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La Péninsule des Balkans
[Histoire des Balkans]
On appelle Péninsule des Balkans la péninsule qui termine l'Europe dans la partie orientale de la Méditerranée et qui fait face d'un côté à l'Italie, de l'autre à l'Anatolie (Turquie d'Asie). Sa superficie est d'environ 400 000 km². Elle était autrefois désignée sous le nom de Turquie d'Europe et correspond aujourd'hui à la Grèce continentale, à l'Albanie, à la Bulgarie, à une petite portion de la Roumanie, aux Etats nés de l'éclatement de l'ancienne Yougoslavie (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Montenegro, Macédoine, Serbie et Kosovo); le nom de Turquie d'Europe ne s'appliquant plus qu'à la Thrace orientale.
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Carte politique des Balkans.
Carte politique des Balkans.

Configuration

La péninsule s'étend entre le 44e et le 39e degré de latitude Nord, le 28e et le 16e degré de longitude Est. Elle est limitée au Nord par la Save et son affluent la Kulpa, et le Danube, à l'Est et au Sud par la mer Noire, la mer de Marmara et la mer Egée, au Sud par la Méditerranée, à l'Ouest par l'Adriatique. Sa largeur va en s'amoindrissant du Nord au Sud et elle forme une sorte de triangle, dont la base est représentée par la Save et le Danube et la pointe par le cap Matapan (Ákra Taínaron, cap Tenare). Dans sa partie méridionale elle s'amincit brusquement à l'isthme de Corinthe et détache une péninsule secondaire, le Péloponnèse.

Îles et côtes. 
La Péninsule balkanique est flanquée à l'Ouest et à l'Est de plusieurs groupes d'îles qui lui servent en quelque sorte de satellites, les Cyclades, les Sporades septentrionales, Thasos, Lemnos, la Crète, l'archipel dalmate. 

Les côtes de la mer Noire ne présentent pas de relief bien accentué; on n'y remarque que deux promontoires, les caps Kaliakra et Emine, où les Balkans viennent brusquement s'arrêter, et le golfe de Burgas. Les seuls ports au Sud du Danube, et sans compter Sulina, sont ceux de Costantsa (Costanta; en turc : Kustendjé) et de Mangalia en Roumanie, de Varna, et de Burgas en Bulgarie. La mer de Marmara possède, outre l'admirable rade d'Istanbul (anc. Constantinople), les escales de Tekirdagh (Rodosto) et de Gelibolu (Gallipoli). 

Les côtes de la mer Egée sont bizarrement découpées et poussent devant elles la presqu'île de Gelibolu qui enserre le détroit des Dardanelles, et les trois pointes de la Chalcidique, dont la plus septentrionale se termine par le mont Athos. A l'Ouest de la Chalcidique pénètre le golfe de Salonique. Sur les côtes de la Grèce, les golfes et les promontoires se succèdent alternativement.

Sur la côte occidentale on rencontre en allant du Nord au Sud le cap Linguetta  (cap Glossa; en albanais : Kepi i Gjuhëzës), le point le plus rapproché de l'Italie, le port de Durrës (anc. Durazzo, en Albanie), celui de Bar (Antivari, au Montenegro); le golfe de Kotor (Cattaro), les ports de Dubrovnik (Raguse, en Croatie),  Split (Spalato, en Croatie), Zadar (Zara) et Rijeka (Fiume).

Relief du sol. 
La Péninsule balkanique est, sauf dans les grandes plaines qui s'étendent du Timok à l'embouchure du Danube, sillonnée de montagnes qui appartiennent à plusieurs systèmes différents : les Alpes Dinariques qui se rattachent au système général des Alpes, les montagnes du plateau de Bosnie et de la Serbie qui n'atteignent que de faibles altitudes; la grande chaîne des Balkans qui est décrite dans un article spécial, et qui sur certains points dépasse 2500 m. Elle est généralement parallèle en Danube; les massifs des monts Pirin et Rila (plus de 2900 m), à l'Ouest du Rhodope, ceux du Montenegro et de l'Albanie (autour de 2700 m), ceux de la Macédoine et de la Thessalie (Olympe 2917 m), ceux du Pinde de la Thessalie et de le Grèce septentrionale (Parnasse, 2459 m). Enfin ceux du Péloponnèse (mont Taygète, 2409 m). Tous ces massifs, sauf la chaîne des Balkans, sont fort enchevêtrés et d'accès difficile. D'ailleurs quelques-uns d'entre eux ont servi jusque dans les premières décennies du XXe siècle de repaires à des populations de brigands.
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Carte physique des Balkans.
Carte physique des Balkans.

Géologie

La Péninsule balkanique offre une certaine analogie avec la Péninsule ibérique. Ce sont les mêmes chaînes granitiques diversement orientées, reliées par des lambeaux tertiaires. Trois grandes régions géologiques sont délimitées par les trois principales directions montagneuses. La première, presque parallèle à l'Adriatique, prend son origine dans les Alpes autrichiennes en Croatie, elle court au Sud sous le nom de chaîne du Char et monts du Pinde elle passe ensuite en Grèce. Au centre, une autre chaîne prend son origine dans le Banat, au Sud-Ouest de la Roumanie, traverse la Serbie en formant un dos d'âne très dénudé et se poursuit au Sud-Est, sous les noms de monts Rhodope jusqu'au Tékir-Dagh; c'est une sorte de grand plateau ou massif cristallin central. Enfin, au Nord le Balkan, coupé par le Danube aux Portes-de-Fer, est la suite des Alpes de Transylvanie; il forme avec elles un vaste circuit qui borne les plaines de la Valachie et de la Bulgarie; Le Balkan (Haemus, Emineh-Dagh) se prolonge ensuite orienté de l'Orient à l'Est; une branche remonte dans la Dobroudja, l'autre descend vers Istanbul (monts Istrandja).

Tout un réseau de rameaux compliqués s'échappe de ces grandes lignes géologiques générales. Le terrain granitique et son cortège de protogène, syénite, gneiss et schistes cristallins occupe une surface immense en Serbie, aux environs de Sofia, en Roumélie et en Macédoine. Le terrain de transition paraît peu étendu; on signale le dévonien inférieur avec fossiles analogues à ceux de la Bretagne, aux environs Nord d'Istanbul; une bande passe de Bosnie en Herzégovine dans le Montenegro, Le terrain triassique est représenté par une grande formation de grès et de schistes micacés rouges développée en Serbie et par une bande à faciès alpin venant de Croatie, très large à Sarajevo, finissant dans le Montenegro; une autre bande est connue au Nord de Sofia, de Pirot à Gabrowo, le long des Balkans. Le terrain jurassique est fort peu étendu, il forme des lambeaux isolés de calcaire du près de Novipazar, de Kyustendil, entre Edirne et Plovdiv (Philippopoli) et sur les bords de la mer Noire (Klippenkalk). 

Le terrain crétacé constitue la majeure partie de la grande bande montueuse qui suit l'Adriatique; c'est un puissant calcaire marmoréen à Hippurites mêlé de marnes grises à fucoïdes, il est recouvert à Ulcinj  (Dulcigno, dans le Montenegro) par le terrain nummulitique et le calcaire néogène dit « Leithakalk »; les mêmes dépôts se prolongent en Grèce. Des lambeaux existent en Serbie. Une grande bande suit au Nord le Balkan, on y trouve les niveaux de la craie à Orbitalites, craie de Gasau, craie à Rudistes, craie à Belemnitelles; ces couches, relevées an pied du Balkan, sont recouvertes de terrain tertiaire et se revoient identiques en Roumanie au pied des montagnes de la Transylvanie. A Shumen (Shumla), le système crétacé forme un dos d'âne avec fossiles analogues à ceux du Nord de l'Europe qui se prolonge dans la Dobroudja; il est surmonté par la molasse à Rousse (Ruse, Roustchouk) et visible encore entre Rasova et Constanta sur la mer Noire. On ne connaît pas de crétacé dans les régions centrales. 

Le Terrain tertiaire nummulitique (paléogène) formait une bande le long de l'Adriatique qui n'a laissé que des témoins isolés; on le retrouve dans la Thrace et aux environs d'Istanbul d'où il passe en Anatolie; le long de la mer Noire, il constitue un golfe étendu autour de Varna. Mais ce sont les terrains tertiaires néogènes qui occupent la plus grande place après les terrains cristallins; ils forment des bassins nombreux de marnes et de calcaires avec coquilles tantôt marines, tantôt saumâtres (calcaires à congéries). Tels sont les bassins du Timok comblés en partie par la molasse, qui communiquait probablement par Pirot avec le bassin de Sofia et de Radomir; les bassins du Drin Blanc, de Bitolia et de Perlep, le bassin du Vardar où la molasse et les marnes atteignent 300 m d'épaisseur et reposent sur les micaschistes, bassin de la Maritsa au Sud d'Edirne, et d'autres larges bassins en Macédoine, en Thessalie et en Epire. Une grande région néogène suit encore la vallée du Danube au Nord du Balkan, large de 40 km et longue de près de 300; elle montre la molasse à Pectein, les marnes à Cerites, le calcaire à Congéries, faisant suite aux dépôts semblables de la grande plaine de Hongrie et de la Roumanie. Les monts Olympe, Ossa, Pélion sont formés de schistes cristallins avec calcaires saccharoïdes intercalés, le Pinde est formé de calcaire à Hippurites avec îlots nummulitiques, macigno, jaspe, brèches et roches éruptives : Euphotide et Serpentine, analogues aux roches italiennes du grand système méditerranéen.

Le terrain quaternaire occupe les grandes vallées de la Maritsa, du Vardar; c'est seulement à la fin de cette période que les passages des Dardanelles et du Bosphore se sont ouverts; l'identité la plus grande existe entre les deux berges.

Régime des eaux

Les fleuves et rivières de la péninsule appartiennent à trois versants principaux : celui de la mer Noire, celui de la mer Egée et celui de la mer Adriatique (ou Ionienne). Les seuls cours d'eau navigables sont : au Nord, le Danube et son affluent la Save. Les cours d'eau de la Bosnie (l'Unna, le Vrbas, la Drina, affluents de la Save), ceux de la Serbie (la Morava, le Timok, affluents du Danube), ceux de la Bulgarie (l'Isker, le Vid, la Jantra, le Lom, affluents du Danube), ne sont au fond que des torrents. Il en est de même du Kamcija, qui se lette dans la mer Noire au Sud de Varna. 

La Maritsa (Marica), qui passe à Plovdiv et à Edirne, où elle se grossit de la Tundja, n'est pas navigable. Elle appartient au bassin de la mer Egée, ainsi que la Mesta (Nestos), la Strumica (Strimon), le Vardar (Axios) et la Bistritsa (ces deux derniers se jettent dans le golfe de Thessalonique). 

Les cours d'eau de la Grèce n'ont d'autre importance que celle qu'ils doivent aux souvenirs de l'Antiquité classique.

Les affluents de la mer Adriatique et de la mer Ionienne sont nécessairement fort maigres. Les plus importants en partant du Sud sont l'Aspropotamo, l'Arta; la Vojuza et le Drin, qui arrosent l'Albanie; la Bojana (Bunë), qui met le lac de Shköder en communication avec la mer; enfin, sur la côte dalmate, la Narenta ou Neretva, qui vient des montagnes de l'Herzégovine. 

Les lacs sont peu nombreux; on n'en trouve guère qu'en Epire et en Albanie. Les principaux sont le lac Prespan, le lac d'Ochrid, et le lac de Shköder (Scutari)qui débouche dans l'Adriatique par la Bojana. A partir de la conquête ottomane, les forêts ont été impitoyablement dévastées. Aussi les rivières qui débordent généralement au printemps sont le plus souvent à moitié taries en été.
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Carte des principaux fleuves des Balkans
Carte des principaux cours d'eau des Balkans.

Climat

Le climat est beaucoup plus dur que ne le ferait supposer la latitude de la péninsule. Dans sa partie orientale elle est ouverte aux vents de la Russie, qui pendant l'hiver congèlent parfois le Danube. En été la chaleur est considérable (36 à 38° C à l'ombre en Albanie). En revanche, les nuits sont très fraîches en Thessalie, en  Macédoine, en Roumélie. La neige ne tient guère dans les plaines, mais elle s'amoncelle dans les montagnes. Sur le Bosphore la température est généralement douce; mais les vents de Russie sont redoutables et la température descend à - 3 e même à - 6°C. Il est arrivé même que le Bosphore gèle. Les orages sont fréquents dans les montagnes; les campagnes sont ravagées par des tempêtes et par des trombes : le sirocco se fait sentir jusqu'en Macédoine.

Flore

Il est assez difficile de donner un aperçu général et complet de la flore de la péninsule balkanique, car elle se montre complexe et présente de nombreuses relations avec les flores voisines. On comprend que la végétation de cette contrée n'offre pas de caractère propre; sa situation à la limite Nord de la région méditerranéenne en fait une région botanique de transition dans laquelle on voit se toucher ou se mélanger différentes flores. Ainsi, au Nord, sur le versant des Balkans se trouvent de nombreuses plantes de l'Europe moyenne, notamment des plaines orientales de l'Allemagne et de la Hongrie. A l'Ouest, ce sont des types de la flore lombarde et des Alpes du Tyrol qui s'avancent vers le Sud sur les montagnes de la Serbie, de la Bosnie et de l'Herzégovine. A l'Est, des représentants de la végétation de la Russie méridionale se rencontrent aux pieds septentrionaux des Balkans, et même
quelques types des steppes passent dans les plaines de la Thrace. Les contreforts des Balkans qui s'avancent vers le Sud et les contrées qu'ils couvrent : la Thrace et la Macédoine méridionales, la Thessalie, l'Albanie et l'Epire, présentent une végétation à caractère, en général, nettement méditerranéen. Enfin, toute la presqu'île du Bosphore appartient, pour ainsi dire, par ses nombreux types de la flore orientale, au domaine botanique de l'Anatolie. Quant aux limites à assigner à la végétation de l'Europe moyenne et des steppes chaudes du delta danubien, d'une part, et à  la végétation méridionale toujours verte, de l'autre, on sait qu'elles peuvent se trouver à peu près dans la vallée de la Maritza et en Bulgarie.

Les plantes ligneuses donnent lieu, dans toutes les régions basses de la péninsule, à deux formations végétales distinctes, les buissons ou maquis et les forêts.

1° Les maquis sont très abondants dans les parties méridionales, en Albanie et en Serbie. Presque tous sont composés de Chênes buissonnants (Quercus Ilex, Q. coccifera en Albanie, Q. Aegilops), restes d'anciennes forêts à haute futaie détruites par la main des humains. Avec les Chênes de ces maquis vivent associés, au pied du Rhodope oriental, le Paliurus aculeatus et un peu partout ailleurs les Pyrus communis et P. malus, Cornus mas, Prunus cerasus, Corylus avellana, etc. Les plaines ondulées de la Thrace sont couvertes de broussailles épineuses formées d'un seul végétal croissant socialement, le Poterium spinosum.

En dehors des maquis dans la région basse croissent des arbres nombreux et variés. Le Marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum) a été trouvé à l'état spontané dans le Pinde et le Rhodope. Les Amandiers se rencontrent au Sud des chaînes centrales; les Citronniers et Orangers restent dans les parties méridionales de la Thessalie et sur le littoral de l'Adriatique; les Oliviers sont également localisés dans le Sud de la Thessalie et dans la presqu'île Chalcidique; ils n'ont que des représentants rabougris (forme oleaster) dans la presqu'île de Thrace jusqu'au Bosphore, bien que cette contrée soit plus méridionale que le Sud de la France, où ils croissent bien. Ce fait est entièrement dû aux conditions climatiques exceptionnelles du Bosphore. Le Grenadier ne fructifie qu'en Albanie, et le Figuier dans les plaines de la Thrace, de la Macédoine, de l'Albanie et surtout à l'embouchure du Cettaro. Le Laurus nobilis reste confiné dans l'Épire et la Thessalie, où il vit associé au Chêne vert, au Myrte et au Paliurus aculeatus. Le Nerium oleander ne se rencontre que dans les parties Nord de la péninsule hellénique. 

2° Un peu au-dessus des maquis croissent les forêts qui s'étendent en Serbie, en Bosnie, et en Macédoine, mais pas sur quelques crêtes dénudées au bord de la mer Égée, de l'Adriatique et dans la basse Herzégovine, dont la limite altitudinale varie suivant les régions. En Dalmatie, la région forestière, caractérisée par le Quercus cerris et le Hêtre (Fagus sylvatica), est comprise entre 455 et 975 m. Sur le Scardus ce sont le Tilleul argenté, dont la limite supérieure à environ 488 m est aussi celle des arbres toujours verts, le Châtaignier, le Hêtre et le Quercus pedunculata, qui dominent dans les forêts comprises entre 488 et 1517 m. Dans la Macédoine méridionale, les limites sont 405 et 1884 m, et les espèces caractéristiques : Quercus cerris, Pinus peuce qui n'a été trouvé que là et sur les frontières du Montenegro, Fagus sylvatica. Sur le mont Athos, les forêts sont formées de Châtaigniers vers le bas (390 à 975 m), de Quercus pubescens, Pinus laricio et picea entre 552 et 1705 m. Enfin sur le Pinde on rencontre des Sapins argentés jusque vers 1787 m. En Bulgarie la forêt descend sur quelques points du versant Nord des Balkans, mais la plupart du temps elle est remplacée par le maquis. Outre ces arbres caractéristiques, les forêts renferment d'autres espèces importantes (Pinus Brucia, rotundata, uncinata, des Sapins, des Mélèzes) auxquelles s'associent différents arbustes : Juniperus nana, Vaccinium Myrtillus, Arbutus Uva Ursi, et dans le Pinde Buxus sempervirens. Avec le Hêtre s'associent des Bouleaux (Betula fruticosa et alba), des Erables, des Aunes (Alnus nigrai et le Rhamnus alpinus. Les espèces associées aux Chênes sont encore plus nombreuses ; ce sont : Cercis siliquastrum, Eleagnus laurifolius, Nerium oleander, Colutea arborescens, Tilia argentea, etc., suivant les régions.

Vers le haut de la région forestière est la région subalpine, qui s'étend dans la Serbie et la Bosnie méridionales, la Croatie, l'Herzégovine, la Haute-Mésie, sur une portion du Pinde, du Rhodope, de l'Olympe et des Balkans. Elle est caractérisée par Juniperus communis, Pinus Brucia et uncinata, Arnica scorpioides, Doronicum pardalianches, Vaccinium Vitis-Idaea, Arbutus Uva Ursi, Ostrya vulgaris, etc. Cette région n'est ordinairement pas dénudée, elle est presque toujours couverte de forêts de Hêtres ou de Pins. Des arbustes subalpins de la forme du Myrte : Daphne jasminea et glandulosa, servent de lien entre les montagnes de la Macédoine et de la Dalmatie et celles de l'Italie. Les limites inférieures de la région alpine varient suivant les points, et correspondent presque toujours avec les limites de la région forestière, indiquées plus haut. La région alpine, comprenant les sommets de la chaîne des Balkans et de ses ramifications, se montre partout dénudée, couverte seulement de plantes vivaces basses ou de quelques arbustes en buissons. 

Les espèces caractéristiques de cette région ne sont pas partout les mêmes. Sur le Scardus croît une forme spéciale de Bruyère, la Bruckenthalia spiculiflora, qui se retrouve aussi en Macédoine avec le Juniperus nana. Sur le mont Athos, Daphne jasminea et Prunus prostrata sont les espèces spéciales. Sur le Pinde au P. prostrata se joint un Tragacanthe. Mais presque partout on rencontre de nombreuses Liliacées, des Gentianes, des Saxifrages, l'Azalaea procumbens, les Androsace lutea et villosa, etc. Le nombre des plantes caractéristiques de Ia région alpine des Balkans serait de 96 espèces, sur lesquelles 14 seulement sont spéciales à cette chaîne; 25 se retrouvent sur d'autres montagnes de la région méditerranénne, notamment les Pyrénées, et sur le Caucase; 21 sont des plantes des parties froides de l'Europe moyenne, 15 sont orientales, 7 sont communes avec les Carpates, 6 avec les monts de Bithynie, 2 avec la Serbie, 1 avec la Bosnie, 1 avec la Dalmatie, enfin 17 sont des plantes méridionales.

Les familles prédominantes de la flore balkanique paraissent être les Graminées dans les parties sèches, les Scrophularinées, Acanthacées, Labiées, Composées, Cupulifères, Légumineuses, Rosacées, Caryophyllées, Conifères, Euphorbiacées, Rhamnacées, Renonculacées. (P. Maury).
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Sarajevo.
Les abords de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Source : The World Factbook.

Faune

La faune de la partie centrale de la péninsule des Balkans est semblable à celle qui est au Nord dans les Carpates et en Hongrie, à l'Ouest en Dalmatie, à l'Est en Bessarabie, au Sud dans la partie continentale de la Grèce. Le Péloponnèse forme une péninsule distincte de celle des Balkans aussi bien par sa position géographique que par le caractère de sa faune. 

La faune de cette région de l'Europe est essentiellement une faune de transition entre la faune du centre de l'Europe et celle des steppes qui commence dans le Sud de la Russie, et entre cette même faune de l'Europe centrale et la faune dite du bassin de la Méditerranée que l'on trouve bien caractérisée dans le Péloponnèse et dans les îles Ioniennes

On trouve dans les Carpates l'Ours (Ursus arctos) et sa variété à gorge blanche (U. collaris), le Loup, le Renard, le Chat sauvage (Felis catus), le Lynx (Felis lynx), et les autres petits carnivores de la faune européenne, Martes, Hermines et Putois; parmi ces derniers le Faetorius sarmaticus est à noter comme une espèce orientale qui s'étend depuis l'Iran et l'Afghanistan jusqu'en Pologne et en Hongrie; la Loutre et le Vison (Faetorius lutreola) habitent les cours d'eau. Du temps d'Alexandre, le Lion (Felis leo) était encore signalé en Macédoine, et le Chacal (Canis aureus) se trouve dans une grande partie de la Péninsule, notamment en Dalmatie.

Les Rongeurs sont représentés par le Lièvre commun et le Lièvre des montagnes (Lepus variabilis), l'Ecureuil, la Marmotte, et une espèce voisine, le Spermophile souslik (Spersnophilus citillus), un des précurseurs de la faune des steppes, représente un type essentiellement oriental. Un autre Rongeur, le Rat-Taupe (Spalax typhlus), appartenant également à un type asiatique, se trouve en Moldavie. Les autres petits mammifères insectivores, rongeurs et chiroptères sont ceux de la faune européenne.

Les herbivores sont représentés par le Sanglier, le Cerf, qui devient rare à mesure qu'on s'avance vers l'orient et vers le sud, le Chevreuil, et dans les montagnes seulement par le Chamois (Caprella rupicapra). Les animaux domestiques sont le Boeuf, le Mouton; le Cheval, qui est de petite taille, surtout dans les régions montagneuses; l'Âne et la Chèvre qu'on élève surtout dans le sud de la péninsule.

Les Oiseaux n'ont rien de caractéristique en raison de leurs migrations annuelles. On signale dans les Carpates une Chouette de l'Oural (Surnia uralensis).

Parmi les Reptiles, les Tortues (Emys europaea) habitent la plupart des lacs et des étangs. Les Serpents sont nombreux - outre la Vipère (Vipera berus), on trouve dans les montagnes Zacholus austriacus, Coluber trabalis, Tropidonotus natrix, Tr. tesselatus, Var. hydrus, Anguis fragilis et sa variété colchica. Les genres Lacerta, Zootoca et Podarcis représentent les Lézards

Les Batraciens, outre plusieurs espèces de Grenouilles, tellement abondantes en Moldavie qu'on les voit sortir des étangs et couvrir les chemins lors du dégel, une Rainette et deux ou trois Crapauds, comptent une Salamandre (S. maculata) et plusieurs Tritons, dont une espèce (Triton Montandoni) paraît propre aux Carpates.

Parmi les Poissons d'eau douce il faut signaler au premier rang l'Esturgeon, dont deux espèces remontent le Danube (Accipenser ruthenus et Acc. Gmelini); plusieurs autres espèces, telles que Lucioperca volgensis, Cotttis paecilopus, Cyprinus acuminatus, Pelecus cultratus, Ablepharus pannanicus et l'Acc. Gmelini, ne se trouvent pas dans les fleuves du Nord et de l'Ouest de l'Europe, et sont propres aux cours d'eau qui coulent dans la mer Noire ou l'Adriatique. 

On y pêche également, dans le Nord, des écrevisses d'une taille énorme, et la grande Mulette des étangs (Anodonta cygnea), mollusque bivalve que l'on mange en Valachie pendant les longues semaines du carême des Grecs orthodoxes, Un autre bivalve se montre dans l'Ouest de l'Europe qu'il a envahi peu à peu, la Dreissena polymorpha, est ici tellement commun que l'on pêche des Écrevisses ayant les pattes et le corps presque entièrement recouverts de jeunes coquilles de cette espèce, au point d'en avoir les mouvements paralysés. 

Les Mollusques terrestres sont représentés par Helix pomatia, Helix austriaca, Helix personata, espèce à faciès américain et qui se retrouve dans les Alpes, H. bidentata, etc. Les Limnées et les Hydrobies abondent dans les étangs. 

Le Scorpion se trouve surtout dans le Sud de la péninsule, où sa piqûre est très redoutée, bien qu'elle soit rarement mortelle. 

L'ensemble de cette faune entomologique est franchement européen, ou, si l'on veut, paléarctique, ainsi qu'on pouvait s'y attendre d'après ce que l'on sait de faunes plus orientales telles que celles du Caucase et de l'Asie Mineure. (E. Trouessart).

Agriculture

La flore, comme nous l'avons vu, ne diffère pas sensiblement de celle du reste de l'Europe; les plaines produisent des céréales et des arbres fruitiers. Les régions montagneuses ont la flore alpine. Des forêts, nombreuses et épaisses en Serbie, en Bosnie, au bord du Balkan et dans la haute Albanie, ont été détruites par les humains dans la Roumélie, la Macédoine et la Thessalie. En dehors des espèces fréquentes en Europe de l'Ouest, on y rencontre l'arbre de Judée, le myrte, le laurier-rose; le cyprès, qui était l'arbre favori des Ottomans. Les principaux arbres à fruits sont les pruniers et les amandiers, les citronniers et les orangers (Thessalie, Dalmatie), grenadiers, oliviers (sur le littoral), figuiers, etc. La vigne prospère en Serbie, en Bosnie, en Roumélie. Des champs de roses croissent dans certaines vallées de la chaîne du Balkan. Le maïs est cultivé partout sur les plateaux de moins de 500 m d'altitude : les céréales, le sorgho, les cucurbitacées, notamment l'aubergine dans les plaines. Le tabac est d'excellente qualité, surtout en Macédoine. La Bulgarie, la Serbie, la Bosnie élèvent des Bovins. La culture des vers à soie est pratiquée. 
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