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Albanie
Republika e Shqiperise (Shqiperia)

41 00 N, 20 00 E
L'Albanie actuelle (superficie : 28 748 km²; capitale : Tirana), indĂ©pendante de l'empire Ottoman depuis 1912, correspond Ă  l'ancienne Épire et Ă  une partie de l'Illyrie, elle est bornĂ©e au nord par le Montenegro et la Serbie, Ă  l'Est par la MacĂ©doine, au Sud par la Grèce et Ă  l'ouest par la mer Adriatique et la mer Ionienne, sur lesquelles ses cĂ´tes sinueuses prĂ©sentent un dĂ©veloppement d'environ 362 kilomètres. 
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Alpes Dinariques, en Albanie.
Les Alpes Dinariques. 70% de la surface de l'Albanie est couverte par les montagnes (Alpes
Dinariques et Pinde). Le mont Dajti (Alpes Dinariques), haut de 1230 mètres surplombe Tirana.

Géographie physique

Relief.
Pays très accidentĂ© et très montagneux, l'Albanie mĂ©rite bien le nom de Skiperia (ou Shqiperia), ou pays des rochers, que lui donnent ses habitants, lesquels se parent, d'ailleurs, eux-mĂŞmes du nom de Skiptars (Shqiptar). Si les monts et les rochers, se succĂ©dant par une longue suite d'anneaux de Scutari Ă  Arta, constituent le caractère particulier de cette contrĂ©e, il faut observer cependant que l'Albanie est plutĂ´t remarquable par la multiplicitĂ© et l'Ă©tendue de ses montagnes que par leur Ă©lĂ©vation; les plus grandes hauteurs relevĂ©es dans la haute Albanie, oĂą elles sont le plus nombreuses, ne dĂ©passent pas, en effet, 2000 Ă  2400 m la plupart du temps.  La plus haute cime du pays est le Maja e Korabit (Golem Korab), Ă  la frontière avec la MacĂ©doine, haut de 2764 m. L'aspect gĂ©nĂ©ral de l'Albanie est celui d'un rectangle inclinĂ© de l'Est Ă  l'Ouest. A partir du Nissava Gora et du Gloubotin, les montagnes de l'Albanie vont en gĂ©nĂ©ral s'abaissant jusqu'Ă  la mer; elles deviennent vers l'Ouest de plus en plus arides et calcaires, et se terminent presque toujours par des caps brusques et des murs perpendiculaires que la vague bat avec fureur.

Hydrographie.
Le système hydrographique de l'Albanie est très développé; de nombreux cours d'eau sillonnent tous les massifs montagneux, les traversent en serpentent à leur base. Mais le peu de profondeur de ces rivières, la rapidité de leur cours, leur brusque desséchement pendant les mois d'été, les rendent impropres à la navigation. Il faut toutefois faire une exception pour le fleuve Bojana, qui relie le lac de Scutari à la mer, et est accessible aux bateaux de 40 à 50 tonnes jusqu'aux abords de Scutari; le fleuve Arta, qui se jette au Sud dans le golfe du même nom (ancien golfe d'Ambracie, célèbre comme théâtre de la bataille navale d'Actium), permet également aux barques de faible tonnage de remonter jusqu'à Arta. En dehors de ces deux fleuves, les autres cours d'eau principaux, tels que le Drin blanc et le Drin noir, le Matja, la Morava, le Skumbi, la Vojuza, le Kalamos et l'Aspropotamos, présentent les plus grands obstacles à une navigation commerciale régulière et rémunératrice.

Les bassins lacustres de l'Albanie sont nombreux; les plus importants sont, dans la basse Albanie, les lacs de Janina et de Butrinto, et, dans la haute Albanie, le lac de Scutari ( lac Skodra ou Shkodër), qui n'a pas moins de 28 kilomètres de longeur, le lac d'Orhid (Okhrida), d'où sort le Drin noir, et le lac Malik, au Sud-Ouest de celui d'Orhid.

Climat.
Le climat de l'Albanie, grâce à sa configuration, est très varié. Dans la partie méridionale il est équivalent à celui de Naples, et les orangers, les citronniers, les grenadiers, les oliviers y réussissent admirablement, ainsi que les vignes qui produisent un vin délicieux. Dans le Nord, au contraire, l'hiver est long et rigoureux, la neige y tombe en abondance et il n'est pas rare que les rivières gèlent. Les variations de température des saisons se produisent brusquement et d'une façon très sensible. Pendant l'été, il n'est pas rare de voir la température dépasser quelquefois 28° au-dessus de zéro.
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Carte de l'Albanie.
Carte de l'Albanie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géographie humaine

Démographie.
La population de l'Albanie est estimée à environ 2,8 millions d'habitants, avec une tendance à la baisse depuis les années 1990, principalement en raison d'un taux de natalité relativement bas et surtout d'une émigration significative et continue. Cette forte émigration, souvent pour des raisons économiques, est une caractéristique majeure du profil démographique albanais et entraîne un vieillissement progressif de la population active et de la pyramide des âges.

On observe une concentration croissante dans les zones urbaines, en particulier dans la capitale, Tirana, qui est de loin la plus grande ville, ainsi que dans les villes côtières. Les zones rurales, notamment dans les régions montagneuses de l'intérieur, connaissent un dépeuplement et un vieillissement plus marqués. Il y a une migration interne significative des zones rurales vers les zones urbaines et vers les côtes.

L'Ă©crasante majoritĂ© des habitants est d'origine albanaise. Des minoritĂ©s existent, principalement des Grecs dans le sud, ainsi que des minoritĂ©s roms, macĂ©doniennes et montĂ©nĂ©grines. Bien que la constitution soit laĂŻque, les affiliations religieuses historiques principales sont l'islam (70%), avec une pratique très faible, le christianisme orthodoxe en Basse-Albanie (20%)  et le catholicisme en Haute-Albanie (10%). 

Le niveau d'Ă©ducation est gĂ©nĂ©ralement bon, avec un taux d'alphabĂ©tisation Ă©levĂ©. Le profil socio-Ă©conomique est influencĂ© par les envois de fonds de la diaspora, qui reprĂ©sentent une source importante de revenus pour de nombreuses familles. 

Quelques-unes des principales villes de l'Albanie

• Tirana est la capitale politique, économique et culturelle de l'Albanie. Fondée au début du XVIIe siècle, elle devient capitale en 1920. Elle est aujourd'hui le coeur du pays, et concentre les institutions gouvernementales, les universités, les entreprises nationales et internationales, ainsi qu'une vie culturelle intense. Tirana a connu une transformation rapide depuis la fin du communisme, avec une expansion urbaine notable, une architecture mêlant héritage ottoman, bâtiments du réalisme socialiste et constructions modernes. La ville symbolise également les mutations contemporaines du pays, notamment dans les domaines de la gouvernance, du développement durable et de l'intégration européenne.

• Durrës est la deuxième ville du pays et son principal port maritime. Située sur la côte adriatique, à proximité immédiate de Tirana, elle constitue un point stratégique pour le commerce et les liaisons maritimes avec l'Italie. Durrës possède aussi une histoire antique prestigieuse : fondée au VIIe siècle avant JC. sous le nom d'Epidamnos, elle conserve encore un amphithéâtre romain et des vestiges byzantins. Aujourd'hui, elle est également une station balnéaire prisée et un pôle industriel en plein essor.

• Shkodër, au nord-ouest, est l'une des plus anciennes villes des Balkans. Située au bord du lac du même nom, à proximité du Monténégro, elle est connue pour son rôle historique dans la résistance à l'Empire ottoman et son importance dans la culture albanaise. Ville de foires, de savoir et de photographie, elle a longtemps été un centre religieux et intellectuel. Son château de Rozafa, perché sur une colline, offre une vue emblématique sur la ville et les rivières environnantes.

• Vlorë, au sud-ouest, est un port historique et une ville symbolique de l'indépendance albanaise, proclamée ici en 1912. Elle est également un centre touristique en plein développement, grâce à sa proximité avec la Riviera albanaise et la mer Ionienne. La ville combine une activité économique basée sur le commerce maritime, l'agriculture (oliviers, agrumes), et un intérêt croissant pour la culture locale et le patrimoine naturel.

• Elbasan, située dans le centre du pays, est une ancienne ville ottomane entourée de murailles. Elle s'est industrialisée au XXe siècle, notamment dans la métallurgie et la chimie. Son emplacement stratégique sur la route entre Tirana et l'est du pays en fait une plateforme logistique importante. Elle conserve également un riche patrimoine archéologique et religieux.

• Berat, surnommée la « ville aux mille fenêtres », est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle est connue pour son architecture ottomane bien préservée, ses quartiers historiques en terrasses, et sa coexistence pacifique entre les communautés chrétienne et musulmane. C'est est aussi un centre artistique, avec une école de peinture byzantine florissante au Moyen Âge.

• Gjirokastër, également inscrite à l'Unesco, est une ville-musée du sud du pays, célèbre pour ses maisons de pierre à toits d'ardoise et son château dominant la vallée. Elle est aussi la ville natale de l'écrivain Ismail Kadaré et de l'ancien dictateur Enver Hoxha, ce qui lui confère un double héritage culturel et politique.

• Korçë, dans le sud-est, avec son atmosphère europĂ©enne, a eu un rĂ´le dans la naissance de l'Ă©ducation albanaise moderne. Elle est un centre de culture et de commerce  majeur, avec des traditions artistiques riches et un patrimoine architectural inspirĂ© des Ă©changes avec la diaspora albanaise d'Égypte, de Roumanie et de France..

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Culture.
La langue albanaise, qui constitue une branche indo-européenne distincte, est un pilier fondamental de l'identité nationale. La structure sociale est profondément ancrée dans le concept de famille (familja), qui est le noyau de la vie sociale, et l'hospitalité (mikpritja) est une valeur cardinale, considérée comme un devoir sacré, ordinairement liée à la notion de besa, un code d'honneur et de loyauté qui implique la tenue de sa parole, la protection des invités et la fidélité.

Historiquement, le Kanun, un ensemble de lois coutumières non écrites, a joué un rôle significatif dans la régulation de la vie sociale, de la propriété et de la résolution des conflits dans certaines régions, particulièrement dans le nord montagneux, bien que son influence formelle ait diminué au fil du temps et des changements sociaux et politiques.

Les traditions populaires comprennent une musique distincte avec des formes polyphoniques reconnues par l'Unesco, des danses folkloriques énergiques variant selon les régions, et des costumes traditionnels colorés portés lors des festivals. La cuisine albanaise reflète bien la position géographique du pays, mélangeant des saveurs méditerranéennes et balkaniques, avec une emphase sur les légumes frais, les viandes grillées et les produits laitiers.

Les arts et la littérature albanaise ont également une histoire riche. Skanderbeg, le héros national du XVe siècle, reste une figure emblématique de la résistance et de l'unité albanaise, célébré dans l'histoire et la culture populaire. La période post-communiste a vu un renouveau culturel et une ouverture sur le monde, tout en maintenant un profond attachement pour les traditions et l'héritage historique du pays.
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Tirana : la place Scanderbeg.
La place Skanderbeg, Ă  Tirana. Photos : The World Factbook.

Economie.
Ayant vĂ©cu pratiquement en autarcie sous le rĂ©gime communiste qui a durĂ© quatre dĂ©cennies, l'Albanie a pris du retard par rapport Ă  ses voisins balkaniques et est actuellement engagĂ©e dans une transition difficile vers l'Ă©conomie de marchĂ©. Le gouvernement a pris des mesures de limiter la criminalitĂ© violente et stimuler l'activitĂ© Ă©conomique et le commerce, grâce Ă  l'aide notamment de la Grèce et de l'Italie. CĂ´tĂ© positif : la croissance a Ă©tĂ© plutĂ´t soutenue au cours des dernières dĂ©cennies. Après une pĂ©riode de libĂ©ralisation et de privatisation, la structure de l'Ă©conomie a significativement Ă©voluĂ©. 

Aujourd'hui, le secteur des services domine clairement en termes de contribution au Produit IntĂ©rieur Brut (PIB), portĂ© notamment par l'essor rapide et continu du tourisme, qui est devenu un pilier essentiel et un moteur de croissance majeur grâce Ă  son littoral attractif et Ă  l'amĂ©lioration de ses infrastructures d'accueil. Les services incluent Ă©galement le commerce, le transport, la finance et les communications. 

L'industrie (21% du PIB), complètement absente jusqu'au dĂ©but du XXe siècle, est tournĂ©e de nos jours vers le conditionnement alimentaire, les textiles et l'habillement, le bois de charpente, le pĂ©trole, le ciment, la chimie, les mines, les mĂ©taux de base et l'hydroĂ©lectricitĂ©. Mais l'insuffisance de ressources Ă©nergĂ©tiques et la dĂ©suĂ©tude des infrastructures rebutent les investissements et rendent difficile la progression de ce secteur. La construction prĂ©vue d'une nouvelle centrale thermique près de VlorĂ« et l'amĂ©lioration des Ă©quipements de distribution aidera, pense-t-on, Ă  rĂ©gler une partie du problème Ă©nergĂ©tique. En outre, le gouvernement s'achemine vers l'amĂ©lioration du rĂ©seau ferroviaire national, dont l'obsolescence est  considĂ©rĂ©e de longue date comme le frein Ă  une croissance Ă©conomique soutenue.

En gĂ©nĂ©ral, le sol, rocailleux, n'est pas très fertile; il est cependant cultivĂ© par 57% de la population (ce qui ne reprĂ©sente cependant que 22% du PIB). L'Albanie produit des cĂ©rĂ©ales, des laines, des huiles d'olive, des valonnĂ©es, des tabacs, de la cochenille, des bestiaux, des peaux, des bois, des oranges, des citrons. Il n'y a qu'une rĂ©colte par an, comme dans les pays tempĂ©rĂ©s. L'orge, le seigle, l'avoine se rĂ©coltent dans le mois de juin, le blĂ© en juillet, le riz en septembre, le maĂŻs fin octobre, ou commencement de novembre. Le pays est riche en essences forestières variĂ©es, telles que le pin, le sapin, le frĂŞne, le platane; mais les forĂŞts de chĂŞnes sont les plus nombreuses. L'Albanie, qui fournissait jadis Ă  l'Europe, Ă  la France, en particulier, des bois de chĂŞne pour constructions navales. Tout le secteur agricole a pris beaucoup de retard en raison des sĂ©cheresses frĂ©quentes et de la nĂ©cessitĂ© de moderniser l'Ă©quipement, mais aussi la nĂ©cessitĂ© actuelle de clarifier des droits de propriĂ©tĂ©, et de consolider de petites parcelles de terrain de terre. 

Parmi les moteurs clĂ©s de l'Ă©conomie figurent les envois de fonds de la diaspora albanaise Ă  l'Ă©tranger, qui reprĂ©sentent une source de revenus substantiale pour de nombreuses familles et contribuent Ă  la consommation intĂ©rieure et, dans une moindre mesure, Ă  l'investissement. Les investissements directs Ă©trangers (IDE) sont Ă©galement cruciaux pour apporter des capitaux, de la technologie et des opportunitĂ©s d'emploi, ciblant souvent les secteurs de l'Ă©nergie, du tourisme et des infrastructures. 

Un aspect persistant, bien que des efforts soient faits pour le rĂ©duire, est l'Ă©conomie informelle, qui a un impact sur la collecte des impĂ´ts et la transparence. 

MalgrĂ© les progrès accomplis en matière de stabilitĂ© macroĂ©conomique et de rĂ©formes structurelles dans le cadre de son processus d'adhĂ©sion Ă  l'Union EuropĂ©enne, l'Ă©conomie albanaise fait face Ă  plusieurs dĂ©fis majeurs : la gouvernance et l'État de droit, la corruption perçue comme un obstacle aux affaires, le renforcement des institutions, l'amĂ©lioration des infrastructures de transport et Ă©nergĂ©tiques (bien qu'en progrès), la compĂ©titivitĂ© des entreprises, et le phĂ©nomène d'Ă©migration, notamment des jeunes et des travailleurs qualifiĂ©s, qui reprĂ©sente une perte de capital humain. 

Néanmoins, l'Albanie possède des atouts, tels que sa situation géographique stratégique sur la mer Adriatique et Ionienne, son potentiel touristique encore largement exploitable au-delà des zones côtières, et son potentiel en énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, au-delà de l'hydroélectricité. Le commerce extérieur montre une balance généralement déficitaire, avec l'Italie, la Grèce, l'Allemagne, la Turquie et d'autres pays de la région comme principaux partenaires. L'intégration européenne reste une ancre importante pour les réformes économiques et institutionnelles futures du pays.

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