| Faune Les Antilles appartiennent par leur faune, comme l'Amérique centrale, à partir du Mexique , à la région néotropicale dont elles constituent une sous-région. Mammifères. Comme toutes les îles, à l'exception de celles qui sont de véritables continents, comme Madagascar et l'Archipel malais (Insulinde), les Antilles sont très pauvres en mammifères de grande taille et les singes, les cerfs et les carnivores , que les voyageurs y ont signalés à différentes reprises, étaient tous des animaux introduits. Les plus grands quadrupèdes terrestres réellement indigènes sont des rongeurs du genre Agouti (Dasyprocta), représenté par une seule espèce (D. cristata), propre aux îles de Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Grenade et peut-être Saint-Thomas, où elle occupe une niche écologique comparable à celle des lièvres en Europe . Deux genres de gros rongeurs arboricoles sont propres à cet archipel : le genre Capromys, avec trois espèces, habite Cuba et peut-être Saint-Domingue, et le Plagiodontia, qui n'en compte qu'une seule, est propre à cette dernière île (Haïti ), et à la Jamaïque. Le genre Hesperomys, qui comprend les rats de la région néotropicale, compte plusieurs espèces dont la plus grande (Megalomys pilorides Trt), connue sous le nom de Rat musqué ou Rat pilori des Antilles, atteint la taille d'un lapin et ne se trouve qu'à la Martinique et à Sainte-Lucie. Du reste, les rats et les souris d'Europe ont été transportés dans ces îles comme sur tout le globe. Les insectivores sont représentés par un type tout particulier et de grande taille pour l'ordre auquel il appartient, le Solenodon, dont une espèce habite Cuba, l'autre Haïti et qui est le seul représentant américain d'une famille dont la plupart des membres actuellement vivants sont confinés à Madagascar. Les chauves-souris sont nombreuses et comptent plusieurs genres propres aux Antilles (Lonchorhina, Phyllonycteris, Monophyllus, Brachyphylla, tous de la famille des Phyllostomidés). Les autres genres sont communs à cette sous-région et aux sous-régions brésilienne et mexicaine. Parmi les espèces communes au continent de l'Amérique du Sud et aux Antilles, il faut signaler le Vampire (Vampirus spectrum), qui n'a pas les moeurs sanguinaires qu'on lui a prêtées et se nourrit surtout de fruit . Enfin, un phoque, Monachus tropicalis, très voisin du phoque moine de la Méditerranée, et que l'on croit généralement éteint depuis les années 1930, fréquenterait encore, selon certains auteurs, quelques récifs de la mer des Antilles (?). Oiseaux. Les oiseaux (300 espèces environ) sont très intéressants à étudier à plusieurs points de vue. L'ensemble de la faune ornithologique est essentiellement néotropical, mais on a constaté, particulièrement à Cuba, la présence de 88 espèces appartenant à la faune de l'Amérique du Nord et qui sont de passage comme résidents pendant l'hiver ou qui ne font que traverser pour se rendre dans l'Amérique du Sud. Les genres ou sous-genres propres à l'archipel atteignent un chiffre considérable, fait d'autant plus remarquable que la distance entre certaines îles et le continent est relativement peu considérable. Tels sont les genres Mimocichta, Ramphocinclus, Cinclocerthia. Phaenicomanes, Terelristis, Glossiptila, Dulus (ou Esclave), Spindalis, Phmaenicophilus, Loxigella, Melopyrrha (des sortes de moineaux à plumage noir), Nesopsar, Saurothera, Eulampis, Aithurus, Mellisuga et deux autres genres d'oiseaux-mouches, Starnaenas parmi les pigeons et, enfin, deux genres de rapaces nocturnes, Pseudoscops et Gymnoglaux. Un autre fait remarquable, et qui semble le corollaire du précédent, c'est que presque tous les genres qui sont communs aux Antilles et à l'Amérique du Sud ont, dans cet archipel, non seulement des espèces propres à la sous-région, mais encore des espèces propres à chacune des grandes îles qui la composent; 140 espèces d'oiseaux présentent cette particularité. Ainsi, à Cuba, en y comprenant les Bahamas, qui en sont si voisines au Nord, on compte 40 espèces qui lui sont propres, sur 68 qui l'habitent; à Hispaniola, 17 espèces sur 40; à la Jamaïque, 41 sur 67; à Porto-Rico, 15 sur 40 ; enfin, dans les petites Antilles, considérées comme un seul groupe, 24 espèces sur 45 sont spéciales à ces îles. Reptiles. Les reptiles sont représentés par de nombreux sauriens, dont plusieurs, appartenant à la famille des Scinques, sont propres aux Antilles (Celestus, Camilia, Panoplus, Embryopus). Des Geckos (Cubina), des Iguanes Anolis, Iguana, Cyclura), sont communs à cette sous-région et à l'Amérique centrale et méridionale. Les serpents sont représentés par des couleuvres de grande taille (Arrhyton, Cryptodacus, Coloragia), des Pythons (Epicrates, Corallus, Chilabothrus, Ungalia). Un seul genre de crotales est représenté par une espèce très dangereuse qui se trouve à la Martinique et à Sainte-Lucie : c'est la vipère fer-de-lance (Bothrops lanceolatus), qui atteint près de 2 m de long. Batraciens. Parmi les Batraciens, les Anoures sont représentés par un genre de rainettes (Hylidae), qui est presque confiné dans les Antilles : c'est le genre Trachycephalus qui compte 7 espèces à Cuba, Hispaniola et à la Jamaïque, tandis qu'une seule espèce se trouve dans l'Amérique du Sud. Les Urodèles n'ont pas de représentants dans cette sous-région. Poissons. Les poissons d'eau douce sont peu nombreux, comme on le conçoit facilement, les cours d'eau étant de peu d'étendue. Un seul genre de Cyprinodontes (Lebistes) est spécial à la Barbade; d'autres genres de la même famille (Haplochilus, Rivulus, Girardinus, Gambusia) se retrouvent sur le continent. Les perches sont représentées par Centrarchus, les Mugilles par Agonostoma, les Chromidés par Acara et les Siluridés par Chaestostomus, tous genres qui se retrouvent dans les deux Amériques. Mollusques. Les Mollusques terrestres sont particulièrement remarquables par leur grande abondance, qui tient soit à l'absence des Vertébrés , qui se nourrissent habituellement de ces mollusques, soit à la vaste surface qui se trouve occupée dans ces îles par des rochers et des ravins profonds et humides, localités éminemment favorables au développement des Gastéropodes pulmonés. C'est ce que l'on remarque surtout à la Jamaïque qui compte 30 genres et plus de 500 espèces de mollusques terrestres. On compte 11 genres propres à la sous-région (Geomelania, Chittya, Jamaicea, Licina, Choanopoma, Ctenopoma, Diplopoma, Stoastoma, Lucidella, Sagda, Stenopus); en outre, on y trouve des espèces du genre Cyclostomus, fait très remarquable, car ce genre nombreux est, à part cette exception, propre à l'ancien continent et manque à l'Amérique continentale. En outre, une espèce du genre asiatique Diplommatina se trouve à l'île de Trinidad et une du genre Ennea, qui est dans le même cas, aux îles de Grenade et de Saint-Thomas, de telle sorte que Blaud a pu dire que beaucoup de ces coquilles terrestres ont plus d'affinités avec la faune de l'Afrique et de l'Asie qu'avec celle de l'Amérique du Sud. Ainsi, le genre Bulimus, si développé sur ce dernier continent, ne se trouve qu'à Sainte-Lucie et manque au reste de l'archipel. Insectes. Les insectes des Antilles sont nombreux. Les Coléoptères comptent peu de Carabidés. Les Buprestes ont 15 genres dont un seul est spécial (Tetragonostoma), mais ce sont les Longicornes qui semblent le mieux représentés par 40 genres dont 15 particuliers à ces îles. Les Prionidae sont surtout nombreux, les genres Stenodontes, Dendroblaptus, Prosternodes, Solenoptera et Elateropsis étant propres à la sous-région qui nous occupe, et Monodesmus ne se retrouvant qu'en Afrique et en Inde . Les Cerambycidae ont 16 genres, dont près de la moitié sont spéciaux (Merostenus, Pentomacrus, Eburfola, Bromiades, Trichrous, Heterops,Paecciloderma). Les Lamiidae comptent 14 genres, dont Proecha et Phidola sont confinés à Cuba. Spalacopsis se trouve à Cuba, au Brésil et en Afrique; Lagocheirus aux Antilles, au Brésil et en Australie, et Leptostilus dans les deux Amériques, aux Antilles et en Nouvelle-Zélande. Ces genres erratiques, à distribution en apparence si anormale, ont probablement été primitivement cosmopolites. Les Lépidoptères sont assez pauvrement représentés aux Antilles. Un seul genre des Nymphalidés (Lucinia) étant propre aux Antilles et trois autres (Clothilda, Kricogonia et Calisto). Il paraissant avoir leur centre de dispersion dans ces îles, mais se retrouvant sur le continent. Les Satyridés (auxquels appartient Calisto) sont très rares et les Erycimdés font totalement défaut. Arachnides. Parmi les Arachnides, il faut signaler l'énorme Mygale aviculaire qui se trouve à Cuba et probablement dans d'autres îles comme sur le continent. - Porto Rico et les Petites Antilles depuis l'espace. Source : Nasa. Paléontologie On a trouvé sur plusieurs points (notamment à Cuba et à l'île Anguilla, une des petites Antilles, au Nord de Saint-Martin), des débris de Mammifères de grande taille appartenant évidemment à l'époque tertiaire. Ceux de Cuba ont été déterminés par F. de Castro (1865), qui prétend y avoir reconnu les genres Hippopotames (?), Equus (Cheval) et un Edenté voisin du Megalonyx. Ces débris seraient de l'époque pliocène et quaternaire et Castro en induisit qu'à cette époque l'île de Cuba était reliée au continent américain, tandis qu'aux époques antérieures (miocène inférieur et éocène supérieur) l'île était couverte par la mer. (Gerville-Réache / E. Trouessart). | |