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Fécamp,
Fisci
campus?. - Ville du département de la Seine-Maritime (Normandie ),
sur la Manche ,
à environ 70 km au Nord-Ouest de Rouen;
21000 habitants. Port à l'embouchure de la rivière de Fécamp.
La ville s'étend sur une longueur de plus de 3 km dans la vallée
assez étroite enserrée entre le port et des collines.
La pêche de la morue (à Terre-Neuve
et en Islande ),
du hareng et du maquereau, ont fait autrefois la réputation du port
de Fécamp. La ville reste un port de commerce et de pêche
important. Le chenal, compris entre deux longues jetées qui retiennent
le galet qui viendrait l'obstruer, aboutit à un avant-port rectangulaire
bordé de quais de trois côtés d'un développement
de 580 m.
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Panorama
de Fécamp. Ci-dessous, le quai Bérigny.
Histoire.
La découverte d'un cimetière
gallo-romain dans le vallon qui borde la route du Havre
témoigne que la contrée était habitée pendant
la domination romaine ;
mais la ville de Fécamp ne doit son origine qu'à la fondation
de l'abbaye de femmes, établie en 658,
par saint Waninge, en présence du roi Clotaire
III, à l'endroit où, suivant la légende, s'était
échoué un tronc de figuier contenant la relique
du "précieux sang" recueilli par Joseph
d'Arimathie sur les plaies de Jésus.
Cette abbaye a dû sa fortune à
Guillaume
le Conquérant. Devenu Roi d'Angleterre grâce à
la victoire de Hastings
en 1066, celui-ci organise un fastueux banquet à Fécamp,
alors capitale ducale. La Pâques du 8 avril
1067 émerveille les Fécampois avec "les vêtements tissés
et incrustés d'or [...], les cornes de buffle ornées du même
métal". Outre sa participation à la construction de la flotte,
l'abbaye a dépêché le médecin Gontard, le chevalier
Vital et ses moines soldats (qui devaient faire pénitence ensuite
pour avoir levé les armes...). Pour remercier l'abbaye de ses bons
services, Guillaume multiplie ses biens par quatre (possessions anglaises
à Rye, Winchester, Steyning, etc.)
et délègue ses moines fécampois aux plus hautes fonctions
de la hiérarchie ecclésiastique en Angleterre .
Les invasions normandes
ruinèrent ce monastère, comme
tous ceux de la contrée; il fut relevé par le duc Guillaume
Longue-Epée, qui fit aussi construire dans le voisinage un château
fort où son fils Richard Ier naquit.
Celui-ci agrandit le monastère et reconstruisit l'église.
Aux nonnes furent substitués, d'abord des chanoines réguliers
en 990, puis, un peu plus tard, des moines de
Saint-Benoît.
C'est probablement aux ducs que l'on dut
la construction, pour défendre la vallée, d'une muraille
transversale, dont on retrouve quelques vestiges, et en avant de laquelle
s'élevait la tour de la Vicomté qui a subsisté jusqu'en
1814 et dont quelques ruines informes ont seules résisté
aux vents et à la mer. Sous les ducs de Normandie ,
qui en firent souvent leur résidence, la ville de Fécamp
devint prospère, mais cette prospérité cessa avec
la conquête française. Pendant la guerre de Cent ans ,
elle fut à plusieurs reprises saccagée par les Anglais
et fut reconquise par les Français
en 1450.
Les Guerres
de religion ne l'épargnèrent pas ; elle fut prise et
pillée par les calvinistes en 1560
; l'abbaye toutefois put leur résister.
Peu après, Villars, gouverneur de la Normandie pour la Ligue,
s'empara de Fécamp et fit construire, en 1589, au Nord de la ville,
sur le sommet d'une falaise haute de 126 m, le fort de Notre-Dame de Bourg-Baudouin
dont Biron réussit à s'emparer, en 1591, au nom du roi de
Navarre .
Mais, l'année suivante, il fut repris par une escalade d'une audace
extraordinaire par le capitaine ligueur Gautimesnil de Boisrozé.
En 1594, après un siège de quinze mois soutenu contre les
ligueurs, Fécamp fut définitivement soumis à la domination
royale.
Monuments.
De l'ancienne abbaye
bénédictine de la Trinité, il subsiste, avec l'église,
une partie d'un dortoir, l'office, la salle
capitulaire, monuments des XIIIe et
XIVe siècles, occupés par
diverses administrations, et des débris de l'enceinte romane.
L'église
(mon. hist.), aujourd'hui paroissiale, est l'un des plus beaux monuments
de la région. Refondée par les ducs de Normandie ,
Richard I et Richard Il, l'église devient trop petite face à
la foule de pèlerins. Elle est reconstruite en style
roman avec des dimensions de cathédrale
et consacrée en 1106. Dans le choeur, deux chapelles rayonnantes
subsistent de cette somptueuse église romane ravagée par
un incendie en 1168.
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L'église
de la Trinité, à Fécamp.
Reconstruite au premier âge gothique,
elle est achevée dès le début du XIIIe
siècle. Le choeur a été
remanié au XIVe siècle. La
façade
classique, édifiée en 1748, remplace celle du Moyen
âge
cantonnée de tours. Austère de l'extérieur, la nef,
aussi longue que celle de Notre-Dame de
Paris (127 mètres), est à l'intérieur d'une surprenante
clarté grâce à sa tour-lanterne, haute de 64 m, qui
surmonte l'intersection du transept. Le
matériau principal est la pierre de Fécamp, extraite des
carrières locales. Le choeur. En face de la chapelle
absidale, un tabernacle en marbre blanc, oeuvre
italienne de 1507, renferme la fameuse relique
du précieux sang, qui attire à Fécamp un grand nombre
de pèlerins.
Les bas-côtés
sont dépourvus de chapelles, mais les deux bras du transept ont
été aménagés en chapelles
dont l'une, celle du Sud, renferme un curieux groupe représentant
la mort de la Vierge, sculpté au commencement
du XVIe siècle par le moine Robert
Chardon. Celles du choeur sont closes de jolies balustrades
en pierre, délicatement sculptées à l'époque
de la Renaissance ;
plusieurs d'entre elles contiennent des oeuvres d'art intéressantes.
Dans le jardin
du presbytère se trouvent quelques ruines de l'ancien château
des ducs de Normandie .
La première résidence ducale, édifiée au Xe
siècle sur l'emplacement d'un ancien monastère de femmes
détruit par les Vikings, n'est qu'un
édifice de bois inspiré des constructions nordiques. Richard
Ier et surtout son fils Richard II, font
de la ville l'une des capitales du duché. Le palais, reconstruit
en pierres par Richard II, est protégé par une enceinte très
élaborée pour l'époque : ses tours et son mur d'enceinte
remplacent le bois par la maçonnerie, rare et chère. Le duc
dirige les conseils et préside aux festins dans "l'aula ", grande
pièce d'apparat.
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Les
ruines du château de Fécamp.
À Pâques 1067, Guillaume
le Conquérant célèbre fastueusement dans
ce château sa victoire d'Hastings ,
qui le fait roi d'Angleterre .
Mais il délaisse ensuite Fécamp pour Caen.
À la fin du XIIe siècle,
Henri
II Plantagenêt, venu à Fécamp pour affirmer ses
droits sur la Normandie, construit, à cheval sur l'ancien rempart,
l'énorme bastion fortifié actuellement
visible. Cet édifice témoigne de sa fermeté
d'intention face à la volonté du roi
de France (
Philippe
Auguste de reconquérir la Normandie. Mais celle-ci est annexée
en 1204. Peu à peu démantelé, le château est
intégré dans le domaine monastique.
La mairie et d'autres administrations occupent
les anciens bâtiments de l'abbaye.
L'Hôtel
de Ville de Fécamp (il occupe les deux bâtiments devant
l'église).
Ci-dessous
: la tour de la Maîtrise (à droite, l'église
de la Trinité)..
La tour de la Maîtrise appartenait
à l'ancienne enceinte de Fécamp, dont la défense était
assurée par de tours alternativement rondes et carrées. Ce
bastion carré à deux étages, monté sur une
cave' voûtée,
en plein-cintre, a accueilli la célèbre Maîtrise de
Fécamp, ensemble musical et vocal au service de l'abbaye.
Son répertoire était si
riche, dit-on, qu'on pouvait le chanter
pendant dix ans sans répéter deux fois le même morceau.
Le bâtiment à pans de bois, situé à droite de
la tour, provient d'Harfleur
et a été remonté dans la cour en 1910. Cette maison
de négociant date du XVIe siècle.
L'église
Saint-Etienne est un édifice inachevé du XVIe
siècle qui n'a guère d'intéressant que son portaillatéral,
de style gothique, orné de
statuettes.
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L'église
Saint-Etienne, à Fécamp.
Le musée a été créé
en 1879 par souscriptions volontaires; il contient environ 2000 tableaux,
des objets d'art et de curiosité. Un autre musée a été
établi dans les bâtiments de la distillerie de la Bénédictine
(Palais Bénédictine); il se compose surtout de meubles et
d'objets provenant de l'abbaye. De belles
halles ont été construites en 1860.
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Le
palais Bénédictine.
Fécamp a conservé quelques
anciennes maisons, l'une (maison de saint Waninge) a conservé une
porte
du XIIIe siècle, une autre (rue
de Mer), du XVIe siècle, est flanquée
de deux tourelles en pierre; enfin une maison moderne a été
décorée avec les débris du jubé de l'église
abbatiale (XVIe siècle) démoli
au commencement du XIXe siècle.
L'établissement balnéaire
s'élève sur une vaste plage de galets; il se compose d'hôtels
et d'un casino. Dans un parc de 9 hectares environ, qui occupe le versant
de la falaise au bas de laquelle est le casino, sont de nombreuses villas.
(GE).
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La
Chapelle Notre-Dame du salut, vue depuis le port de plaisance de Fécamp.
Ci-dessous
: les falaises de la Côte d'Albâtre, entre Yport et Fécamp
(au fond).
©
Photos : Serge Jodra, 2010.
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Jean
Recher, Le
grand métier : Journal d'un capitaine de pêche de Fécamp,
Pocket (coll. Terre Humaine), 2010.
2266207121
Voici
la mémoire d'une des professions qui fut parmi les plus dures dans
les mers les plus cruelles, celles de l'Arctique : Terre-Neuve, Groenland,
île aux Ours, mer de Barents... Ce livre relate, dans le détail,
la vie de cette unité de soixante volontaires que constitue l'équipage
d'un chalutier, hommes d'autant plus rudes qu'ils sont normands et payés
"à la part". Un livre traversé d'embruns, de glace et de
courage, qui éclipse définitivement l'imagerie un peu désuète
de Pêcheur d'Islande. Ce témoignage irremplaçable
fut aussi un livre politique : à la honte des pouvoirs qui se sont
succédé, la grande pêche française, un temps
à la pointe de la pêche mondiale, a subi une crise si profonde
que Fécamp, jadis forêt de mâts, n'a plus de navires.
(couv.). |
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