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Genève
 Genève, Geneva en latin, Genf en allemand, est une ville de Suisse, chef-lieu du canton de Genève, située à l'extrémité du lac Léman et sur les deux rives du Rhône qui la traverse, et près du confluent du Rhône et de l'Arve, à 507 kilomètres au Sud-Est de Paris; 178 000 habitants. Commerce important de transit; navigation active sur le lac; banques, institutions internationales.

En face du sauvage Salève et des montagnes de la Savoie derrière lesquelles, dans le lointain, le mont Blanc présente son majestueux dôme de neige,, Genève avec ses rues animées, ses quais, ses monuments, ses hautes maisons, est non seulement un site d'une rare beauté, mais aussi une grande ville dans le sens le plus large du mot, bien que sa population n'en fasse qu'une ville de moyenne importance. 

Plusieurs ponts relient les deux rives du fleuve; le plus long et le plus rapproché du lac est le pont du Mont-Blanc, d'où l'on jouit d'une vue magnifique; tout près une petite île, sur laquelle on voit un modeste monument élevé à Jean-Jacques Rousseau

L'église de Saint-Pierre, qui domine une partie de la ville et dans laquelle se trouvent les tombeaux du duc Henri de Rohan et d'Agrippa d'Aubigné, est le principal temple consacré au culte protestant; Notre-Dame, édifice moderne, sert aux catholiques. L'hôtel de ville, très ancienne construction, est remarquable; on pouvait monter à cheval jusqu'au deuxième étage. Genève possède un grand théâtre, construit au XIXe siècle sur le modèle de l'Opéra de Paris. 

Sur la place qui s'étend devant, la statue équestre du général Dufour exécutée par le sculpteur Lanz. Non loin du lac, le monument, plus luxueux que beau, élevé par la ville au duc de Brunswick dont elle a été instituée légataire universelle d'une grosse fortune. Au jardin anglais situé au bord du lac, l'un des principaux agréments de la ville, un monument allégorique de le réunion de la petite république à la Confédération suisse. 
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Genève : l'île Rousseau.
L'île Rousseau à Genève.

Histoire de Genève.
L'histoire de Genève remonte aux temps les plus reculés. Place principale des Allobroges, César en fit un camp retranché. Elle fut comprise dans la Province romaine, et devint au Ve siècle une des villes principales des Burgondes. Suivant le sort de la Bourgogne, elle passa avec elle sous la domination des Francs, et devint, après Charlemagne, le siège d'un évêché souverain, relevant de l'Empire.

Pendant la féodalité, au Xe, le vassal chargé de l'administration du pays s'est rendu indépendant et prend le titre de comte de Genève ou plutôt comte du Genévois. Il a à soutenir des luttes continuelles avec l'évêque qui s'arroge une partie des pouvoirs publics. Le peuple, qui subit naturellement les conséquences de ces guerres intestines, appelle à son secours le comte de Savoie. Celui-ci devient souverain du pays vers la fin du XIVe siècle et prend le titre de duc. Lui aussi aspire à réduire les prérogatives de l'évêque et à opprimer le peuple. Le prélat conclut une alliance avec Berne contre le duc. -

Puis survient la Réforme. Genève l'embrasse avec ardeur, sous l'influence de Calvin et de Farel. Réunis dans un danger commun, le duc et l'évêque oppriment toujours davantage le peuple. Berne intervient, déclare la guerre au duc, s'empare de toutes ses possessions dans le pays de Vaud et délivre Genève de ce potentat (1535). En même temps, la ville chasse l'évêque. Dès lors, Genève est république, mais république théocratique, car Calvin en est le chef, tout au moins de fait, sinon de titre. Tout est soumis au dogme absolument obligatoire pour tous les citoyens; tout se trouve réglementé, la vie privée comme les réjouissances publiques.

En vain ce régime de fer provoque une forte opposition; les adversaires de Calvin, que l'on nomme les libertins, sont bannis, emprisonnés, décapités, et le réformateur intolérant et étroit peut mourir maître de Genève, après avoir fondé un régime politicoreligieux qui durera deux cents ans. Toujours allié de la redoutable république de Berne, Genève n'est plus inquiété par le duc de Savoie. Cependant une fois encore il tente de s'en emparer, séduit par la prospérité de la ville. C'était le 11 décembre 1602. Déjà les Savoyards, profitant de l'obscurité, ont appliqué des centaines d'échelles contre les murs et s'apprêtent à pénétrer dans la place, lorsqu'il sont découverts et chassés. Chaque année, le 11 décembre, on célèbre la fête de l'Escalade en commémoration de cette délivrance.

Insensiblement, la république de Genève, dont l'indépendance est désormais sous la garantie de la France, de Berne et de Zurich,  se transforma en république aristocratique; les anciennes familles s'arrogèrent le pouvoir; tous les emplois publics leur appartenaient; les simples naturalisés, les étrangers habitant la ville, ainsi que la population de la campagne, formaient les sujets. Toutefois cet état de choses ne se maintenait pas sans peine. Pendant la plus grande partie du XVIIIe siècle, il y eut continuellement des révolutions, le peuple réclamant les droits et prérogatives qu'il s'était octroyés à la chute de la domination savoyarde. 

Toujours alliée à Berne, Genève allait être réuni à la Confédération suisse, lorsque la France s'en empara, en 1798, et en fit le chef-lieu du département du Léman. Il a été dit plus haut qu'en 1814 la ville et son ancien territoire augmenté de quelques communes furent réunis à la Suisse. La première constitution établit une démocratie modérée. Mais, à cause du cens, les familles aristocratiques continuaient à dominer. Ce fut en 1842 seulement que leurs privilèges furent abolis de fait par une nouvelle constitution. Mais les partis politiques appelés depuis lors radicaux et conservateurs restaient, et souvent il éclatait des troubles, ce qui était d'autant moins surprenant que la ville avait une administration radicale, tandis que le pouvoir législatif et le gouvernement du canton étaient conservateurs.

L'attitude antifédérale que le gouvernement prit dans l'affaire du Sonderbund (L'histoire de la Suisse) causa sa perte. Une insurrection éclata, le conseil d'Etat abdiqua et, le 9 octobre 1846, un gouvernement provisoire, James Fazy à sa tête, prenait le gouvernement. Une nouvelle constitution, fut promulguée le 24 mai 1847.Cette nouvelle Suisse fédérale offre un cadre stable et favorable au développement de Genève.

Sous l'impulsion de James Fazy et de ses successeurs, Genève connaît une période de grands travaux et de réformes. La ville s'étend au-delà de ses murs, les fortifications sont démolies pour laisser place à de nouveaux quartiers et à des infrastructures modernes. Le réseau ferroviaire arrive à Genève en 1858, connectant la ville au reste de l'Europe et favorisant le commerce et l'industrie. L'économie genevoise, traditionnellement basée sur l'horlogerie et le commerce, se diversifie. Le secteur bancaire se développe, attirant des capitaux et consolidant la position de Genève comme place financière. Le tourisme commence également à prendre de l'importance, séduit par la beauté du lac et des montagnes environnantes.

Sur le plan politique, la période post-1847 est marquée par la domination du Parti radical de Fazy, mais aussi par l'émergence d'autres courants politiques, notamment le mouvement ouvrier et le Parti socialiste. Les questions sociales deviennent de plus en plus importantes avec l'industrialisation et l'augmentation de la population. Des lois sociales sont progressivement adoptées pour améliorer les conditions de travail et réduire les inégalités. La laïcisation de l'État est également une tendance forte, avec la séparation progressive de l'Église et de l'État.

Le XXe siècle est le siècle de la consécration internationale de Genève. Après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations (SDN) est établie à Genève en 1920, faisant de la ville un centre de la diplomatie multilatérale et de la coopération internationale. Ce choix est en partie dû à la tradition humanitaire de Genève, illustrée par la présence du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), fondé en 1863. L'arrivée de la SDN transforme profondément Genève, attirant des organisations internationales, des diplomates, des experts et des fonctionnaires du monde entier. La ville se dote d'infrastructures pour accueillir cette communauté internationale, notamment le Palais des Nations.

La Seconde Guerre mondiale interrompt cette dynamique internationale, mais Genève, bien que neutre, joue un rôle humanitaire important pendant le conflit. Après la guerre, la vocation internationale de Genève est confirmée avec l'établissement de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de nombreuses autres organisations internationales, spécialisées dans des domaines aussi variés que la santé (OMS), le commerce (OMC), le travail (OIT), les réfugiés (HCR), les télécommunications (UIT), etc. Genève devient ainsi un pôle majeur de la gouvernance mondiale.

L'expansion de la ville se poursuit au XXe siècle, avec la construction de nouveaux quartiers, notamment sur la rive droite du lac. Les infrastructures de transport sont modernisées et développées, avec la construction de l'aéroport international de Genève-Cointrin et l'amélioration du réseau routier et de transports publics. La population genevoise augmente considérablement, sous l'effet de l'immigration et de la présence internationale. Cette croissance démographique pose des défis en termes de logement, d'aménagement du territoire et de préservation de l'environnement.

Aujourd'hui, Genève est une ville cosmopolite reconnue mondialement pour son rôle international, sa qualité de vie élevée et son dynamisme économique. Elle reste un centre financier important, un pôle d'innovation et de recherche, notamment dans les domaines de la biotechnologie et des technologies de l'information. 
 

Les Accords de Genève.

L'appelation d'Accords de Genève s'applique à deux ensembles d'accords internationaux négociés à Genève, mais le terme est le plus souvent associé aux Accords de Genève de 1954 concernant l'Indochine. Il existe également les Accords de Genève de 1962 concernant le Laos

Les Accords de 1954.
Les Accords de Genève de 1954 furent le résultat d'une conférence internationale qui s'est tenue à Genève dans le but de régler plusieurs problèmes internationaux, dont la guerre d'Indochine. Cette guerre opposait depuis 1946 la France, puissance coloniale, au Việt Minh, mouvement nationaliste et communiste vietnamien dirigé par Hô Chí Minh. La situation s'était intensifiée avec la défaite française à Äiện Biên Phủ en mai 1954, rendant une solution négociée impérative.

La conférence de Genève s'est ouverte en avril 1954 et a réuni des représentants de neuf pays : la France, le Việt Minh (République démocratique du Viêt Nam), l'État du Viêt Nam (régime pro-français), le Laos, le Cambodge, le Royaume-Uni, l'Union soviétique, la République populaire de Chine et les États-Unis (en tant qu'observateur). Les discussions furent complexes et parfois tendues, reflétant les divisions de la Guerre Froide et les intérêts divergents des différentes parties.

Les accords, signés le 21 juillet 1954, se composent de plusieurs documents : des accords bilatéraux entre la France et chacun des trois États associés (Viêt Nam, Laos, Cambodge), une Déclaration finale de la Conférence de Genève non signée, et des déclarations unilatérales des différents participants. Le principal résultat fut la division temporaire du Viêt Nam au niveau du 17e parallèle. Le Nord du pays était attribué au Việt Minh (République démocratique du Viêt Nam) et le Sud à l'État du Viêt Nam. Un cessez-le-feu fut proclamé et le retrait des forces combattantes fut organisé de part et d'autre de la ligne de démarcation. Les accords prévoyaient également des élections générales devant avoir lieu en juillet 1956 dans tout le Viêt Nam sous supervision internationale, afin de réunifier le pays.

Concernant le Laos et le Cambodge, les accords reconnaissaient leur indépendance et leur neutralité. Les puissances s'engageaient à ne pas intervenir dans leurs affaires intérieures et à respecter leur intégrité territoriale. Le retrait des forces étrangères (en particulier françaises et Việt Minh) fut également prévu.

La Déclaration finale de la Conférence de Genève, bien que non signée, exprimait le consensus général des participants. Elle reprenait les principaux points des accords et appelait à leur respect. Les États-Unis, cependant, ne se sont pas associés à cette déclaration, exprimant des réserves quant aux dispositions relatives au Viêt Nam et à la crainte d'une expansion communiste.

Les Accords de Genève de 1954 marquèrent la fin de la guerre d'Indochine et le retrait de la France de la région. Ils représentaient une tentative de solution pacifique au conflit, mais ils furent rapidement mis à mal par la Guerre Froide et les tensions internes au Viêt Nam. Les élections de réunification prévues en 1956 n'eurent jamais lieu, notamment en raison de l'opposition du gouvernement sud-vietnamien soutenu par les États-Unis. Cette non-application des accords et l'ingérence américaine conduisirent à la montée des tensions et finalement à la guerre du Viêtnam.

Les Accords de 1962.
Les Accords de Genève de 1962, également connus sous le nom de Déclaration sur la neutralité du Laos, ont été signés le 23 juillet 1962. Ils étaient destinés à garantir la neutralité et l'indépendance du Laos face à la montée des tensions de la Guerre Froide et aux conflits régionaux. Le Laos était alors divisé entre trois factions principales : les neutralistes, les communistes (Pathet Lao) et les pro-occidentaux. Une guerre civile larvée se déroulait, avec des interventions extérieures (notamment des États-Unis et du Nord Viêtnam). Les tensions s'étaient intensifiées, menaçant de dégénérer en un conflit plus large. La conférence de Genève a été convoquée pour trouver une solution politique.

Les accords réaffirmaient la neutralité du Laos, interdisant toute alliance militaire ou présence de troupes étrangères (à l'exception des conseillers militaires pour la formation). Un gouvernement d'union nationale devait être formé au Laos, intégrant les trois factions. Toutes les troupes militaires étrangères devaient se retirer du Laos. Commission internationale: Une commission internationale de contrôle et de supervision (CICS), composée de l'Inde, du Canada et de la Pologne, était chargée de superviser la mise en oeuvre des accords.

Les Accords de 1962 ont eu un succès limité. Le gouvernement d'union nationale s'est rapidement désintégré, et la guerre civile au Laos a repris. Le Laos a continué à être un champ de bataille périphérique de la Guerre du Vietnam, avec des bombardements américains massifs et la présence de troupes nord-vietnamiennes. La neutralité du Laos n'a pas été respectée par toutes les parties, et le pays est resté profondément divisé et instable pendant de nombreuses années.

La ville de Genève est la patrie d'un grand nombre de personnages célèbres. Citons : Théodore de Bèze, Jean-Jacques Rousseau, le médecin Tronchin, Mme de Staël, Benjamin Constant, Mallet du Pan, Sismondi, Merle d'Aubigné, le général Dufour, Necker, Toepffer, Petit-Senn, Marc Monnier, Bonnet, Huber, Deluc, Saussure, Lesage, Pictet, Candolle, le sculpteur Pradier, les peintres Hornung, Diday, Calame van Muyden, etc. (D. Gobat).

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Dictionnaire Villes et monuments
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