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Thaïlande
(= Pays des Thaï ou T'ai) est le nom moderne d'un pays qui a porté
le nom de Siam jusqu'en 1939. La chronologie
siamoise remonte à l'introduction du bouddhisme ,
en 638 ap. JC Toutefois, on a des données historiques sur la vallée
du Ménam depuis le VIe siècle
av. JC; les Khmers ou Cambodgiens s'y établirent, soumettant ou
refoulant les peuples de langue thaï et propageant la civilisation
hindoue. Une dizaine de siècles plus tard, les Thaï reprirent
le dessus et, redescendant les vallées, refoulèrent vers
la mer les Cambodgiens. Cet affranchissement des Sayams est reporté
an héros Phra-rouang, entre 407 et 456 ap. JC. En 575, une capitale
fut fondée à Labong ou Lampoun; en 638 intervint la conversion
au bouddhisme.
Progressivement les
Siamois, probablement poussés en arrière par les Birmans,
avancèrent vers le Sud, refoulant les Karen à l'Ouest et
les Cambodgiens au Sud; leurs capitales
successives furent Pitsanoulok, Soukotaï (Raheng), Sangkalok, Nakhon-Savân,
Kampeng-Pet, Ayuthia. En l'année 1284, sous le roi Rama-Kamheng,
le royaume de Siam s'étendait du Mékong à Petchabouri
et au pays de Ligor dans la péninsule; dès le XIe
siècle, ils avaient envahi celle-ci avant la fondation de Singapour
par les Malais (1160). Au bout de cinq générations, ils quittent
la capitale de Kampeng-Pet pour fonder, en 1350, Ayuthia (Ayutthaya);
leur roi, Phra-Rama Thibodi, régnait sur le Tenasserim, Moulmein,
Martaban ; il avait pris Angkor, capitale
du Cambodge, et peut-être porté ses armes jusqu'à Java.
Mais tandis qu'ils
battaient les Cambodgiens, les Siamois
avaient à se défendre contre les Birmans
ou Pégouans. En 1555, ceux-ci s'emparent
d'Ayuthia; le chef siamois Phra-Naret les expulse douze ans plus tard et
soumet le Cambodge et le Laos; ses successeurs envahissent à leur
tour la Birmanie. Mais au XVIIIe s., le
conquérant birman Alompra le défait,
conquiert le Tenasserim; Ayuthia succombe après deux années
de siège (1767). Les Birmans sont pourtant repoussés ensuite
(1769) par le général Phayatak, d'origine chinoise, quif
onde une nouvelle capitale, en aval, à Bangkok
(1772) et se proclame roi ; mais sa cruauté dégénérée,
en folie le perd; un de ses généraux l'assassine et monte
sur le trône sous le nom de Phaya-Chakri; c'est le fondateur de la
dynastie actuelle (1782). Parmi les autres rois, il faut citer le redoutable
et féroce Phending-dang (1809-1824), et, après une période
de révolutions de palais, l'énergique et savant Maha-Mongkout
(1851-1868), lequel rouvrit les relations avec les étrangers.
Le
Siam et les étrangers.
Les Portugais
avaient apparu au XVIe siècle, rayonnant
de leur colonie de Malacca; au siècle
suivant, ce fut le tour des Hollandais,
puis des Anglais. En 1659, l'aventurier
grec Constantin Falcon ou Phaulcon vient au Siam, gagne la confiance du
roi et devient premier ministre. Il noue des relations avec la France;
le roi Phra-Naraïn envoie à Paris
une ambassade à Louis XIV; celui-ci répond
par l'ambassade du chevalier de Chaumont qui arrive à Ayuthia,en
septembre 1687; mais les efforts des jésuites
pour convertir le roi amènent une révolution de palais, l'assassinat
de Phaulcon, la persécution des chrétiens
et l'expulsion des étrangers (1688). L'année précédente,
les Anglais avaient été massacrés à Mergui.
On avait d'ailleurs fait subir, dès 1632, le même sort aux
Japonais également expulsés
du Siam (1636), quoiqu'ils aient continué à commercer avec
lui jusqu'en 1752. Les Siamois ne maintenaient de relations extérieures
qu'avec Ceylan (Sri Lanka), considérée
comme une sorte de métropole religieuse.
Au commencement
du XIXe siècle, on ne savait guère
du Siam que ce qu'avaient constaté les Français de 1682 à
1687. Le vicaire apostolique, Mgr Pallegoix, qui y séjourna de 1830
à 1852 et y voyagea beaucoup, recueillit d'abondantes informations.
Les ambassades anglaises de Crawford (1822), Burney (1826), Brooke (1850),
eurent peu de résultat. Mais avec Maha-Mongkout, le Siam fut ouvert
aux Européens. En 1855, traité
de commerce avec l'Angleterre; en 1858, avec la France; en 1862, avec l'Allemagne;
en 1868, avec l'Autriche. Sous son successeur
Paramendr Maha Chonlalongkorn (1er octobre
1868), l'influence étrangère devient prépondérante;
élevé par une Anglaise, il se met en relations personnelles
avec les consuls étrangers et s'occupe personnellement du gouvernement.
Il fait élever ses enfants en Angleterre.
L'autonomie du Siam
n'a subsisté que par suite de la rivalité coloniale de la
France et de l'Angleterre, qui, se partageant le reste de l'Indochine ,
ont convenu d'en faire une sorte d'État tampon. Les Siamois, qui
ne cessaient d'empiéter à I'Est sur le Cambodge
et sur l'Annam (Vietnam), ont été
arrêtés par la France qui s'était instaurée
protectrice de ces Etats. La traité du 3 octobre 1893 les a obligés
d'évacuer tous les pays de la rive gauche du Mékong; pour
assurer l'observation sincère de la frontière, la police
d'une zone de 25 kilomètres sur la rive droite du grand fleuve a
été attribuée à la France, les troupes siamoises
n'y pouvant pénétrer. Les provinces cambodgiennes de Battambang
et Siemréal ont été provisoirement laissées
au roi de Siam, mais neutralisées et fermées à ses
troupes; enfin la France, qui étendait son protectorat sur le quart
des habitants du royaume, occupa le port de Chantaboun.
Le traité
de 1893 fut imposé par une escadre française qui, à
la suite de manifestations hostiles, força l'entrée du Ménam
et vint mouiller devant Bangkok. Inquiets
de cette manifestation, les Anglais,
qui, d'autre part, revendiquaient au Nord du Siam les Etats chans de la
rive gauche du Mékong comme dépendance de la Birmanie,
et y avaient occupé Muong Sing, ont conclu avec la France la convention
du 15 janvier 1893, délimitant les zones d'influence. Chacune des
puissances s'engagea à ne pas intervenir militairement dans le bassin
du Ménam sans étre d'accord avec l'autre; les pays à
l'Ouest, c.-à-d. surtout la péninsule malaise, furent reconnus
comme étant de la zone d'influence anglaise; ceux à l'Est.,
c. -à-d. le bassin du Mékong, comme étant de la zone
d'influence française, celle-ci s'étendit donc sur plus de
200 000 km², y compris Chantaboun, Korat, etc., et la partie neutralisée
du Siam, la seule dont l'autonomie ait été assurée,
ne représentait plus que le tiers de l'étendue totale du
royaume.
Depuis
1900.
En 1932, une révolution
sans effusion de sang a conduit à l'établissement d'une monarchie
constitutionnelle. Après l'invasion de la Thaïlande par les
Japonais en 1941, le gouvernement s'est divisé entre une faction
partisane du Japon et une autre, soutenue par le roi, favorable aux Alliés.
En 1954, la Thaïlande est devenue un allié des États-Unis.
Elle a envoyé des troupes en Corée et s'est battue
aux côtés des États-Unis au Vietnam.
La Thaïlande
a connu depuis 2005 plusieurs épisodes de troubles politiques,
notamment un coup d'État militaire en 2006 qui a évincé
le premier ministre de l'époque, Thaksin Chinnawat. De manifestations
de rue à grande échelle par des factions politiques concurrentes
ont eu lieu en 2008, 2009 et 2010. La plus jeune sœur de Thaksin, Yinglak
Chinnawat, a conduit en 2011 le parti Puea Thai à une victoire électorale
et a pris le contrôle du gouvernement.
En novembre 2013
ont commencé des manifestations antigouvernementales de grande ampleur
à Bangkok. Début mai 2014, Yinglak a été démise
de ses fonctions par la Cour constitutionnelle et, fin mai 2014, l'armée
royale thaïlandaise, dirigée par le général Prayut
Chan-ocha, a organisé un coup d'État contre le gouvernement
intérimaire. Le Conseil national pour la paix et l'ordre (CNPO),
affilié à l'armée a désigné Prayut en
tant que premier ministre. Celui-ci a dirigé le pays pendant plus
de quatre ans. Pendant cette période, le CNPO a rédigé
une nouvelle constitution qui garantit l'ascendant de l'armée sur
la politique thaïlandaise lors des futures élections, en permettant
à l'armée de nommer l'ensemble des 250 membres du Sénat
et en exigeant une réunion conjointe de la Chambre et du Sénat
pour choisir le premier ministre. Cela conduit à donner à
l'armée un droit de veto sur l'exécutif.
Le roi Phumiphon
Adunyadet est décédé en octobre 2016 après
70 ans sur le trône ; son fils unique, Wachiralongkon Bodinthrathepphayawarangkun
( = Rama X), est monté sur le trône en décembre 2016.
Il a signé la nouvelle constitution en avril 2017. En mars 2019,
s'est tenue une élection longtemps retardée, mais contestée
et largement considérée comme biaisée en faveur du
parti aligné sur l'armée. Elle a permis la poursuite du mandat
de Prayut. Le pays a connu des manifestations pro-démocratiques
de grande ampleur en 2020. (A.-M. B.). |
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