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Phoques, Otaries, Morses |
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Les Pinnipèdes
constituent un groupe de Mammifères, qui
se range dans l'ordre des Carnivores. Ils
sont adaptés pour la vie aquatique, leurs membres
étant conformés pour nager et leur corps allongé, fusiforme, étant
adapté, comme celui des Poissons et des Cétacés,
Ă ce mode de locomotion. La partie proximale
des membres est très raccourcie, tandis que le
segment terminal (main et pied),
toujours à cinq doigts bien développés, est
allongé et élargi en forme de nageoire. Les
dents présentent un type très primitif : on y distingue des incisives,
des canines et des molaires, mais parmi celles-ci, les prémolaires et
les arrière-molaires ont une forme presque identique, et ce n'est qu'en
tenant compte de la dentition de lait, qui d'ailleurs tombe de bonne heure,
souvent mĂŞme pendant la vie embryonnaire, que l'on peut distinguer des
prémolaires : il n'y a pas de dent en forme de
carnassière.
Toutes les dents molaires, pourvues d'une ou deux racines au plus, sont
simplement coniques, comprimées, rarement trituberculeuses avec prédominance
marquée du tubercule moyen, et cette conformation s'explique très bien
chez des animaux qui se nourrissent de poissons qu'ils avalent toujours
en entier. Les dents ne servent dont qu'Ă saisir et retenir cette proie,
sans jamais la diviser. Le cerveau est relativement
grand, à hémisphères larges, pourvus de circonvolutions nombreuses.
Il existe un court caecum. Les mamelles,
au nombre d'une ou deux paires, sont abdominales. La queue
est très courte ; il n'y a pas de clavicules,
et les yeux, gros et saillants, ont une cornée
aplatie.
- ![]() Un phoque en colère (Afrique du sud). Source : The World Factbook. Au contraire de ce qui a lieu chez les Cétacés qui meurent promptement lorsqu'ils sont hors de l'eau, les Pinnipèdes sont réellement amphibies et passent la moitié au moins de leur vie à terre, n'allant dans la mer, dans les lacs et même dans les rivières (car l'eau salée ne leur est pas indispensable) que pour y chercher leur proie ou accomplir les migrations dont nous parlons plus bas. L'époque de la reproduction se passe presque exclusivement à terre, sur les rochers ou sur les champs de glace que ces animaux recherchent, et c'est là que la femelle met bas. Le jeune, presque toujours unique, naît revêtu d'un duvet laineux qui doit tomber avant qu'il aille à l'eau, et ce n'est qu'au bout d'un temps variable (de quelques jours à un mois), que la mère l'y traîne de force et lui apprend à nager. La plupart des Pinnipèdes sont des animaux de grande taille, et les Humains leur ont fait, et leur font parfois encore, la chasse pour leur fourrure et la graisse qui s'accumule sous la peau, car leur chair, au goût huileux, n'est consommée que par les populations de l'Arctique. Par suite de cette poursuite acharnée, ces animaux sont devenus rares, et plusieurs espèces, parmi les plus grandes et les plus précieuses, sont en voie d'extinction complète. Classification.
L'expansion des
Pinnipèdes.
La direction des courants marins paraît
avoir eu une influence prépondérante sur la dispersion des Pinnipèdes
Ă la surface du globe. Les trois types principaux (Phoques, Morses, Otaries)
ont une origine bien distincte. Les Otaries sont originaires de l'Antarctique.
Parties, comme les Manchots, de l'échancrure qui sépare la terre Victoria
de la terre d'Alexandre ler, ces animaux
se sont laissé entraîner vers le Nord par les courants froids qui sortent
de cette Ă©chancrure comme de la source d'un fleuve. Le courant chilien
les a portés sur les côtes du cap Horn et de l'Amérique
du Sud; le courant du Cap, sur celles de l'Afrique
australe, des îles Kerguelen ![]() Phoque marbré. On trouve des Otaries dans le Nord-Pacifique, sur les côtes de la Californie, du Japon et du détroit de Béring. Ce n'est pas par la route directe (des Galapagos à la Californie) qu'elles y sont arrivées, car on n'en a jamais rencontré sur une étendue de plus de 20°, entre les côtes du Pérou et celles du Mexique. D'ailleurs, l'espèce des îles Galapagos (Arctocephalus australis) est génériquement différente de celle de la Californie (Zalophus californianus). Le grand courant équatorial forme en ce point une barrière infranchissable aux migrations des Otaries et des autres animaux nageurs; de mêmeo le courant du Mozambique les a repoussés de la côte orientale d'Afrique et des îles de l'océan Indien. Il ne restait donc plus que la côte occidentale de l'Australie, et c'est en effet par cette route orientale que la migration s'est accomplie. Parvenues sur les côtes méridionales du continent australien, les Otaries ont remonté de proche en proche sur la côte occidentale qu'elles peuplent encore aujourd'hui et sont arrivées, vers le Nord, jusqu'à Port-Essington (par 10° de latitude Sud). Dans les parages de l'île Melville, on trouve deux espèces de ce groupe, et l'une d'elles appartient au genre Zalophus qui se retrouve au Japon. C'est évidemment en suivant le courant, aujourd'hui secondaire, qui va de l'Océan Indien dans le Pacifique, que les Otaries ont franchi les passes des Moluques ou Ie détroit de Macassar, Ce point correspond à la ligne de Wallace : c'est une région insulaire, éminemment volcanique et sujette, par suite, à des remaniements géologiques considérables; vers la fin du tertiaire, un vaste bras de mer réunissait les deux océans. Encore aujourd'hui, c'est en ce point que le grand courant da Pacifique septentrional, le Kouro-Sivo, prend son origine. Une fois entrées dans l'Océan Pacifique,
les Otaries ont été poussées par ce courant sur les côtes du Japon,
puis ce mĂŞme courant leur a fait faire peu Ă peu le tour du Nord-Pacifique
en longeant le Kamtchatka, la chaîne des îles
Aléoutiennes, l'Alaska et la Colombie
britannique jusqu'au Sud de la Californie. Puis elles s'y sont acclimatées,
et, par une conséquence naturelle et forcée, l'orientation qui les dirigeait
dans leurs migrations annuelles s'est trouvée renversée; c'est vers l'Arctique
qu'elles ont cherchĂ© et trouvĂ©, dès lors, les parages favorables Ă
la reproduction. Au printemps, les îles Prébilov, dans la mer de Béring,
sont actuellement le principal centre de rassemblement pour les deux espèces
du Nord-Pacifique. En hiver, ces animaux se répandent sur les côtes plus
méridionales de l'Asie et de l'Amérique, mais sans jamais atteindre l'équateur.
![]() Phoque barbu (Erignathus barbatus) au nord de la mer de Béring. Photos : Liz Labunski. Des considérations analogues expliquent la distribution géographique des Phoques, qui, à l'opposé des Otaries, doivent être regardés comme originaires de l'Océan arctique. C'est de là qu'ils se sont répandus dans les mers d'Europe et de l'Amérique du Nord, et leur présence dans les grands lacs et les mers intérieures (Caspienne, Aral, Baïkal, etc.) prouve qu'il existait, à une époque antérieure, des communications plus larges et plus continues entre ces lacs et les océans dont ils sont séparés aujourd'hui. C'est ce que confirme la géologie. La présente du genre Pelagius des deux côtés de l'Atlantique est due au courant du Gulf-Strearn. Le genre Macrorhinus se trouve, comme les Otaries, des deux côtés de l'équateur; originaire du Nord, il a dû opérer, sous l'influence des courants marins, des migrations successives et croisées qui l'ont ramené dans le Nord du Pacifique. Quant aux Morses, ils n'ont jamais quitté l'océan Glacial arctique, leurs migrations étant nulles ou beaucoup plus restreintes que celles des deux autres types dont nous venons de parler. Paléontologie.
L'examen de l'organisation des Pinnipèdes semble indiquer qu'ils dérivent de plusieurs types de Créodontes très primitifs, qui, dès l'époque Eocène, auraient adopté un genre de vie aquatique, les trois groupes dont nous avons parlé (Phoque, Otarie, Morse) s'étant développés séparément et dans des régions du globe très différentes. (E. Trt). |
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