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Parasitisme

Parasitisme (zoologie, botanique). - Dans le vaste ensemble que constituent les règnes végétal et animal, il est bien peu d'organismes qui n'aient besoin de l'aide ou de la substance d'autres êtres vivants pour entretenir leur existence propre. C'est ainsi que tous les animaux vivent directement ou indirectement aux dépens du règne végétal, et la plupart des plantes utilisent les débris organiques qui constituent l'humus. On ne peut cependant pas dire que les animaux herbivores sont parasites des plantes qu'ils mangent ou les carnivores parasites des herbivores. Les uns et les autres sont des prédateurs, parce qu'ils détruisent l'organisme qu'ils utilisent; quant aux plantes, elles sont holophytes si elles puisent directement leur nourriture dans la matière inorganique, ou saprophytes si elles utilisent les détritus d'autres organismes vivants. On appelle parasite un être qui vit aux dépens d'un autre être sans le détruire, ou tout au moins sans le détruire rapidement. Car il y a bien des cas où les parasites finissent par produire sur l'animal ou la plante attaquée des lésions telles que la vie devient impossible.

Le parasitisme est beaucoup plus répandu dans la nature qu'on ne le croit généralement. Il n'est pas de grand groupe végétal ou animal dont quelques membres ne soient dégradés par le parasitisme et cela même parmi les animaux ou les plantes les plus élevés en organisation. D'autre part, il est des groupes inférieurs voués en entier à la vie parasite. Enfin, il n'est pas une espèce animale ou végétale qui ne donne asile à une en plusieurs espèces parasites. Il y a même des parasites vivant sur des parasites ils peuvent être utilisés pour détruire ceux-ci lorsqu'ils sont nuisibles à l'humain. Parmi les parasites, les uns sont voués exclusivement à la vie sur une espèce déterminée ils périssent s'ils ne la rencontrent pas. D'autres sont moins exclusifs dans leur choix et peuvent vivre indifféremment sur deux ou plusieurs espèces voisines. Enfin, dans le règne végétal comme dans le règne animal, nous rencontrons des parasites à transmigrations, qui ont besoin de séjourner aux différentes phases de leur existence sur deux ou plusieurs hôtes distincts.

Le parasitisme détermine chez tous les organismes qui y sont adonnés des types d'évolution analogues. Tous les organes inutiles disparaissent au fil des générations : l'animal vivant fixé dans un milieu gorgé de sucs nutritifs perd ses organes de mouvement et de préhension, la plante absorbant des produits organiques carbonés n'a plus besoin d'extraire le carbone de l'air : elle perd sa chlorophylle et ses feuilles et prend un aspect jaunâtre caractéristique. En revanche, des organes nouveaux, crampons, suçoirs, etc., se développent souvent et, par une sorte de balancement organique, à l'atrophie des organes végétatifs correspond souvent une hypertrophie, des organes reproducteurs, de sorte que certains champignons, ou certains animaux, les rhizocéphales par exemple, sont finalement transformés en de simples sacs à oeufs.

Le parasitisme chez les végétaux.
Il s'agit ici du parasitisme chez les végétaux, et non des végétaux parasites sur l'humain ou sur les animaux. Nous n'insisterons pas non plus sur les parasites animaux qui attaquent les plantes et déterminent chez elles des maladies, comme par exemple le phylloxera sur la vigne, le doryphore sur les pommes de terre, etc. Ainsi limité, le parasitisme nous apparaît non moins général chez les plantes que chez les animaux, et, comme chez ceux-ci, présente le caractère d'une lutte lente, mais continue. Les phanérogames, ainsi que les cryptogames, fournissent des parasites, mais la pullulation extraordinaire des cryptogames donne au parasitisme des plantes une universalité et une gravité bien supérieures à ce qui s'observe chez les animaux. Les plantes (épidendrées, aroïdées, fougères, lichens, hépatiques, etc.) qui ne demandent à leur porteur qu'un soutien, sont des faux parasites ou des épiphytes. Les vrais parasites sont ou ectophytes (radicicoles, caulicoles, foliicoles, etc.), ou entophytes, ces derniers toujours cryptogames. Une division commode est la suivante : 

Parasites vasculaires ou phanérogames. Parmi ceux-ci, mentionnons la Cuscute, une convolvulacée; le Gui, une loranthacée; les Melampyrum, des rhinantacées, parasites temporaires; les Orobanchées, les Monotropa, le Limodorum abortivum (une orchidacée); puis des Rafflesia, des Cytinées, etc. Les uns ont des feuilles vertes (mélampyres), les autres sont décolorés et n'ont pas de véritables feuilles (orobanche, monotropa, etc.).

Parasites cellulaires ou cryptogames. Le parasitisme des cryptogames est presque universel; tel est le cas des champignons qui sont les uns ectophytes (Erysiplhe ou Oïdium, Erineum, Rhizoctonia, etc.), les autres entophytes, la plupart appartenant aux discomycètes, pyrénomycètes (Ascomycètes), hyphomycètes, urédinées, ustilaginées; il en est de même de certaines algues inférieures, les végétaux se trouvant par exemple envahis par les bactéries tout comme les animaux. Les urédinées sont toutes parasites et envahissent toutes les parties des plantes, mais chaque espèce se développe sur un organe de prédilection. L'Ustilago maidis et la puccinie des graminées se développent indifféremment sur toutes les parties aériennes des plantes. Le polymorphisme des oecidiées, des urédinées, des ustilaginées, etc., est particulièrement intéressant.

Citons en particulier les érysiphées (Oïdium de la vigne, Erysiphe des plantes potagères et d'ornement, Ergot de seigle des céréales), les urédinées, polymorphes, et les pucciniées, qui alternent leur sporification avec les urédinées, de même que les oecidiées; les mucorinées, plutôt saprophytes, c.-à-d. vivant sur des plantes mourantes ou mortes; les péronosporées, dont une espèce constitue le mildew (mildiou) de la vigne, d'autres les maladies des pommes de terre, etc., une enfin la maladie des vers à soie; les mucédinées (Mucor, Aspergillus, etc.), occasionnant les moisissures; les ustilaginées, produisant chez les céréales le charbon, la rouille, etc. 

Commensalisme, mutualisme et parasitisme chez les animaux.
Avant de parler du parasitisme proprement dit, il importe de dire quelques mots du commensalisme et du mutualisme. Ces phénomènes, qui ne relèvent pas du parasitisme, mais en constituent pour ainsi dire un premier degré vers celui-ci, sont très répandus dans le règne animal. On n'en trouve, au contraire, guère d'exemple chez les végétaux, sauf peut-être chez les lichens,  ces plantes consistant en une association d'une algue et d'un champignon qui se rendent des services réciproques (où l'on parle d'ailleurs plutôt de symbiose pour désigner leur relation).

Comme son nom l'indique, le commensal est celui qui s'installe à la table d'un autre être, pour avoir le superflu de ses aliments et en même temps un gîte. Mais le commensal ne rend aucun service à son hôte. Il s'installe tantôt en croupe sur son dos, tantôt à l'entrée de la bouche, au passage des vivres, ou bien à la sortie des déchets. D'autres fois, il se met à l'abri du manteau d'un mollusque, dont il reçoit aide et protection. Tel est le poisson nommé ficrasfer, qui se loge dans le tube digestif d'une holothurie. D'autres petits poissons de la famille des scombéroïdes se fixent dans les cavités de physalies. Le remora se fait transporter par le requin, et vit des déchets de sa table. Parmi les insectes, le commensalisme est très fréquent : il y a toute une faune vivant dans les fourmilières sans rendre de service ni être réellement nuisibles aux fourmis. Mais c'est parmi les crustacés qu'on rencontre le plus fréquemment le commensalisme, comme du reste les autres formes de parasitisme. Nous citerons seulement le pinnothère, qui vit dans les moules; les dromies qui se logent sur une colonie de polypes; les petits crabes qui se font transporter par les tortues marines. Parmi les décapodes macroures, il y a un palémon qui vit sur le corps d'une actinie, un autre dans la cavité branchiale d'un pagure, un autre encore dans l'euplectella aspergillum, une éponge. A côté du pagure et dans la même coquille se loge souvent une annélide du groupe des néréides, en même temps que des peltogaster, des lyriopes et d'autres crustacés; la coquille est souvent recouverte d'une colonie d'hydractinies, de sorte qu'elle représente une vraie nichée de pirates. D'autres crustacés logent dans la cavité buccale de poissons, d'autres sur la peau des baleines (Cétacés). Les mollusques ne comptent que peu d'espèces commensales : notons les entoconches et les eulimes qui logent dans certains échinodermes, les stylines qui s'installent dans un des rayons d'une étoile de mer. La classe des vers ne renferme pas seulement des parasites, mais aussi de vrais commensaux, qui vivent sur des crustacés, des mollusques, des vers, des échinodermes et des polypes. En revanche, chez les échinodermes et les polypes, le commensalisme est fort rare.

Tous les animaux dont nous venons de parler conservent leur pleine et entière indépendance; même lorsqu'ils ont renoncé à leur liberté, ils gardent tout leur attirail de voyage et de pêche. D'autres, au contraire, libres dans le jeune âge, se font plus tard choix d'un hôte, s'y installent et perdent souvent une grande partie de leurs organes. Tels sont certains cirrhipèdes qui couvrent la peau des baleines, d'autres qui vivent sur des langoustes, des pagures, etc., en ne leur empruntant que le support. Mais il y a dans cette famille toutes les gradations entre la vie libre et le plus extrême parasitisme représenté par le groupe des rhizocéphales.

Dans la catégorie des mutualistes, il y a échange de services entre les êtres en présence. On peut dire que les insectes qui favorisent la fécondation croisée des fleurs et qui en reçoivent en échange du nectar vivent avec les phanérogames dans des rapports de mutualisme. On peut également ranger dans ce groupe les animaux qui vivent dans la fourrure des mammifères ou dans le duvet des oiseaux pour enlever aux poils ou aux plumes les débris épidermiques qui les encombrent. Les oiseaux qui nettoient les mâchoires des crocodiles ou ceux qui débarrassent le bétail de ses parasites cutanés rentrent aussi dans cette catégorie. Les poissons hébergent des crustacés qui vivent du produit de leurs sécrétions cutanées. D'autres animaux, d'ordinaire des vers ou des protozoaires, vivent dans le rectum des êtres les plus divers et contribuent à le purifier. On conçoit qu'il y ait là tous les degrés possibles entre le commensalisme, le mutualisme ou le parasitisme vrai, suivant que les matières absorbées sont plus ou moins utiles ou nuisibles à l'hôte sur lequel vit le parasite. 

Enfin, on pourrait, outre ce mutualisme biologique, considérer un mutualisme social observables dans quelques espèces : tels sont les rapports qui s'établissent entre les fourmis et les pucerons ou entre les fourmis guerrières et leurs esclaves. Mais là aussi, suivant l'importance des services demandés, le mutualisme peut se transformer en un vrai parasitisme.

Nous en arrivons enfin au parasitisme vrai. Disons tout de suite qu'il n'existe pas de classe de parasites; les vers, et à un moindre degré les crustacés, ne se distinguent que par un plus grand nombre d'espèces soumises à ce régime. D'autre part, ce ne sont pas les classes les moins élevées en organisation qui fournissent le plus de parasites : il y en a en effet très peu chez les zoophytes, les mollusques et les échinodermes. Enfin le parasitisme n'existe souvent que dans un seul sexe, de préférence le féminin, ou à une époque déterminée de la vie. C'est ce dernier caractère qui nous servira à classer les parasites :

Parasites libres à tout âge. Cette première catégorie comprend tous ceux qui ne sont pas séquestrés et qui vivent aux, dépens des autres sans perdre les attributs et les avantages de la vie vagabonde. Ils se distinguent souvent avec difficulté des prédateurs (carnassiers, oiseaux de proie, etc.); néanmoins on peut ranger parmi eux les vampires, ces chauves-souris de l'Amérique méridionale qui sucent le sang des mammifères endormis. Les hirudinées (sangsues) sont encore plus nettement parasites. Enfin un autre groupe comprend des arthropodes : moustiques, puces, poux, mouches diverses, punaises, acariens de la gale, etc. Tous ces animaux pillent leur proie au passage, se nourrissent de son sang, mais ne présentent aucune velléité d'installation dans ses organes à demeure. Ils sont presque aussi carnassiers que parasites et ne diffèrent des premiers que parce qu'ils laissent la vie sauve à leurs victimes.

Parasites libres dans le jeune âge. Ces animaux commencent par présenter tous les caractères de leur classe; puis, arrivés à l'âge adulte, ils se fixent sur l'hôte qu'ils ne doivent plus quitter, se dégradent, perdent leurs organes de mouvement et deviennent souvent méconnaissables. Nous citerons dans ce groupe, parmi les insectes, la puce chique (pulex penetrans), parmi les Arachnides, la tique (ixodes ricinus) et l'argas reflexus qui vivent sur divers animaux à sang chaud. Parmi les crustacés isopodes, on trouve les bopyres, les jones, les cepes, les gyges, etc., qui vivent à l'état adulte dans la cavité branchiale d'autres crustacés. D'autres attaquent les poissons. Tous subissent les modifications les plus variées; mais ceux où la spécialisation atteint son plus haut degré appartiennent au groupe des cirrhipèdes : ce sont les sacculines et autres animaux analogues, de la famille des rhizocéphales. Le corps finit par n'être qu'un appareil reproducteur armé de racines qui plongent dans le corps de la victime pour y puiser des sucs nutritifs. Les lernéens ont connu une évolution analogue.

Parasites libres dans leur vieillesse. Ces parasites appartiennent surtout à la classe des insectes. Ce sont, par exemple, les ichneumons, dont la femelle pond ses oeufs dans le corps d'une chenille vivante; les jeunes larves s'en nourrissent et ne sortent de la peau de la chenille qu'à l'état d'insecte parfait. Citons encore : les scolies, dont les larves vivent dans le corps du grand scarabée (oryctes nasicornis); les ophioneures, qui en font autant pour l'oeuf du Papillon du chou; le Polynema, un Hyménoptère, qui pond les siens dans ceux de l'agrion virgo ou demoiselle; le sphex, autre Hyménoptère, qui enlève des araignées pour nourrir sa progéniture; le Méloé, parasite des Abeilles; les Cynips qui vivent à l'état larvaire dans les galles des végétaux, etc. Un autre groupe comprend les cistres (Diptères), dont les larves vivent dans les fosses nasales ou le tube digestif des mammifères; à l'état adulte, ce sont des mouches très élégantes.

Parasites à transmigrations et à métamorphoses. Ces animaux, en général très spécialisés, s'établissent dans deux ou plusieurs hôtes successifs; le premier est souvent un herbivore, et c'est au moment où il est mangé par un carnivore que le parasite passe dans l'organisme de celui-ci et y prend une nouvelle forme. Il y a parfois dans l'intervalle, surtout chez les douves, une phase où l'animal vit librement dans l'eau. Tous ces animaux appartiennent à la classe des vers. Tels sont : parmi les vers plats, des Trématodes et notamment les douves (distomes) formées d'un seul anneau ou méride, et les Cestodes (ténia, buthriocéphales, etc.), dont le premier anneau prolifère une fois que le parasite est arrivé dans son hôte définitif et, donne à sa suite toute une série d'autres anneaux; parmi les vers ronds, les trichines et peut-être les ascarides. Les migrations de tous ces animaux obéissent à la même loi : dans leurs premiers hôtes, ils sont asexués et habitent des tissus clos de toutes parts; au contraire, une fois qu'ils sont devenus capables de se reproduire et qu'ils ont atteint leur hôte définitif, ils se logent dans des cavités ouvertes, notamment dans le tube digestif, ce qui rend possible la dissémination des oeufs.

Parasites à toutes les époques de leur vie. Ne se distinguent des précédents que par l'absence de transmigrations. On peut citer, parmi les Nématodes, les oxyures qui vivent sur l'humain et une quantité d'autres vers habitant les animaux les plus divers. Un certain nombre d'entre eux sont peut-être sujets à des transmigrations qu'on n'a pas encore observées. Des insectes, cochenille, pucerons, phylloxera, rentrent également dans cette catégorie.

Enfin, on pourrait, au parasitisme biologique proprement dit que nous venons d'étudier, opposer, par analogie, le parasitisme social : animaux divers parasites des fourmilières et des ruches, etc., le parasitisme sexuel : mâles des abeilles entretenus par celles-ci uniquement en vue de la fécondation de la reine; mâles d'autres, articulés très petits par rapport à la femelle et même parasites organiques de celle-ci, comme chez les lernéens. (Dr L. Hn. / Dr L. Laloy).
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