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Les
Viverridés
sont une famille de Mammifères'
Carnivores
féliformes. Proches des Félidés (Chats), des
Hesperidés (Mangoustes,
Suricates),
et plus encore des Mustélidés (Belettes, Loutres),
dont ils ont la même conformation extérieure, la même agilité,
la même voracité; ils en ont, en un mot, tous les caractères physiques
et éthologiques; mais ils possèdent à la mâchoire
supérieure une molaire de plus que les mustéliens. Ils ont, d'ailleurs,
la vraie denture des Carnivores
: de petites incisives, des canines
fortes, tranchantes, des molaires hérissées
en pointe. La colonne vertébrale est formée
de trente et une vertèbres, portant treize
ou quinze cĂ´tes, et la queue
compte de vingt à trente-quatre vertèbres. Plusieurs espèces exhalent
une forte odeur de musc, provenant d'une substance de nature graisseuse
ou huileuse, connue sous le nom de civette; substance que sécrètent
les glandes anales et qui s'accumule dans une poche spéciale.
- Civette de Malaisie (Viverra tangalunga). Photo : Mike Prince, source : Flickr; licence : Creative Commons. Les Viverridés ont apparu à la surface de la Terre dans les époques géologiques précédentes. ll est vrai de dire que les ossements fossiles qui en sont le témoignage semblent appartenir à une seule et même espèce.A l'époque actuelle, les Viverridés se montrent sous des types très variés, comme les Mustélidés, mais dans un cercle beaucoup plus restreint que ceux-ci. Caractères généraux.
[i.3/3, c.1/1, pm.3/3 (ou pm.4/4), m.2/2] X 2 = 36 (ou 40 dents). Dans certains genres (Arctictis) la première prémolaire supérieure est caduque. La carnassière est, comme d'ordinaire, la dernière prémolaire à la mâchoire supérieure : à l'inférieure, c'est la première vraie molaire qui affecte cette forme, d'où résulte qu'on ne trouve qu'une seule tuberculeuse derrière elle. Dans certains genres (Prionodon et Poiana) la deuxième tuberculeuse supérieure manque aussi, ce qui réduit la denture à 38 dents et rapproche ces deux genres des Félidés. La forme des dents est d'ailleurs en rapport avec le régime carnivore, insectivore ou omnivore suivant les genres : hérissées de tubercules aigus chez les espèces insectivores, plus larges et à tubercules émoussés chez les espèces à régime plus ou moins végétal (Artictis). Les prémolaires toujours fortes, pointues, coniques ou tranchantes, conservent ici une importance fonctionnelle beaucoup plus grande que chez les Félidés, et la carnassière varie considérablement de forme, mais diffère toujours beaucoup moins des dents qui la précèdent et la suivent que dans les familles des Canidés et des Félidés. Par la forme du crâne, les Viverridés, et plus spécialement les Civettes, se rapprochent beaucoup plus des Chats, malgré leur tête allongée, que des Mustélidés et des genres américains désignés autrefois sous le nom de Subursidés ou Petits-Ours, et rangés actuellement dans la famille des Procyonidés, faisant partie des Arctoïdea. Les caractères extérieurs tels que la rétractilité des ongles, le pelage tacheté, etc., confirment ce rapprochement basé sur des caractères ostéologiques de premier ordre, et le genre Cryptoprocta (Fossa) relie, de ce point de vue, l'une à l'autre les deux familles des Viverridés et des Félidés. Comme on l'a dit plus haut, la plupart
des espèces portent, en avant de l'anus, une glande
secrétant un liquide épais doué d'une odeur très forte et désagréable,
que l'on recherche cependant pour la parfumerie comme succédané du musc.
Cette glande est très développée dans le genre Civette (Viverra)
proprement dit. Elle est placée entre l'organe
génital et l'anus, dans les deux sexes, et
se montre sous forme d'une fente longitudinale donnant accès à deux cavités
séparées par une cloison médiane : l'intérieur, plus ou moins velu,
est percé de nombreux pores, ouvertures des follicules sécréteurs qui
versent dans la cavité la substance onctueuse odoriférante. A une certaine
distance, ou lorsqu'elle est très diluée, cette odeur n'est pas plus
désagréable que le musc. Elle était également employée, autrefois,
comme antispasmodique.
Genette commune. Distribution géographique.
Modes de vie,
habitudes et régime.
La plupart des Viverridés sont nocturnes; bon nombre d'entre eux, cependant, là surtout où l'humain ne vient pas les déranger, chassent durant le jour. Presque tous sont remarquables par la vivacité de leurs mouvements. Les premiers marchent en appuyant sur le sol toute la plante des pieds; les autres sont de vrais digitigrades, à plante des pieds couverte de poils. En général, ils grimpent avec une agilité remarquable, et presque tous sont capables de monter sur un arbre incliné. Leurs sens, surtout la vue, l'ouïe et l'odorat, sont très développés. Ils sont on ne peut mieux organisés pour la rapine. Tous pratiquent le brigandage au plus haut degré; tous attaquent les animaux qu'ils peuvent espérer de vaincre. Leur nourriture habituelle consiste en petits Mammifères, en Oiseaux, en oeufs, en Reptiles; beaucoup se nourrissent aussi de Poissons et de Crustacés. L'agilité et le courage que quelques-uns déploient, à l'instar de leurs proches parents les Mangoustes et les Suricates, en combattant les Serpents venimeux les ont rendus célèbres chez tous les peuples depuis la plus haute antiquité, et ont donné lieu aux légendes les plus surprenantes. Les Viverridés rôdent sans cesse dans leur domaine, ils inspectent chaque fente, chaque crevasse; parcourent chaque champ; fouillent chaque taillis, chaque fourré de roseaux, dans l'espérance d'y trouver une proie. Au repos, ils se couchent ordinairement roulés en boule, dans un lieu tranquille et silencieux, généralement là où le jour les a surpris, car bien peu ont une retraite fixe. Leur voix est tantôt un grognement sourd et rauque, tantôt un sifflement aigu sur une seule note, tantôt un cri d'anxiété. Chez tous les Carnivores, le nombre des petits par portée varie beaucoup. Ces variations, pour les Viverridés, sont de un à six. La mère témoigne beaucoup d'attachement à sa progéniture; chez quelques espèces, le mâle lui donne aussi des soins. Classification des ViverridésLa famille des Viverridés comprend quatre sous-familles entre lesquelles se distribuent 16 genres; soit au total plus de 30 espèces, dont près de la moitié sont rangées, dans le langage ordinaire, dans le groupe des Genettes-:-
Les Paradoxurinés.
Arctictis.
Paradoxurus.
Civette palmiste commune (Paradoxurus hermaphroditus niger). Le pelage est généralement d'un gris jaunâtre avec des taches brunes ou noires, plus ou moins régulièrement disposées sur le dos et les flancs. Le type est le Musang ou Pougouné, la Marte des Palmiers de F. Cuvier (Paradoxurus hermaphroditus), qui habite le subcontinent indien, le Sri Lanka et la Malaisie. C'est un animal de la taille du Chat dont les yeux, à pupille linéaire, indiquent les moeurs nocturnes. Il vit sur les arbres et particulièrement sur les Palmiers, Se rapprochant volontiers des lieux habités et faisant la chasse aux Oiseaux dont il détruit les oeufs, dévastant les plantations où il recherche les fruits sucrés (bananes, ananas, baies de café, etc.). On l'élève facilement en demi-domesticité, et dans certains pays il remplace les Chats. C'est ainsi qu'il a pu être transporté par les Malais jusque dans les îles au Nord de la Nouvelle-Guinée (Ternate, Amboine, Céram, etc.). NB : Les Nandinies (Nandinia binotata ou Civettes palmistes africaines) sont une espèce rappelant les Paradoxures, parmi lesquels on les classait autrefois, et que l'on trouve en Afrique (Afrique occidentale, côte de Guinée Ghana, Bénin). On classe aujourd'hui les Nandinies dans une famille distincte (les Nandiniidés) . Ces animaux sont caractérisés par leurs tuberculeuses postérieures très petites et leur carnassière plus tranchante, indiquant un régime plus franchement animal. Le pelage est tacheté comme celui des Paradoxures et la queue est annelée. Les ongles sont à demi-rétractiles.Paguma. Le genre Paguma, représenté par une seule espèce, la Civette palmiste à masque (P. larvata), se rencontre en Chine. Il est remarquable par son corps très allongé et sa fourrure non tachetée. Elle a la tête noire, les joues, la mâchoire inférieure, la gorge et le cou gris, le reste du corps gris-jaunâtre. Une ligne noire remonte du bout du museau sur le front et va jusqu'à l'occiput; deux autres lignes sont l'une au-dessous, l'autre au-dessus de l'oeil. Les oreilles, le bout de la queue et les pattes sont noirs. Hemigalinés.
Civette palmiste Ă bandes (Hemigalus derbyanus). Cynogale.
Prionodontinés.
La seule espèce de Prionodons, le Linsang (Pr. lisang) renferme des sous-espèces asiatiques à formes très élégantes, digitigrades, mais à pattes assez courtes, à pelage d'un blanc fauve relevé par de larges taches noires : la queue est annelée. Le Linsang grêle (Pr. l. gracilis) est un animal de la taille de la Genette, mais plus allongé et très gracieux. Il est nocturne, très sanguinaire, fait la chasse aux Oiseaux et dévaste les poulaillers. Les Malais l'appellent « petit tigre » en raison de ces habitudes. Il habite les îles malaises et le Sud de la péninsule Indochinoise. Plus au Nord, dans le Sikkim, le Yunnan et le Népal, il est cède la place au Pr. l. pardicolor dont le pelage, d'un fauve orangé, est marqué de taches noires semblables à celles de la sous-espèce précédente. Viverrinés.
Viverra.
L'espèce la plus commune est le Zibeth (Viverra zibetha ou grande Civette indienne), qui peut être longue de 50 à 90 cm, avec la queue cylindrique; les taches de son pelage sont relativement petites. Le Zibeth habite l'Inde, s'étendant jusqu'en Chine et à Taiwan d'une part, de l'autre jusqu'à la péninsule Malaise. Il fournit une substance odorante analogue à la civette et très recherchée dans tout l'Orient. Des espèces plus petites du même genre sont les V. tangalunga (Civettes de Malaisie) qui habitent Malacca, Bornéo, les Philippines, Sulawesi et Amboine, les Viverra civettina (Civettes de Malabar), de l'Inde et de Sumatra et leurs proche parentes les Civettes à grandes taches (Viverra megaspila). Civettictis.
Civette africaine (Civettictis civetta). Viverricula.
Rasse (Viverricula indica). On distingue parmi les Viverricula indica la sous-espèce V. i. schlegelii (Pollen), de Madagascar et des Comores, qui, malgré cet habitat éloigné, ressemble beaucoup à la précédente par la taille, la couleur et tous ses caractères. Genettes
aquatiques.
Genette tigrine (Genetta tigrina), de l'Afrique orientale et méridionale. Le type de ce genre est la Genette de France ou Genette commune (Genetta genetta ou G. vulgaris), seul représentant de la famille vivant en Europe. Cette espèce se rencontre en France au Sud de la Loire et à l'Ouest du Rhône (départements de Maine-et-Loire, de l'Allier, du Vaucluse, du Gard, etc.). Elle se retrouve en Espagne et dans le nord de l'Afrique, ainsi qu'en Turquie. En Afrique, il y a des endroits où on élève des Genettes dans les maisons, en guise de Chats, pour détruire les Rats et les Souris. C'est un animal de la taille de la Fouine, mais plus élancé, à queue presque aussi longue que le corps. Le pelage est gris fauve tacheté de noir avec la queue annelée. Les taches sont confluentes sur le milieu du dos, de manière à former une ligne noire continue. Il existe une glande anale odorante. La Genette habite les localités arides et désertes où croît le genêt, d'où lui vient probablement son nom espagnol de Genetta. Il est rare de la voir de jour se glissant entre les pierres et les buissons où la teinte neutre de son pelage lui permet de se dissimuler aux yeux du chasseur. Sa pupille allongée indique un animal nocturne : elle rampe silencieusement à la recherche des petits Rongeurs, des Oiseaux, des oeufs, des Reptiles et des Insectes dont elle se nourrit. Elle s'élance d'un bond sur la victime et l'égorge en un instant : pendant qu'elle la dévore, son poil se hérisse comme si cette proie pouvait encore se défendre. Elle grimpe aux arbres et nage parfaitement. Poiana.
Poyane ou Linsang africain (Poiana Richarsonii). PaléontologieDe même que les deux familles des Procyonidés et des Mustelidés (surtout la première), les Viverrides sont encore peu éloignées du type des Carnivores primitifs représenté par les Créodontes, et particulièrement des petites espèces de ce groupe (Leptictidae). Les familles actuelles que nous venons de nommer, et qui renferment les Carnivores de petite taille, ont encore entre elles des rapports assez étroits pour que plusieurs genres, appartenant réellement par leurs caractères craniens aux Viverrédés (Saint-Georges Mivart), aient été longtemps placés parmi les Procyonidés (Arctictis), ou rapprochés des Mustélidés.Les Carnivores de grande taille, au contraire (Ursidés, Canidés, Félidés), que l'on doit considérer comme des types très spécialisés, s'éloignent par cela même beaucoup plus du type primitif des Carnivores. Quant aux Hyènes (Hyénidés), elles se rattachent plus étroitement aux Viverridés, et on pourrait les considérer comme des Viverridés omnivores qui s'en sont éloignées par leurs habitudes de commensalisme ou de parasitisme qui les poussent à suivre les grands Félidés pour se repaître des restes de leur chasse. De même le Cryptoprocte de Madagascar et les genres fossiles qui s'en rapprochent. (Alurictis, Pseudaelurus) apparaissent comme intermédiaires aux Viverridés les plus carnassiers (Prionodon) et aux véritables Chats. Parmi les genres fossiles, Cynodictis et Cyonodon se placent par leur morphologie entre les Civettes et les Chiens; Stenoplesictis, Plesictis, Lutrictis, etc., entre les Civettes et les Martes (Mustelidés), et Ictitherium Lepthyaena et Hyaenictis entre les Civettes et les Hyènes (Caudry). Les plus anciens Carnivores que l'on puisse
rattacher aux Viverridés sont de l'Eocène d'Europe
(Stenoptesietis et Palaeoprionodon Filhol) et de l'Amérique
du Nord (Didytnictis Cope), mais ce type, qui se rattache directement
aux Créodontes (Leptictidae), semble n'avoir eu qu'une existence
éphémère sur le Nouveau continent, tandis que dans l'autre hémisphère
il a survécu jusqu'à nos jours. Dans les gisements oligocènes
d'Europe, à côté des Stenoplesictis et Palaeoprionodon,
on trouve déjà de véritables Civettes (Viverra augustidens, du
Quercy, V. parisiensis de Montmartre, etc.); les genres Palaeomephitis
(Joeger) et Palaeobassaris (Pr. de Wurt.) ne différent pas de Viverra
et sont du Miocène d'Allemagne; en Asie,
le genre apparaît dans le Pliocène des monts
Siwaliks de l'Inde. Les genres Amphictis (Pomel) et Trochictis
(Von Meyer) sont du Miocène d'Europe.
Paradoxurus hermaphroditus. Source : tontantravel.com. Le type des Civettes atteint son plus grand développement dans le Miocène supérieur du Sud de l'Europe où le genre Ictitherium (Caudry) est représenté à Pikermi, à Baltavar et à Cucuron par une espèce (Ict. hipparionum) de très grande taille, dépassant sous ce rapport les plus grandes Hyènes de l'époque actuelle, et qui devait attaquer les Antilopes et les Hipparions (Equidés) si nombreux dans les mêmes gisements. Mais peu après, dans le Pliocène, et sans doute par suite de la concurrence que leur font les grands Félidés (Machairodus, etc.) qui viennent d'atteindre leur entier développement, ces grands Viverridés prennent l'habitude de se nourrir de cadavres et constituent bientôt le type des Hyènes. C'est ce que prouve l'examen de la denture des genres Lepthyaena et Hyaenictis qui forment intermédiaires entre lctitherium à Hyaena. Les espèces de plus petite taille (Viverra, Prionodon, etc.) ont conservé au contraire les mêmes caractères et les mêmes habitudes à peu de chose près, depuis l'époque éocène. (E. Trouessart / A.-E. Brehm). |
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