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Les Serpents
Ophidiens
 Les Serpents ou Ophidiens constituent un ordre de Reptiles, ou rĂ©unis aux Sauriens (LĂ©zards ,TrigonophidĂ©s,  AmphisbĂ©nidĂ©s, etc.), en raison de caractères communs très nombreux, la sous-classe des Plagiotrèmes ou LĂ©pidosauriens, ou encore Squamates, terme qui a prĂ©valu. Ces caractères communs sont : corps couvert d'Ă©cailles, gĂ©nĂ©ralement imbriquĂ©es, dont chacune coiffe une papille dermique aplatie, et d'Ă©cussons ou de scutelles, plaques juxtaposĂ©es plus Ă©tendues recouvrant les parties moins mobiles, la tĂŞte (plaques polygonales, appelĂ©es frontales, occipitales, nasales, labiales, oculaires selon leur siège) et la face infĂ©rieure du corps (plaques transversales des Serpents); fente anale ou cloacale transversale, derrière laquelle existent, chez le mâle, deux organes copulateurs, poches se dĂ©vaginant au moment de l'accouplement pour former deux pĂ©nis volumineux, couverts de tubercules Ă©pineux; mais tandis que les Sauriens ont quatre pattes, les Serpents en sont dĂ©pourvus; l'Orvet, un Saurien, qui n'a plus de membres visibles, mais seulement des rudiments d'os cachĂ©s sous la peau, et qui progresse par les mouvements d'ondulation du corps, forme la transition aux Ophidiens, chez lesquels on ne trouve plus ni membres, ni ceintures scapulaire ou pelvienne, sauf dans certaines formes (Boa, Python, etc.), oĂą le bassin est rĂ©duit Ă  quelques os isolĂ©s dans la masse musculaire
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Pantherophis guttatus (Serpent des blés).
Mandarine, un Pantherophis guttatus (Serpent des blés), variété Okeetee.

Les Ophidiens se distinguent surtout des autres Reptiles par leur corps flexible, très allongé, cylindrique dans la plus grande partie de son étendue, terminé en arrière de la fente cloacale par une queue conique peu distincte du tronc. La disparition des membres a surtout pour résultat de supprimer la division de la colonne vertébrale en régions : les vertèbres, en général nombreuses, excavées en avant, convexes en arrière, se ressemblent généralement toutes et, sauf l'atlas, portent des côtes qui entourent la plus grande partie de la circonférence et jouent un rôle important dans la locomotion : très mobiles sur les vertèbres, rattachées aux plaques ventrales par des muscles, elles fonctionnent à la manière de béquilles; elles ne manquent qu'aux vertèbres caudales. La tête s'articule au moyen d'un seul condyle avec la colonne vertébrale; le sternum n'existe chez aucun Serpent.

L'un des caractères les plus importants des Ophidiens, c'est l'extrême mobilité de la plupart des os qui forment la boîte cranienne : les deux branches de la mâchoire inférieure sont presque toujours séparées et rattachées au crâne par un pédoncule, os tympanique ou carré, mobile et lié à une autre pièce mobile, l'os mastoïdien, détaché du temporal. Les branches de la mâchoire supérieure ne sont le plus souvent liées à l'os intermaxillaire ou incisif que par des membranes ou ligaments extensibles; même les os ptérygoïdiens et palatins présentent une certaine mobilité. D'ailleurs, les différentes pièces des mandibules sont allongées en forme de baguettes. L'os carré, placé très en arrière, très oblique à l'état de repos, devient presque vertical lors de l'ouverture de la bouche; et l'angle des deux mâchoires est ainsi fortement abaissé et l'ouverture de la bouche considérablement agrandie. Cette extrême dilatabilité de la bouche explique pourquoi les Serpents peuvent avaler des proies plus grandes qu'eux-mêmes. Notons encore que cette dilatabilité arrive à son maximum chez les Serpents venimeux. Les dents, en forme de crochets recourbés en arrière, retiennent solidement la proie introduite dans la bouche. Ces dents peuvent être implantées sur tous les os qui forment la paroi de la bouche maxillaires, prémaxillaires, maxillaires inférieurs, palatins, voilier. Cette diversité d'implantation des dents, leur nombre et leur forme varient beaucoup, et ces différences sont d'une grande importance, car elles fournissent des caractères à la classification des Serpents et coïncident avec la présence ou l'absence de glandes venimeuses.
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Mamba.
Mamba.

La langue, très protractile, assez semblable à celle des Sauriens fissilingues, se termine par un double filet semi-cartilagineux et très mobile; elle constitue un organe de tact et peut-être de dégustation, mais n'est nullement une arme offensive, comme on le croit parfois. L'oesophage est long et extensible, à parois minces, l'estomac ne consiste qu'en une simple dilatation du tube digestif, sorte de sac suivi de l'intestin grêle, peu développé et n'offrant qu'un petit nombre de sinuosités; il n'existe pas de caecum. Le foie, allongé et cylindrique, n'a qu'un seul lobe, et s'étend du coeur jusqu'au pylore, tandis que les reins, également très effilés, sont subdivisés en plusieurs lobes bien distincts. Le pancréas constitue une glande allongée, jaune rougeâtre, liée à la rate, et siège en un point où l'estomac présente une sorte de rétrécissement. Il n'y a pas de vessie urinaire et les uretères présentent seulement un léger renflement avant de se terminer dans un cloaque où débouchent aussi le gros intestin et les canaux déférents ou les oviductes. Les deux pénis sont placés sur les côtés de ce vestibule.

La circulation se fait comme chez les Sauriens et les Chéloniens. Le coeur, placé vers le quart antérieur de la cavité viscérale commune, est formé de deux oreillettes et d'un ventricule incomplètement subdivisé en deux loges, de chacune desquelles part une aorte, et ces deux aortes se réunissent bientôt en une artère abdominale. Les poumons sont très dissymétriques, celui de gauche rudimentaire, parfois presque nul, celui de droite très allongé, communiquant au dehors par une trachée longue et renflée, près de son origine, en une espèce de réservoir aérien. Le larynx, large, est projeté en avant pendant la déglutition longue et laborieuse, ce qui assure l'entrée de l'air même quand la bouche renferme une très grande quantité d'aliments. La respiration est assurée par le jeu des côtes, car il n'y a pas de cavité spéciale pour loger le poumon, et le muscle diaphragme n'existe pas.

"Les yeux semblent dĂ©pourvus de paupières; en rĂ©alitĂ© les deux paupières existent, mais elles sont soudĂ©es l'une Ă  l'autre, formant au-devant de l'oeil un rideau transparent complet" (R. Perrier). 
Cette membrane transparente, disposée comme un verre de montre sur l'orbite, donne une fixité singulière au regard des Serpents. D'après Carns, il y a au-dessous de cette enveloppe, de nature dermique, une sorte de poche qui contient un peu de liquide et qui est plus particulièrement comparable à la conjonctive des mammifères; le liquide qu'elle renferme s'écoule dans le nez par un canal lacrymal. Les narines siègent à l'extrémité ou sur les côtés du museau. L'oreille est beaucoup moins perfectionnée que chez les Sauriens; la columelle existe, mais la caisse du tympan, la membrane tympanique et la trompe d'Eustache sont absentes. Quant à la sensibilité tactile, elle n'existe guère qu'aux lèvres et à l'extrémité de la langue
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Surucucu
Souroucoucou.

Enfin l'encéphale, peu développé, ne remplit même pas la cavité du crâne; les hémisphères et les lobes optiques sont encore bien distincts, mais l'atrophie du cervelet est presque complète.

Les Serpents sont ovipares, et très rarement ovovivipares

« Il y a rapprochement de sexes et intromission des organes mâles, mais ceux-ci ne paraissent pas destinĂ©s Ă  transmettre le sperme et doivent plutĂ´t ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme des instruments de copulation. La fĂ©condation Ă©tant convenablement opĂ©rĂ©e, la femelle pond, au bout d'une pĂ©riode de temps dont la longueur varie suivant les espèces, un grand nombre d'oeufs très volumineux et renfermant chacun un embryon dans un Ă©tat de dĂ©veloppement plus en moins avancĂ©. Toutefois, chez quelques Serpents marins et chez les Vipères, la rupture des enveloppes de l'oeuf s'opère avant la ponte, de sorte que l'animal semble ĂŞtre vivipare (Oustalet). 
Une particularité que présentent les Serpents, c'est que chaque année, et même plusieurs fois par an, ils se dépouillent de la couche épidermique de leur enveloppe cutanée, et cette couche se détache tout entière en conservant l'empreinte exacte de toutes les rugosités, éminences, etc., du derme.
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Couleuvre ŕ collier.
Couleuvre Ă  collier.

Les Serpents sont terrestres ou aquatiques, vivent, soit dans les espaces découverts, soit à l'ombre des bois, parfois arboricoles, soit dans les eaux douces ou dans les mers profondes. Les espèces les plus remarquables par leur taille et leurs couleurs variées appartiennent aux latitudes chaudes. Les espèces terrestres et arboricoles, principalement, tombent dans un état de léthargie particulier à l'entrée de l'hiver dans les régions tempérées, au début de la saison sèche dans les pays tropicaux. Tous les serpents sont carnivores et se nourrissent d'animaux vivants qu'ils étouffent entre les replis de leur corps ou qu'ils tuent par leur venin.

"Chez beaucoup d'Ophidiens, en effet, il existe Ă  la mâchoire supĂ©rieure non seulement des dents ordinaires, recourbĂ©es en crochets, qui agissent Ă  la manière des dents d'une carde pour faire cheminer la proie vers le pharynx, mais encore des dents d'une conformation particulière, marquĂ©es d'un sillon ou traversĂ©es par un canal dont la base communique avec le conduit sĂ©crĂ©teur d'une glande Ă  venin. Ces dents venimeuses, qui constituent pour le reptile des armes offensives et dĂ©fensives, sont, dans toutes les espèces rĂ©ellement dangereuses, implantĂ©es sur l'os intermaxillaire, alors très dĂ©veloppĂ© et susceptible de basculer sur le reste de la mâchoire. Grâce Ă  cette disposition, les crochets peuvent en temps ordinaire ĂŞtre reployĂ©s en arrière et cachĂ©s dans un repli de gencive et, quand il le faut, se dresser subitement et s'enfoncer dans la chair de la victime » (Oustalet). 
Les Serpents possèdent quatre groupes  de glandes salivaires (Alessandrini) : 1° glandes sublinguales; 2° glandes sous-maxillaires ou labiales infĂ©rieures; 3° glandes parotidiennes ou labiales supĂ©rieures; 4° glandes sous-orbitaires. Ce sont les glandes parotidiennes qui chez les Serpents venimeux, sont devenues des glandes Ă  venin; logĂ©es dans la fosse temporale, elles sont formĂ©es de tubes terminĂ©s en cul-de-sac dĂ©bouchant dans un canal excrĂ©teur commun qui se dĂ©verse Ă  la base mĂŞme du crochet; la contraction brusque du temporal et du massĂ©ter au moment de la fermeture de la bouche expulse le venin qui s'Ă©coule le long du sillon ou dans le canal de la dent venimeuse et pĂ©nètre dans la plaie Ă©troite et profonde dĂ©terminĂ©e par le crochet. Chez les Serpents Opistoglyphes, moins dangereux, les dents sillonnĂ©es n'existent que dans le fond de la bouche, et les glandes venimeuses, moins dĂ©veloppĂ©es, peuvent appartenir au groupe des sous-maxillaires. La disposition tubuleuse des dents se rencontre surtout chez les Vipères, les TrigonocĂ©phales et les Crotales, et l'on remarque, en outre, chez ces Reptiles, l'existence, en arrière de la dent principale, de crochets de rechange plus petits et cachĂ©s qui remplacent le crochet principal, lorsque celui-ci vient Ă  se briser dans la morsure, ce qui est très frĂ©quent.
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Crochets d'une vipčre aspic.
Couleuvre de Montpellier.
Rouen : ornementation , au dessus de la porte de la bibliothčque.
Ci-dessus : Crochets d'une vipère aspic. A droite : Couleuvre de Montpellier. 
Au-dessous : Couleuvre lisse.

D'après la loi de Fontana, le venin des Serpents n'en serait pas un pour l'espèce qui le fournit; et l'on dit qu'il n'en est pas un mĂŞme pour des Serpents d'une autre espèce; cette dernière assertion souffre des exceptions, et l'on a constatĂ© que « les serpents venimeux mordent frĂ©quemment les serpents d'espèce diffĂ©rente qu'on place avec eux et les tuent presque toujours » (Brehm-Sauvage). Dans l'envenimation, il y a Ă  distinguer: 1° les symptĂ´mes primitifs ou de blessure (douleur locale avec un faible Ă©coulement sanguin); 2° les symptĂ´mes secondaires (accidents locaux consĂ©cutifs on d'inflammation spĂ©cifique tels que douleur secondaire, engourdissement du membre, abaissement notable de tempĂ©rature et susceptible de se gĂ©nĂ©raliser, taches livides, et souvent lymphangite, abcès, phlegmon, etc., symptĂ´mes gastro-intestinaux avec nausĂ©es, vomissements, selles diarrhĂ©iques, et mĂŞme ictère lĂ©ger; symptĂ´mes typhoĂŻdes plus on moins graves, symptĂ´mes de rĂ©action); 3° s'il n'y a pas eu mort, symptĂ´mes tertiaires, constituant l'envenimation ou l'Ă©chidnisme chronique, avec cachexie, dĂ©notant une altĂ©ration persistante et profonde du sang. Les symptĂ´mes de l'intoxication varient d'ailleurs suivant l'animal qui l'a produite. 

Comme le dit Viaud Grand-Marais, « la diffĂ©rence entre les morsures des Serpents consiste dans leur plus on moins grande lĂ©thalitĂ© et dans la prĂ©dominance de tel on tel symptĂ´me de l'envenimation. Les unes occasionnent d'ordinaire la mort avec des convulsions, les autres avec de la lĂ©thargie. Dans la morsure de certaines espèces, les phĂ©nomènes locaux dominent; chez d'autres, ce sont les symptĂ´mes gĂ©nĂ©raux ; le sang est coagulĂ© ou devenu incoagulable après la mort; il s'Ă©chappe ou non par les muqueuses. Au fond, la maladie est une; elle offre, en effet, tous les passages entre la forme Ă  accidents locaux presque nuls et Ă  troubles paralytiques rapides, portant surtout sur la respiration (ProtĂ©roglyphes, les Najas du moins), et celle oĂą les lĂ©sions, au point d'inoculation, sont très marquĂ©es et les convulsions frĂ©quentes (SolĂ©noglyphes Daboie, Crotales, etc.). Les convulsions peuvent, d'autre part, se montrer sous l'influence du venin de la Cobra, et la somnolence sous celle des venins des VipĂ©riens ou des Crotaliens ». 
Le venin des Serpents, ajouterons-nous, peut être à la fois un poison du sang, un poison du système nerveux et en particulier du sympathique, et un poison du coeur.

Classification.
Parmi les classifications anciennes, mentionnons seulement celle qui divisait les Ophidiens en Serpents non venimeux, Serpents suspects et Serpents venimeux et qui était peu scientifique. En 1853, Duméril et Bibron en proposèrent une autre fondée sur des caractères fournis par le mode d'implantation des dents, leurs formes et leurs dimensions; ce sont les sous-ordres des Opotérodontes, des Aglyphodontes, des Opistoglyphes, des Protéroglyphes et des Solénoglyphes. Plus tard on a réuni les Aglyphodontes.et les Opistoglyphes en un seul groupe, celui des Colubriformes, très naturel, malgré l'inconvénient pratique que présente cette fusion de Serpents parfaitement inoffensifs et de Serpents qui ne sont pas dépourvus de glandes à venin

On connaĂ®t actuellement Ă  peu près 600 espèces de Serpents. L'Europe n'en possède que 26 espèces, qui se rapportent principalement aux couleuvres et aux vipères. Voici la classification que nous adoptons  :
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Colubriformes ColubridĂ©s  Couleuvres :Coluber (Couleuvre verte et jaune), Coronella, Elaphes ou Pantherophis (Couleuvres d'Esculape, Serpents des blĂ©s), Malpolons (Couleuvres de Montpellier), Dispholidus, ThĂ©lotornis, HĂ©tĂ©rodon, Farancia (Couleuvre amĂ©ricaine), Lampropeltis (Serpent royal d'AmĂ©rique du Nord).
Boïdés Boa, Python, Eunecte (Anaconda), Calabaria, Uropeltis, Rhinophis.
Protéroglyphes Elapidés Najas (N. haje L. ou Aspic de Cléopâtre, ou Serpent à lunettes), Cobra royal, Mamba (Serpent des bananiers), Elaps (Serpent corail), Taïpan, Serpent-tigre, Acanthophis.
Hydrophidés Platurus, Aepysurus, Laticauda, Hydrophis, Pelamydrus.
SolĂ©noglyphes VipĂ©ridĂ©s  VipĂ©rinĂ©s :Vipères (Aspic, PĂ©liade, Vipère d'Orsini), CĂ©rastes (Vipères cornues), Bitis  (Vipères gĂ©antes), Causus (Vipères cracheuses),Echis.
Crotalinés : Crotales (Serpents à sonnette, Cascavelles), Sistrures (Petits serpents à sonnette), Fer-de-lance, Mocassins, Souroucoucou, Trimesurus.
Opotérodontes Typhlopoïdes Typhlops, Cephalolepis, Stenostoma.

1° Colubriformes (Colubridés et Boïdés).
GĂ©nĂ©ralement non venimeux, Ă  dents assez nombreuses; au maxillaire supĂ©rieur, dents toutes semblables, coniques, pointues, sans sillon ni canal, sauf chez quelques espèces qui ont la dernière dent de la mâchoire supĂ©rieure cannelĂ©e, et tantĂ´t privĂ©e de glande venimeuse, tantĂ´t en rapport avec le canal excrĂ©teur d'une petite glande Ă  venin. 
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Couleuvre verte et jaune.
Couleuvre verte et jaune.
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Boa constrictor
Anaconda.
Boa constrictor. Anaconda.

2° Protéroglyphes (Elapidés et Hydrophidés).
Serpents venimeux, Ă  grosses dents cannelĂ©es antĂ©rieures et suivies de dents pleines Ă  crochet; dents Ă  crochet sur les palatins et les ptĂ©rygoĂŻdes et sur les mâchoires infĂ©rieures. Propres aux chaudes latitudes et remarquables par la richesse de leurs couleurs. Les serpents marins (HydrophidĂ©s) sont  tous de l'ocĂ©an Indien ou du Pacifique.
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Naja.
Naja.

3° Solénoglyphes (Vipéridés).
Serpents venimeux, les plus spĂ©cialisĂ©s, Ă  tĂŞte triangulaire, Ă©largie en arrière, Ă  queue relativement courte; Ă  la mâchoire supĂ©rieure petite, de chaque cĂ´tĂ© une dent venimeuse ou crochet canaliculĂ©, avec une ou plusieurs dents de remplacement; petites dents Ă  crochet sur le palais et la mâchoire infĂ©rieure; beaucoup de ces Serpents sont vivipares. Ils laissent mourir leur proie envenimĂ©e avant de l'engloutir. 
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Crotale.
Serpent Fer-de-Lance.
Crotale. Fer-de-Lance.

4° Opotérodontes (Typhlopides).
Serpents vermiformes très dĂ©gradĂ©s, de petite taille, Ă  bouche Ă©troite non extensible, Ă  queue très brève ou nulle; dents absentes Ă  l'une ou Ă  l'autre des deux mâchoires, yeux rudimentaires; vie souterraine pareille Ă  celle des Vers de terre ou des CĂ©cilies. Propres aux pays chauds (Afrique du Sud, Antilles, AmĂ©rique du Sud), non venimeux. 

Des serpents et des humains.
Nous avons parlé plus haut des moeurs et de la manière de vivre des Serpents à l'état de liberté. Voici ce qu'on a observé sur les serpents à l'état de captivité. Les anciens Egyptiens apprivoisaient déjà les serpents, surtout les najas, selon le témoignage d'Elien. Les dames de Rome, selon Martial, mettaient des couleuvres autour de leurs bras ou sur leur poitrine pour se procurer une sensation de froid. Suétone nous apprend qu'un serpent apprivoisé venait manger dans la main de Tibère. On sait que les souverains de l'Inde avaient des serpents apprivoisés. D'ailleurs, les serpents s'habituent facilement à la captivité, pourvu qu'ils jouissent d'une chaleur convenable; s'ils sont surpris par le froid en pleine nuit ou pendant la digestion, ils périssent. Les espèces indigènes se conservent moins bien en captivité que les espèces exotiques parce qu'on leur supprime la période d'hibernation. Les najas et les sepedons, surtout privés de leurs crochets venimeux, ne résistent guère; ils se blessent souvent à mort dans leurs mouvements furieux. En général, on peut réunir les serpents d'espèces différentes; s'il s'agit de boas et de pythons, ils s'enroulent les uns, autour des autres ou se glissant sous la même couverture pour avoir chaud; les couleuvres se pelotonnent et s'entortillent en paquets inextricables; les crotales font de même. Il est prudent de ne pas réunir des espèces de taille et de force trop différentes, car les plus faibles finissent toujours par être mangés il y a aussi danger pour les serpents inoffensifs à être mis avec des espèces venimeuses comme nous l'avons dit plus haut.

Quelques espèces, des pythons entre autres, ne se laissent jamais apprivoiser; les serpents venimeux sont gĂ©nĂ©ralement dans le mĂŞme cas. Cependant les charmeurs de serpents arrivent Ă  les dompter. L'art de charmer les serpents est connu en Egypte de toute antiquitĂ©. Il s'agit lĂ  d'ordinaire des najas, des aspics, etc. A cet art paraissent se rattacher les prodiges d'Aaron et des enchanteurs Ă©gyptiens rapportĂ©s par la Bible : la rĂ©putation des enchanteurs Ă©gyptiens Ă©tait certainement très ancienne. Silius Italicus en parle Ă©galement. On voit au musĂ©e du Louvre un vase Ă©gyptien en bronze, reprĂ©sentant un psylle antique enchantant un serpent. 

« De nos jours, les rĂ©cits des voyageurs sont remplis des exploits des enchanteurs de serpents. Ils sont assez communs en Egypte oĂą ils se transmettent leur science de père en fils. A l'aide de certaines conjurations et de certains charmes oĂą il est difficile de dĂ©mĂŞler ce qui est charlatanesque de ce qui est sĂ©rieux, ils font sortir ces reptiles de leurs repaires, ils les manient comme des bĂŞtes tout Ă  fait inoffensives et les dressent mĂŞme Ă  faire de certains tours comme des animaux savants » (Vigoureux). 
Voici ce que raconte Schubert : 
« Au moyen de conjurations de toutes sortes, dans lesquelles ils invoquent les plus grands noms et poussent des cris qui ressemblent au gloussement des poules couveuses, ils (les psylles) parviennent Ă  faire sortir rĂ©ellement les serpents de leurs retraites. MĂŞme quand ils sont cachĂ©s dans des boiseries du plafond ou plus haut dans les entablements des murs, ils tombent soudainement par terre. Le soi-disant charmeur... les saisit alors avec tant de dextĂ©ritĂ© qu'il n'en est jamais blessĂ©, bien que... le reptile soit en pleine possession du venin de ses dents. » 
Vigoureux a lui-mĂŞme constatĂ© ces faits au Caire et ne sait comment les expliquer. Selon Bruce et Forskaal, les psylles, avant d'opĂ©rer, se lavent avec la dĂ©coction de la racine d'une espèce d'Aristoloche analogue Ă  la Serpentaire. Les charmeurs de serpents se rencontrent dans un grand nombre de pays chauds; en Inde ils portent le nom de mallas. Leurs pratiques sont analogues Ă  celles des psylles Ă©gyptiens, la plupart mĂŞlent Ă  leurs conjurations et Ă  leurs jongleries une musique, des modulations sifflĂ©es ou un chant monotone, pendant lesquels les serpents enfermĂ©s dans une boite on une corbeille en sortent pour les tours ordinaires que les charmeurs offrent au public. 

Il est bon de noter que l'aspic, entre autres, peut être mis en état de catalepsie en lui comprimant les muscles de la nuque ou en l'aspergeant d'eau froide. C'est par ce procédé que l'on a tenté d'expliquer la transformation des serpents en bâtons, et la transformation réciproque, opérées par les enchanteurs ou magiciens du pharaon Merneptah devant Aaron.
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Serpent corail.
Serpent corail.

Il nous reste à dire un mot de la fascination que les serpents exercent sur les oiseaux, les petits mammifères, les grenouilles, etc, La fascination est admise par la plupart des auteurs; d'après ceux-ci, les serpents fascineraient les animaux destinés à leur nourriture en les fixant, et cette fixité du regard, accrue par le désir intense qu'elle exprime, de la proie convoitée, pourrait se comparer aux pratiques employées dans l'espèce humaine par les hypnotiseurs lorsqu'ils fixent le sujet qu'ils veulent endormir. Mais la subjugation exercée par les serpents a ceci de particulier, c'est qu'ils exercent une domination toute spéciale sur l'animal visé, au point que ce dernier vient se livrer irrésistiblement. Des auteurs qui passent pour sérieux assurent même que des enfants ont pu se trouver sous le charme de ce regard qualifié de magnétique, qui paralyse en quelque sorte les forces vives de la volonté et de l'intelligence chez eux. (Dr L. Hahn).

Paléontologie.
Rochebrune, dans son catalogue publié en 1880, cite en tout 33 espèces de Serpents, qui, à l'exception du Symoliophis Rochebruni, Sauvage, rencontré dans le Crétacé moyen de la Charente, se répartissent dans les dépôts tertiaires et pléistocènes (Cénozoïque) de l'Europe et de l'Amériqùe du Nord. A cette liste manquent quelques formes décrites par Cope de l'Eocène du Nouveau-Mexique et du Wyoming et du miocène du Colorado et de l'Orégon. Parmi les Serpents fossiles jusqu'à présent connus, dominent sans contredit les types africains; la grande majorité appartient aux Aglyphodontia non venimeux. Le nombre des Serpents venimeux fossiles est très restreint. Ces derniers, qui appartiennent aux genres actuels Vipera, Naja et aux genres éteints Laoophis et Neurodromicus, font partie des familles des Vipéridées, des Crotalidées, des Elapidées ; ils sont des terrains tertiaires d'Europe et des Etats-Unis. Des vertèbres de Coelopeltis insignitus actuel ont été trouvées dans les brèches à ossements pléistocènes du département du Puy-de-Dôme. Les Couleuvres, avec les genres actuels Elaphis, Periops, Coluber et les genres éteints tels que Pylmophis, sont des formations d'eau douce d'Oeningen, de Boon, de Sansans, de Podolie, de Bavière, qui appartiennent à l'époque miocène. A la famille des Tortricidées ou Serpents rouleaux, appartient le genre éteint Scytalophis Rochebrune, des phosphorites du Quercy. Les Serpents des sables ou Erycidées sont représentés dans le Miocène du Gers par Scaptophis qui se rapproche des Eryx actuels, dans le Miocène du Colorado par les genres Aphelophis, Ogmophis, Calamagras décrits par Cope. Les Boas ou Boacidées vivaient, d'après Rochebrune, à l'époque du Miocène de Sansans, la famille est représentée par le genre Bothrophis; d'après Marsh, dans l'Eocène supérieur du Wyoming, par les genres Lithophis et Boavus. C'est à la famille des Pythonidées qu'appartiennent les espèces les mieux connues; parmi celles-ci, il faut citer l'Heteropython euboeicus, duMmiocène de l'Eubée; les Palaeopython sont de l'Eocène supérieur du Quercy; du Paléocène de France et d'Angleterre, on connaît des Vertébrés de grands Pythonides, Paleryx et Palaeophis, représentés par le genre Titanophis dans l'Eocène du New Jersey; le Python molurus actuel a été trouvé dans le Pléistocène des environs de Madras. Comme le note Zittel, « tous les restes de Serpents rencontrés dans les brèches à ossements ou les cavernes pléistocènes d'Europe, des Indes orientales [Inde] et d'Australie appartiennent à des genres qui existent encore actuellement ». (E. Sauvage).
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Vipčre aspic.
Vipère aspic.
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