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Après
avoir été longtemps l'un des principaux centres de la civilisation
en Méditerranée, la Grèce avait été
conquise par la Macédoine ,
puis par Rome
( La Grèce Antique ).
A partir de cet instant , l'histoire de la Grèce n'offrit presque
aucun fait important; elle se confondit avec celle de l'empire romain.
Mithridate
lui apparut vainement comme un libérateur, et la prise d'Athènes
par Sylla, l'an 86, fut le résultat de la
participation des Grecs à la lutte du roi de Pont contre Rome. Saint
Paul introduisit le christianisme
à Athènes et à Corinthe
dès le Ier siècle de
J. C. La Grèce fut dévastée par Alaric,
roi des
Wisigoths, de 395 à 398.
Comprise dans le diocèse de Macédoine, faisant partie de
la préfecture d'Illyrie ,
elle fut, lors du partage de l'empire, incorporée dans l'empire
d'Orient .
La Grèce
au Moyen Âge .
Le nouvel empire
fut sans cesse désolé par les invasions des barbares : après
les Wisigoths, les Vandales
(466), les Ostrogoths (475), les Bulgares
(500), l'envahirent à leur tour. Vinrent ensuite les Slaves (540),
qui, pendant deux siècles, parcoururent toutes les parties de la
Grèce et finirent par s'y établir, d'abord en Macédoine
sous Justinien II (687), puis dans le Péloponnèse
au pied du mont Taygète (746).
La Grèce repoussa
aux IXe et Xe
siècles les invasions des Arabes, et aux Xe
et XIe celles des Bulgares .
Mais elle ne put résister à celles des Normands de la Sicile
aux XIe et XIIe
siècles : en 1080, Robert Guiscard conduisit en Grèce la
première expédition normande et soumit l'Epire
ainsi qu'une partie de la Thessalie
et en 1146, le roi normand de Sicile, Roger, ravagea l'Étolie
et l'Acarnanie ,
pénétra dans le golfe de Corinthe, prit Corinthe,
Thèbes ,
et emmena une foule de Béotiens
captifs. Après la prise de Constantinople
par les Latins, en 1204, la Grèce, conquise par les croisés ,
fut partagée en plusieurs fiefs relevant du royaume de Thessalonique,
fondé par Boniface, marquis de Montferrat, et de l'empire latin
de Constantinople .
Les principaux parmi ces fiefs furent : le despotat d'Epire, le duché
d'Athènes
et les principautés d'Achaïe
et de Morée. Les Vénitiens s'emparèrent en même
temps de diverses places du littoral et d'une partie des îles de
l'Archipel.
L'empire grec ,
rétabli à Constantinople
en 1261, replaça sous son sceptre la majeure partie de la Grèce,
de la fin du XIIIe au milieu du XIVe
siècle. Les Turcs ,
devenus maîtres de Constantinople en 1453, prirent Athènes
en 1456, et rangèrent sous leur domination, dans le cours du XVe
siècle, la Grèce entière, à l'exception
de quelques forteresses possédées par les Vénitiens,
qui furent forcés de les leur abandonner en
1573.
Le royaume de
Grèce.
Une insurrection
des Monténégrins
fut, en 1766, le prélude des efforts de la Grèce pour s'affranchir
du joug ottoman .
Un soulèvement des Maïnotes de la Morée, fomenté
en 1769 et soutenu par la Russie ,
n'eut d'autre résultat que l'insertion dans le traité de
Kutchuk-Kaïnardji, en 1774, de quelques vaines stipulations en faveur
des Grecs. Les Souliotes, qui avaient contraint Ali, pacha de Janina, de
reconnaître leur indépendance, succombèrent en 1803
dans une guerre contre ce pacha, après douze ans de combats héroïques.
En 1821 éclata enfin un soulèvement général
dans lequel se signalèrent particulièrement Démétrius
Ypsilanti, Capo d'Istria, Colocotronis, Mauromichalis, Nikitas,Canaris,
Miaoulis,
Botzaris, Colettis, Metaxa et Maurocordato.
L'intervention de
la France ,
de l'Angleterre
et de la Russie ,
dont les flottes réunies détruisirent la flotte turque à
Navarin ,
en 1827, et l'occupation de la Morée par un corps d'armée
français, en 1828, forcèrent la Turquie d'admettre l'indépendance
de la Grèce, qui fut proclamée en 1830. La couronne du nouveau
royaume fut offerte au prince Léopold de Saxe-Cobourg, devenu ensuite
roi de Belgique ,
qui la refusa. Elle fut acceptée en 1832 par Othon;
deuxième fils du roi de Bavière ,
qui n'atteignit sa majorité qu'en 1835. Un mécontentement
général obligea le roi de remplacer, en 1837, par un ministère
national l'administration toute composée de Bavarois qui avait jusque-là
gouverné le pays. Une révolution militaire, ourdie par le
parti russe dans le but secret d'expulser le roi Othon, éclata dans
la nuit du 15 septembre 1843, et eut pour résultat d'établir
en Grèce une constitution modelée sur la Charte française.
Cette constitution fut promulguée en 1814.
Pendant la guerre
entreprise par la France
et l'Angleterre
pour empêcher la Russie
d'envahir l'empire ottoman
( La Question d'Orient ),
le gouvernement grec favorisa un mouvement insurrectionnel qui manifesta
sa sympathie pour la Russie par la violation du territoire turc. Mais l'occupation
du Pirée par les Anglo-Français, de 1854 à 1857, imposa
à la Grèce une neutralité complète.
Les idées
révolutionnaires se sont aussi introduites en Grèce à
partir du milieu du XIXe siècle.
Une insurrection militaire éclata à Nauplie
en 1862, et ne fut pas réprimée sans difficulté par
le gouvernement. Le royaume de Grèce avait été jusqu'en
1862 une monarchie héréditaire et constitutionnelle, avec
un sénat et une chambre des députés. Mais la conspiration
militaire de Nauplie avait révélé le danger de la
situation du roi Othon et la faiblesse de
son gouvernement. Sa chute, ourdie à l'intérieur, a été
accélérée par les intrigues étrangères.
C'était une
idée dominante chez les Grecs que le territoire de leur royaume,
qui avait été renfermé par la diplomatie, lorsqu'elle
l'a créé, dans des limites à la vérité
trop étroites, n'était que le foyer d'une nationalité
qui devait s'étendre partout où la langue grecque était
prépondérante. Mais il n'était pas au pouvoir du roi
Othon
de satisfaire les aspirations des Grecs, et c'est injustement qu'ils lui
imputaient de ne pas vouloir leur agrandissement. Le reproche qu'ils lui
faisaient de ne pas pratiquer complètement le gouvernement représentatif
n'était peut-être pas sans quelque fondement; mais ils avaient
d'ailleurs en lui un souverain qui aspirait à une bonne administration
du pays.
Pendant une absence
du roi et de la reine, une révolution éclata à Athènes
en octobre 1862, et la majeure partie du royaume prit part à ce
mouvement insurrectionnel. Un gouvernement provisoire fut institué,
et la déchéance du roi Othon
et de sa dynastie fut proclamée au nom de l'armée et du peuple.
Ce fut donc encore une révolte en partie militaire. Le roi et la
reine prirent la route de Venise sur un bâtiment
anglais. Le gouvernement provisoire, présidé par Boulgaris,
devenu par ambition l'instrument des vues de l'Angleterre ,
décréta que la monarchie constitutionnelle serait conservée,
que l'élection d'un nouveau roi serait remise au suffrage universel,
et qu'une Assemblée nationale serait élue par la même
voie. Des trois partis existants en Grèce, le parti français,
le parti russe et le parti anglais, ce dernier avait été
jusqu'alors incomparablement le plus faible; mais la politique anglaise,
toujours attentive à accroître son influence en Orient, sut
persuader les Grecs que c'était leur intérêt d'élire
pour roi le prince Alfred, fils cadet de la reine de la Grande-Bretagne
(Victoria), et le gouvernement britannique promit
de laisser les îles Ioniennes libres de se réunir au royaume
de Grèce. Présentée à ce point de vue, la candidature
du prince Alfred eut le succès qui lui avait été préparé.
Mais le discours d'ouverture du parlement anglais déclara, en février
1867,
que les engagements diplomatiques de la Grande-Bretagne ne lui permettaient
pas d'acquiescer au voeu de la nation grecque.
Le prince Ferdinand
de Saxe-Cobourg-Gotha-Kohary, père du roi du Portugal
dom Pedro V, et le duc Ernest de Saxe-Cobourg-Gotha ont successivement
refusé la candidature au trône de Grèce. L'assemblée
nationale, qui s'était constituée après avoir été
élue, décida, en 1863, que le pouvoir resterait entre les
mains du gouvernement provisoire. Mais le parti dit des Montagnards, parce
que les montagnards de l'Acarnanie
et de l'Etolie en formaient le principal noyau, fit prévaloir dans
l'assemblée nationale la résolution de former un nouveau
gouvernement provisoire, présidé par Valvis, avocat de Missolonghi,
qui avait été ministre des finances sous le roi Othon.
Sous l'influence de la diplomatie européenne, l'assemblée
nationale proclama roi des Grecs, le 30 mars 1863, sous le nom de Georges
Ier, le second fils du prince Christian
de Danemark ,
de la maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg, à la
double condition de prêter serment à la constitution et d'élever,
son successeur dans la profession de la religion grecque orthodoxe.
-
Georges
Ier, roi de Grèce.
Sous les règnes
de Georges Ier (1863-1913), et de son fils
Constantin (1913), la Grèce réalisa la plus grande partie
de son programme d'expansion nationale : annexion de la Thessalie
(1881); érection de la Crète
en principauté sous le gouvernement du prince Georges de Grèce,
deuxième fils du roi (1898); acquisition, à la faveur des
guerres balkaniques, de Salonique, de la
vallée inférieure du Vardar, du littoral de la mer Égée,
jusqu'à Kavala inclus, et de la majeure partie des îles de
la mer Égée. Par contre, la constitution et la délimitation,
par les puissances, de la principauté d'Albanie
lui enleva la plus grande partie de l'Épire, que ses troupes ont
dû évacuer en mars 1914, et ses ambitions se heurtèrent
à celles de l'Italie .
La vie politique paraissait ardente; en réalité, il y avait
moins des partis que des coteries de chefs politiques, s'appuyant sur une
clientèle régionale : Tricoupis, Delyannis, Zaïmis,
Theotokis, etc. Les succès des armées helléniques,
en 1913, donnèrent au roi Constantin un prestige considérable
et une assez grande autorité sur l'armée.
La révolution
libérale qui avait eu lieu en 1909 et avait conduit, en 1911, à
la promulgation d'une nouvelle constitution garantissant les libertés
publiques, avait porté à la tête du gouvernement Eleuthérios
Venizélos, qui parvint, au moment du déclenchement de la
Grande Guerre, à conserver à la Grèce sa neutralité.
Cependant, Constantin, marié en 1889 à la princesse Sophie,
soeur de l'empereur Guillaume II, et partisan de l'accord avec l'Allemagne ,
eut, dès 1914, une politique visiblement hostile à celle
des alliés. En
1915, il remplaça Venizélos par Gounaris,
pro-allemand, mais ne parvint pas à l'imposer. En 1917, Vénizélos
revint aux affaires et força le roi à quitter le pays, laissant
le trône à son fils Alexandre. La Grèce put se ranger
alors du côté des Alliés. Bien que tardif, ce ralliement
permit au pays de bénéficier, à la suite des Traités
de Sèvre et de Lausanne ,
du nouveau dessin des frontières européennes décidé
par les vainqueurs à la fin de la Guerre.
L'entre deux guerres.
Par le traité
de Sèvres (août 1920), la Grèce obtint de la Turquie
plusieurs îles : Imbros ,
Tenedos, Lemnos, Samothrace ,
Mytilène ,
Chio ,
Samos ,
Nikaria; la rive européenne des Dardanelles
devenait grecque et, de la mer Noire à la Strouma, le territoire
hellénique englobait Andrinople
et la vallée inférieure de la Maritza. A Lausanne (juillet
1923),
la Thrace orientale fut rétrocédée à
la Turquie, ainsi que les îles d'Imbros et de Tenedos, qui furent
cependant dotées d'une organisation administrative spéciale,
composée d'éléments locaux et « donnant toute
garantie à la population indigène non musulmane-».
On confirma l'attribution à la Grèce des îles de Samothrace,
Lemnos, Mytilène, Chio, Samos, et Nikari, mais les quatre dernières,
voisines de la côte asiatique, durent être démilitarisées.
L'Assemblée nationale de Chypre ,
demanda vainement à l'Angleterre
(qui avait annéxé l'île au début du conflit)
d'autoriser le rattachement de l'île à la Grèce. Le
Dodécanèse
resta à l'Italie .
En 1922, le roi
Georges II avait succédé à Alexandre. Il dut cependant
quitter le pays l'année suivante, et, le 25 mars 1924, la république
fut proclamée en Grèce. Une nouvelle constitution fut adoptée
en 1927. Mais en mars 1933, un coup d'État mené par le général
Plastiras la renversa. En novembre 1935, la monarchie fut restaurée.
Georges II nomma en août 1936
comme premier ministre Ioannis Metaxas,
un général, qui abolit aussitôt la constitution et
instaura une dictature. Bien que ce régime soit de caractère
fasciste, la Grèce se rangea en 1940 aux côtés de l'Angleterre .
En octobre, les troupes italiennes
qui venaient de s'emparer de l'Albanie ,
lancèrent une attaque contre la Grèce, qui fut repoussée.
Le pays ne put cependant pas refouler l'invasion de l'armée allemande,
le 6 avril 1941. Le roi s'enfuit en Égypte ,
tandis que sur le territoire grec les communistes et leurs alliés
de gauche (mouvements de libération EAM, ELAS) et les royalistes
(EKKA, EDES) commençaient, chacun de leur côté, à
organiser une résistance à l'occupation. Athènes
et le Pirée furent libérés en octobre 1944 grâce
à leur action, puis tout le reste du pays, cette fois avec l'aide
des Britanniques, qui installèrent Georgios Papandreou au poste
de premier ministre. Une nomination qui attisa la protestation des communistes
et déclencha une guerre civile, et conduisit Churchill a réunir
les différents protagonistes de la crise en février
1945
pour signer, à Varkiza, des accords qui ne permirent qu'un apaisement
temporaire (l'insurrection communiste allait durer près de cinq
ans). En septembre 1945, le roi revint en Grèce après un
plébiscite. En 1946, les élections donnèrent la majorité
au parti royaliste et la monarchie fut restaurée.
La Grèce
depuis 1945.
Le tutorat britannique
sur le pays céda en 1947 la place à celui des États-Unis
(plan Marshall); la même année le traité
de Paris donna à la Grèce le Dodécanèse.
En 1951, la Grèce adhéra à l'Otan; à cette
époque le pays, qui semblait s'installer dans une certaine prospérité
économique, commença aussi à consolider apparemment
sa démocratie dans le cadre d'une monarchie parlementaire. La tension
entre le nouveau roi, Constantin II, qui avait accédé au
trône en 1964, et le libéral Giorgios Papandreou relança
une période de remous qui se termina le 21 avril 1967, avec un coup
d'État militaire organisé par un groupe de colonels, qui
nommèrent l'un d'eux Giorgios Papadopoulos, à la tête
du gouvernement. Les royalistes tentèrent un coup de force en octobre,
le 13 décembre, mais leur échec conduisit le roi à
s'exiler. Le régime des colonels fut hautement répressif
et brutal. En 1973, il abolit la monarchie et Papadopoulos s'érigea
en nouveau président de la république, avant d'être
presque aussitôt renversé par le général Demetrios
Ioannidis, chef de la police militaire. Celui-ci assouplit quelque peu
la dictature et dut renoncer complètement au pouvoir en 1974. On
rappela d'exil Constantin Caramanlis, qui avait été premier
ministre avant le coup d'État militaire, mais le retour de la monarchie
fut rejeté par un référendum.
-
Un
Evzone
(membre de la garde présidentielle),
à la tombe du soldat inconnu,
place
Syntagma, à Athènes. Source : The
World Factbook.
En 1975, une nouvelle
constitution fit de la Grèce une république parlementaire,
mais dotant le président de pouvoirs étendus. Caramanlis
en fut élu président en 1980. L'année suivante, le
pays entra dans la CEE (Communauté économique européenne),
tandis que le fils de Giorgios Papandreou, Andreas Papandreou (1919-1996),
le chef du parti socialiste (Pasok), était porté par des
élections législatives à la tête du gouvernement.
En 1986, les pouvoirs présidentiels furent réduits au profit
du parlement. La victoire, en 1990 de parti de centre-droit de la Nouvelle
démocratie, dirigé par Constantin Mitsotakis a inauguré
une période d'alternances politiques. Le Pasok a de nouveau gagné
les élections en 1993, et la Nouvelle démocratie en 2004.
Pendant toute cette période, la Grèce a confirmé son
ancrage au sein de l'Europe : janvier 2002, adoption de l'euro (après
une falsification du déficit budgétaire qui sera révélé
deux ans plus tard); avril 2005, ratification du traité de constitution
européenne. A la fin des années 1990 et au début des
années 2000, la Grèce a aussi entrepris de normaliser ses
relations avec ses voisins, notamment avec la Turquie, objet de vieux et
récurrents antagonismes, et avec la Macédoine, devenue indépendante
de la Yougoslavie en 1991, et que la Grèce soupçonnait de
vouloir revendiquer sa propre province de Macédoine.
La Grèce est
devenue le douzième membre de l'Union économique et monétaire
européenne (Zone euro) en 2001. A partir de la fin 2009, le pays
a connu une grave crise économique , en raison de près d'une
décennie de dépenses excessives chroniques et de rigidités
structurelles. Trois accords de renflouement d'une valeur totale d'environ
300 milliards de dollars ont dû être conclus avec la Commission
européenne, la Banque centrale européenne (BCE), le FMI,
et (pour celui de 2015) avec aussi le Mécanisme européen
de stabilité (MES). Le gouvernement grec est officiellement
sorti du troisième plan de sauvetage en août 2018. |
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