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Philippe-Auguste

Philippe-Auguste ou Philippe II Auguste est un  roi de France, né à Paris le 21 août 1165, mort à Mantes le 14 juillet 1223 (Moyen âge; Capétiens). Il était fils de Louis VII et d'Alix de Champagne. Il passa les premières armées de sa vie à Gonesse, ce qui explique un de ses surnoms : Philipe de Gonesse. Louis VII, selon l'usage, voulut de son vivant faire sacrer son fils : la cérémonie eut lieu le 1er novembre 1179 à Reims; Louis VII, déjà très malade, n'y assista pas. Philippe, malgré son jeune âge, commença immédiatement à régner. II rompit avec le parti champenois, dirigé par sa mère, et épousa le 28 avril 1180 Isabelle, fille du comte de Hainaut, et nièce de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, qui avait réussi à gagner la confiance du jeune prince. Peu après, le 19 (et non le 18) septembre 1180, Louis VII mourut. Le comte de Flandre prit la régence; mais, dès 1181, Philippe-Auguste se brouilla avec lui et provoqua ainsi une de ces coalitions féodales qui se formaient presque infailliblement pendant les minorités des rois. Philippe-Auguste, mûr avant l'âge, battit ses ennemis l'un après l'autre, et, en 1186, imposa au comte de Flandre la paix et la cession de l'Amiénois et du Vermandois. Dès l'année suivante, il entama la lutte qu'il devait continuer à peu près ,jusqu'à sa mort contre son vassal le roi d'Angleterre. ll allait être admirablement servi par les dissensions qui régnaient dans la famille d'Henry II, par la détestable politique de Richard Coeur de Lion et de Jean sans Terre, et par l'inconstance des barons poitevins, toujours prêts à secouer le joug anglais.

Les tentatives des Anglais pour s'emparer du Languedoc firent éclater les hostilités (1187). Philippe-Auguste sut tourner Richard et Jean contre leur père. Henry II, malade, se résigna à la paix et mourut dans le désespoir (1189). L'année suivante, Philippe-Auguste suivit en terre sainte le nouveau roi d'Angleterre, Richard Coeur de Lion (Croisades). Son dessein secret était de revenir le premier pour mettre à profit l'absence de son rival. Après la prise de Saint-Jean d'Acre (juillet 1191), il quitta en effet la Palestine, conclut à Milan une alliance avec Henri VI qui lui promit de faire arrêter le roi d'Angleterre à son retour, et enfin, d'accord avec Jean sans Terre, il envahit la Normandie. Richard, emprisonné en 1192 par l'empereur, revint en mars 1194 et, plein de rancune, fit à Philippe-Auguste une guerre où celui-ci eut le dessous. Heureusement pour lui, l'actif et brave Richard mourut en 1199, et eut pour successeur l'indolent et violent Jean sans Terre. Philippe-Auguste, devenu aussitôt l'ennemi de Jean, lui suscita un rival, Arthur de Bretagne, qui revendiquait le trône d'Angleterre comme fils et représentant de Geoffroi, frère aîné de Jean sans Terre. Le traité du Goulet (22 mai 1200) et le mariage de Louis, fils de Philippe-Auguste, avec Blanche de Castille, nièce de Jean, suspendirent pour quelque temps les hostilités. L'imprudent enlèvement d'Isabelle d'Angoulême par le roi d'Angleterre et l'appel des barons poitevins ou roi de France permirent à celui-ci de recommencer la lutte, avec le bon droit pour lui. On a cru pendant longtemps que, à la suite de la mort mystérieuse d'Arthur, le roi Jean

« avait été condamné à mort par jugement de ses pairs, en la cour du roi de France, pour avoir tué de ses propres mains son neveu Arthur ». 
Ce sont en effet les propres termes de la déclaration faite par Louis de France en 1216, au moment où il envahit l'Angleterre. Mais il est probable que, en réalité, Jean sans Terre a été seulement condamné, par défaut, en la cour de Philippe-Auguste, à perdre ses fiefs de France, à la suite de l'appel des barons poitevins (avril 1202). Cette sentence suffisant. Philippe-Auguste conquit sans peine la Normandie, que les exactions des Plantagenets avaient épuisée. Les domaines de la Loire furent soumis sans résistance. Par la trêve de 1206, Jean reconnut n'avoir plus, pendant cette trêve, 
« ni terres, ni hommes, ni alliés, dans la Normandie, le Maine, la Bretagne, la Touraine et l'Anjou ». 
Philippe-Auguste consolida ses conquêtes en comblant de faveurs les églises, les villes, les barons les plus influents, et en forçant les nobles à garantir mutuellement leur fidélité envers la couronne.
Philippe Auguste.
Le roi Philippe II Auguste.

La querelle de Jean sans Terre avec Innocent III et la déposition du roi d'Angleterre en 1212 rallumèrent l'ambition de Philippe-Auguste, qui se prépara à passer la Manche. Déçu par la réconciliation de Jean et du pape, il se vengea et mit à profit ses préparatifs en attaquant le comte de Flandre, Ferrand, qui paraissait se rapprocher des deux ennemis du roi, Jean sans Terre et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne. La campagne sanglante qui ruina une partie de la Flandre en 1213-14 n'eut qu'un résultat, celui de provoquer une coalition formidable contre Philippe-Auguste. Renaud de Dammartin, le comte de Flandre et la féodalité du Nord, inquiète pour son indépendance, l'empereur Otton de Brunswick, dont le rival, le jeune Frédéric Il, avait trouvé un allié en Philippe-Auguste, vinrent se faire battre à Bouvines (27 juillet 1214), tandis que Jean sans Terre, débarqué en Poitou, fuyait devant Louis de France. La période héroïque de la vie de Philippe-Auguste était terminée. 

Quand éclata la crise de la grande charte, il laissa son héritier tenter seul la conquête de l'Angleterre. Louis alla seul aussi, en 1215 et en 1219, prendre part à la croisade contre les Albigeois. Philippe-Auguste ne se désintéressa nullement des affaires du Midi; mais la lutte contre Jean sans Terre l'absorbait encore au moment où commença la croisade. Il ne vit pas sans inquiétude se fonder la puissance de la maison de Montfort. Il assista du moins à la ruine de cette grandeur éphémère, et, en mourant, il pouvait prévoir que ses successeurs récolteraient la moisson semée par d'autres.

Les résultats de ce règne furent  sur certains points remarquables. Philippe-Auguste fit de la maison capétienne la famille la plus riche de France. Au domaine étriqué de Louis VII, il ajouta l'Artois, l'Amiénois, le Valois, le Vermandois, les comtés de Clermont, de Beaumont et d'Alençon, enfin la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine. Ce domaine, il l'arracha à l'avidité oppressive des prévôts : presque partout des bailliages furent organisés. Au moment où il mourut, il avait réussi à étendre son autorité sur tous les grands fiefs : la Flandre, le Ponthieu, l'Auvergne se trouvaient sous son contrôle direct; le comte de Champagne venait à peine d'échapper à sa tutelle; le jeune duc de Bourgogne y était pleinement soumis; le comte de Bretagne enfin était une de ses créatures. Dans le Midi même, plusieurs seigneuries étaient entrées dans la mouvance directe de la couronne. Partout l'alliance de la royauté avec l'Église et les villes lui avait assuré des centres d'action et de propagande. Les contemporains de Philippe-Auguste pensaient avec raison que depuis Charlemagne, on n'avait rien vu de pareil en France.

Philippe-Auguste était un bon vivant, chauve, le teint très coloré, grand mangeur et grand buveur,  voluptueux, peu soigné dans sa mise; très brave en même temps qu' habile politique, mais c'est aussi à ses heures un sinistre personnage. Il est superstitieux, fourbe, emporté, cruel, brutal. Ses méthodes sont parfois celles d'un gangster, comme lorsqu'il rançonne les Juifs, au début de son règne (La Diaspora juive). Il eut plusieurs femmes. La première, Isabelle, mourut en 1189; elle fut la mère de Louis VIII. Philippe-Auguste épousa ensuite Ingelburge de Danemark, afin de se faire céder « les vieux droits des Danois sur l'Angleterre » et de s'assurer le concours de leur flotte (14 août 1198). Mais il se dégoûta immédiatement de sa femme, la répudia, et épousa en 1196 la fille du duc de Méranie, Agnès, qui lui donna deux enfants, Philippe Hurepel et Marie. Excommunié par Innocent III, Philippe-Auguste abandonna Agnès, reprit Ingelburge (7 septembre 1200), mais la tint en prison jusqu'en 1213. Il eut aussi d'une «-demoiselle d'Arras-» un fils, Pierre-Charlot. (Ch. Petit-Dutaillis). 

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Dictionnaire biographique
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