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Les Viverridés

Les Viverridés sont une famille de Mammifères' Carnivores féliformes. Proches des Félidés (Chats), des Hesperidés (Mangoustes, Suricates), et plus encore des Mustélidés (Belettes, Loutres), dont ils ont la même conformation extérieure, la même agilité, la même voracité; ils en ont, en un mot, tous les caractères physiques et éthologiques; mais ils possèdent à la mâchoire supérieure une molaire de plus que les mustéliens. Ils ont, d'ailleurs, la vraie denture des Carnivores : de petites incisives, des canines fortes, tranchantes, des molaires hérissées en pointe. La colonne vertébrale est formée de trente et une vertèbres, portant treize ou quinze côtes, et la queue compte de vingt à trente-quatre vertèbres. Plusieurs espèces exhalent une forte odeur de musc, provenant d'une substance de nature graisseuse ou huileuse, connue sous le nom de civette; substance que sécrètent les glandes anales et qui s'accumule dans une poche spéciale.
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Viverra tangalunga.
Civette de Malaisie (Viverra tangalunga). 
Photo  : Mike Prince, source : Flickr; licence : Creative Commons.

Les Viverridés ont apparu à la surface de la Terre dans les époques géologiques précédentes. ll est vrai de dire que les ossements fossiles qui en sont le témoignage semblent appartenir à une seule et même espèce.A l'époque actuelle, les Viverridés se montrent sous des types très variés, comme les Mustélidés, mais dans un cercle beaucoup plus restreint que ceux-ci.

Caractères généraux.
La famille des Viverridés présente les caractères suivants : tête allongée, pieds digitigrades ou subplantigrades à quatre ou cinq doigts courts munis d'ongles recourbés, généralement rétractiles. Queue allongée, robuste, quelquefois prenante. Pelage de couleur sombre, généralement marbré de taches noires comme celui des Félidés. La denture, assez variable suivant les genres (Le système dentaire des Mammifères), comprend d'ordinaire deux paires de tuberculeuses en haut et une seule paire en bas, et des prémolaires en nombre variable, suivant la formule suivante :

[i.3/3, c.1/1, pm.3/3 (ou pm.4/4), m.2/2] X 2 = 36 (ou 40 dents).

Dans certains genres (Arctictis) la première prémolaire supérieure est caduque. La carnassière est, comme d'ordinaire, la dernière prémolaire à la mâchoire supérieure : à l'inférieure, c'est la première vraie molaire qui affecte cette forme, d'où résulte qu'on ne trouve qu'une seule tuberculeuse derrière elle. Dans certains genres (Prionodon et Poiana) la deuxième tuberculeuse supérieure manque aussi, ce qui réduit la denture à 38 dents et rapproche ces deux genres des Félidés. La forme des dents est d'ailleurs en rapport avec le régime carnivore, insectivore ou omnivore suivant les genres : hérissées de tubercules aigus chez les espèces insectivores, plus larges et à tubercules émoussés chez les espèces à régime plus ou moins végétal (Artictis). Les prémolaires toujours fortes, pointues, coniques ou tranchantes, conservent ici une importance fonctionnelle beaucoup plus grande que chez les Félidés, et la carnassière varie considérablement de forme, mais diffère toujours beaucoup moins des dents qui la précèdent et la suivent que dans les familles des Canidés et des Félidés.

Par la forme du crâne, les Viverridés, et plus spécialement les Civettes, se rapprochent beaucoup plus des Chats, malgré leur tête allongée, que des Mustélidés et des genres américains désignés autrefois sous le nom de Subursidés ou Petits-Ours, et rangés actuellement dans la famille des Procyonidés, faisant partie des Arctoïdea.

Les caractères extérieurs tels que la rétractilité des ongles, le pelage tacheté, etc., confirment ce rapprochement basé sur des caractères ostéologiques de premier ordre, et le genre Cryptoprocta (Fossa) relie, de ce point de vue, l'une à l'autre les deux familles des Viverridés et des Félidés.

Comme on l'a dit plus haut, la plupart des espèces portent, en avant de l'anus, une glande secrétant un liquide épais doué d'une odeur très forte et désagréable, que l'on recherche cependant pour la parfumerie comme succédané du musc. Cette glande est très développée dans le genre Civette (Viverra) proprement dit. Elle est placée entre l'organe génital et l'anus, dans les deux sexes, et se montre sous forme d'une fente longitudinale donnant accès à deux cavités séparées par une cloison médiane : l'intérieur, plus ou moins velu, est percé de nombreux pores, ouvertures des follicules sécréteurs qui versent dans la cavité la substance onctueuse odoriférante. A une certaine distance, ou lorsqu'elle est très diluée, cette odeur n'est pas plus désagréable que le musc. Elle était également employée, autrefois, comme antispasmodique.
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Genette commune.
Genette commune.

Distribution gĂ©ographique. 
Le cercle de dispersion des Viverridés est assez restreint. A l'exception d'une espèce américaine qui, d'ailleurs, diffère beaucoup des autres, tous habitent l'Ancien continent, et principalement des régions orientale et éthiopienne (y compris Madagascar). Deux espèces seulement vivent dans les régions méridionales de l'Europe (sous-région méditerranéenne qui fait partie de la région paléarctique) et l'une d'elles est absolument confinée en Espagne.

Modes de vie, habitudes et rĂ©gime. 
L'habitat de Viverridés est très varié. Beaucoup se trouvent dans les régions stériles et sèches, dans le désert, dans les steppes, dans les montagnes, ou dans les forêts clairsemées de l'Afrique et de la Haute-Asie; d'autres préfèrent les cantons fertiles, le bord des rivières, les fourrés de roseaux; les uns s'approchent des habitations humaines; les autres s'enfoncent dans l'intérieur des forêts les plus épaisses; ceux-ci vivent sur les arbres, ceux-là ne quittent pas la surface du sol; quelques-uns même vont à l'eau. Des crevasses de rochers, des cavernes, des arbres creux, des terriers qu'ils se creusent eux-mêmes ou d'où ils chassent les propriétaires, des buissons épais, sont leurs lieux de refuge et de repos pendant le jour.

La plupart des Viverridés sont nocturnes; bon nombre d'entre eux, cependant, là surtout où l'humain ne vient pas les déranger, chassent durant le jour. Presque tous sont remarquables par la vivacité de leurs mouvements. Les premiers marchent en appuyant sur le sol toute la plante des pieds; les autres sont de vrais digitigrades, à plante des pieds couverte de poils. En général, ils grimpent avec une agilité remarquable, et presque tous sont capables de monter sur un arbre incliné. Leurs sens, surtout la vue, l'ouïe et l'odorat, sont très développés.

Ils sont on ne peut mieux organisés pour la rapine. Tous pratiquent le brigandage au plus haut degré; tous attaquent les animaux qu'ils peuvent espérer de vaincre. Leur nourriture habituelle consiste en petits Mammifères, en Oiseaux, en oeufs, en Reptiles; beaucoup se nourrissent aussi de Poissons et de Crustacés. L'agilité et le courage que quelques-uns déploient, à l'instar de leurs proches parents les Mangoustes et les Suricates, en combattant les Serpents venimeux les ont rendus célèbres chez tous les peuples depuis la plus haute antiquité, et ont donné lieu aux légendes les plus surprenantes.

Les Viverridés rôdent sans cesse dans leur domaine, ils inspectent chaque fente, chaque crevasse; parcourent chaque champ; fouillent chaque taillis, chaque fourré de roseaux, dans l'espérance d'y trouver une proie. Au repos, ils se couchent ordinairement roulés en boule, dans un lieu tranquille et silencieux, généralement là où le jour les a surpris, car bien peu ont une retraite fixe.

Leur voix est tantôt un grognement sourd et rauque, tantôt un sifflement aigu sur une seule note, tantôt un cri d'anxiété.

Chez tous les Carnivores, le nombre des petits par portée varie beaucoup. Ces variations, pour les Viverridés, sont de un à six. La mère témoigne beaucoup d'attachement à sa progéniture; chez quelques espèces, le mâle lui donne aussi des soins.

Classification des Viverridés

La famille des Viverridés comprend quatre sous-familles entre lesquelles se distribuent 16 genres; soit au total plus de 30 espèces, dont près de la moitié sont rangées, dans le langage ordinaire, dans le groupe des Genettes-:
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Paradoxurinés Paradoxurus (3 espèces de Civettes palmistes), Arctictis (A. binturong = Binturong), Arctogalidia (A. trivirgata = Civette palmiste à trois bandes), Macrogalidia (M. musschenbroekii = Civette palmiste des Célèbes), Paguma (P. larvata= Civette palmiste à masque).
Hemigalinés Chrotogale (Ch. owstoni = Civette palmiste d'Owston), Cynogale (C. bennettii = Civette-loutre de Sumatra), Diplogale (D. hosei = Civette de Hose), Hemigalus (H. derbyanus = Civette palmiste à bandes).
Prionodontinés Prionodon (P. lisang = Civette à bande ou Linsang rayé, espèce proche des Félidés, tend aujourd'hui à être rangée hors de la famille des Viverridés).
ViverrinĂ©s Viverra (Civettes proprement dites, 4 espèces), Civettictis (C. civetta= Civette africaine), Viverricula (V.  indica  =  Petite Civette ou Rasse); Poiana (2 espèces africaines : les Poyanes);

Genettes aquatiques : Genetta (14 espèces) et Osbornictis (O. piscivora = Genette piscivore), 

Les Paradoxurinés.
La sous-famille des ParadoxurinĂ©s comprend des espèces Ă  moeurs, en gĂ©nĂ©ral, plus franchement arboricoles et omnivores que celles des autres ViverridĂ©s. Toutes sont plantigrades et la queue très forte est souvent prĂ©hensile. Les dents, en nombre variable suivant les genres, indiquent un rĂ©gime omnivore. 

Arctictis.
Le genre Binturong (Arctictis ou Ictides), type de ce premier groupe, n'a que 36 dents assez faibles (deux paires de prémolaires seulement à la mâchoire supérieure), et les tubercules de ces dents sont émoussés, ce qui indique un régime en grande partie végétal. L'unique espèce (le Binturong, Arctictis ater F. Cuvier ou Arctictis biturong) est un animal allongé, bas sur pattes, ayant cinq doigts à tous les membres munis d'ongles comprimés, non rétractiles, propres à grimper : le corps a 60 cm de long, et la queue, plus longue que le corps (65 cm), est robuste et fortement prenante. La tête est plus courte que celle des autres Viverridés et les oreilles sont pénicillées. Le pelage, assez long, est noirâtre tiqueté de gris surtout à la tête, quelquefois avec le front blanc. A part la queue, cet animal rappelle assez les petites espèces d'Ours, et il a les mêmes moeurs. Il vit sur les arbres, est nocturne et se nourrit de fruits, d'Insectes, d'Oiseaux et d'autres petits animaux. Il existe une glande anale. Le Binturong habite le Népal, l'Assam (Nord-Est de l'Inde), la Birmanie, Thaïlande, la presqu'île de Malaisie et les îles indonésiennes de Java et Sumatra

Paradoxurus.
Les Paradoxures (Paradoxurus) se rapprochent davantage des Civettes, mais ils ont la queue prenante ou du moins volubile, et sont plantigrades. Leurs dents, Ă  tubercules Ă©moussĂ©s comme dans le genre prĂ©cĂ©dent, mais plus fortes, au nombre de 40, indiquent un rĂ©gime omnivore. Ils ont une glande anale. Les espèces très nombreuses de ce genre habitent l'Inde avec le Sri Lanka, le Vietnam, l'IndonĂ©sie, les Philippines, le Sud de la Chine et l'Ă®le de Taiwan, c.-Ă -d. la rĂ©gion orientale, et ce qui est plus remarquable, deux ou trois espèces s'Ă©tendent dans la rĂ©gion australienne jusqu'Ă  Sulawesi, les Moluques et les Ă®les Arou (Sud-Est des Moluques). 
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Paradoxurus niger.
Civette palmiste commune (Paradoxurus hermaphroditus niger).

Le pelage est généralement d'un gris jaunâtre avec des taches brunes ou noires, plus ou moins régulièrement disposées sur le dos et les flancs. Le type est le Musang ou Pougouné, la Marte des Palmiers de F. Cuvier (Paradoxurus hermaphroditus), qui habite le subcontinent indien, le Sri Lanka et la Malaisie. C'est un animal de la taille du Chat dont les yeux, à pupille linéaire, indiquent les moeurs nocturnes. Il vit sur les arbres et particulièrement sur les Palmiers, Se rapprochant volontiers des lieux habités et faisant la chasse aux Oiseaux dont il détruit les oeufs, dévastant les plantations où il recherche les fruits sucrés (bananes, ananas, baies de café, etc.). On l'élève facilement en demi-domesticité, et dans certains pays il remplace les Chats. C'est ainsi qu'il a pu être transporté par les Malais jusque dans les îles au Nord de la Nouvelle-Guinée (Ternate, Amboine, Céram, etc.).

NB : Les Nandinies (Nandinia binotata ou Civettes palmistes africaines) sont une espèce rappelant les Paradoxures, parmi lesquels on les classait autrefois, et que l'on trouve en Afrique (Afrique occidentale, côte de Guinée Ghana, Bénin). On classe aujourd'hui les Nandinies dans une famille distincte (les Nandiniidés) . Ces animaux sont caractérisés par leurs tuberculeuses postérieures très petites et leur carnassière plus tranchante, indiquant un régime plus franchement animal. Le pelage est tacheté comme celui des Paradoxures et la queue est annelée. Les ongles sont à demi-rétractiles.

Nandinia binotata.
Nandinie (Nandinia binotata).

Paguma.
Le genre Paguma, représenté par une seule espèce, la Civette palmiste à masque (P. larvata), se rencontre en Chine. Il est remarquable par son corps très allongé et sa fourrure non tachetée. Elle a la tête noire, les joues, la mâchoire inférieure, la gorge et le cou gris, le reste du corps gris-jaunâtre. Une ligne noire remonte du bout du museau sur le front et va jusqu'à l'occiput; deux autres lignes sont l'une au-dessous, l'autre au-dessus de l'oeil. Les oreilles, le bout de la queue et les pattes sont noirs.

Hemigalinés.
Hemigalus.
Le genre HĂ©migale (Hemigalus Jourdan), de BornĂ©o et de Malacca, est constituĂ© par une espèce unique, la Civette palmiste Ă  bandes (H. derbyanus, H. zebra ou H. Hardwickei), dont les tuberculeuses postĂ©rieures sont au contraire très dĂ©veloppĂ©es et dont l'ensemble indique un rĂ©gime plus omnivore encore que celui des Paradoxures. La queue n'est pas volubile et l'animal semble vivre Ă  terre. Le pelage est fauve, rayĂ© de noir sur la tĂŞte et zĂ©brĂ© transversalement sur le dos. 
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Hemigale Harwickei.
Civette palmiste Ă  bandes (Hemigalus derbyanus).

Cynogale.
Une espèce plus distincte encore par ses habitudes aquatiques constitue le genre Cynogale (Civette-loutre de Sumatra ou Cynogale Bennettii Gray), qui habite Bornéo. C'est un animal qui rappelle la Loutre, ou plutôt le Vison (Mustela lutreola), dont il a les modes de vie, par son corps allongé, peu élevé sur jambes avec les doigts en partie palmés. La queue, assez courte, est touffue. Les dents, au nombre de 40, ont des arrière-molaires très développées, larges et à tubercules arrondis. tandis que les prémolaires aiguës et tranchantes sont en rapport avec le régime en grande partie ichthyophage. C'est le Mampalon des habitants de Bornéo : il est plus grand que les Paradoxures, comparable de ce point de vue aux Civettes proprement dites, et vit au bord des marais et des cours d'eau où il pêche des Poissons et des Crabes, mais il se nourrit aussi d'Oiseaux et grimpe aux arbres comme l'indiquent ses griffes recourbées. Le pelage, assez ras et lustré, est d'un brun cannelle uniforme. La face est garnie, autour du museau et au-dessus des yeux, de poils en moustaches très longs et très raides.

Prionodontinés.
Prionodon.
Les genre Prionodon (que nous continuons de placer ici parmi les ViverridĂ©s, mais que l'on range aussi dans une famille distincte), se rapproche des Poyanes (V. plus bas). Il est caractĂ©risĂ© par sa dentition plus carnassière, comme nous l'avons dĂ©jĂ  dit, que celle des autres ViverridĂ©s. Il n'y a que 38 dents, par suite de la disparition de la seconde tuberculeuse Ă  la mâchoire supĂ©rieure. Les prĂ©molaires et la carnassière sont aiguĂ«s et comprimĂ©es, indiquant un rĂ©gime en grande partie insectivore. Le corps et la tĂŞte sont très allongĂ©s avec la queue longue et cylindrique, les ongles aigus et la pupille linĂ©aire. 

La seule espèce de Prionodons, le Linsang (Pr. lisang) renferme des sous-espèces asiatiques à formes très élégantes, digitigrades, mais à pattes assez courtes, à pelage d'un blanc fauve relevé par de larges taches noires : la queue est annelée. Le Linsang grêle (Pr. l. gracilis) est un animal de la taille de la Genette, mais plus allongé et très gracieux. Il est nocturne, très sanguinaire, fait la chasse aux Oiseaux et dévaste les poulaillers. Les Malais l'appellent « petit tigre » en raison de ces habitudes. Il habite les îles malaises et le Sud de la péninsule Indochinoise. Plus au Nord, dans le Sikkim, le Yunnan et le Népal, il est cède la place au Pr. l. pardicolor dont le pelage, d'un fauve orangé, est marqué de taches noires semblables à celles de la sous-espèce précédente.

Viverrinés.
Les véritables Civettes forment, avec les Genettes, la sous-famille des Viverrinés, dont le régime est plus franchement carnivore, les habitudes plus terrestres que celles des Paradoxures. Ces animaux sont digitigrades, la plante des pieds étant poilue jusqu'à la racine des doigts, et les dents, généralement au nombre de 40, indiquent un régime analogue à celui des Chiens : les tuberculeuses sont fortes mais non émoussées comme celles des Arctictinés, et la carnassière supérieure est plus allongée et plus tranchante. Il y a cinq doigts à tous les pieds, munis d'ongles semi-rétractiles et la queue est droite et non prenante.

Viverra.
Le genre Civette (Viverra) renferme les plus grandes espèces de la famille, assez hautes sur pattes avec la queue conique, large Ă  la base et se terminant en pointe. 

L'espèce la plus commune est le Zibeth (Viverra zibetha ou grande Civette indienne), qui peut ĂŞtre longue de 50 Ă  90 cm, avec la queue  cylindrique; les taches de son pelage sont relativement petites. Le Zibeth habite l'Inde, s'Ă©tendant jusqu'en Chine et Ă  Taiwan d'une part, de l'autre jusqu'Ă  la pĂ©ninsule Malaise. Il fournit une substance odorante analogue Ă  la civette et très recherchĂ©e dans tout l'Orient.

Des espèces plus petites du mĂŞme genre sont les V. tangalunga (Civettes de Malaisie) qui habitent Malacca, BornĂ©o, les Philippines, Sulawesi et Amboine, les Viverra civettina (Civettes de Malabar), de l'Inde et de Sumatra et leurs proche parentes les  Civettes Ă  grandes taches (Viverra megaspila).

Civettictis.
La Civette d'Afrique (Civecttitis civetta) est un animal de la taille d'un Renard, à queue très forte à la base, à pelage gris tacheté de noir avec la queue annelée de cette même couleur. Les poils du dos se hérissent et forment une crinière de couleur noire. C'est un animal nocturne qui fait la chasse aux Oiseaux et grimpe aux arbres pour dénicher les oeufs. Nous avons décrit plus haut la glande anale qui fournit la matière odorante appelée civette. La matière odorante est expulsée par regorgement en fragments demi-solides. Cette espèce habite l'Afrique au Sud du Sahara, s'étendant jusqu'au Zambèze et à l'Ouest jusqu'au Gabon
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Viverra civetta.
Civette africaine (Civettictis civetta).

Viverricula.
La  Viverricula indica (Petite Civette indienne ou Rasse) est la seule espèce du genre Viverricula (Hodgson). Elle ressemble aux Genettes par son corps allongĂ©, vermiforme, Ă  pelage gris-brun avec, de petites taches noires disposĂ©es en rangĂ©es rĂ©gulières sur le dos, et la queue annelĂ©e des mĂŞmes couleurs. Elle est commune dans l'Inde, la pĂ©ninsule Indochinoise, le Sri Lanka et dans la Malaisie, ayant les moeurs du Putois, grimpant aux arbres pour faire la chasse aux oiseaux et s'introduisant la nuit dans les poulaillers, pour Ă©trangler les poules et les canards.
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Rasse (Viverricula indica)
Rasse (Viverricula indica).

On distingue parmi les Viverricula indica la sous-espèce V. i. schlegelii (Pollen), de Madagascar et des Comores, qui, malgré cet habitat éloigné, ressemble beaucoup à la précédente par la taille, la couleur et tous ses caractères.

Genettes aquatiques.
Les Genettes (Genetta) diffèrent des Civettes par leur corps plus allongĂ©, bas sur pattes, vermiforme, le tarse prĂ©sentant une ligne Ă©troite dĂ©pourvue de poils, ce qui indique des habitudes semi-plantigrades. Les dents, en mĂŞme nombre que chez les Civettes, indiquent un rĂ©gime en partie omnivore, en partie insectivore, sans ĂŞtre aussi carnassier que dans le genre Prionodon : les tuberculeuses sont mĂ©diocrement dĂ©veloppĂ©es. Les ongles sont semi-rĂ©tractiles. 
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Genetta tigrina
Genette tigrine (Genetta tigrina), de l'Afrique orientale et méridionale.

Le type de ce genre est la Genette de France ou Genette commune (Genetta genetta ou G. vulgaris), seul représentant de la famille vivant en Europe. Cette espèce se rencontre en France au Sud de la Loire et à l'Ouest du Rhône (départements de Maine-et-Loire, de l'Allier, du Vaucluse, du Gard, etc.). Elle se retrouve en Espagne et dans le nord de l'Afrique, ainsi qu'en Turquie. En Afrique, il y a des endroits où on élève des Genettes dans les maisons, en guise de Chats, pour détruire les Rats et les Souris.

C'est un animal de la taille de la Fouine, mais plus Ă©lancĂ©, Ă  queue presque aussi longue que le corps. Le pelage est gris fauve tachetĂ© de noir avec la queue annelĂ©e. Les taches sont confluentes sur le milieu du dos, de manière Ă  former une ligne noire continue. Il existe une glande anale odorante. 

La Genette habite les localitĂ©s arides et dĂ©sertes oĂą croĂ®t le genĂŞt, d'oĂą lui vient probablement son nom espagnol de Genetta. Il est rare de la voir de jour se glissant entre les pierres et les buissons oĂą la teinte neutre de son pelage lui permet de se dissimuler aux yeux du chasseur. Sa pupille allongĂ©e indique un animal nocturne : elle rampe silencieusement Ă  la recherche des petits Rongeurs, des Oiseaux, des oeufs, des Reptiles et des Insectes dont elle se nourrit. Elle s'Ă©lance d'un bond sur la victime et l'Ă©gorge en un instant : pendant qu'elle la dĂ©vore, son poil se hĂ©risse comme si cette proie pouvait encore se dĂ©fendre. Elle grimpe aux arbres et nage parfaitement. 

Poiana.
Le genre Poiana ne diffère des Linsangs dĂ©crits prĂ©cĂ©demment  (Prionodons) que par ses pattes postĂ©rieures prĂ©sentant une ligne nue comme celle des Genettes : les ongles sont rĂ©tractiles. Les Poyanes ont le pelage des Linsangs et habitent l'Afrique occidentale (golfe de GuinĂ©e, Bioko).
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Linsang (Poiana Richarsonii).
Poyane ou Linsang africain (Poiana Richarsonii).

Paléontologie

De mĂŞme que les deux familles des ProcyonidĂ©s et des MustelidĂ©s (surtout la première), les Viverrides sont encore peu Ă©loignĂ©es du type des Carnivores primitifs reprĂ©sentĂ© par les CrĂ©odontes, et particulièrement des petites espèces de ce groupe (Leptictidae). Les familles actuelles que nous venons de nommer, et qui renferment les Carnivores de petite taille, ont encore entre elles des rapports assez Ă©troits pour que plusieurs genres, appartenant rĂ©ellement par leurs caractères craniens aux ViverrĂ©dĂ©s (Saint-Georges Mivart), aient Ă©tĂ© longtemps placĂ©s parmi les ProcyonidĂ©s (Arctictis), ou rapprochĂ©s des MustĂ©lidĂ©s. 

Les Carnivores de grande taille, au contraire (UrsidĂ©s, CanidĂ©s, FĂ©lidĂ©s), que l'on doit considĂ©rer comme des types très spĂ©cialisĂ©s, s'Ă©loignent par cela mĂŞme beaucoup plus du type primitif des Carnivores. Quant aux Hyènes (HyĂ©nidĂ©s), elles se rattachent plus Ă©troitement aux ViverridĂ©s, et on pourrait les considĂ©rer comme des ViverridĂ©s omnivores qui s'en sont Ă©loignĂ©es par leurs habitudes de commensalisme ou de parasitisme qui les poussent Ă  suivre les grands FĂ©lidĂ©s pour se repaĂ®tre des restes de leur chasse. De mĂŞme le Cryptoprocte de Madagascar et les genres fossiles qui s'en rapprochent. (Alurictis, Pseudaelurus) apparaissent comme intermĂ©diaires aux ViverridĂ©s les plus carnassiers (Prionodon) et aux vĂ©ritables Chats. 

Parmi les genres fossiles, Cynodictis et Cyonodon se placent par leur morphologie entre les Civettes et les Chiens; Stenoplesictis, Plesictis, Lutrictis, etc., entre les Civettes et les Martes (Mustelidés), et Ictitherium Lepthyaena et Hyaenictis entre les Civettes et les Hyènes (Caudry).

Les plus anciens Carnivores que l'on puisse rattacher aux ViverridĂ©s sont de l'Eocène d'Europe (Stenoptesietis et Palaeoprionodon Filhol) et de l'AmĂ©rique du Nord (Didytnictis Cope), mais ce type, qui se rattache directement aux CrĂ©odontes (Leptictidae), semble n'avoir eu qu'une existence Ă©phĂ©mère sur le Nouveau continent, tandis que dans l'autre hĂ©misphère il a survĂ©cu jusqu'Ă  nos jours. Dans les gisements oligocènes d'Europe, Ă  cĂ´tĂ© des Stenoplesictis et Palaeoprionodon, on trouve dĂ©jĂ  de vĂ©ritables Civettes (Viverra augustidens, du Quercy, V. parisiensis de Montmartre, etc.); les genres Palaeomephitis (Joeger) et Palaeobassaris (Pr. de Wurt.) ne diffĂ©rent pas de Viverra et sont du Miocène d'Allemagne; en Asie, le genre apparaĂ®t dans le Pliocène des monts Siwaliks de l'Inde. Les genres Amphictis (Pomel) et Trochictis (Von Meyer) sont du Miocène d'Europe. 
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Paradoxurus hermaphroditus.
Paradoxurus hermaphroditus. 
Source : tontantravel.com.

Le type des Civettes atteint son plus grand dĂ©veloppement dans le Miocène supĂ©rieur du Sud de l'Europe oĂą le genre Ictitherium (Caudry) est reprĂ©sentĂ© Ă  Pikermi, Ă  Baltavar et Ă  Cucuron par une espèce (Ict. hipparionum) de très grande taille, dĂ©passant sous ce rapport les plus grandes Hyènes de l'Ă©poque actuelle, et qui devait attaquer les Antilopes et les Hipparions (EquidĂ©s) si nombreux dans les mĂŞmes gisements. Mais peu après, dans le Pliocène, et sans doute par suite de la concurrence que leur font les grands FĂ©lidĂ©s (Machairodus, etc.) qui viennent d'atteindre leur entier dĂ©veloppement, ces grands ViverridĂ©s prennent l'habitude de se nourrir de cadavres et constituent bientĂ´t le type des Hyènes. C'est ce que prouve l'examen de la denture des genres Lepthyaena et Hyaenictis qui forment intermĂ©diaires entre lctitherium Ă  Hyaena. Les espèces de plus petite taille (Viverra, Prionodon, etc.) ont conservĂ© au contraire les mĂŞmes caractères et les mĂŞmes habitudes Ă  peu de chose près, depuis l'Ă©poque Ă©ocène. (E. Trouessart /  A.-E. Brehm).

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