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Végétaux > Monocotylédones |
Les
Palmiers
Les Arécales |
Les Palmiers
(ou Arécales) sont des végétaux
ligneux, appartenant à la classe des Monocotylédones;
leur port majestueux et leur superbe feuillage leur a fait décerner,
par Linné
le titre de « princes du règne végétal ».
La tige des palmiers se dresse, en général, sous forme d'une colonne simple appelée stipe, qui peut atteindre 80 m de hauteur; elle est fixée au sol par un faisceau de racines adventives, et couronnée par un bouquet de grandes feuilles persistant plusieurs années. Chez quelques espèces, la tige ne s'allonge que faiblement et peut constituer un gros tubercule sur lequel sont insérées les feuilles (Phoenix acaulis Mey., Astrocaryum acaule L.). D'ailleurs, chez les Palmiers arborescents, la tige demeure très courte; dans les premières années du développement elle se renfle de façon à atteindre un diamètre considérable, qui est sensiblement égal à celui qu'aura plus tard le tronc. Quelques Palmiers ont une tige flexible qui s'enroule à la manière des lianes, tels sont, par exemple, les Calamus L. dont les tiges, très grêles, enlacent en tous sens les arbres des forêts tropicales et peuvent acquérir plusieurs centaines de mètres de longueur. Les Sabal Ad. et les Raphia P. de B. ont une souche rampante qui forme sous terre un rhizome rameux, dont le sommet couronné par les feuilles se trouve au ras du sol. La tige des Palmiers ne forme jamais de tissus secondaires, aussi garde-t-elle un diamètre sensiblement constant; le système libéro-ligneux se réduit à des faisceaux épars, dont chacun, après avoir suivi un trajet rectiligne vers la périphérie du cylindre central, se rapproche de l'axe en décrivant une courbe, puis se porte dans la feuille où il va se terminer. Comme la tige ne se ramifie que très
rarement, si l'on supprime le bourgeon
terminal, l'arbre ne peut plus croître. La racine primaire se détruit
de très bonne heure, elle est remplacée par de nombreuses
racines adventives qui naissent à la base du tronc et forment une
masse conique, d'un volume parfois considérable; ce faisceau de
racines s'élève, dans certains cas, au-dessus du sol et entraîne
la base du tronc hors de terre. Les feuilles, souvent énormes, peuvent
avoir jusqu'à 10 et 12 m de longueur; elles sont insérées
en spirale sur le tronc et plus ou moins engainantes. Le pétiole,
convexe en dessous, est en général très développé.
Le limbe est entier dans le jeune âge
et se divise plus tard par déchirure en segments palmés ou
pennés, de sorte que les feuilles semblent être composées;
c'est ainsi que le Palmier éventail ou Palmier nain (Chamaerops
humilis L.) a ses feuilles découpées suivant le mode palmé
et le Dattier (Phoenix dactylifera Fr.) suivant le mode penné. Les
segments ou foliotes qui proviennent de la déchirure du limbe peuvent
être complètement distincts ou rester unis inférieurement;
selon les espèces de Palmiers, ils sont ou dressés ou rabattus,
parfois ces segments se subdivisent à leur tour en minces lanières,
ce qui fait que les feuilles paraissent être doublement composées.-
La gaine des feuilles
persiste sur le tronc et se décompose en un réseau fibrineux
imitant une grossière filasse. Les fleurs,
très petites, sont hermaphrodites
ou unisexuées par avortement, monoïques
ou dioïques; le Chamaerops humilis
est polygame, c.-à-d. qu'on y trouve à la fois des fleurs
hermaphrodites et des fleurs unisexuées. Elles sont groupées
en grappes axillaires appelées régimes,
entourées presque toujours d'une grande bractée,
simple ou composée, désignée sous le nom de spathe.
Assez souvent à l'intérieur de la spathe générale
se trouvent des spathes secondaires disposées comme les glumelles
des Graminées. Un régime de
palmier peut être composé de 200.000
fleurs, aussi atteint-il parfois des dimensions extraordinaires. Les fleurs
sont brièvement pédicellées ou sessiles,
quelquefois enfoncées dans l'axe du régime; leur périanthe,
de coloration verdâtre, comprend six pièces, disposées
sur deux verticilles alternes, ce qui
permet de distinguer un calice et une corolle.
Le calice est formé de trois sépales, généralement
libres, la corolle est fréquemment gamopétale.
Les sépales peuvent être plus
longs que les pétales ou bien, au
contraire, être dépassés par eux. Quelques Palmiers
ont des fleurs pourvues d'un périanthe rudimentaire.
Palmier (éventail et fruit). L'androcée
se compose de 6 étamines groupées
en 2 verticilles alternes avec ceux du périanthe. Les étamines
se réduisent à 3 chez certains Dattiers; chez d'autres, au
contraire, elles se dédoublent de manière a en donner 9 (Areca
monostachya L.), 12 (Thrinax) ou un plus grand nombre toujours multiple
de 3. C'est ainsi que l'androcée des Lodoicea peut être formé
de 21 étamines et celui des Borassus de 30. Les anthères,
biloculaires, sont introrsés
et insérées soit sur le réceptacle,
soit à la base du périanthe. Le pistil
est composé de 3 carpelles fermés,
libres (Dattier) ou plus souvent concrescents par leur ovaire
et leur style, les stigmates
sont presque toujours libres.
Noix de Coco (fruit entier et coupe longitudinale). Boutons et fleurs mâles et femelles. Les drupes de plusieurs fleurs peuvent s'unir latéralement en un fruit composé. Les fruits de certains Palmiers atteignent des dimensions considérables, celui du Coco des Maldives (Lodoicea Sechellarum Labill.), par exemple, n'a pas moins de 40 cm de diamètre et n'arrive à maturité qu'au bout de dix années. La graine, dont le tégument est fréquemment uni au péricarpe, contient un albumen volumineux, dans lequel est implanté latéralement l'embryon; celui-ci, de très petite taille, est conique ou cylindrique. L'albumen est corné (Phoenix, Phytelephas) ou bien charnu, parfois huileux. Il est chez le Cocotier creusé d'une cavité contenant un liquide laiteux. A la germination le cotylédon envahit peu à peu tout l'albumen, en même temps que son pétiole s'enfonce de plusieurs centimètres dans le sol en entraînant avec lui la plantule. Chez le Copernicia, l'Hyphaane et le Phytelephas l'allongement du pétiole cotylédonaire peut atteindre 60 cm et plus, aussi ces Palmiers ont-ils leur tige solidement fixée. Le Dattier n'enfonce que très faiblement son pétiole cotylédonaire. ClassificationLa famille des Palmiers comprend environ 1500 espèces réparties en environ 200 genres. Ces plantes forment une famille nettement circonsrite qui ne présente pas d'affinité bien nette avec les autres familles de l'embranchement auquel ils appartiennent. Par leurs fleurs, pourvues d'une bractée adossée à l'axe, les Lépidocaryées et particulièrement les Raphia rappellent les Graminées, mais cette affinité est loin d'être certaine. Rob. Brown considère les Palmiers comme voisins des Joncacées qui ont un peu leur organisation florale et offrent comme eux des types arborescents.-
Distribution géographiqueLes Palmiers appartiennent presque tous à la zone tropicale et aux régions les plus chaudes de la zone tempérée; les espèces qui s'éloignent le plus de l'équateur ne dépassent pas le 44e degré de latitude Nord ni le 39e degré de latitude Sud. Ces plantes, en effet, exigent des périodes végétatives ininterrompues, réalisables seulement dans les climats humides des tropiques; elles abondent particulièrement dans les régions qui n'ont ni hivers froids ni sécheresse très prolongée, c'est pour cela que les Palmiers sont très nombreux dans l'Amérique équatoriale, tandis qu'ils sont en moins grande quantité en Asie et en Océanie et comparativement rares en Afrique.Certains Palmiers vivent en société, tels sont les Ceroxylon H. B. K., qui constituent d'immenses forêts dans les Andes; quelques-uns, comme les Iriartea R. et Pav., habitent dans les savanes inondées, d'autres se plaisent sur les hautes montagnes. Les zones de répartition des divers genres de Palmiers sont très limitées, car sur les quelque 200 genres qui composent la famille, une dizaine seulement ont des aires étendues, les autres ne sont répandus que dans une seule région florale. Les limites géographiques des espèces sont encore plus restreintes que celles des genres. Cette circonscription des espèces de Palmiers à des régions peu étendues tient, en grande partie, à ce que les fruits sont lourds et que les graines ont un pouvoir germinatif très court. On observe pour les Palmiers quatre centres
de développement principaux : 1° Amérique,
entre les deux tropiques ; 2° Péninsule
indochinoise, Nouvelle-Guinée
et Nord-Est de l'Australie; 3° Madagascar,
Mascareignes et Seychelles
; 4° Bas-Niger, Haut-Nil,
Congo et Zambèze.
Palmiers à Saint-Croix (Iles Vierges). Aires d'extension
de quelques Palmiers.
L'Europe ne possède qu'un Palmier indigène le Chamaerops humilis qui vit sur les bords de la Méditerranée : en Provence, en Espagne, en Italie et en Grèce. En Afrique, le Palmier le plus abondamment répandu est le Dattier qui peuple les oasis du Sahara (el Bled ed djerid) et se rencontre au Sénégal, au Cap Vert et dans la vallée du Nil d'où il passe en Arabie; il est remplacé en Chine par le Dattier silvestre (Phoenix silvestris Roxb.). Le Dattier en Algérie ne peut mûrir ses fruits qu'au Sud de l'Atlas. Du Tchad à la mer Rouge, on trouve le Doum de Thèbes (Hyphaene thebaica Gartn.); plus bas, entre le cap Vert et le Congo végètent l'Elaeis guineensis, le Raphia vinifera P. de B. et le Borassus d'Ethiopie. La limite australe des Palmiers en Afrique
est fournie par le Phoenix reclinata Jacq. qui
On en rencontre également au centre
de l'Afrique. Les Livistonia R. Br. sont les Palmiers qui, en Océanie,
descendent le plus bas dans le Sud. Les espèces de Palmiers qui
ont des aires étendues sur plusieurs continents sont : le Cocos
nucifera (Amérique, Afrique, Océanie), le Borassus flabelliformis
(Océanie, Asie, Afrique), le Phoenix dactylifera (Afrique, Asie)
et l'Elaeis guineensis (Afrique, Amérique où il a été
importé).
Grappes de dattes, au Proche-Orient. Usages des PalmiersLes usages des Palmiers sont excessivement variés, car presque toutes les espèces peuvent être utilisées, soit dans l'économie domestique, soit dans l'industrie. La tige des Palmiers arborescents fournit des bois de construction et peut également donner des fibres textiles; les feuilles servent encore dans certains pays à couvrir les habitations et, découpées en lanières, sont utilisées pour la confection de chapeaux, de nattes, de paniers, etc: Les Sagoutiers (Sagus Rumphii, laevis et genuina Mart.) renferment dans leur moelle une fécule connue sous le nom de sagou; cette fécule s'extrait de la façon suivante : l'arbre abattu avant la floraison est fendu en long; la moelle est enlevée et coupée en morceaux que l'on place dans un tamis sous un courant d'eau; l'eau qui s'écoule entraîne les particules de fécule que l'on recueille dans de larges bassins au fond desquels elles vont se déposer. L'Arenga saccharifera Labill., le Borassus flabelliforinis L., le Cocos nucifera L., etc., possèdent une sève abondante dont on extrait du sucre, et qui, soumise à la fermentation, se transforme en une boisson alcoolique appelée vin de palme. Le Calamus Draco L. fournit une gomme-résine rouge appelée sang-dragon que l'on extrait du fruit chauffé au soleil. Le sang-dragon est employé en ébénisterie pour la préparation de certains vernis. Le fruit de l'Elaeis guineensis L. contient dans son mésocarpe une huile jaune, odorante, nommée huile de palme que l'on emploie dans certaines parties de l'Afrique à la place de l'huile d'olive; en Europe, l'huile de palme sert dans l'industrie agro-alimentaire et aussi à confectionner des savons. Le Copernicia cerifera Mart. du Brésil fournit la cire de Carnauba.Les productions et usages des Dattiers,
Cocotiers, Aréquiers
sont donnés en détail aux articles consacrés à
ces Palmiers. Le bourgeon terminal de plusieurs Palmiers (Cocos nucifera,
Chamoerops humilis, Eulerpe oleracea, etc.) constitue une sorte de légume
très savoureux désigné sous le nom de chou palmiste.
La tige grêle des Palmiers-Joncs
ou Rotangs (Calamus) est employée pour la fabrication de meubles,
de cannes, etc. Le Palmier nain (Chamaerops
HorticultureLa famille des Palmiers fournit quelques espèces ornementales aux jardins du Midi de la France. Le Palmier nain vit en plein air en Provence, il en est de même du Palmier chanvre (Chamaerops excelsa) qui est originaire de la Chine, et dont le tronc est entouré d'une sorte de bourre qui le protège contre le froid, ce qui lui permet de végéter beaucoup plus au Nord que le précédent. Il peut supporter, sans souffrir, 8°C. Dans la région méditerranéenne, on cultive quelques Palmiers, très rustiques, qui viennent d'Amérique, tels sont : le Sabal (Sabal Adansonii Gartn.), espèce acaule, et le Chamaerops hystrix L. dont la tige hérissée de dards très pointus atteint environ 1 m de hauteur.Parmi les Palmiers cultivés dans les appartements, on trouve, outre le Palmier nain et le Palmier chanvre, le Dattier commun et surtout le Dattier incliné (Phoenix reclinata Jacq.) originaire d'Afrique du Sud; ce Palmier a ses feuilles inclinées vers le sol, ce qui lui donne un aspect très gracieux. Le Latanier de la Chine (Latania borbonica Comm.) est un Palmier de luxe qui a été employé fréquemment pour orner les salles de fêtes; sa tige, qui peut atteindre une grande taille, porte des feuilles palmées disposées horizontalement. Le Jubaea spectabilis est un bel arbre importé du Chili et qui résiste parfaitement aux hivers les plus rigoureux (-13° C). Il est bien supérieur au Palmier chanvre et au Palmier nain comme plante d'ornement, mais il lui faut des terrains frais et argilo-calcaires. Les Livistona, les Kentia et les Cocos sont cultivés en caisse dans les jardins publics. Les Kentia sont en outre très recherchés comme plantes d'appartement. Les Palmiers d'appartement ont besoin d'arrosages
copieux pendant la belle saison, moins abondants pendant l'hiver; leurs
feuilles doivent être essuyées avec une éponge mouillée
afin d'enlever la poussière qui les recouvre. Il est bon de ne pas
les exposer trop longtemps en pleine lumière. Les Palmiers se multiplient
aisément par graine, à condition de faire les semis dans
un terreau siliceux, de préférence dans une serre légèrement
chauffée. Le marcottage des drageons qui naissent à la base
des pousses donne de très bons résultats.
Maladies des Palmiers.
Un champignon de l'ordre des Ustilaginées,
le Graphiola Phoenicis Poit., cause de graves dommages dans les cultures
de Dattier, il attaque également le Palmier nain. Le Dattier peut
héberger trois champignons, appartenant à l'ordre des Ascomycètes
: le Pestalozzia. Phaenicis Grev., le Chromosporium entophytum Corda et
le Sterigmatocystis Phoenicis Corda. Le premier attaque les tiges et les
feuilles, les deux autres vivent dans les fruits. Un autre Ascomycète,
l'Anthostomella Pisana Pass., détruit les feuilles du Palmier nain.
(W. Russell).
Palmiers sabals (Etats-Unis). PaléontologieL'existence de Palmiers fossiles au Mésozoïque est douteuse, mais certaine à la période tertiaire (Cénozoïque), à partir du Crétacé moyen, et c'est dans l'Eocène, avec son climat tropical, que ce groupe végétal a atteint son développement le plus grandiose. Dès la Craie, les Palmiers font leur apparition en Europe avec le Flabellaria chamaeropifolia Goepp., de Silésie, et le Flabellaria longirhachis Ung., de Muthenansdorf, de la Craie d'eau douce de Fuveau, les frondes de cette dernière espèce marquant le passage du type flabellé avec le type pinné.C'est une chose assez particulière, que l'on ne rencontre pas de vestige de Palmiers à l'intérieur de la région arctique, ni même jusqu'ici dans le Dakota, groupe d'Amérique; mais il ne s'ensuit pas que les Palmiers de la Craie supérieure aient été les premiers en Europe; il se peut que les Phoenicoïdées, longtemps obscures et imparfaitement caractérisées, n'aient pris leur essor, en fixant leurs traits définitifs, que lors de la Craie moyenne au plus tôt. D'ailleurs les formes primitives ont été bien plus exiguës que les postérieures et les types de la zone tropicale; les proportions élevées ne se sont développées que graduellement. Lors de l'Eocène, on voit apparaître des formes rentrant plus ou moins dans les genres actuels Sabal, Areca, Iriartra, Oenocarpus, Livistona, Chamaerops, Thinan, Bactris, Elaeis, Astrocaryum, etc.; les Nipa sont particulièrement abondants dans le bassin parisien. Mais c'est l'Oligocène, malgré la diminution déjà sensible de la température à cette époque, qui nous présente les plus grands Palmiers européens, comme le prouvent les espèces recueillies par Visiani et Nassalongo à Monto-Vegrosi, et même les empreintes du Sabal major Ung., dont les frondes égalent celles du S. umbraculifera Jacq., actuellement indigène des Antilles. Au Miocène, les Palmiers se retirent vers les régions chaudes ou exceptionnellement protégées; les Sabal et les Flabellaria sont encore nombreux, mais on voit se présenter à leurs côtés des formes, telles que Geonoma, Chamaerops, Phaenicites, Calamus, etc. A l'époque de la molasse, avec son climat tempéré, les Palmiers deviennent bien moins nombreux que les autres éléments de la flore. La végétation d'Oeningen n'offre plus que de rares Palmiers. Dès le Pliocène, ce groupe végétal a disparu de l'Europe. (Dr L. Hn.). |
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