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Les
noms que les anciens marins avaient jadis donné à la plupart des stations
ou côtes de la Guinée révèle bien dans quelle perspective les Occidentaux
abordaient cet espace. Il s'agissait, en allant de l'Ouest à l'Est de
la Côte de Sierra Leone, Côte du Vent (divisée en Côte des Graines
(Libéria), et en Côte des Dents ou de l'Ivoire), Côte de l'Or
(Ghana actuel), Côte des Esclaves, Côte de Bénin, Côte de Calabar,
Côte de Biafra. La côte de l'Or correspondait, en s'étendant vers l'intérieur,
à l'ancien royaume des Achantis, et la côte des Esclaves, dans sa partie
occidentale, Ã l'ancien royaume de Dahomey.
Au
Sud de la Sénégambie
Le Sud de la Sénégambie
(bassin du Sénégal et de la Gambie) correspond à la partie la plus Occidentale
de la Guinée, jadis appelée Nigritie Occidentale. Quand les Européens
y ont abordé, ils ont rencontré des populations désarroi, restes probables
de populations autrefois plus nombreuses et plus compactes et organisées,
désintégrées par la traite des esclaves, et par la pression des populations
venues du Soudan, Mandingues et Peuls infiltrés depuis des siècles, tantôt
les acculant à la côte de l'Océan ou parfois même aux îles situées
dans les estuaires des fleuves, comme c'était le cas pour les Diola de
la basse Gambie et de la Casamance, les Balantes, Bagnoun, Bissago ,
Papel, Biafada, etc. de la Guinée Portugaise ,
les Nalou, Landouman et Baga de la basse Guinée Française, les Timné
et Boulom du Sierra-Leone, tantôt les isolant en îlots plus ou moins
étendus à l'intérieur des terres, comme ceux formés par les Tiapi,
les Bassari et les Koniagui au Nord du Fouta-Djalon, les Kissi, fabricants
de statuettes en pierre, au Nord-Ouest du Libéria, les Gola dans l'Ouest
de ce dernier pays.
De l'histoire de
ces diverses populations, nous savons fort peu de chose, en dehors du fait,
comme on l'on vient de le dire, que leurs voisins plus puissants ont largement
puisé parmi elles les milliers et milliers d'esclaves qui, vendus aux
marchands négriers, allèrent, par delà l'Atlantique, défricher et cultiver
les terres des anciennes colonies espagnoles, portugaises ,
françaises et anglaises de l'Amérique.
A partir de la Guinée-Conakry,
des peuples apparentés aux Mandingues contribuèrent avec ceux-ci à pousser
ces populations vers la mer en l'atteignant eux-mêmes : tels les Soussou
ou Sosso, qui habitaient autrefois dans le Fouta-Djallon et qui furent
rejetés du côté de l'Atlantique, tels encore les Mendé du Sierra-Leone,
à moitié islamisés comme les Soussou; tels aussi les Vaï ou Veï de
la région de Gallinas et de Cape-Mount (Sierra-Leone et Libéria), qui
utilisèrent pour écrire leur langue d'un alphabet syllabique inventé
de toutes pièces par quelques-uns d'entre eux vers la fin du XVIIIe
siècle ou le début du XIXe.
La Guinée-Bissau.
L'actuel État de
Guinée-Bissau
est l'héritier de l'ancienne Guinée Portugaise, nom des anciennes possessions
du Portugal
sur la côte de Sénégambie. Bien que situées géographiquement sur la
côte sénégambienne, ces possessions comprennaient les vallées inférieures
et moyennes, souvent marécageusesdu rio Grande, du Koliba, du rio Géba
et du rio Cacheo, entourées de tous les côtés par des territoires français,
et l'archipel des Bissagos .
Elles produisaent et exportaient, par les ports de Cacheo (Cacheu), Bolor,
Bissao (Bissau), la cire, l'huile de palme, le coton, l'encens ,
etc. Elles formaient une province, dont Boulam était le chef-lieu, partagée
entre les concelhos de Cacheo, Bissau, Boulam
(Bolama) et das Gallinhas. Le premier se composait de Casa-Forte,
sur la rive gauche du Cacheu, de la population des bords du fleuve et des
présides de Bolor, à son embouchure, de Ziguichar sur la Casamance et
de Farin, sur le port Cacheu. Cacheu et Bolor recevaient dans leurs ports
des navires calant trois mètres d'eau; le port de Ziguichar n'admettait
que de petites embarcations.
Les factoreries donnaient
le riz de Gambie, très estimé, et nourrissent des bestiaux; l'huile de
Cola, le coton blanc, l'encens, la cire, l'ivoire, l'huile de palme, y
affluaient. Le concelho de Bissau comprenait le fort San-José, dans
l'île de Bissau, à l'embouchure du Géba, les présides de Ja et Géba,
en pays mandingue. Six villages, situés autour du port, qui se trouve
en face de l'îlot du Roi ou des Féticheurs, étaient gouvernés par des
chefs, vassaux du roi de Fantim. Le concelho de Bolama et das Gallinhas
était composé des deux îles de ce nom, dans l'estuaire du rio Grande.
Bolama, cédée au Portugal
en 1607 et où il se maintint, en dépit des tentatives des Anglais, avait
un port très bon, dit des Petites-Plages (das Prainhas).
Le pays, qui menait,
sous la conduite du Cap-Verdien AmÃlcar Cabral,
une guerre d'indépendance depuis 1959, s'est libéré du joug colonial
en 1974, à la suite de la Révolution des oeillets au Portugal
et est devenu la Guinée-Bissau, à laquelle sont alors encore rattachées
les Îles du Cap-Vert. Luis Cabral, demi-frère d'Amilcar Cabral (mort
en 1973) est le président de cette République, mais il est renversé
en 1990 par un coup d'État militaire. Le commandant Bernardo João Vieira,
instigateur du putsch, réoriente le pays, jusque là socialisant, vers
l'économie de marché, et met en place une dictature
militaire, tandis que le Cap-Vert forme un Etat
indépendant. Le régime se libéralise progressivement, mais les dissenssions
se multiplient et le pays devient de plus en plus instable. Une junte militaire
destitue Veira et organise en 1999 des élections, remportées par Coumba
Yalla, leader de l'opposition. Yala a été chassé du pouvoir en septembre
2003 lors d'un coup d'Etat sanglant. Henrique Rosa l'a remplacé dans un
climat politique et économique délétère.
La Guinée (Guinée-Conakry).
La Guinée s'est constituée à partir
de l'ancienne Guinée française. Celle-ci était
formée de trois parties réunies en une colonie autonome en 1889 : la
région côtière et son arrière-pays, d'une part, les hauteurs du Fouta-Djallon,
d'autre part, et, enfin, tout l'Est, principalement peuplé de Malinké,
et dont l'histoire a longtemps dépendu de celle des royaumes et empires
du Soudan .
Outre les Malinké (Mandinguesà , qui constituent la majeure partie de
la population, les principales populations sont : les Bagas, les Nalous,
les Landoumans, les Sousous et les Peuls
du Fouta-Djallon. Les Nalous occupent le littoral jusqu'au rio Nunez; les
Landoumans, le cours moyen du rio Nunez; les Bagas, les îles marécageuses
du littoral; les Sousous, le rio Pongo et tout le pays jusqu'aux frontières
de Sierra Leone .
Les
Rivières du Sud.
C'est le lieutenant-colonel
Pinet-Laprade, commandant de Gorée et dépendances, qui jeta les bases
de la domination française dans les Rivières du Sud. Mollien en 1810,
René Caillié en 1827, Hecquard en 1850 avaient commencé l'exploration
du pays. Leur entreprise fut continuée par Lambert en 1860, Zweifel et
Moustier, Olivier de Sanderval, Gaboriaud, Bayol et Noirot, qui sillonnèrent
le pays, de 1879 à 1881. Au lendemain des campagnes françaises au Soudan,
les lieutenants Levasseur et Plat, les capitaines Oberdorf et Audéoud,
pénétrèrent dans la Guinée en venant du Soudan. Par la suite, la connaissance
du pays fut complétée par l'occupation du Fouta-Djallon. Ballay, gouverneur
de la colonie, l'a transformée durant les dix années de son gouvernement
(1890-1900).
Le
Fouta Djallon.
Les premiers possesseurs
du sol furent les Djallonkés; les Peuls
commencèrent à les refouler à la fin du XVIIIe
siècle, et devinrent les maîtres du pays en 1813. Des rivalités de famille
engendrèrent des guerres civiles. Pour y mettre fin, il fut décidé que
les deux partis : alfaïa et
soria, fourniraient alternativement
l'almamy du Fouta-Djallon. Le pouvoir de ce dernier était plus nominal
que réel, cet Etat étant plutôt une république aristocratique qu'un
royaume. Le pays est divisé en dix provinces ou dioualés, subdivisées
en missidas ou chefs-lieux de canton comprenant un nombre variable
de villages. Les villes les plus importantes étaient : Timbo, la capitale
du pays; Fougoumba, la ville sainte; Labé, important centre agricole et
commercial; Timbi, Medina, Kolladé, etc.
Les Peuls ,
maîtres du Fouta-Djallon, se montrèrent peu hospitaliers à l'égard
des Européens, ce qui explique l'insuccès des premières tentatives faites
pour pénétrer à Timbo. En 1860, le lieutenant d'infanterie Lambert put
traverser le Fouta-Djallon et signer, à Timbo, le premier traité d'amitié
avec les almamys. En 1881, le Dr Bayol et Noirot renouvelaient le traité
Lambert. En 1888, le lieutenant Plat signait, Ã son tour, Ã Timbo, un
véritable traité de protectorat. Mais celui-ci ne fut pas respecté,
et de Beckman dut aller de nouveau à Timbo, en 1895, exiger son observation
par les chefs peuls (almamys). Ceux-ci suscitèrent bientôt de grands
ennuis au résident français, et il fallut la campagne aussi courte que
vigoureuse du capitaine Aumar, en 1896, pour soumettre les Peuls. Le traité
de protectorat de 1899 plaça le Fouta Djallon sous la domination de la
France.
La colonie avait
à sa tête un gouverneur, qui relevait du gouverneur général de l'Afrique
occidentale. Le pays était divisé en cercles ayant à leur tête un administrateur
colonial ou un officier Konakry-Dubreka, Mellacorée (Benty), Rio-Pongo
(Boffa), Rio-Nunez (Boké), Canea (Friguiagbé), Benna (Ouassan), Farauah,
Siguiri, et le protectorat de Fouta-Djallon. II existe un juge de paix
et un tribunal à Konakry. Les ingénieurs ont transformé Konakry en une
importante ville, avec wharf, docks, railways. Konakry fut reliée au Niger
par une route qui passe par Timbo.
L'indépendance.
Contrairement aux
autres colonies françaises qui avaient accepté de s'associer d'abord
au sein de la Communauté franco-africaine, la Guinée, sous la conduite
d'Ahmed Sekou Touré , choisit la rupture franche avec la France et devint
indépendante dès octobre 1958. Jusqu'à sa mort en mars 1984, Sekou Touré
instaurera un pouvoir personnel sur la Guinée. Le mois suivant, un coup
d'État porte au pouvoir Lansana Conte (président) et Diarra Traore (premier
ministre). Le multipartisme est admis par Conte, qui organise des élections
(qu'il gagne) en 1993. Au début des années 2000, la Guinée est affectée
par les instabilités qui secouent les pays voisins (Libéria, Sierra Leone),
ce qui occasionne combats et populations déplacées. En décembre 2003,
Conte décroche son troisième mandat. Le chef de l'opposition en exil,
Alpha Conde, revient en juillet 2005 en Guinée.
La
Côte des Graines
La Côte des Graines,
du Poivre ou de Malaguette est la partie occidentale de la côte
de Guinée qui s'étend entre la Sierra-Leone et le cap des Palmes. Elle
tire son nom d'une plante appelée par les explorateurs « graine du paradis
», « poivre de Guinée-» ou « malaguette ». Cette dernière appellation
est d'origine française d'après Villault de Bellefond; d'après Humboldt,
au contraire, ce serait une abréviation du mot mellaghoo qui désigne
le poivre de l'Inde .
Dans tous les cas, c'est en 1455 que nous la voyons appliquée pour la
première fois au poivre d'Afrique. Après l'abolition de la traite, deux
États ont été formés sur cette côte, le Sierra Leone et le Libéria.
Avec le statut de colonie pour l'un et d'État indépendant, dès le départ,
pour l'autre, ils ont été initialement voués à l'accueil des esclaves
affranchis.
Le Sierra
Leone.
Après avoir longtemps
servi aux Britanniques de de terre d'approvisionnement en esclaves, le
Sierra Leone est devenu à partir de en 1787 une terre d'accueil pour les
esclaves libérés. Le statut du pays, resté possession anglaise, fut
alors celui d'une colonie le long du littoral et, sur le papier, d'un protectorat
pour l'intérieur des terres. Depuis son indépendance en 1961, le Sierra
Leone est en proie à une instabilité politique chronique marquée par
de multiples coups d'État.
Le Liberia.
Liberia a été
créé par les États-Unis
pour accueillir en Afrique les esclaves affranchis qui y ont été envoyés
à partir de 1815 et qui ont formé depuis 1847 un État indépendant.
Ces nouveaux venus se sont comportés en colonisateurs et les tensions
avec les "natifs" n'ont jamais cessé. Elles ont été à l'origine d'une
longue guerre civile dans les années 1980 .
La
Côte d'Ivoire
L'actuelle Côte d'Ivoire s'étend sur
un espace qui comprend la région côtière et forestière du Golfe de
Guinée autrefois appelée Côte des Dents ou Côte de l'Ivoire, et tout
l'arrière-pays, qui se transforme progressivement
en savane, jusqu'à environ 11° de latitude Nord. La Côte des Dents tirait
son nom de l'ivoire que les Européens venaient autrefois y chercher. Mais,
comme la Côte de Malaguette, elle avait dès le début du XIXe
siècle cessé de mériter son nom, car l'ivoire, comme la malaguette,
n'était plus dans ces régions un article d'exportation considérable.
Les Européens -
Portugais ,
Français, Danois, Hollandais, Anglais -, ont parcouru la côte dès le
XIVe siècle, mais leurs comptoirs
commerciaux ne datent que du XVIIIe siècle.
A partir de la seconde moitié du XIXe
siècle, les Français commencent à acquérir des positions de plus en
plus solides et, après avoir été un temps presque complètement supplantés
par les anglais, finissent par expulser tous leurs concurrents. Au cours
des dernières années de ce siècle, ils prennent aussi position dans
l'arrière-pays et s'assurent une continuité territoriale avec leurs possessions
au Soudan Occidental.
Devenue colonie française
en 1893, la Côte d'Ivoire est devenue indépendante en 1960 et a été
dirigée pendant plus de trois décennies par Félix Houphouët-Boigny,
qui a longtemps bénéficié d'une conjoncture économique très favorable.
A sa mort, en 1993, il laisse cependant un pays ruiné à la suite de la
chute des cours du cacao et du café, ses deux principales richesses. Le
successeurs d'Houphoüet-Boigny, incapables de relever l'économie, et
promoteurs d'une idéologie xénophobe, finiront se trouver confrontés
à une guerre civile, qui éclate en 2002, . depuis, le pays en deux :
le Nord, contrôlé par la rébellion, le Sud, par les troupes loyalistes. .
La
Côte de l'Or (Ghana)
La Côte de l'Or
ou Côte d'Or, dont est issu l'actuel État du Ghana, correspond à la
partie de la côte de Guinée, comprise entre la Côte des Dents (Côte
d'Ivoire) et la Côte des Esclaves, et dont les limites sont : à l'Ouest,
le cap des Trois-Pointes, Ã l'Est, le cap Saint-Paul. Elle tire son nom
de la poudre d'or que les Européens y trouvaient autrefois. Comme la Côte
des Dents et la Côte des Graines, mais moins que l'une et l'autre, elle
avait cessé au XIXe siècle de mériter
son nom; le commerce de la poudre d'or avait beaucoup diminué depuis le
XVIe siècle; il subsistait pourtant encore,
et l'exploitation de l'or par les Britanniques qui ont fait du pays une
colonie en 1901, ajoutée au développement de la culture du cacao, lui
ont conféré pendant une grande partie du XXe
siècle une certaine prospérité.
La région a été
longtemps dominée par la puissance achanti. Le royaume des Achanti est
connu depuis le XVIIe siècle. Il a longtemps
été opposé à l'autre population importante du pays, les Fanti, et,
au début du XIXe siècle, la guerre conduite
contre ces derniers a mené à la confrontation directe des Achanti avec
les Européens établis sur la côte, et plus spécialement les Britanniques.
Au final, après deux expéditions contre Kumasi ,
la capitale Achanti (1874 et 1896), la colonie Britannique a été agrandie
de tout le royaume des Achanti, puis d'une partie de l'ancien Togoland
allemand après la Première Guerre mondiale.
Le pays accédera finalement à l'indépendance en 1957 et prendra
son nom actuel de Ghana. Nkrumah en devient le président en 1960 .
Achanti.
-
La
Côte des esclaves
La région du littoral
africain que l'on appelait la Côte des Esclaves était la partie
de la côte de Guinée qui touchait, par son extrémité occidentale, Ã
la Côte de l'Or, et dont les limites étaient à l'Ouest, l'embouchure
de la Volta, à l'Est, le delta du Niger, que l'on appelait les Rivières
de l'Huile (Oil Rivers). Elle tirait son nom du commerce des esclaves,
plus facile sur cette partie de la côte que sur aucune autre; en effet,
des brisants défendaient les approches du littoral; l'entrée des estuaires
était invisible de la mer, et les baies intérieures, couvertes d'arbres,
offraient aux négriers des abris sûrs.
Les populations qui
bordent cette côte se divisent en deux groupes principaux : à l'Ouest
de l'Ogoun, les Évhé ( Eoué ou Ewé); à l'Est de l'Ogoun, les Yorouba
(Yoruba).
Les Evhé,
probablement venus du bassin du Niger, se ressemblent par la langue, qui
se divise en cinq dialectes. Ce sont eux qui au Brésil ont le plus vaillamment
lutté pour recouvrer leurs droits et qui ont formé les républiques de
marrons les plus prospères; ce sont eux qui, revenus de l'Amérique méridionale
à leur pays d'origine, ont pris la plus grande place dans les transactions
commerciales de cette région; ce sont eux enfin qui, sans le secours d'un
État, comme au Sierra-Leone, ou de sociétés philanthropiques, comme
à Libéria, ont repeuplé de fils d'affranchis une partie des côtes africaines
( La Côte des Graines ).
Les Evhé se divisent en un grand nombre de groupes différents : citons
seulement les républiques des Minas, dans le pays de Togo et ceux du Dahomey ,
intégrés à l'Etat Achanti.
Les Yorouba
ou Nago doivent, comme les Evhéé, être rangés tous dans un même groupe
parce qu'ils parlent tous une langue analogue. L'agriculture est la principale
occupation des Yorouba; ils récoltent le maïs, l'igname, le mil, le manioc,
les patates, les pois, les arachides, les bananes; la terre est en principe
la propriété de tous, et elle appartient par conséquent à celui qui
la cultive. L'industrie n'est pas moins développée chez les Yorouba que
l'agriculture; ils sont potiers, forgerons, selliers, tanneurs, tisserands,
teinturiers, fabriquent des cotonnades, font de la verrerie, construisent
des maisons ornées de frises .
Le territoire des Yorouba était partagé en un certain nombre de petits
royaumes; mais le pouvoir du souverain était limité par celui des gouverneurs
de villes et par celui d'une puissante société
secrète, l'aboni, analogue à cette Sainte-Wehme
qui porta au Moyen âge la terreur en Allemagne. En outre, l'État le plus
considérable du pays des Yorouba n'était pas un royaume, comme chez les
Evhé; c'était une république, la république d'Abéokouta
( L'histoire du Nigéria ).
Jusqu'au milieu du XIXe
siècle, aucune nation européenne, à l'exception du Portugal ,
installé à Ouidah ,
n'était encore officiellement établie sur la Côte des Esclaves. L'Angleterre,
la première, mit en 1851 la main sur Lagos, dont elle fit le centre de
ses opérations pour la suppression de la traite; en 1861, elle donnait
à cette prise de possession la sanction d'un traité en règle. En 1863,
la France achetait le territoire de Porto
Novo, pour l'abandonner bientôt et s'y établir
de nouveau en 1883. En 1884, les Allemands établissaient leur protectorat
sur différents points de la côte, et, à la suite de cette occupation,
des conflits éclataient entre l'Allemagne, l'Angleterre, la France et
le Portugal. Les Portugais, après avoir pris quelque temps sous leur protectorat
le royaume de Dahomey ,
ont ensuite renoncé à tous leurs prétentions sur la Côte des Esclaves.
Les Allemands à l'Ouest, les Français au centre, les Anglais à l'Est
en restèrent donc les seuls maîtres jusqu'à la Grande Guerre. Une série
de traités fixa peu près les limites de leurs possessions respectives..
En 1919, les colonies allemandes fures démantelées au profit de la France
et du Royaume-Uni. A partir de 1960, trois pays indépendants seront constitués
à partir de ces colonies : le Togo, le Dahomey (rebaptisé ensuite Bénin )
et le Nigéria .
Le Togo .
D'abord occupé
par des populations de langues Kwa et Voltaïques, puis habité depuis
au moins le XVe siècle par des populations
de langue Evhé, venues de l'Ouest, et Ane venues de l'Est, le Togo est
devenu une colonie allemande en 1885 (Togoland). A la suite du Traité
de Versailles, en 1919, les colonies allemandes
ont été démantelées et la Société des Nations (puis l'ONU après
la Seconde guerre mondiale) a
confié l'administration du pays aux deux Etats dont les troupes occupaient
déjà le Togoland depuis 1914, le Royaume-Uni et la France. La partie
Ouest du Togoland a été rattachée en 1956 par les Britanniques à la
Côte de l'Or (Ghana), et la partie Est, confiée à l'administration française,
est devenue, en 1960, le Togo actuel. L'année suivante Sylvanus Olympio
a été élu président. Mais il sera assassiné en 1963 et remplacé par
Nicolas Grunitzky. Un coup d'Etat, en 1967, place ensuite Gnassingbe Eyadema
à la tête du pays. Le multipartisme est aboli; une dictature s'installe.
Lors d'une tentative de coup d'Etat en 1985, l'armée française interviendra
pour préter assistance à Eyadema. Mais en 1993, l'aide économique de
la France, de l'Allemagne et des Etats-Unis est supspendue afin d'inciter
le pays à la démocratisation. De nouvelles élections présidentielles
sont organisées en 1998; Eyadema est réélu. Un rapport d'Amnesty International,
confirmé en suite par les enquêteurs de l'ONU et de l'OUA révèle cependant
que cette réélection a été entachée de violations graves des droits
des humains. Eyadema, confirmé à son poste lors d'un autre scrutin en
2003, restera finalement président jusqu'à sa mort en février
2005, après quoi l'armée l'a remplacé par son fils Faure Gnassingbe
(confirmé dans ses fonctions par une "élection", quelques mois plus tard).
Un processus de démocratisation réelle semble cependant engagé, depuis
la tenue, en octobre 2007, des premières élections relativement libres.
Depuis, le président
Gnassingbe a lancé le pays sur la voie progressive de la réforme démocratique.
Le Togo a organisé plusieurs élections présidentielles et législatives
et a tenu en 2019 ses premières élections locales en 32 ans. Malgré
ces mesures positives, la réconciliation politique a progressé lentement
et le pays connaît des explosions périodiques de protestations de citoyens
frustrés qui ont conduit à des violences entre les forces de sécurité
et les manifestants. Les modifications constitutionnelles de 2019 visant
à instituer un système de second tour pour les élections présidentielles
et à fixer des limites de mandats n'ont pas fait grand-chose pour réduire
le ressentiment de nombreux Togolais après plus de 50 ans de règne d'une
seule famille. Gnassingbe est devenu éligible pour son quatrième mandat
actuel et un cinquième mandat supplémentaire en vertu des nouvelles règles.
Le
Dahomey. Bénin.
Si l'on en croit les traditions
locales, des populations ont quitté au cours du XVIe
siècle la région de Ketou, en pays yorouba pour aller s'établir dans
un premier temps à Tado, près du fleuve Mono. Deux groupes s'y formeront
: les Evhé, qui s'acheminent vers l'Ouest (actuel Togo), et les
Fon, qui migrent vers l'Est. Les Evhé (= Ewe) se regroupent à Nuatja.
Les Fon seront à l'origine de trois royaumes. Ils fondent d'abord, vers
le début du XVIIe siècle, Allada. Puis
des luttes successorales conduisent à une scission. Et, à côté d'Allada
apparaissent deux autres États : Abomey
et Adjatché ( = Porto-Novo).
Fondé, semble-t-il,
en 1625, le royaume d'Abomey devint rapidement prépondérant. Ses
souverains successifs lancèrent plusieurs guerres de conquête contre
leurs voisins et notamment les Yorouba, et parviennent à agrandir notablement
leur domaine. L'ensemble politique et territorial constitué après l'absorption
au début du XVIIIe siècle d'Allada et
d'Ouidah
a reçu le nom de royaume du Dahomey. Le territoire du Dahomey s'étendait
sur la côte de la « Bouche du Roi » (à I'Est de Grand-Popo), au lac
Denham et au grau de Kotonou (Cotonou) et
dans l'intérieur entre la rivière Abomey
(Abomé) à l'Ouest et la rivière Ouémé à l'Est; il était limité,
au Nord d'Abomey, par une frontière mal déterminée sur le territoire
des Mahi.
Le royaume du Dahomey
s'est longtemps enrichi grâce au trafic d'esclaves avec les Européens
installés sur la Côte dès le XVIIe siècle.
Peu à peu, la France supplanta ses concurrents et instaura sur le Dahomey
un protectorat, mais, quand elle voulut l'exercer d'une façon effective,
le roi Behanzin s'opposa à l'établissement des Français. L'expédition
du commandant Terrillon en 1890 courte mais meurtrière, eut pour épilogue
le traité du 3 octobre 1890, par lequel Behanzin reconnaissait le protectorat
français sur Porto-Novo. L'annexion totale fut décrétée en 1900. et
le pays ne recouvra son indépendance qu'en 1960 .
Le
Nigéria.
L'actuel Nigéria
a abrité, entre le VIIe siècle avant
notre ère et le IVe siècle de notre ère,
une des plus brillantes cultures d'Afrique, la culture Nok, qui a produit
un art magnifique. Des cités-Etats apparaissent en pays Yoruba à la même
époque et prospéreront, notamment grâce à la traite des esclaves, jusqu'au
XIXe siècle. La civilisation voisine du
Bénin fleurit à partir du XVe siècle,
mais apparaît déjà en ruine à l'arrivée des Anglais dans la région
au XIXe siècle. L'irruption des Européens
remonte au XVe siècle, avec l'installation
de comptoir commerciaux par les Portugais
le long de la côte. Entre 1500 et 1510, ceux-ci nouent des relations diplomatiques
le royaume de Bénin (région de Lagos, dans le Nigéria actuel). Sous
couvert d'une christianisation qui demeurera superficielle, c'est le commerce
qui est la clé. Les termes des échanges seront simples : des esclaves
- que les Portugais troquent dans un premier temps contre de l'or, au Ghana,
et, plus tard, achemineront vers le Brésil - contre des étoffes,
de l'alcool et surtout des armes - que le roi du Bénin utilisera dans
ses guerres de voisinage, notamment contre les Igala.
Les Portugais
sont presque complètement évincés au XVIIe
s. Français, Danois et Hollandais prennent le relais et établissent une
série de forts le long de la côte. Puis viennent les Britanniques
qui prennent progressivement le contrôle économique de la région. La
Traite alimente désormais l'Amérique du Nord
engagée dans une économie de plantations. Malgré l'interdiction de la
traite est instaurée en 1815 par le Congrès
de Vienne, ce commerce se poursuivra clandestinement jusqu'au milieu
du XIXe siècle. Ses victimes auront été
souvent les Yoruba et, et une population qui leur est apparentée par la
langue, celle des Ibos (cour inférieur du Niger), ou des Idjo (delta
du Niger), des Ibibio et Ehoi.
A cette époque,
existent, au Nord de la Côte des esclaves, deux grands États, le Bornou ,
et l'empire de Sokoto, dernier avatar des États Haoussa dont l'histoire
remonte au XIIe siècle. Les Britanniques
vont peu à peu prendre le contrôle de tout cet espace et créer en 1900
la colonie du Nigéria. Indépendant en 1960, érigé en république fédérale
en 1963, le Nigéria moderne va connaître par la suite de fortes instabilités.
La plus grave crise sera l'abominable Guerre du Biafra, entre 1967
et 1970, tentative de sécession avortée de l'une des composantes (les
Ibo) du pays .
La
Baie de Biafra
Le
Cameroun.
Les Européens ont
abordé les côtes du Cameroun à la fin du XVIe
siècle et ont installé des établissements le long des côtes Ã
partir du début du XVIIIe siècle. L'intérieur
des terres est alors ignoré. On sait qu'il y a existé aux XVe
et au XVIe siècles, au Nord, un royaume,
le Mandara, en relation avec le Bornou ,
et que les Peuls
ont commencé à s'infiltrer pacifiquement dans la région à partir du
XVIIe siècle. Mais ne commence à bien
connaîtrel'histoire du Cameroun qu'à partir du début XIXe
siècle, quand, en 1804, le Nord du pays subit la guerre sainte lancée
par Usman Dan Fodio, puis, Ã partir de 1809, par son successeur
Adama, qui prend possession du platau de Foumbina, renommé Adamoua. Très
vite, cependant, les Européens (Angleterre d'abord, puis Allemagne) signent
des traités avec les souverains locaux, qui peuvent ainsi conserver formelement
leur pouvoir, en échange une forme de protection contre les poussées
islamistes venues du Nord. Après la première Guerre mondiale, la SDN
confie l'administration d'une grande partie du pays placée sous protectorat
allemand à la France. Une autre partie revenant à la Grande-Bretagne.
L'indépendance complète n'interviendra qu'en 1961 .
La Guinée équatoriale.
Découvert en 1471
par Fernao do Po (Fernando Po) le territoire qui va devenir la Guinée
Équatoriale est composé de l'île de Fernando Po où se trouve la capitale
Malabo,
de la petite île d'Annobon, de quelques îlots inhabités et d'une
enclave continentale, l'ancien Rio Muni. Il a été cédé à l'Espagne
dès 1477. En 1904, ces différentes composantes forment la colonie de
la Guinée espagnole. L'indépendance sera acquise en 1968. Président
: Francisco Macias Nguema. Celui-ci est renversé en 1979 par un coup d'État
militaire dirigé par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, son neveu. Plusieurs
élections (toutes truquées) ont eu lieu à partir de 1993, confortant
chaque fois Obiang Nguema à son poste. En 2003, des opposants forment
un gouvernement en exil à Madrid. La Guinée
équatoriale peut compter depuis quelques années sur d'importants revenus
pétroliers, mais qui jusqu'ici n'ont pas bénéficié à la population. |
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