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Histoire de l'Europe
L'histoire de l'Italie
L'histoire de l'Italie
Aperçu L'Italie antique Le haut Moyen âge Le Moyen âge Du XIVe s. à 1815 Le XIXe siècle
Habitée dès l'époque chelléenne, l'Italie connut la civilisation du bronze et celle de l'époque hallstatienne (premier âge archéologique du fer), dont on a retrouvé de nombreux spécimens dans la nécropole de Villa-Nova, près de Bologne, et dans les tombes de Terni, sous forme de colliers, pendants d'oreilles, bagues, perles de verre bleu et d'ambre, etc., puis celle qui construisit les monuments caractéristiques de l'ancienne civilisation méditerranéenne, dont on retrouve les débris jusque dans la Sardaigne (nuraghi) et en Toscane.

Une population dont l'origine et la langue restent problématiques, mais qui paraît avoir possédé à un haut degré le sens de l'imitation artistique, connu et reproduit les formes de la civilisation phénicienne et grecque, celle des Etrusques, se superposa à ces populations plus anciennes, et montra un degré de civilisation  dont les tombeaux de Cornetto nous ont donné le secret, et se mélangea à elles sans toutefois leur imposer sa langue. 

Elle domina sur la plus grande partie de l'Italie, organisée en trois confédérations de cités, sillonnant de ses navires l'Etrurium mare, accomplissant de magnifiques travaux d'endiguement, de drainage, etc., et soumettant successivement les principales populations de la Péninsule : au Nord les Ligures, refoulés dans les vallées de l'Apennin, au Sud les Volsques et les Rutules, au centre les Latins et les Ombriens. Cependant, les Venètes, autour de Patavium (Padoue), les Osques, au sud du Latium, restaient indépendants, et les invasions gauloises, après une première invasion des Ibères, dont la trace se retrouve encore sur tout le pourtour méditerranéen de l'Italie, particulièrement sur la côte de Ligurie et sur le littoral sicilien, fondaient, dans la vallée du Pô, la Gaule cisalpine, tandis que dans le Sud des migrations helléniques constituaient la Grande-Grèce.

La fondation de Rome devait amener la chute de la puissance étrusque. Cette ville acheva, vers 180 av. J.-C., la conquête de la Péninsule, et dès lors l'histoire de l'Italie se confond avec celle de Rome jusqu'à la chute de l'Empire romain  d'Occident en 476. Ce fut un Germain au service de Rome, Odoacre, qui mit fin à cet empire, et inaugura ainsi ce qu'on convient d'appeler le Moyen Age, en Italie, mais aussi dans tout le reste de l'Europe.

Le Haut Moyen âge italien.
Peu de temps après la déposition de Romulus Augustule, le dernier empereur romain d'occident, l'Italie fut envahie par les Ostrogoths. Ils y établirent un royaume qui dura de 493 à 553. Les Lombards y arrivèrent en 568, y fondèrent aussi un royaume dans la partie septentrionale, qui a retenu d'eux le nom de Lombardie, et y créèrent les duchés de Frioul, de Spolète et de Bénévent. L'empire d'Orient était resté en possession de l'exarchat de Ravenne, de la Pentapole, du duché de Rome et de la majeure partie du Sud de la péninsule. Mais la tyrannie des exarques et les attentats de la secte grecque des iconoclastes aux croyances catholiques déterminèrent le duché de Rome à se placer sous l'autorité temporelle du pape, en 730. Après s'être emparés de l'exarchat et de la Pentapole, en 752, les Lombards, qui étaient ariens, menacèrent Rome. Pépin le Bref, roi de France, accourut au secours du saint-siège, conquit l'exarchat et la Pentapole, et en fit don à l'Eglise romaine, en 755

Charlemagne détruisit le royaume des Lombards en 774, et y substitua le royaume d'Italie, qui eut pour rois Pépin, fils de Charlemagne, 781-810; Bernard  fils de Pépin, 812-818; Lothaire Ier, empereur, 820-844; Louis Il, empereur, 844-875; Charles II, le Chauve, empereur, 875- 877; Carloman-877-880; Charles le Gros, empereur, 880-888; Bérenger, empereur, 885-889; Gui, duc de Spolète et empereur, 889-894; Lambert, empereur, 894-898; Bérenger, empereur, une deuxième fois, 898-900; Louis III, empereur, 900-902; Bérenger, une troisième fois, 902-924; Rodolphe, roi de la Bourgogne transjurane, 924-926; Hugues, roi de Provence, 926-945; Lothaire, fils de Hugues, 945-950; Bérenger II, petit-fils de l'empereur Bérenger par sa mère, avec son fils Adalbert, 950-961. Othon le Grand, roi de Germanie, fit déposer le père et le fils, et se fit couronner roi d'ltalie à Milan, en 961. Il fut sacré empereur en 962, et le royaume d'ltalie fut ainsi réuni à l'empire d'Allemagne. La pensée d'assujettir l'Italie entière à la domination allemande devint la prétention constante des souverains de la Germanie. La papauté, qui fut la gardienne de l'indépendance italienne, ne parvint qu'après une longue lutte à faire échouer cette prétention. 

Tyrannisés par la turbulence factieuse de la noblesse romaine, qui exhumait des idées républicaines pour les exploiter à son profit, les papes ne purent exercer aucune action sur le mouvement de résistance nationale aux empereurs de la maison de Saxe. Ceux de la maison de Franconie ne délivrèrent le Saint-siège de cette oppression que pour le placer sous leur dépendance. Henri III s'arrogea le droit de soumettre l'élection des papes au consentement impérial. Mais un nouvel Etat, que quelques chevaliers normands, arrivés dans la Pouille en 1010, fondèrent sur les derniers débris de la puissance des Lombards et de l'empire d'Orient dans le midi de l'Italie et dans la Sicile, fut constitué en royaume des Deux-Siciles, comme fief du Saint-siège, en 1130. L'un des fondateurs de cet Etat, Robert Guiscard, fut, contre les attentats de l'empereur Henri IV, l'appui de saint Grégoire VII, qui travailla efficacement à affranchir l'Église des usurpations du pouvoir temporel, et à placer la papauté à la tête du mouvement social en Italie et dans toute la chrétienté. 

Guelfes et Gibelins.
Les États Pontificaux s'accrûrent, en 1053, du duché de Bénévent, et deux donations faites en 1077 et 1102 par la comtesse Mathilde, souveraine de la Toscane, y ajoutèrent la majeure partie de ce que l'on a appelé le Patrimoine de Saint-Pierre. Les villes de l'Italie septentrionale et centrale s'étaient érigées en républiques indépendantes, lorsque la maison de Hohenstaufen, parvenue au trône impérial en 1138, entreprit d'imposer son joug à l'Italie entière. Ces républiques se partagèrent entre les partisans de la domination étrangère, appelés Gibelins, et les défenseurs de l'indépendance nationale, nommés Guelfes (Guelfes et Gibelins). La guerre civile entre les deux partis mit l'Italie à feu et à sang du milieu du XIIe siècle à la fin du XIIIe, et se prolongea jusqu'à la fin du XVe. La papauté soutint de sa haute influence le parti guelfe. Ni la barbare destruction de Milan par l'empereur Frédéric Ier en 1158, ni la possession du rovaume des Deux-Siciles, que l'empereur Henri VI, qui en avait épousé l'héritière, acquit en 1194, ni les efforts de Frédéric II pour atteindre le but de la politique ambitieuse de sa famille ne purent triompher de la résistance italienne.

La victoire demeura, en 1266, à la cause nationale et à la papauté contre la maison de Hohenstaufen. La maison française d'Anjou fut alors appelée par le Saint-siège à régner sur le royaume des Deux-Siciles, qui se divisa, en 1282, en deux royaumes, possédés par deux maisons rivales, celui de Naples par la maison d'Anjou, et celui de la Sicile par la maison d'Aragon. Charles VIII et Louis XII, rois de France. disputèrent vainement, le premier en  1495, le second en 1501, le royaume de Naples à la maison d'Aragon. Les deux royaumes furent réunis en 1503 à la monarchie espagnole, qui les conserva, sous la maison de Bourbon, jusqu'en 1713, où le royaume de Naples passa à la maison de Habsbourg-Autriche. Le royaume des Deux-Siciles redevint indépendant en 1736 sous le sceptre de Charles IV, fils de Philippe V, roi d'Espagne. Les agitations qui troublaient Rome, comme toute l'Italie au commencement du XIVe siècle, déterminèrent Clément V, élu pape en 1305, à transférer la résidence du Saint-siège en Avignon en 1309

De la Renaissance à la fin du XVIIIe siècle.
L'Etat pontifical et la Péninsule entière se ressentirent considérablement de la longue absence du Saint-siège, qui ne fut rétabli à Rome qu'en 1377. Le grand schisme d'Occident, 1378-1417, ne permit à l'Etat pontifical de se reconstituer complètement qu'au XVIe siècle. Bologne y fut réunie en 1513, et le duché d'Urbin en 1636. En Toscane, Pise, après avoir été une république rivale de Gênes et de Venise, succomba en 1509 sous la supériorité de Florence, et Cosme Ier de Médicis devint en 1569 premier grand-duc de Toscane. La maison de Lorraine succéda dans cet Etat à celle des Médicis en 1737. La république de Venise termina en 1581 une lutte de 130 ans avec celle de Gênes et fut une riche et grande puissance maritime jusqu'au commencement du XVIIIe siècle, où les Turcs achevèrent. de la dépouiller de ses plus importantes possessions dans la Méditerranée. La république de Gênes, sortie triomphante, en 1290, d'une guerre avec Pise, se tira moins avantageusement., en 1381, de sa lutte avec Venise pour la prépondérance en Orient, où les Turcs consommèrent ensuite la ruine de son influence.

Les dissensions intestines d'ailleurs furent chez elle un obstacle continuel à l'établissement d'un gouvernement stable. Le Milanais, érigé en duché en 1395, passa en 1447de la famille Visconti à la famille Sforza, à Iaquelle Louis XII, roi de France, petit-fils de Valentine Visconti, en disputa la possession sans en pouvoir rester maître. Charles-Quint le réunit à l'Empire en 1535, et le donna à son fils Philippe, plus tard roi d'Espagne. Mais l'empereur Joseph Ier le reprit à cette puissance en 1706. Le duché de Parme-et-Plaisance, que le pape Jules II avait acquis au Saint-siège en 1512, dans sa lutte pour chasser les étrangers de l'ltalie, fut érigé en 1545 par Paul III, et appartint à la famille Farnèse jusqu'à son extinction en 1731. Elisabeth Farnèse, femme de  Philippe V, roi d'Espagne, l'obtint alors pour son fils don Carlos, malgré les protestations du Saint-siège. Il fut cédé à l'Autriche en 1757 et rendu à la maison de Bourbon en 1748

L'époque napoléonienne.
Le Piémont, possédé depuis le XIIIe siècle par la maison de Savoie, devint le centre du royaume de Sardaigne, fondé en 1720 par Victor-Amédée II, duc de Savoie, qui échangea avec l'Autriche la Sicile contre la Sardaigne. Le Milanais, envahi en 1796 par les Français, dans les guerres de leur révolution, fut enlevé à l'Autriche et fit successivement partie de la république Transpadane, de la république Cisalpine et de la république Italienne. Il devint en 1805 le noyau du royaume d'Italie, fondé par Napoléon Ier. Ce royaume. s'accrut, au traité de Presbourg (auj. Bratislava, en Slovaquie), des possessions vénitiennes qui, conquises aussi par les Français, avaient été données à l'Autriche en 1797, d'une partie du territoire pontifical en 1808, et du Tyrol italien en 1810. Il comprit ainsi 24 départements. Le roi de Sardaigne perdit, de, 1792 à 1798, tous ses Etats continentaux, qui furent réunis à la France. Le duc de Parme-et-Plaisance fut aussi cédé à la France en 1801, et le duc de Parme reçut en échange la Toscane, érigée en royaume  d'Etrutrie. Ce royaume fut annexé à l'empire français en 1808. Lucques, unie à Piombino, forma en 1805 une principauté que Napoléon Ier donna à sa soeur Elisa. Gênes fut érigée en république Ligurienne en 1797, et réunie à l'empire français en 1805

Les Etats Pontificaux furent transformés en république Romaine en 1798, et rendus au saint-siège en 1800. Mais Napoléon Ier en détacha Bénévent et Ponte-Corvo en 1806, et incorpora au royaume d'Italie, en 1808, la marche d'Ancône, le duché d'Urbin et tout le territoire à l'Est de l'Apennin. Le reste des Etats Pontificaux fut réuni à l'empire français en 1809. La république Parthénopéenne, établie à Naples par les Français en  1799. n'eut qu'une existence éphémère. Mais Napoléon plaça en 1806 son frère Joseph sur le trône de Naples, qu'il donna ensuite en 1808 à son beau-frère Joachim Murat. Le roi Ferdinand Ier, réfugié en Sicile, ne régna plus que sur cette île de 1806à 1815. Les événements de 1814 rendirent au Saint-siège ses Etats. Le royaume de Sardaigne s'accrut du pays de Gênes. L'Autriche rentra en possession du Milanais, qui, avec Venise, forma le royaume Lombard-Vénitien. La Toscane retourna à la branche de la maison de Lorraine-Habsbourg à laquelle elle appartenait, et la branche de cette maison qui avait succédé à la famille d'Este en 1797 dans le duché de Modène fut réintégrée dans cet Etat. Le duché de Parme-et-Plaisance fut donné à l'archiduchesse Marie-Louise, qui avait épousé Napoléon. L'héritier des ducs de Parme de la maison de Bourbon reçut le duché de Lucques, et entra dans le duché de Parme à la mort de Marie-Louise en1847. Joachim Murat conserva le royaume de Naples jusqu'en 1815, où il fut rendu à la maison de Bourbon. Sauf la Savoie et Rome, toute la Péninsule est soumise à l'influence autrichienne.

Le temps de l'unité.
Alors commencent les révoltes. Sous l'influence des idées libérales venues de France, les Italiens luttent pour l'indépendance et l'unité. Des mouvements éclatent en Piémont et à Naples, où Ferdinand est forcé d'accorder une constitution dès 1821. Les insurgés sont vaincus à Novare et à Rieti, et une réaction sanglante s'ensuit. Elle n'empêche pas de nouveaux soulèvements dans les Romagnes, qui amènent l'occupation temporaire d'Ancône par la France (1832-1838), puis, sous l'influence de la Jeune Italie, fondée par Mazzini, et qui a absorbé en elle la plupart des sociétés secrètes libérales, les insurrections de Rimini (1843) et de la Calabre (1846). La révolution française de 1848 ébranla fortement l'Italie. Pie IX doit  se retirer à Gaète, et la république fut proclamée à Rome en février 1849. Mais l'autorité pontificale y fut rétablie en juillet suivant par les armes de la France. Le roi Ferdinand II réprima le mouvement révolutionnaire à Naples et dans la Sicile, qui s'était déclarée indépendante. Le royaume Lombard-Vénitien, dont Charles-Albert, roi de Sardaigne, avait soutenu l'insurrection contre la domination de l'Autriche, en 1848, fut replacé sous le sceptre de cette puissance, victorieuse de l'armée sarde à Novare en 1849. Vaincu, il abdique, laissant à son fils, Victor-Emmanuel Ier, le soin de continuer l'oeuvre.  Ce prince, aidé de Cavour et de Garibaldi, y parvient. Des réformes bien comprises donnent au Piémont de bonnes finances et une bonne armée, qui permet, par son courage en Crimée, de poser la question italienne au Congrès de Paris.

La guerre qui éclata en 1859 entre l'Autriche et le royaume de Sardaigne, soutenu par l'empereur des Français, fut suivie des modifications territoriales : conquête de la Lombardie (1859); annexion en 1860 de l'Italie centrale, de Naples et de la Sicile, à la suite de l'expédition des Mille, conduite par Garibaldi. Pendant les années 1860et 1861, la politique ambitieuse de la Sardaigne continua de vier à l'établissement  de sa domination dans l'Italie entière, sur les ruines des diverses nationalités italiennes, distinctes d'origine et de moeurs, et le roi Victor-Emmanuel se fit décerner, par le parlement siégeant à Turin, en 1861, le titre de roi d'Italie, tandis que Rome et le Patrimoine de Saint-Pierre restaient occupés par les Français sous prétexte de protéger le Saint-siège. 

Les populations des provinces continentales du roi des Deux-Siciles opposèrent, les armes à la main, en 1861, 1862 et 1865, une vive résistance aux envahisseurs. Opérées par la défection payée et par la trahison achetée, comme l'aveu en a été fait dans la chambre des députés à Turin, les annexions par lesquelles on s'est efforcé d'établir l'unité du nouveau royaume d'Italie n'ont pas été l'oeuvre de la majorité des populations de la Péninsule, mais celle des sociétés secrètes et de l'ambition sarde. Ces annexions, en dépit d'une apparence mensongère de suffrage universel, ont soulevé toutes les antipathies. Le gouvernement de Turin a été obligé de recourir aux emprunts les plus onéreux pour faire face aux dépenses de la guerre civile provoquée par ses insatiables convoitises. Il s'est emparé de la plupart des couvents, a poursuivi de ses persécutions le clergé catholique, et emprisonné ou exilé les évêques.  Après s'être servi de Garibaldi, bras de ce parti, dont Mazzini est la tête, pour mettre la main, en 1860, sur le royaume des Deux-Siciles, la politique sarde a été forcée de recourir à la force des armes contre le héros révolutionnaire. Il avait parcouru la Sicile en triomphateur, lorsque, traversant le détroit, il débarqua en Calabre avec 2500 hommes aux cris de Rome ou la mort! Arrêté dans sa marche, Garibaldi fut blessé et fait prisonnier à Aspromonte, près de Reggio, en 1862

La Vénétie acquise en 1866, à la suite de l'alliance prussienne et malgré les défaites de Custozza et de Lissa. La guerre franco-allemande et la chute de l'Empire français (1870), hâtèrent la solution attendue depuis longtemps : Rome fut annexée au royaume, ce qui mit fin au pouvoir temporel des papes, et l'unité italienne fut proclamée. Après la mort de Victor-Emmanuel (1878), son successeur, Umberto (Humbert) Ier, orienta la politique extérieure italienne vers l'alliance austro-allemande et gouverna constitutionnellement à l'intérieur. Mais les tentatives de colonisation dans l'Afrique orientale (Erythrée) amenèrent, sous le gouvernement de Francesco Crispi, une guerre malheureuse avec l'Abyssinie qui se termina par le désastre d'Adoua (1896). Après l'assassinat de Humbert Ier, en 1900, son fils Victor-Emmanuel llI lui succéda.

De 1900 à 1960.
La figure dominante pendant la première partie du règne de Victor-Emmanuel III a été Giovanni Giolitti, premier ministre  de 1903 à 1914. Sous son gouvernement, des réformes telles que la nationalisation des chemins de fer, la mise en place d'assurances sociales ou encore l'établissement du suffrage universel masculin. A l'extérieur, l'Italie de Giolitti a poursuivi la politique de Crispi de construction d'un empire colonial avec l'annexion de la Tripolitaine, de la Cyrénaïque puis du Dodécanèse, qui ont entraîné un conflit avec l'empire ottoman en 1911 et 1912. (En 1912, le traité de Lausanne, accordant l'autonomie à la Libye placera de fait ce pays sous la domination italienne). 

Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, l'Italie, conformément à la position de Giolitti, tente de rester neutre. Mais cette neutralité est combattue par des interventionnistes tels que Gabrielle d'Annunzio et Benito Mussolini, qui finissent par l'emporter et par entraîner l'Italie dans le conflit aux côtés des Alliés après que ceux-ci eurent fait des promesses territoriales (23 mai 1915). A l'issue de la guerre, et malgré plusieurs revers sur le terrain des opérations, l'Italie obtiendra effectivement, par son choix d'alliance, le Sud du Tyrol, Trieste, l'Istrie, une partie de la Carniole, et plusieurs îles de la côte dalmate. Mais ceux qui avaient poussé à l'entrée en guerre ne s'en satisfont pas. Un groupe de nationalistes conduits par d'Annunzio s'empare de Fiume (1919) qui deviendra ville libre l'année suivante, tandis que s'organisent les premiers Faisceaux de combat, autrement dit la milice fasciste sur laquelle Mussolini va s'appuyer pour accéder au pouvoir. 

A la crise politique s'ajoute aussi la crise économique. Giolitti, revenu aux affaires entre mai 1920 et juin 1921, se trouve confronté à une inflation et à une crise financière impossibles à contrôler. La grève générale, déclenchée en 1920 à Milan et à Turin fournit l'occasion des premiers affrontements entre les socialistes et les fascistes. Ces derniers, qui bénéficient de la sympathie des industriels et de l'Armée, commencent à installer un régime de terreur (intimidations, chantages, violences, assassinats, etc.). Ils se constitueront en parti politique (le parti national fasciste) en 1921. En octobre 1922, Mussolini marche sur Rome à la tête de ses partisans, les Chemises noires, et obtient de se faire nommer premier ministre. Le parlement l'investira à partir de 1924 des pleins pouvoirs, consacrant sa dictature. Une répression brutale s'abat sur tous les opposants au fascisme : les socialistes, les communistes, les francs-maçons, etc. L'économie est réorganisée sous forme de coopératives (Charte du travail de 1927) contrôlées par le parti fasciste son syndicat et sa milice.

Dans les années 1930, Mussolini sera le seul maître de l'Italie et commencera à assister à l'émergence, puis à l'arrivée au pouvoir dans d'autres pays européens de partis analogues au sien. Hitler et le parti national-socialiste (nazi) gouverne l'Allemagne à partir de 1933. La guerre d'Espagne, qui commence en 1936, lui donne l'occasion d'aider militairement les troupes franquistes, et de contribuer ainsi à l'avènement d'un autre régime à caractère fasciste, à partir de 1939. Entre-temps, l'Italie mussolinienne aura aussi relancé une guerre en Abyssinie (1935), annexée en 1936, et une autre en Albanie (1938), annexée en 1939. L'Italie, engagée par une entente avec Berlin depuis 1936, entrera ensuite naturellement dans la Seconde Guerre mondiale, aux côtés de l'Allemagne, d'abord en Europe et en Afrique, en juin  1940. La guerre à l'Union soviétique et aux États-Unis sera déclarée en 1941.

Le débarquement des Alliés en Sicile  a suffisamment affaibli le régime fasciste pour que le roi Victor-Emmanuel III puisse démettre en juillet 1943Mussolini de ses fonctions, l'emprisonner et dissoudre son parti. En septembre, l'Italie se rend sans conditions aux Alliés, et entre en guerre avec eux contre l'Allemagne. Mussolini, qui a pu s'enfuir forme alors au Nord de l'Italie un éphémère État fasciste, la République de Salo. Il sera capturé et fusillé par des résistants italiens en avril 1945, puis son cadavre exposé, pendu par les pieds, en compagnie de celui de sa maîtresse Clara Petacci.

Un référendum, tenu en 1946, a conduit au remplacement de la monarchie par une république.  Le roi Humbert II, qui avait très brièvement succédé à son père Victor-Emmanuel III après son abdication, doit s'exiler. L'année suivante, l'Italie vaincue est forcée de renoncer à divers territoires conquis avant la Guerre, le Dodécanèse revient à la Grèce, l'Istrie et certaines îles dalmates à la Yougoslavie. La Libye, l'Erythrée et la Somalie italienne sont également perdues. En 1948, une nouvelle constitution est adoptée, et les élections révèlent trois partis principaux, le PCI (communiste), le PSI (socialiste) et le parti de centre-droit de la Démocratie Chrétienne d'Alcide De Gasperi (mort en 1954), qui, majoritaire, va durablement dominer la vie politique intérieure. La politique extérieure, quant à elle va être marquée, dans les années 1950 par l'insertion progressive du pays dans les institutions internationales formées après la Guerre : l'Italie adhère en 1949 à l'OTAN et, en 1951 à la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier; en 1955, elle est membre de l'ONU et, en 1957, devient, par le Traité de Rome, l'un des six membres fondateurs de la CEE (Communauté économique européenne), ancêtre de l'actuelle Union européenne.

Depuis 1960.
Depuis l'instauration de la République, l'Italie a presque toujours connu une grande instabilité politique. Les gouvernements devaient vivre au rythme des soubresaut que connaissaient les courants à l'intérieur même de la Démocratie-Chrétienne (DC), ou ses alliances avec les partis de droite (monarchiste) et d'extrême droite, tels le MSI (Mouvemment social italien, néo-fasciste), ont rapidement conduit à une recherche de rapprochement avec un centre gauche en cours de constitution, à partir de la fraction social-démocrate détachée du PSI (Parti socialiste italien). Une première coalition des Démocrates-Chrétiens et des Socio-Démocrates voit finalement, mais brièvement, le jour en 1962, dirigée par Amintore Fanfani; entre 1963, Aldo Moro, conduit une seconde coalition de ce type, à laquelle participe cette fois aussi le PSI. Le parti communiste reste exclu, malgré une perspective de rapprochement dans les années 1970 (le Compromis historique), après que celui-ci ait rompu avec Moscou.

Bien que tout aussi instables que les précédents, les gouvernements se succèdent ainsi pendant une vingtaine d'années, pendant lesquelles le pays à toutes sortes de troubles sociaux, ainsi qu'à l'émergence d'un terrorisme, à la fois d'extrême droite, fomenté par les néo-fascistes qui ont noyauté les services secrets, et dont l'attentat le plus meurtrier, en 1980, fera 84 victimes à la gare de Bologne, et d'extrême gauche, avec les Brigades Rouges, qui enlèvent et assassinent l'ancien président du conseil Aldo Moro en 1978.  Cette période de violence  correspond à ce que l'on a appelé les Années de plomb. En 1983, pour la première fois, la Démocratie-Chrétienne, sanctionnée pour son immobilisme et la montée de la corruption, et éclaboussée par un scandale né de la découverte de l'existence d'une société secrète d'extrême droite, la loge P2, très agissante dans l'ombre, doit céder la place à un président de Conseil socialiste, Bettino Craxi. Celui-ci reste aux affaire pendants quatre ans, mais le jeu des coalitions instables n'a toujours pas cessé. On retrouve ainsi sporadiquement le Démocrate-Chrétien Giulio Andreotti reprendre la tête du Cabinet (Entre 1972 et 1992, il aura occupé ce poste sept fois).

La chute de la Démocratie-Chrétienne en 1992 a redonné le pouvoir à des socialistes (socio-démocrates), à commencer par Giuliano Amato. Pendant cette décennie, on assiste aussi à l'action de juges milanais qui se lancent dans la lutte anti-corruption, c'est l'opération Mains propres (Mani pulite), dont la figure emblématique est le juge Antonio di Pietro, et la victime la plus connue, l'ancien chef de gouvernement Craxi (il s'enfuira en Tunisie et y mourra en 2000). Parallèlement la lutte contre la mafia, dans le Sud, est menée par le juge palermitain Giovanni Falcone (assassiné avec son épouse et ses gardes du corps en 1992). Ces années auront également connu une recomposition du paysage politique : à gauche, avec l'effacement du Parti communiste, renommé PDS (Parti démocratique de gauche), qui conserve des positions dans ses bastions traditionnels d'Emile-Romagne, de Toscane et d'Ombrie, mais ne joue plus qu'un rôle mineur à l'échelle nationale; à droite, avec l'apparition et la victoire en 1994 d'une coalition dirigée par le milliardaire, et ancien ami de Craxi, Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia s'est allié à la Ligue du Nord, parti nationaliste lombard, et à l'Alliance nationale, un parti néo-fasciste. Ce premier gouvernement Berlusconi tombe après un an d'exercice. Un gouvernement de technocrates dirigé par Lamberto Dini lui succède, lui aussi pendant un an et sera suivi par ceux, de centre gauche, de Romano Prodi (1996-1997), de Massimo D'Alema (1997-2000) et de Giuliano Amato, qui l'année suivante perd les élections au profit d'une nouvelle coalition dirigée par Berlusconi. Celle-ci tiendra jusqu'en avril 2006, date à laquelle une coalition de gauche, conduite par Romano Prodi, a remporté de justesse les élections.

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