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Forme,
terme de philosophie. - C'est, dans la philosophie
péripatéticienne,
le premier des quatre principes métaphysiques,
celui qui, en s'unissant à la matière,
c.-à-d. à la substance dont toutes
choses sont faites, la tire de son indétermination primitive, et,
d'être en puissance, la fait devenir être en acte
( Entéléchie);
de même que, par l'adjonction d'une forme particulière, le
bloc de marbre devient "Dieu, table ou cuvette." La forme ou essence
des choses est l'objet propre de leur définition.
Son union avec la matière suppose d'ailleurs l'intervention des
deux autres principes, la cause efficiente ou principe
du mouvement et la cause finale, représentées,
dans le fait particulier qui a été pris pour tenue de comparaison,
l'une par l'art du sculpteur, et l'autre par le but d'ornement ou d'utilité
qu'il s'est proposé.
Dans un autre système,
chez Kant, la forme est également opposée
à la matière; mais, ici, ces mots ont un tout autre sens.
La matière, c'est à tous les degrés de la connaissance,
l'ensemble des éléments variables et accidentels
qu'elle embrasse; la forme en est l'élément général
et logique. Suivant l'expression de Kant, c'est
"ce qui fait que la diversité dans les phénomènes
peut être coordonnée dans certains rapports." Ainsi, au
premier degré de la connaissance empirique, la sensibilité
étant prise comme "capacité de recevoir des représentations
par la manière dont les objets nous affectent", Kant appelle
Formes
de la sensibilité les concepts du
temps
et de l'espace, nécessairement et invariablement
liés à toute représentation
de ce genre. Forme et matière sont donc synonymes d'élément
rationnel
ou a priori et d'élément empirique
ou a posteriori de la connaissance. Ces noms supposent que l'on compare
les opérations de l'esprit à ce
qui a lieu quand on jette successivement dans un même moule des substances
diverses. La matière varie, mais la forme imprimée à
cette matière reste la même. Ainsi, l'esprit, qui n'est pas
une table rase, comme le veut l'empirisme,
mais une force pensante, capable de modifier et de transformer les idées
qui lui viennentdu dehors, imprime sa forme à tous les objets
de sa pensée. (B-E.).
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En
bibliothèque -
Aristote,
Métaphysique,
liv. I, c. 3, et I. VII tout, entier; et la thèse de VacherotSur
les quatre principes d'Aristote).; Les 3e et 4e Leçons du
Cours d'histoire de la philosophie moderne, par
V. Cousin, 1re série, t. V, École de Kant. |
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