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A une époque
dont on ignore la date, un habitant arabe de la Grande-Comore qui s'était
fait remarquer dans de nombreuses occasions par son intrépidité,
se fit donner le titre de chef et ensuite celui de sultan avec des pouvoirs
limités. Peu de temps après l'apparition des Portugais
dans cette région (XVIe
siècle), une riche et nombreuse population de Schiraziens
(de Schiraz en Perse), déjà établie sur la côte
de Zanzibar et ayant pour chef Mohammed-ben-Aïssa, s'empara de la
Grande-Comore, puis des îles Hinzouan (Anjouan) et Mouéli
(Mohéli) , et leur donna pour chefs ses deux fils.
Ce même Aïssa, ayant entendu
beaucoup vanter Mayotte, vint la visiter il y fut accueilli en ami, et
quelque temps après, la préférant à Anjouan,
il s'y établit et épousa la fille du sultan. A la mort de
son beau-père, il lui succéda, et fit bâtir une ville,
qui fut appelée Tchinzgomi, sur l'emplacement de laquelle on voit
encore aujourd'hui les restes d'une mosquée
et un tombeau que l'on dit être celui de Moïna-Singa, la fille
du sultan qui lui succéda dans le gouvernement de Mayotte, et dont
la postérité directe régna seule à Mayotte,
jusqu'à Andrian Souli exclusivement. Voici comment on dispose la
liste de ces petits souverains, dont verra plus loin l'histoire :
1° Le
fondateur de la dynastique, dont le nom nous reste inconnu;
2° Aïssa,
fils de Mohammed-ben-Aïssa;
3° Moïna-Singa;
4°Buona Fournon;
5° Sultan Ali;
6° Sultan Omar;
7° Sultan Ali-ben-Omar;
8° Moïna-Aïcha;
9° Sultan Bakari;
10° Manaon;
11° Selim;
12° Buona Ambo;
13° Sultan Saley;
14° Maouana-Madi;
15°Buonacombo-ben-Sultan-Amadi;
16° Andrian
Souli.
Celui des fils d'Aïssa qui commandait
à Anjouan, s'y maria et eut plusieurs enfants. En 1598, lorsque
Cornelis
Houtman toucha aux Comores, Mayotte était gouvernée par
un roi; et Anjouan était aux mains d'une reine, qui ne voulut pas
recevoir les Hollandais en sa présence, mais qui les fit traiter
avec beaucoup de politesse et d'amitié. On jeta l'ancre devant la
ville de Demos (probablement Domoni), "ville aussi grande que Plymouth"
affirmaient les voyageurs, et environnée de ruines qui prouvaient
son ancienne prospérité. William Jones
pense que cette reine était celle que la tradition nomme Halîmah
et qu'elle donne comme l'ancêtre du sultan Ahmed, lequel régnait
à l'époque du voyage du savant en novembre
1783.
Quinze ans après Houtman , quand les capitaines Plyton et Roc touchèrent
aux Comores, une vieille sultane régnait à Anjouan, et étendait
sa domination sur les autres îles; trois de ses fils gouvernaient
Mouèli en son nom.
Cinq sultans régnèrent,
suivant William Jones , dans l'intervalle de 170 ans qui sépare
l'époque où Cornelis Houtman et Plyton trouvèrent,
à Anjouan, cette sultane Halîmah, jusqu'à l'avènement
du sultan Ahmed, dont le règne paraît avoir commencé
vers 1760 et s'être prolongé
jusqu'en 1785. Dans la seconde moitié
du XVIIIe siècle,
les Comores devinrent le but des incursions des Sakkalavas de Boueni, peuple
qui occupe toute la partie nord-ouest de Madagascar.
Les Comorois, si puissants à la Grande-Comore, toujours nombreux
dans les autres îles, semblaient tout à fait impuissants devant
l'audace de ces hardis pirates, et la plupart du temps ils ne voyaient
d'autre moyen de leur échapper que de prendre la fuite, en abandonnant
tout ce qu'ils possédaient à la discrétion de leurs
ennemis.
«
Les Johannais [habitants d'Anjouan]; disait en 1809
le capitaine Tomlinson, ont dernièrement fait de grandes pertes
causées par les Madécasses qui envahissent l'île tous
les ans pour s'y procurer des esclaves. Les
autres îles Comores, Mohilla [Mohéli] et Mayotte, sont presque
dépeuplées par les attaques de ces pirates, et Johanna [Anjouan],
de douze bourgades, est réduite à deux. Ils arrivent à
la fin de la mousson du sud-ouest, construisent des huttes autour des bourgades
murées de l'île, et comme ils ne tentent jamais le passage
qu'avec un temps favorable , ils les bloquent ainsi jusqu'à la fin
de la mousson du nord-est, ce qui fait un espace de huit mois.
J'ai
vu une de leurs pirogues : elle avait environ quarante-cinq pieds de long
sur dix à douze de large. La construction en était ingénieuse
et fort semblable à celle des barques employées à
la pêche de la baleine, et les différences pièces étaient
jointes ensemble par des chevilles de bois. Ce peuple fait, tous les cinq
ans, une expédition composée d'au moins cent pirogues, qui
contiennent chacune de quinze à trente-cinq hommes, armés
de mousquets. Chacune des quatre autres années, ils ne détachent
que trente pirogues, pour qu'elles ne manquent pas de vivres, et pour laisser
le temps aux plantations de se rétablir. Le roi me dit que, durant
le siège de l'année précédente, près
de deux cents femmes et enfants qui n'osèrent sortir des murs pour
aller chercher des vivres, moururent de faim, et que plusieurs mères
mangèrent leurs propres enfants.-»
Nous ne rappellerons pas ici les événements
à la suite desquels le manjaka ou grand chef de Madagascar,
Radama, fut entraîné à se déclarer souverain
de l'île entière. Qu'il nous suffise de dire qu'après
avoir soumis les peuples de la côte orientale et ceux du centre,
il tourna ses armes contre les Sakkalavas qui occupent toute la partie
nord-ouest et la partie occidentale. Cette conquête fut l'objet de
plusieurs expéditions successives ; mais ses efforts et ceux de
sa veuve Ranavalo n'ont jamais complètement réussi à
dominer les Sakkalavas, dont les chefs ont trouvé aux Comores
un important centre de résistance.
Mayotte
Ce que nous allons rapporter sur l'île
de Mayotte est extrait d'une notice historique, rédigée par
un écrivain Arabe, le cheikh Yousouf Ben-el-Moallem-Mousa , sur
la demande d'un voyageur français, Victor Noël :
«L'île
de Mayotte, si l'on en croit les princes d'Anjouan, aurait toujours été
vassale des rois de ce dernier pays; mais les Mayottais [Mahorais] paraissent
n'avoir prononcé la khot'ba en leur nom qu'en de certains
intervalles, et lorsqu'ils y ont été forcés par les
événements. Pendant le règne du sultan Ahmed, qui
gouverna Anjouan de 1760
à 1785,
la puissance des Anjouanais avait déjà considérablement
souffert des incursions annuelles des Sakhalavas dans leur île, et
leur autorité sur Mayotte n'était plus qu'illusoire. Mayotte
était alors dans un état de troubles continuels; sa population
essentiellement hétérogène, et la position de Tchingoni,
son ancienne capitale, au centre de cette population, laissaient les rois
qui y faisaient leur résidence exposés à toutes les
conséquences des révolutions que les sultans d'Anjouan ne
manquaient pas de provoquer toutes les fois que les premiers prenaient
des allures d'indépendance trop significatives. C'est dans ces circonstances
qu'une famille arabe de Zanzibar, famille
originaire de l'Oman, s'établit à Tchingoni, où elle
acquit bientôt une grande considération par l'emploi qu'elle
faisait des richesses que lui procurait son commerce. Le roi de Mayotte
donna sa fille en mariage à celui de ses membres qui jouissait de
la plus grande influence, jeune homme appelé Salih ben-Mohammed
ben-Béchir el-Mondzary el-Omany. Le roi de Mayotte étant
mort vers 1790,
Salih ben-Mohammed abandonna la secte des Ibadhites, qui est celle des
Arabes de l'Oman, et embrassa la secte orthodoxe de Chaféy, à
laquelle appartiennent les Comorois; toutes les voix le désignèrent
alors pour remplacer au pouvoir son beau-père. »
Le premier soin du nouveau
sultan fut de transférer le siège du gouvernement à
Dzaoudzi, îlot sur lequel il fit établir les fortifications
que l'on y voit maintenant, et c'est à cette mesure sans doute qu'il
faut attribuer la durée, inouïe jusqu'à lui, et la tranquillité
de son règne. Néanmoins, les fortifications sont impuissantes
contre les trahisons domestiques : Salih ben-Mohammed fut assassiné
vers 1815,
par les, ordres d'un nommé Mouana-Mâddi, Mayottais qui avait
toute sa confiance.
«
Après quelques années de règne, poursuit Yousouf Ben-el-Moallem-Mousa;
Mouana-Mâddi épousa une femme sakkalava de Mouzangaïe,
et fit à cette occasion la connaissance de plusieurs princes sakkaiavas,
et entre autres de Tsi-Lévâlou, appelé depuis Andrian
Souli. Lors de la conversion de celui-ci à l'islam
en 1823,
Mouana-Mâddi lui écrivit pour le féliciter à
ce sujet, et, peu de temps après, lui proposa une convention dont
les clauses principales étaient :
Que
si l'un des deux chefs mourait sans héritier légitime, son
pays appartiendrait, de droit au survivant; que dans le cas où l'un
serait forcé d'abandonner ses États, l'autre devrait employer
tous les moyens pour l'y rétablir; et que s'il ne pouvait parvenir
à ce, résultat, il devrait admettre le prince dépossédé
au partage de la souveraineté de son pays, et lui céder la
moitié de son. territoire.
L'exécution
des articles de cette convention était obligatoire pour les successeurs
légitimes des parties contractantes. Les circonstances allaient
bientôt permettre à Andrian Souli de donner des preuves de
sa bonne foi.
En
1829,
Mouana-Mâddi fut assassiné par les ordres de sa propre soeur,
qui mit sur le trône son fils Moûgni-Monkoû, jeune homme
de quinze ans. Le fils de Mouana-Mâddi, Bana-Kombo, alors âgé
de douze ans, eut le temps de s'embarquer, et se rendit à Mouroun-Sunga,
auprès d'Andrian Souli, et réclama de ce prince l'exécution
du traité qu'il avait conclu avec son père. Quelque difficile
que fût sa position, Andrian Souli n'hésita pas, et confia
au fils de son ami une flottille et quelques centaines de Sakkalavas. Ces
forces jetèrent l'épouvante parmi les habitants de Dzaoudzi,
qui, pour se faire pardonner la faute qu'ils avaient commise en acceptant
pour roi Moûgni-Moukoû, s'empressèrent de le mettre
à mort et de proclamer Bana-Kombo.
Les
rigueurs que l'humeur belliqueuse d'Andrian Souli lui fit exercer
sur
les Anti-Bouéni, lui aliéna ce peuple, qui le déposa
pour élire sa propre soeur. Andrian Souli, après avoir pris
conseil des Antalotes et des Sakkalavas qui lui étaient restés
fidèles, sur ce qui restait à faire, s'embarqua avec eux
pour Mayotte, où ils arrivèrent en 1832.
Bana-Kombo reçut bien celui auquel il devait son trône, et,
conformément au traité conclu entre Maouana-Mâddi et
le roi de Bouéni, il lui abandonna en toute souveraineté
le pays compris entre Moussappéré et une baie à laquelle
les réfugiés donnèrent, en souvenir de leur berceau,
le nom de Baie de Bouéni. Quelque amical qu'ait été
l'accueil fait à Andrian Souli par Bana-Kombo, la mésintelligence
ne tarda pas à éclater entre ces deux chefs, à la
suite
de la jalousie qu'avait excitée chez les Mayottais une prospérité
que les Sakkalavas devaient à un travail assidu. Les Mayottais demandèrent
à Bana-Kombo l'expulsion d'Andrian Souli et de ses adhérents,
qui avaient montré jusque-là une excessive modération.
Les Sakkalavas, exaspérés de l'ingratitude de Bana-Kombo,
coururent aux armes, défirent les Mayottais dans plusieurs rencontres,
et se vengèrent de Bana-Kombo en le chassant lui-même de l'île.
»
Bana-Kombo s'enfuit
à Mohéli , auprès du sultan Ramanateka, et le pria
de négocier la paix avec son adversaire.
«
Ramanateka devait à la ruse et à la mauvaise foi la position
qu'il occupait alors. Parent de Radama, gouverneur de Mouzangaïe dans
le pays des Sakkalavas, il avait été obligé de s'enfuir
avec soixante officiers et soldats, tous voués comme lui à
la mort par Ranavalo. C'était vers la fin de 1832.
Les fugitifs abordèrent à Anjouan, et y furent bien reçus
par le sultan Abd-Allah, qui leur abandonna le quart de son île.
Un an après leur arrivée dans ce pays, l'un des frères
du sultan, Seyd-Ali, leva l'étendard de la révolte. Ramanateka,
oubliant la généreuse hospitalité d'Abd-Allah, se
ligua avec le prince rebelle, auquel sa coopération procura la victoire.
Mais peu de temps après, Ramanateka ayant senti que sa présence
à Anjouan devenait importune, il se rendit à Mohéli
avec tous les siens, s'imposa comme roi du pays aux habitants, stupéfiés
de tant d'audace, entoura de murailles Fomboni, la capitale de l'île,
se fit musulman ainsi que ses compagnons, et attendit de pied ferme ses
ennemis.
Tel
était l'homme entre les mains duquel Bana-Kombo , chassé
de Mayotte en 1833,
allait remettre ses intérêts. Ramanateka écrivit à
Andrian Souli, et l'invita à se rendre à Mohéli, ce
que celui-ci fit sans hésiter. Les deux Malgaches s'entendirent
au détriment de Bana-Kombo ; il fut convenu entre eux que Ramanateka
serait mis en possession de Dzaoudzi, et qu'Andrian Souli conserverait
la souveraineté de la partie de la grande île qu'il occupait.
Une ruse mit bientôt après Ramanateka en possession du reste,
et lui facilita les moyens de chasser, à quelque temps delà,
son allié du territoire dont il venait de lui faire cession. A la
tête d'une petite armée, il envahit en 1836
Mayotte, en chasse Andrian Souli, laisse le commandement à un officier,
et retourne à Mohéli. Andrian Souli, qui s'était réfugié
chez Abdallah, sultan d'Anjouan, s'empare de Mayotte avec l'assistance
de ce prince. Ensuite il vient bloquer, à Mohéli, Ramanateka,
lequel, à la faveur d'un coup de vent qui jette à la côte
la flottille d'Anjouan, s'empare d'Abdallah et le laisse mourir de faim
en prison. Depuis lors, à l'instigation de Ramanateka, Salim, oncle
d'Alaouy; chasse d'Anjouan son neveu, qui fuit à Comore, de là
à Mozambique, à Mascate, et qui, en dernier lieu, se réfugie
à Maurice. Salim devient l'ennemi naturel d'Andrian Souli, à
cause des liaisons de ce dernier avec Alaouy; il manifeste quelques prétentions
à la souveraineté de Mayotte, sous prétexte qu'elle
aurait été autrefois, ainsi que les autres Comores, une des
dépendances d'Anjouan. Salim se borne toutefois, de concert avec
Ramanateka, à favoriser, à Mayotte, la rébellion d'un
jeune chef de la province d'Antankare, accueilli par Andrian Souli, et
qui, depuis lors, après avoir réuni autour de lui les Sakkalavas
mécontents et quelques Mayottais, finit par succomber dans la lutte.
»
Tel était l'état des choses
en 1841, lorsque Andrian Souli fit
cession de l'île de Mayotte à la France. Bana-Kombo, seul
prétendant sérieux à sa possession, est mort dans
le courant de la même année, ainsi que Ramanateka, qui a laissé
le trône à sa fille Sooud ou Soudi (Djoumbe
Fatima), qui a alors une dizaine d'années, qui gouverne Mohéli
sous la régence de sa mère, ancienne femme de Radama, et
qui aura très vite à affronter (en pure perte) les convoitises
des Britanniques et des Français, dont la rivalité pour le
contrôle des Comores durera jusqu'en 1890.
Quant à Seyid-Alaouy, qui, après avoir été
vaincu par les meurtriers de son père et par son oncle, s'était
réfugié à Mozambique, il mourut en 1842
dans cette ville, en léguant ses droits à son fils Mougnanlaouy
ou Seyid-Hamza. Enfin, Andrian Souli est lui-même descendu dans la
tombe en 1845, laissant la France maîtresse
de la nouvelle possession qu'elle venait d'acquérir dans l'océan
Indien. L'affaire remontait à 1840,
quand le lieutenant de vaisseau Jehenne avait visita Mayotte et avait été
frappé des avantages que présentait la situation de l'île;
il les avait signalés à l'amiral de Hell, gouverneur de la
Réunion;
le 25 avril 1841, le capitaine Passot,
envoyé par l'amiral, avait décidé Andrian Souli à
signer un traité par lequel il cédait Mayotte à la
France moyennant 5000 F (1000 piastres) de rente viagère, la prise
de possession eut lieu le 13 juin 1843.
Seyid-Hamza a bien formulé une protestation contre l'occupation
française, manifestant ainsi, quant à la souveraineté
des Comores, des prétentions parallèles à celles de
Salim; mais, par la suite, il est venu demander lui-même au gouverneur
de la Réunion de l'aider à
reconquérir ses droits qu'il revendiquait sur Anjouan, demande qui
n'a pas été accueillie.
A la fin du XIXe
siècle, Mayotte était devenu un point d'appui
important des Français dans l'Océan indien. Les paquebots
des Messageries touchaient à Mayotte. Il y avait quatre bureaux
de postes, et jusqu'en 1896, Mayotte
eut un gouverneur, résidant à Dzaoudzi. Le décret
du 28 janvier 1896 remplaça
le gouverneur par un administrateur dépendant du gouverneur de la
Réunion et assisté d'un conseil consultatif (composé
du chef du service de l'intérieur, du chef du service judiciaire
et de deux notables). L'île était divisée en quatre
quartiers. Les chefs de village étaient nommés par l'administration
française. Il y avait un tribunal de première instance (avec
un juge-président, un procureur de la République, un greffier-notaire),
deux écoles à Dzaoudzi, une école mixte à Mamoudzou.
A Dzaoudzi résidait par ailleurs le supérieur ecclésiastique.
Les
Comores au XXe siècle
Les autres îles des Comores sont restées
nominalement indépendantes jusqu'en 1904.
Avec des nuances, cependant. En 1865,
par exemple, Djoumbe Fatima avait vendu une grande
partie de Mohéli à Joseph Lambert;
et à peu près au même moment, Saïd Ali avait conclut
un marché similaire avec Léon Humblot à la Grande
Comore. En 1890, un accord entre Britanniques
et Français avait entériné le partage de leurs zones
d'influence : Zanzibar devait revenir
aux premiers, Les Comores (et Madagascar)
aux seconds. L'annexion Comores fut officialisée en 1912.
La colonie connaîtra divers changements de statut au cours du XXe
siècle,
puis un référendum sur son indépendance sera organisé
le 22 décembre
1974. L'indépendance
des Comores sera acquise par ce vote (qui lui est favorable à 95%),
sauf à Mayotte, où un second référendum (8
février
1976) consacre son rattachement
à la France en tant que collectivité territoriale^. (d'Avezac).
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Nakidine
Mattoir, Les
Comores, de 1975 à 1990, une histoire politique mouvementée,
L'Harmattan, 2004.
Christophe
Grosdidier, Djoumbe
Fatima, reine de Moheli, L'Harmattan, 2004. - En
1847, pour asseoir l'influence française: dans la région
des Comores, le commandant de Mayotte, Passot, conçoit l'idée
d'envoyer une gouvernante française faire l'éducation de
la fille d'un pirate, héritière du trône de Mohéli.
Voilà déjà qui pouvait donner à l'auteur l'idée
de ce roman historique...
Malgache
de haute naissance, reine d'une île adossée à l'Afrique,
mariée à un Arabe de Zanzibar.
Djoumbe
Fatima ira jusqu'à Paris défendre l'indépendance
de son petit sultanat.
Ses
contemporains n'ont trop souvent voulu voir en cette souveraine qu'un cas
pathologique d'indécision féminine. La littérature
coloniale et cléricale de l'époque ne cultivait pas que les
préjugés misogynes : la duplicité naturelle aux Arabes,
la traîtrise inscrite dans le sang malgache, expliqueraient une attitude
qui n'était pas toujours fidèle aux intérêts
français... Il est possible aujourd'hui de comprendre la politique
fluctuante de la reine de Mohéli comme la résultante des
formidables tensions exercées autour de sa petite île par
les puissances coloniales à l'oeuvre dans la région.
Une
reine, mais aussi une femme... Il suffit de suivre le fil authentique de
sa vie, où raisons de cour et raison d'État sont inextricablement
mêlées, pour y croiser le docteur Livingstone,
ou bien l'aventurier Joseph Lambert avec
qui elle entretiendra une relation passionnée. (couv.). |
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