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Les banquises

On nomme banquise un banc de glace (des mots bank, ice, empruntés aux langues du Nord). Ce terme de géographie physique a été créé par Dumont d'Urville pour désigner les glaces compactes, formées d'eau de mer gelée, qui, élevées quelquefois de plus de 100 mètres, et s'étendant sur une ligne immense et continue, ont longtemps arrêté les explorateurs des mers polaires, leurs dérobant ainsi la connaissance des terres boréales et australes. Dans les deux régions australe et boréale où se forment les banquises, le navigateur trouvait et trouve encore les mêmes dangers parmi les banquises : brumes impénétrables, au point que l'on se voit à peine d'un côté du navire à l'autre; furieuses tempêtes de neige, qui se congèle en verglas en tombant sur le pont; étroits passages d'où l'on ne peut sortir qu'avec peine en sciant la glace et en s'exposant à être brisé. 

La banquise arctique.
Dans l'hémisphère boréal, c'est de septembre à juin que la banquise s'épaissit le long de la côte orientale de l'Amérique depuis le Nord de Terre-Neuve jusqu'au milieu du détroit de Davis, vers le cercle polaire arctique; elle entoure les deux côtes du Groenland jusqu'au Sud du cap Farewell d'une barrière de glaces fixes, qui se prolongent vers le Nord à l'Ouest de l'lslande et de l'île Jan-Mayen jusque vers le 74° de latitude, défendent les approches de l'île Beeren, et viennent se souder aux rivages méridionaux de la Nouvelle-Zemble. Au Nord de cette limite ordinaire des banquises boréales, tous les détroits, golfes et baies des mers Arctiques sont à peu près impraticables pendant 9 mois à la navigation. Le réchauffement climatique tend cependant actuellement à raccourcir cette période. 

Durant les deux mois de l'été polaire (juillet et août), la banquise se rompt dans beaucoup d'endroits, sous la double influence d'un Soleil de plusieurs mois et du courant d'eau chaude appelé Gulf Stream. C'est pendant cette courte saison que Hudson et Baffin au XVIIe siècle, et, au XIXe siècle, Franklin, Scoresby, Parry, Kane, ont pu s'élever jusqu'à 77, 80, 82 et presque 83° de latitude, et apercevoir des portions de mer libre au Nord du Groenland et du Spitzberg. Vers la fin du XIXe siècle, la limite des banquises au printemps descendait plus loin vers le Sud, et enveloppait quelquefois l'Islande à l'Est et rendait inabordable l'île Jean-Mayen par 71° de latitude. 

La banquise antarctique.
Dans l'hémisphère austral, les banquises se forment surtout d'avril à novembre, et c'est en janvier et en février qu'on pénètre le plus avant dans les terres Antarctiques. La température beaucoup plus basse de l'hémisphère austral fait que les banquises s'y rencontrent à des latitudes beaucoup moins élevées; de plus, ne circulant pas dans des passages tout formés comme ceux du labyrinthe arctique, mais emportées dans l'Océan au gré des courants variables, elles s'accumulent dans des régions souvent très différentes, tantôt laissant une route ouverte, tantôt la fermant, dans un même espace qui varie presque de 20 degrés de latitude. Ainsi, Cook fut arrêté en 1775 par les banquises au 60°, Bransfield en 1820 au 65°, Powell en 1821 au 62°30'; Wedell en 1823 à 74°; Biscoë en 1831, Balleny, Dumont d'Urville et Wilkes en 1839 et 1840, dans leurs découvertes des terres d'Enderby, Sabrina, Clarie et Adélie, furent arrêtés par des banquises vers 67° de latitude Sud et 165° de longitude Est, tandis qu'en 1841, Ross, sous le même méridien, pénétra jusqu'à 78° 4'. (C. P.).
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Banquise et iceberg géant.
Une plaque de glace géante détachée de la banquise
Elle a été observée depuis l'espace dans la Mer de Ross, en 2004. 
Longueur : 100 km environ.
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