisant partie des satellites de l'URSS, il en alla toute
autrement de l'invasion de l'Afghanistan
par l'armée soviétique en 1979, et
surtout de l'installation de nouveaux missiles (SS-20) en Europe
de l'Est, dès 1977. Ce déploiement
étant vu par les alliés des États-Unis
comme une contravention aux accords de désarmement SALT, la Guerre froide
fut de nouveau à l'ordre du jour. L'OTAN prépara la riposte en annonçant
le déploiement, à l'Ouest de missiles comparables (Pershing-2). Sous
la présidence américaine de Ronald Reagan, commencée
en 1981, ces armes furent effectivement
déployées.
-
Le
tombeau du Soldat inconnu, à Moscou. C'est un mémorial dédié aux
soldats soviétiques
tombés
pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se trouve dans le jardin Alxendre
aux pieds du
mur
d'enceinte du Kremlin.
Leonid Brejnev mourut
en 1982,
en pleine crise. Il eut pour successeur, l'ancien chef du KGB (les services
secrets soviétiques), Youri Andropov, qui fut premier à prendre acte
de l'état de déréliction auquel était parvenu le pays. A l'extérieur,
l'embourbement de l'Armée soviétique en Afghanistan
en était le signe le plus patent. Avec l'aval des instances dirigeantes,
il écarta des postes clés les anciens membres de l'équipe Brejnev, accusés
d'incompétence et de corruption, et amorça un début de démocratisation.
Mais cela n'alla pas très loin. Il mourut en 1984,
et fut remplacé par un autre vieillard, Constantin Tchernenko, qui mourut
à son tour, l'année suivante. En mars 1985,
il fut remplacé au poste de secrétaire général du Parti par son adjoint,
Mikhaïl
Gorbatchev; l'ancien chef de la diplomatie, Andreï Gromyko devenant
président du Conseil.
La
dislocation de l'empire soviétique.
L'arrivée au pouvoir
de Gorbatchev marqua un retour à la Détente et à la fin de la Guerre
froide, officiellement enterrée à Malte ,
en décembre 1989,
lors d'une rencontre entre le numéro un soviétique et son homologue américain,
George Bush. La reprise des discussions avec les États-Unis ,
amorcée dès 1982,
se poursuivit cependant, pour aboutir finalement à la conclusion de nouveaux
accords de désarmement, concernant le démantèlement des missiles nucléaires
de moyenne portée (accord Start I, signé en juillet 1991
et Start II, signé par la Russie
en janvier 1992)..
L'URSS annonça par ailleurs le retrait de ses troupes d'Afghanistan .
Un retrait complet en 1989. A l'intérieur, le programme était autrement
plus complexe. Le but de Gorbatchev était de redynamiser la société,
et partant de sauver un système en perdition en impliquant davantage la
population que des décennies de bureaucratie et de népotisme avaient
complètement démobilisée La politique qu'il mit en oeuvre, sur
fond de lutte contre l'alcoolisme, s'organisa autour de deux maîtres mots
: perestroïka ( = restructuration) réforme de l'appareil d'État,
et glasnost (= transparence), publicité des décisions prises et
libération de la parole des médias. L'accident de la centrale nucléaire
de Tchernobyl, en 1986,
qui répandit des substances radioactives sur toute l'Europe était l'un
de ces éléments qui alertaient alors sur l'urgence des transformations
à accomplir. Le porte-parole de ceux qui veulent voir s'accélérer les
réformes était Boris
Eltsine, secrétaire général du comité
du Parti de la ville de Moscou. En 1987,
il fut démit de ses fonctions au comité central à cause de ses critiques.
-
L'accident
nucléaire de Tchernobyl
La catastrophe
de Tchernobyl s'est produite dans la nuit du 25 au 26 avril 1986 Ã
la centrale nucléaire située en Ukraine,
alors partie de l'Union soviétique. Un test de sécurité mal géré sur
le réacteur numéro 4 a entraîné une explosion suivie d'un incendie,
libérant une énorme quantité de matières radioactives dans l'atmosphère.
L'accident est survenu lorsqu'une combinaison de défauts de conception
du réacteur et d'erreurs humaines a conduit à une montée incontrôlée
de la puissance, provoquant l'explosion du coeur du réacteur.
Immédiatement après
l'explosion, les pompiers et les employés de la centrale ont tenté de
contenir l'incendie sans protection adéquate contre les radiations, ce
qui a causé des doses mortelles chez plusieurs d'entre eux. Les autorités
soviétiques ont initialement minimisé la gravité de l'accident, mais
la contamination radioactive s'est rapidement propagée à travers l'Europe,
notamment en Biélorussie, en Russie
et dans plusieurs pays européens.
L'évacuation de
la ville de Pripiat, située à trois kilomètres de la centrale, n'a commencé
que le 27 avril, soit plus de 36 heures après l'explosion. Au total, environ
116 000 personnes ont été déplacées dans un premier temps, suivies
de centaines de milliers d'autres dans les mois suivants. Une zone d'exclusion
de 30 kilomètres autour de la centrale a été instaurée, toujours en
vigueur aujourd'hui.
Pour limiter la contamination,
les autorités soviétiques ont lancé une opération massive impliquant
des centaines de milliers de liquidateurs, chargés de décontaminer
la zone, d'enterrer les matériaux radioactifs et de construire un sarcophage
en béton autour du réacteur endommagé. Malgré ces efforts, la catastrophe
a eu des conséquences sanitaires et environnementales majeures. Une augmentation
des cancers de la thyroïde et d'autres maladies liées aux radiations
a été observée dans les populations exposées.
Après la catastrophe,
les politiques nucléaires mondiales ont été largement réévaluées.
De nombreux pays ont renforcé leurs réglementations en matière de sûreté
nucléaire, et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a
accru son rôle dans le contrôle des installations nucléaires à travers
le monde. Aujourd'hui, la zone de Tchernobyl reste l'un des endroits les
plus contaminés de la planète. |
En 1988,
Gorbatchev, qui défendit, lors de la XIXe
conférence du Parti, une réforme dans laquelle la démocratisation et
une privatisation de l'économie iraient de pair avec la conservation du
rôle directeur du Parti communiste, fut conforté dans ses positions,
et devint en outre président, à la place de Gromyko. La même année,
il dut faire face aux revendications autonomistes ou séparatistes de plusieurs
républiques : Kazakhstan, Pays baltes (en particulier en Estonie ou le
soviet suprême se proclama souverain), Azerbaïdjan et Arménie. Cela
n'empêcha pas la tenue, au printemps 1989,
d'élections reposant sur les nouveaux principes d'ouverture. Ce fut l'occasion
de l'apparition d'une nouvelle classe politique, qui pour la première
fois n'avait pas été forgée au sein du parti communiste; on vit aussi
réapparaître ceux qu'on avait voulu réduire au silence, tels Boris Eltsine
ou le dissident Andreï Sakharov : pour la première fois aussi, le parlement
devint le lieu d'une critique ouverte du régime. L'évolution de la situation
réactiva les velléités séparatistes dans les républiques périphériques.
En Géorgie, la répression qui s'abattit sur les manifestants de Tbilissi
fut brutale. En Lituanie, c'est le Parti communiste qui se déclara indépendant
de celui de l'Union soviétique. L'année suivante, la troupe dut être
envoyée en Azerbaïdjan pour stopper les tueries inter-ethniques entre
Azéris et Arméniens, et des sanctions furent prisent contre la Lituanie
qui s'était déclarée indépendante, mais on y renonça au recours Ã
la force.
Cette même année
1990
marqua aussi la fin du rôle directeur du Parti communiste. Cette direction
bicéphale qu'avait espéré Gorbatchev, partagée entre un Parti
communiste et un Parlement pluraliste, ne fonctionnait pas. Il fut décidé
qu'un nouveau poste de président de l'URSS élu au suffrage universel
devait être créé. Par dérogation, cette présidence fut confiée Ã
Gorbatchev par le parlement. Mais cela n'allait pas suffire, car dans le
même temps, Boris Eltsine, démissionnaire du Parti communiste, fut élu
par le vote populaire président de la République socialiste fédérative
des soviets de Russie
(RSFSR), qui était, de loin, la plus importante de l'Union, ce qui faisait
de lui celui qui pouvait se prévaloir dans le pays de la plus haute légitimité.
Une évolution qui
ne pouvait qu'inquiéter la frange la plus conservatrice des instance dirigeantes
de l'Union soviétique. Profitant de l'absence de Gorbatchev, en vacances
en Crimée, le 18 août 1991,
le ministre de la défense Dimitri Yazov, le vice-président Gennadi Yanaïev,
Oleg Baklanov, le chef du KGB, et quelques autres, fomentèrent un putsch.
Gorbatchev est détenu en Crimée, et ce fut une occasion inespérée pour
Eltsine de monter sur le devant de la scène. Avec un vrai courage, il
s'opposa aux putschistes, qui furent arrêtés après trois jours. Gorbatchev
put revenir à Moscou, mais à partir de cet
instant son pouvoir ne fut plus que formel. Eltsine interdit le parti communiste.
Il reconnut les indépendances des pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie),
et laissa l'Ukraine proclamer la sienne. En septembre, le congrès des
députés du peuple vota la dissolution de l'URSS. Le 8 décembre, une
nouvelle structure, la CEI ( = Communauté des États Indépendants), est
créée par la Russie ,
l'Ukraine et la Biélorussie (les trois coèfondateurs de l'URSS en 1922).
La CEI a accueilli depuis les autres pays nés du démantèlement de l'Empire
soviétique, sauf les Pays baltes, qui ont préféré se tourner vers l'Union
européenne. Gorbatchev démissionna le 25 décembre. Le lendemain, les
administrations centrales de l'URSS passèrent sous l'autorité de la Russie.
Au plan international, la Russie fut reconnue comme le continuateur de
l'URSS : elle fut engagée par les mêmes traités et occupa au siège
de sécurité de l'ONU le même siège. Le 31 décembre 1991,
l'Union soviétique avait disparu officiellement.
 |
Andrea
Graziosi, Histoire de l'URSS, PUF (Nouvelle Clio), 2010.
- Ce livre reconstruit les deux vies et les deux visages du plus important
État de type nouveau du XXe siècle. Il repose sur les documents d'archives
rendus disponibles par l'effondrement de l'URSS, sur les mémoires post-soviétiques,
sur les recensements, les uvres littéraires, les témoignages de la dissidence,
ainsi que sur les recherches novatrices qui sont parues après 1991. Ces
sources, dont une présentation raisonnée à la fois thématique
et chronologique sert d'introduction au volume, ont permis à l'auteur
de présenter une image nouvelle, et plus crédible, d'une histoire qui
a fasciné et effrayé le XXe siècle. (couv.).
Nicolas
Werth, Histoire de l'Union soviétique, Thémis, 2008.
-
L'histoire de l'Union soviétique - du début du XXe siècle à la révolutoin
gorbatchévienne - a suscité et suscite toujours des débats passionnés.
Ce pays reste pour beaucoup une énigme et bien des historiens russes reconnaissent
savoir peu de choses sur l'histoire de leur pays. Des recherches nombreuses
sont lancées au fur et à mesure de l'ouverture de certaines archives,
et cet ouvrage (sixième édition corrigée) fait le point, dresse un état
des lieux, dégage les grandes lignes d'un processus historique extrêmement
complexe. Une somme historique par l'un des tout premiers spécialistes
français. (couv.).
A.
Yakovlev, Le cimetière des innocents, victimes et bourreaux en Russie
soviétique (1917-1989) Calman-Lévy, 2007.
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