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L'ouïe

Ouïe (physiologie). - L'un des sens. L'organe qui sert à l'exercice de ce sens est l'oreille; il faut se rappeler sa disposition pour comprendre le peu que nous savons sur les fonctions de ses parties. L'oreille est essentiellement un appareil acoustique destiné à faire parvenir au nerf auditif les vibrations sonores. Le pavillon et le conduit auditif externe jouent le rôle d'un cornet acoustique propre à recueillir les ondes sonores pour les conduire vers le tympan, et en même temps à les renforcer par la résonance de la colonne d'air qu'il renferme. A l'extrémité du conduit auditif, les ondes sonores rencontrent la membrane du tympan, et la mettent en vibration. Savart avait démontré que les membranes tendues vibrent facilement sous l'influence directe des vibrations de l'air, tandis qu'elles ne transmettent leur état vibratoire aux corps solides qu'avec une très faible intensité. Johannes Müller a complété l'interprétation du rôle acoustique de la membrane du tympan en prouvant expérimentalement qu'une membrane tendue conduit mieux les ondes sonores qu'aucun autre corps solide à dimensions limitées, et que celles-ci se transmettent aisément d'une membrane tendue que l'air baigne des deux côtés à des corps solides limités, comme la chaire des osselets de l'oreille. Il résulte de ces principes que la membrane du tympan reçoit des ondes sonores un mouvement vibratoire qu'elle communique sans altération d'intensité à la chaîne des osselets. 

Mais tous les sons n'ont pas besoin d'être transmis avec les mêmes conditions d'intensité; il en est, au contraire, qui exigent la plus exacte transmission de leurs vibrations très peu intenses. C'est pour satisfaire à ces diverses conditions que, par les mouvements de la chaîne des osselets, la membrane du tympan peut se tendre ou se relâcher selon les circonstances. Savart avait pensé que plus la membrane était tendue, plus l'intensité des sons était exactement transmise; mais  J. Müller a montré qu'une petite membrane conduit moins bien le son quand elle est fortement tendue que lorsqu'elle l'est peu; il a montré aussi que lorsqu'on tend fortement la membrane du tympan elle-même, l'ouïe devient plus dure. II faut donc penser que cette membrane se tend pour amortir les sons trop intenses, et se relâche, au contraire, pour mieux Conduire les sons faibles. Ainsi les vibrations aériennes amenées par le conduit auditif externe se communiquent, presque sans altération d'intensité à la membrane du tympan, et par elle à la chaîne des osselets. 

On a pu penser que l'air de la caisse servait à cette transmission; mais J. Müller a nettement établi qu'elle se faisait bien mieux par la chaîne des osselets que par l'air enfermé entre le tympan et les fenêtres de l'oreille interne. La trompe d'Eustache joue ici un rôle important : la caisse a besoin de communiquer sans cesse avec l'air extérieur. Dès que cette communication est interrompue, il n'y a plus équilibre entre la pression de l'atmosphère et celle du gaz contenu dans la caisse, et la membrane du tympan perd sa liberté d'action, se tend fortement dans un sens ou dans l'autre; l'ouïe devient très dure, ou même est entièrement détruite. L'état vibratoire des osselets se transmit à la membrane de la fenêtre ovale, et enfin au liquide que contient le labyrinthe. Là se trouvent les libres terminales du nerf acoustique; elles s'ébranlent aux ondulations du liquide ambiant, et l'impression est ainsi produite pour être transmise au cerveau, et donner lieu à une sensation sonore. 

Chez les animaux l'ouie est un sens d'autant plus développé, que l'animal a plus de dangers à redouter; et à ce point de vue le développement du pavillon de l'oreille, chez les mammifères, est en général un indice de la finesse de l'ouïe. (Ad. F.).

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