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Paraguay
Republica del Paraguay

23 00 S, 58 00 W
Le Paraguay est un Etat enclavé d'Amérique du Sud, situé à cheval sur la rivière de ce nom, au centre du continent, entre le Brésil au Nord et à l'Est, l'Argentine au Sud et à l'Ouest, la Bolivie au Nord-Ouest.
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Carte du Paraguay.
Carte du Paraguay. Source : The World Factbook.
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Le Paraguay une république constitutionnelle de 406 750 km², divisée administrativement en 17 départements (departamentos; singulier : departamento) and une ville capitale, Asuncion. Les autres villes importantes sont : Villarrica, Corolel Oviedo, Caaguazu, Encarnacion. La population totale est de 7,5 millions d'habitants (2025).

Les 17 départements du Paraguay

Alto Paraguay
Alto Parana
Amambay
Boqueron
Caaguazu
Caazapa
Canindeyu
Central
Concepcion
Cordillera
Guaira
Itapua
Misiones
Neembucu
Paraguari
Presidente Hayes
San Pedro

Géographie physique du Paraguay

Deux grandes régions.
Le Paraguay comprend deux régions distinctes,  la Région Orientale (à l'est du fleuve), entre le Parana et le rio Paraguay, et la Région Occidentale, aussi appelée le Chaco (à l'ouest du fleuve). 

Région orientale.
La Région Orientale, où vit la majorité de la population, se compose de collines, de forêts, de vallées fertiles et de plateaux. Elle est une extension du plateau brésilien, avec des altitudes variant entre 200 et 600 mètres. Cette zone présente un relief ondulé et verdoyant, marqué par des sommets modérés comme le cerro Peró ou le cerro Tres Kandú, point culminant du pays à 842 mètres. Les sols y sont riches, rouges et volcaniques, favorables à l'agriculture. Les cours d'eau y sont nombreux et bien distribués, notamment le Paraná, fleuve majeur d'Amérique du Sud, qui forme la frontière avec le Brésil et l'Argentine, et qui accueille plusieurs barrages hydroélectriques, dont celui de Itaipú, l'un des plus puissants au monde.

Les paysages de la Région Orientale alternent entre forêts subtropicales, prairies, terres cultivées et zones marécageuses, comme celles de Ñeembucú au sud. Le climat y est subtropical humide, avec des précipitations abondantes toute l'année, et dépasse fréquemment 1500 mm annuellement, et des températures modérées qui varient de 15 à 35 °C selon la saison. Cette configuration rend cette partie du pays plus hospitalière à l'agriculture, à l'élevage et à l'installation humaine.

Région occidentale (Chaco).
En revanche, la Région Occidentale, ou Chaco paraguayen, représente environ 60 % du territoire national, mais ne compte qu'une faible proportion de la population. C'est une vaste plaine semi-aride, chaude et plate, qui fait partie intégrante du Grand Chaco sud-américain. Cette zone est caractérisée par des terrains alluviaux récents, de faibles pentes, des sols mal drainés et salins, et une végétation dominée par des broussailles épineuses, des forêts sèches et des savanes. Le climat y est tropical semi-aride à subhumide, avec de fortes chaleurs pouvant dépasser 40 °C en été, et une saison sèche marquée. Les précipitations sont irrégulières et varient du nord au sud, entre 400 et 1200 mm par an, ce qui limite fortement les possibilités agricoles.

Le Chaco connaît cependant des zones humides temporaires, avec des marécages appelés esteros, qui apparaissent lors des saisons de pluie. C'est également une zone importante pour la biodiversité, abritant des espèces adaptées à la sécheresse, comme le jaguar, le fourmilier géant, des cervidés, de nombreux oiseaux aquatiques, et une flore xérophile. Cette région est également d'une grande importance écologique et ethnographique, car elle abrite plusieurs communautés indigènes vivant en interaction avec cet environnement difficile.

Hydrographie.
Les systèmes hydrographiques du Paraguay sont dominés par le fleuve Paraguay, qui prend sa source au Brésil, traverse le pays du nord au sud, et se jette dans le fleuve Paraná. Il sert de colonne vertébrale naturelle pour le transport fluvial et l'irrigation. De nombreux affluents l'alimentent, notamment le Pilcomayo à l'ouest (souvent à débit réduit), et le río Apa au nord. Le fleuve Paraná, à l'est, est essentiel non seulement pour l'énergie hydroélectrique, mais aussi pour le commerce, en tant que voie navigable majeure.

L'hydrographie du pays permet le développement de systèmes d'irrigation, de centrales hydroélectriques et d'activités économiques liées à l'eau. Les ressources hydriques sont abondantes, bien que mal réparties, avec des périodes d'inondations dans certaines régions, comme à Asunción et dans les basses terres du Ñeembucú, et des sécheresses fréquentes dans le Chaco.

Climat.
L'ensemble du territoire paraguayen est soumis à une influence subtropicale, avec une alternance de fronts chauds et froids, et des variations saisonnières de précipitations qui influencent fortement les dynamiques agricoles et environnementales. Il n'y  que deux saisons, l'été, d'octobre à mars, et l'hiver, d'avril à septembre. Février est d'ordinaire. Le climat est caractérisé par l'alternance rapide des vents du Nord et du Sud, les premiers humides et chauds, les seconds secs et frais; les variations de température sont brusques, surtout en été. La moyenne à Asuncion est de + 30,9 °C en janvier, 17,7 °C en juin. Il tombe plus de 1 m d'eau par an, la majeure partie dans la saison chaude; la moyenne des beaux jours est de 140 à Asuncion, celle des jours de pluie de 85, des jours d'orage de 46.

La déforestation, notamment dans la Région Orientale, modifie fortement les équilibres hydrologiques et climatiques locaux. Dans le Chaco, l'expansion de l'élevage extensif transforme les paysages semi-naturels en pâturages, mettant sous pression les écosystèmes originels.

Biogéographie du Paraguay

Le Paraguay se situe à la convergence de plusieurs grands écosystèmes sud-américains, si bien que son territoire, relativement modeste en superficie, présente une diversité écologique remarquable.

La Région Orientale, située à l'est du fleuve Paraguay, est la plus humide. Elle fait partie de l'écorégion appelée Selva Paranaense ou forêt atlantique intérieure du Haut Paraná, une des zones de plus grande biodiversité du continent sud-américain. Cette région présente des forêts subtropicales denses, riches en espèces endémiques, bien que fortement fragmentées aujourd'hui par l'agriculture et l'urbanisation. La végétation originelle était composée de forêts à canopée fermée, avec des espèces comme le cèdre (Cedrela fissilis), le lapacho (Handroanthus impetiginosus), le timbó (Enterolobium contortisiliquum) et de nombreuses fougères et lianes. Aujourd'hui, seule une fraction réduite de ces forêts primaires subsiste, surtout dans des zones protégées comme le parc national de Ybycuí ou le parc San Rafael.

La Région Orientale est également parcourue par de nombreuses rivières et marécages, qui abritent une flore aquatique variée, notamment dans les esteros (zones humides saisonnières). Ces zones sont d'une importance capitale pour la biodiversité aquatique et aviaire. Elles servent de refuge à des centaines d'espèces d'oiseaux migrateurs et endémiques, comme l'ibis à face nue, la spatule rosée, ou encore le héron cocoi. La faune terrestre y est diversifiée, bien que menacée : on y trouve encore des cerfs des marais, des capybaras, des tatous, des singes hurleurs, et plusieurs espèces de félins comme le puma ou l'ocelot.

À l'ouest du fleuve Paraguay, le Chaco paraguayen forme une vaste plaine faiblement inclinée, qui s'étend sur environ 60 % du territoire national. Cette région fait partie de l'écorégion du Gran Chaco, une des dernières grandes zones sauvages de l'Amérique du Sud, partagée avec la Bolivie et l'Argentine. Elle est subdivisée en trois zones écologiques : le Chaco sec au nord, le Chaco humide au sud, et une zone intermédiaire centrale.

Le Chaco sec est dominé par une végétation xérophile adaptée aux conditions arides : forêts claires d'arbres épineux, buissons épais, cactus, et une strate herbacée clairsemée. Des espèces comme le quebracho, le palo santo et le chañar y sont communes. Ce milieu accueille une faune spécifique, résistante à la sécheresse : jaguar, tamanoir, fourmilier géant, cerf des pampas, pécari, et de nombreux reptiles. Les oiseaux du Chaco y sont très représentés, notamment les rapaces, les perroquets, les nandous (rheas) et les tinamous.

Le Chaco humide présente des zones inondables de façon saisonnière, avec des savanes herbeuses, des marais et des bosquets d'arbres épars. Ces zones accueillent une biodiversité importante, notamment des amphibiens, des caïmans, des tortues aquatiques, des poissons d'eau douce et des oiseaux aquatiques en grand nombre. Les esteros et les lagunes temporaires sont essentiels pour la reproduction des espèces pendant la saison des pluies.

La diversité écologique du Paraguay est renforcée par l'existence de zones de transition entre ces deux grandes régions. Ces écotones forment des paysages variés où coexistent différentes espèces végétales et animales. La région du Cerrado au nord-est, proche de la frontière brésilienne, présente une mosaïque de savanes arborées, de prairies et de bosquets, partiellement intégrée au système écologique de la savane brésilienne.

La richesse de la biodiversité paraguayenne contraste avec les pressions humaines croissantes : la déforestation rapide, surtout dans la Région Orientale, liée à l'expansion du soja, de l'élevage et de l'exploitation forestière, a réduit de manière drastique les habitats naturels. Le Chaco, longtemps considéré comme une barrière naturelle, connaît lui aussi une accélération de la déforestation, rendue possible par l'ouverture de routes, la conversion de terres au pâturage et l'exploitation agricole mécanisée. Le Paraguay est l'un des pays au monde ayant le plus fort taux de perte forestière proportionnelle à sa superficie.

Des efforts de conservation ont été mis en place, avec, par exemple, la création d'aires protégées, telles que les parcs nationaux de Defensores del Chaco, Teniente Enciso ou Cerro Cora, ainsi que la reconnaissance des terres indigènes comme zones écologiques sensibles. Toutefois, ces politiques restent insuffisamment financées et leur application est inégale.

Le parc national Defensores del Chaco, le plus étendu du Paraguay, s'étend sur les plaines arides du Gran Chaco occidental. Ce vaste territoire, caractérisé par des forêts sèches, des broussailles et des zones marécageuses, abrite une faune résiliente comme le jaguar, l'antilocapre, ou le tatou. Il joue un rôle pivot dans la conservation de cette région semi-désertique et conserve des vestiges historiques liés à la guerre du Chaco (1932-1935).

Le parc Teniente Enciso, situé dans l'est proche de la frontière brésilienne, fait partie des derniers fragments de forêt atlantique du Paraguay. Avec ses cascades, ses rivières comme le Jejui Guasu et ses paysages verdoyants, il offre une biodiversité abondante. On y observe des singes, des tapirs, des oiseaux colorés et des orchidées. Créé pour protéger cette zone fragile, il est idéal pour la randonnée et l'observation de la nature.

Le parc national Cerro Cora, dans le nord-est, allie paysages grandioses et patrimoine historique. Ses plateaux granitiques, ses vallées encaissées et le río Jejui forment un environnement contrasté. C'est là que s'est déroulée la dernière bataille de la guerre de la Triple Alliance (1864-1870), marquée par des monuments commémoratifs. La faune y comprend des toucans, des perroquets, et des espèces menacées comme le puma ou le yacaré.

Géographie humaine du Paraguay

Population.
Le Paraguay possède une population estimée à environ 7,5 millions d'habitants en 2025. La croissance démographique reste modérée, avec un taux de natalité relativement élevé (autour de 20 naissances pour 1000 habitants) par rapport à la moyenne régionale, tandis que le taux de mortalité demeure bas (autour de 5 pour 1000). La population est relativement jeune : l'âge médian se situe aux alentours de 28 ans.

La population paraguayenne est majoritairement urbaine, avec environ 62 % des habitants qui vivent dans des zones urbaines, notamment dans la région de la capitale, Asunción, et ses environs (Área Metropolitana de Asunción), qui concentrent près de 30 % de la population nationale. Cependant, les zones rurales conservent encore un poids important, notamment dans le centre et l'est du pays, où l'agriculture familiale et l'économie informelle restent dominantes.

Malgré une croissance économique stable ces dernières années, la répartition des richesses reste très inégale. Environ un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec de fortes disparités entre zones urbaines et rurales. L'accès à l'éducation, bien qu'en amélioration, demeure limité dans les zones rurales et chez les populations autochtones. Le système de santé publique souffre d'un sous-financement chronique, obligeant une large part de la population à se tourner vers le secteur privé ou à ne pas se faire soigner.

Les structures familiales au Paraguay sont souvent élargies, et les familles monoparentales, surtout dirigées par des femmes, sont fréquentes. Le rôle de la religion catholique reste influent dans la société, bien que les Églises évangéliques et pentecôtistes soient en croissance constante, surtout dans les milieux populaires. Ce contexte religieux renforce des normes sociales parfois conservatrices, notamment en ce qui concerne les rôles de genre et les droits reproductifs.

Les dynamiques migratoires sont également notables : le Paraguay connaît une émigration significative vers l'Argentine, l'Espagne et les États-Unis, principalement pour des raisons économiques. À l'inverse, le pays attire peu d'immigration, bien que des mouvements migratoires régionaux (boliviens, brésiliens, argentins) vers certaines régions agricoles soient observés. Le phénomène de la brasiguayisation, désignant l'installation de colons brésiliens dans l'est du Paraguay, a des implications sociopolitiques importantes, en particulier dans les conflits liés à la terre.

Enfin, la société paraguayenne se caractérise par une forte informalité économique (plus de 65 % de la population active y est impliquée), une centralisation des services et des infrastructures autour d'Asunción, et une faible participation citoyenne dans les processus démocratiques, bien que des mobilisations sociales (étudiantes, indigènes, paysannes) soient de plus en plus visibles ces dernières années.

Quelques-unes des principales villes du Paraguay

Asunción, la capitale, est la plus grande ville du pays et le coeur politique, économique et culturel du Paraguay. Fondée en 1537 par les conquistadors espagnols, elle est l'une des plus anciennes capitales d'Amérique du Sud. Située sur la rive gauche du fleuve Paraguay, elle occupe une position stratégique près de la frontière avec l'Argentine. Asunción concentre les institutions gouvernementales, les sièges des grandes entreprises, les banques, les ambassades et les universités. Son architecture mêle les vestiges coloniaux, les bâtiments modernes et des quartiers résidentiels. Elle abrite également une vie culturelle active avec des musées, des galeries, des centres culturels et des festivals. Toutefois, la croissance urbaine rapide y a entraîné des problèmes de circulation, de pollution, d'inégalités spatiales et de précarité dans certains quartiers périphériques.

Ciudad del Este, deuxième ville du Paraguay en population, est située à l'extrême est du pays, sur la frontière avec le Brésil et l'Argentine, au sein de la triple frontière. Elle constitue un important pôle commercial international, particulièrement connu pour son commerce transfrontalier, parfois informel, d'électronique, de textiles, de parfums et de produits importés. La ville attire de nombreux touristes brésiliens et argentins, ce qui stimule son économie. Elle est également un centre logistique important pour l'accès au barrage d'Itaipú, l'une des plus grandes centrales hydroélectriques au monde, partagée avec le Brésil. Ciudad del Este souffre néanmoins de problèmes de contrebande, de criminalité organisée et d'urbanisation désordonnée, mais elle reste un moteur économique essentiel du pays.

Encarnación, située dans le sud du pays, sur la rive droite du fleuve Paraná face à l'Argentine, est parfois qualifiée de « perle du sud » pour son développement harmonieux, sa propreté et ses projets urbains ambitieux. Ville portuaire et commerciale, elle est également un centre touristique grâce à ses plages aménagées sur le fleuve, ses carnavals réputés et sa proximité avec les missions jésuites du Paraguay, classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Ces dernières font d'Encarnación un pôle d'attractivité culturelle et historique. Elle bénéficie aussi de l'électricité produite par le barrage hydroélectrique de Yacyretá, coadministré avec l'Argentine.

San Lorenzo, faisant partie de la conurbation du Grand Asunción, est l'une des villes les plus densément 

peuplées du pays. Elle joue un rôle éducatif majeur puisqu'elle abrite le campus principal de l'Université nationale d'Asunción, la plus grande institution d'enseignement supérieur du pays. San Lorenzo est aussi un centre commercial et résidentiel dynamique, bien relié à la capitale par des axes routiers et des lignes de transport. Toutefois, elle est affectée par des problèmes de saturation urbaine, de sécurité et de développement anarchique des périphéries.

Luque, également intégrée au Grand Asunción, se distingue par son activité artisanale, notamment la fabrication de guitares, de harpes paraguayennes et de bijoux en filigrane. Elle héberge l'Aéroport international Silvio Pettirossi, principal point d'entrée aérien du pays, ainsi que le siège de la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) et du Comité olympique paraguayen, ce qui lui confère un rôle sportif et logistique important. Luque est une ville en expansion rapide, mêlant zones industrielles, quartiers résidentiels et équipements sportifs modernes.

Pedro Juan Caballero, située au nord-est du Paraguay, sur la frontière avec le Brésil, est la capitale du département d'Amambay. Elle forme une agglomération transfrontalière avec la ville brésilienne de Ponta Porã, ce qui favorise un commerce actif et des échanges culturels intenses. Toutefois, cette situation frontalière expose aussi la ville à des réseaux de trafic, de contrebande et de criminalité transnationale. Elle reste un centre agricole et commercial important pour la région nord.

Villarrica, capitale du département de Guairá, se trouve dans une région vallonnée et fertile du centre-sud du pays. Elle est souvent considérée comme un bastion culturel et intellectuel du Paraguay, connue pour son histoire coloniale, ses institutions éducatives et ses activités artistiques. Elle a conservé un caractère provincial agréable, avec une vie culturelle animée, des traditions religieuses fortes et un tissu urbain relativement bien préservé.

Caaguazú, Capitán Bado, Coronel Oviedo et Concepción sont d'autres villes régionales importantes qui jouent des rôles locaux dans l'administration, l'agriculture, le commerce et l'artisanat. Coronel Oviedo, par exemple, est un carrefour routier majeur reliant les différentes régions du pays, tandis que Concepción, au nord, est un port fluvial traditionnel qui sert de point de distribution pour l'élevage et l'agriculture. 

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Groupes ethnolinguistiques.
Le Paraguay présente une composition ethnolinguistique unique en Amérique latine, dominée par une culture métisse fortement influencée par les peuples autochtones guaranis. L'identité paraguayenne s'est construite historiquement autour de la fusion entre les colons espagnols et les populations indigènes locales, donnant naissance à une majorité métisse, qui représente environ 90 % de la population actuelle. Cette fusion ne fut pas seulement biologique, mais aussi culturelle et linguistique, ce qui explique la centralité du guarani dans la société paraguayenne contemporaine.

Le guarani, langue amérindienne, est parlé activement par plus de 85 % de la population. Il est co-officiel avec l'espagnol depuis la Constitution de 1992 et reste largement utilisé dans la vie quotidienne, y compris dans les milieux urbains, ruraux, médiatiques et même politiques. Ce bilinguisme est particulier au Paraguay : contrairement à d'autres pays d'Amérique du Sud, ici, la langue indigène n'est pas marginalisée, mais intégrée à la vie nationale, souvent sous forme de jopara, un mélange fluide de guarani et d'espagnol. Le guarani est la langue maternelle d'une large majorité de la population rurale, tandis que l'espagnol prédomine dans les communications officielles et dans l'enseignement secondaire et universitaire.

En dehors de ce groupe métis majoritaire, le pays abrite environ 19 groupes ethnolinguistiques autochtones, qui représentent environ 2 % à 3 % de la population totale, mais dont l'importance culturelle et linguistique est bien plus significative. Ces groupes sont répartis en cinq familles linguistiques principales : Guaraní, Maskoy, Mataco-Mataguayo, Zamuco et Guaicurú. Parmi les groupes les plus connus figurent les Ache, les Ava Guarani, les Nivaclé, les Ayoreo, les Enxet, les Sanapaná, les Maká, et les Guaycurúes. Certains d'entre eux vivent dans des communautés très isolées, particulièrement dans la région du Chaco, tandis que d'autres sont présents en périphérie des zones urbaines.

Chacun de ces groupes possède sa propre langue, bien que plusieurs soient aujourd'hui menacées d'extinction en raison de la pression du guarani dominant et de l'espagnol. L'Unesco a classé plusieurs langues indigènes du Paraguay comme étant en danger, telles que le guaná, le manjui ou l'ayoreo, certaines n'ayant plus que quelques dizaines de locuteurs. Les politiques linguistiques de l'État paraguayen tentent aujourd'hui de promouvoir l'éducation bilingue interculturelle dans les populations indigènes, mais les moyens restent limités.

En plus des peuples autochtones, le Paraguay abrite des populations issues de l'immigration européenne, en particulier les mennonites, principalement d'origine allemande, installés dans la région du Chaco depuis les années 1920. Ces communautés ont conservé leur langue, le plattdeutsch (bas allemand), ainsi que l'allemand standard, et vivent dans des colonies semi-autonomes avec leurs propres systèmes éducatifs, religieux et économiques. Leur contribution au développement agricole du Chaco est considérable, mais ils restent relativement fermés sur le plan sociolinguistique.

Parmi les autres groupes immigrés, on trouve des Brésiliens, appelés localement brasiguayos, qui se sont installés dans l'est du pays depuis les années 1970. Ils forment une minorité significative dans les départements de Canindeyú, Alto Paraná et Itapúa. Leur langue principale est le portugais, et leur présence a provoqué des tensions foncières et culturelles, notamment avec les communautés rurales paraguayennes. Ces populations disposent généralement de réseaux commerciaux et éducatifs propres, ce qui contribue à une certaine ségrégation linguistique dans les zones frontalières.

On note aussi la présence plus réduite, mais notable, de communautés d'origine japonaise (notamment à Itapúa), coréenne, libanaise, et chinoise. Ces groupes ont partiellement conservé leurs langues d'origine, mais l'intégration linguistique au guarani et à l'espagnol est rapide dans les générations suivantes.

Culture.
La culture du Paraguay se distingue par une synthèse profonde entre les héritages indigènes guaranis et les apports européens, principalement espagnols, pour former une identité nationale biculturelle et bilingue. 

La musique occupe une place essentielle dans la vie culturelle paraguayenne. Le style le plus emblématique est la guarania, genre musical doux et mélancolique créé dans les années 1920 par José Asunción Flores, habituellement chanté en guarani. La polka paraguaya, plus rapide et joyeuse, est également très populaire, avec des danses associées lors des fêtes communautaires. La harpe paraguayenne, instrument national, est reconnue pour ses sonorités cristallines et sa virtuosité technique. Elle accompagne aussi bien la musique folklorique que les compositions contemporaines.

Dans les arts visuels, le Paraguay possède une tradition artisanale très riche, héritée des techniques guaranies et coloniales. Le ñandutí, dentelle brodée en forme de toile d'araignée, originaire d'Itauguá, est un des symboles les plus forts de l'art textile local. D'autres formes d'artisanat incluent la poterie, la vannerie, les sculptures en bois et les objets en cuir. Ces objets ne sont pas seulement esthétiques, mais ont souvent une fonction rituelle ou utilitaire, témoignant d'un rapport étroit entre art, nature et religion.

Les fêtes et célébrations sont nombreuses et profondément enracinées dans la tradition religieuse catholique, mêlée à des éléments précoloniaux. La Semaine sainte (Semana Santa), Noël, la fête de la Vierge de Caacupé (patronne du pays) sont des moments clés de la vie religieuse et sociale, et rassemblent des milliers de pèlerins. On y retrouve chants, messes, processions, mais aussi gastronomie traditionnelle, comme la chipa, pain au fromage typique préparé en famille. 

La gastronomie paraguayenne reflète elle aussi la fusion culturelle. À base de maïs, manioc, fromage et viandes, elle se distingue par des plats tels que la sopa paraguaya (un gâteau salé à base de farine de maïs et fromage), le mbaipy, la chipa guasu ou encore le soyo, une soupe de viande hachée. Le tereré, infusion froide de yerba mate, est une boisson nationale et un symbole de convivialité sociale. Il se partage dans l'espace public, les familles, les lieux de travail, marquant des moments de pause, de discussion et d'échange.

Le Paraguay est également riche en traditions orales, notamment dans les zones rurales. Les contes, mythes et légendes guaranis – tels que les figures de Karai, Ao Ao ou Jasy Jateré – sont encore racontés et repris dans la littérature contemporaine, les arts visuels ou les dessins animés locaux. Ils expriment des croyances sur la nature, les esprits, les règles de vie en communauté et la relation avec le surnaturel.

Sur le plan institutionnel, la culture paraguayenne souffre d'un certain manque de financement et de visibilité, bien qu'elle connaisse une dynamique nouvelle grâce à l'essor des jeunes artistes, écrivains et cinéastes. Le cinéma paraguayen a gagné en reconnaissance ces dernières annéest. La scène littéraire, quant à elle, reste dominée par des figures comme Augusto Roa Bastos, prix Cervantes et auteur du roman emblématique Yo, el Supremo (Moi, le Suprême, 1974), qui mêle politique, histoire et langage.

La structure sociale paraguayenne reste encore marquée par un fort attachement aux valeurs traditionnelles : respect des anciens, centralité de la famille élargie, rôles genrés relativement conservateurs. Toutefois, de nouveaux mouvements sociaux, féministes, écologistes et indigènes, remettent en question les hiérarchies établies et donnent lieu à une redéfinition progressive de la culture nationale, plus inclusive et ouverte à la diversité.

Enfin, les modes de vie contemporains sont fortement influencés par les échanges avec les pays voisins, notamment l'Argentine et le Brésil, et par l'expansion des technologies numériques, qui diffusent de nouveaux modèles culturels dans les milieux urbains. Cela crée une tension constante entre modernité et tradition, entre mondialisation et enracinement local, qui façonne le paysage culturel du Paraguay aujourd'hui.

Economie.
L'économie du Paraguay repose principalement sur l'agriculture, l'élevage, les exportations de matières premières et l'hydroélectricité. Bien que le pays ait enregistré une croissance économique relativement stable au cours des deux dernières décennies, son développement reste inégal, avec une forte dépendance à des secteurs vulnérables aux aléas climatiques et aux fluctuations des prix internationaux.

L'agriculture et l'élevage représentent environ 20 % du produit intérieur brut (PIB) et emploient près de 25 % de la population active. Le soja est de loin la principale culture d'exportation, faisant du Paraguay le quatrième exportateur mondial de soja. Les autres produits agricoles importants comprennent le maïs, le blé, le coton, le manioc et la canne à sucre. L'élevage bovin, quant à lui, constitue une source majeure de revenus grâce à l'exportation de viande vers des marchés comme le Chili, la Russie, Israël et plus récemment l'Union européenne et la Chine.

L'économie est soutenue par une énergie abondante et bon marché grâce aux barrages hydroélectriques, notamment ceux d'Itaipú (partagé avec le Brésil) et de Yacyretá (avec l'Argentine). Le Paraguay exporte une grande partie de cette énergie à ses voisins, ce qui représente une source de revenus significative et confère au pays un avantage comparatif dans les industries à forte consommation énergétique. Toutefois, la transformation industrielle de cette énergie reste encore limitée, et l'économie demeure largement dépendante de l'exportation de ressources primaires non transformées.

Le secteur secondaire, bien que modeste, est en croissance, notamment dans l'agro-industrie, la transformation alimentaire, le textile et l'assemblage de pièces électroniques dans des zones franches appelées maquilas. Ces dernières attirent des investissements étrangers grâce à un cadre fiscal favorable et une main-d'oeuvre relativement bon marché. Malgré cela, l'industrialisation reste faible, représentant moins de 15 % du PIB, et le pays importe encore une grande partie des biens manufacturés qu'il consomme.

Le secteur tertiaire eprésente près de 60 % du PIB. Il est composé principalement du commerce, des services financiers, de la logistique et de la télécommunication. Le commerce informel, notamment dans les zones frontalières avec le Brésil et l'Argentine, constitue une part significative de l'activité économique, souvent hors du champ fiscal. Le Paraguay possède des zones franches et des centres commerciaux qui attirent des acheteurs étrangers en quête de produits électroniques, textiles ou cosmétiques à bas prix.

Un des traits marquants de l'économie paraguayenne est la forte informalité : plus de 65 % de la population active travaille dans des activités non déclarées, souvent à faibles revenus et sans protection sociale. Cette informalité est à la fois une réponse à la faiblesse de l'État en matière de régulation et un obstacle au développement de structures économiques plus durables. Elle limite la collecte fiscale, freine les politiques publiques et entretient les inégalités socioéconomiques.

Le Paraguay affiche une dette publique relativement contenue (autour de 35 % du PIB), ce qui lui donne une certaine marge de manoeuvre budgétaire. Cependant, les investissements publics sont freinés par une administration peu efficace et des problèmes de corruption. Le système fiscal est parmi les plus faibles d'Amérique latine en termes de pression fiscale (moins de 14 % du PIB), avec une imposition modérée sur les entreprises et les hauts revenus, ce qui limite la capacité de l'État à financer les infrastructures et les services sociaux.

Le commerce extérieur est orienté vers les pays voisins : le Brésil et l'Argentine sont les principaux partenaires, tant pour les importations que pour les exportations. Le Paraguay est membre du MERCOSUR, mais ses marges de négociation sont limitées du fait de son statut de petit acteur au sein du bloc. En outre, les exportations paraguayennes sont encore peu diversifiées, ce qui accroît la vulnérabilité de l'économie aux chocs extérieurs.

Le système financier est relativement stable, avec une banque centrale qui maintient un régime de change flexible et une inflation généralement sous contrôle (autour de 4 à 5 %). Toutefois, l'inclusion financière reste faible, en particulier dans les zones rurales, et l'accès au crédit reste concentré entre les mains de grandes entreprises ou de l'agrobusiness, au détriment des petites et moyennes entreprises.

Enfin, le pays est confronté à des défis structurels importants : forte inégalité dans la répartition des terres (2 % des propriétaires contrôlent plus de 85 % des terres agricoles), faible qualité des infrastructures routières et éducatives, corruption endémique, et faible productivité du travail. Malgré cela, le Paraguay dispose d'un potentiel considérable pour diversifier son économie, notamment à travers l'agriculture durable, le tourisme écologique, la digitalisation des services et l'exploitation plus rationnelle de son capital énergétique.

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