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Les
premières traces d'occupation humaine en Iran remontent au Paléolithique,
avec des sites archéologiques indiquant la présence d'habitants primitifs.
Au Néolithique (environ 8000-6000 av. JC),
des villages agricoles apparaissent, notamment dans les régions montagneuses
de l'ouest et du sud-ouest de l'Iran. Les habitants cultivent des céréales
et domestiquent des animaux. A l'Âge du bronze (vers 3200 - 1200 av. JC),
l'urbanisation et la complexité sociale augmentent. Des cultures telles
que celle de Jiroft (dans le sud-est de l'Iran) et celle de l'Élam (dans
le sud-ouest) se développent.
L'Élam
(vers 2700 - 539 av. JC) est l'une des premières grandes civilisations
de l'Iran. Centrée dans le sud-ouest de l'Iran, autour de la ville de
Suse,
l'Élam atteint son apogée entre le IIIe
et le IIe millénaire av. JC. Les Élamites
développent une écriture cunéiforme propre et créent une série d'États
puissants. Plusieurs dynasties règnent sur l'Élam, notamment la dynastie
d'Awan, la dynastie de Simashki et la dynastie des Sukkalmah. Les Élamites
sont souvent en conflit avec les Sumériens,
les Akkadiens et plus tard les Babyloniens.
Vers le IIe
millénaire av. J.-C., des tribus indo-iraniennes commencent à migrer
vers le plateau iranien. Ces groupes, qui incluent les ancêtres des Mèdes
et des Perses, apportent avec eux leur langue indo-iranienne et leur culture
nomade. Au nord-ouest de l'Iran, les Mannéens, contemporains des Assyriens
et des Urartiens, développent une culture distincte vers le premier millénaire
av. JC. Ils sont finalement assimilés par les Mèdes.
• Les
Mèdes.
- À partir du IXe siècle av. J.-C., les
Mèdes établissent un royaume puissant dans le nord-ouest de l'Iran. Vers
625 av. JC, sous le règne de Cyaxare, les Mèdes
jouent un rôle clé dans la chute de l'Empire néo-assyrien, s'alliant
avec les Babyloniens pour conquérir Ninive
en 612 av. J.-C.
• Les Perses.
- Les Perses, dirigés par la dynastie des Achéménides,
émergent au sud-ouest de l'Iran, dans la région de Persis (aujourd'hui
Fars). Leur premier grand roi, Cyrus II (Cyrus
le Grand), renverse l'Empire mède en 550 av. JC et fonde l'Empire achéménide,
qui deviendra l'un des plus grands empires de l'Antiquité.
Autres cultures et influences
:
• Luristan
. - Les habitants de la région montagneuse du Luristan (ouest de l'Iran)
sont connus pour leurs remarquables bronzes,
incluant des armes, des bijoux et des objets rituels datant du IIe
et du Ier millénaire av. JC.
• Néo-Élamites.
- Bien que l'Élam ait connu son apogée plus tôt, une phase néo-élamite
émerge entre 1000 et 539 av. JC, avant que l'Empire achéménide ne l'annexe.
L'Antiquité perse.
Les annales de la
Perse racontent une série d'événements qui donnent à la nation persane
une antiquité exagérée; on y place la dynastie fabuleuse des Pichdadiens
ou Kaiomariens, à laquelle succéda celle des Kaianiens ou Achéménides,
d'oĂą sortit Cyrus. Ce qu'il y a de certain, c'est que, pendant les bouleversements
des empires d'Assyrie et de Médie, les Perses, restreints alors à la
Perside
(le Fars actuel), se maintinrent indépendants. Le mariage de Mandane,
fille d'Astyage, roi des Mèdes, avec Cambyse
roi des Perses, qui fut le père de Cyrus, prépara la réunion de la Perside
et de la Médie, qui eut lieu après la mort de Cyaxare
II (636); les victoires de Cyrus et ses conquĂŞtes en Lydie, en Asie-Mineure,
en Assyrie, créèrent le vaste empire des Perses.
De 530 Ă 330 av.
J.-C., cet empire grandit encore, s'augmente de l'Égypte ,
achève la conquête de l'Asie-Mineure, puis il entre en lutte avec la
Grèce .
Dans le Ve s. av. J.-C., les Guerres médiques
commencent à l'ébranler; s'affaissant sous le poids de sa puissance même,
l'empire médo-persan s'épuise à comprimer des révoltes, et finit par
tomber sous les coups d'Alexandre. Après
le règne éphémère de ce dernier (330-323), l'empire est démembré
pour être partagé entre ses lieutenants; il devient en grande partie
la possession des Séleucides. Mais presque
aussitĂ´t les rois parthes le leur disputent : profitant des guerres que
se faisaient Antiochus Théos et Ptolémée
Philadelphe, Arsace s'empara de la Parthie
et y fonda l'empire des Arsacides, 256 av.
J.-C. Finalement, après la ruine totale des Séleucides, dont les débris
grossirent l'empire romain (64 av. J.-C.), l'ancien empire des Achéménides
se trouva divisé en provinces romaines (à l'Ouest de l'Euphrate), royaume
des Parthes ou des Arsacides (à l'Est), Arménie (vassale de Rome, et
provinces au Nord des monts Paropamises (indĂ©pendantes ou soumises Ă
des hordes sauvages souvent hostiles aux Romains).
En 226 après J.-C.
commence la dynastie des Sassanides, qui renverse
celle des Arsacides, réunit les possessions
de l'ancien empire des Perses dans la Haute-Asie, et forme un second empire
perse. Les Sassanides portent des coups terribles aux Romains, mais ils
sont eux-mêmes renversés par les Arabes
(652).
L'Iran musulman.
Pendant la période
du califat (652-1258), l'empire arabe englobe toute la Perse et le nom
même de Perse disparaît pratiquement. Mais à partir du VIIIe
s.,
cet empire perd successivement de ses provinces, non seulement Ă l'Ouest,
mais aussi à l'Est. Les Tahérides, les Soffarides, les Samanides, les
Bouides, les Ghaznévides ( Les
dynasties musulmanes au Moyen-âge). créent sur divers points
du territoire de la Perse, aux dépens des califes,
des États indépendants; les Gourides ( Les
dynasties musulmanes au Moyen âge), les
Seldjoukides
(1037), puis Gengis-Khan
(1235), assujettissent les califes Ă leur tutelle, jusqu'Ă ce qu'enfin
Houlagou ,
héritier de Gengis-Khan, les renverse tout à fait et mette fin au califat
(1258).
La Perse ou Iran
est alors soumise Ă des khans
mongols ou turco-mongols
issus les uns de Houlagou ,
les autres de Tamerlan ;
pendant le mĂŞme temps, les Ilkhaniens (1336-1390)
les Turkmènes
du Mouton Noir (1407-1468), et enfin les Turkmènes du Mouton-Blanc (1468-1499)
règnent sur divers points de l'Iran; mais nulle de ces maisons ne fonde
une puissance vraiment durable. Vers 1500 apparaissent les Séfévides
d'abord faibles. Ils sont forcés de céder, aux Turcs
tout le pays Ă l'Est du Kerkah; mais, en 1587, Abbas
le Grand, l'un d'eux, rétablit la monarchie : il bat les Turcs, leur
reprend Tabriz ,
s'empare de la Géorgie et enlève Ormuz
aux Portugais.
A partir du XVIIe
siècle, une série d'invasions et d'usurpations, parmi lesquelles celle
des Afghans
en 1722 et du fameux Nadir, 1736-47, viennent déchirer le pays, qui finit
par être démembré (1779). En 1794, Agha-Mohammed shah, prince Qadjar,
met un terme Ă l'anarchie, et bientĂ´t son fils Feth-Ali-shah reconstruit
dans la partie occidentale de l'ancienne Perse l'empire d'Iran (1797);
mais les guerres de ce prince avec la Russie ont encore fait perdre Ă
la Perse une partie de son territoire : par le traité de Tourkmantchaï
(1828), elle fut forcée de céder aux Russes les khanats d'Erivan et de
Nakhitchevan. Néanmoins la dynastie des Qadjars, qui devait accepter en
1907 le partage de l'Iran entre la Russie et l'Angleterre, rĂ©ussit Ă
se maintenir sur le trĂ´ne. Elle s'y maintient jusqu'en 1925, quand, un
chef cosaque, Rhezâ Khan, déjà détenteur
du pouvoir réel depuis 1921, s'empare officiellement du pouvoir et règne
sous le nom de Rezâ Shah Pahlavi.
Rezâ Shah installe
un pouvoir autoritaire et brutal, mais ménage à la fois les religieux
et les Britanniques impliqués dans l'exploitation des ressources pétrolières,
du moins jusqu'en 1941, quand, après s'être tourné vers l'Allemagne
nazie, il est déposé à la suite de l'invasion du pays par des troupes
soviéto-britanniques. Son fils, Mohammed
Rezâh Pahlavi lui succède. Tout aussi répressif et sanguinaire que
son père, mais plus habile, il parvient à se concilier le soutient des
Occidentaux. En 1951, la nationalisation du secteur pétrolier par son
premier ministre Mossadegh ouvre une période
de crises, qui se dénouera par deux coups d'État organisés par la CIA
en 1953. A partir de cette époque, l'influence du Royaume-Uni cède la
place à celle des États-Unis, qui voient dans le régime du Shah un rempart
contre l'Union Soviétique pendant la Guerre
froide. Dans les années 1960, celui-ci engage une politique d'occidentalisation
de l'Iran qui se heurtera vite, dans les campagnes, à une réaction des
religieux conservateurs, parmi lesquels Ruhollah Khomeyni, d'abord emprisonné,
puis expulsé d'Iran en 1964.
La République
islamique.
Le régime de Mohammed
Rézâ finit par s'effondrer en 1978. Khomeyni revient de son exil et transforme,
avec le clergé chiite ,
l'Iran en République islamique (1979). Pralallèlement, les relations
américano-iraniennes se tendent lorsqu'un groupe d'étudiants iraniens
s'emparent de l'ambassade des États-Unis à Téhéran en novembre 1979
et retiennent en otage le personnel de l'ambassade jusqu'Ă la mi-janvier
1981. Les États-Unis rompent leurs relations diplomatiques avec l'Iran
en avril 1980.
En 1980 le pays est
attaqué par l'Irak de Saddam Hussein
et se trouve engagé dans une guerre qui ne s'achève qu'en 1988, un million
de morts plus tard. Khomeyni, le
Guide de la Révolution, meurt
l'année suivante laissant un pays enlisé durablement dans l'immobilisme.
Suite à l'élection
du réformateur Hojjat al-Eslam Mohammad Khatami
à la présidence en 1997 et d'un parlement réformiste en 2000, une campagne
visant à favoriser la réforme politique en réponse au mécontentement
populaire a été lancée. Le mouvement a échoué quand les politiciens
conservateurs, soutenus par le guide suprême, des institutions d'autorité
non élues comme le Conseil des gardiens, et les services de sécurité
ont annulé et bloqué les mesures de réforme tout en augmentant la répression
sécuritaire. En commençant par les élections municipales nationales
en 2003 et en poursuivant jusqu'aux élections de parlement en 2004, les
conservateurs ont rétabli leur contrôle sur les institutions gouvernementales
élues de l'Iran. L'opération de reprise en main du pays par les conservateurs
a culminé avec l'investiture en août 2005 de l'extrémiste Mahmud Ahmadinejad
à la présidence. A défaut d'apporter des solutions aux problèmes socio-économiques,
celui-ci sait habilement exacerber les sentiments nationalistes de ses
concitoyens (menaces à l'encontre d'Israël,
programme d'enrichissement nucléaire). Sa réélection controversée en
juin 2009 a déclenché dans tout le pays des protestations qui ont été
rapidement réprimées.
Due principalement
Ă la mauvaise gestion du gouvernement et aux sanctions internationales
dont l'Iran, désigné de longue date comme État parrain du terrorisme,
a fait l'objet par les États-Unis, l'ONU et l'Union Européenne,
la détérioration des conditions économiques a provoqué au moins deux
grandes manifestations en juillet et octobre 2012, mais la situation de
la sécurité intérieure de l'Iran est restée stable. Les velléités
d'indépendance du président Mahmud Ahmadinejad ont irrité les personnalités
les plus haut placées du régime, à commencer par le guide suprême.
Il s'est dès lors heurté à une opposition conservatrice pendant la dernière
année de sa présidence et à une aliénation de ses partisans politiques.
En juin 2013, les
Iraniens ont élu à la présidence un religieux centriste, le Dr Hasan
Fereidun Ruhani. Ce membre de longue date du régime a fait des promesses
de réforme de la société et de la politique étrangère du pays.
-
Le dossier
nucléaire iranien
Le programme nucléaire
iranien a été lancé dans les années 1950 sous le Chah Mohammad
Reza Pahlavi, avec l'aide des États-Unis dans le cadre du programme
Atoms
for Peace. L'objectif initial était de développer l'énergie nucléaire
à des fins civiles. L'Iran a reçu une assistance technique et scientifique
des États-Unis, de la France et d'autres
pays occidentaux. Un réacteur de recherche a été fourni par les États-Unis
et a été mis en service à Téhéran en 1967. Le Chah voyait l'énergie
nucléaire comme un pilier de la modernisation et du développement de
l'Iran. Il avait également des ambitions régionales et nationalistes,
et il a été suggéré qu'il envisageait potentiellement une option militaire
nucléaire à long terme, bien que cela soit sujet à débat. Quoi qu'il
en soit, par la s signature du TNP (Traité de non-prolifération
nuclĂ©aire) en 1968 et sa ratification en 1970, l'Iran s'est engagĂ© Ă
ne pas développer d'armes nucléaires.
En 1979, après la
révolution islamique qui a renversé le Chah, le programme nucléaire
a été mis en pause et ralenti en raison du chaos révolutionnaire, de
la suspicion envers le Chah et de l'idéologie anti-occidentale du nouveau
régime. La guerre dévastatrice avec l'Irak
(1980-1988) a peut-être joué un rôle dans la reprise ultérieure du
programme nucléaire, certains arguant que cela a renforcé le sentiment
de vulnérabilité de l'Iran et la nécessité de développer des capacités
de dissuasion. Dans les années 1990, l'Iran a relancé son programme nucléaire,
cette fois de manière plus discrète. Il a cherché à acquérir des technologies
et des équipements auprès de sources diverses, notamment sur le marché
noir nucléaire dirigé par le scientifique pakistanais A.Q. Khan.L'Iran
a commencé à construire des installations nucléaires secrètes, notamment
l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz et le réacteur à eau lourde
d'Arak.
À la fin des années
1990 et au début des années 2000, les services de renseignement occidentaux
ont commencé à détecter des signes d'un programme nucléaire clandestin
en Iran. En août 2002, un groupe d'opposition iranien a révélé l'existence
des installations de Natanz et d'Arak, déclenchant une crise internationale.
L'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) a commencé à mener
des inspections en Iran pour vérifier la nature du programme nucléaire.
L'Iran a initialement nié avoir des activités nucléaires non déclarées,
mais les inspections ont révélé des preuves du contraire. Les États-Unis
et d'autres pays occidentaux ont accusé l'Iran de chercher secrètement
à développer des armes nucléaires, malgré les dénégations iraniennes
qui insistaient sur la nature pacifique du programme. Le Conseil de sécurité
de l'ONU a imposé une série de sanctions à l'Iran
à partir de 2006, ciblant son programme nucléaire et son économie. D'autres
pays, comme les États-Unis et l'Union Européenne,
ont également imposé leurs propres sanctions. Des négociations intensives
ont eu lieu entre l'Iran et le groupe P5+1 (les cinq membres permanents
du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne)
pour trouver une solution diplomatique Ă la crise.
Le 14 juillet 2015,
après des années de négociations, l'Iran et le P5+1 ont conclu à Vienne
un accord historique, le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). L'Iran
s'est engagé à limiter considérablement son programme nucléaire en
échange de la levée progressive des sanctions internationales. Le JCPOA
imposait des restrictions strictes Ă l'enrichissement d'uranium, au stock
d'uranium enrichi, au développement de centrifugeuses avancées, au réacteur
d'Arak et à d'autres aspects du programme nucléaire iranien. Le JCPOA
prévoyait un régime d'inspections renforcé de l'AIEA pour vérifier
le respect de l'accord par l'Iran. En contrepartie, les sanctions internationales
liées au programme nucléaire iranien ont été progressivement levées.
En mai 2018, le président
américain Donald Trump a retiré unilatéralement les États-Unis du JCPOA
et a rétabli les sanctions américaines contre l'Iran. Il a critiqué
l'accord comme étant "terrible" et "unilatéral". Le rétablissement des
sanctions américaines a eu un impact économique sévère sur l'Iran,
portant ainsi un coup à l'héritage de Ruhani et à l'économie iranienne.
En réponse au retrait américain et à la réimposition des sanctions,
l'Iran a progressivement commencé à se désengager de certains de ses
engagements au titre du JCPOA. Il a augmenté ses niveaux d'enrichissement
d'uranium, a développé des centrifugeuses avancées et a réduit sa coopération
avec l'AIEA. Le retrait américain du JCPOA a conduit à une escalade des
tensions entre l'Iran et les États-Unis et à une nouvelle crise internationale.
Depuis 2021, des négociations indirectes ont eu lieu pour tenter de relancer
le JCPOA, mais elles sont restées largement infructueuses. Aujourd'hui,
le programme nucléaire iranien est plus avancé qu'avant le JCPOA. L'Iran
possède un stock important d'uranium enrichi à des niveaux de pureté
plus élevés et a développé des centrifugeuses avancées. Les experts
estiment que l'Iran est techniquement plus proche que jamais de pouvoir
produire une arme nucléaire si elle le décidait). Cependant, l'Iran continue
de nier avoir l'intention de développer des armes nucléaires et insiste
sur la nature pacifique de son programme. |
En février 2020,
l'Iran a organisé des élections législatives et, en juin 2021, des élections
présidentielles, dont est sorti vainqueur Ebrahim Raïssi, un religieux
intransigeant avec une carrière de plusieurs décennies dans le système
judiciaire iranien, mais avec une expérience en politique étrangère
et en économie limitées. Sa présidence s'inscrit dans un contexte de
tensions économiques persistantes, de pandémie de covid-19
et de pressions internationales continues. Raïssi a réaffirmé l'engagement
de l'Iran Ă dĂ©velopper son programme nuclĂ©aire tout en cherchant Ă
alléger les sanctions par le biais de négociations, bien que les progrès
soient limités. Sous sa présidence, l'Iran a continué à enrichir de
l'uranium à des niveaux supérieurs à ceux autorisés par l'accord sur
le nucléaire iranien, augmentant les inquiétudes internationales. Raïssi
a affirmé sa volonté de lever les sanctions tout en insistant sur le
droit de l'Iran à poursuivre son programme nucléaire à des fins pacifiques.
Les négociations pour rétablir l'accord ont été complexes, avec des
avancées et des blocages successifs, reflétant les tensions persistantes
entre l'Iran et les puissances occidentales, notamment les États-Unis.
Parallèlement, l'Iran
a renforcĂ© ses relations avec la Chine et la Russie, cherchant par lĂ
à contrer l'influence occidentale et à diversifier ses partenariats économiques
et militaires. En 2021, l'Iran a signé un accord de partenariat stratégique
de 25 ans avec la Chine, englobant des domaines tels que l'énergie, les
infrastructures et la sécurité. Le rapprochement avec la Russie s'est
traduit par la fourniture à ce pays d'équipements militaires (drones,
principalement) pour l'aider dans sa guerre d'agression contre l'Ukraine.
L'Iran a cherché
Ă renforcer son influence au Moyen-Orient en soutenant divers groupes
et gouvernements alignés sur ses intérêts. Cela inclut le soutien au
Hezbollah au Liban, au gouvernement syrien de Bashar al-Assad, aux milices
chiites en Irak et aux Houthis au Yémen. L'Iran a aussi été impliqué
dans plusieurs conflits par procuration dans la région. La guerre en Syrie
a été particulièrement notable, avec l'Iran fournissant un soutien militaire
significatif au régime d'Assad. De même, en Irak, les milices soutenues
par l'Iran ont joué un rôle clé dans la lutte contre Daech mais ont
également été sources de tensions avec les forces américaines et les
gouvernements locaux. Ces actions ont accru les tensions avec les voisins
sunnites de l'Iran, notamment l'Arabie saoudite, ainsi qu'avec Israël.
Avec Israël, les
tensions ont atteint un niveau sans précédent après la frappe aérienne
israélienne sur un bâtiment du consulat iranien, à côté de l'ambassade
du pays Ă Damas, le 1er avril 2024. En
représailles, le 13 avril suivant, l'Iran a lancé une attaque dirigée
directement contre le territoire israéline avec des drones, et des missile
de croisière et balistiques. Une frappe limitée a touché l'Iran
en retour, le 18 avril 2024. Au final des dégats limités de part et d'autre,
chacun ayant visiblement veillé à contenir l'escalade.
Sous la présidence
de Raïssi, à qui tout son itinéraire a valu le surnom de « Boucher
de Téhéran », l'Iran a également été témoin de divers mouvements
sociaux. Les manifestations contre la corruption, les difficultés économiques
et les restrictions sociales ont été récurrentes. En 2019, de grandes
manifestations ont éclaté suite à une augmentation soudaine du prix
du carburant, ce qui a conduit à une répression sévère (plus de 1500
personnes tuées). Des manifestations plus importantes encore ont eu lieu
dans tout le pays en septembre 2022, après la mort d'une jeune femme,
Masha Alini, arrêtée et roué de coups par la police des moeurs pour
avoir mal porté son foulard (selon les critères du régime). Le mouvement
d'indignation, fédéré sous le cri de ralliement « Femmes, vie,
liberté » a eu des répercussions dans le monde entier. Mais en
Iran, la réaction de la police a, cette fois encore, été plus brutale
: 560 personnes, dont près de 70 mineurs, ont été assassinées par le
régime dans la rue ou dans les prisons. Ving mille personnes ont été
emprisonnées. Le 6 mars 2024, l'ONU a accusé l'Iran de coordonner les
crimes contre l'humanité.
Ebrahim RaĂŻssi est
mort dans un accident d'hélicoptère, au nord-ouest de l'Iran, le 19 mai
2024. De nouvelles élections présidentielles ont été tenues en juin-juillet
et ont donné la victoire à Massoud Pezeshkian, présenté comme le moins
conservateur des candidats en lice.
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François
Heisbourg, Iran, le choix des armes?, Stock, 2007. -
L'Iran va-t-il ou non gagner la partie de bras de fer avec l'Occident,
en se dotant de l'arme nucléaire? La question est de première importance,
non seulement en raison des déclarations du président Ahmaninejad et
de l'idée d'une croisade anti-occidentale, mais aussi parce que ce serait
l'avènement d'un monde nouveau où la possession de l'arme atomique serait
la règle et non plus l'exception. Le livre s'articule ne plusieurs parties
avec tout d'abord un état des lieux : - origine et motivations de la décision
iranienne; - état actuel du programme balistique et atomique iranien;
- poids des acteurs extérieurs et leurs intérêts, États-Unis,
Israël, Chine Russie,
Inde,
Europe; - situation intérieure de l'Iran et luttes pour le pouvoir; -
contexte stratégique régional, voisins arabes de l'Iran. Puis François
Heisbourg examine les scénarios possibles : coopération, coercition ou
confrontation, et si confrontation, de quelle nature? avec quelles conséquences
prévisibles ou possibles?
Le
livre a été écrit à mesure du déroulement des événements et paraît
au moment où l'Assemblée des Nations Unies se réunit pour débattre
de la question iranienne. (couv).
Yves Porter, Les Iraniens, histoire d'un peuple, Armand Colin,
2006. - On connaît
la question posée par Montesquieu : "Comment
peut-on être persan?" C'est pour y répondre que l'on tente ici de retracer
"l'histoire d'un peuple", en écho au titre de la collection. Mais peut-on
d'ailleurs parler d'"un" peuple? Si l'Iran est, étymologiquement, le "pays
des Aryens", il constitue en réalité une mosaïque qui s'est formée
sur une très longue durée, mêlant des religions et des groupes ethnolinguistiques
différents.
Ainsi,
ceux qu'on appelle les Iraniens ne sont probablement pas apparus avant
la fin du IIe ou le début du Ier millénaire avant J.-C. De même, le
chiisme
duodécimain, aujourd'hui à la base de la Constitution de la République
islamique, ne s'est établi comme religion d'Etat qu'à partir du début
du XVIe siècle.
Après
un rapide survol de la configuration physique du territoire, l'auteur retrace
les principales étapes historiques de ce monde iranien aux multiples facettes.
Parallèlement à l'histoire événementielle, quelques détours mettent
en lumière des sites ou des monuments remarquables, des personnalités
de l'art et de la culture des différentes époques. (couv.).
Shirin
Ebadi, Iranienne et libre, La Découverte, 2006.
- Avocate (elle fut la première femme iranienne à devenir avocate en
1975) et militante des droits de l'homme, Shirin Ebadi incarne aujourd'hui
la résistance des femmes iraniennes au pouvoir autocratique du régime
islamique de Téhéran. À ce titre, son
action fut distinguée en 2003 par le comité d'Oslo
qui, pour la première fois, attribua son prestigieux prix Nobel de la
paix à une femme musulmane. Ce livre raconte une vie tout entière consacrée
à la justice. C'est aussi le récit des combats d'une femme exceptionnelle
contre l'obscurantisme religieux et l'oppression des femmes. (couv.).
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