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Littérature
La littérature américaine
La littérature des Etats-Unis
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La poésie
Le roman Genres divers
On a pris l'habitude de désigner sous le nom de littérature américaine la littérature  des États-Unis, qui sont de beaucoup le plus important des Etats modernes de l'Amérique. La majeure partie de la littérature américaine est rédigé en anglais; c'est vrai aussi, pour l'essentiel de la littérature des peuples autochtones (Amérindiens).On peut diviser en trois grandes périodes l'histoire de la littérature anglo-américaine : la première, antérieure à la guerre de l'indépendance, s'étend de 1620 à 1770; la deuxième, un "long XIXe siècle" commence avec l'histoire des Etats-Unis proprement dits et se termine au début du XXe siècle. La troisième va de la Première Guerre mondiale à nos jours.

Périodes coloniale et de la révolution.
On ne saurait demander des oeuvres d'imagination à l'âge de la colonisation primitive-: il n'y avait pas de place alors pour l'observation de l'humain ou de la nature. Le temps manquait : la perfection est un fruit de loisir. Pendant que Dryden, Pope, Addison se battaient avec les mots et prenaient d'assaut les phrases élégantes ou libertines, les pionniers de la Nouvelle-Angleterre devaient planter, défendre leur propriété, s'enrichir,  et, à l'occasion, exterminer consciencieusement les Indiens. Défrichant le sol, ils laissaient leur intelligence en jachère, et bâtissant des maisons ils oubliaient de construire des livres. Après les rudes journées de travail, les colons ne pouvaient prendre intérêt qu'au tableau des faits récents ou présents. 

Aussi la toute première littérature américaine se compose-t-elle de brochures politiques, de pamphlets, nés de la rivalité des divers établissements, Virginie, Caroline, Maryland. Puis viennent des histoires locales, des relations de voyages, des traductions de classiques : une traduction des Métamorphoses d'Ovide, composée par George Sandys, colon de la Virginie, fut imprimée à Londres en 1626. Le premier ouvrage imprimé en Amérique (Cambridge, 1610) avait été un livre d'hymnes religieux, le Bay Psalm Book.  Les plus anciens écrits en prose sont : le Journal dans lequel John Winthrop, chef des colons du Massachusetts, a retracé les événements qui se produisirent sous son administration, de 1630  à 1640; l'Histoire de la Nouvelle-Angleterre, par W. Hubbard (1621-1704); les Bonnes Nouvelles de la Nouvelle-Angleterre, par Winslow; et la Relation de Mourt. 

La théologie envahit tout. Ce sont des temps de cruelle intolérance religieuse : on massacre les indiens idolâtres, les petites églises se persécutent les unes les autres : la loi théologique est la loi civile. Deux livres représentent cet état des esprits : les Remarkables Providences de Cotton Mather (1663-1728), qui écrivit en outre près de 400 sermons et pamphlets dans lesquels la démonologie tient une grande place, et theSimple cobler of Agawam (1647), de Nathaniel Ward. Mais à ces deux appels à la persécution puritaine répond the Bloody tenet of persecution for cause of conscience (1644). L'auteur, Roger Williams, venu au Massachusetts en 1630, est un esprit tolérant, presque un sceptique. Il affirma l'égalité des convictions religieuses devant la loi, doctrine sans laquelle il n'y aurait jamais eu de paix pour l'Amérique du Nord.  Dans la même veine, on remarque aussi John Eliot (1604-1690), l'apôtre des Indiens, qui traduisit la Bible dans la langue des Massachusetts; Newman, auteur d'une Concordance des Écritures. Des universités, cependant, se sont fondées : Harvard date de 1636 et New Cambridge de 1639. 

Le XVIIIe siècle.
Le premier journal paraît, the News Letters (1704). L'histoire des colonies attire à cette époque l'attention de chroniqueurs consciencieux. W. Hubbard écrivit une Histoire de la Nouvelle-Angleterre. Mais l'ouvrage de Thomas Prince sur le même sujet et avec le même titre, publié en 1736 et en 1755, a bien plus de valeur. En 1716, le capitaine Church donna une Histoire de la guerre du roi Philippe, qui fut longtemps la principale autorité pour les affaires de la Nouvelle-Angleterre à cette époque. David Brainerd, dans son Journal, a raconté ses aventures et ses missions parmi les tribus indiennes, qu'il dépeint avec fidélité. L'Histoire des cinq nations indiennes, qui parut vers 1745, possède un vrai mérite littéraire; elle est due à Cadwallader Colden, auteur aussi d'ouvrages scientifiques. 

Parmi les voyages il faut citer la Description de la Floride orientale (1774), par Bartram; l'ouvrage curieux et rare de Jonathan Carver, qui essaya d'explorer l'intérieur de l'Amérique du Nord et de pénétrer jusqu'à l'océan pacifique; le Journal de John Woolman (1720-1772), qui est aussi l'auteur d'Observations sur l'entretien des Noirs, l'un des meilleurs livres sur l'esclavage.

Parallèlement, l'esprit puritain brille extrêmement avant de s'éteindre dans la personne de Jonathan Edwards (1703-1758), dont le traité sur la Liberté et la volonté sera très estimé comme ouvrage métaphysique et que Chalmers a appelé le plus grand des théologiens. Il est pourtant singulièrement éclipsé par le premier Américain qui fut populaire en Europe, Franklin,  esprit clair et précis, à la morale simple, nette,et à la bonne philosophie pratique.

Benjamin Franklin est Le plus grand auteur de cette période pendant laquelle les provinces de la Nouvelle-Angleterre deviennent les Etats-Unis. Son rôle politique et social (1700-1790) a trop effacé aux yeux de la postérité le mérite littéraire des ses écrits, les premiers,  en Amérique du Nord à présenter quelque originalité. Après avoir contribué au succès de la Gazette de la Nouvelle Angleterre; il s'établit imprimeur à Philadelphie. En 1732, sous le nom de Richard Saunders, il publia pour la première fois un almanach qualifié en France du titre d'Almanach du Bonhomme Richard, mais qui s'appela plus simplement en anglais Poor Richard's Almanac. C'était, à l'origine, un calendrier destiné aux pauvres gens; l'espace resté libre entre les jours remarquables était rempli par des proverbes pratiques, emprunté, à tous les temps et à tous les peuples. En 1757, tous ces proverbes furent réunis dans l'almanach de l'année, et donnés comme avis d'un sage vieillard; tous les journaux américains les reproduisirent sous cette forme; on les réimprima en Grande-Bretagne, et on en colla les feuilles sur toutes les murailles; en France on les traduisit, et ils circulèrent partout. 

Fondateur de la première bibliothèque et de la première société scientifique en Amérique, membre de la convention pour la constitution des États-Unis, son dernier acte fut de signer une pétition adressée au Congrès contre la traite des Noirs; 24 jours avant sa mort, il parodiait vivement, dans un dernier écrit, un discours prononcé devant le Congrès en l'honneur de l'esclavage.

Les ouvrages de Franklin comprennent sa talentueuse Autobiographie, des Essais ou Mélanges, le Moyen de s'enrichir, des pamphlets politiques, des traités historiques, des Mémoires scientifiques, enfin sa Correspondance officielle et privée. Humphry Davy a fait des oeuvres scientifiques de Franklin une appréciation charmante; il le loue d'avoir écrit pour les profanes aussi bien que pour les savants, d'avoir donné à la science un costume qui fait mieux ressortir sa grâce naturelle. Bon sens, goût, bonhomie, esprit, grâce, telles sont ses qualités littéraires. En morale, se rencontrant avec Diderot, Franklin proclama un des premiers la dignité du travail. Il a fait des laboureurs et des artisans, des penseurs fort raisonnables et des producteurs économes. Le talent qu'il a mis dans ses ouvrages de vulgarisation des sciences, lui assure un rang élevé parmi les écrivains. Sans doute, il ne brilla pas par l'imagination; mais sa bienveillance, son activité, sa rectitude morale, lui donnent quelques-unes des qualités de Goldsmith, de De Foë et d'Addison. Son style, qu'il a rendu facile et net en s'habituant de bonne heure à une composition régulière, est devenu extrêmement clair et simple, généralement nerveux, souvent vif, parfois éloquent. Il est impossible, de lire Franklin sans estimer sa pensée et sans aimer sa parole.

Franklin clôt la période coloniale. La scène va appartenir aux généraux, aux hommes d'Etat, aux orateurs, à Washington, qui fut tout cela. Autour du fondateur de la République, amis ou rivaux, Patrick Henry, James Otis, Fisher Aines, Madison, l'allié des Adams, Alexander Hamilton et Jefferson, écrivain remarquable dans ses Notes on Virginia, son Autobiographie, sa Correspondance, si imprégnée de l'esprit français, un encyclopédiste transplanté en Amérique. A côté de ces prosateurs, il y a quelques poètes, qui bégaient. Le premier volume de vers américains avait été the Tenth Muse lately sprung up in America (1650), de Mrs. Bradstreet. A la même époque une poésie était célèbre, The Day of the Doom, de Michael Wigglesworth (1631-1705). Plus tard on eut les poèmes de Timothy Dwight, les scènes humoristiques de Brackenridge, les vers satiriques de John Trumbull, les odes de Philippo Freneau (1752-1832), les satires politiques de Mercy Warren, les vers patriotiques de Phillis Wheatley, une Noire, la ballade de Francis Hopkinson, The Battle of the Kegs (1776), le Hasty Pudding, de Joel Barlow (1755-1812). Enfin, en même temps que le Yankee Doodle, naquirent une foule de chants patriotiques populaires et anonymes dont la plus célèbre est le Hail Columbia, devint quelque temps l'hymne national.

Le XIXe siècle.
Dans la première partie de cette période, jusqu'en 1830, l'histoire, la théologie, la politique surtout, occupent une grande place; la poésie et la science laissent aussi quelques oeuvres; le roman, même à son coup d'essai, se distingue par la force de la conception et la variété des aventures. Après 1820, l'activité littéraire devient plus commune et plus entreprenante. Nous suivrons la classification par genres.

Poésie.
William Cullen Bryant, né en 1794, se fit connaître dès l'âge de 14 ans par quelques pièces qui furent bien accueillies. Thanatopsis, poème paru en 1816 dans North American Review, fut composé lorsqu'il avait dix-huit ans. Un second poème, les Ages (1824), eut également un grand succès, qui se confirma plus tard avec Le Vents du noir, Juin, le Champ de bataille,la Prairie, etc.

Henry Wadsworth Longfellow, né à Portland en 1807, professeur de langues modernes et de belles-lettres à l'université de Harvard, publia, en 1839, le premier recueil de ses poèmes sous le titre de Voix de la nuit, et, en 1841, ses Ballades et autres poèmes, qui contiennent plusieurs traductions de l'allemand et du suédois. Longfellow donna encore l'Etudiant espagnol (1843), des Poèmes sur l'esclavage (1843), le Bord de la mer, et le Coin du feu, la Légende dorée (1851). Le Chant de Hiawatha (1855) et Comment Miles Standish fit sa cour (1858) sont les deux dernières productions de Longfellow. 

Whittier est un poète politique, courageux, d'une franchise puritaine et d'un vrai talent. Ses meilleures pièces datent de loin Meg Megone de 1835, the Bridal of Pennacok de 1848, Snowbound de 1865.

O. Wendell Holmes, est né en 1809; c'est un talent d'une souplesse rare, distingué dans tous les genres qu'il a cultivés, passant de l'ode à la parodie, de la bouffonnerie au roman physiologique, le plus gai des humoristes et de son état professeur d'anatomie. Styliste délicat, penseur original, Holmes un des écrivains les plus remarquable de la littérature américaine.

D'autres poètes doivent encore être nommés : Walt Whitman, le poète grandiloquent, briseur de moules, humanitaire et démocrate, vient au premier rang; il y a aussi  : Bayard Taylor, un protée littéraire, esprit élevé, traducteur de Faust; J. Rodman Drake (1793-1820), qui chanta le Drapeau Américain; Fitz-Green Halleck (1795-1867), qui a souvent, sans raison suffisante, imité le ton railleur et le scepticisme de lord Byron dans Beppo et dans Don Juan; etc. Parmi les poétesses, on a : Lydia Sigourney qui a écrit de beaux vers dans la manière de Bryant; Maria Brooks, qui enthousiasma Southey et reçut de lui le nom de Maria del Occidente; Hélène Jackson, qui parut supérieure, en vers comme en prose à toutes ses compatriotes, du moins jusqu'à ce que  l'on connaisse l'oeuvre d'Emily Dickinson, dont les textes ne furent publiés qu'après sa mort; ils annoncent la poésie américaine du XXe siècle. 

Poètes aussi - mais occasionnellement -  Emerson, et sourtout Edgar Poe, avec sa poésie étrange et raffinée. Son Corbeau (1845) est un petit poème d'une extraordinaire intensité; chaque mot, chaque syllabe y sont calculés en vue d'un effet; l'effet est produit. Mais on sent l'effort et quand on a pénétré le secret, si l'effet demeure, le charme s'évanouit. 

Romans, nouvelles, contes.
Jusqu'au commencement du XIXe siècle, un seul auteur mérite l'attention : c'est Charles Brockden Brown (1711-1810), qui a de la force, de l'originalité, et le mérite de traiter des sujets américains, mais dont le talent est incomplet, et qui écrivait trop vite. Aujourd'hui fort oublié, c'est le premier écrivain qui ait vécu de sa plume aux Etats-Unis. 

Fenimore Cooper (1780-1851) a été traduit dans presque toutes les langues; l'empire de la mer lui a été concédé par acclamation; ses romans maritimes et indiens, où il a décrit tant d'aventures et dépeint tant de scènes nouvelles pour les Européens, ont laissé un souvenir ineffaçable, et le succès en sera toujours populaire.

Edgar Allan Poe (1811-1849) s'est plu, dans ses contes fantastiques, à tourmenter l'esprit par des analyses profondes et terribles; on peut le regarder comme le plus original des conteurs américains; mais ses oeuvres ne conviennent qu'au petit nombre des admirateurs du fantastique et du merveilleux traités avec une intention philosophique. 

Plus accessible, quoique rêveur aussi et ami du mystérieux, mais également plus grave, Nathaniel Hawthorne, dans ses Contes deux fois racontés, dans la Maison des sept pignons surtout, a prouvé, par la fraîcheur de la pensée, le charme du style, la tendance morale des sentiments, que l'Amérique pourra désormais servir d'exemple. 

Washington Irving (né en 1783) est plutôt un conteur satirique, un humoriste, qu'un véritable romancier; la pureté de son style, la finesse de ses observations, la bonne humeur de ses spirituelles critiques, lui assurent une place distinguée auprès des lecteurs délicats. son Sketch-Book (Livre d'esquisses) est devenu classique. 

Longfellow, pour son petit volume d'Outre-mer, impressions de voyage en France, en Espagne et en Italie, est classé parmi les conteurs; on retiendra ainsi de lui ses Contes de l'Alhambra. Hyperion, oeuvre souvent trop philosophique, puis Kavanagh, où le récit est trop souvent interrompu par des digressions littéraires, le rangent en revanche parmi les romanciers. 

C'est une femme, Harriet Beecher-Stowe, qui a obtenu le plus grand succès littéraire de la seconde moitié du XIXe siècle avec la Case de l'oncle Tom (1852). L'attention s'est tournée du côté des États-Unis; on a compris l'oeuvre morale que les femmes se sont attaché à y accomplir par le roman, et on a traduit Opulence et misère de Mrs Stephens, Ruth Hall de Fanny Fern, le Vaste monde d'Elisa Wetherell.

D'autres noms méritent encore d'être cités : En premier lieu Herman Melville (1819-1891), qui avec son Moby Dick ou la pêche à la baleine a laissé un des monuments de la littérature américaine, et  Mark Twain, qui, influencé par le journalisme, a impulsé dans la littérature une nouvelle façon d'écrire; mais aussi, R. H. Dana, Mrs J. Mac-Intosh, Mrs L-S. Cummins (l'Allumeur de reverbères); Mrs Alcott, qui peint si bien les enfants, T.-B. Aldrich, Holmes, journaliste, poète, écrivain fécond et aimable dans tous les genres. Ils forment le noyau d'une belle cohorte de romanciers que renforcent Henry James (1843-1916) et  Marion Crawford, les deux plus anglais des auteurs américains de l'époque; Stephen Crane (1871-1900),  Frank R. Stockton, Edgar Fawcett, Julian Hawthorne (le fils de Nathaniel), Laurence Hutton, Moncure D. Conway, W.-D. Howells, Barry Pain, Th. Nelson Page, Mrs Craddock, Mrs Margaret Deland, G.-W. Cable et les socialistes Edward Bellamy (1850-1898) et Jack London (1876-1916)

Histoire et Biographie. 
Le principe que la plupart des historiens aux États-Unis s'attachent à faire ressortir, c'est que, pour devenir grande, une nation n'a pas besoin de souverain, ni de classe gouvernante; c'est que la valeur personnelle de chaque citoyen, le travail et la dignité de l'individu émancipé, le self-government compris, appliqué et respecté, doivent être les éléments les plus énergiques de la civilisation moderne. 

Washington Irving a sa place aussi parmi les biographes; mais si l'on excepte quelques parties de la Vie de Goldsmith et de la Vie de Washington, ses travaux en ce genre n'ont rien de bien remarquable. Dans sa Vie de Mahomet, la critique historique fait absolument défaut : l'imagination, l'esprit et la bienveillance ne suffisent pas pour faire un biographe excellent.

Le plus connu en France des historiens anglo-américains du XIXe siècle est William  Prescott (1796-1859), auteur d'une Histoire de Ferdinand et d'Isabelle, d'une Histoire de la conquête du Mexique, d'une Histoire de la conquête du Pérou, et d'une Histoire de Philippe II

George Bancroft inaugure une nouvelle école. Avec lui on sent davantage l'effort, une préoccupation du style qui se traduit par des tentatives d'éloquence souvent avortées. Son information est d'ailleurs exacte et très étendue. Rien ne manque à son Histoire des Etats-Unis (History of the United States, 1834-1882), de ce qui constitue une oeuvre solide et cuirassée contre le temps. Nul assurément ne mérite mieux que lui le titre d'historien national et tout le monde le lui décernera, même ceux qui peuvent lui reprocher son point de vue trop exclusivement américain.

Avec lui, il faut nommer le journaliste Horace Greeley, qui a raconté la guerre de Sécession et John Lothrop Motley, l'auteur de deux ouvrages importants, qui le hissent au niveau de Bancroft-: l'Histoire de l'origine de la République hollandaise (1856), et Histoire des Pays-Bas unis (1860). Plus tard il a donné une admirable Biographie de Jacques d'Artevelde

Théologie et philosophie morale. 
Des auteurs qui ont écrit sur la philosophie, les uns ont suivi les principes généraux de Locke, et à leur tête se place Francis Bowen ; les autres les ont rejetés, et entre eux on doit citer Marsh, Walker, Greene, Emerson et Parker. Ces derniers sont opposés aux écrivains orthodoxes Noah et Samuel Worcester, Moses Stuart, Leonard Woods, et sont même plus avancés que la masse des Unitaires de la vieille école, parmi lesquels se sont distingués Henry Ware, Andrews Norton, Bernard Whitman, et dont William Ellery Channing a été longtemps le chef.

Les idées principales de Parker sont exprimées dans son Discours sur les matières religieuses. Ses Critiques et Mélanges contiennent des essais sur la littérature allemande, sur l'éducation des classes ouvrières, et des pensées sur le travail. Le style en est clair, et on y trouve un vif sentiment de la liberté.

Channing débuta en 1819 par un sermon Sur le christianisme unitaire; en 1820 il publia son Argument moral contre le calvinisme; en 1823, un Essai sur une littérature nationale, dans lequel il appelle les États-Unis à la gloire littéraire; en 1826, des Remarques sur le caractère et les écrits de John Milton, et des Remarques sur la vie et le caractère de Napoléon Bonaparte. Avocat ardent de la paix, disciple sur ce point de Fénelon, sur lequel il publia, en 1829, un article plein de respectueuse admiration, il prononça, en 1838, Sur la culture de soi-même, un discours qui servit d'introduction à ses Instructions sur l'élévation de la partie ouvrière de l'État. Ennemi irréconciliable de l'esclavage, quoiqu'il n'appartint à aucune société abolitioniste, il prononça en 1842 son dernier discours pour célébrer l'émancipation des esclaves par l'Angleterre

Son exemple fut suivi par Orville Dewey (né en 1794), le plus pratique des ministres unitairiens. Aucun sujet n'est, selon lui, interdit au ministre protestant, et c'est ce que fait bien comprendre le titre : Considérations morales sur le commerce, la société et la politique, donné par lui à un recueil de 12 discours qu'il publia en 1838.

Ralph Waldo Emerson (1803-1882),a été aussi quelque temps ministre unitarien Ses pensées sont généralement neuves, originales, personnelles; quand elles n'ont pas ce mérite, l'expression leur donne une sorte de nouveauté; mais son style, en essayant de reproduire exactement sa pensée, est quelquefois obscur comme elle. Malgré des défauts incontestables, on sent en lui la conviction et la grandeur. Parmi ses oeuvres, on distingue : l'Homme pensant, discours, 1837; Morale littéraire, 1838; la Nature, essai, 1839; le Cadran, magasin de littérature, de philosophie et d'histoire, 1840-1844; Essais, 1841 et 1844, etc.

Parmi les autres philosophes et les moralistes ou essayistes du XIXe siècle, les principaux sont H.-D. Thoreau, qui dut l'ami d'Emerson, E.-P. Whipple, John Fiske, Edward Eggleston, Norman Hapgood, Nathaniel Holmes, l'auteur de Realistic Idealism; James-Freeman Clark, qui étudie l'évolution de l'idée de Dieu à travers l'humanité.

Les autres genres. 
Les écrits périodiques, journaux, revues, magazines, sont innombrables aux Etats-Unis. Les premiers essais de littérature dramatique ont été si rares et si malheureux, qu'il vaut mieux n'en pas parler. Mais on doit signaler deux particularités remarquables : l'Angleterre doit à un Américain, Lindley Murray, sa meilleure Grammaire, si souvent réimprimée à partir de 1795, et a un autre citoyen de l'Union, Webster, son meilleur Dictionnaire. Après avoir parcouru tous les genres littéraires, un mot reste dû à la critique. Non qu'elle ait été brillamment représentée aux États-Unis avant le XXe siècle; du moins y manque-t-elle tout à fait de la première de ses qualités nécessaires : le jugement. C'est le plus furieux chauvinisme littéraire et presque rien n'y peut être pris au sérieux. Pourtant, ce chapitre même renferme des esprits distingués, comme Ticknor, dont l'Histoire de la Littérature espagnole est classique et serait parfaite, si la forme répondait à l'excellence du fond, si la disposition des matériaux était plus artistique; Délia Bacon qui dépensa presque du génie pour essayer d'enlever à Shakespeare la paternité de son oeuvre, idée qui a fait en son temps plus de bruit qu'elle ne mérite; Bayard Taylor avec ses Essais critiques; Tyler, dont on a parlé en passant; Tuckerman, avec ses excellentes Pensés sur les poètes; G. W. Curtis, fin, mais par trop spirituel; Griswold, E. P. Whipple, Moncure D. Convay. J. T. Fields, R. H. Stoddard, etc. Pour le reste, il faut renvoyer aux revues et aux magazines. (B. / R. de Gourmont.).

Le XXe siècle.

La poésie.
Après avoir montré des signes d'essoufflement à la fin du XIXe siècle, la poésie américaine à bénéficié d'un renouveau, à partir de 1912, grâce à la création de plusieurs revues (Poetry, Little Review, etc), qui découvrent et publient une nouvelle génération des poètes. Certains de ceux-ci sont regroupé sous l'étiquette d'imagistes des imagistes (Ezra Pound, Amy Lowell, William Carlos Williams, etc.). 

Ezra Pound (1885-1972) se séparera vite de ce courant pour élaborer, à partir de 1915, une oeuvre qui l'occupera toute sa vie, les Cantos, à la fois obscure et ambitieuse, et que l'on a comparée à la Divine Comédie de Dante. L'autre grand poète à s'être fait connaître entre les deux guerres mondiales est TS Eliot (1888-1965). Son chef d'oeuvre, et peut-être le poème du XXe siècle le plus connu aux Etats-Unis est  The Waste land (la Terre vaine), paru en 1925.

Dans le prolongement direct le courant imagiste, un autre courant, celui des poètes objectivistes (Louis Zukofsky, Charles Reznikoff, George Oppen, Carl Rakosi), fait son apparition dans les années 1920-1930. Mais, pour parvenir à la pleine lumière, il lui faudra attendre une trentaine d'années, le temps nécessaire pour que la poésie, retombée dans l'atonie au moment de la vague du néo-criticisme (New criticism), retrouve sa créativité. Cette fois elle doit son regain à l'activité que déploient quantité de petites revues (small press) pour lui offrir un mode de large diffusion. Parallèlement apparaît un phénomène qui va devenir au Etats-Unis le vecteur principal de la transmission orale de la poésie : les lectures publiques (readings).

C'est un reading qui inaugure en Californie le mouvement beat en 1955, avec la lecture publique par Allen Ginsberg d'un des ses poèmes (The Howl). Les autres poètes beat les plus marquants après Ginsberg sont  : Gregory Corso, Kirby Doyle, Lawrence Ferlinghetti, Gary Snyder et Philip Whalen. A la même époque, un autre mouvement fait son apparition en Caroline du Nord, celui du Black Mountain College, auquel appartiennent Charles Olson, Paul Blackburn, Robert Creeley,  Ed Dorn, Robert Duncan, Larry Eigner, Hilda Morley, John Wieners, Jonathan Williams. Bientôt des transfuges de la mouvance beat et Black Mountain se retrouvent autour de  Frank O'Hara  au sein de ce que l'on a appelé faute de mieux l'Ecole de New York, et qui est aussi le point de rencontre de John Ashbery, Ted Berrigan, Joseph Ceravolo, Kenward Elmslie, Barbara Gues, Alice Notley, Ron Padgett, et James Schuyler, entre autres.

A parir des années 1970 et 1980, la poésie américaine offre une physionomie plus éclatée. Mais on découvre aussi de nouveaux modes d'expression, quand les uns délaissent les reading, pour des formes de transmission plus scéniques, qui relèvent déjà du théâtre, d'autres se tournent vers la musique : la dub poetry s'inscrit dans la culture reggae, tandis que le slam, apparu vers 1985, se tourne, au moins à ses débuts vers le rap, relève ainsi de la mouvance hip hop.

Le roman.
Wiliam Faulkner (1897-1962) est la figure dominante du roman américain du XXe siècle, à la fois parce qu'il impose une nouvelle écriture, et parce que les thèmes qu'il met en place auront une influence profonde sur les autres écrivains. Son cycle de romans, dont il situe l'action dans le comté de Yoknapatawpha, dans le Mississippi (Le Bruit et la Fureur, 1929; Absalon! Absalon! 1936; etc.), est un prétexte pour parcourir l'histoire de l'Amérique, depuis l'époque coloniale et en pointer les fautes et les travers (la ségrégation raciale, la violence, etc.).

D'autres écrivains contemporains de Faulkner, qui ont pour point commun d'avoir séjourné en Europe après la Première Guerre mondiale, forment ce que l'on a surnommé la génération perdue. Parmi les principaux, on remarque : 

Henry Miller (1891-1980), dont les premiers romans (Tropique du cancer, 1934; Tropique du Capricorne; 1939) ont été écrits à Paris et longtemps interdits en Amérique, où on leur reprochait le carcatère pornographique; après son retour aux Etats-Unis, il publiera une charge l'hypocrisie de la socité américaine (Le Cauchemar climatisé, 1945), ou encore sa trilogie 
(Nexus ,1949); Plexus,1953; Sexus; 1960), dans laquelle il poursuit sa quête mystico-érotico-autobiographique. 

John Dos Passos (1902 - 1968), à l'instar de Faulkner, aborde la thématique de la culpabilité, et comme Miller, scrute la société américaine. Il publie notamment : Trois Soldats, 1921; Manhattan Transfer, 1925; USA, 1930-1936 (trilogie).

F. Scott Fitzgerald (1896-1940), est le peintre désespéré de la désagrégation de la haute-société de la Côte-Est. Ses oeuvres les plus connues sont  Gatsby le magnifique, 1925; et Tendre est la nuit, 1934.

Hemingway (1898-1961), avec son écriture réglée au millimètre, produit, pour sa part une oeuvre, plutôt tournée vers la recherche de l'émotion, qu'il va le plus souvent puiser dans la violence : la guerre, la chasse, les courses de taureaux.  Ses meilleurs romans sont L'Adieu aux armes 1929,  Le Soleil se lève aussi, 1926) et Le Vieil homme et la mer, paru en 1952.

Le roman américain de l'entre-deux-guerres se signale aussi par l'existence de ce que l'on a appelé l'école prolétarienne. On y rencontre : Edward Anderson, Fielding Burke, Robert Cantwell, Jack Conroy, Albert Halper, Tom Kromer, et surtout John Steinbeck (1902 - 1968), auteur des Raisins de la Colère, 1939. A la même époque d'autre tendances de la littérarture font leur apparition : le polar (thriller ou roman noir), avec des auteurs tels que Dashiell Hammett (1894-1961) et Raymond Chandler (1888 -1959). La science-fiction moderne fait aussi son apparition (Robert Heinlein, A.E. Van Vogt, Isaac Asimov, Ray Bradbury, et surtout Philip K. Dick, l'un des grands romanciers américains du XXe siècle). 

Enfin, la littérature afro-américaine connaît dans les années 1920 un souffle nouveau, qui s'inscrit dans un grand mouvement culturel, la "Renaissance de Harlem", avec Richard Wright (1909-1961), Chester Himes, Zora Neale Hurston (1891-1960), etc. Après la Seconde guerre mondiale, on verra fleurir d'auteurs afro-américains, influencés par la renaissance de Harlem, et en particuler par les romans de Richard Wright. Il en est ainsi des oeuvres de James Baldwin (1924-1987) (Les Élus du Seigneur (Go Tell it on the Mountain, 1953); Un Autre Pays, 1962); La Prochaine fois, le feu, 1963) et de Ralph Ellison  (1914-1994) (Homme invisible pour qui chantes-tu?, 1952; et les essais de Shadow and Act, 1964).

Mais la Guerre mondiale a aussi suscité sa littérature, et a été le point de départ pour de nombreux romanciers. Le roman de guerre proprement dit, utilisé comme support d'un message anti-militariste, trouve son meilleur développement chez James Jones (1921-1977), auteur de : Tant qu'il y aura des hommes (From Here to Eternity, 1951); ll y en eut qui vinrent en courant (Some Came Running, 1957); Le Pistolet (The Pistol, 1959); Mourir ou crever (The Thin Red Line, 1962); La Mer à boire (Go to the Widow-Maker, 1967), WWII, 1975.

Norman Mailer (1923-2007), l'auteur américain le plus marquant de la seconde moitié du XXe siècle, est aussi de ceux qui ont pris appui sur le conflit mondial. Mais, alors qu'on le verra engagé contre la guerre au Vietnam et plus récement contre la guerre en Irak, ce thème ne sera pour lui qu'un point de départ. C'est que Mailer, à la fois journaliste, romancier et chantre de la contre-culture, pourchasse d'abord dans ses oeuvres le conformisme et s'en prend à toutes les formes d'asservissement de l'individu. Ses principaux ouvrages sont : Les Nus et les Morts (The Naked and the Dead, 1948); Rivage de barbarie (Barbary Shore, 1951); Le Parc aux cerfs (Deer Park, 1955); Le Nègre blanc (The White Negro, 1958); Avertissements à moi-même (Advertisements for myself, 1959); Morts pour la Dame, et autres désastres (Deaths for the Lady and Other Disasters, 1962); Un rêve américain (An Americain Dream, 1964), Pourquoi sommes-nous au Vietnam? (Why Are We in Vietnam?, 1967); Les Armées de la nuit (Armies of the Night, 1968, Le Chant du bourreau (The Executioner's Song, 1979); Harlot et son fantôme (Harlot's Ghost, 1991), etc.

Dans les années 1950 et 1960, une révolte différente de celle de Mailer - moins antisociale qu'asociale - fait son apparition avec la Beat generation, qui promeut les les drogues, l'alcool, la libération sexuelle et une intérprétation bien à eux des religions orientales. Les romanciers les plus représentatifs de ce courant sont Jack Kerouac (1922-1969), auteur, notamment, de Sur la Route (On the road, 1951) et du poème Mexico City Blues (1959), et William S. Burroughs (1914-1997), à qui l'on doit Junkie (1953), Naked Feast (1959) et Dead Fingers Talk (1963).

A l'opposé, on rencontre des auteurs plus conformistes ou, du moins plus résignés. Ils sont tout aussi concients que les précédents des aspects les plus sombres du monde contemporain, mais qui ne se montrent pas soucieux de le changer. On citera : John Cheever (1912-1982); Bernard Malamud (1914-1986); Saul Bellow (1915-2005); Carson McCullers (1917-1967); Jerome David Salinger (1919 - 2010); William Gaddis (1922-1998); Truman Capote (1924-1984), Willima Gass (né en 1924); William Styron (1925-2006), 

La génération qui a commencé à se faire connaître dans les années 1970 comprend des auteurs dont certains figurent aujourd'hui encore parmi les valeurs les plus sûres de la littérature américaine contemporaine. Plus en prise avec le quotidien et avec la culture populaire que leurs prédécesseurs, ils continuent pourtant eux aussi à placer au centre de leur oeuvre une même question, qui, pour paraphraser un classique, pourrait se formuler : Comment peut-on être américain? Appartiennent à cette génération, à laquelle on a accolé parfois l'étiquette de post-modene, les romanciers suivants : Joseph McElroy (né en 1930); Toni Morrison (née en 1931); Philip Roth (1933- 2018); Cormac McCarthy (né en 1933); Don DeLillo (né en 1936); Thomas Pynchon (né en 1937); Robert Stone (né en 1937); Joyce Carol Oates (née en 1938); Raymond Carver (1938-1988); Annie Dillard (née en 1945); Tim O'Brien (né en 1946); Paul Auster (né en 1947). Quant à la relève, elle pourrait déjà être assurée par des écrivains tels que Chuck Palahniuk (né en 1962), David Foster Wallace (né en 1962), Bret Easton Ellis (né en 1964) et  Dave Eggers (né en 1970), Mary Caponegro..

Le théâtre.
On joue des pièces de théâtre en Amérique, au moins depuis le début du XVIIIe siècle, époque de la contruction des premiers théâtres (New York, Virginie, Caroline du Sud, etc.). Mais le puritanisme ambiant n'est pas propice à cet art, qui est parfois l'objet d'interdictions. La situation s'améliore au siècle suivant. On ne se contente plus de jouer des pièces toutes écrites en Europe, les premiers dramaturges américains font leur apparition. H.J. Conway porte ainsi à la scène la Case de l'Oncle Tom de Beecher Stowe

A New York, Broadway et la 42e rue commencent à accueillir leurs premiers théâtres à partir des années 1880 et la comédie musicale commence à se développer. Mais le premier auteur important que l'on peut mentionner avant la Seconde Guerre mondiale est  Eugene O'Neill (1888-1953), un dramaturge sombre, travaillé par la culpabilité comme Faulkner et Dos Passos, et qui est aussi un enfant de Brodway au sens propre du mot (il y est né) et qui y fera jouer sa première pièce, Beyond the Horizon, en 1920. Suivront : Anna Christie, 1922, Desire Under the Elms, 1924, Strange Interlude, 1928, Mourning Becomes Electra (le Deuil sied à Electre), 1931, et sa comédie, Ah, Wilderness! Il faut ensuite attendre 1946 pour que soit jouée The Iceman Cometh et l'année suivante, A Moon for the Misbegotten, qui sera un échec.

A cette époque, d'autres dramaturges, peut-être moins puissants, occupent le devant de la scène, et trouvent un relai auprès d'un très large public grâce au cinéma, qui recycle leurs oeuvres. On pense surtout à Arthur Miller (1915-2005), auteur de Ils étaient tous mes Fils, 1947; La Mort d'un commis voyageur; 1949; Les Sorcières de Salem (The Crucible), 1953, Vu du pont, 1955; etc., et à Tennessee Williams (1911-1983), dont les principales pièces sont  : La bataille des Anges, 1940; La Ménagerie de verre, 1946; Un tramway nommé désir, 1947-1948; Une chatte sur un toit brûlant, 1955; la Nuit de l'Iguane, 1958, etc.. A ces noms, on ajoutera celui William Saroyan (1908-1981), à l'oeuvre singulière (Le temps de votre vie, 1939; Le massacre des Innocents, 1952; Assassinats, 1974, etc.).

A partir des années 1960, la production théâtrale américaine est devenue d'une telle fécondité, qu'il semble impossible d'en dégager en quelques mots le lignes de force. On se risquera ici seulement à citer en vrac quelques auteurs : David Mamet, Israel Horowitz, Sam Shepard, Richard Foreman, Bob Wilson, Yvone Rainer, Eric Bass, Julie Traynor, Rachel Rosenthal, Julia Heyward, Laurie Anderson, Andrei Serba, Spalding et Meredith Monk, parmi une foule d'autres. C'est qu'à côté du théâtre officiel, celui de Broadway, commercial, et relativement peu créatif, on rencontre aussi un "Off Broadway", lui aussi officiel, mais plus ouvert à l'avant-garde, et surtout, disséminé dans tous les Etats-Unis un théâtre franchement expérimental et multiforme (avec des auteurs tels que Joe Chaikin, Megan Terry et Jean-Claude Van Itallie ou des troupes comme le Living Theater, La San Francisco Mime Troup et le Brad and Puppet), ainsi qu'un théâtre des minorités, né dans un contexte de militantisme politique ou social, et qui a évolué dans le sens d'une expression seulement identitaire : il y a ainsi un théâtre afro-américain, qui a accompagné le mouvement des droits civiques, et qui à tendu à s'officialiser par la suite (Le Roi Jones,  Ed Bullins, Richard Wesley, Adrienne Kennedy, Ntozage Shange, August Wilson), des théâtres hispanique (Teatro Campesino), yiddish, amérindien, asiatique, et même des théâtres des femmes, des homosexuels, des prisonniers, etc.



Maxime Lachaud, Harry Crews, en maître du grotesque, K-Inite Editions, 2007. - Parcours dans la littérature et la culture du Sud des Etats-Unis à travers un de ses plus brillants représentants, cet ouvrage explore l'univers étrange, tristement drôle et sombrement grotesque, de l'écrivain Harry Crews, considéré comme un des auteurs contemporains les plus importants, admiré par James Crumley, Sean Penn ou Stephen King, et initiateur d'une véritable littérature "redneck". Tel un cheminement dans cet environnement peuplé de monstres de foire, de culturistes, de mangeurs de voitures et de pasteurs illuminés, ce livre mène le lecteur dans un monde bizarre, comique, violent et sensible, où théologie et corporalité se mêlent dans une esthétique qui n'est pas sans rappeler les imaginations ténébreuses d'un Bosch, d'un Poe ou d'un Goya. (couv.)
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