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Héritière
de l'ancienne Numidie,
l'Algérie a d'abord été peuplée par
des Berbères. Les Berbères, qu'on a aussi appelés
Libyens,
apparaissent dans l'histoire 3000 ans avant notre ère. Au IXe
siècle avant J.-C., les Phéniciens s'établirent sur
le littoral algérien et fondèrent la puissance carthaginoise.
146 ans avant J.-C., à la suite de la destruction de Carthage,
les Romains prirent possession du pays, qu'ils conservèrent pendant
575 ans et dont ils firent le principal grenier de l'Italie.
On voit encore les ruines des villes nombreuses qu'ils bâtirent dans
la région du Tell et jusque dans le bassin du Hodna, jusqu'au pied
du versant Nord de l'Aurès. En 429 de notre ère, les Vandales,
venus d'Espagne, mirent fin à la domination romaine et devinrent
les maîtres du sol pendant 104 ans. Bélisaire,
en 534, anéantit leur empire et soumit le pays au sceptre des empereurs
de Constantinople.
Ceux-ci se maintinrent dans leur conquête jusqu'en 692, époque à laquelle les Arabes s'en emparèrent. ils eurent bientôt converti les habitants à l'islam. La domination des Arabes dura environ 400 ans : elle prit fin à l'extinction de la dynastie des Fatimides en 1171. Alors le pays tomba dans un état d'anarchie à la suite duquel les Berbères, redevenus maîtres chez eux, se divisèrent en un certain nombre de principautés dont les plus florissantes furent celles qui se livrèrent à la piraterie. Jusqu'à la fin du XVe siècle, les forbans barbaresques furent la terreur et le fléau des côtes de la Méditerranée. Tous les chrétiens qu'ils capturaient subissaient un dur esclavage. Le plus célèbre de ces pirates, Aroudj Barberousse, de 1514 à 1516, s'empara de Djidjelli, d'Alger, de Cherchell, de Ténès et de Tlemcen, devint le vrai souverain du Tell, et, pour s'assurer un appui tant contre les indigènes que contre les États chrétiens, se fit le vassal des Turcs, qui jusqu'en 1830 furent, du moins nominalement, les suzerains de l'Algérie. La France prétexta d'une insulte faite au consul français par le dey d'Alger pour envoyer une flotte et une armée de débarquement qui prit terre à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830, s'empara d'Alger le 5 juillet, fit le dey prisonnier, et commença ainsi la conquête du pays qui ne fut pour l'essentiel terminée que le 23 décembre 1847, jour où Abd-el-Kader se livra à la France. Des révoltes continuèrent d'exister, mais l'Algérie était désormais un colonie française. Situation qui dura jusqu'à l'indépendance du pays en 1962 (accords d'Evian). Depuis, l'Algérie est dirigé par un parti unique, le FLN, formé lors de la lutte pour l'indépendance. Son économie repose pour une large part sur la rente que lui procure la production d'hydrocarbures. Dates clés : ca. 110 av. J.-C. -Règne de Jugurtha. |
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L'Algérie
avant l'Islam
On ne possède que peu de renseignements précis sur l'histoire de l'Algérie antérieurement à sa conquête par les Romains. Des traditions rapportent seulement que la population autochtone fut subjuguée à diverses reprises par des peuplades venues de l'Orient : c'est du mélange de ces populations que seraient issus les Numides dont les Berbères actuels sont les descendants. Dès le IXe siècle avant notre ère, les Carthaginois s'établirent dans le nord de l'Afrique et fondèrent sur les côtes de l'Algérie des comptoirs qui entretinrent des relations commerciales avec les chefs indigènes, mais sans chercher à exercer leur autorité sur le pays environnant. Durant les guerres puniques les indigènes, après avoir servi d'abord comme mercenaires dans les armées des deux peuples, prirent parti, les uns pour Rome, les autres pour Carthage. Les Carthaginois ayant succombé dans la lutte, Syphax, roi Numide, qui les avait soutenus fut dépossédé de ses États au profit de Massinissa, l'allié des Romains, et il se fonda un grand empire numide dont la capitale fut Cirta (Constantine) . Sous les successeurs de Massinissa, Rome occupa un certain nombre de points de l'Algérie et prit une influence de plus en plus prépondérante sur les destinées du royaume qu'elle avait aidé à créer. Jugurtha, petit-fils de Massinissa, essaya vainement d'arrêter les empiétements des Romains et de rendre l'indépendance à son pays. Vaincu par Marius après une lutte héroïque, Jugurtha fut livré à ses ennemis par le roi Bocchus (106 av. J.-C.) et périt à Rome, dans un cachot. Dès cette époque, Rome fut véritablement maîtresse du sort de l'Algérie : les princes numides qui continuèrent à la gouverner ne furent plus, pour ainsi dire, que des fonctionnaires romains. Quelques indigènes, entre autres Tacfarinas (17 av. J.-C. tentèrent en vain de reprendre le rôle de Jugurtha et de chasser l'étranger de leur pays; toutes ces tentatives de révolte furent étouffées et, en l'an 43, l'Algérie fut réduite en province romaine. En 429, les Vandales appelés en Afrique par le comte Boniface n'eurent pas de peine à s'emparer du pays, favorisés qu'ils furent, à la fois par la haine sourde que les Numides portaient aux Romains et par les querelles religieuses qui divisaient les nouveaux chrétiens. Conduits par Genséric, les Vandales s'établirent sur tout le littoral qui renfermait les plus riches possessions des Romains et ne se répandirent que très peu sur les territoires occupés par les indigènes. Les quatre successeurs de Genséric ne surent pas organiser le pays qu'ils avaient conquis et, quand Hilderik eut été renversé du trône par Gélimer, l'empereur Justinien put profiter de cette circonstance pour s'emparer de l'Afrique (533) avec une simple armée de 30 000 hommes conduite par Bélisaire. Les Byzantins eurent facilement raison des Vandales, mais ils ne réussirent pas à dompter les populations indigènes et les victoires de Salomon dans l'Aurès et dans les montagnes qui avoisinent Sétif ne produisirent pas de résultats durables. La domination byzantine resta confinée sur un territoire restreint aux environs des grandes villes et il ne fallut pas de bien grands efforts aux Arabes pour chasser du continent africain pour de longues années les conquérants européens. Les Arabes et les Turcs L'invasion musulmane qui, pour la première fois, pénétra dans le Maghreb en 646 eut à soutenir une lutte sanglante contre les indigènes; une femme berbère, la Kâhina, organisa et dirigea la résistance contre les Arabes; mais ceux-ci triomphèrent de tous les obstacles et, en 711, les Berbères convertis à l'islam combattirent côte à côte avec les Arabes sur les bords du Guadalete et contribuèrent à la victoire qui fit de l'Espagne une province de l'empire des Califes. Aux dynasties arabes des Aghlabites et des Fatimides succédèrent bientôt les dynasties berbères des Zirites et des Hammadites (Les dynasties musulmanes au Moyen âge), car, malgré l'invasion hilalienne qui vint au XIe siècle amener dans le Maghreb un fort contingent de tribus arabes, la prépondérance fut définitivement acquise aux Berbères qui avaient, il est vrai, adopté la religion et en partie la langue et les moeurs des Arabes. Les Almoravides ne possédèrent que la partie orientale de l'Algérie; toute la contrée fut ensuite soumise à l'autorité des Almohades, puis elle se trouva de nouveau partiellement occupée par les Mérinides, les Beni Zian ou Abdelouadites et les Hafsides. Jusqu'en 1515, l'Algérie
n'avait pas formé une unité politique : c'est seulement à
cette époque que deux corsaires, Baba-Aroudj et son frère
Kheir-ed-Din (les frères Barberousse),
fondèrent un véritable royaume dont les limites (abstraction
faite des confins sahariens) furent sensiblement les mêmes que celles
de l'Algérie actuelle. Dès 1518, Kheir-ed-Din plaça
le nouvel État sous le protectorat du sultan de Constantinople,
Sélim
Ier (Le
Siècle de Soliman)
et jusqu'en 1711 le pacha d'Alger fut nommé
par le sultan. Déjà en 1658 l'autorité du pacha n'avait
été acceptée qu'à la condition qu'il la partagerait
avec un agha élu par la milice d'Alger; plus tard l'agha fut remplacé
par un dey, mais, en 1711, celui-ci refusa de partager le pouvoir avec
un pacha et réunit les deux fonctions. Depuis cette époque
le dey ou pacha-dey eut seul l'autorité, et l'investiture de la
Porte devint une simple formalité, Tandis que les beys de Titeri,
de Constantine
et de Mascara administraient les tribus indigènes, le pacha, à
l'aide de colonnes mobiles chargées du recouvrement des impôts,
se contentait d'assurer la tranquillité générale du
pays, et de faciliter l'exercice de la piraterie à de nombreux corsaires.
Les déprédations commises par ces audacieux forbans s'élevèrent
parfois jusqu'à 20 000 000 de livres en une seule année.
Aucune nation n'échappa à leurs brigandages et ni les redevances
annuelles, ni les bombardements ne ralentirent les courses de ces écumeurs
de mer.
En 1827, une insulte publique, faite au consul français par le dey Hossein, fut le prétexte choisi par la France pour intervenir militairement en Algérie. Outre l'occasion de venger l'offense qu'elle venait de recevoir, elle y voyait aussi celle de détruire la bande de pirates qui infestaient la mer Méditerranée, et surtout celle de détourner l'opinion de la crise de régime dans laquelle le pays se débattait par une guerre extérieure. Le 14 juin 1830, une flotte française sous les ordres de l'amiral Duperré débarqua à Sidi-Ferruch une armée de 30 000 hommes. Le général de Bourmont qui commandait l'expédition culbuta les Turcs et les Arabes dans la plaine de Staouéli, s'empara du fort de l'Empereur qui dominait la ville d'Alger et obligea le dey à capituler. L'armée française entra dans Alger le 5 juillet. L'occupation fut d'abord restreinte à quelques points du littoral et à une petite zone entourant Alger; bientôt on comprit qu'il serait impossible de se maintenir dans ces positions si l'on ne se décidait à entreprendre la conquête de tout le pays et la résistance des tribus n'aurait probablement pas donné lieu à une lutte bien longue si l'on n'avait fait la faute de considérer l'émir Abd-el-Kâder comme une sorte de souverain de certaines provinces de l'Ouest. De 1834 à 1847 tous les efforts de l'armée furent consacrés à combattre l'émir que les deux traités signés, le premier par le général Desmichels (1834), le second par le général Bugeaud (1837, traité de la Tafna), avaient, aux yeux des tribus, élevé au rang de chef de la guerre sainte contre les infidèles. La reddition d'Abd-et-Kâder mit fin à la résistance générale des indigènes; depuis ce moment il n'y eut plus guère à compter qu'avec quelques groupes isolés qui furent définitivement soumis en 1857, époque de la conquête de la grande Kabylie. Les insurrections qui depuis 1857 ont répondu à l'expansion de la colonisation n'ont jamais créé un danger sérieux pour l'occupation française. La révolte des Kabyles en 1871 eût été sans gravité si les troupes habituées à la guerre contre les indigènes n'eussent été à ce moment employées en Europe. La création d'un réseau de chemin de fer rendit à partir de cette époque ces insurrections plus difficiles et presque inoffensives. Voici par ordre chronologique les principaux faits qui ont marqué la conquête de l'Algérie par la France : 1830. Prise d Alger; tentative d'occupation des villes de Blida, Médéa, Mers-el-Kébir, Oran et Bône (Annaba).
Après la reddition d'Abd el-Kader, et l'étouffement des derniers points de résistance en Grande Kabylie, la résistance s'était essoufflée. Cela ne signifie pas que la position de la France ait été très claire. Les motifs qui avaient conduit à la prise d'Alger ne relevaient que de considérations à très court terme. La question de savoir quoi faire de l'Algérie se posa assez rapidement. On songea d'abord à remettre le pays entre les mains du Pacha d'Égypte, allié de la France, puis il fut question de le restituer directement à la Porte ottomane, en échange de certains bénéfices qui auraient été acquis au détriment de l'Angleterre. L'option de la colonisation ne vint qu'ensuite, mais pour devenir alors la carte maîtresse de la politique de colonisation de l'Afrique qu'allait mener la France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu'en 1870, l'Algérie
n'était restée essentiellement qu'un territoire militaire,
dont l'administration chaotiques reflétait l'indécision qui
régnait en France sur le statut du pays. Elle fut régie d'abord
par des généraux en chef : Bourmont, Clauzel, Berthezène,
Savary, Voirol (1830-34); puis par des gouverneurs : d'Erlon, Clauzel,
Damrémont, Valée, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier, Charon,
d'Hautpoul, le maréchal Randon; ensuite par un ministre de l'Algérie
et des colonies, Pierre-Napoléon (1858), Prosper
de Chasseloup-Laubat (1859); enfin, après 1861, par un gouvernement
général : le maréchal Pelissier, le maréchal
Mac-Mahon, le général Chanzy.
L'émir Abd-el-Kader (1808-1883). Tableau d'Ange Tissier, 1852. La colonisation.
Après l'insurrection de 1871, plus de six cent mille hectares de terres étant entrés dans le domaine de l'État par suite d'appositions de séquestre, des mesures nouvelles furent prises pour la création de centres et la distribution des terres (Décrets des 10 octobre 1872 et 15 juillet 1874). Les lois des 21 juin 1871, 15 septembre 1871 et le décret du 16 octobre 1871 ont concédé des terres aux AIsaciens-Lorrains et leur ont fourni des ressources pécuniaires pour l'installation. De 1871 à
1881, la superficie des terres concédées aux immigrants et
aux colons a été de 457 120 hectares; la valeur de ces terres
s'élève à 41 589 923 F. Les dépenses d'installation
des colons sont évaluées à 14 939 135 F. 7339 familles,
comprenant 27981 personnes, résidaient, au 31 décembre 1881,
sur ces concessions. Il y a 7764 concessions de lots de villages; 1241
de lots de fermes et 1175 de lots industriels (terres impropres à
la culture). A cette époque, la population européenne de
l'Algérie comprend des Français, plus nombreux à eux
seuls que le reste de la population d'origine européenne. Ils sont
colons pour la plupart, ont émigré surtout de la France méridionale,
du bassin de la Garonne, de l'Alsace et de la Lorraine. Les Espagnols (Andalous,
Murciens, Valenciens, Catalans,
Baléares)
sont maraîchers, alfatiers, bûcherons, défricheurs,
et sont très répandus dans le département d'Oran.
Les Italiens se sont fixés de préférence, ainsi que
les Maltais,
dans le département de Constantine.
On compte en Algérie quelques milliers de Suisses et d'Allemands
dispersés dans tout le Tell.
Le territoire algérien se partage à l'époque en trois départements, à savoir : 1° Le département d'Oran, chef-lieu Oran. Sous-préfectures : Mascara, Mostaganem. Sidi-bel-Abbes et Tlemcen.Chaque département se partage en un territoire civil, dont l'administration est absolument la même que celle qui existe pour les départements de la France, et en un territoire militaire, administré par un commandant, et par les bureaux arabes. On distingue en Algérie, trois sortes de communes : 1° les communes de plein exercice, qui n'existent qu'en territoire civil et sont administrées par un maire assisté d'un conseil municipal;Vers l'indépendance. La situation des colons et des musulmans est sans doute différente, mais aussi celle entre les villes et les campagnes. Dans ces dernières, ce sont assurément les Européens qui confisquent tous les privilèges. Dans les villes la situation est plus contrastée. Beaucoup d'Européens se prolétarisent, en même temps qu'une fraction de la population musulmane accède à l'éducation et s'enrichit. C'est au sein de cette bourgeoisie arabe urbaine que naissent les premières velléités d'indépendance entre les deux guerres mondiales, notamment avec le parti de Ferhat Abbas et Ben Djelloul. Une ordonnance signée en 1944 accorde enfin aux musulmans les mêmes droits qu'aux Européens, mais trop tard. Le mouvement indépendantiste gagne en puissance. La guerre d'indépendance, conduite, côté Algérie, sous la direction du Front de libération nationale (FLN) commence en 1954. Elle se terminera par la signature le 18 mars 1962 des accords d'Evian, par lesquels la France reconnaît à l'Algérie sa souveraineté. - Arrestation en octobre 1956 de Ahmed Ben Bella, l'un des principaux dirigeants du FLN. Après l'indépendance, le principal parti politique algérien, le FLN, a largement dominé la vie politique. Le gouvernement algérien a institué en 1988 un système multipartite en réponse aux troubles publics, mais le succès surprenant du Front islamique du salut (FIS) au premier tour des élections législatives de décembre 1991 a conduit l'armée algérienne à intervenir et à reporter le second tour du scrutin afin d'empêcher l'accession au pouvoir d'un gouvernement dirigé par des extrémistes religieux. L'armée a commencé une répression contre le FIS, répression qui a incité les partisans du FIS à s'attaquer à des cibles gouvernementales. Les combats ont dégénéré en une insurrection, qui a connu une violence intense de 1992 à 1998, entraînant plus de 100 000 morts - dont beaucoup sont attribués aux massacres aveugles de villageois par des extrémistes. Le gouvernement a pris le dessus à la fin des années 1990 et la branche armée du FIS, l'Armée islamique du salut, s'est dissoute en janvier 2000. En 1999, des élections, boycottées par plusieurs candidats protestant contre une fraude présumée, ont porté à la présidence Abdelaziz Bouteflika, le candidat qui bénéficiait du soutien de l'armée. Bouteflika a encore remporté les élections suivantes (2004, 2009 et 2014). Quelques réformes politiques ont été apportées lors de sa présidence en 2011, en réponse au printemps arabe (levée des restrictions de l'état d'urgence en vigueur depuis 19 ans, augmentation des quotas de femmes dans les assemblées élues, augmentation les subventions à la population). A partir de 2014, la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des revenus des hydrocarbures pour financer le gouvernement et financer les importantes subventions à la population est mise à rude épreuve en raison de la baisse des prix du pétrole. Fin février 2019, des manifestations ont éclaté dans tout le pays contre la décision du président Bouteflika de briguer un cinquième mandat. Bouteflika a démissionné le 2 avril 2019 et le président de la chambre haute du parlement, Abdelkader Bensalah, est devenu chef de l'État par intérim le 9 avril. Bensalah est resté en fonction au-delà de la limite constitutionnelle de 90 jours jusqu'à ce que les Algériens élisent l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune comme nouveau président du pays en décembre 2019.
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