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La
Lettonie a été constituée pour la premièe
fois en tant qu'État au lendemain de la Première
Guerre mondiale à partir des quatre anciennes provinces russes
de Courlande ,
de Livonie ,
de Zemgale ou Sémigalle et de Latgale (les deux dernières
étant d'anciennes dépendances de la Courlande), peuplée
de lettons, un groupe de population de langue balte, apparenté aux
Lituaniens .
Auparavant, l'histoire de la Lettonie se confond donc avec les histoires
de la Livonie et de la Courlande.
Des marchands brémois,
jetés par la tempête sur les côtes de la Livonie ,
en 1158, l'ont l'ait connaître les premiers au reste de l'Europe .
Le christianisme
y fut introduit 30 ans plus tard par le moine Augustin Meinhard. L'évêque
Albert y bâtit Riga
en 1200, et y fonda, en 1204, l'ordre des chevaliers Porte-Glaives.
Après la fusion de ces derniers avec les chevaliers
Teutoniques, la Livonie qui appartenait aux premiers, et la Courlande
des seconds eurent les mêmes maîtres. Le dernier grand maître
de l'ordre des Porte-glaives, Gotthard Kettler (ou Ketteler), embrassa
le protestantisme ,
et livra en 1562 les possessions de l'ordre au roi de Pologne ,
qui le fit duc de Courlande et de Sémigalle, et vayvode de Livonie,
sous sa suzeraineté. Les
Russes ,
les Suédois
et les Polonais se disputèrent la Livonie pendant près d'un
siècle, et la Pologne la céda en 1660 à la Suède,
à l'exception du district de Dunabourg, appelé dès
lors Livonie Polonaise. La Suède enfin l'abandonna à la Russie
en 1721, par la paix de Nystadt. vers la même époque, Anne,
princesse de Russie, veuve du dernier duc de Courlande et devenue impératrice,
fit alors élire son favori Biren duc de
Courlande. Il eut pour successeur son fils Pierre, dont l'abdication, en
1795, fut suivie de la réunion de la Courlande à la Russie.
La Livonie ,
la Courlande
désormais possessions russes, formèrent, avec l'Estonie ,
ce que l'on appela les provinces baltiques. Dans ces provinces l'aristocratie
restait allemande ,
tandis que les populations étaient finnoises où lettones.
Cette aristocratie - "la barons baltes" - qui a fourni à la Russie
un grand nombre de généraux et d'hommes d'État a longtemps
profité de sa situation privilégiée - situation garantie
longtemps de la part des Russes ,
par des engagements diplomatiques - pour germaniser la population. Vers
la fin du XIXe siècle, le gouvernement
russe s'est efforcé d'émanciper les non Allemands, de les
convertir à l'orthodoxie et d'introduire la langue russe dans l'administration
et dans l'enseignement. Ces mesures ont provoqué chez les Allemands
des provinces et de l'empire d'Allemagne de violentes récriminations.
La Livonie prit même part en 1863 au soulèvement des Polonais
contre la domination russe. Et lorsqu'éclatera la Première
guerre mondiale, surtout après les incertitudes qui suivront la
révolution bolchévique, en Livonie et en Courlande, comme
en Estonie, les barons baltes montreront un intérêt particulier
à l'entrée dans leur pays de l'armée allemande, en
1915, alors que la population lettone se range plutôt du côté
russe et s'oppose l'avancée des troupes allemandes qui n'occupèrent
complètement la Lettonie qu'en 1918, peu avant la fin des hostilités,
le 11 novembre.
Après la défaite
des puissances centrales, une partie des Lettons montrèrent qu'ils
ne souhaitaient pas plus l'occupation russe que l'occupation allemande .
Une guerre civile suivit la proclamation de l'indépendance par le
Conseil national letton, en novembre 1918. Pourtant, la grande crise qu'avait
subie la Russie
au cours du conflit et de la Révolution soviétique, l'organisation
de l'Europe sur un plan nouveau, favorable aux nationalités favorisèrent
au final les indépendantistes lettons, en même temps qu'elles
ont permis la constitution d'une Lituanie
et d'une Estonie
indépendantes, à partir des anciennes provinces baltes. Le
26 janvier 1921, la Lettonie qui avait déjà été
reconnue comme État indépendant par la Russie soviétique
le 11 août 1920 a été reconnue de jure par les
puissances alliées; elle a été admise le 22 septembre
1921 dans la Société des Nations.
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Le
Monument aux Tirailleurs rouges, érigé à Riga
en 1970, rend hommage aux tirailleurs qui ont aidé les Bolcheviks
pendant la révolution russe de 1917 et la guerre civile qui s'en
est suivi (1918-1920). Il est l'un des rares symboles de l'ère soviétique
qui restent encore dans la capitale de la Lettonie. Certains habitants
estiment qu'il devrait être démolu, mais d'autres soutiennent
son maintien, car il honore les Lettons qui ont combattu dans la Première
Guerre mondiale.
Source
: The World Factbook.
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Une constitution
démocratique fut adoptée en février 1922, en même
temps qu'une réforme agraire, comme en Estonie
au même moment, permettait la répartition des terres accaparées
jusque là par les barons baltes, qui perdirent dès lors tous
leurs privilèges. Mais comme en Estonie aussi, le fonctionnement
démocratique du pays fut paralysé par ses instabilités,
et déboucha, en mai 1934, la même année que chez le
voisin du Nord, sur un coup d'État. Karlis Ulmanis instaura une
dictature à caractère fascisant. A la suite du pacte germano-soviétique
(août 1939), la Lettonie passa dans la sphère d'influence
de l'Union soviétique .
Elle fut annexée en août 1940 par l'URSS, en même temps
que les deux autres républiques baltes. Et, en juillet 1941, elle
fut envahie par les troupes hitlériennes, plutôt bien accueillies
par une population qui voit en elles un moyen de se débarrasser
des Soviétiques. Beaucoup s'engagèrent dans la Wehrmacht
ou même dans la Wafen SS. Près de 80 000 Juifs
périrent, victimes des Nazis, de la police lettone et des milices
lettones nationalistes. Quand les Soviétiques reprirent le contrôle
de la Lettonie, ils déportèrent en masse en Sibérie
les opposants à leur retour. En quelques années la Lettonie
devint une République socialiste soviétique comme les autres,
et bénéficia même de forts investissements qui développèrent
son industrie.
Le pays fut, à
l'instar des deux autres républiques baltes, précurseur dans
les mouvements indépendantistes qui ont fleuri en URSS
après l'accession au pouvoir de Gorbatchev, en 1985. En 1990, le
soviet suprême de la Lettonie annonça son intention de déclarer
l'indépendance après une période transitoire, qui
fut sensiblement écourtée par les événements.
L'indépendance de la Lettonie fut ainsi proclamée par le
parlement letton dès janvier 1991, et approuvée par référendum
en mars. Lors du coup d'État tenté contre Gorbatchev,
en août 1991, les putschistes tentèrent de reprendre le contrôle
par la force de la Lettonie. Mais l'échec de la tentative consacra
l'indépendance pleine et entière du pays, qui fut reconnue
par la communauté internationale dès le mois de septembre.
En 1993, la constitution de 1922 fut rétablie et Guntis Ulmanis
était élu président. Il a été réélu
en 1996, puis, en 1999, Vaira Vike-Freiberga lui succédera (pour
deux mandats de quatre ans), devenant alors la première femme à
accéder à ce poste dans un pays de l'ancien bloc soviétique.
En 2004, la Lettonie est entré dans l'Otan (avril) et dans l'Union
européenne (mai). Son parlement a approuvé le projet de constitution
européenne en 2005. Le pays est ensuite entré dans la zone
euro (2014) et dans l'OCDE (2016). |
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