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Les
habitants primitifs de l'Estonie
actuelle, les Ehstes ou Estes, une population de langue finno-ougrienne,
eurent à subir la domination du Danemark
à partir de la fin du XIe siècle;
ils furent alors convertis de force par les Danois, qui fondèrent
un évêché à Reval. Le pays fut bientôt
disputé entre le Danemark et les Chevaliers
teutoniques et Porte-Glaives. Ces derniers
eurent un temps le dessus, mais, ils durent rendre leur conquête
au Danemark en 1219. En 1346, Waldemar III , cependant, vendit le
pays aux chevaliers teutoniques qui l'incorporèrent à la
Livonie
et réduisirent les habitants en servitude. En 1564, l'Estonie passa
au pouvoir de la Suède ,
mais continua d'être entre les mains de l'aristocratie installée
par les Teutoniques, et que l'on a appelé les barons baltes. En
1721, elle fut cédée à la Russie
de Pierre le Grand par le traité de Nystadt.
Ses habitants avaient embrassé la Réforme dès ses
origines. La Russie respecta la religion des habitants et supprima le servage
en 1819. En 1835, elle introduisit le code russe et proclama la langue
russe langue officielle à côté de l'allemand. Dans
les dernières années du XIXe
siècle, elle s'est efforcée d'introduire le russe dans les
divers ordres d'enseignement, d'émanciper les Estoniens de la prépondérance
allemande
et de propager la foi orthodoxe au détriment du Iuthéranisme .
L'Allemagne ,
qui avait convoité l'Estonie, comme les autres pays baltes, pendant
toute la Première Guerre mondiale,
l'occupa finalement en 1918, forte du soutien des barons baltes, restés
la classe dirigeante. Pendant que les troupes allemandes et russes d'affrontaient,
l'indépendance de l'Estonie fut proclamée le 24 février
1918. Après la capitulation allemande, l'armée estonienne,
aidée par l'armée finlandaise
et la marine britannique ,
acheva de chasser l'Armée rouge et un traité de paix fut
signé à Tartu
(l'ancienne Dorpat), le 2 février 1920. Une gouvernement, en principe
démocratique fut instauré. Il réussit à imposer
une réforme agraire qui permit la redistribution des terres accaparées
par les barons baltes, mais ne put jamais fonctionner convenablement. En
1934, un coup d'État, sans effusion de sang, fut organisé
par le premier ministre Constantin Pats, qui mit en place un régime
plus autoritaire, avant de se faire nommer président (1938). Cette
première indépendance prit fin en juin 1940, quand l'URSS
envahit l'Estonie. Le 6 août 1940, l'incorporation à l'empire
soviétique fut effective. En 1941, lors de l'offensive des troupes
hitlériennes contre la Russie, l'Estonie fut de nouveau occupée
par l'armée allemande. Elle fut ensuite reprise par l'Union soviétique
en 1944, et lui resta annexée, en temps que république socialiste
soviétique d'Estonie. Une annexion, qui comme celle des deux autres
pays baltes, ne fut jamais reconnue par la communauté internationale.
La politique d'ouverture
(glasnost) mené par le numéro un soviétique ,
Mikhaïl Gorbatchev à partir de 1985, réveilla au sein
même des soviets d'Estonie, des revendications autonomistes, puis
indépendantistes, prenant le relais des manifestations de rues réclamant
la démocratie. Moscou protesta d'abord
contre l'indépendance, puis la reconnut en août 1991, en même
temps que celle de la Lituanie
et de la Lettonie .
Les troupes russes sont restées stationnées en Estonie jusqu'en
1994, mais d'ores et déjà des institutions démocratiques
fonctionnaient dans le pays, qui s'est bientôt rapproché de
l'Otan et de l'Union européenne. L'adhésion à l'Alliance
atlantique a eu lieu en mars 2004, celle à l'Union européenne
en mai 2004, en même temps que neuf autres pays, appartenant anciennement
au bloc soviétique. Le pays est entré dans l'OCDE fin 2010
et a adopté l'euro comme monnaie le 1er
janvier 2011.
Parallèlement,
l'Estonie a été confrontée à des relations
complexes avec la Russie
: une affaire d'espionnage a éclaté en 2000 qui a conduit
à l'expulsion de diplomates des deux pays; des discussions sur le
tracé définitif des la frontière entre la Russie et
l'Estonie a abouti à un traité en 2005, mais qui a été
aussitôt dénoncé par les deux signataires. Des remous,
qui constituent un arrière-plan du statut des minorités slavophones
en Estonie. A l'époque soviétique, des déportations
en Sibérie
de nombreux estoniens avaient eu lieu, tandis qu'il existait une forte
immigration de Russes, d'Ukrainiens et de Biélorusses, qui au moment
de l'indépendance de l'Estonie constituaient près de 40 %
de la population du pays. Ceux-ci se voient refuser la nationalité
estonienne, et, depuis décembre 2001, une loi interdit l'accès
à la fonction publique de ressortissants ne parlant pas l'estonien. |
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