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Aux intuitions
et aux images, ou représentations sensibles
toujours individuelles et se rapportant immédiatement à un objet, réel
ou fictif, s'opposent les concepts ou notions.
Les concepts sont :
1° des représentations générales
: en effet, la particularité d'un concept (quelques, certains hommes indéterminément)
ne se rapporte qu'Ă l'usage que nous faisons du concept; et d'autre part,
si on parle, comme Hamilton, de concepts d'individus
(le concept Socrate, distinct de l'intuition et de l'image de Socrate),
on doit reconnaître qu'un tel concept se forme de plusieurs concepts généraux
réunis et se limitant réciproquement;
2° le concept (en allemand begriff),
selon Kant désigne toute idée
ou notion générale. Il distingue les concepts empiriques, tirés des
données expérimentales par le moyen
de l'abstraction, comme l'idée générale
de couleur; les concepts purs, qui sont les éléments a priori de la connaissance
et n'empruntent rien de l'expérience externe,
comme l'idée de cause, et les concepts mixtes,
où entrent à la fois des données de l'expérience
et des données de l'entendement pur. L'analyse
des concepts est, dans la Critique de la raison pure, l'objet de
tout le 1er livre de la Logique transcendantale.
Le concept, dit Kant,
ne se rapporte Ă des objets qu'indirectement, au travers des intuitions
particulières dont il est en un sens le résumé. Un concept est « une
représentation générale de ce qui est commun à plusieurs objets, par
conséquent aussi une idée susceptible d'entrer dans celle de plusieurs
choses différentes ». (Kant, Logique).
Par exemple, le concept d'homme contient
en soi les caractères suivants : la raison, l'animalité,
avoir deux pieds, etc.; le concept de métal contient en soi certains caractères
communs à tous les métaux; et l'idée d'humain entre dans celle d'Européens,
d'Américains, etc.; l'idée de métal entre dans celle d'or, de cuivre,
etc. Ce qu'un concept contient en soi (les caractères) compose sa matière
ou compréhension; ce qu'il contient sous
soi (ou les idées inférieures dans lesquelles il entre) forme sa circonscription
ou extension; et ce sont là deux quantités
qui se comptent et varient en sens inverse; l'une diminue quand l'autre
augmente, puisque plus on demande de caractères communs, moins il y a
de classes et de sujets qui les présentent réunis. On a un concept clair
lorsque l'idée suffit pour distinguer son
objet de tout autre; distinct, lorsqu'on
peut fournir une analyse des caractères qui le constituent (Descartes,
Leibniz). Descartes a ainsi quelquefois employé
le mot concept comme synonyme d'appréhension.
Par conséquent deux ou plusieurs esprits
peuvent avoir deux ou plusieurs concepts (ou façon de concevoir) sous
le mĂŞme nom et pour une mĂŞme chose ( Taine,
De l'intelligence; Hume). La définition
expose ce qui est contenu dans le concept, ou sa compréhension; la division
logique porte sur son extension ou ce qui est contenu sous lui (bien qu'on
puisse répartir les éléments de compréhension; exemple : l'homme physique
et l'homme moral, - l'homme, l'époux, le père, le citoyen).
Les concepts, sous le nom d'universaux,
ont donné lieu à la querelle des réalistes,
nominalistes et conceptualistes.
(P. Souquet / B-E). |
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