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Le Dévonien
est l'une des six périodes du Paléozoïque.
Il correspond à la formation de terrains situés entre le
Silurien
et le Carbonifère. Le terme dévonien a
été introduit en 1839 par Murchison et Sedgwick pour désigner un ensemble
puissant et varié d'assises qui, dans le Devonshire méridional, présentaient,
avec une
faune intermédiaire entre celles du Silurien
et du Carbonifère, un nombre suffisant de caractères stratigraphiques
communs pour motiver leur réunion en un système distinct. Ces couches
du Devonshire sont l'équivalent marin d'une remarquable formation arénacée
très développée, sous la forme bien connue du vieux grès
rouge (old red sandstone), dans le nord de l'Angleterre et surtout
en Ecosse, où des érosions continentales sont venues entasser sur les
rivages de l'époque des milliers de mètres de grès bruns ou rouges avec
marnes et conglomérats associés, où abondent
les restes de poissons cuirassés. La période
dévonienne est, en effet, caractérisée par l'établissement, dans les
hautes latitudes de l'hémisphère boréal,
de vastes surfaces continentales où des plantes
terrestres peuvent prendre un grand développement.
La faune et la
flore.
La
faune dévonienne.
Sur toute la bordure de cette grande zone
silurienne plissée, qui s'étend, en Europe,
depuis le nord du Pays de Galles jusqu'en
Norvège
en passant par l'Écosse, règne un faciès arénacé propre à ces régions
septentrionales et caractérisé, avec des colorations rouges dominantes,
par la surprenante variété de formes que peuvent réaliser des poissons
ganoïdes hétérocerques. Tels sont des Placodermes,
c.-à -d. des poissons à squelette inachevé,
dont le corps était en partie revêtu d'une véritable cuirasse solide,
représentés par les genres Cephalaspis, Pteraspis, Pterichtys, qui déjÃ
avaient apparu dans les couches tout à fait supérieures du Silurien,
mais se signalent par une taille plus grande. Le plupart des espèces sont
ensuite fournies par des ganoïdes francs, protégés, cette fois, par
des écailles osseuses émaillées et dont il faut chercher les analogues
dans les dipnoés des rivières de l'Amérique
du Nord ou d'Australie; tels sont, parmi
les plus fréquents : Holoptychius, Cheirolepis, Osteolepis, Diploterus,
Dipterus; des Acanthodiens qui, par leur abondance, peuvent compter parmi
les formes les plus caractéristiques de ces
grès
rouges, Diplacantus, Cheiracanthus, Acanthodes, complétaient cette faune
ichtyologique remarquable; enfin le géant de ces poissons dévoniens d'Europe
est représenté par Asterolepis qui possédait un bouclier céphalique
large de 0,18 m sur 0,50 m de long. C'est aussi par leurs dimensions exceptionnelles
que se signalent les crustacés mérostomes,
également répandus en grand nombre dans ces dépôts, où ils sont représentés
par Eurypterus, Slimonia et surtout Pterygotus.
Au delà de cette zone littorale, dans
toutes les régions où règne le faciès franchement marin du Dévonien,
s'étendent des dépôts plus complexes, offrant une riche faune
très diversifiée et nettement distincte de celle du Silurien.
En même temps, une délimitation bien nette de cette mer
dévonienne en bassins de sédimentation distincts, introduit déjà dans
la nature et la faune des dépôts synchroniques des variations sensibles
même à courte distance. Néanmoins une grande uniformité dans les conditions
physiques donne encore à cette faune marine une constante homogénéité,
et les espèces cosmopolites sont encore abondantes. On retrouve encore
des Trilobites, mais moins nombreux qu'au
Silurien et ne pouvant plus servir à caractériser les assises; tels sont
des Phacops, Homalonotus, Bronteus, Proetus et surtout des Crypheus qui
fournissent le plus grand nombre d'individus et d'espèces.
La prédominance marquée revient aux brachiopodes,
dont les espèces réparties dans soixante-cinq genres se chiffrent par
plus d'un millier. La plupart des grandes familles de cette classe sont
représentées et les genres les plus répandus sont : Spirifera, Atrypa,
Athyris, Spirigera, Rynchonella, Stringocephalus, Uncites, Chonetes, Leptaena,
Orthis, ces deux derniers bien moins développés qu'au Silurien.
Les mollusques
acéphales, qui deviennent nombreux dans les dépôts gréseux, sont surtout
représentés par Pterinea, Gramurysia, Cucullaea, Modiolopsis, Aviculopecten,
Megalodon; les gastéropodes par Murchisonia,
Euomphalus, Macrocheilus, etc. Parmi les céphalopodes,
il y a lieu de signaler l'évolution rapide des goniatites, qui atteignent,
dans les assises supérieures, leur maximum de développement et s'accompagnent
d'un type spécial, les Clyménies, qui ne survivra pas au Dévonien.
On ne peut méconnaître ensuite la part
considérable prise par des hydrozoaires ( cnidaires)
particuliers, les Stromatopores, dans la construction des calcairesdévoniens;
le marbre de Givet, bien connu sous le nom de Sainte-Anne, par exemple,
est formé par un mélange serré de Diapora allongés; d'autres, plus
massifs (Pachystroma, Stromatactis), remplissent ce rôle dans les marbres
bleus ou rouges frasniens. En même temps apparaissent de nombreux polypiers
appartenant aux genres Cyatophyllum, Cystiphyllum, Alvéolites, Favosites,
Héliolites, Acervularia, ainsi que des formes plus singulières et très
caractéristiques, les Calcéoles avec leur opercule dans les schistes
de la division moyenne (Eifelien) et le Pleurodictyum dans les graywackes
inférieurs à spirifers. Dans le voisinage des récifs dévoniens se tenaient
en grand nombre des crinoïdes, parmi lesquels
il faut signaler le plein développement des Haplocrinidées, Cupressocrinidées
et Gastéroconidées.
La
flore dévonienne.
Quant à la flore,
elle est également très riche; aux terres arides et sèches du Silurien
ont succédé, à l'époque dévonienne, des continents plus vastes sur
lesquels, grâce à l'influence d'un climat favorable, a pu s'établir
une végétation puissante dans laquelle on peut déjà constater l'apparition
des principaux types de Cryptogames et de
Gymnospermes qui prédomineront plus tard
dans les grandes forêts'
carbonifères.
Tels sont, parmi les Lycopodiacées, des
Lepidodendrons variés, qui atteignent déjà une grande taille avec le
L. Weltheimianum, et les Psilophyton, qui atteignent dans la division moyenne
leur apogée. Parmi les Equisétacées ( Les
Prêles),
des Calamites avec des Asterophyilites et des Annularia. Les Fougères
herbacées ou arborescentes déployaient aussi une grande richesse de formes
avec les genres Nevroptaris, Archeopteris, Paleopteris, Sphenopteris, Cyclopteris,
Caulopteris. Enfin des Conifères (Protaxites)
avec des Calamodendrées et déjà des
Cordaïtes, dont la première apparition se fait dès le Dévonien inférieur,
complétaient cet ensemble végétal des plus remarquables.
Principales divisions
du Dévonien.
Dans foutes les régions de l'Europe
où règnent les formations marines de cet âge, notamment dans les bassins
de la Meuse et du Rhin où se fait son principal
développement, le Dévonien, très homogène dans sa composition, est
susceptible de trois divisions à caractères constants. L'étage inférieur,
qualifié de rhénan par Dumont, comprend une série variée de grès,
de conglomérats, puis de schistes caverneux
décalcifiés qualifiés de graywackes où dominent les spirifers; l'étage
moyen devient caractérisé par l'apparition, au milieu de schistes argileux;
de puissantes assises calcaires construites par
des stromatopores et des polypiers, où les calcéoles d'abord, les stringocéphales
ensuite deviennent les espèces caractéristiques. Enfin dans l'étage
supérieur le calcaire finit par céder la place à des schistes
argileux de couleur terne, ou deviennent nombreuses les rhynchonelles,
tandis que des végétaux apparaissent quand,
sur le bord des rivages, ces schistes, en se chargeant de quartz
et de mica, deviennent des psammites. Inversement,
quand, dans cette division, les calcaires restent prédominants, le faciès
plus franchement marin devient caractérisé par l'abondance des céphalopodes,
Goniatites et Clyménies. Tels sont dans les Pyrénées
les marbres amygdalins bien connus sous le nom
de griottes.
Les époques et
les étages du Dévonien
Dévonien
inférieur
416
Ma - 397 Ma |
Lochkovien |
Praguien |
Emsien
(anciennement on distinguait 3 étages : Siegenien, Gedinnien et Coblencien,
ce dernier divisé en trois sous-étages : Taunusien, Hunsrückien, Emsien). |
Dévonien
moyen
397
Ma - 385 Ma |
Eifélien,
Givétien |
Dévonien
supérieur
385
Ma - 359 Ma |
Frasnien
Famménien |
Distribution géographique
du Dévonien.
En Europe, le
Dévonien occupe des surfaces considérables en venant se distribuer suivant
trois zones distinctes, pourvues chacune de caractères spéciaux : dans
le Nord s'étend du sud-ouest de l'Irlande Ã
la Russie septentrionale, après avoir traversé
la Finlande, la zone écossaise littorale des
grès rouges; dans les parties centrales et orientales,
on remarque ensuite une seconde bande plus large, littorale et marine,
interrompue en plusieurs points par une couverture de terrains plus récents,
et qui comprend, en se dirigeant du Nord-Ouest vers l'Est, le Devon, le
Cornouailles, le Boulonnais, l'Ardenne, l'Eifel, le Hunsrück, le Harz,
la Russie orientale jusqu'Ã la Petchora; dans
le Sud, une zone méditerranéenne qui s'étend, de l'Espagne
à la Turquie (rives du Bosphore), en passant
par les Pyrénées, la Montagne Noire, les Alpes
Carniques et de Carinthie, ne renferme que des formations franchement marines
avec une prédominance marquée des calcaires Ã
céphalopodes.
Ainsi s'affirment, dès cette époque ancienne,
dans ces régions méditerranéennes, des conditions pélagiques qui persisteront
jusqu'à l'Eocène; de plus, dans ces deux dernières
zones, des variations dans les conditions physiques des dépôts ont introduit
des différences locales dans la faune et par suite
l'établissement de faciès régionaux à des distances souvent très rapprochées,
si bien que le synchronisme d'assises très voisines peut devenir difficile
à établir. C'est ainsi que, dans la bande hercynienne où les formations
détritiques prédominent dans toute l'étendue du Dévonien inférieur,
on peut remarquer qu'à cette date, dans tous les points où des courants
rapides ont amené des sables, maintenant consolidés en grès grossiers
et en arkoses, on observe un remarquable développement de Gastéropodes
et de Bivalves, tandis que les Brachiopodes
se tiennent spécialement dans les dépôts argileux (schistes
et graywackes) qui résultent d'une sédimentation plus calme.
(Ch. Vélain). |
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