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L'histoire de la Belgique
Les Romains désignaient sous le nom de Belges les peuples qui habitaient entre la Seine et le Rhin. Les Belges, continuellement en guerre avec les Germains étaient plus belliqueux que les autres Gaulois; aussi firent-ils à César une plus longue résistance. Les peuples de cette contrée qui jouèrent le plus grand rôle  dans cette guerre furent les Séquaniens, les Bellovaques et les Rémois. Sous Dioclétien, qui opéra le remaniement des provinces de l'empire, la Belgique fut divisée en deux provinces distinctes : la Belgique Ire était limitée par la Belgique Ile, la Germanie, la Lyonnaise et la Séquanaise; la Belgique II, limitée par la Germanie, la mer du Nord, la Manche et la Lyonnaise, comprenait à peu près le territoire actuel de la Belgique.

Le Moyen âge et la Renaissance.
Au Moyen âge, et avant d'être soumise à la domination bourguignonne, la Belgique était divisée en un grand nombre de fiefs indépendants les uns des autres et sans aucun lien de nationalité. L'archiduc Maximilien, en devenant l'époux  de Marie de Bourgogne, fille et héritière de Charles le Téméraire, réunit le premier sous sa domination le Brabant, le Hainaut, la Hollande, la Zélande et Namur, en 1477. Le sort de la Belgique changea sous l'archiduc Philippe, fils de Maximilien. Philippe et sa soeur Marguerite avaient épousé Jeanne et Jean, tous deux enfants de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle de Castille. L'archiduc Philippe mourut en 1506 au moment où il allait recueillir la succession d'Isabelle et prendre la couronne d'Espagne. Après sa mort, les Pays-Bas furent dévolus à l'archiduc Charles d'Autriche, plus tard Charles-Quint, et administrés, pendant sa minorité, par Marguerite, sa tante. C'est ainsi que se trouvèrent réunies la couronne d'Espagne et celle des Pays-Bas. 
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Départ de Bruxelles du duc d'Albe.
Rappelé en Espagne, le duc d'Albe quitte Bruxelles.

Les troubles religieux désolèrent ce pays pendant la domination espagnole. L'administration du duc d'Albe, qui avait promis de tirer plus d'or des Pays-Bas que n'en rapportait le Pérou, et qui, en effet, ruina le pays par des impôts qui n'étaient qu'une confiscation déguisée, amena une révolte générale. On reprochait aussi au gouverneur d'avoir fait périr 18 000 habitants sur les bûchers de l'Inquisition. Les gouverneurs qui vinrent après lui ne purent apaiser la fureur populaire. Le conseil d'État prit la direction des affaires en 1576; les diverses provinces se formèrent en confédération, et les confédérés signèrent à  Gand le fameux traité connu sous le  nom de pacification de Gand par lequel ils juraient de chasser les Espagnols. Cependant, une transaction intervint, et Philippe II, roi d'Espagne, accepta par l'édit perpétuel les conditions que les Pays-Bas mirent à leur soumission : Don Juan d'Autriche fut alors accepté comme gouverneur général; mais les Espagnols et les autres troupes étrangères durent évacuer le pays. Cependant, les confédérés ne déposèrent pas les armes, et en 1579 ils signèrent l'union d'Utrecht, qui devint la base constitutive de la république des Provinces Unies.

Des temps modernes, mais agités.
La lutte continua encore contre Philippe II avec des alternatives diverses; mais il fut enfin forcé de reconnaître l'indépendance des Pays-Bas. Il maintenait. cependant sa domination dans les provinces du Sud. Louis XIV, dans les guerres qu'il soutint contre la maison d'Espagne, s'empara de la plupart des possessions qui lui restaient en Belgique et dans le Nord de la France. Par le traité d'Utrecht, conclu en 1713, Louis XIV donna la Belgique à l'empereur Charles VI. Les Hollandais, profitant du dénuement dans lequel se trouvait la Belgique, traitèrent avec l'empereur pour avoir le droit d'y tenir garnison. Leur but était d'asservir la Belgique en détruisant la concurrence commerciale qu'ils pouvaient redouter de la part des Belges, et en même temps de couvrir leurs frontières du côté de la France et de l'Allemagne. A la mort de Charles VI, la Belgique appartint à Marie-Thérèse d'Autriche; mais sa souveraineté ne fut jamais bien établie, en raison de l'immixtion de la Hollande dans les affaires de la Belgique. Les Hollandais étaient parvenus à interdire la navigation de l'Escaut. Joseph Il, qui succéda a Marie-Thérèse, fut trop faible pour résister aux Hollandais, et les Belges finirent par se révolter contre lui. Le 24 octobre 1789, le peuple brabançon proclama la déchéance de Joseph II. Les Autrichiens, frappés de terreur, évacuèrent le pays sans coup férir.

Les provinces belges se constituèrent alors sous le nom d'États belgiques unis. Cependant, ne recevant pas les secours qu'ils attendaient de la République française, et craignant d'être attaqués par les Autrichiens, ils élurent spontanément le troisième fils de Léopold, empereur d'Autriche, l'archiduc Charles, grand-duc héréditaire de la Belgique. Mais l'armée autrichienne envahit les provinces belges, et exigea une soumission complète. En 1791, une armée républicaine française s'ouvrit la Belgique par la victoire de Jemmapes,  et elle fut d'autant mieux accueillie que le premier acte du gouvernement fut de proclamer la liberté de la navigation de l'Escaut. Cependant les Belges, attachés à leurs convictions religieuses, s'effrayèrent des idées nouvelles que les Français répandaient dans leur pays, et rappelèrent les Autrichiens. Ceux-ci ne purent s'y maintenir, et la France resta en possession de ce pays jusqu'en 1814. A cette époque, les Prussiens y pénétrèrent. Napoléon fit de nouveaux efforts pour reconquérir le pays, mais il fut vaincu à Waterloo; et dès ce moment la Belgique fut perdue pour la France. La Hollande devint alors maîtresse de cette contrée. Mais en 1830, la révolution française de juillet eut son contrecoup en Belgique.

Les patriotes belges conquirent définitivement leur indépendance, résolurent d'appeler au trône de Belgique le duc de Leuchtenberg. Louis-Philippe, craignant les conséquences de la souveraineté d'un membre de la famille de Napoléon sur un royaume si près de la France, contrebalança ce choix en faisant proposer son fils,  le duc de Nemours; ce prince ayant été accepté, Louis-Philippe, redoutant l'opinion des grandes puissances, refusa à son tour; c'est alors que le congrès, sur la recommandation de l'Angleterre, élut Léopold de Saxe-Cobourg, qui monta sur le trône et prêta serment à la constitution, le 21 juillet 1831. La Hollande tenta un dernier effort pour ressaisir la Belgique; mais une armée française intervint pour faire respecter l'indépendance de ce pays. Après de longues conférences tenues à Londres, et grâce à l'intervention de la France, la Belgique fut reconnue indépendante. La même année, les deux chambres, par un votre libre, décernèrent à Léopold I, prince de Saxe-Cobourg, la couronne, qu'elles avaient d'abord offerte au duc de Nemours, deuxième fils de Louis-Philippe. Ce n'est néanmoins qu'en 1839, après le traité de paix conclu entre la Hollande et la Belgique et le partage du Luxembourg et du Limbourg, que ce royaume  a été définitivement reconnu par toutes les puissances de l'Europe. Il a été en même temps déclaré « État indépendant et perpétuellement neutre ».
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Blason de la Belgique.
Armoiries du royaume de Belgique.

Le Royaume de Belgique jusqu'en 1919.
Au lendemain de la Révolution, il y avait eu une sorte de trêve des partis, mais l'entente entre catholiques et libéraux était précaire. La sagesse du roi Léopold sut pourtant tenir entre eux la balance égale et les accoutumer à la pratique du régime parlementaire. Le ministère catholique de Theux-Muelenaere, formé en 1834, dut se retirer en 1840, à la suite de troubles dans la rue, et fut remplacé par le ministère libéral Lebeau-Rogier, qui commença par proclamer une amnistie générale. Mais une adresse du Sénat, en date du 17 mars 1841, suivie d'un vote de défiance, le força à se démettre (avril 1841). Un cabinet de conciliation fut formé par Nothomb : il fit voter une loi sur l'instruction primaire qui ranima les vieilles querelles; l'enseignement religieux, obligatoire à l'école publique, y serait donné par des membres du clergé, sous la surveillance de l'État. Les libéraux, tout en admettant la liberté de l'enseignement public à tous les degrés, entendaient qu'il fût placé sous le contrôle exclusif du pouvoir civil. Ils réclamaient en outre l'abaissement progressif du cens électoral. Au cabinet Nothomb succédèrent un ministère libéral Van de Weyer, puis un ministère catholique de Theux, remplacé, en 1847, par un ministère libéral Rogier.

Voisine de l'Angleterre, la Belgique s'inspirait de son exemple dans le jeu de ses institutions parlementaires. Mais, si l'un des deux grands partis qui s'y disputaient le pouvoir s'intitulait aussi libéral, il différait surtout de l'autre (catholique) par sa conception des rapports de l'Église et de l'État. Arrivé aux affaires en 1847, il y resta, à part le bref intermède d'un cabinet catholique (1855-1857), pendant toute la durée du second Empire, eut pour chef Charles Rogier, président du Conseil de 1847 à 1853 et de 1857 à 1868, et finit par succomber à ses dissensions intérieures comme à un retour offensif de ses adversaires, au moment même où il croyait avoir élargi à son avantage la loi électorale (1870). Favorisée par le développement économique du pays, sa prépondérance fut à la fin compromise par les premières manifestations de ce mouvement flamingant qui devait, dans la période suivante, dominer la vie politique du pays.

Le poison linguistique. - La question des langues tient une place considérable dans l'histoire contemporaine de la Belgique. La région ondulée du Sud-Est et les plaines du Nord et de l'Ouest sont habitées par des populations bien distinctes au point de la langue que des autres aspects de la culture en général : les Wallons et les Flamands. Au XIXe siècle, cette dualité s'est traduite en particulier par un conflit entre les deux langues, dont chacune fut tour à tour prédominante, suivant les fluctuations de la politique : les libéraux étant en général favorables au français et la droite au flamand, parlé surtout par les catholiques. Après 1850, la Constitution reconnut au français le caractère de langue officielle. Tout aussitôt, il se forma un mouvement qui ne cessa de se développer, le flamingantisme, et qui aboutit à faire consacrer légalement l'usage du flamand en matière de justice, d'administration et d'enseignement. La flamandisation de l'Université de Gand, au détriment de la culture française, ne devait être obtenue qu'en 1923, après une longue bataille : les Allemands, qui n'avaient pas manqué d'exploiter le flamingantisme au profit du pangermanisme, essayèrent, pendant la Grande Guerre, de dissocier l'unité belge en réalisant la séparation administrative des deux régions.
Lorsque se posa, en 1867, la question du Luxembourg, la Belgique prit part à la conférence de Londres, mais sans contresigner la garantie de neutralité du grand-duché, Dans le même temps, on s'inquiétait vivement des projets d'annexion de la Belgique que l'on prêtait à Napoléon III. Le gouvernement présenta une demande de crédits et porta (avril 1868) le contingent annuel de 10 000 hommes à 12 000 hommes. Ces préparatifs demeurèrent inutiles : Bismarck qui, après Sadowa, avait fait miroiter aux yeux de Napoléon III la conquête de la Belgique à titre de compensation, joua l'empereur et l'empêcha de rien prendre, tout en le rendant suspect à ses voisins. Ainsi la Belgique se trouva, de par sa neutralité, qu'elle crut un instant menacée par Napoléon III, à l'abri des complications européennes : ses deux premiers rois, Léopold Ier (1831-1865) et Léopold II (1865-1909), profitèrent de leurs relations de famille avec la plupart des maisons souveraines pour exercer dans les conseils de l'Europe une influence avantageuse pour leur pays. 

Sous le règne de Léopold II (1865-1909) (qui mena une politique criminelle au Congo, mais dont l'attitude à l'intérieur de la Belgique fut, comme celle de son prédécesseur, respectueuse de la constitution), le parti catholique disposa le plus souvent du pouvoir. Au cabinet libéral Frère-Orban succédèrent les cabinets Anethan (1870) et Malou (1871), sous lesquels le parti catholique prédomina, notamment en matière d'instruction publique; mais les élections de 1878 donnèrent la majorité aux libéraux et le roi confia de nouveau à Frère-Orban la mission de constituer un ministère. Frère-Orban obtint le vote d'une loi qui rendait à l'État la direction de l'enseignement (1879), et la question religieuse prit un caractère d'acuité qu'elle n'avait jamais eu. Les fêtes de l'indépendance belge purent être néanmoins célébrées avec éclat (1880); mais le mauvais état des finances et les divisions du parti libéral aboutirent, lors des élections de mai 1884, à la défaite du gouvernement.

Malou revint aux Affaires, renoua avec le Vatican les relations diplomatiques, interrompues sous le précédent ministère, et déposa un projet de loi tendant à remplacer les écoles d'État par des écoles libres. La question religieuse était devenue si ardente que le roi, en octobre 1884, choisit comme président du Conseil Beernaert qui, tout en partageant les idées du groupe catholique, entendait les appliquer avec modération. S'il remplaça la loi scolaire libérale par une loi conforme aux doctrines de son parti, il se montra prudent dans la réalisation de ses initiatives. Il se trouva bientôt aux prises avec les socialistes. Non seulement ses libéraux se pénétraient de l'esprit démocratique sous l'influence de Janson, mais encore et surtout un parti socialiste avait été fondé en 1885, par César Paepe, sur le modèle de la social-démocratie allemande. Le développement industriel et commercial de la Belgique avait concentré dans les vallées de la Sambre et de la Meuse, à Bruxelles et à Anvers, des agglomérations considérables de travailleurs : les chefs du parti les organisèrent fortement en syndicats, en coopératives, dont la principale fut le Vooruit de Gand, et utilisèrent les forces ouvrières pour des fins politiques.

Vers le même temps, l'agitation révisionniste devint plus vive. La Belgique était encore régie par la Constitution de 1831, qui avait établi le cens, et une loi du 24 août 1883 avait appliqué en outre le système de l'adjonction des capacités. Les socialistes organisèrent en 1890 de grandes manifestations en faveur du suffrage universel et, comme l'extension du droit de vote était aussi dans le programme du parti libéral, Beernaert s'efforça de réaliser  l'accord des partis. Tâche difficile, car la droite était nettement hostile, et la gauche était divisée sur la formule à appliquer.

Après de longs débats, les deux Chambres votèrent, en mai 1892, le principe de la révision, en spécifiant les articles à réviser, et la Constituante se réunit le 12 Juillet. Les votes, en matière de révision, devaient être émis par les deux tiers des suffrages au moins; or, le parti catholique ne disposait plus de cette majorité des deux questions les plus discutées étaient l'établissement du suffrage universel, réclamé par les gauches, et le référendum, demandé par le roi, mais diversement apprécié par les partis de droite et de gauche. Le rejet de la motion Janson, en faveur du suffrage universel pur et simple, amena une violente agitation ouvrière. Le président du Conseil, craignant de voir l'émeute dégénérer en révolution, conjura la droite de se rallier à la formule Nyssens, qui admettait le suffrage universel en le tempérant par le vote plural. Le vote de cette proposition à une forte majorité (21 avril 1893) amena une détente dans le pays, et les textes révisés de la Constitution furent sanctionnés par le roi, le 7 septembre 1893.

Il restait encore à examiner le projet de loi électorale, qui tendait à tenir compte de la représentation des minorités. Beernaert donna sa démission, et c'est sous le ministère Burlet - ministère de droite - que la Belgique fit la première expérience du suffrage universel (14 octobre 1894). Le parti libéral sortit presque annihilé de la mêlée, alors qu'une représentation socialiste arrivait au Parlement.

Après Smet de Naeyer (1896-1899), qui dut se retirer devant un nouveau mouvement révisionniste, Vandenpeereboom prit la présidence du Conseil. Pressé par une fraction de la majorité d'instituer la représentation proportionnelle, il proposa cette réforme dans de telles conditions qu'il provoqua une opposition très vive à la Chambre et une émeute dans la rue. Smet de Naeyer, rappelé par le roi, fit voter (décembre 1899) le scrutin de liste par province avec représentation proportionnelle pour les élections à la Chambre des représentants et pour les élections au Sénat. L'application de ce système permit au parti libéral de se reconstituer; le parti catholique conserva néanmoins la majorité, mais il se trouva affaibli par la formation d'un groupe dissident, la « jeune droite », sous la direction de Beernaert (1906).

Les Chambres avaient ratifié, en 1885, l'acceptation par Léopold II de la souveraineté de l'État du Congo, qui était sa propriété personnelle. Mais les scandales qui éclatèrent à propos de l'exploitation éhontée et des mauvais traitements infligés aux Congolais conduisit  à retirer la propriété de cet État au roi. Le Congo fut cédé à la Belgique, qui l'annexa et en fit une colonie en 1908. Le roi Albert lersuccéda à Léopold II, son oncle, en 1909. Broqueville constitua en 1911 un cabinet de droite sans caractère accentué. Le résultat de la consultation électorale de 1912 fut défavorable aux libéraux, et le parti catholique, qui avait paru perdre du terrain, obtint une majorité plus forte tant à la Chambre qu'au Sénat. Mais, en avril 1913, les socialistes recoururent à la grève générale pour obtenir l'abolition du vote plural, et la question fut aussitôt mise à l'étude par le gouvernement.

Les libéraux et les socialistes attaquaient également l'organisation militaire du pays; ils voulaient substituer au tirage au sort le service obligatoire universel. En 1912, pour mettre fin à cette agitation, et sans doute aussi en présence des préparatifs de l'Allemagne, le ministère leur donna satisfaction. La guerre de 1914 devait surprendre la Belgique en pleine réorganisation militaire. Le 4 août 1914, après avoir qualifié de «-chiffon de papier », le traité qui garantissait la neutralité de la Belgique, l'Allemagne envahit la Belgique pour attaquer la France. Ses troupes l'occuperont presque entièrement jusqu'en 1918; l'armée belge ayant cependant réussi à maintenir jusque là ses positions le long de l'Yser. 


Uniformes de l'armée belge vers 1900.
La Belgique contemporaine.
A l'issue de la Grande guerre, la Belgique se voit confier par la Société des Nations (SDN) un mandat pour administrer l'ancienne colonie Allemande du Ruanda-Urundi. Elle abandonne aussi sa neutralité, en signant une alliance militaire avec la France en 1920. Au même moment, les problèmes politiques internes du pays, mis entre parenthèses pendant quatre ans, refont surface. Aux vifs débats qui opposent catholiques et socialistes, après que le suffrage universel ait été adopté par une assemblée constituante le 6 novembre 1919, s'ajoutent les revendications récurrentes des nationalistes flamands qui réclament la transformation de la Belgique en un État fédéral. Ils obtiendront finalement gain de cause en 1930, quand la Flandre et la Wallonie deviennent des régions monolinguistiques.

En 1934, le roi Albert ler meurt accidentellement et est remplacé sur le trône par son fils, Léopold III, sous lequel, en octobre 1936, la Belgique opte pour un retour à  la neutralité. Peine perdue. Le 10 mai 1940, l'armée allemande envahit une nouvelle fois la Belgique. En désaccord avec le roi, le gouvernement s'exile à Londres, au moment au Léopold III choisit de signer la reddition. Le pays est occupé et ne sera libéré par les forces alliées qu'en 1944. La guerre terminée, on reprochera au roi (emprisonné pendant le conflit en Allemagne, puis en Autriche) sa trop grande complaisance vis-à-vis d'Hitler, qu'il avait même rencontré en novembre 1940, à Berchtesgaden. Un comportement bien éloigné de la fermeté et du courage dont avaient fait preuve son père, Albert Ier, et qui inaugure ce qu'on a appelé la Question royale, alimentée de plus par un remariage mal accepté par la population. Il en a résulté dans un premier temps une mise à l'écart du souverain (la régence fut assurée par son frère Charles), et lorsqu'il voulut revenir en 1950, l'agitation fut telle qu'il dût abdiquer le 17 juillet 1951. Son fils Baudouin Ier devint alors roi des Belges.

Le dénouement de la Question royale laisse entier les autres questions qui animent traditionnellement la vie politique belge. A partir de 1954, le problème scolaire continue de dresser les catholiques du parti social-chrétien, partisans de l'enseignement libre, aux partisans de l'enseignement laïque, et que défend en particulier le gouvernement Van Acker. A l'initiative du gouvernement social-chrétien du ministre Eyskens, un Pacte scolaire est conclu finalement en 1958 par les trois principaux partis (socialiste, libéral, social-chrétien), qui autorise la coexistence des deux systèmes. Il sera ratifié par une loi, en mai 1959. Quant à la question linguistique, intiment liée à celle du fédéralisme, elle s'est rallumée au moment de la question royale, quand les Flamands ont pris conscience de leur force, et ont commencé à contester, usant parfois de violence, la suprématie qu'ils disaient être celle de la partie wallone du pays. Cette fois, la tentative de conciliation, avec les loi de 1962 et 1963 sur l'égalité des langues française et flamande dans l'enseignement et l'administration ne régla, et sembla plutôt envenimer encore la dispute. Enfin, un autre problème marqua cette période, celui de la décolonisation du Congo. Préparée en catastrophe, cette indépendance est accordée le 30 juin 1960, mais débouche sur une période de troubles, au cours de laquelle la province minière du Katanga, fait sécession, sous la conduite de Moïse Tshombé. La Belgique, qui envoie des troupes sur place, semblant par là soutenir la rébellion, et inaugure une longue période de relations très difficiles avec son ancienne colonie (rebaptisée Zaïre, puis République démocratique du Congo). Ajoutons, pour clore ce sujet, que la Belgique a accordé en 1962, l'indépendance au Ruanda-Urundi, donnant naissance aux États actuels du Rwanda et du Burundi.

Toutes ces difficultés,  n'ont pas empêché la Belgique de l'après-guerre de connaître une période de prospérité. Elle a aussi resserré ses liens avec les autres européens, en tant que membre fondateur de la Communauté économique européenne (signature du Traité de Rome, en 1957). Bruxelles, qui partage avec Luxembourg et Strasbourg le siège des institutions européennes, est progressivement devenu LA capitale de la CEE, puis, depuis 1992 (Traité de  Maastricht) de l'Union européenne, grâce à l'importance croissante, surtout à partir des années 1980, de la Commission européenne qui a son siège dans la capitale belge. Elle est aussi, d'une certaine façon, la capitale de l'OTAN dont elle accueille le commandement intégré, depuis le retrait de la France, en 1967.

Dans les années 1970, la Belgique, comme tous les autres pays développés a ressenti durement les contrecoups des deux chocs pétroliers (1973 et 1979). Une crise économique naissante, qui ici s'est aussi manifestée, comme chaque fois, par le resurgissement des antagonismes entre Flamands et Wallons. Les premiers se révélant désormais plus prospères que les seconds. Au cours des années suivantes, sous le gouvernement social-chrétien flamand Wilfried Martens, entre 1979 et 1992,  le caractère fédéraliste du royaume s'accentue, mais n'empêche pas la constante montée du nationalisme flamand, dont la composante la plus extrémiste, le Vlaams Blok, devenu depuis novembre 2004 le Vlaams Belang, recueille de plus en plus d'échos. La perspective de la sécession de la Flandre, sous prétexte que la Wallonie serait pour elle un boulet économique, commence même a être évoquée par des voix jusque là considérées comme modérées. Une solution est recherchée en 1993 par un amendement de la Constitution qui transforme la Belgique en Etat fédéral, en consacrant la reconnaissance de trois grandes unités administratives largement autonomes, la Flandre (néerlandophone), la Wallonie (francophone) et Bruxelles (qui est une enclave majoritairement francophone, dans la Flandre).

Après qu'Albert II, ait succédé à son frère Baudouin, mort le 31 juillet 1993, en Espagne, la Belgique s'est trouvée confrontée à plusieurs affaires de natures différentes, mais qui ont, chacune à sa façon, fortement affecté le moral de la population et témoignent du climat qui a régné dans le pays au cours des dernières années.  L'une (affaire Dutroux) concerne l'arrestation en 1996 d'un pédophile et assassin d'enfants, à l'occasion de laquelle de nombreux dysfonctionnements dans le fonctionnement de la justice et de la police (rivalités police, gendarmerie) ont étés mis au jour; une autre (scandale de la contamination à la dioxine), en 1999, a conduit à la démission du gouvernement de coalition (formé en 1992) du social-chrétien Jean-Luc Dehaene, qui a dû céder la place au  gouvernement de coalition de centre-gauche de Guy Verhofstadt (reconduit en 2003, à la tête d'une coalition de libéraux et de socialistes); enfin, un accident de train, en mars 2001, qui a remis a vif une fois de plus le problème linguistique, puisqu'on invoque, pour l'expliquer une mauvaise compréhension  entre un locuteur flamand et un locuteur francophone. Le 13 décembre 2006,  la RTBF (Radio télévision belge francophone) annonce la sécession de la Flandre. C'est un canular, mais ils suscite un grand émoi dans le pays tant le clivage entre francophones et néerlandophones s'est accentué.

En juin 2007, Guy Verhofstadt présente la démission de son gouvernement après les mauvais résultats électoraux de sa coalition. Il reste cependant pour gérer les affaires courantes en attendant qu'une nouvelle coalition puisse se constituer. Après plusieurs tentatives infructueuses, la Belgique est restée sans gouvernement  jusqu'en décembre 2007, date à laquelle Verhofstadt a été de nouveau chargé de diriger un gouvernement d'intérim. En février 2008, un accord comprenant le transfert de pouvoirs supplémentaires aux régions fait espérer un retour à la normalité politique. Le mois suivant, Yves Leterme prend la tête d'un nouveau gouvernement, ce qui semble mettre un terme à neuf mois de crise. Mais en juillet, Leterme ne réussissant pas à obtenir un accord sur le partage du pouvoir entre néerlandophones et francophones propose sa démission, qui est refusée pa le roi. (GE).

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