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La
Bolivie,
connue avant l'indépendance (1825) sous le nom de
Haut-Pérou,
faisait partie avant l'arrivée des Espagnols
de l'empire des Incas. Il était habité
principalement par des populations de langue Aymara qui occupaient la contrée
voisine du lac Titicaca et tout le pays à l'Ouest de ce lac, et
de langue Quechua qui occupaient la partie orientale. Les Antis, soumis
aux Incas, se trouvaient dans la région des crêtes orientales
jusque vers l'emplacement actuel de Santa Cruz de la Sierra; les Charcas,
dans les vallées du Sud-Est. La grande plaine subandine n'était
pas soumise aux Incas; elle était habitée :
1° par
de nombreuses populations pampéennes dont les plus connues aujourd'hui
sont les Moxos dans le bassin du Mamoré et les Chiquitos au Sud-Est;
2° par des peuples
de langues guaranies, les Guarayos, les Chiriguanos; les fréquentes
migrations de ces nomades ne permettent pas de dire avec exactitude le
nom, le nombre des tribus et la contrée où elles vivaient.
Le Haut-Pérou
suivit la fortune de l'empire des Incas;
il fit partie, sous la domination espagnole, de la vice-royauté
du Pérou .
Dès l'an 1539, Pedro Anzurez, lieutenant de Pizarro,
après avoir réduit par force les Charcas, établit
dans l'ancienne ville indienne de Chuquisaca une colonie espagnole sous
le nom de Ciudad de la Plata; mais l'ancien nom prévalut et même
celui de Charcas fut donné à la province. En 1545, la découverte
d'une riche mine d'argent par un esclave, conducteur de lamas, amena la
fondation par Juan Villaroel et Diego Centeno de la Villa impériale
que les indiens condamnés à exploiter cette mine désignèrent
sous le nom de Potosi (prononcer pototchi), « la montagne
». Trois ans après la défaite de Gonzalès Pizarro
et la fin de la guerre civile, la ville de Nuestra Señora de la
Paz « Notre-Dame de la paix » fut fondée par ordre du
gouverneur général Pedro de la Gasca, en mémoire de
la pacification du Pérou, sur l'emplacement de la ville indienne
de Chuquiyapu, «-le champ de grains d'or-». Furent fondées
ensuite Santa Cruz de la Sierra (1557) qui, détruite par les Indiens,
fut rétablie plus au Nord-Ouest (1596); Ciudad de Oropesa (1572)
qui ne tarda pas à prendre le nom indien de la rivière Cochabamba,
Tarija (1591), poste avancé contre les Indiens du Tucuman. Au milieu
du XVIIe siècle, les jésuites
pénétrèrent dans les plaines orientales et fondèrent
des missions chez les Chiquitos et les Moxos qui, jusqu'à leur expulsion,
en 1767, prospérèrent : Trinidad de Mojos fondé en
1687, San Javier en 1691, Exaltacion de la Cruz en 1696, San Juan (qui
a été plusieurs fois déplacé) en 1699, Santa
Ana en 1705, etc.
En 1559, une audience
royale ou tribunal supérieur avait été institué
à Charcas; jusqu'en 1765 elle a étendu sa juridiction non
seulement sur le Haut-Pérou, mais sur toute la Plata. Aussi les
Espagnols
désignaient-ils ordinairement le Haut-Pérou sous le nom d'audience
de Charcas. Cette audience, divisée en intendances de La Paz, de
Chuquisaca, de Cochabamba, de Santa Cruz, fut détachée du
Pérou
en 1796 pour faire partie de la vice-royauté de la Plata.
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L'exploration
de la Bolivie
Découverte
presque à la même date que le Pérou ,
la Bolivie n'intéressa d'abord les Espagnols
que par ses riches mines d'argent, qui devinrent immédiatement l'objet
d'une exploitation très importante; quant à l'exploration
du pays, on n'en eut aucun souci, et c'est seulement après la constitution
de la Bolivie en république indépendante que la géographie
du pays s'est réellement constituée. Presque seules, auparavant,
les Lettres édifiantes fournissent de précieux renseignements
sur l'état général et sur les anciennes populations
du pays.
Alcide
d'Orbigny de 1826 à 1833, Francis de
Castelnau, Weddell, Tschudi (1837-1842), les frères Grandidier,
Pissis, Wiener, etc. sont, vers le milieu du XIXe siècle, les principaux
explorateurs de la Bolivie, dont les cartes
d'Ondarza (1842 à 1851) et d'Hugo Reck (1865) sont les plus exactes.
Depuis cette époque, Musters, Minchin et Cilley ont ensuite déterminé
les coordonnées astronomiques de bon nombre de positions dans le
pays (1875), tandis que des voyageurs, des savants, des industriels, des
missionnaires ont apporté des contributions précieuses à
la connaissance de l'hydrographie bolivienne, dont ils poursuivaient encore
l'exploration (colonel Pando, etc.) au début du XXe
siècle. Mais à cette époque, il n'existait encore,
en réalité, aucun levé précis du pays, et les
levés approximatifs eux-mêmes étaient loin d'en embrasser
la majeure partie. |
C'est à Chuquisaca
que commencèrent les mouvements insurrectionnels du Pérou .
L'audience ayant rendu le gouverneur suspect au peuple, une émeute
éclata (25 mai 1809), et le gouvernent, fut arrêté.
Mais le général Goyoneche rentra dans la ville (14 décembre
1809). Il eut à lutter contre l'invasion des Argentins
conduits par Balcarce (batailles de Cotagaïta, de Suipacha, 1810,
de Huaqui, 1811), et il fut, en 1813, vaincu par une autre armée
argentine commandée par Belgrano; mais Belgrano fut à son
tour rejeté dans le Tucuman par le général Pizuela
(batailles de Vilcapujio et d'Ayohuma, 1813). Le Haut-Pérou demeura
soumis au gouverneur espagnol du Pérou, Olañeta, jusqu'après
la bataille d'Ayacucho (décembre 1824). Olañeta ayant pu
s'entendre avec Bolivar, fut vaincu par son lieutenant,
le général Sucre, et blessé
mortellement à Tumurla (1er avril
1825). Un congrès, qui s'était réuni à Chuquisaca,
proclama l'indépendance du nouvel Etat (6 août 1825), qui
comprit l'ancien Haut-Pérou et le désert d'Atacama et auquel
le congrès donna, par reconnaissance pour Bolivar, le nom de Bolivie
(11 août 1825).
Simon
Bolivar fut proclamé président et donna au pays une constitution
(25 août 1825) d'après laquelle la présidence était
à vie. Sucre gouverna en son nom; mais,
n'ayant pu établir la concorde dans une population indisciplinée,
il se retira en 1828. Cependant, sous l'administration du général
Santa Cruz (1828-1839), la Bolivie eut quelques années de prospérité
relative. Mais Santa Cruz, ayant eu l'ambition de former une confédération
de la Bolivie avec le Pérou
qui aurait été divisé en deux États pour assurer
la prépondérance des Boliviens, s'attira une guerre avec
le Chili
et dut s'enfuir après la défaite de Yungay (1839).
A partir de cette
époque et pendant plusieurs décennies, l'anarchie n'a pour
ainsi dire pas discontinué et l'histoire de la Bolivie n'a été
malheureusement pour une population qu'une suite de révolutions
stériles; la constitution, remaniée en 1828, en 1831, en
1863, en 1880, est à peu près restée lettre morte,
la plupart des présidents ayant été élevés
au pouvoir par des coups d'Etat. La guerre civile de 1867 à 1870
a été particulièrement violente. Lorsque l'exploitation
de l'argent et du salpêtre eut attiré des colons dans le désert
d'Atacama, la Bolivie conclut avec le Chili
un traité de limites (1866) dont elle n'exécuta pas les clauses
financières; puis, elle confisqua à son profit les salpêtrières.
La guerre fut déclarée.
Les Chiliens
s'emparèrent du port d'Antofagasta (février 1879) et écrasèrent
les forces réunies de la Bolivie et du Pérou .
Après l'occupation de Lima par l'armée chilienne, la Bolivie
parut un moment se résigner à traiter en cédant au
Chili tout le littoral maritime (1882); cependant elle n'a signé,
le 4 avril 1884 (ratifiée le 20 novembre), qu'une convention d'armistice
par laquelle elle a consenti à l'occupation provisoire de la province
d'Atacama : depuis 1880, elle ne possede plus effectivement de territoire
riverain de l'océan Pacifique.
L'année 1903
a tranché le différend qui, à propos de leurs
frontières respectives, avait surgi entre le Brésil
et la Bolivie. L'accord dit 17 novembre 1903 a désigné comme
limite des deux Etats le rio Aquiry ou Acre, affluent droit du rio Purus,
dans son cours supérieur; pour dédommager la Bolivie de la
perte des riches territoires forestiers et miniers qu'elle abandonnait
au Brésil, il lui a attribué le triangle précédemment
brésilien formé par le confluent, du Madeira avec son affluent
l'Abuna. Du fait de cette convention, la Bolivie se trouve pourvue, d'un
bout à l'autre de son territoire confinant au Brésil, d'une
frontière définitive; mais il n'en est de même nulle
part ailleurs; du côté du Pérou
et du Chili ,
certaines limites sont encore à l'époque sujettes à
contestation, et il n'est pas un point de la frontière méridionale,
confinant à la république Argentine
et au Paraguay ,
qui, au début du XXe siècle,
puisse être tenu pour définitivement déterminé.
La guerre avec le
Paraguay (guerre du Chaco), entre 1932 et 1935, est un nouvel échec
pour la Bolivie. Une longue période d'agitation intérieur
s'ouvre alors qui se termine en 1952 avec une révolution conduite
par Victor Paz Estenssoro et Hernân Siles Suazo et leur Mouvement
nationaliste révolutionnaire (MNR). Des réformes sociales
sont alors engagées : réforme agraire, nationalisation des
mines d'étain, jusque là entre les mains de trois seules
grandes familles.
Le régime
est cependant affaibli par des dissensions internes au MNR et par des relations
de plus en plus conflictuelles avec les syndicats miniers, notamment. Une
série de coups d'Etat va alors donner lieu à une succession
de dictatures militaires. En 1964, c'est celle du général
René Barrientos; de 1971 à 1978, ce sera celle du général
Hugo Banzer; puis, en 1980-1981, celle de Luis Garcia Meza, qui est aussi
un trafiquant de drogue.
Un régime
civil démocratique a été établi en 1982, mais
les dirigeants sont été confrontés à des problèmes
difficiles de pauvreté profonde, de troubles sociaux et, de plus
en plus, de production illégale de drogues. Après l'échec
de la coalition de centre-gauche de H. Siles Zuazo, Paz Estenssoro revient
au pouvoir entre 1985 et 1989. Entre 1993 et 1997, Gonzalo Sânchez
de Lozada parvient à jugulier la monstrueuse inflation qui gangrène
l'économie du pays. Mais la politique néo-libérale
qu'a suivie le pays au cours des dernières années ne fait
qu'agraver les inégalités sociales.
En 1997, le général
Banzer revient au pouvoir par la voie des urnes. Par voie électorale
encore, accèdent au pouvoir après lui : les présidents
Jorge Quiroga Ramírez (président en 2001- 2002), Gonzalo
Sánchez de Lozada (2002-2003), Carlos Mesa (2003- 2005), Eduardo
Rodríguez (2005-2006). Des mandatures toutes très courtes
qui témoignent des instabilités du moment. En décembre
2005, les Boliviens élisent président, à une très
large majorité, le leader du Mouvement vers le socialisme, Evo Morales,
après qu'il se soit présenté sur la promesse de changer
la classe politique traditionnelle du pays et d'autonomiser les pauvres,
les indigènes du pays. En décembre 2009 et octobre 2014,
le président Morales sera facilement réélu.
Le parti d'Evo Morales
a conservé le contrôle de la branche législative du
gouvernement, ce qui lui a permis de poursuivre son processus de changement.
En février 2016, Morales a perdu de peu un référendum
sur un un amendement constitutionnel qui lui aurait permis de concourir
à l'élection présidentielle de 2019. En dépit
de cela, après une décision de la Cour suprême en sa
faveur (2017), Morales s'est de nouveau présenté aux
élections du 20 octobre 2019.
Morales a tenté
de revendiquer la victoire à ces élections, mais des allégations
généralisées de fraude électorale, la montée
de la violence et la pression de l'armée l'ont finalement forcé
à fuir le pays. Un gouvernement intérimaire, dirigé
par la présidente Jeanine Áñez Chavez, a préparé
de nouvelles élections qui ont amené à la présidence,
en novembre 2020, Luis Arce, ancien ministre de l'économie et des
finances d'Evo Morales. |
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