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Gdansk (Danzig)
Gdansk en polonais, ou Danzig en allemand, Gedanum et Dantiscum en latin moderne, est une ville et port de Pologne (anciennement en Prusse), chef-lieu de la Poméranie,  à l'Ouest du delta de la Vistule, à 6 km de la mer Baltique, à 380 kilomètres au Nord-Est de Berlin; 462 000 habitants. Belle situation, beaux édifices. C'est depuis des siècles une des plus importantes places commerciales de la Baltique. Lieu de naissance de Fahrenheit, de Hevelius, etc.
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Gdansk : le port intérieur.
Le port intérieur de Gdansk.

La ville est  entourée à l'Ouest de collines, au Sud et au Sud-Est de prairies; au Nord-Est coule le fleuve. Elle est traversée par un bras du delta de la Vistule, la Motlawa (ou Mottlau, en allemand) dont la profondeur accrue par des travaux exécutés à la fin du XIXe siècle est de 4,50 m, ce qui permet aux navires de remonter jusqu'à l'île qui forme le centre de Gdansk. 

Monuments.
Par son aspect général Gdansk est une des villes les plus curieuses de Pologne; elle a bien conservé son ancienne physionomie. Presque toutes les anciennes maisons ne présentent en façade sur la rue que leur côté le plus étroit, étant surtout développées en profondeur; beaucoup ont des cours intérieures; où la place manquait, on a ménagé la lumière en bâtissant presque à jour des maisons qu'on a pu comparer à des lanternes où toute la façade est en fenêtres vitrées.

Plusieurs des maisons sont remarquables non seulement par leurs toits, mais par des imitations de l'architecture méridionale. La maison des marchands, dite Cour d'Arthur, est une halle quadrangulaire portée par quatre colonnes de granit; elle a servi de Bourse; la décoration intérieure est originale.
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Gdansk : église Sainte-Marie.
L'église Sainte-Marie (Bazylika Mariacka), à Gdansk.

Parmi les églises, la principale est l'église Sainte-Marie, bâtie de 1343 à 1502; longue de 104 m, large de 35 m, haute de 23 m, elle a trois vaisseaux d'égale largeur et hauteur, dominés par une grande tour de 76 m et dix petites; les chapelles accotées aux piliers lui donnent l'aspect d'une église à cinq nefs. C'est la plus grande église en briques du monde; elle peut accueillir jusqu'à 25 000 fidèles.

L'église Sainte-Catherine, bâtie de 1326 à 1330, est moins remarquable; mentionnons les vingt et une autres, la chapelle mennonite, la synagogue. 

L'hôtel de ville de style gothique est dominé par une tour de 82 m, auprès est un puits avec sa décoration de bronze.
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Gdansk : la tour de l'hôtel de ville.
La tour de l'hôtel de ville de Gdansk.

Histoire jusqu'en 1914.
L'origine de Gdansk est inconnue. Dès le Xe siècle, la ville appelée Gidanie était florissante, servant de capitale à la Pomérélie. Elle fut fortifiée à la fin du XIIe siècle par le duc Subislav, prise par Waldemar II de Danemark (1221), reprise par le duc de Poméranie, puis par les Prussiens (1225). Contre ceux-ci le duc appela les chevaliers Teutoniques

Gdansk fut ensuite occupé par les Brandebourgeois que le duc Mestrin II avait appelés comme auxiliaires; il la reprit en 1271. A sa mort (1295), le souverain de la ville devint le roi de Pologne Przemyslav II; son fils ayant eu l'imprudence de recourir aux chevaliers Teutoniques contre les Brandebourgeois, vit ses alliés s'établir à Gdansk qu'ils refusèrent de restituer (1310). Ce fut pour la Pologne un préjudice irréparable. Casimir III abandonna formellement le grand port de la Vistule par le traité de Kalisch (1343).

La ville, dont la prospérité croissait rapidement, adhéra en 1350 à la Hanse; elle prit alors de l'extension au Nord-Ouest de la Motlawa et joua un rôle actif dans les guerres dont la Baltique fut le théâtre. Ses bourgeois occupèrent Stockholm comme alliés du roi Albert, défirent les frères Vitaliens, pirates redoutés, combattirent la reine Marguerite de Danemark. Ils profitèrent même de l'abaissement de l'ordre Teutonique pour se rendre complètement indépendants; ils y réussirent et se mirent sous le patronage du roi de Pologne Casimir IV (1454). Gdansk reçut alors une charte connue sous le nom de Privilegium Casimirianum qui en fit une ville libre, presque un Etat autonome; droit de haute justice, sans restrictions, libre nomination à tous les emplois, droit d'avoir une garnison, de faire la paix, la guerre, de conclure des alliances, de battre monnaie, de régler son budget, impôts et dépenses; la ville ne payait ni taxe, ni péage au roi. 

L'autorité de celui-ci, toute nominale, était représentée par un burgrave; Gdansk déléguait à  un secrétaire et votait à la Diète, aux élections royales. Son administration municipale devint homogène par la fusion des quatre quartiers (Altstadt, Rechtstadt, Jungstadt, Vorstadt). L'entente avec les Polonais fut de courte durée. Une guerre de huit ans (1472-1480) fut occasionnée par des querelles au sujet de l'évêché d'Ermeland. En 1523, Gdansk embrassa la Réforme, tandis que la Pologne restait catholique. Le déclin de la Hanse nuisait à Gdansk (Le commerce médiéval en Europe du Nord), non moins que la concurrence d'Elbing et de Marienbourg dont les habitants percèrent à la Vistule un nouveau chemin à travers la Grosse Kampe en amont de son delta, de manière à abaisser de moitié le plan d'eau. 

Hostiles à Étienne Bathori, les bourgeois de Gdansk furent assiégés par lui et l'éloignèrent en lui payant 200,000 ducats (1577). Attaqués par les Suédois en 1656, ils furent délivrés par une flotte hollandaise et une armée polonaise. Les Hollandais avec lesquels ils continuaient les relations commerciales nouées au temps de la Hanse avec les ports de la mer du Nord, voulurent faire reconnaître la neutralité de Gdansk (convention d'Elbing avec l'électeur de Brandebourg, 10 septembre 1656). En 1734, Gdansk donna asile à Stanislas Lesczynski, fut assiégée par les Russes et les Saxons et obligée de capituler le 9 juillet. 
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La fontaine de Neptune (Fontanna Neptuna), l'un des symboles de Gdansk.
La statue date de 1549. Elle a été intégrée à la fontaine en 1633. Ce monument se trouve devant 
l'ancienne maison de commerce dite Cour d'Arthur (Dwór Artusa), non loin de l'Hôtel de Ville.

Après le premier partage de la Pologne, Gdansk conserva sa liberté; mais, enclavée dans les possessions prussiennes et en butte à un véritable blocus douanier, elle déclina beaucoup.

En 1793, elle fut annexée à la Prusse. Elle commençait à se relever quand survint la guerre de 1806. La garnison, forte de vingt-deux mille hommes et commandée par Kalckreuth, opposa aux Français une résistance opiniâtre. Le siège commencé par le maréchal Lefebvre au mois de mars se termina le 24 mai par une capitulation; la garnison avait perdu les deux tiers de son effectif; l'armée de siège renforcée par le maréchal Mortier atteignait soixante mille hommes. Les principaux épisodes furent la prise du mont Ziganka le 1er avril, le bombardement commencé le 23 avril, l'assaut du 21 mai qui fut repoussé; le 27 mai Weichselmunde se rendit. La garnison obtint les honneurs de la guerre et s'engagea à ne pas servir pendant un an contre la France; la ville paya une contribution de guerre de 20 millions; Lefebvre fut créé duc de Dantzig. 

La paix de Tilsit fit de Gdansk une ville libre avec un territoire de 2 lieues à la ronde (Napoléon accorda 2 lieues allemandes), sous la protection de la France, de la Prusse et de la Saxe. Une garnison française y fut placée. Après la retraite de Russie, elle fut à son tour assiégée. Le siège dura onze mois: de la fin de janvier 1843 au 1er janvier 1814. Le général Rapp fit une défense merveilleuse contre les assiégeants prussiens et russes assistés d'une flotte anglaise. La capitulation signée le 17 novembre 1813 par laquelle il s'engageait à remettre la place le 1er janvier 1814 et obtenait les honneurs de la guerre à la condition de ne pas servir pendant un an contre les coalisés, ne fut pas respectée par le tsar Alexandre Ier.
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Gdansk : la porte Dorée.
La Porte Dorée (Zlota Brama), à Gdansk. Elle a été érigée entre 1612 et 1614.
Images : The World Factbook.

Le 3 février 1814, les Prussiens rentrèrent en possession de Gdansk. Malgré l'inondation de 1829, le choléra de 1831, l'incendie de 1858, la ville a grandi rapidement; après 1863, les progrès furent considérables; ils se sont ralentis. A partir du 1er juillet 1878, Gdansk devint la capitale de la province de Prusse occidentale.

Après la reconstitution de la Pologne, au lendemain de la Première Guerre mondiale, une accès à la mer est assuré au pays, à l'Ouest de Gdansk (le "couloir de Danzig"), mais Gdansk, dont la majorité de la population est Allemagne et que les vainqueurs ne souhaitent pas rattacher à l'Allemagne vaincue, devient, pour la troisième fois de son histoire, mais cette fois sous la tutelle de la SDN, ville libre. Elle gardera ce statut juqu'à l'invasion de la Pologne par les troupes hitlériennes en 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, Gdansk est finalement rattachée à la Pologne.

En 1970, une révolte ouvrière contre la vie chère embrase Gdansk et d'autres villes du littoral polonais de la Baltique (Sopot, Gdynia). Elle donne l'occasion à un ouvrier électricien des chantiers navals, Lech Walesa, de faire ses premières armes. On retrouvera celui-ci à la tête du syndicat indépendant Solidarnosc (Solidarité), lors de la grève générale  qui se déclenche en juillet 1980, et qui trouve rapidement son point d'ancrage dans les chantiers navals Lénine de Gdansk. Après la chute du communisme (1989), Walesa sera élu président de la Pologne (1990-1995). (A.-M. B.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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