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L'oeil
L'oeil est l'organe de la vue; il nous permet de juger la distance, la couleur, le volume des corps : c'est le "toucher lointain" de Buffon. Ce petit organe si délicat, si merveilleusement constitué, a de tout temps fait l'étonnement et l'admiration des philosophes et des savants. Le même oeil braqué à un télescope verra nettement les satellites de Jupiter situé à des millions de kilomètres; un instant après, il pourra, placé sur l'oculaire d'un microscope, étudier le bacille de la tuberculose ou de la lèpre qui n'a que 5 à 6 millièmes de millimètres; nous pouvons donc voir d'une façon distincte à quelques millimètres et, pour ainsi dire, à l'infini, l'oeil s'adapte de lui-même, grâce à l'accommodation.

Configuration.
Le globe oculaire a la forme d'une sphère qui n'est pas géométriquement régulière; il est aplati légèrement de haut en bas et en avant; il existe une saillie très manifeste, c'est la cornée. Par ce fait, il existe une inégalité plus au moins prononcée, mais constante, dans les trois principaux diamètres du globe oculaire. Le diamètre transversal mesure 23 millimètres, le vertical 23 millimètres et l'antéro-postérieur (= d'avant en arrière) 25 et même 26 mm en dehors de toute anomalie; le globe oculaire étant à peu près achevé au moment de la naissance, la différence entre l'oeil du nouveau-né et de l'adulte est minime, surtout si on le compare aux parties voisines : orbite, crâne et face. Lorsque le diamètre antéro-postérieur est trop long, les images viennent se former en avant de la rétine : c'est la myopie. Si au contraire ce même diamètre est trop court, les images viennent se peindre en arrière de la rétine : c'est l'hypermétropie. Le poids du globe oculaire varie de 7 à 8 grammes. Sa consistance est très ferme et élastique sur le vivant, ce qui est dû non seulement à son enveloppe résistante (sclérotique), mais à la pression intérieure des liquides (humeur aqueuse, etc.) qui atteint jusqu'à 15 millimètres de mercure; c'est ce qu'on appelle la tonicité de l'oeil, qui augmente dans le glaucome par exemple où l'oeil a la dureté d'une bille, ou qui diminue ,jusqu'à devenir nulle lorsque l'oeil s'atrophie (phtisie du globe).


L'oeil myope est un oeil trop long; les images se forment en avant de la rétine.
L'oeil hypermétrope est un oeil trop court; les images se forment en arrière de la rétine.

De même qu'au globe terrestre, on distingue au globe oculaire deux pôles : le pôle antérieur, qui correspond au centre de la cornée transparente; le pôle postérieur, qui est situé au point diamétralement opposé, un peu en dehors de l'orifice d'entrée du nerf optique. Le globe oculaire n'est pas situé exactement dans l'axe antéro-postérieur de l'orbite, il est plus rapproché de la paroi externe et inférieure; quant aux axes antéro-postérieurs des deux yeux, ils sont sensiblement parallèles.

Structure.
Le globe de l'oeil au bulbe peut être considéré comme composé de quatre appareils : 

1° un appareil de protection formé par la sclérotique en arrière, par la cornée en avant;

 2° un appareil de vision : la rétine

3° un appareil de réfraction constitué par une série de milieux transparents : l'humeur aqueuse, le cristallin, le corps vitré;

4° un appareil d'accommodation ou d'adaptation à la vision à différentes distances, constitué par le cristallin et ses annexes, muscle et procès ciliaires


Coupe transversale du segment antérieur de l'oeil.
L'oeil se compose de plusieurs enveloppes qui sont de dehors en dedans : une membrane fibreuse entourant les trois quarts postérieurs de l'oeil : la sclérotique qui, en avant, devient transparente : c'est la cornée, elle protège l'oeil; une membrane moyenne : la choroïde, formée d'un feutrage de vaisseaux qui assurent la nutrition de la rétine renfermant un pigment noir destiné à empêcher les réflexions intraoculaires. Un diaphragme, l'iris, qui est une dépendance de la choroïde trouve devant le cristallin et sépare la chambre aqueuse en deux parties; ce diaphragme est percé d'un trou central, la pupille, qui en se dilatant dans l'obscurité et en se rétrécissant à la lumière, sert à régler la quantité de lumière qui doit frapper la rétine. Le corps vitré* ou corps hyaloïde est constitué par une masse sphérique gélatineuse, entièrement transparente, qui remplit tout l'espace compris entre la concavité de la rétine en arrière, le cristallin et la zonule en avant ; il a une membrane enveloppante, l'hyaloïde. Enfin la rétine, qui n'est autre que l'expansion du nerf optique.
Oeil.
Coupe de l'oeil suivant un plan horizontal.
Paupières ajoutées concventionnellement. - ch, chambre antérieure. z, zone de Zinn.
Si l'on considère sur une coupe transversale de l'oeil d'avant en arrière, on trouve la cornée dont le diamètre est de 12 millimètres et l'épaisseur de presque 1 millimètre; ses lésions ulcératives pouvant aller jusqu'à la perforation (ulcères de la cornée) s'appellent les kératites. Derrière se trouve la chambre antérieure de l'oeil contenant quelques gouttes d'humeur aqueuse; celle-ci, analogue à l'eau distillée, s'écoule lors de l'incision de la cornée dans l'extraction du cristallin cataracté; cette humeur se reproduit en quelques minutes. On donne le nom d'hypopion au pus formé dans la chambre antérieure. Toujours sur la même coupe transversale, ou voit, la section du cristallin avec son enveloppe la cristalloïde; cette lentille est suspendue au centre de la pupille par les procès ciliaires qui l'entourent à la façon des griffes du chaton d'une bague; l'épaisseur du cristallin est d'environ 2 à 2,4 mm, son poids est de 20 à 25 centigrammes; à la partie postérieure on trouve le canal hyaloïdien, cordon par où passent pendant la vie embryonnaire les vaisseaux nutritifs du globe. Enfin, on voit la masse du vitré qui forme une sorte de matière de remplissage pour maintenir la sphéricité de l'oeil et qui soutient la rétine, la choroïde, la sclérotique qui se confond avec la gaine fibreuse du nerf optique. A ce niveau, c.-à-d. au pôle postérieur, il y a un orifice par lequel entre le nerf en traversant la lame criblée pour s'épanouir en fibres rétiniennes; il forme la papille, et, tout à fait dans l'axe antérieur de l'oeil, la rétine; qui n'a plus que des cônes, forme la macula ou tache jaune.

Vaisseaux de l'oeil

Les artères viennent de l'ophtalmique, branche de la carotide interne; accolée au nerf optique, elle donne l'artère centrale de ce nerf, puis les artères ciliaires; les ciliaires antérieures sont flexueuses et vont former le grand cercle et le petit cercle artériel de l'iris. Les ciliaires postérieures se subdivisent en ciliaires courtes qui fournissent 18 ou 20 petites branches; entourant le nerf optique et pénétrant dans la sclérotique, et allant dans la choroïde; les ciliaires longues vont concourir à la formation du grand cercle artériel irien; toutes ces artérioles s'anastomosent entre elles. Les veines de l'oeil se rendent dans la veine ophtalmique dont le tronc, après avoir traversé la fente sphénoïdale, se jette dans le sinus-caverneux, les veines de l'iris s'unissent. aux paquets veineux des procès ciliaires et aux veines en tourbillon de la choroïde.

On ne connaît aucun vaisseau lymphatique émanant du globe de l'oeil, la lymphe de l'iris et des procès ciliaires se déverse dans la chambre antérieure à travers un système de fentes; de la chambre antérieure, elle passe dans le cercle de Schlemm et dans les veines musculaires.
Nerfs de l'oeil

Les rameaux nerveux destinés à la choroïde émanent du ganglion ophtalmique; ils forment à sa surface externe le riche plexus nerveux choroïdien avec de nombreuses cellules ganglionnaires, puis le plexus ciliaire; de là partent les nerfs ciliaires qui forment le plexus irien qui se résolvent en fibres sensitives et fibres motrices du sphincter pupillaire. Telle est dans ses lignes générales la structure de l'oeil proprement dit.

Orbite

Le globe oculaire est logé dans la cavité orbitaire qui le protège contre les violences extérieures : c'est une sorte, de pyramide osseuse quadrangulaire; sa base est le rebord orbitaire : c'est l'ouverture de la cavité ou s'enchâsse l'oeil; elle est constituée par l'arcade orbitaire plus ou moins proéminente, dépendance du frontal, la paroi supérieure forme une voûte, excavée; sur son côté externe se trouve la logette de la glande-lacrymale; la paroi inférieure est plane, la paroi interne très mince; on y voit la gouttière lacrymale. La paroi externe la plus résistante est celle par où pénètre le chirurgien pour l'énucléation du globe. Le sommet de l'orbite est occupé par la fente sphénoïdale. Le tendon de Zinn s'y insère; enfin on y voit le trou optique par où passent le nerf optique et l'artère ophtalmique.

Contenu de l'orbite.
Le périoste orbitaire, qui est la continuation de la dure-mère, tapisse toutes les parois osseuses, puis vers la base il se dédouble et une portion va former l'aponévrose orbito-oculaire ou de Tenon qui sépare en quelque sorte en deux loges la cavité orbitaire; en avant elle enveloppe le globe oculaire et le sépare de la partie profonde ou loge postérieure où se trouve un tissu cellulo-graisseux jaunâtre formant une sorte de coussin élastique permettant à l'oeil de se laisser refouler en arrière et amortissant les chocs auxquels il est exposé.

Annexes de l'oeil

Ce sont les paupières, la conjonctive, puis les muscles et l'appareil lacrymal que nous allons décrire :

Muscles de l'oeil.
Ils sont au nombre de sept, tous constitués par des fibres striées et volontaires. Ce sont les muscles extrinsèques de l'oeil par opposition avec le muscle ciliaire qui entoure le cristallin et sert à l'accommodation et le muscle de l'iris, tous deux à fibres lisses et à contractions involontaires. Six muscles sont préposés aux mouvements du globe : le droit supérieur et le petit oblique pour l'élévation, le droit inférieur, et le grand oblique pour l'abaissement, le droit interne pour l'adduction et le droit externe pour l'abduction. Les grand et petit obliques, en même temps qu'ils tirent l'oeil en dehors, impriment au globe oculaire des mouvements opposés de rotation autour de son axe antéro-postérieur. A ces six muscles, il faut ajouter le releveur de la paupière et chez les animaux le rétracteur du globe ou muscle choânoïde. Tous ces muscles, à l'exception du petit oblique, prennent leur insertion fixe sur le pourtour du trou optique au fond de l'orbite; de là ils se dirigent en avant, logés dans leurs gaines, et forment une sorte d'entonnoir musculaire ouvert en avant où ils s'implantent dans la sclérotique. Seul le grand oblique fait exception. Parvenu à la partie supéro-interne du rebord orbitaire, il vient se réfléchir dans une poulie de renvoi, puis il se porte obliquement en arrière et en dehors pour se fixer sur le segment postérieur externe de la sclérotique. 


Vue supérieure des muscles de l'oeil.

Le petit oblique s'insère au plancher de l'orbite en dedans, en avant et en dehors du sac lacrymal; de là il se porte obliquement en arrière et en dehors et, après avoir croisé le droit inférieur qu'il recouvre, il contourne le globe pour s'attacher à la sclérotique immédiatement au-dessous du grand oblique. Les insertions des tendons des muscles droits sur la sclérotique suivent une ligne spirale : l'insertion du droit interne est la plus rapprochée; elle est à 5 millimètres la cornée, la plus éloignée est celle du droit supérieur qui est à 8 millimètres; la largeur de l'insertion des tendons varie de 9 à 11 millimètres. Ces détails sont importants à connaître lorsque l'on doit sectionner ces insertions dans l'opération du strabisme. Trois paires nerveuses crâniennes innervent les muscles de l'oeil; le moteur oculaire commun ou troisième paire anime tous les muscles droits, à l'exception du droit externe, du releveur de la paupière et du petit oblique; le nerf pathétique ou quatrième paire innerve le grand oblique, le moteur oculaire externe innerve le droit externe.

Appareil lacrymal.
Il se compose de deux parties l'une, sécrétante, les glandes, et une excrétante, les deux canalicules lacrymaux, le sac et le canal nasal. La glande lacrymale se compose d'une portion orbitaire du volume d'une petite amande logée dans la fossette de l'angle externe du frontal; la portion palpébrale aplatie est incluse dans l'épaisseur de la paupière supérieure. Cette glande est formée de lobules analogues à ceux des glandes salivaires; une branche de l'ophtalmique l'irrigue, les nerfs viennent du trijumeau et du sympathique qui influence la sécrétion des larmes. Rien de plus variable que l'activité de cette sécrétion. Chez l'enfant à la mamelle la sécrétion n'existe pas, aussi les bébés crient-ils sans verser de pleurs. Les larmes sont transportées sur la surface du globe par le clignement des paupières; elles lubrifient l'oeil et balayent les petits corpuscules. Les excitations physiques et psychologiques influent sur leur sécrétion. 


Appareil lacrymal.

Les larmes sont aspirées par les points lacrymaux situés dans l'angle interne de l'oeil, sur le bord libre des paupières; chacun d'eux se trouve au sommet d'un petit tubercule, le supérieur un peu plus en dedans; ils sont l'orifice d'entrée des canalicules lacrymaux qui ont de 6 à 8 millimètres de long sur 1 à 2 millimètres de large et vont s'aboucher dans un canal commun pour s'ouvrir dans le sac lacrymal; celui-ci a la forme d'une ampoule de 12 à 15 millimètres de long sur 5 à 6 de large. Le canal nasal fait suite au sac lacrymal, il s'ouvre sous forme d'une fente dans l'angle formé par l'union du cornet inférieur avec la paroi externe des fosses nasales. La muqueuse des conduits lacrymaux se continue avec la muqueuse nasale : ce qui explique la propagation de l'inflammation de l'un à l'autre.

Développement de l'oeil.
Il se fait aux dépens de deux diverticules du cerveau, les vésicules optiques qui peu à peu se rapprochent des téguments. Arrivée au contact de l'épiderme, la vésicule optique prend la forme d'une coupe par l'invagination de sa paroi antérieure; cette coupe se remplit par prolifération de l'épiderme d'une lentille transparente : c'est le cristallin; derrière elle se forme un autre tissu transparent : c'est le corps vitré. Enfin, les deux parois de la coupe optique se soudent ensuite pour devenir : l'antérieure, l'épithélium sensoriel; la rétine, la postérieure devient la couche pigmentaire.

L'oeil dans le monde animal

On vient de décrire l'oeil humain; celui des autres primates (singes) n'en diffère guère. Chez les carnivores et les ruminants, les cellules pigmentaires manquent sur une partie de la choroïde c'est ce qu'on appelle le tapis ou miroir (on connaît la phosphorescence des yeux de chat dans l'obscurité). La pupille est circulaire chez les primates, mais elle est elliptique à grand axe vertical chez les carnivores, ovale à grand axe horizontal chez les ruminants.

Oiseaux
Les oiseaux ont tous la vue perçante; les rapaces, obligés de planer à des hauteurs considérables, voient leur proie de fort loin. Ils sont souvent obligés de changer la portée de leur vue; leur oeil est naturellement hypermétrope à cristallin plus aplati que les mammifères, et ils possèdent pour l'accommodation le peigne allant du cristallin à la choroïde. On sait que les volailles, pigeons, poulets, voient les plus petits fragments de nourriture mêlés à la terre. Les nocturnes (chouettes, hiboux...) ont de gros yeux.


Coupe antéro-postérieure d'un oeil d'oiseau.

Poissons
Vivant dans l'eau qui est d'une densité plus grande que l'air, les poissons ont besoin d'une lentille plus réfringente, aussi leur cristallin est-il sphérique et ils ont une vue de myope. Comme ils plongent et que leurs yeux sont soumis à une forte pression, leur sclérotique est en partie osseuse; ceux qui vivent à une très grande profondeur sont aveugles ou ont de grands yeux ronds et élargis pour recueillir les moindres rayons lumineux; quelques-uns sont phosphorescents. Certains ont des organes lumineux sur la tête, qu'ils allument pour chercher leur proie ou éteignent quand ils veulent se soustraire à un ennemi.

Reptiles.
A mesure que l'on descend l'échelle animale, l'oeil se simplifie; chez les reptiles comme chez les poissons, il y a disparition complète des paupières, tandis qu'il y a une troisième membrane clignotante chez les oiseaux. Le caméléon a la curieuse propriété de remuer indépendamment un oeil de l'autre; il peut, par exemple, regarder en haut avec l'oeil droit et en bas avec l'oeil gauche. L'oeil réduit à sa plus simple expression est formé d'une cellule spéciale se continuant par un nerf et renfermant du pigment rouge ou noir, impressionnable à la lumière. 

Invertébrés.
Les insectes voient presque tous très bien; ils ont souvent deux espèces d'yeux les ocelles; l'oeil simple se compose uniquement d'une lentille derrière laquelle est un liquide gélatineux transparent, puis la rétine sur laquelle s'épanouissent les faisceaux; l'oeil composé a sa surface divisée en hexagones nommés facettes; au-dessous de chaque facette apparaît un cône où vient aboutir un faisceau de nerfs communiquant avec le nerf optique. La reine des abeilles a 5000 facettes, la mouche 8000 et certains scarabées jusqu'à 35 000 facettes; les mollusques ont des yeux, tantôt sur les cornes, quelquefois entre les tentacules; les crustacés, crabes et homards possèdent deux yeux composés, placés sur des pédoncules mobiles.

Parmi les plus petits, beaucoup ne peuvent distinguer la lumière de l'obscurité (ver de terre, etc.), mais tout leur corps est sensible; car les téguments peuvent être sensibles à la lumière, c'est ce qu'on observe chez les animaux inférieurs; il y a alors sensation dermatoptique.

Physiologie

Nutrition du globe. 
L'humeur aqueuse est sécrétée en arrière de l'iris par les procès ciliaires, la nutrition du cristallin et du corps hyaloïde est sous la dépendance de la rétine; l'excrétion des liquides intra-oculaires se fait en avant par l'angle iridien, en arrière par les gaines du nerf optique.

Sensibilité générale de l'oeil.
On sait que le moindre attouchement de la surface de la cornée est vivement ressenti, car celle-ci a un plexus nerveux sous et intra-épithélial extrêmement riche; ses nerfs lui viennent, pour la plupart, du ganglion ophtalmique. C'est la cornée qui réagit en dernier dans la mort et l'anesthésie chloroformique; on sait que la cocaïne a la propriété d'abolir la sensibilité de l'oeil, ce qui a singulièrement facilité dans le passé les opérations oculaires; la sclérotique a une sensibilité fort obtuse, l'iris et les procès ciliaires jouissent d'une sensibilité extrême, grâce à leur richesse nerveuse aussi les opérations d'iridectomie, l'iritis et la cyclite sont fort douloureux; la choroïde est bien moins sensible. La rétine et le nerf optique sont à peu près dépourvus de sensibilité.

Motricité intrinsèque du globe.
Seuls l'iris et le muscle ciliaire possèdent la propriété de se contracter sous l'influence des nerfs moteurs, grâce à la présence des fibres lisses; la lumière contracte l'iris, l'obscurité la relâche; la paralysie du moteur oculaire commun (qui anime l'iris) a pour effet de paralyser son sphincter et de dilater la pupille; l'action du sympathique cervical est diamétralement opposé. On sait que l'atropine dilate la pupille; c'est un mydriatique, tandis que l'ésérine la contracte. 

L'oeil, dans son ensemble, est comparable à un appareil photographique, seulement la chambre noire de l'oeil est globulaire, ce qui permet aux parties périphériques de l'image formée par l'appareil convergent de venir tomber exactement sur la membrane sensible, la rétine, qui fait office de plaque sensible. Il faut, pour qu'une image vienne se former nettement sur la rétine, la coïncidence toujours exacte du sommet du cône oculaire avec la rétine; cela se fait grâce à l'adaptation : c'est la mise au point des photographes; elle se fait instinctivement par l'accommodation, c.-à-d. par un changement de forme du cristallin dont la face antérieure augmente de convexité quand on adapte l'oeil pour la vision d'un objet très rapproché; le cristallin est donc une sorte de lentille vivante qui change de courbure grâce au muscle ciliaire, qui peut agir sur la périphérie du cristallin, par l'intermédiaire des procès ciliaires. La puissance accommodative, très puissante chez l'enfant, diminue peu à peu avec l'âge; à dix ans, elle est de quatorze dioptries et de zéro à soixante-quinze ans, d'après Donders. Le diaphragme irien règle la quantité de lumière qui doit arriver à la rétine, membrane sensible spécialement à la lumière, par ses cellules visuelles; l'entrée du nerf optique, parfois appelée aussi pupille, est insensible à la lumière : c'est la tache ou zone aveugle de Mariotte ou punctum caecum; la partie la plus sensible de la rétine, c'est la tache jaune placée exactement au pôle postérieur de l'oeil; elle est remarquable par sa richesse en cônes.

Les dyschromatopses sont les individus qui sont aveugles pour une ou plusieurs couleurs; les daltoniens sont ceux qui ne voient pas le rouge. Si l'on réfléchit au peu d'étendue de la partie vraiment sensible de l'oeil, on comprendra de quelle utilité sont les mouvements du globe oculaire qui peuvent se faire instantanément en tous sens. 

Champ visuel.
On donne le nom de champ visuel à toute l'étendue qui peut être embrassée d'un seul coup d'oeil. Ainsi, l'oeil étant fixé sur un objet, les points les plus excentriques dont cet oeil recevra une impression représenteront les limites du champ visuel. On l'examine au moyen d'un campimètre ou d'un périmètre; il est plus étendu du côté externe que du côté interne où il est limité par la saillie du nez. On donne le nom de scotomes aux points obscurs dans l'étendue du champ visuel; à l'état normal il y a un scotome physiologique dans le méridien horizontal du côté externe, il correspond à la tache aveugle de Mariotte. L'examen du champ visuel pour les couleurs montre que les limites de perception du bleu-vert sont les plus étendues, le rouge et le jaune sont plus restreintes.

Cette sensibilité chromatique de la rétine est très importante à connaître, car elle est très souvent modifiée dans les affections des centres nerveux encéphaliques (intoxications diverses : alcooliques, saturniques, nicotiniques, etc.). On donne le nom de champ du regard à toute l'étendue que l'oeil peut embrasser, grâce aux mouvements que lui impriment ses six muscles, la tête restant immobile; on comprend que ce champ du regard est modifié dans les paralysies des muscles oculaires. Les larmes qui n'ont pas été évaporées à la surface de l'oeil sont aspirées par les points lacrymaux dans les fosses nasales qu'elles empêchent de se dessécher sous l'influence du courant d'air de l'inspiration. (Dr L. Pinel-Maisonneuve).

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Dictionnaire Les mots du vivant
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