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Bosnie et Herzégovine
Bosna i Hercegovina

44 00 N, 18 00 E
La Bosnie-et-Herzégovine (ou Bosnie-Herzégovine) est une Etat de la péninsule Balkanique. Issu de la dislocation de la Yougoslavie, a été déclaré indépendant par une partie de la population en 1992. Il s'en est suivi une guerre civile, qui a pris fin avec les accords de paix de Dayton (21 novembre 1995). Placée le contrôle d'une force de stabilisation de l'ONU, et depuis 2004 sous celui des troupes de l'EUFOR mandatées par l'Union Européenne, la Bosnie-Herzégovine s'est constituée, à l'intérieur de frontières bien définies, en une république fédérale démocratique composée de deux entités, la Fédération bosniaque-croate de Bosnie et Herzégovine et la République bosniaque-serbe. Une partie du territoire, au Nord-Est, le district de Brcko, bien qu'administré par la Bosnie-Herzégovine, reste l'objet d'une supervision internationale.
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Sarajevo.
Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine, est construite dans une vallée entourée
par les Alpes dinariques. La rivière Miljacka coule à travers la ville.

Le pays est borné à l'Est par la Serbie dont la sépare la Drina, au Sud-Est par la Serbie, au Sud par le Montenegro, à l'Ouest par la Croatie (Dalmatie), dont la séparent les Alpes Dinariques, au Nord par la Croatie. De ce côté l'Una et la Save lui font une frontière naturelle. L'Herzégovine touche la mer Adriatique sur une distance de 20 km, grâce à un corridor qui coupe en deux le territoire croate. La superficie totale du pays est de 51,209 km²; sa population est d'environ 3 millions d'habitants (2025). La capitale est Sarajevo

Géographie physique de la Bosnie-Herzégovine

Orographie.
La Bosnie-HerzĂ©govine constitue un plateau entrecoupĂ© de montagnes et de hauteurs. Elle appartient Ă  deux bassins, celui de la mer Noire et celui de l'Adriatique. La ligne de partage des eaux est formĂ©e par une sĂ©rie de montagnes (appelĂ©es en serbe Planinas), qui se rattachent au système des Alpes Dinariques et dont les principales sont : la Radusa (2000 m), L'Ivan-Planina et  la Bielasniça (2115 m). Elles n'ont pas une physionomie bien caractĂ©risĂ©e et forment une sĂ©rie de massifs qui, en gĂ©nĂ©ral, courent parallèlement Ă  l'Adriatique. On les a justement comparĂ©es au Jura. Elles sont composĂ©es de roches calcaires. Le pic le plus Ă©levĂ© est le Maglic (2386 m) voisin du Dormitor qui s'Ă©lève sur les frontières du Montenegro (2600 m). 

Hydrographie
Les principaux cours d'eau sont dans le bassin de l'Adriatique, la Neretva ou Narenta, dans le bassin de la mer Noire, l'Una grossie de la Sana, le Vrbas, la Bosna (qui donne son nom à la Bosnie) et la Drina, affluents de la Save, l'Ibar, affluent de la Morava. Aucun d'entre eux n'est véritablement navigable. En Herzégovine le sol est percé de trous où s'engouffrent brusquement les eaux de pluie. Certains cours d'eau disparaissent et reparaissent tour à tour.

Climat.
Le climat de la Bosnie diffère complètement de celui de l'Herzégovine; dans cette dernière province il se rapproche de celui de Dalmatie; les hivers sont courts et la neige fond vite au souffle du sirocco; en revanche, les étés sont chauds et très secs. La température atteint fréquemment +40 °C. En Bosnie le climat est plus rigoureux et ressemble à celui de la Croatie. A Sarajevo la température moyenne est de +10 °C; le froid descend à - 25 °C.
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Carte de la Bosnie-Herzégovine.
Carte de la Bosnie-Herzégovine
Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géologie.
La Bosnie présente des terrains variés; une arête, rameau alpin, formée de schistes' paléozoïques, court du Nord-Ouest au Sud-Est, de Kljuc à Foca. Un suintement granitique existe à Kobas. Au sommet de ces schistes ancien, règne un calcaire à Spirifer datant du Carbonifère. Au-dessus et appartenant au Permien et au Triasique, on rencontre un grès rouge avec conglomérat et gypse (Verrucano d'Italie) et les schistes de Werfener, qui sont traversés par des mélaphyres et caractérisés par Avicula clarai. Une masse épaisse de calcaire à Terebratula vulgaris (Muschelkalk), s'observe au Sud de Sarajevo.

De part et d'autre de ces terrains, on trouve à l'Ouest sur le versant adriatique des dolomies sans fossiles et sur le versant Nord-Est ou de la Save, des calcaires à Daonella ou Halobia analogues à ceux du Tyrol autrichien. Plus haut le terrain jurassique est représenté par un calcaire oolithique à crinoïdes formant de longues bandes étroites à droite et à gauche du massif central. Le terrain crétacé est constitué par des marnes sur le versant Nord de Banjaluka à Vranduk; du côté de l'Adriatique ce sont des calcaires puissants à hippurites et caprotines venant de la Carniole et fuyant dans le Montenegro

Puis vient la Flysh, assise énorme de schistes argileux sans autre fossile qu'une empreinte d'algue (Chondrites Targonii), il forme une région de plateaux qui commence aux bords de l'Una, s'élargit au Borja et au Konjy pour passer à l'Est en Serbie, il est traversé par de nombreux dykes de serpentines. L'Eocène, avec calcaire nummulitique, se présente en une bande confinée du confluent de la Bosnie jusqu'à celui de la Drina; sur le versant adriatique quelques îlots de même terrain sont connus à la frontière près de Split (Croatie). Le terrain néogène est puissant, sur les bords de l'Una et de la Save, sur une marge de 40 km environ; ce sont des marnes et des sables à congéries analogues à celles du bassin de Vienne. Divers bassins tertiaires isolés, de même âge, existent encore dans l'intérieur du pays, celui de Zenica à Sarajevo est le plus important, puis celui de Mostar, etc. Un limon épais, propre à la grande culture, couvre les plateaux du Nord et dans les grandes vallées, un cailloutis bien développé témoigne de la puissance des érosions.
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Paysage de Bosnie Herzégovine. Photos : The World Factbook.

Les mines de la Bosnie étaient autrefois célèbres (Bosna argentea, disait-on au Moyen âge). Les Ragusains et les Hongrois les exploitaient. Elles fournissaient de l'or, de l'argent, du cuivre, etc. Les noms d'un certain nombre de localités indiquent encore aujourd'hui leur richesse en métaux (Srebrniça, Olevo, de Srebro = argent, Olovo = plomb). Sous la domination turque on exploitait surtout le fer, mais d'une façon très primitive; le sel est fourni par les salines de Tuzla. Par la suite, on a découvert d'importants gisement de charbon (notamment à Zenica, à Tuzla et à Banjaluka). L'Herzégovine n'a pas de mines. Les sources d'eaux minérales sont nombreuses (Banjaluka, Kiseljak, Statina, Ilidze). Elles sont sulfureuses, salines ou gazeuses.

Faune et flore.
Près de la moitié du sol de la Bosnie-Herzégovine est occupée par des forêts. On y rencontre les plus belles essences d'Europe (noyer, tilleul, châtaigner, chêne, mélèze, hêtre, pin, etc.). Le sanglier, le loup et l'ours y sont présents. Le reste se partage entre les pâturages, et les terres cultivées. Les céréales réussissent surtout en Bosnie. Les chênes et les bouleaux. fournissent du bois excellent, mais dont l'exportation est encore difficile faute de voies de communication. Les prunes séchées s'exportent en grandes quantités, on en distille une liqueur estimée, la slivovitsa. Les vignobles réussissent bien en Herzégovine, particulièrement dans le bassin de la Neretva.

Le gibier abonde dans les forĂŞts et les truites dans les rivières. Sur les bords de la Save on Ă©lève de grands troupeaux de porcs. Les Turcs autrefois appelaient la basse Bosnie pays des cochons. 

Géographie humaine de la Bosnie-Herzégovine

Population.
La population de la Bosnie-Herzégovine est estimée à un peu plus de 3 millions d'habitants, un chiffre qui a fluctué de manière spectaculaire au cours des dernières décennies en raison des conflits, des déplacements massifs et d'une émigration persistante. La structure démographique actuelle est fortement influencée par les conséquences du conflit : une perte significative de vies humaines, le départ de millions de réfugiés et de personnes déplacées, et un remaniement de la distribution géographique des groupes ethniques.

La composition multiethnique de la population est reconnue constitutionnellement et désigne trois "peuples constitutifs" : les Bosniaques (principalement musulmans), les Serbes (principalement orthodoxes) et les Croates (principalement catholiques), ainsi que des "Autres" (incluant Juifs, Roms, et autres minorités, ou ceux ne s'identifiant à aucun des groupes principaux). Historiquement, ces groupes vivaient de manière entremêlée dans de nombreuses régions, particulièrement en milieu urbain, bien que des concentrations régionales existaient. La guerre et le nettoyage ethnique qui l'a accompagnée ont considérablement modifié cette mosaïque, entraînant une ségrégation accrue et la création de zones géographiques où un groupe ethnique est dominant, notamment au sein des deux entités qui composent le pays selon l'Accord de Dayton : la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (à majorité bosniaque et croate, mais avec des cantons spécifiques) et la Republika Srpska (à majorité serbe).

Les tendances démographiques post-guerre sont préoccupantes. Le pays fait face à des taux de natalité bas, des taux de mortalité relativement élevés et, surtout, une émigration massive et continue. Cette émigration touche particulièrement les jeunes, les personnes qualifiées et les diplômés, créant un phénomène de "fuite des cerveaux" qui sape le potentiel de développement économique et social du pays. La population vieillit, et le déclin démographique, loin de s'arrêter, semble s'accélérer, ce qui pose des défis majeurs pour l'avenir du marché du travail, des systèmes de retraite et de la cohésion sociale. Le retour des réfugiés et des personnes déplacées, bien qu'important après la guerre, s'est ralenti et n'a pas effacé la nouvelle carte ethnographique du pays, où les dynamiques de coexistence sont devenues plus complexes.

La division ethnique structure profondément la société. Elle se manifeste dans presque tous les domaines de la vie publique : la politique (basée sur un système complexe de partage du pouvoir entre les groupes constitutifs), l'éducation (souvent séparée le long de lignes ethniques, parfois désignée par l'expression "deux écoles sous un même toit"), les médias, et même les interactions sociales dans certaines régions. Les identités religieuses sont étroitement liées aux identités ethniques et jouent un rôle important dans la vie publique et privée.

La sociĂ©tĂ© est ainsi caractĂ©risĂ©e par un niveau Ă©levĂ© de mĂ©fiance interethnique, hĂ©ritage direct de la guerre et souvent entretenu par les discours politiques. Bien que la coexistence pacifique soit la norme au quotidien dans la plupart des endroits, les divisions structurelles et le manque de rĂ©conciliation profonde limitent le dĂ©veloppement d'une identitĂ© civique bosnienne forte et unifiĂ©e. La sociĂ©tĂ© civile tente de construire des ponts entre les communautĂ©s, mais son impact est  limitĂ© face aux forces politiques qui capitalisent sur les divisions ethniques.

Le taux de chômage est élevé, surtout chez les jeunes, et alimente le désir d'émigration. La corruption est endémique et perçue comme un obstacle majeur au progrès, ce qui renforce le cynisme et le désengagement civique. L'accès aux services publics (santé, éducation, justice) peut varier selon l'entité ou le canton, et parfois selon l'appartenance ethnique perçue, renforçant les inégalités et les frustrations. La mémoire de la guerre reste vive, et la difficulté à établir une narration commune du passé ou à rendre pleinement justice aux victimes continue d'être une source de tension sociale.

Quelques-unes des principales villes de la Bosnie-Herzégovine

• Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine, est le coeur culturel, politique et économique du pays. C'est une ville marquée par une riche histoire ottomane et austro-hongroise, et tristement célèbre pour avoir été au centre du siège le plus long de l'histoire moderne durant la guerre de Bosnie. Aujourd'hui, Sarajevo est reconnue pour sa diversité religieuse et architecturale, et elle accueille de nombreux festivals artistiques.

• Banja Luka est la deuxième ville la plus importante et la capitale administrative de la Republika Srpska, l'une des deux entités du pays. C'est également un centre universitaire et industriel en pleine croissance.

• Tuzla, dans le nord-est du pays, est une ville industrielle majeure, connue pour son exploitation du sel et ses complexes chimiques. Elle possède également une scène artistique dynamique et abrite une université.

• Zenica, située dans la vallée de la rivière Bosna, est un centre industriel, notamment dans la sidérurgie. Elle joue un rôle dans l'économie du pays, tout en développant ses infrastructures éducatives et culturelles.

• Mostar, située dans la région de l'Herzégovine, est célèbre pour son pont emblématique (Stari Most) reconstruit après la guerre. La ville a une physionomie qui traduit une forte influence ottomane. Elle attire de nombreux touristes grâce à son centre historique et sa richesse culturelle.

• Bihać, proche de la frontière croate, est un point de passage important et un centre administratif de la région d'Una-Sana. Elle est également connue pour sa proximité avec le parc national d'Una, qui attire les amateurs de nature.

• Prijedor, dans le nord-ouest, est une ville marquée par des tensions post-conflit, mais elle reste un centre économique régional avec une industrie agricole et manufacturière significative.

• Doboj, stratégiquement située au croisement des routes et des voies ferrées, est également une ville clé pour le transport et la logistique.

• Travnik, ancienne capitale ottomane de Bosnie, possède un riche patrimoine historique et culturel, notamment de nombreux monuments religieux et maisons traditionnelles.

• Bijeljina, dans la plaine de Semberija, est une ville agricole en expansion, avec un développement rapide de ses services et un urbanisme moderne.

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Culture.
Situé au carrefour de l'Orient et de l'Occident, ce pays a été marqué tour à tour par l'Empire Romain, l'Empire Ottoman, l'Empire Austro-Hongrois, la période yougoslave socialiste, et enfin, le conflit dévastateur des années 1990 qui a profondément remodelé son identité et sa démographie. Cette histoire tumultueuse a donné naissance à une mosaïque culturelle très particulière, caractérisée par une richesse et une diversité remarquables, bien que parfois source de tensions.

L'une des caractéristiques fondamentales de la Bosnie-Herzégovine, on l'a vu, est sa composition multiethnique et multireligieuse. Cette coexistence, historiquement appelée suživot, a souvent été un idéal difficile à atteindre, mais elle a laissé une empreinte indélébile sur la vie quotidienne, l'architecture, la langue et les traditions. Les villes comme Sarajevo ou Mostar, avec leurs mosquées, églises orthodoxes, cathédrales catholiques et synagogues parfois regroupées dans un même quartier, témoignent de cette stratification historique.

La religion joue un rĂ´le important dans l'identitĂ© culturelle de chaque groupe. Elle  influenĂce les coutumes, les fĂŞtes et les rituels. L'islam sunnite, majoritaire chez les Bosniaques, a introduit de nombreuses influences orientales, notamment dans l'architecture des vieilles villes (baščaršija), la cuisine et la musique. Le christianisme orthodoxe et le catholicisme, prĂ©sents depuis des siècles, ont liĂ© les Serbes et les Croates aux traditions slaves et europĂ©ennes. MalgrĂ© les divisions politiques et les conflits passĂ©s, les Ă©changes culturels et l'influence mutuelle entre ces communautĂ©s persistent, mĂŞme si le tissu social a Ă©tĂ© mis Ă  rude Ă©preuve.

La langue est un autre élément clé. Bien que les variations linguistiques soient minimes et souvent considérées comme une seule langue (historiquement le serbo-croate), elle est aujourd'hui officiellement désignée et enseignée sous les noms de bosnien, croate et serbe, reflétant les identités nationales distinctes. L'utilisation de l'alphabet latin et cyrillique coexiste, souvent selon l'appartenance ethnique et la région.

L'héritage ottoman est particulièrement visible dans l'architecture des bazars traditionnels (čarsija), les maisons avec des cours intérieures, les ponts en pierre comme le célèbre Stari Most de Mostar (reconstruit après sa destruction pendant la guerre) et les nombreuses mosquées. L'influence austro-hongroise se manifeste quant à elle dans les centres-villes de nombreuses villes, avec leurs bâtiments de style néoclassique, sécessionniste et baroque, particulièrement marqués à Sarajevo et Banja Luka. La période socialiste a laissé des structures architecturales plus monumentales et brutales, ainsi que de nombreux mémoriaux.

La cuisine bosnienne est un délicieux mélange de saveurs orientales et européennes. Des plats comme les ćevapi (petites saucisses grillées), le burek (pâtisserie feuilletée farcie), la dolma et la sarma (légumes ou feuilles de vigne farcis), ainsi que des desserts sucrés comme la baklava ou le rahat lokum (loukoum), sont emblématiques. La culture du café est également fondamentale : boire un café bosnien (fort, non filtré, servi dans une džezva) est un rituel social, un moment de convivialité, de conversation et de détente qui incarne le concept de merak – un état de plaisir simple et profond. L'hospitalité est une valeur cardinale; inviter des gens à la maison pour partager un repas et un café est une pratique courante et très appréciée.

Dans le domaine artistique, la Bosnie-Herzégovine possède une riche tradition. La sevdalinka est un genre musical souvent décrit comme la "musique de l'âme" bosnienne. Il est caractérisé par des mélodies mélancoliques et des textes poétiques qui expriment l'amour, la tristesse, le désir et la vie quotidienne. La littérature a produit des auteurs de renommée mondiale, dont le prix Nobel Ivo Andrić, dont l'oeuvre aborde avec profondeur l'histoire et les interactions entre les différentes communautés du pays. Le cinéma bosnien a également acquis une reconnaissance internationale, notamment avec Danis Tanović, lauréat d'un Oscar. Le Festival du Film de Sarajevo est un événement culturel majeur dans la région.

Les arts visuels, l'artisanat (travail du cuivre, tapis, poterie) et les costumes traditionnels varient selon les régions et les groupes ethniques, ajoutant une autre couche à la diversité culturelle. Malgré les difficultés économiques et les défis de la transition post-conflit, la scène culturelle contemporaine est dynamique, avec de jeunes artistes, musiciens et écrivains qui explorent de nouvelles formes d'expression tout en dialogue avec leur héritage complexe.

Economie.
L'économie de la Bosnie-Herzégovine est une économie en transition, héritière du système planifié de l'ère yougoslave et profondément affectée par la guerre dévastatrice de 1992-1995. Cette période a entraîné la destruction massive d'infrastructures, la perturbation des liens économiques et la perte d'une part importante de son potentiel industriel. La transition vers une économie de marché s'est faite dans un contexte exceptionnellement difficile, caractérisé par un taux de chômage structurellement élevé et un besoin persistant de modernisation.

Actuellement, l'économie bosnienne est dominée par le secteur des services, qui contribue le plus significativement au produit intérieur brut (PIB). Ce secteur englobe le commerce, les transports, les communications, les services financiers et un secteur touristique en développement qui exploite la richesse naturelle et culturelle du pays. Le secteur industriel, bien que moins prépondérant qu'à l'époque yougoslave, reste important et comprend des activités comme la production de métaux (aluminium, acier), l'énergie (charbon, hydroélectricité), la transformation du bois, le textile et l'agroalimentaire. L'agriculture joue un rôle moins central dans l'économie globale mais reste vitale pour les zones rurales.

Les performances économiques sont sensibles à la demande extérieure, notamment celle des pays de l'Union Européenne qui sont les principaux partenaires commerciaux du pays. La croissance du PIB a été généralement positive mais peut être volatile, freinée par des facteurs internes. L'un des principaux défis macroéconomiques est le maintien d'un taux de chômage élevé, bien que les chiffres officiels aient montré une baisse, en partie due à l'émigration. L'inflation est généralement modérée, bien que sensible aux fluctuations des prix mondiaux de l'énergie et des denrées alimentaires.

Le commerce extérieur est essentiel pour cette petite économie ouverte. Les exportations consistent principalement en matières premières, produits semi-finis et articles manufacturés issus des secteurs du métal, du bois et du textile. Les importations sont plus diversifiées (machines, véhicules, carburants et biens de consommation). L'Union Européenne est de loin le premier partenaire commercial. Elle absorbe la majorité des exportations et fournit une grande partie des importations, avec des liens particulièrement forts avec les pays voisins et d'autres États membres clés comme l'Allemagne et l'Italie. La balance commerciale est structurellement déficitaire.

Le système fiscal est décentralisé, et reflète la structure administrative du pays composée de deux entités et du district de Brčko. Les finances publiques sont gérées avec une certaine prudence, mais le besoin de réformes pour améliorer l'efficacité de la collecte des impôts, maîtriser les dépenses publiques (notamment administratives et sociales) et réduire l'économie informelle est manifeste. La dette publique est gérée, mais nécessite une attention constante.

Les défis structurels et institutionnels sont majeurs et profondément liés à la complexité politique du pays. La fragmentation administrative crée des obstacles pour les entreprises, décourage l'investissement direct étranger et rend la mise en oeuvre de réformes économiques cohérentes difficile. La corruption est perçue comme un obstacle significatif au développement des affaires et à l'investissement. Le rythme des réformes structurelles (privatisation des entreprises publiques restantes, amélioration de l'environnement des affaires, renforcement de l'État de droit et modernisation du marché du travail) est plutôt lent. La fuite des cerveaux, l'émigration de jeunes qualifiés, représente une perte de capital humain déterminante pour l'avenir. Attirer des investissements étrangers durables en dehors de quelques secteurs clés reste un défi.

La Bosnie-Herzégovine possède cependant des atouts et des opportunités. Sa position géographique au carrefour des Balkans est stratégique. Le potentiel de développement dans des secteurs comme le tourisme, les énergies renouvelables (notamment l'hydroélectricité), et certaines niches de l'industrie manufacturière et de l'agroalimentaire est notable. L'aspiration à l'intégration européenne fournit un cadre et une incitation aux réformes, même si le processus est long. Le pays dispose également d'une main-d'oeuvre relativement qualifiée, bien que sa rétention soit un enjeu majeur. Les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds bilatéraux continuent de jouer un rôle important en apportant un soutien financier et technique pour la reconstruction et les réformes. Les perspectives économiques futures dépendent largement de la capacité du pays à surmonter ses défis de gouvernance, à accélérer les réformes et à créer un environnement plus stable et attractif pour l'investissement et la création d'emplois.

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