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Venezuela
Republica Bolivariana de Venezuela

8 00 N, 66 00 W
Le Venezuela est un Etat de l'Amérique du Sud, riverain de la Mer des Caraïbes et de l'Océan Atlantique et frontalier avec la Colombie, le Brésil et le Guyana. C'est une république fédérale d'une superficie de 912,050 km² et peuplée de 26,8 millions d'habitants (2009). 
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Carte du Venezuela.
Carte du Venezuela. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte détaillée).

Le Venezuela est divisé administrativement en 23 Etats (estados; singulier : estado), 1 district fédéral (distrito federal) où se trouve la capitale Caracas, et 1 dépendance fédérale (dependencia federal), qui consiste en 11 groupes d'îles (au total 72 îles) sous administration fédérale. Outre Caracas, les grandes villes du Venezuela sont : Maracay, Valencia, Barquisimeto, Maracaibo, etc.

Les 23 Etats du Venezuela

Amazonas
Anzoategui
Apure
Aragua
Barinas
Bolivar
Carabobo
Cojedes
Delta Amacuro
Falcon
Guarico
Lara
Merida
Miranda
Monagas
Nueva Esparta
Portuguesa
Sucre
Tachira
Trujillo
Vargas
Yaracuy
Zulia

Géographie physique du Venezuela

Relief du sol.
Dans son ensemble, le relief du Venezuela se divise très nettement en trois parties les montagnes côtières, les montagnes guyanaises sur la rive droite de l'Orénoque, et l'immense plaine des Llanos entre les deux régions montagneuses, et qui sont des pays d'élevage extensif. La chaîne côtière se divise en deux parties distinctes par leur formation géologique, par leur aspect et par leur direction : la cordillère caraïbe dirigée de l'Est à l'Ouest, et la cordillère de Mérida dont la direction tourne au Sud-Ouest à partir du golfe Triste; la séparation entre les deux chaînes est bien marquée par un seuil de 360 m d'altitude qui sépare les eaux qui s'écoulent d'une part vers le rio Yaracui, d'autre part vers le rio Coejdes, affluent de l'Orénoque, par le rio Portugueza et le rio Apure. Le sierra de Mérida a un caractère franchement andin, tandis que la cordillère caraïbe paraît se rattacher, par l'île de Trinidad, à la chaîne des petites Antilles. La cordillère caraïbe se compose d'abord de la chaîne de Paria qui s'avance à l'Est en face de la pointe de Trinidad et s'étend jusqu'à la baie de Cariaco; elle est régulière et peu élevée. 

Au Sud de cette première chaîne court celle des monts de Cumana, beaucoup plus élevée; le Turumiquire y atteint 2049 m; le Bergantin; 1668 m. Ces deux chaînes s'interrompent à I'Ouest; la chaîne de Paria est totalement coupée entre la péninsule d'Araya et le cap Codera; les monts de Cumana s'abaissent fortement dans leur prolongement des montagnes du Paraulata, qui ne sont que des collines discontinues. Puis, à partir du rio Unare, les montagnes élevées reparaissent, formant des alignements parallèles, dont le plus voisin de la côte est la silla de Caracas qui atteint 2782 m au Naiguata. Toute cette cordillère caraïbe a ses pentes les plus abruptes du côté de la mer et c'est à peine si la silla laisse place à une étroite plage; elle a 1600 m d'altitude entre Caracas et son port La Guaïra. Les pentes les plus raides de la sierra Nevada de Mérida tombent au contraire sur les Llanos. Vers le Nord la pente est plus douce vers la lagune de Maracaïbo et le golfe de Venezuela.

La cordillère de Mérida est la seule qui, au Venezuela, mérite le surnom de nevada = neigeuse; plusieurs de ses pics atteignent 4000 m et cinq d'entre eux dépassent la limite des neiges perpétuelles sous ce climat équatorial; les deux principaux sont le Pico Bolivar (La Columna) 5007 m, qui est le point culminant du Venezuela, et le Concha, qui atteint les 4700 m d'altitude; le glacier du Concha alimente de glace la ville de Mérida. Les hautes vallées situées à plus de 3500 m ne sont pas rares, et la rigueur du climat y est telle que ce sont des paramos, régions sans arbres, couvertes seulement d'herbe, de mousses et de lichens.

Entre les montagnes côtières et l'Orénoque s'étendent les immenses plaines des Llanos qui occupent une surface de 500.000 km². Cette plaine n'offre cependant pas un aspect uniforme. On y distingue d'abord les Llanos altos, au Sud de la cordillère de Mérida, et les Llanos bajos, au bord de l'Apure et de l'Orénoque. En beaucoup d'endroits le sol se renfle en formant des bancos, et les vallées des cours d'eau, creusées par une érosion puissante, forment des précipices à parois verticales appelés barrancas, séparant de véritables plateaux, les mesas ou tables.

Dans la région guyanaise le relief n'a pas de direction définie, sauf à la frontière même du Venezuela; peut-être d'ailleurs ne faut-il considérer les sierras Parima et Pacaraïma que comme le bord du plateau guyanais, séparé du plateau brésilien par la dépression de l'Amazone. Dans l'intérieur du pays, il n'y a de montagnes que là où l'érosion n'a pas enlevé la couche de grès tertiaire; dans l'intervalle de ces témoins s'étendent des savanes.

La sierra Parima a reçu ce nom en souvenir du lac mythique de Parim ou de la Grande Eau sur les bords duquel Walter Raleigh et beaucoup d'autres conquistadores croyaient trouver l'Eldorado

Au Nord-Ouest de la sierra Parima, de hautes montagnes sont disposées irrégulièrement jusqu'à l'Orénoque : telles sont le cerro Duida, pyramide de 2474 m, qu'on aperçoit de fort loin sur le fleuve, le mont Maraguaca (2508 m), le Maparana (2187 m), le cerro de Neiva (1838 m), le Yaruari (2258 m), le Canavana (1884 m). Au Nord de la sierra de Pacaraïma, on peut distinguer quelques alignements du Sud-Est au c.-à-d. continuant la direction des monts Parima. Ces montagnes sont en général peu élevées; on peut y citer le Chanaro (1672 m), le Turagua (1838 m), le Tacuto (1048 m). Enfin, à l'extrémité Sud-Est du Venezuela, l'énorme masse du Roraima se dresse à 2286 m, terminé par un plateau long de 6 km. Le Roraima fut gravi pour la première fois en 1885 par lm Thurn et Perkins, et depuis il est visité régulièrement par les chercheurs d'orchidées.
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Venezuela : le mont Kukenan.
Une montagne tabulaire (tepui), caractéristique du plateau Guyanais : le mont Kukenan, 
au Vénézuéla. Photo : Peter Fenda; licence : Creative Commons.

Géologie.
Le Venezuela présente en quelque sorte un résumé de l'histoire géologique de l'Amérique du Sud au Sud et à l'Est, un plateau précambrien, faisant suite à celui des Guyanes et qui n'a vraisemblablement pas été immergé depuis sa formation; au Nord, un plissement montagneux d'âge tertiaire faisant suite au plissement des Andes et comme lui contournant le plateau précambrien; mais il en est séparé par une vaste plaine d'alluvions' pléistocènes; les Llanos, analogue aux dépressions amazonienne et argentine. Le terrain précambrien, non seulement forme le terrain apparent de la Guyane venezolane, mais se retrouve encore à la base de la cordillère côtière. Il se compose de gneiss, de granits; d'ardoises, de schistes chloriteux, talcifères et hornblendiques, avec quelques quartzites et des calcaires cristallins pouvant passer eu marbre. Ces formations sont la plupart du temps horizontales, surtout en Guyane. 

Dans la cordillère de Mérida ce sont les gneiss et les schistes argileux qui forment la plus grande partie du socle montagneux; dans la partie orientale de la cordillère côtière, appelée par Sievers chaîne Caraïbe, ce sont les quartzites et les ardoises; en Guyane, le granit et le gneiss alternent. Il est remarquable que la série géologique est interrompue totalement entre le Précambrien et le Crétacé; on ne trouve pas trace de Silurien, Dévonien, Carbonifère, Permien, Triassique ni Jurassique

Le Crétacé forme au-dessus des roches cristallines, dans toutes les parties montagneuses du Venezuela, de puissantes couches de grès blanc, rouge ou jaune, accompagnées de grès bitumineux et de marnes gris bleu et gris foncé. On ne trouve pas de craie pure. Ce grès, qui donne un relief beaucoup plus abrupt que les granits et les gneiss, subsiste surtout à l'état de témoins; ainsi le Cerro Duida est recouvert par une masse de grès quartzeux épaisse de 1200 à 1500 m; le mont Roraïma se termine par un énorme bloc tabulaire de grès rose; sans fossiles, dont les parois à pic ont longtemps rendu l'ascension impossible. De nombreux autres massifs gréseux de même forme tabulaire, appelés tepuis ou  tepuyes (tepuy, au singulier), jalonnent le paysage de la Guyane venezolane.

Les formations tertiaires sont formées de grès brun avec des silex et des rognons d' ferrugineuse, de calcaire clair, de schistes houillers; on y trouve aussi du gypse, de l'alun, du sel gemme, du sulfate de fer, de l'ocre. Le tertiaire se rencontre surtout dans l'Etat de Tachira, à la frontière colombienne, au Nord de la sierra de Mérida, mais très rarement au Nord de la cordillère caraïbe. A Tachira, le tertiaire ocreux forme une montagne de 1300 m d'altitude, aux flancs de couleur jaune d'or, ce qui l'a fait appeler Cerro de Oro. Il est vraisemblable que les formations tertiaires s'étendent sous les terrains pléistocènes des Llanos. Ces terrains, très analogues à ceux de l'Amazonie, paraissent être formé, dans toute l'étendue des Llanos, par un grès rouge, composé de fragments arrondis de quartz cimentés par une argile ferrugineuse. Ces terrains sont très riches en fossiles de grande taille : Mégatherium, Paresseux géant, Toxodon, Glyptodon, Cheval, etc. 

Il n'y a pas de volcans dans la cordillère de Mérida, ni dans la cordillère caraïbe, ni en Guyane, mais on a trouvé quelques traces d'éruptions très anciennes que sur deux points : en Guyane, où l'or du Cuyuni est allié à la diabase et à la diorite, et au Sud de la chaîne caraïbe où l'on a découvert quelques diabasporphyrites et même des phonolithes. Il existe par ailleurs des sources d'eau très chaude qui jaillissent entre Cumana et Cariaco, à Calabozzo, dans les Llanos d'Orituro et surtout entre Puerto-Cabello et Valencia, où la source de las Trincheras est un véritable geyser dont la température dépasse 90 °C. Les tremblements de terre sont aussi très fréquents; celui du jeudi saint de L'année 1812 fit périr 12.000 personnes à Caracas. Ajoutons que le sous-sol du Venezuela possède d'importantes réserves de pétrole découvertes dès 1875, mais exploitées seulement après la Première mondiale, et qui font du pays un des premiers producteurs de pétrole au monde.

Climat.
D'une façon générale, la chaleur est très intense, surtout dans les Llanos, où passe l'équateur thermique. Mais ces conditions générales sont fortement influencées par des particularités locales ou par l'altitude. Le Venezuela étant un pays qui a de hautes montagnes, on y trouvé des terres chaudes, tempérées et froides. En adoptant les moyennes de 25° à 29° C pour la témpérature des régions basses, on fait commencer les terres tempérées (moins de 25° C) à 550 m d'altitude et les terres froides (moins de 15 °C) à 2200 m. Tandis que les villes des hautes vallées, Caracas, Valencia, Barquisimeto, Mérida ont une température supportable et même agréable, trois villes de la côte ont la réputation d'être particulièrement chaudes : Maracaïbo, Puerto-Cabello et La Guayra. Cette dernière ville, adossée à la Silla, a une moyenne qui dépasse 29 °C et a mérité le surnom d'Infierno de Venezuela (enfer du Venezuela). A Caracas, on a observé des températures diurnes variant de 20°C à 26°C et nocturnes de 16°C à 18°C. Il n'est pas rare d'ailleurs que la température d'une nuit étant de 18° C, celle du jour suivant soit de 24°C, écart considérable pour un pays équatorial. Dans les llanos, en revanche, partout où la terre était dépouillée de végétation, on a observé 48° à 50° C. Pendant la saison des pluies, la température des llanos est plus chaude que dans la saison sèche, à cause de l'écran des nuages qui, la nuit, renvoie vers la terre la chaleur que celle-ci rayonne. 

Pour la Guyane venezolane, on a mesuré au mois de septembre, à 7 heures du matin, une moyenne de 22,4 °C pour la température de l'air et une température de 24°C à 25°C pour les eaux du rio Mazaruni et du rio Cuyuni; or on sait que la température de l'eau, dans les pays tropicaux, est supérieure d'environ un degré à la température moyenne annuelle de l'air.

Sur la côte, l'alizé de l'hémisphère Nord souffle toute l'année, mais sa direction change un peu avec les saisons en raison du déplacement des faibles pressions équatoriales. De novembre-décembre à avril-mai, l'alizé souffle de l'Est et du Nord-Est, pendant le jour, et est remplacé la nuit par la brise de terre. Mais de novembre à janvier, l'alizé est aussi parfois remplacé par des vents du Nord qui ne sont autres, probablement, que les « Northers » venus de la partie Nord du continent. De mai à novembre, l'alizé du Nord-Est tombe souvent et est remplacé par des vents faibles et variables du Sud-Est, du Sud-Ouest et de l'Ouest, appelés vendavales ou vents calmes. L'alizé et les vendavales apportent des pluies, mais surtout les derniers; d'ailleurs les précipitations sont relativement faibles et certains points, comme Macaraïbo et Cumana, sont particulièrement pauvres en pluies. Sur les forêts du delta de l'Orénoque, il pleut au contraire toute l'année, et la masse annuelle dépasse 2,50 m. Mais sur les Llanos, il y a des saisons humides et des saisons sèches nettement délimitées. 

De novembre à mars, il pleut à peine; même les nuages sont une rareté, quoiqu'on en ait observé à plusieurs reprises. En général, le ciel est d'une pureté extraordinaire et l'air extrêmement sec. Le vent, qui n'est autre que l'alizé des séché par les montagnes côtières, souffle alors de l'Est et de l'Est-Nord-Est. En mars, l'air devient plus humide et les étoiles sont souvent entourées d'un halo; le vent devient irrégulier et souvent entrecoupé de calmes complets; dans le Sud montent des nuages. En avril commence la saison des pluies qui dure jusqu'en novembre, sauf pendant une petite interruption vers la fin de juin, que l'on appelle Veranito de San Juan. Pendant la saison des pluies, le vent souffle de l'Ouest et du Sud-Ouest, et le ciel est constamment gris. On voit donc que l'alizé n'est cause de pluie dans ces régions que sur la côte; à l'intérieur, la pluie est apportée par, des vents d'Ouest. D'ailleurs, c'est le régime commun à toute la partie de l'Amérique du Sud tropicale, située à l'Est des Andes; c'est dans la forte évaporation qui se produit au-dessus des forêts amazoniennes qu'il faut chercher l'origine de la vapeur d'eau précipitée sur le continent sud-américain. 

Il faut ajouter que ces fortes pluies, dont la masse annuelle dépasse 2 m sur la plus grande partie du Venezuela et 3 m dans les forêts du Casiquiare et du Haut-Orénoque, sont toujours le résultat d'orages qui éclatent régulièrement tous les jours de la saison des pluies entre heures et 6 heures de l'après-midi. La tension électrique est alors très considérable, et, dans les forêts de Zulia, Sievers a observé pendant toute la durée de l'orage une lueur électrique ininterrompue. Il est remarquable aussi que, comme dans toute l'Amérique du Sud tropicale, il est rare que la foudre cause des incendies, même quand la foudre tombe sur la terre. 

Hydrographie.
Le territoire du Venezuela est essentiellement la région drainée par l'Orénoque et ses affluents, quoique la partie supérieure de plusieurs d'entre eux et le cours entier de quelques-uns appartiennent à la Colombie. L'Orénoque est aussi appelé Paragua, nom analogue à Paraguay, grande eau, et Orinucu a peut-être le même sens. C'est un des trois grands fleuves de l'Amérique du Sud. Il sort de la sierra Parima, se divise au pied du mont Duida en deux branches dont l'une le Casiquiare, porte ses eaux au Rio Negro, tributaire énorme de l'Amazone; l'autre branche, ou Orénoque proprement dit, décrit un vaste quart de cercle dans le Vénézuéla, et se jette dans l'Atlantique par cinquante petits bras qui se rejoignent et s'entrecoupent et qui, dans la saison des pluies, se confondent en un vaste lac. L'Orénoque reçoit les eaux de plus de trois cents rivières; il nourrit une grande quantité de poissons de toute espèce et de redoutable caïmans. Après avoir traversé dans la première partie de son cours une région montagneuse, il coule, à partir des chutes de Maypures et d'Atures, dans un pays bas où il s'étale entre des llanos à gauche et des forêts à droite, gêné de hauts-fonds, de langues de vase et d'îles d'alluvions.

Les cours d'eau venezolans qui ne dépendent pas de l'Orénoque sont peu importants. A l'Est, le rio Cuyuni n'a que son cours supérieur en Venezuela et le rio Mazaruni sert quelque temps de frontière; tous deux s'en vont rejoindre l'Essequibo. 

Parmi les cours d'eau de la chaîne côtière, il n'y a guère à citer que l'Unare qui sort des monts de Cumana; les ruisseaux qui descendent de la cordillère de Mérida comblent peu à peu la lagune de Maracaïbo. Tout à fait à l'Ouest, le Catatumbo vient de Colombie et reçoit le Zulia, grossi du Tachira. La lagune de Maracaïbo ou lac de Venezuela a des eaux douces jusqu'à quelques kilomètres du goulet qui est fermé par deux seuils recouverts de 3 m d'eau; cependant la marée s'y fait un peu sentir. La lagune a une profondeur maxima de 120 m, 600 km de tour et une superficie de 21.740 km².

Entre les chaînons de la cordillère se trouvent plusieurs lacs d'effondrement dont le principal est celui de Tacarigua ou de Valencia, célèbre pour la beauté de ses rives. Actuellement sa profondeur maxima est de 92 m et sa profondeur moyenne de 32 m. Mais le niveau a baissé, ce que Humboldt attribuait au déboisement. Il semble d'ailleurs qu'un certain équilibre s'établit.

Ajoutons que c'est au Sud-Est du Venezuela, dans l'Auyan Tepuy (massif de la Gran Sabana), que se trouve la plus haute chute d'eau du monde, celle de l'Angel, qui fait tomber ses eaux d'une hauteur de 980 m dans un des affluents du Caroni, qui lui-même se jette dans l'Orénoque près de Ciudad Guyanna, après avoir alimenté le principal lac de retenue du pays, le Réservoir Raul Leoni, fermé par le barrage Guri.

Biogéographie du Venezuela

Le nord du Venezuela est caractérisé par une bande littorale bordée par la mer des Caraïbes. Cette zone côtière est dominée par des mangroves, des lagunes saumâtres et des forêts sèches tropicales. Elle abrite de nombreuses espèces endémiques adaptées à des conditions salines et arides, notamment dans les zones de la péninsule de Paraguaná ou autour du lac Maracaibo. Ce dernier, vaste étendue d'eau douce avec des apports marins, constitue un écosystème où se mêlent espèces fluviales et marines.

À l'est, le delta de l'Orénoque représente un vaste territoire marécageux et inondable. Ce milieu complexe, composé de bras fluviaux, d'îles alluviales et de forêts marécageuses, est l'un des plus riches en biodiversité du pays. Il sert de refuge à des espèces emblématiques telles que le jaguar, le lamantin ou encore le caïman noir. La région est également essentielle pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs.

Au centre du pays s'étend la grande plaine des Llanos, un vaste territoire de savanes inondables alternant avec des forêts-galeries le long des rivières. Pendant la saison des pluies, ces savanes sont recouvertes d'eau et accueillent une faune abondante : anacondas, capybaras, cerfs, ibis rouges, hérons et caïmans. À la saison sèche, l'eau se retire, concentrant la faune autour des zones humides résiduelles. Les Llanos constituent une zone clé pour l'observation des relations entre biodiversité et cycles hydrologiques tropicaux.

Le sud du Venezuela est occupé par le massif des Guyanes, une région ancienne et géologiquement stable. Elle se distingue par ses paysages spectaculaires dominés par les tepuis qui donnent naissance à des écosystèmes isolés, comparables à des îles biologiques. La forêt tropicale humide y est omniprésente, avec une richesse floristique inégalée, notamment en orchidées, broméliacées et fougères arborescentes. Ces forêts abritent également des amphibiens et insectes endémiques, certains ne se trouvant que sur un seul tepui.

À l'ouest, la cordillère des Andes pénètre le Venezuela par les États de Mérida, Táchira et Trujillo. Ce relief escarpé crée une diversité altitudinale propice à une variété de niches écologiques, depuis les forêts nuageuses jusqu'aux páramos andins. Ces derniers sont des écosystèmes froids de haute montagne, dominés par des plantes comme les frailejones, et abritent des espèces adaptées au froid et à l'humidité comme le condor des Andes ou le cerf nain andin. Cette zone constitue également un point chaud d'endémisme végétal.

Les îles côtières et l'archipel de Los Roques forment des milieux marins et insulaires d'une grande importance biogéographique. Récifs coralliens, herbiers marins et lagons abritent une biodiversité marine remarquable. Les tortues marines viennent y pondre, et de nombreux poissons tropicaux trouvent refuge dans les récifs. L'archipel est aussi reconnu pour ses colonies d'oiseaux marins.

Enfin, la biodiversité du Venezuela est étroitement liée à ses gradients climatiques, son relief contrasté et ses sols anciens. Plus de 50 % du territoire est couvert de forêts naturelles, dont plusieurs sont protégées dans des parcs nationaux comme Canaima, Henri Pittier ou la Sierra Nevada. Cependant, la déforestation, l'exploitation minière illégale, la fragmentation des habitats et le changement climatique constituent des menaces croissantes pour ces écosystèmes fragiles.

Géographie humaine du Venezuela

Population.
La population du Venezuela, estimée à environ 28 millions d'habitants en 2025, présente une structure relativement jeune, avec une médiane d'âge autour de 29 ans. Toutefois, cette jeunesse est en déclin progressif en raison de la baisse du taux de natalité, qui a chuté ces deux dernières décennies sous l'effet de l'urbanisation, de l'accès à la contraception et de la crise économique qui décourage les familles nombreuses.

La croissance démographique naturelle a été historiquement forte jusqu'au début du XXIe siècle, mais elle est aujourd'hui considérablement ralentie par l'émigration massive. Depuis les années 2010, le Venezuela a connu l'un des plus importants exodes de population de l'histoire contemporaine de l'Amérique latine. Environ 7 à 8 millions de Vénézuéliens vivent aujourd'hui à l'étranger, principalement en Colombie, au Pérou, au Chili, aux États-Unis et en Espagne. Cette migration de masse est liée à la dégradation des conditions de vie, à l'hyperinflation, à l'insécurité et à la situation politique.

Plus de 90 % de la population réside dans des zones urbaines. Caracas, la capitale, concentre une part importante de la population urbaine, mais d'autres villes comme Maracaibo, Valencia, Barquisimeto et Maracay jouent également un rôle central. L'urbanisation rapide du XXe siècle s'est accompagnée d'un développement déséquilibré, qui a favorisé l'apparition de quartiers informels, généralement surpeuplés et dépourvus d'infrastructures de base. Ces zones marginalisées, appelées « barrios », sont devenues emblématiques des inégalités sociales au Venezuela.

Les inégalités sociales sont particulièrement marquées. Le coefficient de Gini, qui mesure l'inégalité de distribution des revenus, reste élevé, malgré une rhétorique politique orientée vers la justice sociale. La pauvreté monétaire touche une grande majorité de la population, et les classes moyennes ont été fortement érodées par la crise économique. En parallèle, une élite restreinte continue d'accéder à des biens et services souvent inaccessibles pour la majorité.

Le système éducatif, bien que théoriquement universel et gratuit, souffre d'un manque chronique de ressources, de la fuite des enseignants et de l'abandon scolaire croissant. Le Venezuela possédait historiquement l'un des taux d'alphabétisation les plus élevés de la région, mais les difficultés économiques ont affaibli les acquis. La santé publique est confrontée aux mêmes défis : effondrement des infrastructures, exode du personnel médical, pénurie de médicaments et réémergence de maladies évitables (paludisme, rougeole, tuberculose).

La société vénézuélienne se caractérise par une forte politisation depuis la fin des années 1990, accentuée par la polarisation entre chavistes (partisans du mouvement bolivarien) et opposants. Cette division traverse les familles, les institutions, et influence la perception des services publics, des médias, de l'éducation et même des rapports de voisinage. L'économie informelle, le clientélisme politique et les réseaux de solidarité communautaire constituent des stratégies d'adaptation à la crise.

Les femmes jouent un rôle essentiel dans la résilience sociale, en particulier dans les quartiers défavorisés, où elles assurent la survie des familles en gérant les réseaux d'entraide, les cuisines communautaires et les soins aux enfants et aux personnes âgées. Toutefois, les violences de genre, la précarité économique féminine et la sous-représentation dans les sphères de pouvoir demeurent des problématiques majeures.

Quelques-unes des principales villes du Venezuela

Caracas, la capitale du Venezuela, est le principal centre politique, économique, culturel et administratif du pays. Située dans une vallée encaissée au nord, à proximité de la mer des Caraïbes, elle est entourée par le parc national El Ávila qui sépare la ville du littoral. Caracas est une ville très contrastée, avec des quartiers résidentiels modernes et des zones commerciales développées comme Chacao ou Altamira, mais aussi d'immenses quartiers informels construits à flanc de colline. Malgré sa densité démographique et son influence, la ville souffre de nombreux problèmes : embouteillages chroniques, insécurité élevée, fragmentation sociale et déclin des services publics. Néanmoins, elle demeure un centre culturel important avec des universités majeures comme l'Universidad Central de Venezuela (classée au patrimoine mondial de l'Unesco), de nombreux musées, théâtres et centres artistiques.

Maracaibo est la deuxième plus grande ville du pays et la capitale de l'État de Zulia, dans l'ouest du Venezuela. Située au bord du lac de Maracaibo, elle joue un rôle central dans l'industrie pétrolière, étant proche des principaux gisements exploités par la PDVSA (compagnie pétrolière nationale). Maracaibo possède une identité culturelle forte, marquée par des traditions locales, une musique typique (la gaita zuliana) et un accent distinctif. Son climat est extrêmement chaud et sec, avec des températures qui dépassent souvent les 40 °C. L'économie de la ville repose sur le pétrole, le commerce et l'agriculture, bien que la crise économique ait fortement affecté ses infrastructures et son dynamisme.

Valencia, capitale de l'État de Carabobo, est un centre industriel majeur du centre-nord du pays. Elle abrite de nombreuses zones franches, parcs industriels et entreprises nationales et internationales. Sa localisation stratégique entre Caracas et le port de Puerto Cabello en fait un point de transit important pour les marchandises. Valencia est également dotée d'infrastructures éducatives comme l'Universidad de Carabobo, et de centres hospitaliers modernes. La désindustrialisation progressive due à la crise économique a frappé l'emploi et la production manufacturière, bien que la ville conserve un role logistique.

Barquisimeto, dans l'État de Lara, est une ville réputée pour son ambiance musicale et artistique. Située sur un plateau à climat agréable, elle est surnommée la « ville musicale du Venezuela ». Barquisimeto est aussi un centre agricole, distribuant les produits des Andes vénézuéliennes (café, légumes, fleurs) vers le reste du pays. La ville dispose d'un tissu urbain relativement bien organisé, d'institutions culturelles dynamiques et de projets d'urbanisme tels que l'Obélisque ou le Musée d'Art contemporain de Lara. Toutefois, elle n'échappe pas aux problèmes d'infrastructure et de pénuries.

Maracay, capitale de l'État d'Aragua, est connue pour son rôle historique comme siège de l'armée vénézuélienne et ville d'origine du dictateur Juan Vicente Gómez. Elle se trouve entre Caracas et Valencia, et possède un tissu urbain relativement bien planifié. Maracay bénéficie de la 

proximité du parc national Henri Pittier, un important réservoir de biodiversité, et elle accueille des institutions éducatives, industrielles et militaires. Elle est également un point de départ vers les plages de Choroní, ce qui en fait une ville à potentiel touristique. Malgré cela, l'instabilité économique a réduit ses capacités de développement.

Ciudad Guayana est une ville industrielle située au sud-est, dans l'État de Bolívar. Elle est formée de l'union de deux centres urbains : Puerto Ordaz et San Félix. Elle a été conçue dans les années 1960 comme un projet de modernisation industrielle pour exploiter les ressources minières du bassin de l'Orénoque, notamment le fer et l'aluminium. La ville est traversée par le fleuve Caroní, dont l'énergie hydroélectrique alimente les grands barrages comme celui de Guri. Ciudad Guayana est l'un des rares exemples d'urbanisme planifié au Venezuela, avec des zones résidentielles bien structurées, mais elle a souffert de la désindustrialisation et de l'abandon de grands projets d'État.

Ciudad Bolívar, également dans l'État de Bolívar, se situe sur les rives de l'Orénoque. Ancienne capitale historique sous le nom d'Angostura, elle conserve un centre colonial bien préservé. C'est une ville à forte symbolique nationale, liée à l'indépendance du pays et à Simón Bolívar. Elle joue un rôle régional dans l'administration et le commerce, et constitue un point d'accès vers la Gran Sabana et le parc national Canaima. Son développement reste modéré en comparaison des grandes villes industrielles, et elle dépend largement de l'administration publique et du commerce local.

Mérida, nichée dans la cordillère des Andes, est une ville universitaire et touristique, réputée pour son climat tempéré, ses paysages montagneux et son téléphérique, l'un des plus longs et hauts du monde. Elle est le siège de l'Universidad de Los Andes (ULA), une des institutions académiques les plus importantes du pays. Mérida a une vie culturelle riche, avec festivals, galeries d'art et activités scientifiques. Elle attire aussi des visiteurs pour le tourisme d'aventure, la randonnée et les sports de montagne. Toutefois, l'isolement relatif de la ville et les difficultés d'approvisionnement ont fragilisé son économie locale.

Puerto La Cruz et Barcelona, deux villes voisines dans l'État d'Anzoátegui, forment un axe urbain à la croissance rapide sur la côte orientale. Puerto La Cruz est connue pour son industrie pétrochimique et ses plages, ce qui en fait un pôle à la fois industriel et touristique. Barcelona, capitale de l'État, conserve une vocation plus administrative et historique. Ces deux villes combinées forment une agglomération importante qui a connu un développement immobilier rapide au début des années 2000, avant de subir un ralentissement dû à la crise.

San Cristóbal, capitale de l'État de Táchira, est située à proximité de la frontière colombienne. Elle joue un rôle stratégique dans les échanges commerciaux transfrontaliers. Son économie repose en partie sur le commerce, l'agriculture (café, légumes de montagne) et les services. La proximité de la Colombie a favorisé la mobilité, mais aussi la contrebande et les tensions migratoires. La ville conserve une forte identité andine et est connue pour son carnaval, son dynamisme associatif et sa scène artistique locale.

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Groupes ethnolinguistiques.
La société vénézuélienne est très diverse sur le plan ethnolinguistique et culturel. La majorité de la population se compose de Métis (environ 52 %), résultat du métissage entre Espagnols, Africains et populations autochtones. Environ 43 % des habitants se définissent comme blancs, tandis que les Afro-Vénézuéliens représentent 3 à 5 % et les populations indigènes environ 2 %. Ces dernières,sont principalement localisées dans des régions isolées du sud et de l'est du pays. Bien que reconnues constitutionnellement, ces communautés subissent des discriminations persistantes et des pressions environnementales menaçant leur mode de vie traditionnel.

Les populations autochtones sont aujourd'hui constitués d'environ 51 groupes ethniques reconnus, répartis principalement dans les régions frontalières et amazoniennes, notamment dans les États de Zulia, Amazonas, Bolívar, Delta Amacuro et Apure. Les groupes les plus nombreux sont les Wayuu (dans la Guajira vénézuélienne), les Warao (dans le delta de l'Orénoque), les Pemón (dans le sud-est, autour de la Gran Sabana), les Yanomami (dans la zone amazonienne frontalière avec le Brésil), et les Piaroa (dans le centre-sud de l'Amazonas). Chacun de ces groupes possède sa propre langue et des systèmes de représentation du monde radicalement distincts. 

Bien que l'espagnol soit la langue officielle du pays, la Constitution reconnaît également les langues indigènes comme langues officielles dans leurs territoires respectifs. Cependant, beaucoup de ces langues sont menacées d'extinction en raison de la pression de l'espagnol, de l'urbanisation, et du manque de transmission intergénérationnelle. Des efforts de revitalisation linguistique ont été entrepris localement, notamment par des enseignants autochtones et des ONG culturelles, mais les résultats restent inégaux.

La population afro-vénézuélienne, issue principalement de la traite transatlantique, est concentrée dans des régions côtières comme Barlovento (État de Miranda), la côte de Carabobo, ou dans les Llanos. Bien que leurs langues d'origine aient été perdues au fil des siècles, les afro-descendants ont conservé des éléments linguistiques et culturels issus d'Afrique subsaharienne, notamment dans la musique, les danses (comme le tambor), la religion (syncrétisme avec le catholicisme), et certaines expressions lexicales dans l'espagnol vernaculaire. L'espagnol parlé par cette population présente parfois des traits phonétiques ou rythmiques particuliers.

Les métis, issus du mélange entre Européens, Africains et autochtones, constituent la majorité de la population. Leur langue est l'espagnol vénézuélien, une variante riche de régionalismes, d'influences indigènes (lexique, toponymie) et d'apports africains. Cette variante se distingue par son accent chantant, des expressions idiomatiques propres, et des différences notables entre les régions andines, côtières et amazoniennes.

Le Venezuela a aussi accueilli, au XXe siècle, d'importantes vagues migratoires européennes et moyen-orientales, notamment d'Italie, d'Espagne, du Portugal, de Syrie et du Liban. Ces populations ont maintenu un usage partiel de leurs langues d'origine, souvent à des fins culturelles ou familiales. L'italien, le portugais et l'arabe sont encore parlés dans certaines enclaves urbaines, bien que leur usage diminue chez les générations nées au Venezuela. On trouve aussi des descendants d'Allemands, notamment dans la ville de Colonia Tovar, où une forme archaïque de l'allemand badois (l' "aleman coloniero") est encore parlé par quelques habitants. D'autres groupes plus restreints, comme les Chinois, les Trinidadiens ou les Guyaniens, apportent leur propre patrimoine linguistique et culturel. Le cantonais et le hakka, par exemple, sont parlés au sein de la communauté chinoise vénézuélienne, surtout dans les grands centres urbains comme Caracas, Maracay ou Valencia.

Enfin, dans les zones frontalières, notamment avec la Colombie et le Brésil, des dynamiques transfrontalières viennent enrichir le panorama linguistique. Des communautés binationales parlent un espagnol influencé par le portugais ou par des dialectes régionaux colombiens. Cela se manifeste par un lexique hybride, une intonation influencée par la langue voisine, et parfois des pratiques linguistiques alternées selon le contexte social ou économique.

Culture.
La culture du Venezuela est une expression du métissage entre les traditions autochtones, les héritages africains et l'influence européenne, principalement espagnole. 

Le joropo est considéré comme la musique nationale. Il s'agit d'un style à la fois instrumental et vocal, caractérisé par des rythmes rapides, une harpe, un cuatro (petite guitare à quatre cordes) et des maracas. Originaire des plaines (Llanos), il est souvent accompagné de la danse du même nom, très rythmée et symbolique du lien entre l'es humains et la terre. Mais le pays regorge de nombreuses autres expressions musicales : la gaita, venue de l'État de Zulia, jouée principalement pendant la période de Noël; le tambor afro-vénézuélien, lié aux racines africaines et célébré dans les régions côtières à l'occasion de fêtes religieuses syncrétiques; ou encore la calypso de El Callao, issue de l'influence caribéenne des travailleurs antillais venus au XIXe siècle.

La religion au Venezuela est majoritairement catholique, mais elle se décline en une multitude de formes syncrétiques. Le culte marial est omniprésent, en particulier à travers la vénération de la Vierge de Coromoto, patronne nationale. Parallèlement, des cultes populaires occupent une place essentielle dans la vie religieuse : le plus célèbre est celui de María Lionza, figure vénérée dans tout le pays. Le spiritisme marialioncero et les cultes aux esprits ou "corte espiritual" témoignent de la complexité religieuse populaire du pays.

María Lionza,  figure centrale de la culture populaire vénézuéliennes est considérée comme une puissante cheffe indigène qui a vécu aurait XVIe siècle, mais dont l'existence historique n'est pas clairement documentée. Elle est vénérée comme une divinité dans la religion afro-indigène vénézuélienne, un mélange de traditions indigènes, africaines et espagnoles. María Lionza est généralement représentée comme une femme indigène d'une beauté exceptionnelle, chevauchant un tapir, avec un renard à ses pieds et entourée d'aigles. Ces éléments symbolisent la nature, la sagesse et la protection. Dans la cosmologie vénézuélienne, María Lionza occupe la première place parmi les divinités, étant considérée comme l'incarnation de l'équilibre entre le monde humain, et le monde des esprits. Les fidèles se rendent dans ses temples et lieux de culte, notamment sur le mont El Avila, près de Caracas, pour lui demander conseil, guérison ou protection. 
La cuisine vénézuélienne est aussi un miroir du multiculturalisme du pays. L'arepa, galette de maïs blanc ou jaune, constitue l'aliment de base du quotidien et se décline en une infinité de variantes régionales et personnelles. Le pabellón criollo, plat national, associe riz, haricots noirs, viande effilochée et bananes plantains frites. D'autres mets emblématiques sont l'hallaca, consommée durant Noël et considérée comme un symbole d'unité culturelle, faite de pâte de maïs farcie d'un mélange de viandes, légumes, olives et raisins, enveloppée dans une feuille de bananier. La richesse gastronomique se manifeste également dans la diversité des produits tropicaux, poissons, fruits de mer, ainsi que dans les influences andines, caraïbes et même arabes, introduites par les diasporas.

Les arts plastiques vénézuéliens ont connu un essor particulier au XXe siècle, avec des figures majeures telles qu'Armando Reverón, célèbre pour ses oeuvres aux tonalités lumineuses et presque spirituelles, ou encore Carlos Cruz-Diez et Jesús Rafael Soto, maîtres de l'art cinétique, dont les installations et sculptures ont marqué l'art contemporain international. Ces artistes sont emblématiques d'un pays qui conjugue l'ancrage local et une ouverture vers l'avant-garde. L'art populaire, quant à lui, est omniprésent dans les communautés rurales et urbaines, exprimé à travers des fresques murales, des représentations religieuses sculptées, des masques de carnaval ou des objets en bois peints.

Les traditions festives sont nombreuses, fortement ancrées dans les calendriers religieux et agricoles. Parmi les plus notables, on trouve la Feria de la Chinita à Maracaibo, qui allie musique, foi et réjouissances populaires; les Diablos Danzantes de Yare, classés patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, où des danseurs masqués rendent hommage au Saint-Sacrement; le carnaval de Carúpano, riche en couleurs et en danses; et la Semana Santa (Semaine sainte), très suivie, avec des processions et représentations théâtrales dans tout le pays.

La littérature vénézuélienne offre également une richesse thématique et stylistique. Elle a été marquée, au XIXe siècle, par le romantisme et les récits de la guerre d'indépendance, avec des figures comme Andrés Bello et Cecilio Acosta. Au XXe siècle, la littérature s'ouvre aux grands courants latino-américains : Arturo Uslar Pietri mêle histoire et fiction, tandis que Rómulo Gallegos, auteur de Doña Bárbara, traite des tensions entre civilisation et barbarie dans les Llanos. Des voix plus récentes comme Ana Enriqueta Terán ou Salvador Garmendia offrent une vision plus introspective ou urbaine.

La culture populaire est aussi fortement présente dans les expressions orales comme les proverbes, les devinettes, les récits de chasseurs ou les chants improvisés (coplas), notamment dans les régions rurales. Le llanero, figure mythique des plaines, incarne la bravoure, la liberté et le lien avec la nature, souvent célébré dans la poésie orale et la chanson.

Dans les pratiques quotidiennes, les codes de la vie sociale sont marqués par une convivialité expressive, un goût pour l'humour, une forte importance accordée à la famille élargie, et une culture de la solidarité, surtout en période de crise. Le tutoiement est courant, les gestes affectifs nombreux, et les conversations souvent animées.

Economie.
L'économie du Venezuela est caractérisée par une dépendance structurelle aux exportations d'hydrocarbures, en particulier le pétrole, qui représente historiquement plus de 90 % des recettes d'exportation et une part significative des revenus de l'État. Cette dépendance, couplée à une gestion économique souvent qualifiée de déséquilibrée, a rendu l'économie extrêmement vulnérable aux chocs externes, notamment aux fluctuations des prix du brut sur les marchés internationaux.

Le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, concentrées principalement dans la ceinture de l'Orénoque, une vaste région riche en pétrole extra-lourd. L'entreprise publique Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA) a longtemps été l'acteur central de l'économie vénézuélienne, générant des devises, de l'emploi, et finançant les dépenses sociales. Cependant, la chute des prix du pétrole à partir de 2014, combinée à une forte baisse de la production due au sous-investissement, à la corruption, à la fuite des compétences et aux sanctions internationales, a provoqué un effondrement de l'économie nationale.

Parallèlement, l'agriculture et l'industrie manufacturière ont connu un net déclin. Le secteur agricole, autrefois stratégique, a été largement négligé et souffre d'un manque d'équipements, de financements, et d'accès aux intrants. Cela a conduit à une forte dépendance aux importations alimentaires. L'industrie, quant à elle, s'est contractée sous l'effet des nationalisations massives, des restrictions aux importations de matières premières, de la perte de main-d'oeuvre qualifiée et de l'instabilité institutionnelle.

La situation monétaire a été profondément affectée par des années d'hyperinflation, qui a atteint des sommets mondiaux entre 2017 et 2020. La monnaie nationale, le bolivar, a subi plusieurs dévaluations et reconversions monétaires, sans parvenir à enrayer la perte de pouvoir d'achat. Cette spirale inflationniste a favorisé une dollarisation de facto de l'économie, avec une part croissante des transactions courantes qui se réaliseen dollars américains, notamment dans les grandes villes.

Le chômage et l'informalité sont très élevés. Une grande partie de la population active survit grâce à l'économie informelle ou aux transferts d'argent en provenance de la diaspora vénézuélienne, qui a massivement émigré depuis la fin des années 2010. Ces envois de fonds (remesas) constituent aujourd'hui une source vitale de revenus pour de nombreuses familles.

En dépit de la crise, certaines activités économiques ont résisté ou connu des mutations. Le commerce de proximité, notamment dans les zones frontalières, les petites entreprises de services, et les secteurs liés à l'économie numérique ont émergé comme alternatives. Des zones franches ou des accords bilatéraux avec des alliés géopolitiques ont permis des formes de commerce parallèle ou de compensation (trocs pétrole contre biens ou services), contournant partiellement les sanctions imposées par les États-Unis et l'Union européenne.

Les politiques économiques récentes du gouvernement se caractérisent par une certaine flexibilisation : réduction du contrôle des prix, autorisation tacite des devises étrangères, réouverture partielle au secteur privé et tentatives de stimuler l'investissement étranger dans des secteurs stratégiques. Néanmoins, ces réformes demeurent limitées, dans un cadre juridique instable, avec un environnement des affaires jugé peu attractif en raison du risque politique, de l'absence de garanties judiciaires, et des contraintes internationales.

L'économie parallèle et l'économie illégale jouent également un rôle significatif, en particulier dans les zones minières du sud du pays (comme le bassin de l'Arco Minero), où l'or, les diamants et autres minerais sont extraits dans des conditions généralement opaques et échappant partiellement au contrôle de l'État. Ce secteur est entaché d'accusations de violations des droits humains, d'exploitation clandestine et de réseaux transfrontaliers de contrebande.

En matière de commerce extérieur, le Venezuela a vu ses partenaires traditionnels se réorienter. La Chine, la Russie, l'Iran et la Turquie sont devenus des acteurs importants dans les échanges, notamment en fournissant produits alimentaires, carburants raffinés ou services techniques, en échange d'accès préférentiels aux ressources énergétiques ou minières.

En dépit d'une légère reprise de certains indicateurs depuis 2021, notamment dans les zones urbaines les plus connectées à l'économie dollarisée, les inégalités sociales restent très marquées. La pauvreté multidimensionnelle touche une majorité de la population, et l'accès aux services de base (santé, électricité, eau potable, transports) demeure largement dégradé.

Carte du Venezuela.
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