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Les Coléoptères
Coleopterae
Aperçu Développement Classification
Les Coléoptères constituent un groupe d'animaux Arthropodes, connu depuis l'Antiquité la plus reculée et constituant, dans la classe des Insectes, un ordre très important, dont la caractéristique peut s'établir ainsi : Métamorphoses complètes; pièces buccales disposées pour broyer; quatre ailes : deux supérieures, dures, coriaces, impropres au vol et désignées sous le nom d'élytres; deux inférieures membraneuses, se repliant sous les supérieures. 

Les Coléoptères vivent beaucoup moins longtemps à l'état parfait qu'à l'état de larve. Ils meurent, en général, après l'accouplement. Les mâles se distinguent des femelles soit par la forme différente ou la grandeur relative des antennes, soit par la conformation des articles des tarses (surtout ceux des pattes antérieures), ou bien par des modifications dans la taille, la couleur et la configuration générale du corps. 

Ces insectes se trouvent un peu partout, sauf dans la mer. Quelques espèces cependant, comme le Cillenus lateralis Sam., les Aepus marinas Strom. et Aépus Robini Lab., vivent exclusivement sur les sables maritimes et se laissent submerger à marée haute. Elles ont, en effet, la faculté de fermer à volonté leurs stigmates; ce qui leur permet de résister longtemps à l'asphyxie. Quant aux espèces aquatiques, c.-à-d. qui vivent dans les étangs, les mares, les rivières, et dont les tibias et les tarses sont presque toujours garnis de poils ou soies serrés qui facilitent la natation, ils emmagasinent de l'air sous leurs élytres et respirent cet air au moyen de stigmates dorsaux.

L'organisation des Coléoptères.
Les insectes de l'ordre des Coléoptères, outre leurs élytres cornés recouvrant leurs ailes de la seconde paire, ont pour caractères principaux la disposition des pièces de leur bouche conformées pour broyer, leur prothorax ou corselet dégagé du reste du corps, et tous ont des métamorphoses complètes, c'est-à-dire passent par les stades de larve et de nymphe. Leurs larves affectent des formes profondément différentes de celles des insectes parfaits; elles peuvent manquer de pattes, auquel cas elles sont dites "apodes". 

Les Coléoptères ont toujours, en principe, quatre ailes : les supérieures, ou élytres, sont parfois soudées, et alors, les ailes de la seconde paire font défaut. Dans la majorité des cas, ces dernières sont construites pour le vol et agissent, soit que les élytres soient largement ouverts, soit qu'ils se soulèvent légèrement comme dans les cétoines. La tête porte des antennes composées, en règle, de onze articles, deux grands yeux à facettes, et presque jamais d'ocelles. Parfois la tête est, en tout ou partie, asymétrique, comme dans beaucoup de Ténébrionidés, quelques Carabidés, etc. 

La bouche comporte un labre ou lèvre supérieure, monté sur un épistome, deux mandibules, deux mâchoires munies de palpes, une lèvre inférieure avec ses palpes labiaux. Le prothorax ou corselet, doué d'une mobilité souvent assez grande, enchâsse la tête, qui parfois se prolonge en un cou, et porte la première paire de pattes. Vient ensuite le mésothorax, portant les élytres et la seconde paire de pattes, puis le métathorax, avec les ailes et les pattes de la dernière paire. 

Un écusson existe, la plupart du temps, à l'insertion (base) des élytres avec le prothorax. Les pattes sont de formes variables, suivant le genre de vie et les groupes : souvent dilatées en instruments propres à fouir (paire antérieure), ou aplaties en rames ciliées (paire postérieure) dans les insectes aquatiques. Les articles des tarses varient en nombre de cinq à trois; leur emploi dans la classification a été abandonné comme présentant des exceptions trop nombreuses, voire des dispositions numériques différentes, suivant les paires et aussi suivant les sexes. L'abdomen s'insère au métathorax par toute la largeur de sa base; ses derniers anneaux, souvent cachés sous ceux qui les précèdent, constituent le pygidium et portent, chez les femelles, très souvent, des tarières et oviscaptes, pour la ponte.

L'organisation interne des Coléoptères répond à un type supérieur; la perfection de leur système nerveux n'est dépassée que par celle des Hyménoptères. Le genre de vie est extraordinairement varié; les formes phytophages sont souvent très nuisibles à l'état de larve, comme les charançons, les hannetons, ou bien les formes xylophages détruisent les arbres (scolyte), le bois ouvré (vrillettes), etc.

Coléoptère : Pterostichus melanarius. Pterostichus melanarius Illig. (vu en dessus). - 1, labre; 2, épistome; 3, palpe labial; 4, mâchoire; 5, mandibule; 6, palpe maxillaire; 7, antenne; 8, front; 9, vertex; 10, oeil; 11, pronotum ou dessus du prothorax; 12, écusson; 13, élytre de gauche (celle de droite est relevée pour faire voir le dessus de abdomen, l'aile inférieure et les stigmates); 14, suture de l'élytre; 15, aile membraneuse ou inférieure atrophiée; 16, stigmate; 17, dessus de l'abdomen; 18, pygidium; 19, angle sutural; 20, fémur; 21, tibia; 22, tarse; 23, onychium terminé par les crochets ou ongles.
Les Coléoptères et nous.
On connaît plus de trois-cent-cinquante mille espèces de Coléoptères (40% des espèces insectes répertoriées, le quart des espèces vivantes connues) , réparties sur le globe et variant de taille depuis les gigantesques scarabées jusqu'aux minuscules ptilium, qui ne mesurent pas 1 millimètre. Par la solidité de leurs téguments,  la diversité et l'élégance de leurs formes, la beauté et l'éclat de leurs couleurs, les Coléoptères se recommandent à l'attention; aussi sont-ils, parmi les Insectes, ceux que l'on collectionne davantage, d'autant qu'ils se conservent très bien sans se déformer en séchant. 

La majeure partie des espèces de Coléoptères est nuisible, surtout à l'état de larve, en attaquant, les unes les plantes basses ou les arbres fruitiers et forestiers, les autres les fruits ou les graines alimentaires; quelques-unes enfin les poutres de nos maisons, comme les Vrillettes (genre Anobium), bien connues sous le nom d'Horloges de la mort, à cause du bruit particulier qu'elles produisent en frappant leur tête contre le bois. Beaucoup de ces Insectes rendent cependant de véritables services à l'agriculture en détruisant une foule de larves, de vers, de mollusques, et même d'Insectes nuisibles. Tels sont notamment les Cicindèles et les Carabes. D'autres, comme les Nécrophores, les Silpha, les Bousiers, font disparaître les cadavres des animaux ou bien détruisent les fientes et les excréments de toutes sortes qui servent de nourriture à leurs larves. 

Les Coccinelles ou Bêtes à bon Dieu font une guerre active aux Pucerons. Quelques-uns, comme les Cantharides, les Mylabres, ont été employés en médecine à cause de leurs propriétés épispastiques. D'autres enfin, ornés de couleurs brillantes, ont parfois servi à faire des parures de femme. Tels sont notamment l'Hoplia farinosa, du centre et du midi de la France, le Sternocera oequesignata, Bupreste de l'Inde, et le Desmonota variolosa, Casside du Brésil, dont on a fait des colliers, des bracelets, des épingles de cravate, etc.

Coléoptère : Sphodrus leucophthalmus. Sphodrus leucophthalmus L. (vu en dessous), - a, joue; b, tempe; c, pièces basilaire et prébasilaire soudées; d, mâchoire (lobe interne); e, mâchoire (lobe externe ou palpe maxillaire interne; f palpe maxillaire proprement dit ou externe; g, palpe labial; g paraglosse, h, menton; i, languette; j, prosternum; k, épisternum prothoracique ; l, épinière prothoracique; m, mésosternum; n, épisternum mésothoracique; o, épimère mésothoracique; p, métasternum; q, épisternum métathoracique; r, épinière métathoracique; s, cavité cotyloïde; t, hanche postérieure; u, fémur postérieur; v, trochanter postérieur; x, tibia postérieur; y, tarses postérieurs.
Distribution géographique des Coléoptères.
La distribution géographique des Coléoptères présente des particularités remarquables. Les grandes régions zoologiques créées par Wallace, d'après l'étude des vertébrés supérieurs, ne peuvent s'appliquer à cet ordre pas plus, du reste, qu'aux autres invertébrés. A. Murray admet que tous les Coléoptères du globe se rattachent à trois grandes souches, qui correspondent aux trois grandes régions suivantes : 
1° région indo-africaine. - Cette comprend l'Afrique au Sud du Sahara, Madagascar, l'Asie au sud de l'Himalaya, l'Insulinde et la Nouvelle-Guinée : c'est la moins modifiée des trois par l'introduction d'éléments étrangers. 
2° région brésilienne. - Elle comprend l'Amérique centrale et méridionale à l'Est des Andes et au Nord de la Plata : elle a fait de nombreux échanges avec l'Amérique boréale. 

3° région microtypique. - Cette région est ainsi nommée d'après la petite taille de ses représentants comparés à ceux des autres régions.  La région microtypique comprend le reste du globe, c.-à-d. l'Europe, le nord de l'Asie, le Japon, l'Amérique du Nord du désert des Prairies, le versant occidental des Andes de la Californie au Chili, l'Amérique australe au sud de la Plata, la Polynésie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et de plus, les îles de l'océan Atlantique jusqu'à Tristan da Cunha. 

Ce qui frappe surtout dans cette distribution, c'est que la faune de la zone tempérée australe est tellement semblable à celle de la zone tempérée boréale, qu'on doit les considérer comme faisant partie d'une meme région zoologique qui comprend aussi l'Australie, fait qui contraste de la façon la plus marquée avec les notions que fournit la distribution des Vertébrés supérieurs, et s'explique par l'origine zoologique très ancienne des types de Coléoptères actuels. On doit admettre que l'évolution de cet ordre était déjà achevée vers le milieu de la période secondaire (Mésozoïque), et la Paléontologie confirme cette supposition.

Ainsi, les genres (de la région microtypique) Carabus, Asida, Helops, Opatrum sont communs à l'Europe et à la Patagonie, bien qu'ils ne se trouvent pas dans l'Amérique centrale ni même, les trois derniers, dans l'Amérique du Nord.

Les Carabiques (Carabidae) peuvent être considérés comme caractéristiques de la région microtypique, et même comme ayant leur centre de dispersion dans l'Eurasie (région paléarctique). En effet, celle-ci possède à elle seule  30% des espèces connues, tandis que la région brésilienne n'en a que 19 %, la région éthiopienne 14 % et la région orientale (Indienne), la plus pauvre de toutes, seulement 9 %. Les genres de grande taille, Procerus et Procrustes sont également paléarctiques. La famille des Mélasomes (Tenebrionidae) présente une distribution géographique analogue à celle des Carabiques. 

Par contre, les Lamellicornes, les Buprestidae et les Longicornes ont leur plus grand développement dans les deux régions équatoriales (région brésilienne et région indo-africaine). Sept familles de Lamellicornes peuvent être considérées comme ayant leur centre de dispersion dans la Région brésilienne (Passalidae, Scaraboeidae, Melonthidae, Copridae, etc.), et les deux premières familles surtout sont remarquables par la grande taille de leurs représentants. Les Lucanidae, Hopliidae et Cetoniidae sont de la région indo-africaine, et certains genres africains de cette dernière famille (Goliathus) égalent, pour la taille, les grands Scaraboidae américains.

Les Buprestida ont leur centre de dispersion dans la région brésilienne, et c'est l'Australie qui vient ensuite pour sa richesse en types de cette famille.

Les Longicornes (Cerambycidae), comme les familles précédentes, paraissent avoir leur centre de dispersion dans la région brésilienne qui en possède à elle seule 39%, et les plus grands de tous (Acrocinus, Macrodontia, Titanus); l'Insulinde vient ensuite (16 %), puis l'Australie (14 %), avant l'Afrique.

La prépondérance de la région brésilienne en types phytophages de grande taille est fort remarquable et contraste avec la pauvreté de cette région en grands vertébrés terrestres à l'époque actuelle.

Coléoptères : types d'antennes. Types divers d'antennes. -1, A. filiforme (Carabus auratus); 2, A. sétacée (Dyticus marginalis); 3, A. moniliforme (Tenebrio molitor); 4, A. perfoliée (Diaperis boleti); 5, A. serriforme ou en scie (Buprestis mariana); 6, A. pectinée (Corymbites pectinicornis); 7, A. claviforme ou en massue (Hydrophitus piceus) ; 8, A. geniculée (Otiorrhynchus ligustici); 9, A. à massue lamellée (Melolontha vulgaris mâle).
Paléontologie des Coléoptères.
Les plus anciens Coléoptères connus remontent à l'époque Carbonifère où ils sont très rares, n'étant représentés que par quelques élytres isolées et des trous percés dans le bois, analogues à ceux que produisent les larves des Coléoptères phytophages de l'époque actuelle. Les insectes de cet ordre deviennent plus nombreux dans le trias et le Rhétien, puis dans le Jurassique et le Tertiaire (Paléogène, Néogène). Les gisements d'Aix-en-Provence, d'Oeningen, de Radoboj et l'ambre de la mer Baltique renferment des débris bien conservés d'espèces appartenant aux familles et même aux genres qui vivent encore dans le même pays, de telle sorte que le faciès de la faune entomologique tertiaire devait différer fort peu de ce qu'il est aujourd'hui. On n'a pas encore trouvé en Europe une seule forme comparable pour la taille aux grands Lamellicornes et Longicornes qui vivent actuellement sous les tropiques. Il semble que les principaux types de l'ordre des Coléoptères étaient déjà cantonnés, à l'époque tertiaire, dans les régions zoologiques qu'ils habitent aujourd'hui. La faune entomologique tertiaire de l'Europe moyenne ne se distingue de la faune actuelle que par une plus grande extension vers le Nord du faciès méditerranéen, ce qui est bien en rapport avec la condition insulaire des principales contrées de l'Europe à cette époque. Le Groenland lui-même, dont la faune entomologique tertiaire est beaucoup plus riche que la faune actuelle, devait avoir ce même climat insulaire, analogue à celui du pourtour de la mer Méditerranée. (E. Trouessart).
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