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Cap Vert
Republica de Cabo Verde

16 00 N, 24 00 W
Les ĂŽles du Cap Vert  (Ilhas do Cabo Verde), indĂ©pendantes du Portugal depuis le 5 juillet 1975, sont un groupe d'Ă®les de l'Afrique occidentale, Ă  environ 570 kilomètres au large des cĂ´tes du SĂ©nĂ©gal, et formĂ© de quatorze Ă®les, ce qui reprĂ©sente une superficie totale de 4033 km², avec une population de 550 000 habitants (2023) pour les dix principales, les autres Ă©tant inhabitĂ©es. 

Ces îles sont situées à 750 kilomètres environ à l'Ouest du Cap Vert. Elles sont disposées en deux groupes que l'on nomme Îles du vent (Ilhas de Barlavento) et Îles sous le vent (Ilhas de Sotovento) : le premier comprend les îles de Santo Antão, São Vicente, Santa Luzia, São Nicolão, et les îlots nommés Ilheu Branco et Ilheu Razo; le second est formé des Îles do Sal, Bõavista, Maio, São Thiago et Fogo, avec les Ilheos Seccos et la petite île de Brava.

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Carte des îles du Cap-Vert.
Carte de l'archipel de Cap-Vert. Source : World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géographie physique.
Les îles du Cap-Vert constituent un archipel volcanique. Leur formation est directement liée à l'activité d'un point chaud sous la croûte océanique, ayant donné naissance à des îles d'âges variés, ce qui explique la grande diversité de leurs paysages physiques. Les îles orientales, comme Sal et Boa Vista, sont les plus anciennes et donc les plus érodées; elles se caractérisent par des reliefs bas, des paysages semi-désertiques, des plaines sableuses et des côtes rectilignes, influencées par les vents chargés de sable du Sahara. À l'inverse, les îles occidentales et méridionales (comme Santo Antão, Santiago, Fogo et Brava) sont plus jeunes, avec des structures volcaniques plus récentes et des reliefs beaucoup plus escarpés.

Le relief est dominé par les montagnes d'origine volcanique, souvent très pentues, entrecoupées de vallées profondes et encaissées appelées ribeiras. L'altitude varie considérablement d'une île à l'autre. Le point culminant de l'archipel est le Pico do Fogo, un stratovolcan actif situé sur l'île de Fogo, culminant à 2829 mètres. Cette île est célèbre pour sa vaste caldeira et son cône volcanique central. Santo Antão est également très montagneuse, connue pour ses pics acérés, ses plateaux d'altitude et ses vallées luxuriantes, souvent cultivées en terrasses. Santiago présente des massifs montagneux importants et des plateaux intérieurs. La géologie est principalement composée de basaltes et d'autres roches volcaniques.

Le climat est tropical sec à semi-aride. Il est influencé par la latitude et la proximité du continent africain. Les températures sont chaudes et stables tout au long de l'année. La caractéristique principale est la faiblesse et l'irrégularité des précipitations, concentrées sur une courte période entre août et octobre. Cette variabilité des pluies est une contrainte majeure pour l'agriculture. Les îles et les versants exposés aux alizés (notamment le nord des îles de Barlavento et les montagnes des îles de Sotavento) reçoivent un peu plus de précipitations , ce qui permet le développement d'une végétation plus dense dans certaines vallées d'altitude, souvent marquée par la présence de la bruma, une sorte de brume ou de brouillard qui condense l'humidité. Les îles subissent aussi l'influence de l'harmattan, un vent sec et poussiéreux venu du Sahara, particulièrement présent en hiver.

L'archipel souffre d'une pénurie chronique d'eau douce. Il n'y a pas de rivières permanentes significatives; les ribeiras ne s'écoulent que brièvement après de fortes pluies. Les ressources en eau proviennent principalement de nappes souterraines, limitées, et de manière croissante du dessalement de l'eau de mer, essentiel pour l'approvisionnement urbain et touristique.

Les sols sont majoritairement d'origine volcanique. Ils varient de sols rocheux et minces sur les pentes abruptes à des sols plus profonds dans les vallées et les plateaux. La fertilité est variable et dépend de la disponibilité de l'eau. L'érosion des sols est un problème environnemental majeur, exacerbé par les pentes raides, la déforestation historique et les épisodes de pluies intenses.

Les côtes sont diverses : falaises abruptes dominant la mer, notamment sur les versants exposés aux vents dominants, baies abritées, et de longues plages de sable sur les îles basses et les zones protégées. Les plages de Sal et Boa Vista sont réputées pour leur étendue et leur sable d'origine corallienne ou saharienne.

Parmi les aléas naturels, on relève l'activité volcanique (sur Fogo), une sismicité modérée, des risques d'inondations soudaines dans les ribeiras lors de fortes pluies, mais surtout la sécheresse récurrente (à l'origine, dans la seconde moitié du XXe siècle, d'une forte émigration) et l'érosion des sols, qui dégradent les terres cultivables.

Faune.
La faune des Ă®les du Cap-Vert prĂ©sente un caractère europĂ©en, ou plus exactement palĂ©arctique, et surtout mĂ©diterranĂ©en (analogue Ă  celui du pourtour de la MĂ©diterranĂ©e ou sous-rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne); très peu de ses Ă©lĂ©ments ont un caractère africain (ou Ă©thiopien). Comme dans les autres Ă®les ocĂ©aniques, il n'y a pas de Mammifères indigènes et les Chauves-Souris mĂŞmes, dont plusieurs espèces europĂ©ennes s'avancent jusqu'aux Açores et aux Canaries, font dĂ©faut ici. Les Oiseaux (vingt-trois espèces) sont presque tous d'origine palĂ©arctique (Milvus regalis, Sylvia atricapilla, Corvus corone, Passer salicarius, Columba livia, etc.), ou d'espèces spĂ©ciales Ă  faciès palĂ©arctique (Calamoherpe brevipennis, Ammomames cinctura, Passer jagoensis, Puffinus Edwardsii). Trois espèces seulement se rattachent Ă  la faune africaine (un Martin-PĂŞcheur, Halycon erythrorhyncha, un Epervier, Accipiter melanoleucus, et un Bouvreuil, Pyrrhula nigriceps); ce dernier se retrouve aux Canaries. Un SĂ©nĂ©gali (Estrelda cinerea) et une Pintade (Numida meleagris) ont Ă©tĂ© introduits de la cĂ´te Ouest d'Afrique par la main de l'homme. 

Un grand Lézard de plus d'un demi-mètre de long, voisin des Scinques (Macroscincus Cocteani), ne se trouve plus que sur l'îlot désert de Branco. Les Coléoptères, comme ceux des Canaries et de Madère, ont un caractère franchement européen, méditerranéen ou atlantique; sur 275 espèces, 91 se retrouvent aux Canaries et 81 à Madère; les g. Acalles et Hegeter sont plus spécialement des îles atlantiques, bien que certaines espèces s'étendent jusque dans le Sud de l'Europe. Les Mollusques terrestres indiquent également des rapports étroits entre les quatre archipels atlantiques (Açores, Madère, Canaries, Cap-Vert) : les s.-g. Leptaxis et Hemicycla, sortes de Limaçons (Helix), se retrouvent aux Canaries, et le premier s'étend même à ces quatre groupes d'îles et aux Baléares (Majorque), dans la Méditerranée. (Ch. Vogel / E. Trouessart).

Géographie humaine.
PeuplĂ©es Ă  partir du XVe siècle par les Portugais, les Ă®les ont rapidement vu l'Ă©tablissement d'un système basĂ© sur la traite nĂ©grière et la production agricole (canne Ă  sucre, coton), bien que celle-ci ait toujours Ă©tĂ© prĂ©caire en raison du manque chronique d'eau. Cette pĂ©riode coloniale a créé une sociĂ©tĂ© issue du mĂ©tissage intense entre EuropĂ©ens (principalement Portugais) et Africains (esclaves venus de diverses rĂ©gions cĂ´tières d'Afrique de l'Ouest). Cette mestiçagem ea façonnĂ© la culture, la langue et la composition dĂ©mographique. La population actuelle avoisine les 550 000 habitants, mais cette population rĂ©sidente n'est qu'une partie de la nation cap-verdienne. Une diaspora estimĂ©e Ă  plusieurs centaines de milliers de personnes, voire plus d'un million selon les sources, est dispersĂ©e Ă  travers le monde, notamment en Europe (Portugal, France, Pays-Bas, Italie), en AmĂ©rique (États-Unis, BrĂ©sil) et en Afrique de l'Ouest. Cette Ă©migration massive, historiquement motivĂ©e par les sĂ©cheresses dĂ©vastatrices et le mauvais Ă©tat de l'Ă©conomie, est une caractĂ©ristique fondamentale de la gĂ©ographie humaine de l'archipel; les transferts d'argent  envoyĂ©s par la diaspora reprĂ©sentent une part essentielle de l'Ă©conomie nationale.

La répartition de la population est inégale entre les îles. Santiago, l'île la plus grande et abrite la capitale Praia, et concentre la majorité des habitants, suivie par São Vicente, où se trouve le port historique et centre culturel de Mindelo. Les îles orientales, plus plates et arides (Sal, Boa Vista), ont vu leur population augmenter significativement avec le développement du tourisme international, tandis que les îles montagneuses et volcaniques comme Santo Antão ou Fogo conservent une population plus rurale, qui vit généralement de l'agriculture sur terrasses là où l'eau le permet. L'urbanisation est un phénomène croissant. Les populations rurales migrent vers les centres urbains de Praia et Mindelo en quête d'emplois et de meilleures conditions de vie, ce qui pose des défis en termes de logement, d'infrastructures et d'accès aux services.

La culture du Cap-Vert est un creuset né de la rencontre des influences africaines et européennes, principalement portugaises, sur un archipel isolé au large de l'Afrique de l'Ouest. Cette fusion se retrouve d'abord dans la langue : bien que le portugais soit la langue officielle, le créole cap-verdien (kriolu), avec de légères variantes d'une île à l'autre, est parlé quotidiennement par la grande majorité de la population.

Au-delà de la langue, l'identité cap-verdienne est profondément marquée par des concepts clés comme la sodade, cette mélancolie douce et nostalgique, un désir ardent souvent lié à l'éloignement, à la perte, ou à un passé révolu, et la morabeza, qui incarne l'hospitalité chaleureuse, la convivialité et le rythme de vie détendu. Ces notions traversent et informent de nombreux aspects de la vie et de l'expression artistique.

La musique est sans doute l'exportation culturelle la plus célèbre de l'archipel, portée par des icônes comme Cesária Évora. Les genres principaux incluent la morna, lente et empreinte de sodade, souvent considérée comme l'âme du Cap-Vert ; la coladeira, plus rythmée, joyeuse, voire satirique ; et le funaná, un style plus rapide et énergique, traditionnellement joué à l'accordéon, qui fut historiquement marginalisé mais a connu un renouveau important. Ces rythmes s'accompagnent naturellement de danses variées, du pas lent et sensuel de la morna aux mouvements plus vifs et enjoués du funaná et de la coladeira.

La littérature cap-verdienne est également riche et aborde souvent les thèmes de la migration (une grande partie de la population vit en diaspora), de la sodade, de l'insularité, de l'identité créole et de la lutte pour l'indépendance. Les arts visuels et l'artisanat, bien que moins connus internationalement que la musique, reflètent aussi la vie insulaire, les traditions et les influences culturelles croisées.

La gastronomie s'accorde avec la simplicité et les ressources insulaires. On y note une prédominance de poissons et fruits de mer frais. Le plat national, cuisiné diversement selon selon les îles et les familles, est la cachupa, un ragoût copieux à base de maïs, de haricots et souvent de différentes viandes ou poissons, cuit lentement.

 La religion dominante est le catholicisme, fortement syncrĂ©tique par endroits; il cĂ´toie diverses confessions protestantes et d'autres cultes. 

Le Cap-Vert a opĂ©rĂ© une transition Ă©conomique notable. Historiquement dĂ©pendante d'une agriculture vulnĂ©rable aux caprices du climat (sĂ©cheresses), l'Ă©conomie s'est progressivement tournĂ©e vers les services, avec le tourisme comme moteur principal, notamment sur les Ă®les de Sal et Boa Vista qui attirent un tourisme balnĂ©aire de masse. La pĂŞche est Ă©galement une activitĂ© importante, bien que son potentiel ne soit pas pleinement exploitĂ©. Le secteur des services (commerce, administration, transports) joue un rĂ´le majeur. MalgrĂ© des progrès significatifs depuis l'indĂ©pendance en 1975, le pays reste confrontĂ© Ă  des dĂ©fis de dĂ©veloppement : vulnĂ©rabilitĂ© aux chocs externes (crises Ă©conomiques mondiales, pandĂ©mies affectant le tourisme), raretĂ© des ressources naturelles (eau, terres arables), taux de chĂ´mage, notamment chez les jeunes, et inĂ©galitĂ©s sociales. 

L'amĂ©lioration de l'Ă©ducation et de la santĂ© a Ă©tĂ© une prioritĂ© pour le gouvernement, ce qui a contribuĂ© Ă  une amĂ©lioration des indicateurs de dĂ©veloppement humain. 

L'interaction avec l'environnement est ici particulièrement visible : la gestion de l'eau est un enjeu capital,. Il façonne les pratiques agricoles, les modes de vie et même les dynamiques migratoires; l'aridité et les risques naturels (éruptions volcaniques à Fogo, tremblements de terre) rappellent constamment la fragilité de l'établissement humain face aux contraintes géophysiques

Quelques-unes des principales villes du Cap Vert

• Praia est la capitale du Cap-Vert et la plus grande ville de l'archipel. Située sur l'île de Santiago, elle concentre les fonctions politiques, administratives et économiques du pays. C'est une ville en croissance rapide, avec des infrastructures modernes, un aéroport international, des universités, et un port majeur pour le commerce maritime. Le plateau, centre historique de la ville, combine bâtiments coloniaux, institutions étatiques et marchés populaires. Praia accueille une population cosmopolite, avec une forte influence lusophone, et joue un rôle central dans les échanges culturels, les services publics et les relations internationales du Cap-Vert.

• Mindelo, sur l'île de São Vicente, est la capitale culturelle du pays. Réputée pour son ambiance artistique, sa musique, ses festivals et son architecture coloniale colorée, elle est considérée comme le berceau de la morna, genre musical rendu célèbre par Cesária Évora. Le port de Mindelo est l'un des plus importants de l'Atlantique moyen et un carrefour logistique régional. La ville attire touristes, artistes et intellectuels, notamment lors du carnaval de Mindelo, l'un des plus animés d'Afrique de l'Ouest. Sa baie et son environnement montagneux contribuent à son charme singulier.

• Assomada, également située sur l'île de Santiago, est une ville en plein développement et un centre régional d'éducation et de commerce. Elle abrite des écoles secondaires importantes, un marché central dynamique et l'université de Santiago. Elle est aussi un point de transit stratégique entre Praia et le nord de l'île. Son économie repose sur le commerce agricole, l'éducation et les services. Assomada est également connue pour son ambiance plus tranquille que Praia et son attachement aux traditions rurales capverdiennes.

• Santa Maria, sur l'île de Sal, est une ville balnéaire renommée, particulièrement prisée pour le tourisme. Elle dispose de nombreuses plages de sable blanc, de complexes hôteliers internationaux et d'activités nautiques comme le surf, la plongée et la pêche sportive. L'aéroport international Amílcar Cabral à proximité facilite l'accès à la ville. Santa Maria est un pilier du développement touristique capverdien, avec une urbanisation rapide, des restaurants de cuisine créole et une vie nocturne dynamique, attirant une clientèle internationale en quête de soleil et de détente.

• Espargos, Ă©galement sur l'Ă®le de Sal, est le centre administratif et commercial de l'Ă®le. Moins touristique que Santa Maria, elle abrite de nombreux services publics, des commerces et des Ă©tablissements scolaires. Elle doit son nom aux asperges sauvages qui 

poussaient autrefois dans la région. Espargos est en forte croissance, en partie grâce à la présence de l'aéroport et au développement des infrastructures touristiques sur l'île. C'est aussi une ville de transit pour les travailleurs du secteur hôtelier et des services.

• São Filipe, sur l'île volcanique de Fogo, est perchée au bord d'une falaise surplombant l'océan. Elle conserve une architecture coloniale remarquable, des rues pavées et une atmosphère paisible. La ville est connue pour ses festivités traditionnelles, notamment la fête de São Filipe, et comme point de départ pour l'ascension du volcan Pico do Fogo. L'économie locale est centrée sur l'agriculture, en particulier le café, le vin et les fruits tropicaux cultivés sur les pentes fertiles du volcan. São Filipe est aussi un lieu chargé d'histoire et de culture.

• Tarrafal, au nord de Santiago, est une ville côtière qui attire les visiteurs pour ses plages, sa baie calme et son histoire. Le camp de Tarrafal, tristement célèbre pour avoir servi de prison politique pendant l'époque coloniale portugaise, est aujourd'hui un mémorial et un musée. Tarrafal est également un centre de pêche et de tourisme local. Son climat agréable et ses paysages montagneux en font un lieu recherché pour la détente et les randonnées.

• Cidade Velha, proche de Praia, est la première ville fondée par les Européens en Afrique subsaharienne. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle conserve des vestiges de l'époque coloniale, notamment la forteresse royale, des ruines d'églises, des rues pavées et l'ancien pilori. Autrefois capitale du Cap-Vert et centre du commerce transatlantique, Cidade Velha est aujourd'hui un site touristique et culturel de grande importance, symbole de l'histoire capverdienne.

• Ribeira Grande, sur l'île de Santo Antão, est une ville enclavée dans une vallée luxuriante, entourée de montagnes. Elle est un centre agricole réputé pour la production de canne à sucre, de grogue (alcool local), et de fruits tropicaux. Le relief spectaculaire de la région attire les amateurs de randonnée et de tourisme écologique. Ribeira Grande est aussi un foyer culturel où les traditions rurales sont vivaces.

• Porto Novo, également sur Santo Antão, est le principal port de l'île, assurant la liaison avec Mindelo. La ville, située dans une zone plus aride, s'est développée comme un centre administratif et logistique. Elle joue un rôle crucial dans l'approvisionnement de l'île et accueille des investissements en infrastructures pour soutenir le développement du tourisme et de l'agriculture irriguée.

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