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Végétaux > Dicotylédones
Les Hêtres
Le genre Fagus
Les Hêtres (Fagus Tourn.) sont un genre de Castanéacées, du groupe des Quercinées, dont on connaît une quinzaine d'espèces disséminées dans les régions tempérées du globe. 

Comme les Châtaigniers, les Hêtres ont leurs fleurs monoïques; les mâles, disposées en chatons globuleux, longuement pédonculés et pendants, qui naissent a l'aisselle des feuilles inférieures de l'année, ont chacune un calice campanule à quatre, six ou huit divisions, et un nombre égal ou double d'étamines, dont les filets longs et grêles sont insérés au fond du calice sur un disque glanduleux et supportant des anthères biloculaires et extrorses. 

Les fleurs femelles, situées à l'aisselle des feuilles supérieures de l'année, sont réunies au nombre d'une à trois, à l'intérieur d'un involucre accrescent aréolé, à quatre folioles soudées entre elles à la base. Chaque fleur se compose d'un réceptacle concave, au fond duquel est un ovaire infère à trois loges biovulées, surmonté d'un style court, dont les trois branches stigmatiques sont entourées à leur base des six lobes aigus et dressés d'un calice épigyne, soudé intérieurement avec l'ovaire. 
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Hêtres.
Hêtres, à Burnham, près de Londres.

L'involucre devient peu à peu sec et lingeux, se couvre d'un grand nombre d'épines mousses et s'ouvre à la maturité en quatre valves, pour laisser échapper les fruits. Ceux-ci, appelés faînes, sont des achaines indéhiscents, d'un brun luisant, en forme de pyramide triangulaire. Ils renferment sous leur péricarpe coriace, velu à la face interne, un embryon exalbuminé à cotylédons épais, charnus, oléagineux. 

L'espèce type du genre, Fagus sylvatica L., ou Hêtre commun, Hêtre blanc, Fayard, Fau, Fouteau, est un grand et bel arbre à écorce lisse, blanchâtre ou grisâtre, à feuilles alternes, pétiolées, ovales oblongues, sinuées-ondulées et ciliées sur les bords, accompagnées de stipules longues et étroites, de couleur brunâtre, qui se détachent de bonne heure. Il croît naturellement en Europe, où il forme souvent de vastes forêts, surtout dans le Nord, le centre et l'Ouest. (Ed. Lef).

Sylviculture

Le Hêtre, appelé aussi Fayard, forme seul ou associé à d'autres essences, notamment au Chêne et au Sapin, des massifs forestiers importants dans les contrées tempérées ou froides de l'Europe. Il vient en montagne jusqu'à 1500 et 1800 m d'altitude. Il manque dans les régions chaudes et sèches et, dans les Cévennes méridionales, il ne se montre guère au-dessous de 800 m. d'altitude. Tous les terrains lui conviennent, sauf ceux qui sont marécageux, trop compacts ou secs. Le Hêtre croît d'abord lentement, puis, vers la dixième année, il grandit assez rapidement. A cent ans environ il atteint 25 et 30 m. de hauteur sur 1 m de diamètre. Mais le Hêtre peut vivre plus longtemps et devenir plus grand et plus gros. On en connaît qui s'élèvent à 40 m de hauteur et au delà.

Le tronc est droit, presque cylindrique, l'écorce lisse et grise. La cime est fournie et le couvert complet. L'enracinement est d'abord pivotant, mais bientôt le pivot cesse de s'allonger; les racines latérales et superficielles se développent beaucoup; aussi le Hêtre peut prospérer dans les sols peu profonds. Il fleurit en avril ou mai et, en général, donne des fruits ou faînes fertiles à partir de cinquante ans. Mais les faînes ne se produisent pas régulièrement chaque année et on ne peut guère compter sur une abondante faînée que tous les cinq ou six ans. Les faînes mûrissent en octobre. Semées avant l'hiver, elles germent au printemps et développent, à la surface du sol, deux larges cotylédons opposés, verts et charnus, très sensibles aux gelées printanières. Le jeune plant est délicat; il doit être protégé contre l'action directe du soleil pendant les premières années de son développement. 

Le Hêtre est exploité en taillis par le procédé du furetage ou en futaie. Dans ce dernier mode d'exploitation, la durée des révolutions qu'on lui applique varie de quatre-vingt-dix à cent trente ans. Lors de la régénération de la forêt, il faut tenir grand compte du tempérament délicat du Hêtre dans l'établissement des coupes. La coupe d'ensemencement doit être sombre pour permettre la distribution des fruits sur toute la surface du sol de la forêt et favoriser la germination de ces fruits. Par les coupes secondaires, on habitue ensuite les jeunes Hêtres à supporter l'action du soleil et, lorsqu'ils ont environ 4 m. de hauteur, on peut procéder à la coupe définitive des vieux arbres. 

La résistance du Hêtre sous le couvert est souvent fort longue. On peut en tirer parti pour former avec cet arbre, sous les essences plus précieuses que lui et à couvert léger comme le Chêne, un sous-bois qui maintient la fraîcheur du sol et augmente sa fertilité. On introduit aussi le Hêtre dans les forêts de Pins en montagne, dans les Cévennes par exemple, dans le but de le substituer à ces arbres trop exposés aux incendies. Mais lorsqu'il croît avec des essences qu'on a intérêt à conserver ou à faire prédominer dans le mélange, il convient de surveiller de près sa multiplication, car il est très envahissant en raison même de son couvert épais et de sa résistance sous le couvert des autres arbres.

Le Hêtre a produit plusieurs variétés utilisées pour orner les parcs. L'une d'elles, dite Hêtre tortillard, à rameaux pendants, est plus curieuse que belle. Le Hêtre pourpre est plus intéressant par son beau feuillage pourpre foncé d'un grand effet au milieu des bosquets. Le Hêtre commun est lui-même un arbre ornemental de premier ordre par son port touffu, ses feuilles paraissant de bonne heure au printemps d'un beau vert et passant en automne par les teintes du jaune et du roux. (G. Boyer).
 

Technologie

Le Hêtre est une des essences les plus répandues dans les forêts. Son bois, de couleur fauve, très claire, est plein, dur, mais disposé à la vermoulure. On peut le préserver de ce défaut en le débarrassant de la sève et en le laissant bien se dessécher. Le Hêtre sec se fendille et il se rompt plus facilement que le Chêne. Lorsqu'il est vert on peut le fendre et le découper aisément; ce bois prend un retrait considérable lorsqu'il est employé avant d'être complètement sec. Les faisceaux de fibres, prolongements médullaires qui tendent de la circonférence au centre, sont très prononcés; de sorte que, de quelque manière qu'on le débite, la moelle est toujours apparente. Le Hêtre est peu propre à la charpente, parce qu'il est très promptement atteint par la carie; il ne résiste ni à l'humidité, ni aux influences atmosphériques. Il ne peut être employé dans son état naturel qu'à l'exécution des pilotis et des ouvrages qui doivent constamment rester immergés; il importe même, pour qu'il ne pourrisse pas, de l'employer avant qu'il ait été complètement desséché et surtout qu'il ait été débité avant l'été qui suit son abattage. 

Le Hêtre sert à faire des meubles communs et il prend très bien la couleur; il est excellent pour faire des établis, parce qu'il ne s'écaille pas comme le Chêne, lorsqu'on le frappe; il est également d'un bon usage pour faire des tables de cuisine, des étaux de boucher, des varlopes, des outils, des fonds de couchette et, en général, tous les ouvrages qui demandent de la force. Débité en feuilles d'un millimètre et plus d'épaisseur, le Hêtre est d'un usage général pour la confection des articles de boissellerie. Découpé en planches, ou goberges, il est employé à une foule de menus objets par le layetier. C'est un bois recherché comme combustible, car il donne plus de flamme et de chaleur que le chêne; son charbon est également supérieur. L'écorce est astringente et s'emploie pour le tannage; ses fruits peuvent servir à l'alimentation des animaux, surtout des porcs, qu'ils engraissent rapidement, mais particulièrement à préparer une huile comestible qui se conserve longtemps sans rancir si elle a été faite avec des fruits bien mûrs, secs, et si l'expression a été obtenue à froid. 

Paléontologie

Les Hêtres actuels tirent probablement leur première origine de la flore tertiaire des régions arctiques, qui paraît s'être répandue de proche en proche à la surface du globe en s'étendant vers les latitudes plus élevées et plus chaudes; les Hêtres auraient ainsi persisté, en modifiant leurs caractères, dans les zones montagneuses fraîches des climats chauds. Il est certain que le type du Fagus ferruginea Ait. se rencontre très fréquemment dans le Tertiaire de la région arctique ainsi qu'à Sakhaline; Heer a donné à cette espèce primordiale le nom de F. Antipofi qu'il identifie avec le F. pristina Sap. de l'Aquitanien de Manosque. Il paraît donc évident que le type du Hêtre américain actuel s'est avancé jusque dans l'Europe méridionale dès le Miocène inférieur; il se trouve partout à la fin du Miocène et surtout au début du Pliocène. Mais déjà ses feuilles sont moins lancéolées, plus courtes, avec les denticules plus effacés et le limbe plus dilaté; il en est ainsi du F. Deucalionis Ung., très répandu dans le Miocène de l'Europe moyenne, et du F. Feroniae Ung., très voisin du précédent, du Miocène de Bilin et de Salzhausen, qui seraient, la première suivant Unger, la seconde suivant Ettinghausen, la souche du F. sylvatica L, actuel. Ainsi dès le Pliocène une variété (F. pliocenica Sap.) apparaît dans les cinérites du Cantal; puis ce sont d'autres variétés avec fruit de plus en plus gros et plus inerme et à pédoncule de plus en plus court qui apparaissent dans les tufs calcaires post-glaciaires anciens (entre autres près de Weimar) et dans les tourbes récentes du Danemark.

Quant aux Hêtres antarctiques à feuilles et à cupules petits, du sous-genre Nothofagus, ils paraissent avoir été des hêtres à grandes feuilles, et avoir accompagnés les Araucaria dans leur émigration vers le Sud. Uuger croit reconnaître, dans le F. cretacea Newb. du Crétacé du Kansas, la souche du F. obliqua Mirb., qui vit actuellement au Chili, et des Hêtres de l'hémisphère austral en général. Il décrit également F. ninnisiana Ung., à feuilles un peu plus grandes, qui serait allié au E. procera Poeppig, du Chili. (Dr L. Hn / L. K.)..

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