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Le mot Guyane
est une expression géographique qui désigne, dans la partie Nord-Est
de l'Amérique du Sud, cette vaste région
qui s'étend sur la côte entre l'Orénoque
et l'Amazone et qui est limitée dans l'intérieur
par le rio Negro et le Cassiquiare,
canal naturel qui fait communiquer le rio Negro à l'Orénoque, particularité
curieuse à laquelle la Guyane doit de former une île. L' « île » de
Guyane n'est toutefois qu'un bloc compact du continent sud-américain.
Les rivières qui séparent la Guyane du reste
du continent, rivières barrées de chutes (haut rio Negro et moyen Orénoque),
présentent des obstacles infranchissables à la navigation et ne constituent
aucunement une frontière avec les terres voisines absolument identiques,
d'ailleurs. Le Venezuela à l'Ouest, le Brésil
au Sud et les trois Guyanes :
Guyana (ancienne
Guyane anglaise), Surinam (ancienne Guyanne
hollandaise) et Guyane française,
au Nord, se partagent inégalement le territoire de la Guyane.
Côtes et îles
La côte de Guyane,
qui s'étend sur plus de 1500 km, est uniformément plate, sauf entre Cayenne
et l'Oyapock où s'étend une petite chaîne de collines. La côte est
partout basse, bordée d'une lisière de palétuviers de quelques centaines
de mètres de profondeur. La zone des palétuviers couvre à marée
haute et découvre à marée basse; elle n'est interrompue que sur un petit
nombre de points où de petites dunes de sable couvertes
d'une végétation basse arrêtent l'effort de la vague. Sur plusieurs
points, la limite des palétuviers n'est pas absolument fixe tantôt, d'année
en année, la mer gagne, enlevant dans ses fortes marées des hectares
de palétuviers; tantôt elle perd, et des forêts de palétuviers s'établissent
dans son lit abandonné. La mer offre peu de profondeur;
il faut parfois s'éloigner jusqu'à 10 km du rivage pour trouver des fonds
de 5 m. Sur la plus grande partie du littoral,
ce sont des bancs de vase molle qui souvent se déplacent, parfois découverts
à marée basse et finissant par se solidifier, par faire corps avec le
continent qu'ils accroissent. Toutefois, ces modifications du rivage sont
beaucoup moins fréquentes qu'on l'a dit; elles ont assurément besoin
de plusieurs siècles pour modifier d'une façon tant soit peu sensible
le tracé de la côte. Les bons ports sont rares. Cependant, à l'embouchure
de quelques fleuves et sur un petit nombre de points privilégiés, on
trouve quelques bons mouillages avec des fonds de 4 à 6 m à marée basse.
On rencontre très peu d'îles et seulement dans
la partie méridionale où la Guyane française présente deux petits archipels
d'îlots. La seule île importante est celle de Maraca, à quelques kilomètres
au Nord de l'embouchure de l'Amazone.
Orographie
Non loin de l'Amazone, sous le premier degré
de latitude Nord, naissent les montagnes
centrales (plateau de Guyane), désignées dans leur partie orientale sous
le nom générique de Tumuc-Humac (Serra Tumucumaque), et qui ne sont,
là , que de très évanescentes collines. Ce massif, qui répartit les
eaux entre l'océan Atlantique et l'Amazone,
forme un ensemble de reliefs irrégulièrement dessinés, reliefs reliés
entre eux et s'élevant graduellement de l'Est à l'Ouest. A son extrémité
orientale, le plateau de Guyane accuse au plus 400 m; au Sud de la Guyane
française et du Surinam, il s'élève jusqu'à 800 m; au Sud-Est du Guyana,
aux montagnes de la Lune, il atteint 1500 m; au Sud du Venezuela, au mont
Roroïma et à la sierra Pacaraïma, il atteint 2500 m. De nombreux contreforts
perpendiculaires ou parallèles s'étendent sur de vastes étendues, spécialement
sur le versant Nord. La Guyane n'est en réalité qu'un massif montagneux,
bordé de côtes basses, avec de vastes plateaux
dans la région intérieure.
Géologie
La partie centrale et montagneuse est d'éruption
ancienne avec prédominance des granits, des quartz
et des schistes cristallins, et que de vastes
parties du pourtour maritime ou amazonien sont de formation tertiaire ou
d'alluvions quaternaires.
Hydrographie
Les cours d'eau sont
très nombreux; quelques-uns communiquent entre eux par des canaux naturels
dans la partie littorale. Leur caractéristique est d'être pour la plupart
obstrués de chutes. L'Orénoque n'en compte
que deux, celle d'Atures et celle de Maïpures; l'Amazone n'en a pas, mais
le rio Negro en compte une vingtaine dans son
cours supérieur et la plupart des grands affluents, sauf le rio Branco
qui n'en compte qu'un seul groupe important, en sont à chaque instant
barrés. Ces cours d'eau - soit les fleuves du versant Nord : l'Essequibo,
le Corentyne, le Surinam, le Maroni, l'Oyapock et l'Araguary; soit les
affluents de l'Amazone : le Yary, le Parou, le
Trombetas, le Jamunda, le Uatuman, l'Urubu, le rio Branco; soit les affluents
de l'Orénoque : le Caura, le Caroni - roulent tous autant ou plus d'eau
que le Rhône ou le Rhin.
Ils comptent chacun pour l'ordinaire quelques douzaines de chutes, franchissant
par bonds des barrages rocheux de 1 à 20 m de dénivellation. La navigation
fluviale n'est possible qu'au pourtour et encore seulement de l'embouchure
de l'Amazone aux chutes du haut Negro et de l'embouchure de l'Orénoque
à la chute d'Atures. La navigation de l'intérieur reste celle des pirogues
indiennes et des petites embarcations à moteur. Un canot d'une tonne aurait
beaucoup de peine, aux grosses eaux, Ã arriver aux montagnes centrales.
Pendant les deux ou trois mois de grandes sécheresses, les toutes petites
pirogues peuvent seules parcourir les cours d'eau pleins de rochers émergés.
Climat
Le climat de la Guyane offre une moyenne de
28 °C tout le long de l'année, ne dépassant guère 32 °C pendant l'été,
descendant tout au plus à 16 °C dans la fraîcheur des nuits. La saison
hivernale dure à peu près de décembre à juin et la saison estivale
de juin à décembre, mais ces saisons sont loin d'être nettement tranchées;
on constate fréquemment un été de mars de six semaines de durée et,
d'autre part, bien des étés sont passablement pluvieux. La moyenne des
pluies est d'environ 2,50 m à 3 m par an. Les
orages sont rares et les vents peu violents.
Ethnographie
Le pays de Guyane, pour ce qui est de sa population
autochtone, répartit en trois groupes linguistiques (le
langues amérindiennes)
: les Caraïbes, les Tupis, les Ouapichianes. Une foule d'autres tribus
se rattachent plus ou moins à ces trois groupes linguistiques principaux.
Le rameau caraïbe occupe la presque totalité
de la Guyane. Sauf l'espace triangulaire, situé à l'Est du méridien
de Cayenne et la partie moyenne du rio Branco et du rio Negro, on peut
dire, que toute la terre de Guyane ne recèle que des Indiens du groupe
caraïbe. Les tribus caraïbes que les voyages des explorateurs ont le
plus fait connaître sont : les Galibis, sur la côte, entre Cayenne et
Paramaribo; les Roucouyennes, sur les
deux versants des Tumuc-Humac françaises; les Aparaïs, dans le moyen
Parou; les Ouayeoués dans le haut Urubu; les Macouchis et les Yarecunas,
dans les prairies du haut rio Branco ; les Caraïbes dans la partie moyenne
du Guyana et du Surinam.
Le rameau Tupi des Guyanes comprend principalement
deux tribus : les Oyampis, dans la région des sources de l'Oyapock, et
les Emérillons, dans la région des sources de l'Approuague.
Le rameau Ouapichiane comprend : les Ouapichianes
et les Atorradis du haut rio Branco et les débris des Manaos et des Barès
du moyen rio Negro.
Dans la Guyane se sont heurtés les grands
groupes ethniques et linguistiques des deux Amériques
orientales. Les Oyampis parlent presque la même langue que les anciens
Tupis de la baie le Rio de Janeiro et que les Guaranis actuels du Paraguay.
les Galibis, Roucouyennes, Aparaïs, Macouchis et autres Caraïbes modernes
parlent des langues issues de l'ancienne langue caraïbe des
Antilles
et de la Floride. La langue du groupe Ouapichiane
a conservé des affinités avec celles de la Cordillère
des Andes.
(GE). |
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