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Les informations
manquent sur l'Ă©poque de la fondation du royaume du Sud-Est de l'actuelle
Mauritanie qui donna plus tard (vers le VIIIe
siècle) naissance à l'Empire de Ghâna, et même sur
l'origine de ses fondateurs. Les traditions locales, confirmées par les
ouvrages des savants de Tombouctou et
des historiens arabes, nous laissent seulement entendre que cet État remontait
au moins au IVe
siècle de l'ère chrétienne, que ses premiers souverains étaient
probablement des Berbères, peut-être refoulés
vers le Sud par la domination romaine au Maghreb, et que le pouvoir passa,
un certain temps après l'hégire, entre les mains d'une famille du peuple
des Soninké ou Sarakollé. Les auteurs arabes, par ailleurs, nous apprennent
que l'empire du Ghâna, État de caractère essentiellement militaire Ă
l'administration très structurée, et prospère grâce au commerce caravanier
trans-saharien, notamment de l'or et du sel, Ă©tait florissant aux IXe
et Xe siècles
de notre ère, que son déclin commença vers le milieu du XIe
siècle sous la poussée conquérante et destructive des Almoravides![]() Dates -clés : IVe s. - Royaume berbère au Sud-Est de la Mauritanie. |
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Naissance
d'un empire
L'empire du Ghâna, comme celui de Rome,
fut d'abord celui d'une ville, une capitale, dont le nom se trouve mentionné
pour la première fois, semble-t-il, dans les Prairies d'Or de Massoudi,
lequel mourut en 956, fut visitée
dans la seconde moitié du Xe
siècle par le célèbre géographe arabe Ibn
Haoukal, et Bekri en donna, au siècle suivant, une description assez
détaillée. Cette cité n'était appelée Ghâna que par les étrangers
et notamment les Arabes, qui la firent connaître sous ce nom à l'Europe
et Ă l'Asie. Ce n'Ă©tait pas son nom, mais, si l'on en croit Bekri et
es traditions soudanaises, l'un des titres portés par le souverain, que
l'on désignait encore sous celui-de kaya-maga ou simplement maga
ou magan (= le maître) ou encore sous celui de tounka (
= le prince). D'autres étymologies ont été proposées : Ghâna
viendrait ainsi du mot berbère agane qui signifie brousse et aurait
donné naissance au Moyen Âge au mot Guinée L'explorateur Bonnel de Mézières, qui
a visité et fouillé cet emplacement en 1914,
y a retrouvé les vestiges d'une grande cité correspondant très exactement
à celle décrite par Bekri, avec des ruines de constructions en pierres
taillées et parfois sculptées. La contrée où s'élevait Ghâna ou Koumbi
est actuellement très aride. Mais les traces très nombreuses et très
étendues d'anciennes habitations et de sépultures montrent que le pays
était autrefois peuplé, en partie tout au moins, de sédentaires et laissent
supposer qu'il était mieux arrosé qu'aujourd'hui et plus propre à la
culture. Au reste, Bekri parle de champs vastes et prospères qui s'étendaient
à l'Est de Ghâna et les traditions locales sont unanimes à attribuer
le déclin du royaume et la dispersion de ses habitants au dessèchement
du Ouagadou et à la famine qui en fut la conséquence. Il est probable
que ces circonstances eurent en effet beaucoup plus d'influence sur la
fin de l'empire de Ghâna que les pillages successifs dont la ville fut
l'objet de la part des Almoravides Le Bagana ou Ouagadou et la plupart des districts subsahariens que nous englobons aujourd'hui sons les noms de Hodh dans l'Est et de Mauritanie dans l'Ouest devaient, à l'époque lointaine où ils se prêtaient à la culture et à la vie sédentaire, être habités par des Noirs, plus ou moins métissés et d'autochtones blancs nord-africains. Ces Noirs formaient un ensemble, assez disparate peut-être par certains côtés, que les traditions maures désignent généralement par le terme de Bafour et d'où sont sans doute sortis .depuis, par ramification, les Songoï ou Songhaï vers l'Est, les Sérères vers l'Ouest et, vers le Centre, un une population appelée Gangara (Gangari au singulier) par les Maures, Ouangara par les auteurs arabes et les écrivains de Tombouctou, et comprenant de nos jours, comme fractions principales, les Mandingues proprement dits ou Malinké, les Bambara et les Dioula. Ces derniers allaient établir un réseau commercial à longue distance. C'est dans cette région et parmi ces Bafour, déjà ramifiés sans doute, que se fixèrent vraisemblablement les immigrants, sans doute berbères, qui passent pour avoir colonisé notamment le Massina (Macina) et le Ouagadou et avoir fondé le royaume et la ville de Ghâna. Ces immigrants comprenaient probablement à la fois des cultivateurs et des pasteurs. Quelque considérable qu'ait pu être leur nombre, il était certainement très inférieur à celui des populations au milieu desquelles ils s'installèrent et sur lesquels ils établirent leur domination. Il dut y avoir, dès le début, quantité d'unions entre Blancs et Noirs et de ces unions naquirent, semble-t-il, deux très importantes populations, dont chacune devait jouer par la suite un rôle de premier ordre dans l'histoire du Soudan occidental et central et dans le développement de sa civilisation. A Ghâna même, dans le Ouagadou, dans
le Massina et ailleurs encore, l'union des Sémites en majorité sédentaires
avec des Ouangara notablement plus nombreux que les premiers engendra probablement
le peuple qui se donne lui-même le nom de Sarakollé, c'est-à -dire
« hommes blancs», en souvenir de l'une de ses ascendances, que plusieurs
tribus soudanaises appellent Soninké et les Maures Assouanik,
que les Bambara dénomment Mara-ka ou Mar'-ka (gens du Mara
ou Ouagadou) et que les auteurs arabes et les Songhaï de Tombouctou désignent
par le terme de Ouakoré. Ce peuple parla une langue très voisine
de celle des Ouangara; elle devint la langue usuelle de Ghâna et est encre
aujourd'hui celle des Sarakollé du Sahel A l'Ouest de Ghâna, dans la région de pâturages du Termès, le mélange de nomades venus du Nord avec des Sérères et surtout la longue cohabitation durent donner naissance au peuple des Peuls ou Foulbé, qui parla une langue assez voisine de celle des Sérères et qui, plus tard, essaima vers le Massina et, de l'autre côté, vers le Tagant et le Fouta-Toro, pour envoyer ensuite quelques-unes de ses fractions au Sud-Ouest dans le Fouta-Djalon, à l'Est et au Sud-Est dans la boucle du Niger, le Haoussa, l'Adamaoua et les pays voisins du Tchad. Cependant, à Ghâna même, après une succession de princes berbères qui, d'après le Tarikh es-Soudân, auraient été au nombre de 44, dont 22 avant l'hégire et 22 après, mais dont le dernier, au dire du Tarikh el-fettâch, aurait été contemporain de Mohammed, le pouvoir passa à la dynastie sarakollé des Sissé qui, peut-être, comme le prétendent ses descendants actuels, était apparentée à la première dynastie et ne constituait, en quelque sorte, qu'une continuation de celle-ci, de plus en plus métissée. Quoi qu'il en soit, c'est sous le règne de ces Sissé, que Massoudi et les autres auteurs arabes disent formellement avoir été des Noirs, que l'État de Ghâna atteignit son apogée. Au témoignage de Bekri, de Yakout et d'Ibn-Khaldoun, son pouvoir se faisait sentir dès le IXe siècle sur les Berbères Zenaga ou Sanhadja (Lemtouna, Goddala ou Djeddala, Messoufa, Lemta, etc.) qui avaient depuis peu poussé leurs avant-gardes méridionales jusque vers le Hodh et dans la Mauritanie actuelle; Aoudaghost, capitale de ces Berbères, située sans doute au Sud-Ouest et non loin de Tichit, était vassale du roi noir de Ghâna et lui payait tribut; une tentative d'indépendance de la part du chef des Lemtouna motiva, vers 990, une expédition du roi de Ghâna, qui s'empara d'Aoudaghost et raffermit son autorité sur les Berbères sédentaires et sur les « Zenaga voilés » du désert, ainsi que s'expriment plusieurs auteurs arabes. Du côté du Sud, les dépendances de Ghâna
s'étendaient jusqu'au delà du fleuve Sénégal et jusqu'aux mines d'or
de la Falémé et du Bambugu (Bambouk),
dont le produit alimentait le trésor des Sissé et servait à opérer
de fructueux Ă©changes avec les caravanes marocaines venues du Tafilalet
et du Dara; elles s'Ă©tendaient mĂŞme jusqu'au Manding, sur le haut Niger.
Vers l'Est, les limites du royaume atteignaient a peu près la région
des lacs situés à l'occident de Tombouctou. Au Nord, son influence se
faisait sentir en plein coeur du Sahara et sa renommée avait pénétré
jusqu'au Caire et à Bagdad Le mouvement almoravide Cependant l'islam Sous la direction du fougueux prédicateur
Abdallah ben Yassine, Berbère originaire de l'Afrique du Nord, aussi farouche
réformateur religieux que guerrier infatigable, et sous le commandement
nominal de Yahia ben Ibrahim, chef des Goddala, puis de Yahia ben Omar,
de la tribu des Lemtouna, un mouvement se produisit qui ne devait avoir
chez les Noirs que des résultats politiques éphémères mais qui en eut
de très durables et de fort importants au point de vue religieux. C'est
en effet aux Almoravides qu'il convient d'attribuer la conversion à l'islam Dès le milieu du XIIIe siècle commença une lutte âpre et sans merci entre les bandes almoravides, qui représentaient l'islam et les rois sarakollé de Ghana qui, bien qu'ayant été toujours hospitaliers à l'égard des musulmans, passaient pour être les champions du paganisme. En 1054, Aoudaghost, quoique capitale d'un royaume berbère, était attaqué, pris et pillé par Abdallah ben Yassine, sous le prétexte que cette ville payait tribut au roi de Ghâna. En même temps, une active propagande religieuse
Ă©tait faite par les soins du mĂŞme Abdallah parmi les populations qui
résidaient alors sur les deux rives du Sénégal, ainsi qu'auprès des
populations nigériennes. A vrai dire, elle rencontrait souvent une résistance
qui, lorsqu'elle ne pouvait se manifester autrement, se traduisait par
l'exode des habitants. C'est ainsi que la plupart des Sérères émigrèrent
sur la rive gauche du fleuve, dans le Tekrour (qui correspondait Ă peu
près à la province appelée plus tard le Fouta Toro), d'où un nombre
considérable allèrent se grouper dans le Sine, où nous les trouvons
encore aujourd'hui; ils laissaient le champ libre aux Berbères dans ce
qui est devenu depuis la Mauritanie, chassés à la fois par le désir
d'échapper à la contrainte et aux exactions des Almoravides Tekrour. - On s'accorde à situer l'emplacement de la ville de Tekrour, d'après les données des auteurs arabes du Moyen AgeUn disciple d'Abdallah ben Yassine, sur lequel courent de nombreuses légendes et dont la mémoire a été transmise sous plusieurs noms différents, dont celui d'Abou Dardaï, convertit à l'islam ![]() ![]() Un Berbère lemtouna, qui, d'après
LĂ©on
l'Africain, n'était autre que le propre père de Yahia bel Omar et
du fameux Abou-Bekr ou Boubakar, se serait rendu jusque dans le Mandingues
et aurait réussi à enrôler dans la religion nouvelle le roi de ce pays
( Les Sarakollé, en effet, finirent, contraints
et forcés, par accepter après leur défaite la religion de leurs vainqueurs,
mais ils devinrent ensuite les meilleurs musulmans de tout le Soudan occidental,
transportant avec eux la foi musulmane dans les nombreuses régions du
Sénégal, du Sahel et du Massina où ils s'établirent après la chute
de Ghâna et la dispersion de ses habitants, et la passant à cette curieuse
population, commerçante et entreprenante, des Dioula, qui passe pour être
issue des SarakollĂ© de Dia ou Diakha (Massina) et de DjennĂ© et qui, Ă
son tour, propagea l'islam jusqu'à la lisière septentrionale de la grande
forêt équatoriale. Dès la fin du XIe
siècle, moins de cinquante ans après les premières prédications
d'Abdallah et de ses missionnaires, l'islam Mais il nous faut revenir Ă l'histoire
de la lutte entre les Almoravides Les royaumes de Diara et de Sosso Toutefois le Ghâna ne devait plus retrouver
sa grandeur passée. Plusieurs provinces de l'empire avait profité de
la lutte entre les Sissé et les Almoravides C'est ainsi que la dynastie sarakollé
des Niakhaté avait fondé à Diâra, près et au Nord-Est de la localité
moderne de Nioro, le royaume du Kaniaga ou des mana ou manamagan,
qui ne tarda pas à se rendre maître du Tekrour et à englober, à peu
près tout ce qui constitue le Sahel soudanais, c'est-à -dire la majeure
partie des anciennes dépendances méridionales du Ghâna. Vers 1270,
la dynastie des Diawara remplaça à Diâtra celle des Niakhaté; elle
.se maintint au pouvoir jusqu'en 1754,
Ă©poque de la conquĂŞte du Kaniaga par les Bambara-Massassi. Dans l'intervalle,
l'autorité des Diawara avait d'ailleurs perdu de sa .vigueur et avait
été sapée peu à peu par la puissance sans cesse croissante de l'empire
mandingue (Mali Plus Ă l'Est, Ă mi-chemin environ entre
Goumbou et Bamako; se trouve un village du
nom de Sosso qui eut, lui aussi, son heure de célébrité. Le roi de Ghâna
y entretenait un gouverneur pris dans la famille sarakollé des Diarisso,
lequel, vers la fin du Xle
siècle, fit comme le gouverneur Niakhaté de Diâra à la même
époque et se rendit indépendant. Un siècle après, vers 1180,
une autre famille sarakollĂ©, celle des KanntĂ©, appartenant, dit-on, Ă
la caste des forgerons, renversa la dynastie des Diarisso et s'installa
à sa place. Sous la direction de Soumangourou Kannté, qui passait pour
un habile général et un non moins habile sorcier, le royaume de Sosso
prit une extension considérable. En
1203,
Soumangourou s'empara de Ghâna et réduisit à l'état de vassal le descendant
des anciens suzerains de Sosso. Cette action d'éclat a été rapportée
par lbn Khaldoun, dont le texte, mal interprété,
a fait accréditer longtemps la légende de la destruction de Ghâna par
les Sosso ou Soussou de la Guinée, laquelle légende n'est qu'une erreur
basée sur une simple et fortuite homonymie. Ensuite, le même prince tourna
ses armes vers le Sud contre le Manding ou Mali |
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