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La
Tunisie,
ou pays de Tunis, qui se dessinera comme tel
Ă l'Ă©poque de la domination ottomane,
répond à l'ancien territoire de Carthage.
La grande cité punique dominait alors les côtes du Nord-Ouest de l'Afrique
et régissait plus ou moins les indigènes et les métis Liby-phéniciens
des rives de la Medjerda (Bagradas) et du Sahel. Après la conquête romaine
(146), son pays fut divisé entre le royaume de Numidie et la province
romaine d'Afrique dont le chef-lieu fut Utique.
Carthage, mieux située, fut reconstruite et redevint métropole sous l'Empire.
• Ce qui allait devenir la Tunisie connut alors une richesse légendaire; les principales villes furent Hippo Zarytas (Bizerte). Vaga (Béja), Bualla Regia, Thugga (Dougga), Sicca Veneria (le Kef), Zama, Ammaodara (Haidra), Sufetula (Sbeitla), Capsa (Gafsa), Hadrumetum (Sousse), Thapsus, Thysdrus (El-Djem), Ruspa, Tinae, Tacape (Gabès), etc. On la divisa en deux provinces : au Nord, la Zeugitane; au Sud, la Byzacène (Byzacium), région du Sahel, appelée aussi Emporium, dont le gouverneur habitait Hadrumetum.L'aménagement des eaux, la culture méthodique avec double labour et fumure, firent de la Tunisie le grenier de Rome, terre du blé et des olives. Son port méridional de Gightis recevait les caravanes du Soudan. Les guerres du temps des Gordiens (238), l'incursion des Maures sous Valérien, les révoltes d'Aradion que tua Probus, de Julianus (293), de Domitius Alexandre (308-11), tour à tour proclamés à Carthage, de l'indigène Firmus, de son frère Gildon, du comte Héraclien (413), du comte Boniface (417), préparent l'invasion vandale. La future Tunisie fait ensuite partie de l'empire d'Orient sous Justinien (533) et ses successeurs. Les premières incursions arabes ont lieu à partir de 638; soixante ans plus tard, leur conquête du pays est achevé. Il est intégré au vaste empire des Califes. S'y succèderont les dynasties des Aghlabites de Kairouan (800), des Fatimides (909), puis des Zéirites ou Zirides (972), et des Almohades (1160). En 1206, les Hafsites (Hafsides) y fondent une souveraineté indépendante, qui dura plusieurs siècles. En 1534, Barberousse prit Tunis au nom des Turcs, mais dès l'année suivante le prince détrôné fut restauré par Charles-Quint, qui s'empara de Tunis en 1555. En 1573, les Espagnols furent chassés, et le Turc Sinan pacha soumit ce pays à l'autorité de la Porte. Le pays fut gouverné par des pachas, appelés ensuite deys. Après un siècle environ, les janissaires turcs, qui formaient la garde des pachas, s'arrogèrent le droit d'élire un chef, dit Bey, qui se rendit de plus en plus indépendant d'Istanbul. Le titre de bey s'est perpétué héréditairement, quoique par élection, dans la famille de Hassan-ben-Ali, élu en 1705. Ces élections militaires ont causé de fréquentes révolutions. Après la prise d'Alger par les Français en 1830 (L'Histoire de l'Algérie), ceux-ci ont imposé leur autorité au bey. L'influence de la France, qui s'est traduite par l'imposition de réformes financières et administratives a surtout profité aux colons français qui commencent à s'installer et aux dignitaires du régime beylical. Aussi, en 1861, une insurrection contre l'autorité du bey éclata. L'adoption d'une constitution, n'empêcha pas de nouveaux troubles. En 1881, la France impose son protectorat à la Tunisie (Traité de Bardo), qui n'accèdera à l'indépendance qu'en 1956. Dates clés : 146 av. J.-C. - Chute de Carthage. |
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Préhistoire et Antiquité de la TunisieLes premières populations et la période préhistoriqueLa Tunisie, située au cœur du bassin méditerranéen, a été habitée depuis la préhistoire. Des outils de pierre et des gravures rupestres trouvés dans les montagnes du sud témoignent de la présence humaine dès le paléolithique. Durant le néolithique, la région connaît une sédentarisation progressive, avec le développement de l'agriculture et de l'élevage. Les premières cultures néolithiques étaient caractérisées par la poterie, l'utilisation d'outils en pierre polie, et l'établissement de villages permanents. Phéniciens et
carthaginois.
Carthage se transforme en une puissance impériale, établissant son contrôle sur de vastes territoires en Afrique du Nord et en Méditerranée. L'économie carthaginoise repose sur le commerce, l'agriculture, et l'exploitation des ressources naturelles, notamment le sel et les métaux précieux. La ville est également célèbre pour ses compétences en construction navale et son armée redoutable, qui incluait une force de mercenaires. Les guerres puniques (264-146 av. JC), une série de trois conflits majeurs entre Carthage et Rome, marquent un tournant décisif dans l'histoire de Carthage. La première guerre punique se termine par la perte de la Sicile pour Carthage. La deuxième guerre punique est marquée par les exploits militaires du général carthaginois Hannibal, qui mène une célèbre expédition à travers les Alpes pour attaquer Rome. Malgré ces succès initiaux, Carthage est finalement vaincue. La troisième guerre punique (149-146 av. JC) se termine par la destruction totale de Carthage par les Romains. La ville est rasée, et ses terres sont annexées pour devenir la province romaine d'Afrique. La destruction de Carthage marque la fin de l'indépendance carthaginoise et le début de la domination romaine en Afrique du Nord. Romains, Vandales
Byzantins.
En 429 ap. JC, les Vandales, un peuple germanique, envahissent l'Afrique du Nord sous la conduite de leur roi Genséric. En 439, ils s'emparent de Carthage, établissant un royaume vandale qui domine la région pendant près d'un siècle. Sous les Vandales, la population locale, majoritairement romaine et chrétienne, subit des persécutions, et l'économie de la région décline. Le règne des Vandales est relativement bref, car en 533, l'empereur byzantin Justinien lance une campagne pour reconquérir l'Afrique du Nord. Les troupes byzantines, dirigées par le général Bélisaire, réussissent à vaincre les Vandales et à réintégrer la région dans l'Empire romain d'Orient (ou Empire byzantin). Sous les Byzantins, la région connaît une certaine stabilité, bien que les conflits internes et les raids des tribus berbères continuent de poser des défis. Les Byzantins renforcent les fortifications de Carthage et d'autres villes pour protéger la région contre les incursions. Cependant, la domination byzantine en Afrique du Nord est elle aussi de courte durée. Au milieu du VIIe siècle, les Arabes, unifiés sous la bannière de l'islam, commencent leur expansion rapide. En 647, les premières forces arabes atteignent la Tunisie, marquant le début de la fin de la domination byzantine et l'entrée de la région dans une nouvelle ère. L'arrivée des Arabes Quand l'invasion vandale submerge l'Afrique carthaginoise en 439 et affaiblit la domination latine, les Berbères s'affranchissent dans les montagnes, ravagent et incendient les villes. Le royaume vandale sera reconquis par Bélisaire (533), mais les Byzantins s'épuisent à lutter contre les incursions des indigènes et les révoltes locales; en 648, le patrice Grégoire se proclame roi à Sufetula. Et c'est cette année même que surviennent les premiers envahisseurs arabes conduits par Abdallah. Grégoire est vaincu et tué, la Byzacène et l'Afrique proconsulaire sont rançonnées. En 662, les Arabes reparaissent avec Moawiya et vont jusqu'à Bizerte. En 665, ils reparaissent et conquièrent Djerba. En 670, Okba s'installe au coeur du pays et fonde la capitale arabe, Kairouan. Il périt en combattant le Berbère Koçaïlah (683), mais est vengé par Kohaïr-ibn-Kaïs (688). Enfin Hassan-ibn-es-Noman s'empare de Carthage, de Bizerte, achève la conquête musulmane (698). Après un siècle
de gouvernement par des Ă©mirs, se fonde en 800, avec l'accord d'Haroun
er-Rachid, la dynastie Aghlabite (Les
dynasties musulmanes au Moyen âge) qui, rapidement, ne reconnaîtra
plus que nominalement la suzeraineté des califes
de Bagdad; ses onze princes meurent presque
tous de mort violente, et la guerre est à peu près continuelle. En 909,
surgissent les Fatimides, nouvelle dynastie qui prend le titre de calife
et dont le fondateur, ObeĂŻd-Allah, fonde une nouvelle capitale, Mehdia
(916). Renonçant à dompter les indociles Berbères, les Fatimides se
tournent vers la mer et vers l'Égypte;
ils s'y installent en 972, laissant Ă des gouverneurs de la famille Ziride,
d'origine berbère, le gouvernement du Maghreb.
En 1045, les Zirides se déclarent indépendants, événement dont les
conséquences furent immenses, Le calife égyptien jeta sur ses vassaux
révoltés les tribus arabes campées aux limites de l'Égypte et que l'on
groupe sous le nom de Hillaliens. Ces tribus qui se disent descendre de
Hillal et de Soleim, fortes d'au moins 200 000 personnes, submergent l'Afrique
berbère Barca en 1049,
Tripoli
en 1050, Kairouan en 1051. La conquête musulmane avait été politique
et religieuse; celle-ci fut ethnique; les nomades arabes s'emparèrent
de la plaine, refoulant dans la montagne les Berbères qui veulent demeurer
autonomes. De cette invasion date la physionomie actuelle des populations
nord-africaines. Mehdia avait résisté et les Zirides survécurent.
Les trois âges de l'histoire de la Tunisie, à El Jem. Le Colisée, remontant à l'époque romaine, la mosquée, symbole de l'Islam , et le lampadaire rappelant l'époque coloniale. Photo : © Angel Latorre, 2008. En 1148, les Normands de Sicile les expulsent de Mehdia. Le dernier Ziride, eI-Hassan, invoque l'assistance d'Abd-el-Moumen, le grand sultan almohade; celui-ci conquiert l'Ifrikia (Africa antique, en gros la Tunisie actuelle), y compris Mehdia (1160). Les Almohades installent en 1207, comme gouverneur, Abou-Mohamed-el-Hafs, dont le fils Abou Zakana se rend indépendant à Tunis et fonde la dynastie Hafside (1236). Le fils de celui-ci, Abdallah-el-Mostanser-Billah, repousse la croisade de saint Louis (1270). Les Hafsides déclinent, leur histoire est tramée de tragédies domestiques et de perpétuelles révoltes. Le dernier, Moulaï-Hassen, chassé par le corsaire Kheireddine, qui avait fait hommage au sultan des Turcs ottomans, se réfugie auprès de Charles-Quint, lequel conquiert Tunis et l'y restaure (1535), mais il y est culbuté sitôt après. Les dominations étrangères La régence de
Tunis.
Le bey Ibrahim pris par les Algériens est remplacé par Hussein ben-Ali, fondateur d'une nouvelle dynastie (1705). Il est tué par son neveu Younès en 1740 ; puis règnent ses trois fils, Mohammed (1756-59), Ali (1759-81), Mahmoud; puis Hussein (1824-35), Mahmoud Bey (1835-37), le fils de celui-ci, Ahmed (1837-56), l'un des plus énergiques beys de Tunis; en 1819, la France et l'Angleterre avaient fait abolir la piraterie. Mohammed-es-Saddok (1856-82), par sa mollesse et sa mauvaise gestion financière, endette la Régence, tombe sous la tutelle d'une commission financière internationale. La France, qui redoutait à côté de l'Algérie un État incontrôlable - ou plutôt trop facilement contrôlable par des puissances rivales (Italie, Royaume-uni)... -, et incapable de faire respecter la frontière, intervient militairement en 1881, sous prétexte de mater une tribu de pillards, les Khroumirs; le 24 avril, elle envahit la Khroumirie; le 12 mai, le général Bréart, débarqué le 1er mai à Bizerte, fait signer au bey le traité du Bardo, plaçant la Tunisie sous le protectorat français. Saddok, mort le 27 octobre 1882, a pour successeur son frère Sidi-Ali (né le 14 août 1817). Le protectorat
français.
Cette situation favorise l'émergence d'un mouvement nationaliste dans les premières années du XXe siècle, qui se concrétise par la montée en force d'un parti nationaliste, le Destour, formé en 1918, et qui réclame des réformes et une plus grande autonomie. Cependant, la France réprime les revendications nationalistes. En 1934, Habib Bourguiba et d'autres jeunes nationalistes fondent le Néo-Destour, un parti politique plus radical que le Destour, qui exige l'indépendance de la Tunisie. Ce parti prend rapidement de l'importance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie devient un champ de bataille entre les forces alliées et les forces de l'Axe. Après la guerre, le mouvement nationaliste tunisien prend de l'ampleur, soutenu par la décolonisation mondiale. Au début des années 1950, lLa lutte pour l'indépendance s'intensifie avec la répression française et la montée des manifestations populaires. Les dirigeants du Néo-Destour sont arrêtés, mais cela ne fait qu'accroître la détermination des Tunisiens. Le 20 mars 1956, la Tunisie obtient son indépendance après des négociations avec la France. Habib Bourguiba devient le Premier ministre du pays. La Tunisie indépendante.
Le 7 novembre 1987, Zine El Abidine Ben Ali, alors Premier ministre, destitue Bourguiba, prétextant des raisons de santé lors de ce qu'on a appelé un coup d'État médical. Ben Ali devient président de la République. Ben Ali promet des réformes politiques et une ouverture démocratique. Cependant, après une brève période de libéralisation, il renforce son emprise sur le pouvoir, avec des élections largement truquées. Ben Ali instaure un régime autoritaire, marqué par la répression de l'opposition, la censure des médias, et une surveillance étroite de la société civile. L'économie tunisienne connaît une croissance modérée, mais les inégalités sociales persistent. Le régime de Ben Ali devient de plus en plus corrompu, avec une mainmise de sa famille et de ses proches sur l'économie du pays. Les critiques et les dissidents sont systématiquement réprimés. La situation économique et sociale devient intenable pour une grande partie de la population. Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid, s'immole par le feu pour protester contre les conditions économiques et les abus policiers. Cet acte déclenche des manifestations massives à travers le pays. Les semaines suivantes, les manifestations s'intensifient, rassemblant des milliers de Tunisiens dans les rues pour réclamer la fin du régime de Ben Ali. Le 14 janvier 2011, après 23 ans au pouvoir, Ben Ali fuit la Tunisie pour se réfugier en Arabie saoudite. Sa chute marque le début de la transition démocratique en Tunisie et inspire les mouvements du Printemps arabe dans d'autres pays de la région. Un gouvernement provisoire est formé pour gérer la transition. eLs élections pour la nouvelle Assemblée constituante ont eu lieu fin octobre 2011 et, en décembre, le militant des droits de l'homme Moncef Marzouki est élu président. Le parti islamiste Ennahdha remporte la majorité des sièges à l'Assemblée, mais forme une coalition avec des partis laïques, notamment le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol. La transition est bientôt marquée par des tensions politiques et sociales, ainsi que par des assassinats politiques, notamment ceux de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, deux figures de l'opposition laïque. Ces événements provoquent une crise politique majeure. Après de longues négociations, une nouvelle Constitution est adoptée en janvier 2014, établissant un régime parlementaire mixte. En décembre, Béji Caïd Essebsi, leader du parti laïque Nidaa Tounes, remporte l'élection présidentielle. En 2015, la Tunisie est secouée par plusieurs attentats terroristes revendiqués par des groupes jihadistes, dont les attaques du musée du Bardo en mars et de la plage de Sousse en juin, qui font des dizaines de victimes, principalement des touristes étrangers. Ces attaques affaiblissent l'économie, particulièrement le secteur touristique, vital pour le pays. Le gouvernement, confronté à des défis économiques croissants comme le chômage, l'inflation et la dette publique, met en place des réformes économiques sous la pression du Fonds monétaire international (FMI). Cependant, ces réformes provoquent des grèves et des manifestations en raison de leur impact social. Les tensions sociales persistent, avec des protestations régulières contre la corruption, le chômage élevé, et les disparités régionales. Les élections municipales de 2018, les premières depuis la révolution, révèlent une désaffection croissante des citoyens vis-à -vis des partis politiques traditionnels. L'année 2019 est marquée par la mort de Béji Caïd Essebsi en juillet, ce qui entraîne une élection présidentielle anticipée. En octobre, Kais Saied, un universitaire et candidat indépendant, remporte la présidence avec une large majorité, grâce à un discours anti-système et anti-corruption. Les élections législatives voient une fragmentation politique avec l'ascension de nouveaux partis et le déclin des anciens partis dominants. La Tunisie, comme le reste du monde, est frappée par la pandémie de covid-19, qui aggrave la situation économique déjà précaire du pays. Le gouvernement adopte des mesures strictes pour contenir la pandémie, mais celles-ci exacerbent les tensions sociales. Le 25 juillet, Kais Saied prend des mesures extraordinaires, invoquant l'article 80 de la Constitution pour suspendre le Parlement et limoger le Premier ministre. Il annonce par la suite qu'il gouvernera par décret, provoquant des accusations de coup d'État par ses opposants. En juillet, Saied organise un référendum sur une nouvelle Constitution, qui est adoptée avec un faible taux de participation. Cette Constitution accorde des pouvoirs étendus au président, réduisant les contre-pouvoirs et marquant un retour à un système plus centralisé. Les élections législatives de décembre 2022, marquées par un très faible taux de participation, confirment la marginalisation du Parlement sous la nouvelle Constitution. La situation économique du pays reste préoccupante, avec une inflation galopante, un chômage élevé, et des tensions sociales persistantes. Lors du scrutin présidentiel du 6 décembre 2024, qui a réuni officiellement 28,8% d'électeurs, et avant lequel les principaux leaders de l'opposition avaient été emprisonnés, Kaïs Saied s'est reconduit pour un nouveau mandat.
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