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La Galicie

Galicie. - Région méridionale de la Pologne. Le sol de la Galicie actuelle paraît avoir été, dès le début de la période historique, habité par des Slaves. C'est là qu'était la grande Crobatie de Constantin Porphyrogénète; au IXe siècle, la Galicie occidentale faisait partie de la grande Moravie de Svatopluk; le christianisme et la liturgie slaves y furent introduits, pour peu de temps d'ailleurs, par Cyrille et Méthode. Au Xe siècle, les rois de Bohème possédèrent tout le pays jusqu'au San et au Stryj; le reste faisait partie de la Russie Kievienne (Ukraine). En 999, Boleslav le Grand repoussa les Tchèques et rattacha pour toujours la Galicie occidentale à l'Etat polonais. Dans la partie russe ou orientale (ruthène et russe sont deux mots identiques), régnèrent des princes qui avaient leur résidence les uns à Galitch ou Halicz sur le Dniestr (d'où le nom de Galicie), les autres à Vladimir (d'où le nom de Lodomérie). Quelques-uns de ces princes jouent un rôle assez considérable dans l'histoire de l'Europe orientale. Au commencement du XIIIe siècle, le prince hongrois Koloman se fait donner par le pape le titre de roi de Galicie et de Lodomérie. Ce titre de roi est repris par le prince russe Daniel. L'un de ses fils, Lev (Léon), fonda au XIIIe siècle la ville de Lwòw (Léopolis, Lemberg). Au XIVe siècle, le pays est divisé de nouveau en deux principautés de Vladimir et de Galitch. En 1324, le prince Georges les réunit et prend le titre de prince de toute la Petite-Russie. Il meurt sans enfants. 

Vers 1340, le roi de Pologne Kazimir le Grand annexe le pays de Galitch ou Russie Rouge, tandis que le pays de Vladimir tombe aux mains des princes lituaniens. La colonisation polonaise et l'Eglise catholique pénètrent peu à peu dans les pays petits-russes ou ruthènes par la langue, et orthodoxes par la religion. Le successeur de Kazimir, Louis de Hongrie, s'efforce d'attirer la nouvelle annexion dans l'orbite de la Hongrie. En 1387, le pays de Galitch fait de nouveau retour à la Pologne. Peu à peu l'aristocratie indigène se convertit au catholicisme et se polonise. Les Juifs s'établirent dans les villes. Au XVIIe siècle, la Galicie fut envahie tour à tour par les Cosaques de Chmielnicki, par les Turcs, les Suédois et tomba dans une profonde misère. Le clergé orthodoxe à dater du XVIe siècle accepta l'union avec l'Eglise de Rome. En 1772, Marie-Thérèse, après s'être laissé forcer la main par Frédéric, se décida à faire valoir les droits qu'elle prétendait avoir sur certains pays de la couronne de Pologne. Comme reine de Bohème, elle s'adjugea les duchés d'Osviecim et de Zator; comme reine de Hongrie elle occupa la Russie Rouge, une partie de la Podolie, des palatinats de Sandomir et de Cracovie

La nouvelle possession ne fut rattachée ni à la Bohème, ni à la Hongrie; elle forma un royaume spécial sous le nom de Galicie et Lodomérie. Le siège du gouvernement fut établi à Lemberg (Lwòw). Le pays fut divisé en dix-huit cercles. En 1775, la Bukovine récemment annexée forma un dix-neuvième cercle. L'organisation des Etats fut calquée sur celle de la Bohème et de la Hongrie. On s'efforça de germaniser le plus possible les nouvelles provinces. Joseph II fonda à Lviv une université et dans la province quelques gymnases allemands. En 1795 eut lieu une nouvelle annexion; par le traité de Saint-Pétershourg, l'Autriche acquit dans les palatinats de Sandomir, Cracovie, Mazovie, Podlachie et Brest des territoires qui prirent le nom officiel de West-Galizien (Galicie occidentale). 

En 1809, elle dut en abandonner une partie au grand-duché de Varsovie et à la Russie. Par le traité de Vienne elle renonça définitivement à la Galicie occidentale qui fut donnée à la Russie. Cracovie fut érigée en république indépendante. On sait que l'Autriche réussit à l'annexer en 1846. La noblesse polonaise regrettait naturellement ses antiques libertés; le gouvernement autrichien sut habilement profiter des fiefs des paysans et surtout des Ruthènes. En 1846, la noblesse polonaise essaya de s'insurger; une véritable jacquerie fut déchaînée dans une partie de la province, notamment dans le cercle de Tarnow. En 1848, une insurrection éclata à Cracovie; elle fut réprimée par le bombardement. Le gouverneur Stadion en supprimant la corvée enleva aux nobles polonais le mérite d'une mesure qu'ils avaient d'ailleurs réclamée; il favorisa les revendications civiles ou religieuses des Ruthènes et tint le polonisme en échec. 

En 1849, la Bukovine fut érigée en duché et détachée de la Galicie. En 1863, une certaine agitation se produisit au moment où éclata dans la Pologne russe une insurrection à laquelle les Polonais de Galicie ne pouvaient rester indifférents. La province fut mise en état de siège. Lorsque l'Autriche dut après les événements de 1866 renoncer à la politique centraliste et compter avec les nationalités, la Galicie bénéficia, dans une certaine mesure, de la situation. Elle n'obtint ni l'autonomie, ni le ministre responsable que réclamaient quelques patriotes (résolution de 1868); mais elle a eu depuis 1873 dans le conseil un ministre sans portefeuille qui représente ses intérêts. Moins intransigeante que la Bohème, elle a toujours envoyé ses députés au Reichsrath, et l'un d'entre eux, Smolka, a été pendant de longues années président de cette assemblée. Dans la vie intérieure du pays, l'événement le plus important a été la fondation de l'Académie de Cracovie qui est vite devenue le véritable centre intellectuel de la Pologne, et de l'Académie des beaux-arts de cette ville. Le redécoupage des frontières qui suivit la Première Guerre mondiale rendit définitivement la Galicie à la Pologne.

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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