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Les mers et les océans
Les mers et les océans sont les grandes masses d'eau salée qui recouvrent les deux-tiers de la surface du globe terrestre. Le mot mer reçoit, dans le langage géographique, deux acceptions différentes. Dans son sens le plus général, il désigne, par opposition aux masses continentales, à la terre ferme, l'ensemble des eaux salées du globe. Dans un sens plus restreint, il arrive parfois que l'on oppose les termes de mer et d'océan, en appliquant ce dernier terme aux grands espaces maritimes dont la constitution est ou paraît sensiblement uniforme, tandis que l'expression de mer est réservée à celles des parties du domaine maritime général, à qui leurs limites géographiques précises, ou certaines particularités de leur régime (marées, courants), constituent une sorte d'individualité. Ainsi, l'Atlantique ou le Pacifique sont des océans; la Méditerranée, la Manche, la Baltique, etc., sont des mers. Parfois le terme de golfe est utilisé concurremment à celui de mer. Par exemple, la mer de Cortez reçoit aussi le nom de Golfe de Californie, et le Golfe Persique (ou Arabo-Persique) et tout à fait l'équivalent de la Mer Rouge : seul l'usage à imposé le choix de la dénomination.

On désigne parfois, dans la terminologie géographique, sous le nom de mers secondaires celles de ces entités dont le régime général est étroitement lié à celui de l'océan ou même de la plus grande mer voisine, dont ils sont une dépendance et comme une province : ainsi, la mer des Caraïbes par rapport à l'Océan Atlantique, l'Adriatique par rapport à la Méditerranée. Le terme de mer bordière est appliqué souvent à celles de ces mers, généralement peu profondes, qui couvrent, à la lisière des terres, une partie du socle continental (Manche, mer du Nord, par exemple). Enfin, l'expression de méditerranée sert à désigner les mers qui n'ont avec le reste des océans qu'une communication précaire (détroit), et jouissent en conséquence d'une grande indépendance de régime : ainsi la mer Méditerranée, la mer Rouge, etc.

Répartition des mers. 
La grande étendue relative du domaine maritime est un des traits essentiels de la structure du globe. La superficie totale de celui-ci étant évaluée à 510,072 millions de km²,  361,132 millions de km²  sont occupés par les océans et leurs dépendances, soit environ les sept dixièmes. Dans l'hémisphère nord, le partage entre la terre et la mer, bien qu'à l'avantage de cette dernière, présente un certain équilibre : 1 à 1,5 environ; mais, dans l'hémisphère sud, cet équilibre est notablement rompu, en raison de l'effilement progressif des masses continentales au Sud de l'équateur; 44,2 millions de km² de terres contre 210,8 millions de km² d'eau; et la prééminence du domaine maritime s'affirmerait encore mieux si l'on choisissait, avec le géographe Penck, comme pôle géographique un point situé dans le nord-est de la France : on obtiendrait ainsi deux hémisphères, dont l'un contiendrait 122 millions de km² environ, et l'autre seulement 20 millions, tout le reste étant occupé par les mers.
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Les mers du monde et les océans dont elles dépendent*
Océan
Atlantique
(Au Nord) Mer du Nord, Manche, Mer Celtique, Mer d'Irlande, Mer de Norvège, Mer Baltique, Mer du Groenland (partie sud), Mer du Labrador.
Mer Méditerranée Méditérranée occidentale : Mer Ligurienne,  Mer Tyrrhénienne

Méditérranée centrale : Mer Ionienne, Mer Adriatique

Méditérranée orientale : Mer de Crète, Mer Egée (avec : Mer de Myrto, Mer de Thrace), Mer du Levant; 

Mer de Marmara; Mer Noire et Mer d'Azov.

Mer des Sargasses et Mer des Caraïbes.
Océan Pacifique Mer de Béring, Mer d'Okhotsk, Mer du Japon, Mer Jaune, Mer de Chine Orientale, Mer de Chine du Méridionale, Mer de Malaisie, Mer de Sulu, Mer des Célèbes (Sulawesi), Mer des Moluques, Mer de Bismarck, Mer des salomon, Mer de Corail, Mer de Tasman .
Océan Indien Mer Rouge, golfe Persique, Mer d'Oman, Mer d'Andaman, Mer de Java, Mer de Flores, Mer de Bali, Mer de Sawu, Mer de Banda, Mer de Timor, Mer d'Arafura, Mer de Céram, Canal de Mozambique.
Océan Austral Mer de Ross, Mer d'Amundsen, la Mer de Bellingshausen, Mer de Ross, partie Sud de la Mer d'Ecosse (Scotia), Mer de Weddell, Mer du roi Haakon VII, Mer de Mackenzie, Mer de Davis, Mer d'Urville.
Océan Arctique Mer de Beaufort, Mer du Groenland (partie Nord), Mer de Wandel, Mer de Lincoln, Mer des Tchouktches, Mer de Sibérie Orientale, Mer de Laptev, Mer de Kara,  Mer de Barents.
*Sauf exception, on n'a pas consigné ici les golfes, baies, détroits et autres passages
qui complètent cette nomenclature maritime.

Relief sous-marin
Sans entrer dans l'étude détaillée du relief sous-marin de chacune des grandes divisions du domaine maritime, il est bon, néanmoins, d'insister sur quelques conclusions que la seule étude de la répartition des profondeurs océaniques suffit à mettre en relief. 

Notons d'abord ce fait, que, dans le relief sous-marin comme dans le relief terrestre, les dénivellations extrêmes constatées, au-dessus de 8000 mètres, sont tout à fait exceptionnelles, et constituent des fosses locales : 8600 mètres dans la dépression du Tuscarora, sur la côte orientale de l'archipel sibérien; 9400 mètres aux abords des îles Tonga, dans l'Océan Pacifique; 11.000 m dans la fosse des Mariannes, sont les fonds les plus considérables que l'on ait été amené à constater. La moyenne des grandes profondeurs marines oscille entre 3000 et 4500 mètres, et la valeur de la dépression moyenne correspond à 3800 mètres, l'Océan Pacifique, l'Océan Indien et l'Océan Atlantique venant dans cet ordre dans la croissance des profondeurs moyennes. 

En second lieu, il faut signaler comme la coïncidence des grandes fosses avec les lignes principales de relief du globe, telles qu'elles sont marquées par les chaînes de montagnes de structure récente. C'est une conséquence de l'interaction de deux plaques tectoniques, l'une s'enfonçant sous l'autre (zone de subduction) : une fosse se forme en bordure de la première, tandis que la seconde se trouve surélevée à sa bordure et, les déformations qui s'ensuivent aidant, explique la formation de la chaîne de montagnes constatée. Processus accompagné d'une forte activité sismique et de phénomènes volcaniques divers. Cette situation se rencontre, par exemple, dans le Pacifique nord, par l'existence de la Fosse du Tuscarora sur le rebord des chaînes de soulèvement qui bordent l'Asie orientale et, mieux encore, par la continuité de cette dépression de près de 4000 mètres en moyenne qui forme comme un fossé profond au pied des hautes montagnes des rivages occidentaux de l'Amérique.

Dans les régions, au contraire, où le relief continental ancien est depuis longtemps établi et stable, la mer apparaît souvent comme une mince nappe couvrant une sorte de pénéplaine : le plateau continental, qui n'est que la partie immergé de la lithosphère continentale. Ainsi les mers bordières de l'Europe occidentale, Manche, mer du Nord, Baltique. Enfin, on se souviendra que, dans la répartition générale des profondeurs, les dépressions inférieures à 2000 mètres n'occupent qu'un cinquième environ de la superficie totale des mers; les zones de dépression entre 3000 et 5000 mètres représentent plus de la moitié des fonds marins.

Niveau des eaux marines.
Il faut se garder de considérer le niveau des mers comme formant une surface plane, horizontale, en vertu du principe des vases communicants, en dehors, bien entendu, des mouvements accidentels de la surface. D'une part, en effet, il faut tenir compte de l'attraction opérée sur les eaux par les masses de haut-relief, ou seulement par l'existence de masses continentales voisines de haute densité, qui attirent ou repoussent la masse fluide des eaux. D'autre part, les différences de salinité, parfois considérables, entre mers voisines, entraînant des différences de densité, il s'ensuit, conformément au principe même des vases communicants, que la hauteur de la colonne d'eau marine doit être différente dans l'une et dans l'autre mer. Enfin, il faut tenir compte, malgré la très faible compressibilité de l'eau, de la diminution de volume que peut occasionner la pression des couches supérieures sur les couches inférieures de l'eau dans les grandes fosses maritimes, et dont le résultat est un abaissement général du niveau marin au voisinage de ces dépressions. Ces divers phénomènes sont aujourd'hui étudiés par des satellites océanographiques équipés de radars, qui peuvent mesurer très précisément les irrégularités dans les niveaux des Océans et en déduire, entre autres choses, les grandes lignes du relief sous-marin.

Température
Le fait essentiel à considérer dans l'étude des températures des eaux marines superficielles, c'est le peu de conductibilité calorifique qu'elles présentent. Dans un même lieu, l'écart entre les températures extrêmes de l'air, selon les saisons, est souvent de moitié moindre que celui entre les températures extrêmes des eaux superficielles de la mer. A l'égard des terres, la mer se trouve ainsi jouer le rôle d'un véritable manchon atténuant les brusques variations de la température. La température superficielle des eaux marines est en rapport avec la chaleur solaire, qu'elle emmagasine, pour ainsi dire; en ce sens, il existe, pour la mer, des lignes isothermes, coïncidant assez souvent avec les parallèles, et, en tout cas moins tourmentées que les isothermes terrestres; mais ces isothermes ne valent que pour les couches superficielles, soumises directement à l'action solaire : au-dessous d'une certaine profondeur, généralement faible (environ 110 à 150 m pour l'Océan Atlantique). la température de la masse des eaux, directement sous l'influence des courants profonds, s'abaisse rapidement, surtout dans l'Océan Pacifique, de manière à rester, dans chaque région, de beaucoup plus basse que celle qui règne à la surface de la mer pendant le mois le plus froid. 
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Bora-Bora : Poissons de l'Océan Pacifique.
La vie sous-marine dans les eaux chaudes du Pacifique (Bora-Bora). Source : The World Factbook.

Vers le fond règnent les températures voisines de 0 °C. La raison de ce fait doit être cherchée dans l'afflux constant des eaux polaires destinées à compenser l'évaporation superficielle, afflux qui s'effectue par le fond et qui est surtout intense dans l'hémisphère sud, où il n"existe aucune barrière géographique entre les eaux de l'Océan Pacifique et celles de l'Océan Austral. Dans les mers fermées, ou seulement faiblement ouvertes, où cette circulation par les grands fonds ne peut avoir lieu, le refroidissement ne s'effectue pas, et la température abyssale reste celle du mois le plus froid à la surface : dans la Mer Méditerranée, au-dessous de la couche, profonde de 250 à 300 mètres, que le soleil échauffe constamment, la température reste à peu près constante, comprise entre 13,6 °C et 13,5 °C, au fond, précisément la température des eaux de l'Océan à la profondeur de 365 mètres, qui est celle du détroit de Gibraltar, par où se produit dans la Méditerranée l'afflux d'eau froide. Le même phénomène peut d'ailleurs se présenter dans des mers libres à la surface, mais dont les cuvettes profondes sont isolées par des bourrelets sous-marins, comme tel est, par exemple, le cas pour la mer de Banda (Indonésie).

Salinité et densité. 
En dehors de traces d'un grand nombre de minéraux divers, l'eau de mer est surtout modifiée dans sa teneur et sa densité par la présence du chlorure de sodium (sel ordinaire), dans la proportion moyenne de 78,32%; de chlorure de magnésium (9,44), de sulfate de magnésie (6,40), de sulfate de chaux (3,94), de chlorure de potassium (1,69) et de divers autres sels (0,21). Elle tient en dissolution de l'oxygène (surtout dans les régions voisines de la surface) et de l'azote. Quant à sa densité, elle dépend de deux éléments : la température, modificatrice du volume, et la salinité, qui est elle-même en rapport étroit avec la température superficielle et aussi souvent avec la régularité des vents qui activent l'évaporation. C'est dans la région tropicale, domaine des alizés, que la salinité et, par là même, la densité des eaux superficielles apparaissent le plus fortes, en raison de l'intensité de cette évaporation. 

La densité et la salinité diminuent, dans une proportion d'ailleurs assez faible, à mesure que l'on s'élève en latitude, exception faite pour les régions marines parcourues par des courants chauds; mais les différences deviennent plus notables, si l'on pénètre dans les bassins maritimes relativement fermés. La Mer Rouge, par exemple, sous son ciel de feu, privée d'eaux douces qui lui pourraient venir des fleuves, garde une salure uniformément forte; même phénomène, quoique à un moindre degré, pour la Mer Méditerranée. Par contre, la Mer Noire, alimentée en eaux douces par les grands fleuves de l'Ukraine et de la Russie méridionale, voit sa salinité considérablement diminuée, et certaines parties de la Mer Baltique, telles que le golfe de Finlande, présentent de larges zones d'eau à peine saumâtre. De tous les phénomènes auxquels les différences de salinité donnent lieu, le plus intéressant est assurément celui que présentent les eaux de la Mer Morte (en fait un lac), chargées de sels divers concentrés au point de les rendre impropres à la vie (à l'exception de certaines bactéries), et d'une densité telle (1,28 environ) qu'il est à peu près impossible à un humain de s'y noyer : il est vrai que nous sommes en présence, ici, du résidu, en quelque sorte, d'un bassin maritime jadis plus large.

Dynamique
En ce qui concerne la dynamique marine, nous nous contenterons de donner ici quelques indications générales. Parmi les mouvements continuels dont la mer est le théâtre, les uns sont dus à des causes fortuites, pression et conflits des vents, etc., et restent strictement localisés à la surface : ce sont les vagues, dont l'ampleur peut atteindre quelquefois 16 à 18 mètres de hauteur, mais dont l'effet ne se fait guère sentir au-dessous d'une profondeur de 20 mètres, et dont l'intensité dépend le plus souvent des obstacles littoraux qui viennent s'opposer à l'élan des eaux. Leur rôle est capital dans le modelé des rivages maritimes. D'autres sont réguliers et sous la dépendance des lois générales de l'attraction : ce sont les marées.

Ici encore, des différences tout à fait notables se présentent dans la marche et l'intensité du phénomène, dont l'amplitude, normale dans les larges zones océaniques, très atténuée ou à peu près nulle dans les bassins presque fermés tels que la Méditerranée ou la Baltique, devient tout à coup considérable dans les seuils étroits ou peu profonds, tels que le Pas de Calais ou la Manche. 

Enfin, l'élément essentiel de la circulation marine est fourni par les courants : courants profonds, qui amènent vers l'équateur les eaux froides des pôles, courants superficiels, les uns locaux, et dus à telle ou telle disposition des rivages qui détourne ou canalise le flot de marée (courants de marée, courants côtiers), les autres généraux et traversant les océans entiers, et dans l'action et la permanence desquels il faut faire entrer la régularité de tel ou tel système de vents (Gulf-Stream, Kuro-Shivo, etc.).

Les mers ont un rôle de  distributrices, par l'intermédiaire des vents, des courants, de l'humidité et de la chaleur, et jouent également un rôle dans l'établissement des différents régimes climatiques. Quant à leur rôle dans le modelé des contours des continents, on en trouvera l'exposé aux mots côte, dune, etc. Rappelons seulement que l'action des mers, à ce point de vue, pour être énergique et souvent bruyante (démantèlement des falaises, destruction de côtes rocheuses, etc.), n'en est pas moins le plus souvent locale, et d'ailleurs compensée dans la plupart des cas par un travail concomitant de transport et de sédimentation. En France, les golfes anciens de la Flandre ont été comblés avec les matériaux enlevés aux falaises de la Normandie. Et, si l'on peut citer des exemples remarquables d'une érosion marine continue amenant des modifications notables dans la répartition des terres (ainsi la destruction du seuil primaire entre la Bretagne et le Pays de Galles, le creusement du Pas de Calais, etc.), il n'y a aucun parallèle à établir, au point de vue de l'efficacité réelle, entre l'érosion marine et celle des eaux de ruissellement ou des courants fluviaux. (NLI).

Flore marine

Au point de vue des formes végétales, la variété n'est pas grande. Deux catégories principales de plantes contribuent à former la flore marine, ce sont les herbes marines, au nombre de quelques dizaines d'espèces seulement, et les Algues. Les herbes se rapportent à deux familles de Monocotylédones, les Hydrocharitines et les Potamées ou Naïadinées. La plupart de ces plantes présentent des feuilles minces semblable à celles des Graminées et généralement pourvues de grandes gaines comme dans le Zostera marina du Nord de l'Europe, et de plus, comme cette espèce, possèdent de fortes rhizomes qui rampent sur le fond de l'eau. Seuls les Posidonia et Phyllospadix s'éloignent de ces formes. Le rhizome du Posidonia oceanica, répandu dans la Méditerranée, forme par ses nombreuses ramifications, un feutrage serré fortement adhérent aux fonds rocheux. Les Cymodoce isoetifolia et C. manatorum se distinguent également pur leurs feuilles cylindriques qui les font ressembler à des Joncs plutôt qu'à des Graminées; il en est de même de celles des Halophila, ovoïdes ou allongées, à pétiole long atténué vers la base. Ces herbes marines existent dans toutes les mers, sauf dans les régions polaires; elles affectionnent les fonds vaseux et sablonneux et le long des côtes peuvent découvrir à marée basse. Souvent des Algues viennent se fixer sur leurs feuilles.

Les Algues marines et les Varechs sont bien plus nombreux et se répartissent dans les Floridées ou Algues rouges, les Mélanophycées ou Algues brunes, les Chlorophycées ou Algues vertes, les Bacillariées (Diatomées).

 Les Diatomées ou Algues siliceuses, qui forment souvent de puissants dépôts fossiles, vivent aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux salées, ce qui les distingue nettement des trois autres groupes. 

Les Floridées dominent surtout dans les mers chaudes, et si elles sont encore abondantes dans les mers froides, il n'en est pas moins vrai que les Algues brunes y jouent un rôle organique beaucoup plus considérable, témoins les immenses Laminaires répandues dans les mers du Nord de l'Europe; le Laminaria longicruris du Groenland a de 20 à 25 m de longueur; dans la mer d'Okhotsk on signale comme également très grandes les Alaria.

La lumière étant indispensable à la végétation des Algues, celles-ci ne peuvent vivre que près de la surface de l'eau, au plus à 200 brasses; on a distingué trois zones principales dont la dernière s'arrête à cette profondeur et dont la description n'offrirait pas grand intérêt. Ajoutons seulement qu'il existe à de plus grandes profondeurs quelques Algues unicellulaires, munies de chlorophylle, et nageant librement dans la mer, qui ne paraissent pas redouter l'absence de lumière dans la zone obscure, comme on l'appelle quelquefois. En général les Algues se fixent aux corps solides, principalement aux côtes rocheuses, ou encore aux feuilles des grandes herbes marines, et par ce dernier moyen arrivent à envahir et à fixer des vases et des sables mouvants ou elles n'auraient pu s'implanter directement. Ainsi le Posidonia oceanica et le Phucagrostris minor ont fixé des sables de la Méditerranée et le Caulerpa prolifera a pu former de véritables prairies sur des fonds vaseux.

Les Algues siliceuses (Diatomées, Bacillariacées), unicellulaires ou réunies en colonies, nagent la plupart libre. ment en haute mer, et par l'intime association d'un petit nombre d'espèces, constituent ce qu'on appelle les formations de plancton, si importantes au point de vue de l'entretien de la vie animale. On peut rattacher au Plancton les Algues marines arrachées aux côtes lointaines et continuant à se développer en plein océan, comme les Algues de la mer des Sargasses venues des côtes des Antilles.

Les saisons n'influent guère sur la végétation des Algues marines dans les mers froides; dans les régions tempérées il n'en est pas ainsi, et l'apogée de la floraison varie selon la profondeur.

Quant à la répartition des familles d'Algues marines, on peut distinguer un domaine boréal, un domaine tropical et un domaine austral; le domaine boréal, qui renferme surtout les Laminaria, Alaria, Agarum, Fucus, descend en Europe jusqu'en Irlande, en France et en Espagne. Le domaine tropical dépasse beaucoup plus les tropiques au Nord et au Sud que ne le font les flores terrestres correspondantes; il comprend encore la Méditerranée et est principalement caractérisé par le grand développement des Floridées et par la variété extrême des formes des Sargassum. Enfin le domaine austral voit de nouveau prédominer les Algues brunes avec des caractères qui les différencient notablement des espèces boréales; citons entre autres les gigantesques Durvillaea, Macrocystis, etc. Ce domaine s'étend aux côtes méridionale de l'Afrique du Sud, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Amérique antarctique et des îles de ces régions. (Dr L. Hahn).

Faune marine

La faune des Océans est beaucoup plus riche que la flore, car il n'est aucun point du globe ou cette faune ne soit représentée par des organismes appartenant à presque tous les groupes du règne animal depuis les Mammifères jusqu'aux Protozoaires. Cette abondance de la vie animale est remarquable par son uniformité relative : elle est à peu de chose près la même du Pôle à l'Equateur, et s'il est vrai que la faune est plus nombreuse et plus variée sur les côtes, il n'en est pas moins vrai que l'on trouve des animaux marins en grand nombre jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres des côtes et depuis la surface jusqu'à la profondeur énorme ds 5000 à 8000 m. La nature du milieu marin, qui est dans un mouvement incessant sous l'influence des marées et des courants, fait que la distribution des animaux marins est comparable à celle des oiseaux et des insectes et non à celle des animaux terrestres ou d'eau douce. On sait que les animaux marins, même les plus sédentaires à l'âge adulte, naissent sous forme de larves nageuses qui se laissent facilement entraîner par les courants : il en résulte que la plupart des espèces ont une répartition géographique très vaste et que les régions fondées sur l'étude de cette répartition sont beaucoup plus étendues et moins bien caractérisées que celles qui se rapportent à la distribution des animaux sur les continents.

Faune pélagique. 
On désigne sous ce nom, par opposition à la faune littorale, la faune qui vit en pleine mer et généralement à une faible profondeur, bien qu'il n'y ait aucune limite nettement tracée.

Tous les animaux pélagiques sont des types essentielment nageurs, ou tout au moins capables de flotter à la surface ou entre deux eaux, en se laissant entraîner par les courants (V. ci-après § Plancton). Les plus caractéristiques de ces animaux pélagiques sont les Cétacés (Baleines, Dauphins), un grand nombre de Poissons surtout carnivores tels que les Requins, les Daurades, les Poissons-Pilotes (Naucrates), les Poissons-Volants, les Poissons-Lunes (Lampris), les Espadons, les Maquereaux, etc.; parmi les Crustacés, les Schizopodes, les Amphipodes et les Copépodes qui vivent en troupes innombrables et constituent en grande partie la nourriture des Mammifères et des Poissons pélagiques; parmi les Tuniciers et les Mollusques, les Salpes, les Pyrosornes, tous les Ptéropodes, beaucoup de Gastéropodes (Atlanta, Janthina, Glaucus), les Céphalopodes et particulièrement les plus grands d'entre eux; parmi les Coelentérés, les Méduses, les Siphonophores, les Physalies, etc.; enfin les Radiolaires, les Foraminifères et d'autres Protozoaires microscopiques montrent la richesse de cette faune. Les insectes eux-mêmes y sont représentés par les Halobates, Hémiptères marins analogues aux Gerris des étangs et que l'on voit, dans la mer des Moluques, flotter au milieu des Méduses, à une grande distance de toute terre.

A ces animaux adultes viennent se joindre, comme nous l'avons dit, les larves de la plupart des animaux qui vivent sédentaires ou fixés dans la zone littorale. Les Poissons eux-mêmes présentent dans leur jeune âge des formes larvaires adaptées à la vie pélagique et souvent très différentes de la forme adulte. Telle est la Baudroie (Lophius piscatorius), Poisson lourd et difforme, qui vit ordinairement dans la zone littorale où il attend sa proie au passage, à demi-enfoncé darts la vase. Mais au sortir de l'oeuf, la jeune Baudroie a présenté une forme beaucoup plus légère munie de larges nageoires semblables aux ailes d'un papillon, elle a mené une vie active et aventureuse au milieu de la faune pélagique. Un grand nombre de Poissons pondent leurs oeufs en pleine mer, pendant la nuit, sous forme de longs rubans gélatineux qui flottent à la surface. Ce n'est qu'au bout de quelques semaines qu'ils se rapprochent des côtes : c'est ce qui explique pourquoi les formes jeunes de certains Poissons, d'ailleurs très communs (Harengs, Sardines, etc.), sont restées si longtemps inconnues des pêcheurs et des naturalistes.

D'autres représentants plus étranges de la faune pélagique sont les Leptocéphales, singuliers Poissous allongés en forme de ruban grêle et transparent, à tête très petite, à squelette cartilagineux, toujours dépourvus d'organes reproducteurs, et qui sont longtemps restés problématiques aux yeux des ichthyologistes. On sait aujourd'hui que ce sont des formes larvaires de Muraenidae (Congres, Anguilles), qui vivent à l'âge adulte sur les côtes et dans les fleuves (Grassi).

La plupart des organismes pélagiques sont nocturnes, en ce sens qu'ils s'enfoncent à une profondeur variable pendant le jour et ne viennent à la surface que pendant la nuit. C'est ainsi, du moins, que les choses se passent dans la zone intertropicale, et pendant l'été, dans les régions tempérées, plus rapprochées des pôles. D'ailleurs, l'influence de la température de l'air échaudé par le soleil ne se fait sentir que dans les couches les plus superficielles de la mer; même dans la zone équatoriale où la température de la surface s'elève à 30°C, cette chaleur cesse de se faire sentir déjà entre 100 et 200 m de profondeur, suivant les localités et la pureté du ciel. Les courants froids venus des pôles et qui glissent sous cette couche surchauffée, s'y mélangeant peu à peu, contribuent à régulariser la température du milieu marin. Cette température varie très peu dans les grandes profondeurs ou elle reste toujours voisine de 0°C, ne subissant que des oscillations insignifiantes sous l'influence des saisons. Pour vivre presque constamment dans un milieu à température égale, il suffit donc aux animaux marins d'un déplacement presque insignifiant dans le sens vertical, et ce déplacement est quelquefois nécessité par le besoin de chercher la nourriture. C'est ainsi que, dans le golfe de Gascogne, on a pêché au large, par de faibles profondeurs, des Germons (Thynnus alalonga) dont l'estomac était rempli d'Amphipodes (Brachyscelus crusculum, Phrosima semiluna), qui ne viventque sur lies grands fonds, par 4000 m de profondeur. Dès qu'on se rapproche des côtes, ces Amphipodes disparaissent et les Germons n'ont plus que des poissons dans l'estomac.

Plancton.
Si les grands animaux de la faune pélagique vivent en se dévorant les uns les autres, il n'en existe pas moins, dans les océans, une substance spéciale qui doit être considérée comme servant de base à la nourriture des animaux pélagiques: cette substance est désignée sous le nom de Plancton. Comme son nom l'indique (plankton, en grec, matière errante), le Plancton est cette poussière vivante qui flotte au gré des courants et des vagues et que l'on peut recueillir au filet fin lorsqu'on promène cet engin à la surface ou à des profondeurs variées. Dans le filet, cette poussière accumulée forme une sorte de purée plus ou moins épaisse. Examinée au microscope, on y distingue une foule d'Algues microscopiques (Diatomées, Desmidiées, Péridiniacées, etc.), et des animaux du groupe des Protozoaires (Foraminifères, Radiolaires, etc.). La direction que suit le Plancton est indépendante de la volonté des organismes qui le composent: c'est là son caractère essentiel. Mais avec ce Plancton, le filet fin ramène presque toujours une grande quantité de petits Crustacés, de Mollusques, d'Acalèphes et surtout de larves de ces animaux qui suivent le Plancton pour s'en nourrir, et qui deviennent à leur tour la proie des Cétacés et des Poissons.

Haeckel a distingué du véritable Plancton ou Haliplancton : 1° le Necton formé par las animaux qui nagent et peuvent lutter contre le courant; 2° le Benthos (du grec profondeur) formé par les animaux qui rampent sur le fond ou s'y fixent d'une façon plus ou moins durable. C'est surtout sous forme de larves que ces deux derniers groupes contribuent à former le Plancton. Quant à la poussière organisée qui tombe dans les grandes profondeurs (au delà de 400 m), elle est presque toujours morte et constitue des dépôts stratifiés comparables aux couches fossiles : c'est ainsi que se sont formées, au fond des mers, dans la suite des temps géologiques, ces puissantes assises calcaires que l'on exploite aujourd'hui sous forme de pierre à bâtir.

 A ce point de vue, on peut distinguer dans la mer trois régions : 1° la zone pélagique, allant de la surface à la limite de pénétration de la lumière solaire en plein jour : elle comprend du Plancton et du Necton et se caractérise par son abondance en végétaux microscopiques; 2° la zone néritique qui va de la côte à environ 4000 m; elle comprend surtout du Benthos et sa faune est très variable suivant les localités; la zone abyssale, qui s'étend jusqu'aux grandes profondeurs, faisant suite à la précédente et qui comprend du Benthos et du Necton. C'est lorsque le Plancton, entraîné par les courants, est poussé sur les côtes, que les bancs de Sardines qui s'en nourrissent se montrent à sa suite : l'estomac de ces poissons est rempli de Péridiniens, végétaux microscopiques qui entrent pour une large part, comme nous l'avons dit, dans la composition du Plancton.

Rôle des courants marins.
Les courants contribuent singulièrement à égaliser les conditions du milieu dans les océans. Les courants froids venant des pôles refroidissent les eaux de la zone équatoriale; à leur tour les eaux échauffées sous l'équateur vont réchauffer les zones tempérées et froides: il se forme ainsi, un Nord et au Sud de l'équateur, des tourbillons sans fin. Chaque courant froid est côtoyé par un contre-courant chaud coulant à côté ou au-dessus de lui. De là un mélange continuel qui tend à uniformiser les températures et permet aux animaux nageurs de trouver partout les conditions favorables à leur genre de vie. 

Ces courants ont eu une grande influence sur la distribution géographique des organismes marins : ils permettent de se rendre compte du grand nombre d'espèces sub-cosmopolites que l'on signale dans la faune océanique; ils favorisent singulièrement les migrations périodiques que les Phoques et les Otaries , parmi les Mammifères, les Manchots, parmi les Oiseaux, accomplissent chaque année, se rapprochant du pôle pendant le court été des régions arctiques pour vaquer aux soins de la reproduction, descendant vers les régions tempérées lorsque l'hiver et le défaut de nourriture les chasse de ces régions glacées. La présence des grands continents qui barrent à l'époque actuelle la route normale du grand courant équatorial (isthme de Panama, Afrique, archipel Indonésien), le divisant en trois tronçons et le forçant à s'infléchir sur les côtes des continents, explique la distribution géographique dé certaines espèces. C'est ainsi que l'on a montré que les Otaries, originaires de l'océan Antarctique, n'ont pu pénétrer dans le Nord du Pacifique que par un seul point, qui est la mer des Moluques et le détroit de Macassar, point où le courant de Tessan fait communiquer l'Océan Indien avec le Pacifique et suit une direction favorable à cette migration : partout ailleurs le sens des courants s'y oppose. Mais si cette migration est possible pour les Otaries, animaux littoraux et qui passent à terre une partie de leur vie, elle est impossible pour certains Cétacés, notamment pour les Baleines franches (Balaena), qui craignent par-dessus tout d'échouer sur les côtes, accident qui entraîne leur perte. Aussi les espèces de ce genre sont-elles confinées dans les mers froides et tempérées des deux hémisphères. Maury a montré que les courants chauds étaient pour les Baleines comme un « cercle de feu » qui les tient éloignées de l'Equateur, de telle sorte que des espèces représentatives, mais bien distinctes, se rencontrent des deux côtés de la zone intertropicale. Les Dauphins au contraire se plaisent dans toutes les mers, sauf le Narval et le Beluga qui sont propres aux mers arctiques. Enfin, les Cachalots remplacent les Baleines dans les mers intertropicales, s'aventurant plus rarement dans les mers tempérées et fuyant avec soin les mers polaires. 

Le Gulf Stream est l'exemple le mieux connu d'un courant détourné de sa route naturelle par la présence d'un continent (l'Amérique centrale) : mais il est probable que sa direction actuelle ne remonte qu'à une époque relativement récente, celle de la fermeture de l'isthme de Panama, et c'est ce qui explique les rapports que l'on constate entre la faune de la mer des Caraïbes et celle du golfe de Panama dans le Pacifique. A l'époque actuelle, au contraire, ce courant établit des échanges continuels à travers l'Atlantique, entre les faunes littorales de l'ancien et du nouveau continent.

Faune des Sargasses. 
Au centre des tourbillons formés par les courants, dans les grands océans au Nord et au Sud de l'équateur, on trouve d'immenses îlots d'Algues flottantes désignées sous le nom de Sargasses. Ce sont des Algues brunes détachées des côtes et qui se sont adaptées à la vie pélagique, formant des rubans longs souvent de plusieurs kilomètres, et qui flottent grâce aux vésicules remplies d'air, ou flotteurs, dont leur thalle est pourvu. On trouve de ces « mers de Sargasses » dans presque tous les océans, mais la mieux étudiée est celle qui se trouve dans l'Atlantique, au Nord du courant équatorial et à l'Est de l'origine du Gulf Stream, entre les Canaries, les Açores et les Bermudes. La faune qui vit au milieu de ces Algues est assez spéciale, mais elle est comparable plutôt à une faune littorale qu'à une faune pélagique, puisque ses représentants peuvent se fixer aux Algues comme aux rivages d'une île : en réalité, elle tient de l'une et de l'autre tout en présentant des caractères particuliers très dignes d'intérêt. On y remarque un petit poisson (Antennarius marmoratus) spécial à cette faune, et qui construit son nid au milieu des Algues en le fixant à l'aide de filaments muqueux très résistants. Des Syngnathes, des Diodons, des Castagnoles (Sparus) se cachent sous le thalle des Sargasses; des Crabes (Neptunus sayi, Nautilograpsus minutus) s'y cramponnent, et des Palémons (Palemon natator) nagent à l'entour. Des Amphipodes, des Mollusques (Scyllea pelagica), une Eolide (Litiopa bombyx), rampent a leur surface; des Hydraires, des Membronipores, des Spirorbes, des Annélides, une Planaire et une petite Actinie complètent cette faune qui présente tous les caractères d'une colonie de la faune littorale.

Les Poissons pélagiques viennent chercher pâture au milieu des Sargasses comme sur les rivages des continents : on y remarque surtout des représentants de la famille des Macruridae, remarquables par leur forme allongée, et des Pleuronectes, qui ayant perdu l'habitude de se cacher dans le sable en se couchant sur le côté, n'ont pas les deux faces dissymétriques : par contre, ils portent de longs tentacules. On est encore plus surpris de rencontrer au milieu de cette faune pélagique un représentant du genre Amphioxus (ou Branchiostoma), dont tous les autres représentants connus vivent dans la zone littorale où ils s'enfoncent profondément dans le sable.

La plupart des animaux qui fréquentent les mers de Sargasse présentent un curieux mimétisme : pour échapper à la voracité des Poissons carnivores qui rôdent autour des Algues, ils revêtent la couleur brun olivâtre, formée par le mélange de taches brunes; vertes ou jaunes qui est celle de ces varechs et que l'on a nommée la « livrée des Sargasses ». Ces teintes ternes tranchent nettement avec la couleur bleue, azurée, qui revêt les animaux pélagiques et qui se montre sur l'Hippolyte ensiferus, espèce de Crevette nageuse très agile et qui est d'un bleu si intense qu'on ne la voit pas quand elle est plongée dans la mer. Les jeunes Poissons volants (Exocetus), qui se développent à l'ombre des Sargasses, commencent par revêtir cette livrée brune si caractéristique, mais dès qu'ils sont assez forts pour quitter cet abri, les taches brunes disparaissent pour faire place à la, teinte d'un bleu uniforme qui est propre aux adultes.

Faune des bancs de coraux. 
Les récifs coralliens et les îles madréporiques, construits par des Polypes en sociétés et formant d'immenses agglomérations, ont été étudiés ailleurs (V. Atoll), au point de vue de leur rôle géologique et géographique, sur lequel nous ne reviendrons pas ici. Au point de vue de leur distribution à la surface du globe à l'époque actuelle, on sait que les Coralliaires ne peuvent prospérer que dans la zone intertropicale et surtout dans la zone équatoriale, entre 15° de latitude Nord et 15° de latitude Sud, de chaque côté de l'équateur, car la plupart ont besoin pour vivre d'une température qui ne s'abaisse jamais, même dans la saison froide, au-dessous de 20°C. C'est pourquoi ces récifs coralliens, si nombreux dans le Pacifique, deviennent rares ou font défaut dans l'océan Indien et surtout dans l'Atlantique. Partout où des courants froids abaissent la température normale des côtes, comme sur les rivages occidentaux de l'Amérique du Sud, de l'Australie et de l'Inde, les grands bancs de coraux font défaut; au contraire, c'est grâce à un courant chaud (le Gulf Stream), que les récifs des Bermudes peuvent vivre dans l'Atlantique sous la latitude exceptionnelle de 33°de latitude Nord, qui est la plus éloignée de l'équateur où l'on ait constaté la présence de ces constructions coralliennes. Dans la zone équatoriale, la plupart des formes de Polypiers prospèrent, mais dans la zone subtorride (limitée par l'isochimène de 20°C), les Madréporaires qui sont le type des Polypiers constructeurs d'Atolls, font défaut, les Astréacées et les Fungies deviennent rares, tandis que les Porites, plus résistants aux basses températures, finissent par prédominer. Tous ces Coralliaires, d'ailleurs, sont avides d'oxygène et de lumière, ils ne se développent que dans l'eau la plus pure, et les Madréporaires ne vivent pas à une profondeur de plus de 50 m : ils ne s'installent jamais sur les rivages vaseux ou dans l'eau trouble des estuaires. La nourriture de ces Polypiers est essentiellement formée par le Plancton que les courants amènent à portée de leur bouche, mais ils servent à leur tour de nourriture à une foule d'animaux marins qui constituent la faune des bancs de coraux.

Les plus remarquables de ces ennemis des Coralliaires sont les poissons des familles des Choetodontidae et des Pomacentridae qui se nourrissent principalement des polypes des Madréporaires qu'ils broutent littéralement lorsque ces animalcules s'épanouissent sur la muraille des Polypiers. Mais les fissures et les anfractuosités de cette muraille servent de refuge à une foule d'animaux marins Annélides, Crustacés, Bryozoaires, Brachiopodes, Mollusques, Echinodermes, etc. La lourde coquille des Tridacnes, les plus grands de tous les Bivalves, se voit souvent implantée sur une saillie du récif et lorsque cette coquille s'entrouvre et que le manteau de l'animal déborde, dans une eau claire et calme, on croirait voir un parterre de tulipes, tant cet organe est paré de couleurs vives et tranchées.

Faune littorale.
La faune littorale comprend les animaux marins qui vivent sur les côtes des continents dans les limites de la végétation sous-marine formée d'Algues fixées aux rochers et de prairies de Zostères. C'est l'étude de cette faune qui a principalement servi de base aux naturalistes pour la classification des Océans en zones et en régions. Les faunes littorales des poissons marins ont été divisées par Günther de la manière suivante :

Classification des faunes marines littorales. Günther admet 5 zones primordiales qui se subdivisent en régions et en districts de moindre importance et qui sont :

I. Zone de l'océan Arctique. - II. Zone Nord tempérée avec 2 régions : A. Atlantique N. tempéré avec 3 districts: Britannique, Méditerranéen et Nord-Américain; B. Pacifique Nord tempéré, avec 3 districts : Kamtshadale, Japonais et Californien. - III. Zone équatoriale avec 3 régions: A. Atlantique tropicale; B. Indo-Pacifique tropicale; C. Pacifique américaine, celle-ci avec 3 districts: Amérique centrale, Galapagos, Péruvien. - IV. Zone Sud tempérée avec une seule région et 4 districts : Cap de Bonne-Espérance, Sud-Australien, Chilien et Patagonien. - V. Zone de l'océan Antarctique.
Cette classification qui est, comme on voit, tout à fait géographique et d'une régularité qui contraste avec l'irrégularité des régions continentales, s'applique également, dans la plupart des cas, à la distribution des Mollusques, des Crustacés et des Echinodermes. En effet, les subdivisions proposées par Woodward et Fischer, par Dana et par Agassiz pour ces divers groupes, ne font que reproduire sous d'autres noms les subdivisions (districts) de Güinther. On peut en juger par la liste suivante des 18 provinces admises par Woodward, pour la distribution des Mollusques marins :
1. Arctique; 2 Boréale; 3. Celtique; 4. Lusitanienne; 5. Aralo-Caspienne; 6. Africaine occidentale; 7. Africaine australe; 8. Indo-Pacifique ; 9. Australo-Zélandaise; 10. Japonaise; 11. Aléoutienne ;12. Californienne ;13. Panamtique; 14. Péruvienne ; 15. Magellanique ou Antarctique; 16. Patagonienne; 17. Caraïbe (Antilles); 18. Transatlantique (Américaine). - On voit qu'il y a peu de choses à faire pour établir la concordance de ces 18 provinces avec les 17 districts de Günther. 
En raison des différences légères qui séparent les zones et les régions marines, on a proposé de les réduire à 3 zones, dont une seule, beaucoup plus importante que les autres comprendrait 3 régions. On aurait ainsi : 
1° Zone Arctique froide et tempérée; 2° Zone Equatoriale avec 3 régions : A. Indo-Pacifique ; B. Atlantique; C. Américaine occidentale. 3° Zone Antarctique.
I. La faune littorale Arctique, est, comme nous l'avons dit, d'une grande richesse surtout en individus, et cette abondance contraste avec la pauvreté de la faune terrestre. D'après Sars, les Mollusques marins arctiques ont plus de 250 espèces, tandis que les Insectes, partout ailleurs si nombreux, ne dépassent pas une trentaine d'espèces. Les Poissons arctiques sont de nombreuses espèces de Morues (Gadidae) qui servent à la nourriture des habitants des côtes. Les genres Cyclopterus et Liparis (famille des Cyclopteridae), sont propres à cette zone, et les Esturgeons (Accipenseridae) y passent périodiquement de la mer aux eaux douces. Les Blennoïdes (Lycodidae) sont communs aux régions Arctique et Antarctique, ainsi que les Myxines poissons vermiformes, parasites externes des Morues.

II. La faune Antarctique est caractérisée par la réapparition, dans sa zone tempérée, des types arctiques qui ne se trouvent pas dans la zone équatoriale intermédiaire. L'identité des types s'étend quelquefois jusqu'aux espèces (Galeus canis, Engraulis euchrasicolus, Clupea sprattus, Conger vulgaris). Dans la zone froide, les Gadidaes sont moins nombreux que dans la région arctique. Les genres Zanclorhynchus, Choenichthys, Haspagifer, Thysanopsetta sont propres à cette zone et se trouvent sur les côtes du détroit de Magellan ou des îles Kerguelen.

La grande région Indo-Pacifique, qui s'étend de la mer Rouge jusqu'aux archipels orientaux de la Polynésie, est à elle seule plus riche que toutes les autres, comme on peut s'y attendre d'après son étendue. Elle est bien caractérisée par le grand développement des Coraux madréporiques qui forment le soubassement d'un grand nombre d'îles dans l'océan Indien et le Pacifique. On compte plus de 80 genres de Poissons propres à cette région, et la plupart des espèces dans toutes les classes d'animaux marins se retrouvent identiques de la mer Rouge à l'archipel d'Hawaii.

La région atlantique équatoriale a très peu de genres qui lui soient propres (Centropristis, Rhypticus, Haemulon, Malthe). Les autres se retrouvent dans le Pacifique. Les récifs coralliens n'existent que dans la région qui s'étend des Antilles à la Floride. Un certain nombre d'espèces s'étendant des mers d'Europe à l'Australie, tandis que la faune terrestre de ces deux régions est aussi dissemblable que possible. La faune de la Méditerranée n'est qu'une dépendance de celle de l'Atlantique.

La région américaine occidentale (ou du golfe de Panama) est complètement dépourvue de récifs coralliens, même sous l'équateur, ce qui tient à la basse température de ses eaux sans cesse refroidies par les courants venant des pôles (courant de Humboldt dans l'hémisphère Sud, courant de Tessan sur les côtes de la Californie). L'absence des Coraux entraîne celle des Poissons qui s'en nourrissent, des Mollusques et des Crustacés qui se plaisent sur les récifs. Les genres sont bien les mêmes que dans la région Indo-Pacifique, mais les espèces sont différentes. Le district de l'Amérique Centrale (province Panamique) est remarquable par la presque identité de sa faune avec celle de la mer des Antilles et du golfe du Mexique: nous en avons déjà indiqué la cause (V. le § Rôle des courants marins).

Zones ou étages de la faune littorale. 
Dans la faune littorale d'une région donnée, on peut distinguer plusieurs étages ou zones caractérisés surtout par la présence des Invertébrés sédentaires ou fixés au fond qui se plaisent dans chacune de ces zones (distribution bathymétrique). Forbes distingue les 4 zones suivantes :

1° la zone littorale proprement dite (zone intertidale), située entre les limites du balancement des marées, zone des Algues épaves ou arrachées du fond, que le flot pousse au rivage: c'est l'habitat des Littorina (lorsque le fond est rocheux), des Hydrobia (quand ce fond est vaseux); c'est la région subterrestre de Vaillant. 

2° Zone des Laminaires, qui s'étend des plus basses marées à 27 m environ de profondeur, dite aussi « Zone des Zostères » et subdivisée en région des, Algues vertes (jusqu'à 12 et 15 m) et région des Algues rouges (jusqu'à 36 m) ; c'est là que vivent les Mollusques herbivores (Bissoa, Trochus), etc.) et l'Huître comestible. 

3° Zone des Corallines (ou Algues incrustantes), entre 27 et 91 m, zone assez mal dénommée, car ces Corallines habitent déjà la zone des Laminaires; on pourrait l'appeler plus exactement Zone des grands Buccins (Buccinium, Fusus, Triton, Cassis). 

4° Zone des Brachiopodes et des Coraux, entre 91 et 185 m et plus, caractérisée par la rareté ou l'absence complète de végétation fixée, la présence des Coralliaires (Oculina, Dendrophyllia), des Bryozoaires, des Alcyonnaires et des Brachiopodes). 

Immédiatement à la suite de cette quatrième zone commencent les zones de la faune Abyssale, car il est utile de faire remarquer que sur la pente sous-marine, plus ou moins régulière ou accidentée, qui forme le plateau continental, il n'y a pas en réalité de limite tranchée entre la faune littorale et la faune des grandes profondeurs, dont il nous reste à parler.

Faune Abyssale ou des grandes profondeurs.
On a cru jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle que toute vie cessait dans les mers au delà de 450 m environ de profondeur. L'examen de câbles électriques immergés à une profondeur de 2000 à 2800 m et sur lesquels s'étaient fixés des Mollusques et des Polypiers d'espèces variées, a montré que cette opinion était erronée (A. Milne-Edwards). Enfin les explorations sous-marines du Porcupine, du Challenger, du Travailleur, du Talisman et de beaucoup d'autres, les dragages, entrepris à des profondeurs considérables, ont prouvé que des animaux appartenant à presque toutes les classes d'Invertébrés et même des Poissons vivaient jusqu'à 8000 m et plus, dans les grandes vallées du fond des océans. Les formes ainsi recueillies étonnent d'abord par leur nouveauté et leur étrangeté relative, mais si on les examine de plus près, il est facile de se convaincre qu'il ne s'y trouve, en réalité, aucune forme spéciale, comparable aux Dipnoïques parmi les Poissons, au Péripate parmi les Arthropodes, et que la plupart rentrent dans les familles ayant déjà des représentants dans la faune littorale ou dans la faune pélagique, et doivent être considérés comme des types qui se sont habitués peu à peu à vivre à de grandes profondeurs. Les plus intéressantes de ces formes sont celles qui n'étaient connues précédemment que par des espèces fossiles, et dont on considérait le type d'organisation comme entièrement éteint.

Les Poissons des grandes profondeurs appartiennent aux familles des Macruridae, Scopelidae, Lophiidae, Luciocephalidae, Sternopthyeidae, Stomiatidae, Muraenidae, qui ont des représentants, soit dans la faune littorale, soit dans la faune pélagique; ils constituent tout au plus des genres particuliers, mais présentent un facies spécial. Leur peau est couverte d'un enduit muqueux très épais et leurs écailles se détachent facilement. Les muscles sont mous et peu épais, les os spongieux et fragiles, bien que tous appartiennent au groupe des Poissons osseux les Poissons cartilagineux n'y sont pas représentés. Leur bouche est généralement grande et armée de dents grêles et recourbées en forme d'hameçons : tous sont carnivores et doivent vivre dans une vase épaisse que leurs mouvements seuls remue. Les uns sont allongés, anguilliformes (Cyema, Macrurus, Stomias, Malacosteus, etc.); d'autres sont plus courts et ne semblent formés que d'une large bouche et d'un estomac extrêmement dilatable (Metanocetus, Dibranchus) : le Melanocetus Johnsoni a été péché à plus de 4500 m de profondeur. Ces poissons vivent ainsi sous une pression qui dépasse souvent 200 atmosphères, de telle sorte que lorsque la drague les amène à la surface, ils ont presque toujours l'estomac renversé hors de la bouche, par suite de la décompression trop brusque subie par les gaz que renferme leur vessie natatoire.

Si la plupart de ces poissons ont des couleurs sombres et ternes, il n'en est pas de même des Crustacés quelques-uns de ceux-ci sont, il est vrai, blanchâtres et transparents (Pentacheles, Polycheles, Willemaesia), mais d'autres sont parés de couleurs d'une intensité surprenante; telles sont les grandes Crevettes du genre Aristeus (par 1000 à 3000 m), dont la teinte rouge carminée semble factice au premier abord. D'autres sont remarquables par leur grande taille : Gnathophausia goliath (2300 m) est le géant des Schizopodes, car il a 25 cm de long : le Bathynomus giganteus de 23 cm, qui provient de 1700 m, est le plus grand de tous les Isopodes connus, et le Colossendeis titan, trouvé à 4000 m, est un Pygnogonide d'une taille vraiment plus grande que celle des espèces vivant près des côtes.

C'est parmi les Echinodermes et les Brachiopodes que l'on trouve ces types archaïques que l'on croyait éteints avant qu'on les ait retrouvés vivants dans les brandes profondeur. Les Crinoïdes, type très ancien, sont représentés à 4500 m environ par le Pentacrinus Wyville-Thomsoni, à 2700 m par le Bathycrinus Aldrichianus. Un genre d'Oursins mous, à carapace mobile comme celle d'une poche de cuir (Calveria), permet de se faire une idée exacte de l'organisation de certains types fossiles précédemment connus et qui avaient la même conformation. Les Brachiopodes sont souvent de grande taille (Terebratula Wyvillei pêchée à 2000 et 4000 m) et se rapprochent de types jurassique. Les Crustacés Pentacheles et Polycheles, dont nous avons déjà parlé, se rattachent également au G. Eryon qui est de la même époque géologique.

Une autre particularité remarquable de la faune des grandes profondeurs, c'est que les distinctions géographiques n'y ont plus de raison d'être : cette faune est presque uniforme des pôles à l'Equateur, ce qui se comprend sans peine lorsque l'on sait qu'à la profondeur de . 2000 m, la température est sensiblement la mêôme sous toutes les latitudes. C'est ainsi que les Lithodes, Crustacés de grande taille supposés d'abord propres aux mers polaires, ont été dragués par le Travailleur, à la profondeur de 1500 m, sur les côtes du Sahara africain. On peut dire que les types de la faune abyssale sont cosmopolites.

Conditions d'existence de la faune abyssale. 
Les particularités qui distinguent les animaux des grandes profondeurs ont été résumées de la manière suivante par Edmond Perrier : Les animaux fixés (Eponges, Alcyonnaires, Crinoïdes, Tuniciers) ont un long pédoncule nécessité par l'épaisse couche de vase qui couvre le fond. Pour la même raison, beaucoup d'entre eux sont incubateurs, c.-à-d. qu'ils n'abandonnent pas au hasard leurs oeufs et leurs jeunes, qui périraient infailliblement étouffés dans la vase; ils les gardent avec eux jusqu'à ce qu'ils puissent se suf fire à eux-mêmes. Dans ce milieu obscur, la cécité est fréquente et la vue est remplacée par des organes tactiles très allongés (Crustacés à membres longs et grêles, Etoiles de mer à longs bras, etc.). Les Holothuries sont munies d'une sole ventrale et rampent sur le fond comme des Limaces. Par contre, chez les types nageurs, les organes tactiles et les yeux sont souvent développés simultanément; de plus, les Poissons et les Crustacés sont assez fréquemment munis d'organes lumineux phosphorescents, et ce mode d'éclairage, qui supplée à l'absence de la lumière du soleil, est le seul que connaissent les animaux de la faune abyssale.

La basse température des grandes profondeurs, l'absence des courants et des vagues, des végétaux fixés et des rochers anfractueux, la nature du fond qui est en quelque sorte nivelé par une couche de vase homogène tassée sous une pression énorme, telles sont les conditions qui forcent les jeunes à se développer en restant attachés à leur mère (Pterasteridae, Cidaris nutrix, Hemiaster cavernosus). Une Holothurie (Cladodactyla crocea) porte ses petits dans des poches spéciales ou fixés à ses piquants; un Crustacé (Arcturus Baffini) les promène cramponnés à ses antennes. 

Comme les courants ne renouvellent pas sans cesse la nourriture, les Polypiers branchus et qui vivent en colonies nombreuses sont rares, tandis que les Polypiers solitaires (Caryophyllia) abondent : munis d'un long pied mobile qu'ils enfoncent dans la vase, ils se déplacent facilement (Hyalonema). Des Ascidies pédonculées (Ascopera, Corynascidia) vivent de la même manière, ainsi que des Hydraires, des Alcyonnaires (Monocaulon, Virgularia, Umbellularia) et les Crinoïdes dont nous avons déjà parlé (Pentacrinus, Rhizocrinus); leur pédoncule atteint quelquefois plusieurs mètres de long, ce qui explique l'abondance des articles (entroques) qui forment cette tige dans certaines couches géologiques du Mésozoïque.

La présence de Polypiers nuancés de violet, de jaune et de vert, d'Ombellulaires d'un violet éclatant, de Pentacrinus d'un vert clair, de Comatules jaunes ou rouges, de Brisinga orangés ou écarlates, d'Hymenaster roses et lilas, d'Oursins mous pourprés, de Pourtalesia d'un violet magnifique, de Crustacés d'un rouge carminé (Gnathophausia, Nematocarcinus, Hapalopoda), etc., prouve que la lumière du soleil n'est pas nécessaire au développement de ces pigments colorés.

On sait combien la phosphorescence est commune chez les organismes marins, mais cette propriété est encore exaltée chez ceux qui habitent les grandes profondeurs. Lorsque après un dragage on ramène le soir le chalut chargé de butin à bord du navire, on assiste à un spectacle magnifique. Tout est en feu dans le filet. Les rameaux des Polypiers, les Etoiles de mer, et parmi celles-ci, la brillante et fragile Brisinga, les Mopsées répandent une lumière qui permet de lire à cette clarté mystérieuse. La vase même est pétrie de Protozoaires lumineux, de telle sorte que le fond lui-même doit être éclairé par l'effet des mouvements des organismes qui s'agitent à sa surface. Les appareils lumineux dont certains Crustacés sont pourvus, ont une variété surprenante : l'Acanthephyra pellucida du groupe des Palémons, qui se pêche déjà par 500 m de profondeur, a des yeux phosphorescents énormes et de plus sept espèces différentes d'organes lumineux distribués sur tout le corps. L'Euphausia pellucida porte également de ces organes que l'on peut comparer aux appareils de projection d'un phare et qui ont probablement, comme l'oeil des Chats la propriété de recueillir et de condenser la plus faible lumière au milieu de la nuit. Les Poissons ont leur raie latérale phosphorescente : le Malacosteus niger porte sur la tête deux paires d'appareils lumineux, l'une vert clair, l'autre jaune et munie d'une lentille. Chez l'Ipnops murrayi (par 3500 m), ces appareils lumineux couvrent toute la tête.

Les Rhizopodes, les Eponges calcaires, cornées et charnues, les Polypes hydraires, les Méduses, les Oursins réguliers, les Holothuries normales (rayonnées) sont des types qui manquent dans la faune abyssale. Les Entomostracés, les Mérostomacés, les Nemertes et les Annélides, les Bryozoaires, les Brachiopodes, les Céphalopodes et les Ptéropodes sont rares, mais la plupart des autres familles qui sont représentées dans la faune littorale le sont aussi dans la faune abyssale : celle-ci est plus riche en individus de même espèce qu'en formes variées; elle s'appauvrit d'ailleurs à mesure que la profondeur augmente.

En se fondant sur l'étude des Echinodermes, qui sont les animaux les plus caractéristiques de la faune abyssale, on peut diviser cette faune en 5 zones, qui font suite aux zones littorales, et qui sont ainsi définies : 

1re zone de 100 à 500 m (qui se confond en partie avec la quatrième zone littorale dite « zones des Brachiopodes et des Coraux »); elle est caractérisée par Antedon phalangium, avec des Eponges calcaires, des Askonema et des Gorgones. 

2e zone, de 500 à 1000 m avec Letmogone : les Holtenia, Euplectella, Brisinga et Calveria commencent à se montrer. 

3e zone, de 1000 à 1500 m, riche en Brisinga, Calveria, Pentacrinus et en mollusques (Fusus, Bulla, Trochus, Dentalium).

4e zone : de 2500 à 5000 m et plus, avec Bathycrinus, Hemiaster, Pourtalesia, Brisinga Edwardsi. 

5e zone définie par les Oneirophenta et Peniagone qu'on ne trouve qu'à partir de 5000 m.

Migrations des animaux marins.
Parmi les animaux marins, les Pinnipèdes (Phoques et Otaries) dont nous avons déjà parlé sont les seuls qui effectuent de véritables migrations périodiques comparables à celle des oiseaux de long vol. Cependant les migrations de certains poissons qui passent chaque année de la mer aux eaux douces et vice-versa pour vaquer aux besoins de la reproduction (Anguilles, Saumons, Esturgeons), s'en rapprochent jusqu'à un certain point. La plupart recherchent les rivières pour y déposer leurs oeufs dans les eaux plus calmes où les jeunes courent moins de dangers que dans la mer : les Anguilles, au contraire, naissent dans la mer et remontent les fleuves alors qu'elles sont encore jeunes, et s'y installent à l'âge adulte. Quant aux prétendus voyages des Sardines et des Harengs, ils n'ont pas le caractère qu'on leur supposait autrefois : on croyait que ces poissons, dont les bancs se montrent au printemps sur les côtes, venaient des régions arctiques où ils auraient passé le reste de l'année. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. C'est dans les grandes profondeurs que la Sardine vit pendant l'hiver : elle ne se rapproche des côtes que pour frayer, de telle sorte que ces déplacements consistent simplement à remonter d'une zone à une autre et vice-versa, et rappellent les déplacements des oiseaux sédentaires, qui passent de la forêt ou de la montagne à la plaine, suivant les saisons, plutôt que les migrations lointaines des Hirondelles, des Echassiers et des Palmipèdes voyageurs.

Rapports paléontologiques des faunes marines.
Les faunes marines fossiles sont d'autant plus différentes de celles des mers voisines, à l'époque actuelle, que l'on remonte plus loin dans la série des couches géologiques. C'est ce que l'on constate notamment en Europe. Ainsi la faune quaternaire diffère à peine de celle de l'Océan ou de la Méditerranée. La faune pliocène du centre de l'Europe se rapproche davantage de la faune actuelle de la Méditerranée elle a un faciès franchement méridional. La faune miocène du même pays est voisine de la faune actuelle de la mer des Caraïbes et les faunes éocène et crétacée ont des représentants vivants dans la zone équatoriale de la grande région lndo-Pacifique. Enfin les Crinoïdes, si nombreux aux époques mésozoïque et paléozoïque, n'ont plus d'analogues que dans la faune des grandes profondeurs. Les faunes marines anciennes paraissent avoir présenté une grande uniformité sur tous les points du globe où on a pu les étudier à l'état fossile. (E. Trouessart).



Steven Weinberg, Découvrir la vie sous-marine : Atlantique, Manche et Mer du Nord : Guide d'identification 500 espèces de faune et flore, GAP, 2010.
2741704082
Philippe Rekacewicz, Atlas des océans, Armand Colin, 2009.

L'ambition de cet atlas est d'analyser l'océan dans ses dimensions économiques, écologiques, sociales et humaines. Une foule de questions sont abordées : route maritimes, pirateries, réfugiés climatiques, submersion des littoraux, surpêche, aquaculture, etc. (couv.).
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Jean-Michel Cousteau, Atlas de l'Océan mondial, pour une politique durable de la planète mer, Autrement , 2007. L'objectif de cet atlas est de présenter à quel point l'homme est lié à l'océan : l'angle des besoins économiques et sociaux des communautés humaines est privilégié. Cartes et graphiques illustrent ces liens et mettent en lumière la nécessité d'une gestion globale et à long terme de ce milieu naturel essentiel à l'équilibre planétaire. L'Atlas de l'océan mondial se veut ainsi un outil de réflexion pour le grand public en offrant une image claire et concise des enjeux actuels pour l'humanité. Il explique également pourquoi et comment chacun d'entre nous peut agir. Cartographie de Cécile Marin. En coédition avec Nausicaâ, Centre national de la mer (Boulogne-sur-Mer). (couv.).

Philippe Cury, Yves Misereyves, Une mer sans poissons, Calman-Lévy, 2008. - Si la mer, vue du rivage, continue à  "danser le long des golfes clairs", sous la surface, c’est une tragédie qui se joue : à force d’être mangée par l’homme, la mer se meurt. En l’espace d’un siècle et demi, loin des regards, des ressources qu’on pensait inépuisables ont été poussées au bord de l’effondrement par une surpêche qui prélève plus de 100 millions de tonnes de poisson par an dans le monde. En pêchant toujours plus loin, toujours plus profond, et à présent toujours plus « petit », l’homme est en train de transformer les océans du globe en désert liquide. Des bateaux et des technologies toujours plus performants ne laissent aucune chance aux poissons. Du bateau-usine à la pirogue, toutes les embarcations capturent des espèces réputées inaccessibles ou non consommables. Le pillage est systématique et aveugle, car il est particulièrement difficile de sélectionner les espèces capturées. À ce rythme, ce sont des maillons entiers de la chaîne alimentaire marine qui ont déjà été rayés de la liste du vivant, avec comme conséquence, à terme, une déstabilisation inquiétante de tout l’écosystème marin. L’effondrement brutal et irréversible des ressources halieutiques n’est plus une hypothèse fantaisiste. Que font les pouvoirs publics? Si peu, alors qu'il faudrait une mobilisation générale. On cherche en vain les prémices d’une gouvernance mondiale, seule à même de rétablir la productivité des océans. Et la plupart des pays redoute de se mettre à dos ses pêcheurs, la France plus que tout autre… Une mer sans poissons est un état des lieux d’autant plus alarmant qu’il est factuel et qu'il s'appuie sur une documentation très complète et souvent inédite en français. Après l'avoir lu, on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. (couv.).

Charles Clover, Surpêche, l'océan en voie d'épuisement, Demopolis, 2008.

C. Rives, La France des mers tropicales, 2006. - Avec 55 000 km² de récifs coralliens, soit près de 10% des récifs mondiaux, la France possède l'un des plus grands linéaires côtiers de récifs coralliens, soit 5000 Km situés dans les trois océans tropicaux, atlantique, pacifique et indien.

National Geographic a envoyé, pendant un an, son photographe Claude Rives, spécialiste de photo sous-marine et de sujets environnementaux, photographier ces écosystèmes marins et sous-marins. Il a rapporté de ce long voyage un reportage inédit de plusieurs centaines de photos qui permettent aujourd'hui la réalisation de ce livre.

Ce livre dresse un véritable portrait écologique des territoires et départements français d'outre-mer, la Guadeloupe  - le parc national de Guadeloupe et sa faune endémique, la Réserve de Grand-Cul-de-Sac marin et sa mangrove marine -, la Martinique - la recolonisation par la faune et la flore des épaves de la baie de St Pierre après l'éruption de la Montagne Pelée -, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, Mayotte  - la renaissance de la barrière de corail après le passage d'El Niño en 1987, mais aussi les makis et les tortues de N'gouja -, la Réunion, Wallis et Futuna, Alofi,...

Dans ce portrait est traité l'environnement, c'est à dire la faune, la flore, les paysages. Ces reportages ont été réalisés avec le concours des chercheurs d'organismes tels que le Muséum d'histoire naturelle et le CNRS, qui ont accompagné le photographe sur les terrains les plus divers. Ces territoires possèdent de riches écosystèmes marins. En particulier des récifs coralliens qui ont une grande importance dans le domaine économique, qu'il s'agisse de la pêche, de l'aquaculture et de l'éco-tourisme. (couv.).

Philip Plisson, La mer, l'avenir de la Terre, La Martinière, 2006.

Philip Plisson, Irène Frain, Les couleurs de la mer, La Martinière Beaux livres, 2005. - Photographe au talent largement salué, admis en 1991 au sein du corps historique et restreint des Peintres de la Marine, Philip Plisson s'adonne à sa passion depuis plus de vingt-deux ans. Au cours de ses voyages, il a su capter la beauté de la mer et saisir ce qu'elle a de plus intemporel comme de plus particulier.

Les images sélectionnées séduisent par leur graphisme, par la poésie qu'elles dégagent et par le regard passionné de leur auteur. Philip Plisson transmet à travers ses photographies toutes les émotions que peut susciter la contemplation de la mer. Il utilise la lumière et ses variations comme révélateur de la beauté des paysages marins, en saisissant des instants fugaces comme le chatoiement de la mer autour d'un bateau de pêche dans le pays bigouden, une trouée de lumière illuminant le phare de Pen-Men, ou encore une tempête au large d'Ouessant.

En contrepoint, Irène Frain, auteur et journaliste originaire de Bretagne, s'est laissé inspirer par la splendeur des images et apporte un regard sensible et intime dans cette célébration de l'univers de la mer. (couv.).

Gérard Piouffre, Dictionnaire de la marine, Larousse, 2007. - L'objet de ce livre est de retrouver et de comprendre les mots liés à la vie du marin et de proposer d'en savoir plus sur leur histoire et sur l'univers maritime qu'ils désignent.

1 800 entrées couvrant tous les domaines : la faune et la flore; la plaisance; la pêche; les ports et les escales; la météo; la manoeuvre; la croisière; la marine d'autrefois et d'aujourd'hui; La marine scientifique (hydrographie, océanographie, recherche sous-marine...); les dangers de la mer; les grandes courses à la voile; les femmes et hommes de mer; les savants, artistes et institutions de la mer... (couv). 

Stephen Hutchinson, Mers et Océans, guide visuel, Sélection du Reader's Digest, 2005.

Andrew Byatt, La planète bleue, au coeur des océans, Larousse (Beaux livres), 2004.

Jocelyne de Pass, Moi, Calypso, autobiographie secrète d'un bateau de légende, Michalon, 2004. - Bateau de légende, la Calypso vous invite à son bord, le temps de partager le secret de ses coursives. On y retrouve le commandant Cousteau, et son épouse Simone. On y croise ceux qui y passèrent quelques semaines ou ceux qui y firent leur carrière. Moi, Calypso livre les anecdotes inconnues, les passions inavouées, les aventures insolites. Puis, c'est l'abandon du bateau dans l'indifférence apparente. La Calypso réclame le droit de finir dignement et d'être coulée avec les honneurs. Jocelyne de Pass a travaillé plus de vingt ans comme traductrice pour le commandant Cousteau. Elle est ici aidée par un "ancien" de l'équipe Cousteau, Jean-Marie France, qui accepte de sortir de l'ombre pour éviter à la Calypso une fin honteuse (couv.).

Steven Weinberg, L'Atlantique, la Manche et la mer du Nord, Nathan (guides nature), 2004.

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