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L'histoire de la France
La Gaule
La Gaule romaine
La Gaule mérovingienne
[L'Empire carolingien]

La France capétienne
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La France féodale
[La Féodalité]
La Guerre des Albigeois
Les Communes

La France au XIIIe siècle
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[Les Croisades]


Le règne des Valois
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La France pendant la Guerre de 100 ans
[La Guerre de Cent Ans]

La France pendant la Renaissance
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Les Guerres d'Italie
 
Les Guerres de religion
[La Réforme]
La Ligue
La Saint-Barthélémy
L'Edit de Nantes

La France au XVIIe siècle
Le règne de Louis XIII
 
Le règne de Louis XIV
La Fronde

La France au XVIIIe siècle
Le règne de Louis XV
La Régence
[La Guerre de Sept ans]
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Le règne de Louis XVI
La France au XVIIIe siècle (suite)
La Révolution française
La Constituante
La Législative
La Convention
Le Directoire

La France au XIXe siècle
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Le Consulat
Le Premier Empire
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La Restauration

Les Journées de Juillet
La Monarchie de Juillet

La Révolution de Février 1848
La Seconde République

Le Second Empire

[La Guerre de 1870]

La Troisième République (jusqu'en 1914)
La Commune
L'école obligatoire, gratuite et laïque
Le Boulangisme
Le scandale de Panama
L'affaire Dreyfus
Séparation des Eglises et de l'Etat

La France au XXe siècle
[La Première Guerre mondiale]
La Troisième République (de 1918 à 1940)
La Seconde Guerre mondiale
L'occupation
La Quatrième République
La Cinquième République
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Lorsque l'Empire romain s'écroule; rien que pour la Gaule, il fait place à plusieurs royaumes germaniques - franc, burgonde, wisigoth - entre lesquels se brise de nouveau l'unité du pays. Les rois francs, pas plus que les autres rois barbares, ne concevaient l'idée d'unité, pas plus que l'idée d'État. Bien qu'ils se drapent de la pourpre et portent la couronne, ils n'ont plus, comme l'empereur romain, ni armée permanente, ni système régulier d'impôts. Il n'y a plus une langue unique, mais des idiomes d'origine romaine en présence d'idiomes barbares. Il n'y a plus un droit unique, car le droit romain ne subsiste que pour les anciens sujets de l'empereur : le droit canonique régit les clercs; les Francs Ripuaires ou Saliens, les Burgondes, les Wisigoths se font juger d'après leurs propres lois. Les fonctionnaires d'un roi franc, comtes, ducs, margraves, prétendent, une fois qu'elle leur a été accordée par lui, rendre leur fonction indépendante. Le système de gouvernement germanique diffère totalement de l'ancien gouvernement romain. C'est dans ce contexte mouvant et incertain que l'on fait ordinairement commencer  l'histoire de France, avec la dynastie mérovingienne.

Les Mérovingiens.
La puissance mérovingienne s'impose à la fin du Ve siècle avec le règne de Clovis, roi des Francs et destructeur de la puissance romaine dans les Gaules, et vainqueur des Alamans à la bataille de  Tolbiac (496). Vainqueur dans cette célèbre journée de l'un des trois peuples qui disputaient aux Francs la domination de la Gaule, Clovis défit les Wisigoths à Vouillé en 507, et ses fils n'eurent plus qu'à renverser le royaume des Burgondes pour achever de fonder l'empire français. La nation se constitua sous l'influence du clergé, qui fut le lien entre les Gaulois vaincus et les Francs victorieux. A la mort de Clovis, en 511, l'empire des Francs se partagea en quatre royaumes, sur chacun desquels régna l'un de ses fils, Thierry Ier à Metz, Clodomir à Orléans, Childebert Ier à Paris, et Clotaire Ier à Soissons. Théodebert Ier succéda en 534 à son père Thierry Ier dans le royaume de Metz ou d'Austrasie, et eut pour successeur en 547 son fils naturel Théodebald. Childebert Ieret Clotaire Ier mirent fin en 534 au royaume des Burgondes, dont ils se partagèrent le territoire. 

Clotaire Ier, resté seul maître de l'empire des Francs en 558, le légua en 561 à ses quatre fils, Caribert, qui régna à Paris, et mourut sans postérité en 567, saint Gontran à Orléans et en Bourgogne, Sigebert Ier en Austrasie, et Chilpéric Ier à Soissons. Gontran laissa en 593 les royaumes d'Orléans et de Bourgogne à son neveu Childebert II, roi d'Austrasie, qui eut pour successeur dans ces royaumes son fils Thierry II, en 596. Ce dernier réunit en 612 le royaume d'Austrasie à ceux d'Orléans et de Bourgogne. Sigebert Ier, roi d'Austrasie, épousa en 566 Brunehaut, dont la lutte contre la cruelle Frédégonde, femme de Chilpéric Ier, roi de Soissons, représenta l'antagonisme de l'Austrasie, c'est-à-dire de la France germanique, où les tendances aristocratiques étaient prédominantes, et de la Neustrie ou de la France gauloise, où l'esprit monarchique prévalait. Grégoire de Tours dit que la rivalité de ces deux reines fit souffrir plus de maux aux chrétiens que les persécutions de Dioclétien. A Sigebert Ier, mort en 575, succéda son fils Childebert II, qui eut pour héritiers, en 596, en Austrasie son fils Théodebert Il, et dans les royaume d'Orléans et de Bourgogne, que lui avait laissés son oncle Gontran en 593, son autre fils Thierry Il. Chilpéric Ier, que Grégoire de Tours, toujours aussi inspiré par ses références romaines, appelle le Néron de son siècle, fut assassiné en 584, et eut pour successeur son fils Clotaire II, qui réunit sous son sceptre tout l'empire des Francs en 613. Dagobert Ier, fils de Clotaire II, lui succéda en 638, et céda à son frère Caribert une partie de l'Aquitaine, avec le titre de royaume. 

A la mort de ce dernier, Dagobert Ier resta seul roi des Francs, et eut pour successeurs, en 638, ses fils Sigebert II en Austrasie, et Clovis Il en Neustrie et Bourgogne. La puissance des maires du palais s'accrut au détriment de l'autorité royale, dont la décadence date de cette époque. Childéric II, fils de Clovis Il, remplaça son oncle Sigebert II sur le trône d'Austrasie en 660, et demeura possesseur en 670 de l'empire entier des Francs par la mort de Clotaire III, son frère, qui avait succédé en 656 à Clovis II. Childéric II, assassiné en 673 ou 674, eut pour successeur son frère Thierry III. Dagobert II, fils de Sigebert Il, régna sur l'Austrasie de 674 à 679. Thierry III, resté seul héritier de l'empire des Francs, n'avait plus que le titre de roi lorsqu'il mourut en 691. Pepin d'Héristal régnait de fait, et resta maître du pouvoir sous Clovis III, 691-695, Childebert III, 695-711, et Dagobert III, 711-715. Il transmit ce même pouvoir à son fils Charles Martel, qui l'exerça au nom de Chilpéric II, 715-720, Thierry IV, 720-737, et pendant un interrègne de 737 à 742. Pepin le Bref, fils de Charles Martel, hérita de cette autorité en Neustrie, dont Childéric III fut proclamé roi en 742, tandis que Carloman, autre fils de Charles Martel, gouvernait l'Austrasie. 

Les Carolingiens.
Le fait fut enfin converti en droit : Childéric III, dernier roi de la dynastie mérovingienne, ainsi appelé de Mérovée, aïeul de Clovis, fut détrôné et enfermé dans un monastère, et Pepin le Bref, reconnu roi, fut sacré en 752 par saint Boniface. Ainsi fut consommé le changement de dynastie qui fit passer la couronne, jusque là héréditaire par les mâles, à l'exclusion des femmes, dans la famille mérovingienne, de la dynastie de Clovis sur la tête des Carolingiens, c'est-à-dire des fils de Charles Martel, qui s'était rendu célèbre en battant les Arabes entre Tours et Poitiers en 732. Sous la première dynastie, et au commencement de la seconde, l'autorité royale était tempérée par les assemblées appelées Placita regis, où les rois réunissaient à leur cour, pour s'éclairer de leurs conseils, les évêques et les grands du royaume. Le premier roi de la dynastie carolingienne consolida son trône par son intervention dans les affaires d'Italie. En arrêtant les envahissements des Lombards, qui menaçaient d'asservir le Saint-Siège, et en dotant la papauté d'un domaine indépendant et souverain, il donna pour point d'appui à l'autorité spirituelle du Pape, une puissance temporelle.

Charlemagne, doué d'un génie politique essentiellement gouvernemental, consomma l'oeuvre de son père en confirmant et en augmentant la donation faite au Saint-Siège, mit fin au royaume des Lombards, et rangea sous son sceptre toute l'Europe centrale, depuis l'Oder et le confluent du Danube et de la Raab jusqu'à l'Ebre, et depuis la mer du Nord  et la Baltique jusqu'au duché de Bénévent. Il réunit toutes ses conquêtes en un empire sagement organisé, où il favorisa la culture des lettres, des sciences et des arts.

Il reçut du souverain pontife, en 800, la couronne impériale dans la basilique de Saint-Pierre de Rome, et l'empire d'Occident, détruit par les barbares, fut relevé par la main d'un Franc, devenu le restaurateur de l'Europe. Sa famille porta la couronne impériale jusqu'en 899, régna sur l'Allemagne jusqu'en 911, et siégea sur le trône de France jusqu'en 987. Mais Charlemagne ne légua pas à ses descendants, avec ses vastes Etats, son sens politique. L'autorité souveraine perdit la force qu'il lui avait rendue dans les dissensions des fils de son faible successeur, Louis le Débonnaire. La noblesse d'origine germanique resta sur le champ de bataille de Fontenay, où Charles le Chauve et Louis le Germanique demeurèrent vainqueurs de l'empereur Lothaire, en 841. L'élément gaullo-romain redevint prédominant dans la culture des classes dirigeantes, et prévalut dans la formation de la langue française, où l'influence germanique est à peine sensible. La naissance de cette langue date du traité de Verdun, qui sépara la France de l'Allemagne en 845.

L'affaiblissemnt de la dynastie mérovingienne avait préparé la révolution aristocratique d'où est sortie la féodalité, et dont le règne de Charlemagne n'a pu que retarder l'effet. Charles le Chauve fut forcé, dans l'assemblée de Quierzy, en 877, de reconnaître par un capitulaire l'hérédité des bénéfices. L'établissement du régime féodal fut le résultat de cette grave atteinte portée à l'autorité royale. Charles le Gros réunit sous son sceptre presque autant d'Etats que Charlemagne; mais il plia sous le poids d'une aussi lourde couronne, et il fut déposé en 887. Un des grands feudataires du royaume, Eudes, comte de Paris et fils de Robert le Fort, duc de France, qui s'était signalé en défendant Paris contre les Vikings, fut proclamé roi, et régna jusqu'en 898. Robert, frère d'Eudes, et Raoul de Bourgogne, gendre de Robert, occupèrent aussi le trône, le premier de 922 à 923, et le second de 923à 936, à l'exclusion de la famille de Charles Martel et de Charlemagne. Enfin, à la mort de Louis V le Fainéant, Hugues Capet, le plus puissant des grands feudataires, petit-fils du roi Robert, duc de France et comte de Paris, fut élu roi en 987, à la place du dernier descendant des Carolingiens, Charles, duc de la Basse-Lorraine.

Les premiers Capétiens et les Croisades.
La royauté n'était plus qu'un vain titre, la monarchie n'était plus qu'un fief, la France qu'une sorte d'Etat fédératif, et le domaine royal était réduit à la ville de Laon et à son territoire, lorsque Hugues Capet parvint au trône, comme membre prépondérant de la hiérarchie féodale. Son duché de France, avec Paris pour capitale devint le noyau du royaume sur lequel sa dynastie étendit progressivement le sceptre de la royauté restaurée. Le régime féodal, auquel les Capétiens devaient leur élévation, atteignit son apogée sous les premiers rois de cette dynastie. Altéré dans son principe par l'action du temps, à laquelle nulle institution humaine ne résiste, il menaçait d'entraîner la société dans sa ruine quand Philippe Ier parvint au trône en 1060. Le clergé lui-même, qui avait pris place dans la hiérarchie féodale, avait perdu quelque chose de la position indépendante qu'il avait occupée depuis Clovis jusque sous les premiers successeurs de Charlemagne. Quand le pape Urbain II résolut de soulever la chrétienté contre l'Islam, ce fut à la France qu'il proposa la grande et funeste entreprise que l'on allait appeler les Croisades, dans le concile de Clermont en 1095, et la France répondit : Dieu le veut! Appelée la première à concourir aux croisades, elle y ,joua tristement le principal rôle. Elle ne fut pas seulement le premier pays où s'alluma l'enthousiasme de ces lointaines expéditions, si fécondes en heureux résultats, elle fut aussi le dernier où il s'éteignit.

L'affranchissement des serfs, qui devenaient libres en se croisant, la diminution des fiefs, l'affaiblissement du régime féodal, l'établissement des communes, la naissance du tiers état, et l'accroissement du pouvoir royal au détriment de celui de la noblesse, tels furent , sur la société les principaux effets des Croisades. L'autorité des rois et la liberté des peuples prirent racine au milieu de ce .grand mouvement; Les agissements d'Éléonore de Guyenne, femme de Louis VII, qui prit part à la seconde Croisade, conduirent le roi à demander l'annulation de son mariage, et elle lui fut accordée en 1152. Eléonore reprit sa riche dot, qui comprenait le Poitou, la Saintonge, l'Auvergne; le Périgord; le Limousin, l'Angoumois et la Guienne, et épousa Henri Plantagenet, comte d'Anjou, dont l'avènement au trône d'Angleterre, en 1154, mit cette puissance, déjà maîtresse de la Normandie, en possession d'une étendue de territoire en France dépassant celle sur laquelle régnaient les rois. 

Les fruits de l'habile politique de Louis VI le Gros et de la sage administration de Suger, pendant l'expédition de Louis VII en Palestine, furent perdus, et l'unité nationale et monarchique de la France, que les Capétiens sont parvenus à  réaliser, fut retardée de trois siècles. Saint Louis fut sur le trône le modèle parfait du roi bigot et fanatique, mais il établit également l'ordre et la discipline dans le régime féodal, qui, quoique dégénéré, était le principe politique sur lequel reposait l'édifice social. Il donna la justice pour base à la royauté. La féodalité était en pleine décadence lorsque Philippe le Bel, prince avare et orgueilleux, introduisit un changement dans la constitution du royaume, en convoquant pour la première fois les Etats généraux en 1302. L'idée d'assembler cette sorte de parlement national, où il chercha un point d'appui contre le Saint-Siège, fut une inspiration de sa lutte inique contre le pape Boniface VIII. La ligne directe de la famille des Capétiens avait donné 15 rois à la France lorsqu'elle s'éteignit avec Charles IV le Bel en 1328

La Guerre de Cent Ans.
La branche collatérale des Valois parvint au trône avec Philippe VI cette même année. Le règne des sept premiers rois de cette branche est l'une des époques les plus malheureuses que la France ait traversée. Une guerre née sous Philippe de Valois, en1336, de la rivalité de la France et de l'Angleterre, et suscitée par les prétentions à la couronne de France d'Edouard III, roi d'Angleterre, fils d'Isabelle, fille de Philippe le Bel, se prolongea pendant plus d'un siècle sous les règnes de Jean II, Charles V, Charles VI et Charles VII. Ces  temps  sont marqués par la défaite de Philippe de Valois, battu à Crécy par Edouard III en 1346, par la perte de Calais, que les Anglais gardèrent de 1347 à 1558, par la bataille de Poitiers, où Jean Il vaincu demeura prisonnier des Anglais en 1356, par la révolte des paysans appelée la Jacquerie (1358), et par le désastreux traité de Brétigny (La Guerre de Cent Ans). 

Après le sage règne de Charles V, sous lequel Du Guesclin reprit aux Anglais une grande partie de leurs possessions sur le continent, la minorité si troublée de Charles VI fut suivie de l'anarchie où la démence de ce prince et la rivalité des maisons de Bourgogne et d'Orléans plongèrent le royaume, et de la bataille d'Azincourt, où la majeure partie de la noblesse française succomba, en 1415, sous les coups des Anglais. Henri VI, roi d'Angleterre fut proclamé roi de France à Paris en 1422. C'est alors que Jeanne d'Arc, délivra Orléans assiégé par les Anglais, qui furent partout défaits, et acheva d'accomplir la mission qu'elle s'était assignée en faisant sacrer Charles VII à Reims en 1429. Cette longue et sanglante lutte se termina en 1453, sous le règne de ce prince par le retour des Anglais sur leurs îles, qui ne conservèrent sur le continent  que la ville de Calais.

La fin des Valois.
Louis XI réprima la réaction féodale qui s'était opérée à la faveur des longs troubles de la France de cette guerre dite de Cent Ans. Tous les moyens , même les crimes, furent bons à ce roi habile pour atteindre le but de sa politique, l'humiliation de la noblesse. Il imprima à la royauté cette tendance destructive de l'autonomie de la nation, qui allait aboutir, sous le règne de Louis XIV, préparé par Richelieu, à l'établissement du pouvoir absolu. Charles VIII, en qui finit, en 1498, la première branche des Valois, ne recueillit aucun fruit d'une expédition aventureuse tentée en 1498 pour faire revivre les droits de la maison d'Anjou au trône de Naples; l'Italie rapidement conquise fut aussi promptement perdue. Louis XII se vit donner le titre de père du peuple; mais il échoua également dans ses entreprises au delà des Alpes, où il essaya sans succès de faire valoir les droits de son aïeule, Valentine Visconti, sur le Milanais, et de réaliser les desseins de son prédécesseur sur le royaume de Naples. Le rameau de Valois-Orléans, parvenu au trône avec Louis XII, s'éteignit en lui, et la couronne passa en 1515 au rameau de Valois-Orléans-Angoulême dans la personne de François Ier, prince avide de renommée, qui protégea les lettres, eut le goût effréné des plaisirs et des conquêtes, et fit la guerre, sans en savoir l'art, avec une bravoure chevaleresque. Il épuisa la France d'hommes et d'argent pour balancer la prépondérance européenne de Charles-Quint, et n'y réussit qu'imparfaitement. (La Renaissance).

Des Guerres de religion au règne de Louis XV.
Le protestantisme, qui devait acquérir une telle importance, naquit de son temps, et commença sous son règne à se répandre en France, en réponse aux abus et à l'avidité de l'Eglise. La conjuration d'Amboise, ourdie par les calvinistes, alluma en 1560 le feu des Guerres de religion, qui ensanglantèrent la France sous les règnes de François II, Charles IX et Henri III. La maison de Guise dirigea les efforts des défenseurs de la foi catholique contre les Protestants; mais une partie de la noblesse, nourrie par l'espoir de fonder une sorte de république' féodale, fournit des chefs à la rébellion protestante, à la tête de laquelle figurèrent les princes de Bourbon et de Condé. La Ligue, formée pour résister à l'hérésie, atteignit son but en obligeant Henri IV, devenu l'héritier du trône, après l'assassinat de Henri Ill, en 1589, de reconnaître qu'il ne pouvait porter la couronne de saint Louis. qu'en abjurant le protestantisme. Ce roi vaillant pacifia la France, et s'efforça d'y rétablir l'ordre profondément altéré par les discordes religieuses et civiles.

Les protestants néanmoins, non contents des droits et des priviléges que Henri IV leur avait accordés en 1598 par l'édit de Nantes, reprirent, les armes sous Louis XIII, en 1621. Mais Richelieu, réprima le protestantisme, écrasa la noblesse, dont une partie soutenait la nouvelle foi en vue de ressusciter la féodalité et jeta les fondements de la monarchie absolue. Ce grand ministre fait jouer à la France le premier rang dans la guerre de Trente Ans (1618-1648) et lui assure la prépondérance que possédait jadis la maison d'Autriche. L'habileté de Mazarin triompha des agitations de la Fronde, et acheva d'aplanir le terrain sur lequel Louis XIV éleva l'édifice de sa royauté prétentieuse, mais isolée dans sa grandeur, par la destruction des anciens éléments constitutifs de la nation absorbés dans l'omnipotence de la couronne. Maître de la France, le monarque prétendit l'être aussi de l'Europe, et faire prévaloir sa volonté jusque dans l'ordre spirituel. De fait, il fit de la France la première puissance en Europe par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659). Cette France, infatuée d'elle même et dominatrice, voit se former trois coalitions contre elle, elle grandit à Nimègue (1678), reste stationnaire à Riswick (1697), mais recule à Utrecht (1713), épuisée par la guerre de la succession d'Espagne.

L'éclat littéraire des siècles de Périclès, d'Auguste et de Léon X n'est pas supérieur à celui du siècle de Louis XIV. Mais ce roi à force de vanités, laissa la France ruinée. La régence du duc d'Orléans préluda, par la dissolution des moeurs, au triste règne de Louis XV, qui fut  une époque de repli d'un point de vue politique. La France acquiert sans doute la Lorraine et la Corse, mais n'a pas de système politique, se bat en faveur de l'Autriche (1756-1763), laisse démembrer la Pologne (1768-1774), laisse l'Angleterre fonder en Inde (1740-1756) l'empire auquel avait songé Dupleix, et perd ses colonies. Seule consolation, à la même époque, elle se place à la tête des nations par sa littérature, et la langue française devient la langue européenne.  Cette époque correspond, en Europe, avec l'avènement d'une nouvelle ère toute de curiosité avide,  d'indépendance d'esprit et de subversion parfois, celle des Lumières.

La Révolution française.
La France crut prendre sa revanche sur l'Angleterre, sous le règne suivant, celui de Louis XVI, en aidant les colonies anglaises de l'Amérique du Nord à conquérir leur indépendance (L'Histoire des Etats-Unis). La marine française remporta des succès, et la paix de 1783 effaça la tache du traité de 1763. Louis XVI voulait la réforme des abus dans une mesure qui dépassait même celle de ses forces. Il assembla les états généraux en 1789, et déclara, dans son discours d'ouverture, «-qu'on devait attendre de lui tout ce qu'on peut demander à un souverain, le premier ami de son peuple ». Mais il était trop tard, et le tiers état, dont la royauté avait favorisé l'élévation sur la ruine de la noblesse, donna le signal de la révolution par laquelle il prétendait s'emparer du pouvoir, en transformant les états généraux en Assemblée nationale, le 17 juin 1789. La Bastille, symbole de la monarchie, fut prise le 14 juillet suivant.

La Révolution amena des guerres avec l'Europe monarchique, dites Guerres de la Révolution. Ces guerre, pouvait-on les soutenir avec un « chef du pouvoir exécutif » qui était membre de la famille des rois? L'Assemblée législative, qui avait succédé à l'Assemblée nationale, laissa donc détrôner Louis XVI par le peuple (10 août 1792); Ce fut ensuite le temps de la Convention. Le premier acte de ce sénat  fut de décréter, le 21 septembre 1792, l'abolition de la royauté, pour y substituer la Ire République; la Convention s'érigea en juge de ce qu'elle appelait ses trahisons et frappa le roi d'une sentence capitale (21 janvier 1793). Elle s'arrogea les trois pouvoirs : législatif, exécutif et même judiciaire. En outre, la Convention crut qu'elle ne pouvait soutenir la lutte contre l'étranger en conservant les institutions de la Constituante, qui avaient si complètement désarmé le pouvoir exécutif. Elle les laissa subsister, par respect des principes; elle vota même la Constitution de 1793, qui affaiblissait encore plus l'autorité centrale; mais, à côté d'elles, la Convention institua tout un « gouvernement révolutionnaire», reproduisant dans ses traits essentiels le régime de la monarchie absolue. Par son Comité de Salut public, elle exerça une autorité aussi despotique que Louis XIV. Mettant sur pied l'armée révolutionnaire de l'intérieur  « au lieu des intendants », elle eut les représentants en mission; au lieu des « commissions extraordinaires », elle eut le tribunal révolutionnaire; au lieu des lettres de cachet, la loi des suspects : les propriétés furent soumises au droit de réquisition; les personnes furent arrêtées arbitrairement; la liberté de la presse, la liberté de conscience furent violées. Tout plia sous l'implacable volonté de la Convention. Du moins l'Europe fut vaincue. Mais le despotisme d'une assemblée, suivie par la faiblesse du gouvernement qui lui succéda, le Directoire (1795-99),  avait frayé les voies au despotisme d'un empereur. 

La France au XIXe siècle

Dictature militaire : le Consulat et l'Empire.
La France était bouleversée de fond en comble, comme le constate Thiers, lorsque Napoléon Bonaparte, en profita en 1799, par la journée du 18 brumaire pour s'emparer du pouvoir. Par la Constitution de l'an VIII, qui établit le Consulat, il créa un tribunat chargé de discuter les lois présentées par les trois consuls, un Corps législatif, et un Sénat conservateur. Nommé premier consul pour 10 ans, puis consul à vie, il ajouta à son illustration militaire la victoire de Marengo en 1800, tira la France du chaos révolutionnaire, fit sortir du désordre tout l'ordre possible, réorganisa la législation et l'administration, et conclut avec le Saint-Siège, en 1801, un concordat réparateur du schisme de 1790. Restaurateur de la religion catholique, il voulut l'être aussi du pouvoir monarchique, et il fonda l'Empire en 1804. et prit le nom de Napoléon Ier

Napoléon consolida la plupart des réformes sociales accomplies par les assemblées de la Révolution. Il codifia, après sélection, les lois civiles et pénales qu'elles avaient votées. Il admit le contrôle du pouvoir exécutif par des assemblées (Conseil d'Etat, Corps législatif, Tribunal, Sénat), mais pesa sur elles de tout le poids de son despotisme. Il nomma les juges, les fonctionnaires, les officiers et, après le rétablissement du Concordat, les archevêques et évêques. Il conserva les conseils élus de département, d'arrondissement, de commune, mais installa au-dessus d'eux des agents du pouvoir exécutif : le préfet, le sous-préfet, le maire. Il modifia la hiérarchie des tribunaux, et, auprès d'eux, organisa fortement le ministère public (procureurs généraux, procureurs impériaux, etc.). Il maintint le jury, mais frappa les jurys indépendants. Il rétablit, sous le nom de droits réunis, les impôts indirects abolis par la Constituante, et créa des organismes financiers qui en assurèrent l'exacte perception. En général, il respecta la liberté de conscience; mais il anéantit la liberté de réunion et d'association, ainsi que la liberté de la presse, et il rétablit l'esclavage dans les colonies.

Ce despotisme, Napoléon l'exerça sur l'Europe avec autant de rigueur que Louis XIV, et provoqua chez elle encore plus de coalitions et de révoltes. Quelques batailles - Austerlitz, Iéna, Wagram - acquirent au nouvel empire une prépondérance sous laquelle toute l'Europe fut forcée de plier. L'Angleterre, retranchée dans sa position insulaire, résista seule à cette puissance dévastatrice, que la folie des grandeurs de ce boucher de l'Europe exposa aux revers de la fortune en s'efforçant de lui donner une extension exagérée. Sortant de la voie qui l'avait conduit à renouveler l'empire de Charlemagne, il tenta de détruire l'ouvrage de celui qu'il aimait à appeler son auguste prédécesseur, et réunit l'Etat pontifical à l'empire français en 1809. (Carte de l'Empire 1811)

Affaibli par la destruction de son armée en Russie, dans le désastreux hiver de 1812, et par les échecs que ses trop vastes desseins rencontrèrent en Espagne, il succomba en 1814 sous la coalition de l'Europe entière. Louis XVIII remonta sur le trône de ses pères. Son règne, qu'il inaugura par l'octroi d'une charte et par l'institution du gouvernement parlementaire, fut interrompu en 1815 par la réapparition de l'empire dite des Cent-Jours. Napoléon ler, vaincu à Waterloo, proclama vainement son fils, Napoléon II, empereur des Français. Les Bourbons revenus de l'étranger régnèrent ensuite sur une France réduite à ses anciennes limites.

La Restauration et la Monarchie de Juillet.
La Restauration (1814-1830) correspond aux règnes de Louis XVIII et de Charles X,  la monarchie de Juillet (1830-1848) à celui de Louis-Philippe. Ce furent des monarchies parlementaires. Les deux royautés conservèrent à peu près toutes les institutions administratives, judiciaires et financières de Napoléon. Elles gouvernèrent avec le concours d'une Chambre des pairs nommée par le prince et d'une Chambre des députés élue par la nation.

Ces règnes  s'affermirent par la répression de la Révolution en Espagne en 1823 et acheva de relever le pays de ses défaites, sous Charles X, successeur de Louis XVIII en 1824, par une active participation à l'affranchissement de la Grèce, et par la prise d'Alger en 1830 (L'Histoire de l'Algérie), qui allait constituer le premier maillon de son empire colonial en Afrique. Louis XVIII avait donné la Charte et établit le gouvernement représentatif, mais Charles X se perd par son antipathie pour le régime constitutionnel, et en 1830 la branche aînée des Bourbons va être remplacée par la branche cadette ou d'Orléans.

En abdiquant en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, auquel le Dauphin, son oncle, céda aussi ses droits, Charles X chargea le duc d'Orléans, qu'il avait nommé lieutenant général du royaume, de faire reconnaître le jeune prince roi, sous le nom de Henri V. Mais le duc d'Orléans se fit décerner à lui-même la royauté, le 9 août 1830, par la chambre des députés, et prit le nom de Louis-Philippe Ier. Son avènement au trône fut le triomphe du système parlementaire sur la royauté amoindrie, et son règne, sous lequel fut poursuivie la conquête de l'Algérie, se passa en luttes de tribune. 

Durant les dix-huit années de la monarchie de Juillet, l'industrie achève de
changer de caractère. Aux petits ateliers se substituent d'immenses chantiers, vers lesquels commença la migration des travailleurs ruraux; les campagnes commencèrent à se dépeupler au profit des villes, où se forma une classe ouvrière de plus en plus nombreuse. Par la force des choses, elle se trouva soumise à toutes les vicissitudes de l'industrie, à la concurrence entre patrons et même entre nations, aux variations du salaire, au chômage.

La loi de 1841 réglementa le travail des enfants et des femmes. Mais la classe ouvrière connut de grandes souffrances. Elle en rendit la monarchie responsable : d'où la fréquence des grèves, des émeutes, comme celles de Lyon (1831 et 1834) et de Paris (1832 et 1834). Contre l'ancien tiers état se dressait un quatrième état. Des théoriciens apparurent, condamnant l'organisation sociale, opposant les souffrances du travail à l'égoïsme du capital, s'attaquant au principe de la propriété et imaginant les solutions les plus diverses aux problèmes sociaux : les uns collectivistes, comme Saint-Simon, Fourier, Louis Blanc; les autres anarchistes, comme Proudhon.

La IIe République.
A la fin de 1847, la monarchie de Juillet était menacée par trois groupes d'adversaires-

1° ceux qui prônaient une réforme électorale et une orientation plus libérale de la politique; 

2° ceux qui projetaient de substituer la république à la monarchie orléaniste; 

3° ceux qui ne voyaient dans la république elle-même qu'un moyen pour obtenir la transformation totale de la société. 

Ce sont les premiers qui commencèrent l'agitation par les «- banquets réformistes »; les seconds poussèrent la révolution du 24 Février jusqu'au point où la Seconde République fut proclamée à l'Hôtel de Ville, le suffrage universel établi; les troisièmes ne se tinrent point pour satisfaits : sur la révolution républicaine bourgeoise ils tentèrent de greffer une révolution sociale : d'où les journées de juin 1848.

Réduits à l'impuissance par la mise en vigueur de la constitution de 1848, ils virent avec indifférence l'élection de Louis-Napoléon; quand la Législative, par la loi du 31 mai 1850, dépouilla du droit de voter un grand nombre d'ouvriers, ils en conçurent contre elle une rancune qui ne pouvait profiter qu'au prince-président. Lorsque celui-ci opéra le coup d'Etat de décembre 1851, en proclamant que le suffrage universel était rétabli, une faible partie des ouvriers de Paris prit part à la résistance.

Le second Empire. 
Dans la Constitution que le prince-président fit sanctionner par un « plébiscite », il lui suffit de changer quelques mots pour que l'Empire fût rétabli. Il y eut un Sénat nommé par l'empereur, un Corps législatif trié par la « candidature officielle », un Conseil d'Etat qui fut le principal organe du travail législatif. Toute liberté de la presse, de réunion ou d'association, fut supprimée. L'université, la magistrature avaient été décimées par l'obligation du serment, les républicains déportés, les monarchistes déçus dans leurs espérances du 24-Février, les commerçants et les industriels séduits par le rétablissement de l'ordre, le clergé gagné d'avance par la restauration du pouvoir temporel du pape.

Le Second Empire s'appuya principalement sur les classes rurales : les paysans voyaient les bonnes récoltes se succédant, leurs produits se vendre bien; ils étaient ravis que l'on multipliât les constructions de routes, de chemins de fer, d'églises, de mairies. Les classes ouvrières savaient gré à Napoléon III d'avoir rétabli le suffrage universel. Il leur accorda le droit de grève (1864); il encouragea la Société mulhousienne des cités ouvrières (1853), fit voter la loi sur les Sociétés coopératives (1867), créa des hospices. En 1867, il présenta un projet de loi sur la Caisse des invalides du travail; les grands travaux de Paris assainirent les quartiers laborieux.

A l'extérieur, les débuts du Second Empire furent d'abord marqués par quelques succès : la soumission de l'Algérie fut complétée (1851-1857); la Russie fut vaincue en Crimée (1854-55); l'Autriche battue à Magenta et à Solférino (1859), etc. Mais l'expédition du Mexique commença une période de revers. Une guerre témérairement entreprise contre la Prusse (16 juillet 1870) acheva de perdre le régime (La Guerre de 1870-1871). La défaite des Français de Sedan devant l'armée prussienne, le 1er septembre 1870 poussa Napoléon III à la capitulation le lendemain. Le 4 septembre 1870, une insurrection renversa l'Empire et proclama de nouveau la République. 

La IIIe République jusqu'en 1914.
Un gouvernement provisoire de Défense nationale (présidé par le général Trochu et auquel participent notamment Gambetta, Jules Ferry, Jules Favre, etc.) fut formé et reprit les hostilités. Les armées françaises furent de nouveau rapidement submergées, Paris sera même assiégé; un armistice devra être demandé en janvier 1871. Dès la fin février, un nouveau parlement fut élu etAdolphe Thiers fut nommé chef de l'exécutif. C'est lui qui négocia la paix avec Bismarck qui fut achetée au prix de la cession de l'Alsace et de la Lorraine à l'Allemagne (26 février). En mars 1871, un mouvement insurrectionnel animé par des idées socialiste se déclenche dans la capitale; c'est la Commune de Paris qui conduit le gouvernement le l'assemblée à se réfugier à Versailles, d'où part la contre offensive. Les troupes gouvernementales (Versaillais), reprennent Paris le 21 mai 1871, et infligent aux Communards une répression féroce : exécutions en masse, incendies de quartiers, etc. C'est la Semaine sanglante, qui s'achève le 28 mai, au cimetière du Père-Lachaise, par l'écrasement complet de la Commune.

Le gouvernement commence ensuite à engager des réformes administratives et financières, mais se trouve contraint de démissionner en mai 1873. Thiers est remplacé par le maréchal Mac-Mahon, qui s'était illustré lors de la guerre franco-allemande et souhaite un rétablissement de la monarchie. Ce projet échoue et Mac Mahon, poussé à mettre en oeuvre une constitution républicaine (1875) reste président de la République jusqu'au 30 janvier 1879, date à laquelle il démissionne pour laisser la place à Jules Grévy, un républicain convaincu. Des lois sont votés sous sa présidence qui progressivement confèrent au régime un caractère de plus en plus laïque et démocratique : liberté de réunion et de presse en 1881, autorisation des syndicats et du divorce, etc. A l'initiative de Jules Ferry, devenu ministre de l'instruction publique, des lois scolaires instituant l'enseignement laïque, gratuit et obligatoire sont également votées entre 1880 et 1887.

A cette période de réformes succède une période de grande instabilité gouvernementale et de crises graves. Les élections de 1885 avaient déjà révélé une poussée monarchiste et bonapartiste. Un démagogue habile et comploteur, le général Georges Boulanger, un temps ministre de la Défense, suscite autour de sa personne l'engouement de tous ceux qui souhaitent le renversement de la République (Le Boulangisme). Placé au pied du mur, il renonce finalement, et s'enfuit en Belgique en 1889, et s'y suicidera 3 ans plus tard. Ses partisans sont traduits devant la Haute Cour.

La République semble se ressaisir, mais le répit est de courte durée. En 1892 éclate le scandale dit de Panama, au moment de la faillite de la société chargée du percement du canal, qui met au jour des gaspillages et la corruption de nombreux députés, de journalistes, de banquiers, etc. Ce climat malsain éveille le mouvement anarchiste responsable de plusieurs attentats. L'un d'eux coûte la vie au président Sadi-Carnot, à Lyon, en 1894. L'implication de financiers juifs dans le scandale de Panama sert aussi de prétexte à une vague d'antisémitisme, dont l'expression la plus connue sera l'affaire Dreyfus : un capitaine de l'état-major de l'armée, juif, accusé à tort de trahison et qu'une machination judiciaire conduira au bagne. Des intellectuels, tels Émile Zola, se mobilisent en sa faveur, et le pays entier se trouve divisé à partir de 1897 entre dreyfusards et anti-dreyfusards. Alfred Dreyfus ne sera réhabilité qu'en 1906, avant d'être réintégré dans l'armée.

L'affaire Dreyfus avait fortement secoué la classe politique et fait apparaître une nouvelle force, celle des socialistes qui firent leur entrée au Parlement, et qui alliés aux Radicaux, formèrent ce qu'on a appelé le Bloc des gauches (ou Bloc de la défense républicaine). Celui-ci est au pouvoir à partir de 1899 (ministère Waldeck-Rousseau, puis, entre 1902 et 1905 ministère Combes). Émile Combes initia une politique anti-cléricale qui aboutit, en 1905, à la séparation de l'Église et de l'État. Le Bloc des gauches se disloqua en 1906, pour laisser le gouvernement à Clemenceau, président du Conseil jusqu'en 1909.

Pendant tout ce temps, à l'extérieur, la France poursuivait vigoureusement son entreprise coloniale, devenu depuis 1881 (Jules Ferry) un véritable programme politique, essentiellement porté à cette époque par la gauche. L'isolement de la France qui avait suivi la guerre franco-allemande de 1870-1871, commence aussi à prendre fin avec la conclusion de nouvelles alliances : rapprochement avec la Russie en 1907, l'« Entente cordiale» avec l'Angleterre. Des rapprochements qui sont la contrepartie de l'alliance adverse (la « Triple alliance ») de l'Allemagne avec l'Autriche (1879) et l'Italie (1883). Des grandes manoeuvres diplomatiques n'empêcheront cependant pas la guerre d'éclater. Tout au contraire, en 1914, la mécanique infernale des alliances se met en route pour déclencher la Première Guerre mondiale.

Le XXe siècle

La IIIe République de 1918 à 1940.
Une trêve entre les différents partis politiques prévaut pendant le conflit. Cette union sacrée disparaît dès qu'il se termine. L'instabilité gouvernementale s'installe et, en 1924, le Bloc national de Georges Clémenceau au pouvoir est replacé par le Cartel des Gauches que dirige Édouard Herriot, lui-même devant céder la place en 1926 à l'Union nationale, qui devra affronter la grande crise financière mondiale qui frappe la France. en 1932. En 1936, une coalition de gauche revient au pouvoir sous le nom de Front populaire. C'est sous le Front populaire que sont signés les Accords Matignon accordant la semaine de 40 heures et quinze jours de congés payés. Mais ce gouvernement ne tiendra pas plus de deux ans. Avec Hitler au pouvoir en Allemagne, les rumeurs de guerres sont de nouveau à l'ordre du jour. En septembre 1939, la France liée par des accords, déclare la guerre à l'Allemagne qui vient d'envahir la Pologne. Cette guerre, connue sous le nom de Drôle de guerre, ne durera que jusqu'à l'année suivante. L'armée française est écrasée, et la IIIe République tombe.

Vichy, Londres et la IVe République.
Tout le Nord de la France et la façade atlantique sont occupées par les troupes allemandes. Un gouvernement dirigé par le maréchal Philippe Pétain s'installe à Vichy et collabore avec le régime hitlérien en instaurant un système répressif, tandis que le général De Gaulle, réfugié à Londres, appelle à la résistance, et constitue sous le nom de France Libre une forme de gouvernement qui se veut l'alternative au gouvernement de Vichy. Fin 1942, la zone Sud est occupée par les Allemands, mais bientôt le débarquement des troupes alliées en Normandie (6 juin 1944), puis en Provence (15 août), permettent de libérer progressivement le territoire. De Gaulle s'impose alors comme l'unique représentant de la France. Il va diriger à la libération un gouvernement provisoire auquel participent au côté des gaullistes, les socialistes et les communistes. Ce gouvernement cédera la place en octobre 1946 à la IVe République. Il s'agit d'un système particulièrement instable, reprenant beaucoup des défauts de la IIIe République, tout entier à la merci des rivalités entre les partis. Il parvient sous la conduite à partir de 1947 de Jean Monnet, à réaliser le relèvement rapide du pays détruit par la guerre, notamment grâce à l'aide américaine (Plan Marshall). Monnet est également l'inspirateur du projet européen, qui se concrétise d'abord par la création en 1951 de la Communauté européenne du Charbon et de l'acier (CECA), qui réunit la France, l'Allemagne, l'Italie et les pays du Bénélux, puis par la signature, par les mêmes pays, en 1957 du Traité de Rome, fondateur de la Communauté économique Européenne (CEE). Mais, dans le même temps, la France se montre incapable de faire face au grand défi de l'époque : l'empire colonial désormais déchiré par les guerres d'indépendance. Après la guerre d'Indochine perdue à la suite de la bataille de Dien-Bien-Phu (1954), la France est confrontée à une autre guerre en Algérie. De Gaulle, à l'écart pendant cette période, manoeuvre alors pour apparaître une nouvelle fois comme l'homme de la situation. Le 13 mai 1958, le président René Coty finit par l'appeler à la tête du pays.

La Ve République.
La VeRépublique est instaurée officiellement en février 1959. Elle repose sur une constitution, adoptée par référendum dès le 28 septembre 1958, qui confère un rôle renforcé au président. Celui-ci, que l'on élira au suffrage universel, y puisera sa légitimité pour déterminer et conduire l'action politique du pays. En attendant le suffrage universel (5 décembre 1965), c'est De Gaulle, qui est élu par le Parlement le 21 décembre 1958. En 1960, la plupart des colonies françaises en Afrique sub-saharienne cèdent la place à de nouveaux États indépendants. De Gaulle règle ensuite le problème algérien en accordant l'indépendance à l'Algérie le 18 mars 1962 (Accords d'Evian). Avec cette disparition de l'empire colonial français la France, bien qu'elle ait réussi à arracher un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies; cesse d'être une grande puissance. De Gaulle va cependant continuer de lui jouer sur la scène internationale un rôle en quelque sorte surdimensionné, en prenant par exemple ses distances par rapport aux Etats-Unis (compensées par un rapprochement avec l'Allemagne de Konrad Adenhauer), en quittant l'OTAN et en se dotant de l'arme nucléaire (1960). De Gaulle est réélu, au suffrage universel cette fois, le 5 décembre 1965. En mai 1968, le pays est secoué par une crise sociale, économique et politique sans précédent qui semble, un instant, faire vaciller le pouvoir de De Gaulle. Celui-ci parvient à se maintenir en place grâce notamment à la concession de quelques avancées sociales (Accords de Grenelle), mais l'année suivante, un référendum perdu convainc le président de quitter le pouvoir. Georges Pompidou, qui avait été son premier ministre, est élu à sa succession en juin 1969. Il mourra d'un cancer le 2 avril 1974

Un nouveau président est élu, Valéry Giscard d'Estaing, qui sera, pour la première fois depuis la création de la Ve République un représentant de la droite non gaulliste. Giscard d'Estaing, sous la présidence duquel les deux chocs pétroliers annoncent un période durable de récession économique et de montée du chômage, s'emploie à donner une image plus moderne de l'action politique et, surtout, conduit une politique européenne volontariste. Il est battu au élections du 10 mai 1981, qui portent à la présidence le socialiste François Mitterrand, à la tête d'une coalition de la gauche. Quatre ministres communistes entreront même au gouvernement, cependant dominé par les socialistes. Une avalanche de réformes est engagée. La peine de mort est abolie; les liens étroits de la télévision et du pouvoir, qui en faisait son outil de propagande privilégié depuis De Gaulle, sont quelque peu dessérés, des mesures économiques parfois abruptes sont également prises. Mais en quelques mois, les enthousiasmes et les excès des débuts se heurtent aux réalités, et le nouveau pouvoir s'inscrit dans la même ligne modérée des autres partis socio-démocrates d'Europe. L'élection législative de 1986 sera un nouveau tournant  avec la victoire de la droite qui va placer le pays dans une situation inédite : un président de gauche et premier ministre de droite, Jacques Chirac, issu du parti gaulliste (ou néo-gaulliste). C'est la cohabitation. Une étrange situation dans le cadre d'institutions qui donnent la primauté au président qui appartient à un camp, mais où le suffrage universel confère la légitimité à une Assemblée nationale et à un gouvernement d'un autre camp.

En 1988, Mitterrand est pourtant réélu pour un nouveau septennat. Le Parlement, cette fois, est majoritairement à gauche. La défaite à plusieurs élections locales signalent cependant l'érosion d'un pouvoir au caractère de plus en plus « monarchique ». Le président, inaccessible dans sa tour d'ivoire, règne, tandis que des scandales politiques et financiers (commissions occultes sur des ventes d'armes, emplois fictifs, marchés publics truqués, etc.) commencent aussi à éclater, impliquant aussi bien le parti socialiste que la droite. Ils n'ont toujours pas pris fin aujourd'hui, tant la classe politique à su se doter des dispositifs qui rendent intouchables ses principaux responsables. La présidence de Mitterrand est également marqué par un creusement des inégalités sociales, une montée de l'exclusion et de la précarité et un chômage persistant; autant de maux qui eux aussi resteront d'actualité sous les présidences de son successeur. 

En 1993, les socialistes perdent  une fois de plus les élections législatives, et une nouvelle cohabitation a lieu, avec cette fois pour premier ministre Édouard Balladur. L'élection présidentielle de 1995 portera ensuite Jacques Chirac à la présidence. Une dissolution intempestive de l'Assemblée nationale en 1997, et la victoire de la gauche, le priveront cependant du pouvoir réel pendant les cinq années suivantes, pendant lesquelles le premier ministre est le socialiste Lionel Jospin. Au cours de cette troisième cohabitation, l'incongruité de la situation conduit à modifier la longueur du mandat présidentiel, qui sera désormais portée à cinq ans, comme celle du mandat des députés. On espère qu'ainsi la majorité présidentielle et la majorité parlementaire coïncideront toujours.

Le 21 avril 2002, le premier tour des élections présidentielles réservent une mauvaise surprise aux démocrates. Lionel Jospin, le candidat socialiste, est devancé par le candidat de l'extrême droite, qui affrontera au deuxième tour, le président sortant, Jacques Chirac, qui pourra alors bénéficier des voix d'une grande partie des électeurs de gauche. Il est réélu avec plus de 82 % des voix. Le quinquennat va être marqué par des crises à répétition, et par le divorce de plus en plus apparent de la population et de ces dirigeants : en novembre 2002, une grande grève paralyse le secteur public à la suite des privatisations engagées par le gouvernement. Un gouvernement qui laisse une image de désinvolture, en août 2003, lors d'une canicule responsable d'une surmortalité évaluée à 15 000 personnes, âgées pour la plupart. En mars 2004, la droite au pouvoir subit une défaite cuisante lors des élections régionales, mais semble n'en tirer aucune conséquence. De nouvelles grèves paralysent le pays en janvier 2005, à propos de la réforme des retraites. En mai 2005 a lieu un référendum sur la constitution européenne. Le traité proposé est rejeté par 54% des votants, alors même que les principaux partis, à droite comme à gauche, s'étaient prononcés en sa faveur. En octobre et novembre 2005, des émeutes violentes embrasent les quartiers défavorisés de la banlieue nord-est de Paris, puis d'autres villes. En mars et avril 2006, c'est le désarroi d'une jeunesse, cette fois bien moins défavorisée, qui se fait entendre par une grande grève qui bloque les lycées et les universités pendant plusieurs semaines. Ce mouvement étudiant aboutit au retrait de la loi qui l'avait déclenché. 

Le 6 mai 2007, les élections présidentielles qui ont opposé Ségolène Royal, la candidate de la gauche, issue du Parti socialiste, à l'ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac et candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, ont donné la victoire à ce dernier. Les élections législatives qui ont suivi, en juin, ont reconduit la majorité sortante de droite à l'Assemblée nationale. Durant ce quinquennat, impacté à partir de 2008 par la crise économique mondiale, le président installe une forme de gouvernance égocentrée et brouillonne, qui exacerbe des clivages sociaux, et qui se solde par sa défaite aux élections du 6 mai 2012. Le socialiste François Hollande, devient le nouveau chef de l'État.

Le quinquennat, ponctué par plusieurs attentats djihadistes meurtriers, est marqué par certaines avancées sociales et sociétales (légalisation du mariage homosexuel, par exemple), par une forme de rétablissement de l'indépendance de la justice, parfois écornée lors du quinquennat précédent, mais aussi par beaucoup de lâcheté et d'inintelligence face à la crise des migrants à laquelle est confrontée l'Europe, et, en matière économique, par une image d'inefficacité (montée du chômage tardivement et encore mal endiguée). Cela, et les divisions au sein de son parti, a conduit le président en exercice à renoncer à briquer un second mandat.

Les élections présidentielles de 2017 ont vu s'affronter, au second tour, la candidate de l'extrême droite, fille et héritière du finaliste de 2002 et Emmanuel Macron, un ancien conseiller puis ministre de l'économie de Hollande, qui avait fondé son propre mouvement, En Marche, seulement un an plus tôt. Il a réussi a agréger autour de ce qui pouvait apparaître au début comme une aventure personnelle aux bases fragiles, à la fois des électeurs sensibles à son programme d'inspiration social-libérale et des électeurs rejetant les partis qui se sont partagé le pouvoir depuis le début de la Ve république (droite républicaine, Parti socialiste) . Un rejet des partis de gouvernement qui a aussi bénéficié aux extrêmes. A l'issue du second tour, le 7 mai, c'est finalement Macron qui a été élu président de la République avec 66% des suffrages exprimés. Mais les presque 11 millions de voix obtenues par son adversaire donnent la mesure du défi auquel le pays est confronté : cela fait beaucoup de monde désorienté au point de soutenir des idées qui font de la désignation de boucs émissaires un mode d'explication et qui érigent le mensonge en système.



Christian Amalvi, Les Héros des Français - controverses autour de la mémoire nationale, Larousse , 2011. - Une analyse destinée au grand public portant sur les usages politiques et religieux » des grandes figures nationales. Cet ouvrage est également une invitation à recomposer à son gré, à partir de ce monument bibliographique, son propre Panthéon personnel, pour le meilleur et sans le pire, le but final restant de regarder notre passé sans tabou, en face.

Collectif (dir. Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson), Les guerres de mémoire, la France et son histoire, La Découverte, 2008. - Depuis la fin des années 1990, on a vu se durcir en France une « guerre de mémoires » autour de l'histoire coloniale et, en particulier, celle de l'Algérie ou celle de l'esclavage. Les différents protagonistes ont largement mobilisé les médias, anciens et nouveaux, saturant parfois l'espace public au point de donner le sentiment d'un débat d'une ampleur sans précédent. Et pourtant, on oublie trop souvent que le XXe siècle a été, génération après génération, une longue suite de conflits mémoriels. Comme si, sur les questions essentielles, les «guerres de mémoires» étaient en France le moyen de faire entrer le passé dans le présent. C'est ce que montre cet ouvrage, réunissant des contributions très accessibles des meilleurs historiens, politologues ou sociologues. Dans une première partie, ils rappellent les affrontements de mémoires des grands moments qui ont marqué le dernier siècle, de l'affaire Dreyfus à l'histoire coloniale, en passant par la Grande Guerre, Vichy ou Mai 68. Et, dans une seconde partie, ils évoquent le rôle majeur joué dans ces controverses par les différents médias, du livre aux commémorations, du cinéma à Internet, de la télévision à l'école, des archives aux manuels scolaires, des lois mémorielles aux monuments... Les auteurs répondent ainsi à des questions majeures, grâce à une mise en perspective historique qui les éclaire d'un jour nouveau : comment les «guerres de mémoires» se sont-elles transformées en enjeux de communication? Quelles sont les spécificités de ces débats en fonction des canaux qu'ils mobilisent et en quoi ceux-ci in-fluencent-ils leurs enjeux? En quoi les conflits mémoriels contribuent-ils à l'élaboration de l'identité nationale? (couv.).

Jean Boutier, Atlas de l'histoire de France (la France moderne), Autrement, 2006. - Pour comprendre l'histoire d'une nation, il faut comprendre la formation de son territoire. Cet Atlas de l'Histoire de France retrace en trois tomes l'histoire des Français, "en suivant les différentes étapes de la construction d'un espace politiquement organisé" comme l'explique le directeur de la publication, Jean Boutier, dans son introduction.

Ce deuxième volume, La France moderne XVIe-XIXe siècle décrit en plus de 100 cartes l'affirmation du royaume de France et son renforcement continu. (couv.)

Collectif, Dictionnaire de l'Ancien régime, Armand Colin, 2004.

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