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L'Anjou

L'Anjou est un ancienne province de France, entre la Normandie, le Poitou, le Maine, la Bretagne et la Touraine. Elle avait pour capitale Angers, et pour villes principales Château-Gontier, Baugé, Brissac, Craon, Cholet, Beaupréau. Elle forme aujourd'hui le département du Maine-et-Loire, et une portion des départements de la Mayenne, de la Sarthe et de l'Indre-et-Loire. Son climat est doux, très favorable aux fleurs et aux arbres fruitiers. 

Protohistoire, Antiquité

La région  qui devait s'appeler l'Anjou dans l'histoire nous a laissé un grand nombre de vestiges matériels, une cinquantaine de dolmens, une centaine de menhirs, un petit nombre de pierres branlantes, d'amas et d'enceintes de pierres, des outils et des armes de silex, des crânes et des ossements; le dolmen le plus important est celui de Bagneux, près de Saumur (20 m de longueur sur 7 m de largeur et 3 m de hauteur); quelques tombelles ont été reconnues et fouillées, à Brezé, au Bois-Brard, aux Quinze-Deniers, etc.; on a découiert à Roc-en-Paille, à l'embouchure du Layon, quelques vestiges des populations primitives; la trace la plus apparente des Gaulois est dans un refuge fortifié qui subsiste presque en entier à Chénehutte, près de Trèves-Cunaud; il existe une enceinte du même genre, mais moins vaste, à Fief-Sauvin, près de Montrevault; enfin la grande levée de terre qui va depuis la Baumette jusqu'à l'embouchure de l'Authion est probablement une fortification gauloise; ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas romaine, bien qu'on l'appelle le Camp de César

Les Andécaves étaient un des soixante peuples de la Gaule chevelue, un des trente-six peuples de la Celtique; il est impossible de déterminer exactement les limites de leur territoire; il est seulement permis de supposer que l'étendue en était à peu près égale à celle de la cité romaine de l'âge suivant, et par suite à celle du diocèse ecclésiatique du Moyen âge; leurs voisins étaient au Nord les Aulerci, Diablintes et les Aulerci Cenomanni; à l'Ouest les Namnetes; au Sud les Pictones; à l'Est les Turoni. Des forêts couvraient en partie le pays, le reste était cultivé; le blé n'y mûrissait pas tous les ans, et César nous apprend que de son temps, la récolte ayant manqué, on dut s'y contenter de bouillie et de pain de millet. Les villes des Andécaves nous sont absolument inconnues; nous ne savons même pas où était leur capitale, ni s'ils en possédaient une; il est seulement très vraisemblable que la capitale romaine, Juliomagus, a succédé à la capitale celtique.

Conquête romaine.
Les Andécaves, comme les autres Gaulois, n'apparaissent clairement dans l'histoire qu'à l'époque de la conquête romaine; P. Crassus, avec la VIle légion, vécut paisiblement au milieu d'eux pendant tout l'hiver de 57-56 (av. J.-C.); ils lui fournirent des vivres, puis se prêtèrent à tous les préparatifs de guerre contre l'Armorique : César fit mettre en réquisition tous les bateaux du pays, construire une flotte, et lever des matelots gaulois. Mais en 52. l'agitation se communiqua rapidement à l'Anjou, et, après la chute d'Alésia, ils refusèrent de se soumettre; leur chef Dumnacus mit le siège devant Poitiers (Lemonum), ville dévouée à César, et marcha contre les deux légions de C. Caninius Rebilus, qui s'avançait au secours de la ville; repoussé avec de grandes pertes, il leva le siège et se mit en retraite vers le Nord, mais il se trouva tout à coup en face d'une autre armée romaine, commandée par C. Fabius; les Gaulois furent taillés en pièces :

« On tua, dit Hirtius, tant que les chevaux purent aller et tant que les bras purent frapper » (51 av. J.-C.). 
L'insurrection angevine était vaincue; Dumnacus, fugitif et proscrit, chercha un refuge au fond de l'Armorique; d'autres se joignirent au sénon Drappès et succombèrent avec lui glorieusement dans Uxellodunum, ville des Cadurques.

Période romaine.
La capitale des Andécaves fut au nombre des villes qui reçurent un nom romain : elle fut appelée Juliomagus. La plus grande partie de la Gaule avait accepté rapidement la domination romaine; les Andécaves regrettèrent leur indépendance et cherchèrent l'occasion de se soulever : à la mort d'Auguste, le Trévire Julius Florus et l'Eduen Julius Sacrovir ayant essayé de provoquer une vaste insurrection, deux peuples seulement répondirent à leur appel, les Turons et les Andécaves. Les Romains les battirent sans peine : le lieutenant Acilius Aviola, avec une seule cohorte, accourut de Lyon et réduisit les Andécaves pendant qu'un autre corps soumettait les Turons. La Gaule ne chercha plus à s'affranchir, et pendant plus de quatre siècles elle n'a pas d'autre histoire que l'Empire romain. Les historiens ne nous apprennent rien de l'Anjou romain, mais les vestiges gallo-romains sont nombreux : le sol d'Angers recèle une multitude de constructions et de débris antiques, qui apparaissent par fragments au hasard de la pioche : la restauration de l'évêché a dégagé un pan de muraille de 4 m d'épaisseur, qui est un reste de l'ancien capitole.

Les tranchées du chemin de fer ont coupé en deux un cimetière du IIe siècle; des percements ont mis à découvert les restes d'un cirque, d'arènes, de bains (au faubourg de Lévière (Aquaria), dans l'enclos des Belles-Poitrines); en 1879, les fouilles de la place du Ralliement exhumèrent une belle mosaïque; enfin l'enceinte fortifiée de la fin du IVe siècle est encore debout en partie. Dans les environs, le petit hameau de Frémur (à 3 km) parait avoir été un grand faubourg (vaste établissement de bains, etc.). La seconde ville de l'Anjou romain était Gennes, bien qu'aucun historien n'en fasse mention, et que nous n'en connaissions pas même le nom ancien (Gegina au VIe siècle) : mais on y a découvert des ruines importantes (amphithéâtre, reste de basilique, vestiges de bains, etc); les traces romaines abondent aussi à Bagneux (Balneolas, près de Saumur), à Fief-Sauvin, à Chênehutte, à Doué, à Nombault, aux Châtres, etc.; enfin, nous connaissons, par la carte de Peutinger, des noms dont il est difficile de déterminer la place sur la carte, Combaristum (Candé, Châtelais, ou plus probablement Combrée), Robrica (Riou?), Segora (la Ségourie, ou Surge, près du Fief-Sauvin). Ces noms mystérieux sont, avec les ruines et les vestiges conservés par le sol, tout ce qui nous parle de l'Anjou gallo-romain; l'histoire sait seulement qu'il fit partie de la Lyonnaise sous Auguste, de la deuxième Lyonnaise sous Dioclétien, puis de la troisième Lyonnaise; on trouve aussi au IVe siècle, dans le pays des Mauges, un cantonnement de Lètes, d'origine scythique, les Taïphales.

L'Anjou pendant le haut Moyen âge

Le christianisme en Anjou.
L'Anjou paraît n'avoir été soumis au christianisme qu'au IVe siècle, à une époque où les persécutions avaient cessé. Saint Florent, envoyé de Tours par saint Martin, apporta le premier le christianisme dans le pays des Mauges, fonda un monastère au Montglonne, y attira de nombreux disciples, et en termina avec le paganisme dans la contrée; depuis sa mort, dont la date nous est inconnue (360? 390?) Montglonne s'est appelé Saint Florent (Saint-Florent-le-Vieil, arr. de Cholet). Saint Macaire continua son oeuvre dans le pays des Mauges, et la religion nouvelle fut imposée rapidement à tout le reste de l'Anjou. C'est vers le milieu du IVe siècle que semble avoir été créé l'évêché d'Angers; tous les catalogues donnent au premier évêque le nom de Defensor, mais c'est peut-être un nom commun pris pour un nom propre : ce premier évêque construisit en l'honneur de la Vierge une humble basilique, que devait remplacer la cathédrale. Le deuxième évêque d'Angers semble avoir été saint Apothème (de 372? à 389?) ; le troisième, Prosperius; son successeur, saint Maurille (vers 400), est plus connu : il avait gagné l'épiscopat par quarante années de prédication : c'est lui qui avait détruit le dernier temple païen de l'Anjou, celui de Chalonnes, qui semblait la forteresse des anciennes croyances; vénéré dès son vivant comme un saint, il fut aussitôt après sa mort honoré d'un culte public, et longtemps la foi populaire lui attribua des miracles, que Bourdigné et Roger se plaisent à raconter dans leurs chroniques. Il eut pour successeur Talasius, vers 453; Eumerius, vers 480; Eustochius, vers 511. 

Les limites du diocèse étaient formées de la Loire au Loir, par les territoires de Bénais, Continvoir, Saint-Symphorien, Savigné, Channay, suivaient le Loir jusqu'à Clermont, atteignaient la Sarthe en face de Malicorne, en suivaient la rive gauche jusqu'au-dessous de Pincé, gagnaient la Mayenne en passant au nord de Saint-Denis et de Bierné, et rejoignaient la Loire en enclavant Châtelais, Laigné, Peinton, la Chapelle-Craonnaise, Méral, Fontaine-Couverte, Brain, la Rouaudière, Senonnes, la Prévière, Chanveaux, Challain et Ingrandes; sur la rive gauche de la Loire, elles suivaient le Layon jusqu'à l'Hirôme qu'elles remontaient jusqu'à sa source, se dirigeaient vers l'Ouest en englobant la Chapelle-Rousselin, Chemillé, Melay, la Salle, Gonnord, Châtelaison, Doué et la Madeleine, descendaient la rive gauche du Thouet, la traversaient au-dessous du confluent de la Dive, et, passant entre Chacé et Saint-Cyr, finissaient à la Vienne, un peu au-dessous de Candes. Au Ve siècle l'Anjou était entièrement chrétien; beaucoup de paroisses se formaient ; la fondation de celle de Cunaudl est attribuée à saint Maxenceul; un concile se réunit à Angers, en 453.

Les grandes invasions.
Au commencement du Ve siècle, l'Anjou fut envahi par les Barbares, Gètes et Alains : c'est une erreur de croire que l'Armorique et les pays voisins aient formé à cette époque une vaste confédération de républiques; ces pays furent seulement séparés pendant quelques mois de toute communication avec Rome ; chaque ville restait enfermée chez elle, à l'abri d'une étroite enceinte; les Barbares partirent comme ils étaient venus, et dès 411 le fonctionnement à peu près régulier de l'administration impériale était rétabli. Mais vers le milieu du siècle parurent en Anjou d'autres Barbares, les Saxons, remontant la Loire : à la mort d'Egidius, 464, ils reçurent des otages d'Angers et d'autres lieux; quelques années plus tard, le comte romain Paulus vint au secours de l'Anjou; en même temps le chef des Francs, Childéric, à titre d'auxiliaire, se mettait en marche pour le rejoindre; les Saxons, commandés par Odoacre, se rendirent maîtres d'Angers, malgré une résistance héroïque; le comte Paulus fut tué et la ville saccagée, mais les Francs n'étaient qu'à une journée de marche : le lendemain ils reprirent la ville; les Saxons se rembarquèrent et ne parurent plus dans le pays (471).

L'Anjou sous les Mérovingiens.
Peu d'années après, l'Anjou entra dans le domaine des Francs; à la mort de Clovis (511), il passa à Clodomir, roi d'Orléans; au partage des Etats de Clodomir (524), il fut attribué au royaume d'Austrasie, et en fit partie sous Thierry, sous Théodebert et sous Théodebald; il appartint à Clotaire jusqu'en 561, à Caribert jusqu'en 567, et à Childéric jusqu'en 584; ce fut ensuite le roi Gontran qui gouverna l'Anjou en qualité de tuteur du jeune Clotaire, héritier de Chilpéric, puis le successeur de Gontran, Childebert Il, l'annexa complètement au royaume de Bourgogne; après en avoir fait partie sous ce prince, puis sous Thierry II (596-613), il passa à Clotaire II, puis à Dagobert, et suivit désormais les destinées du royaume de Neustrie. Plusieurs de ces rois vinrent en Anjou, par exemple Théodebert, Théodebald et Clotaire pour saluer saint Maur, Dagobert pour faire la guerre aux Bretons. Pendant toute cette période, et jusqu'au Xe siècle, l'Anjou formait une province (pagus) gouvernée à la fois par l'évêque et par un comte ou vicomte nommé par le roi et révocable : tels furent, par exemple, Florus, de Glanfeuil, vicomte sous le roi Théodebert (543), Théodulphe, vicomte sous le roi Gontran (585), etc.; ces vicomtes étaient soumis à la surveillance de légats, tels qu'Antestius, en 587. 

Dans l'église, deux hommes tiennent à cette époque une grande place, saint Aubin et saint Maur : saint Aubin (Albinus), évêque, de 529 à 550, lutta avec énergie contre les désordres des grands, l'inceste et le concubinage public; saint Maur, disciple de saint Benoît, fonda à Glanfeuil, avec l'aide de Florus, le célèbre monastère qui a gardé son nom en 551, les travaux étaient achevés et bénis par l'évêque Eutrope. On peut mentionner encore saint Lézin (Licinius), évêque, de 592 (?) à 608 (?), qui renonça aux plus grands honneurs pour se faire clerc, et saint Maimbeuf, un de ses successeurs (610-655?).

L'Anjou au VIIIe siècle.
Dans la lutte entre le jeune Charles Martel et le maire du palais de Neustrie, Rainfroi ou Raginfred, Angers servit de principale place forte au parti neustrien; Rainfroi, battu dans plusieurs rencontres, y fut assiégé par Charles Martel, et réduit à capituler (724), mais il obtint de garder le commandement de la ville avec le titre de comte. Après sa mort, l'Anjou resta soumis à Charles Martel. Pépin le Bref y vint en 760 et reçut à la Chapelle-sous-Doué l'ambassade et les otages de Waïfre; Gaidulphe, investi par lui du comté d'Anjou en 755, bouleversa l'abbaye de Saint-Maur, en expulsa les religieux, et en transporta les archives dans l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers. Quant à Roland de Roncevaux, dont les chansons de geste font le fils du « bon duc d'Angers Milon », on sait seulement par Eginhard qu'il était commandant des frontières de Bretagne, et par conséquent gouverneur ou comte d'Anjou; il existe un denier de Charlemagne au nom de Roland et probablement de cette époque, mais on ne peut affirmer qu'il soit d'origine angevine. Roland eut pour successeur Auturlfe, qui marcha contre les Bretons, en 786. L'histoire ne sait pas autre chose de l'Anjou sous Charlemagne.

L'Anjou au IXe siècle.
En 817, Louis le Débonnaire donna le comté d'Anjou à son fils Pépin, avec l'Aquitaine; en 818, il s'arrêta à Angers, au retour d'une expédition contre les Bretons, et y perdit l'impératrice Ermengarde, qui y avait fondé, dit-on, l'église de Saint-Martin. De Rorgon, qui était comte en 839, l'histoire ne sait rien, si ce n'est qu'il reconstruisit l'abbaye de Saint-Maur. Sous le règne de Charles le Chauve commence une longue période de misères. C'est d'abord l'invasion bretonne : le roi des Bretons, Nominoé, et son allié le comte de Nantes, Lambert, pénétrèrent an coeur de l'Anjou (844), et le ravagèrent; Charles le Chauve fut battu près de Ballon (845); Lambert s'établit solidement à Craon; enfin Nominoé s'empara d'Angers en 849; à sa mort (851), Charles le Chauve traita avec son fils Erispoé, et obtint sa retraite en lui cédant toute la rive droite de la Loire depuis la Maine; en même temps Lambert, surpris par le comte du Maine, périt dans une embuscade (852). 

L'année suivante, trois missi, dont Robert le Fort et l'évêque Dodon, furent chargés de remettre un peu d'ordre dans le pays, mais déjà l'Anjou était envahi par de nouveaux ennemis : les Vikings, maîtres de Nantes pour la deuxième fois, avaient remonté la Loire, et en saccageaient les deux rives; les moines de Saint-Florent s'enfuirent jusqu'en Bourgogne. La bande principale commandée par Rorik, prit d'assaut la ville d'Angers, défendue par le vieux comte Thierry, qui périt Ies armes à la main (853); pendant vingt ans ils pillèrent l'Anjou, la Touraine, le Maine; on sait la mort de Robert le Fort à Brissarthe, en 866; Angers leur servait de base d'opérations; en 872 leur chef Hastings s'y établit avec des femmes et des enfants; mais Charles le Chauve, aidé de Salomon, successeur d'Erispoé, vint les y assiéger et les réduisit à traiter; on raconte que les Bretons détournèrent la Maine à Reculée pour mettre à sec la flottille ennemie (873). Retirés dans les îles de la Loire, ils commirent quelques actes de brigandage, mais en 879 ils furent taillés en pièces dans la vallée de la Vienne, près de la Loire; ils se montrèrent encore près d'Angers en 882, puis disparurent jusqu'en 903, date de leur dernière visite.

A Robert le Fort avait succédé Hugues l'Abbé, comme comte de Touraine et d'Anjou; occupé par d'autres affaires que celles de l'Anjou, il semble s'y être fait représenter par le personnage à demi légendaire d'Ingelger, qui aurait porté le titre de vicomte d'Angers. A Hugues l'Abbé succéda Eudes, fils de Robert le Fort (886); il prit pour vicomte le fils d'Ingelger Foulques le Roux, qui est le véritable chef de la maison héréditaire d'Anjou; quand Eudes fut devenu roi, une monnaie d'argent fut frappée à Angers avec cette légende-: «-Odo est rex ».

L'Anjou sous les comtes ingelgériens.
Foulques le Roux, vicomte d'Angers, probablement depuis la mort d'Ingélger, ne prit le titre de comte d'Anjou que plus tard : un acte de 909 lui donne cette qualification; hardi et rusé, il tint tête aux Bretons et aux pirates vikings; nous savons qu'il possédait en propre les abbayes de Saint-Aubin et de Saint-Lézin, et qu'il joignait à son titre de comte celui d'archi-abbé. Son fils, Foulques II, dit le Bon ou le Pieux, Iui succéda en 942; son temps fut une période de paix relative; Bretons et Vikings avaient cessé leurs incursions; Foulques protégea l'industrie, l'agriculture, le commerce; les chroniques le représentent chantant au choeur de Saint-Martin de Tours, et composant lui-même des chants d'église, dont on vantait l'harmonie; il mourut vers 960. Son fils, Geoffroy ler, surnommé Grisegonelle, est un des héros des chansons de geste, qui racontent de lui des prouesses fabuleuses; il semble avoir combattu le comte de Poitiers et les Bretons; les chartes nous apprennent qu'il transforma l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers et qu'il s'intitulait « comte d'Anjou par la grâce de Dieu et la générosité (largitione) de son seigneur Hugues ». 

Son fils, Foulques III, dit Nerra, qui lui succéda en 987, fut un des personnages les plus singuliers du Moyen âge, guerrier héroïque, mais tyran féroce, dont l'unique frein était la crainte de Dieu. Attaqué par ses voisins coalisés, il battit d'abord Eudes Ier, comte de Blois, de Tours et de Chartres (990), culbuta les Bretons sous les murs d'Angers (990), puis se tourna successivement contre le comte de Poitiers, contre Eudes, à qui il prit Tours, et contre Conan, qui périt dans la lutte (992); il ne garda pas Tours, mais il relia à l'Anjou ses domaines de Touraine, Amboise, Loches et Buzançais, par une ligne de postes bien choisis, Mon-trésor, Montbazon, Montrichard, Montboyan, Langeais, etc.; Mirebeau rattachait de même à l'Anjou Loudun, enclavé dans le Poitou; en même temps de nouvelles forteresses se dressaient en Anjou, à Saint-Florent-le-Vieil, à Montreuil-Bellay, à Montfaucon, à Beaufort , à Baugé, à Château-Gonthier. Le vicomte de Nantes, le comte de Vendôme et le comte du Mans reconnurent la suzeraineté du comte d'Anjou. 

En 1016, Eudes II, fils d'Eudes Ier, ayant tenté de reconquérir la Touraine, fut battu à Pontlevoy; il ne fut pas plus heureux en 1025 : Foulques lui prit le Saumurois, qu'il réunit à l'Anjou. Mais il dut passer les dernières années de sa vie à combattre son fils Geoffroy, en même temps que le nouveau comte de Blois, et il ne triompha que grâce à une incroyable énergie : toute la Touraine tomba en son pouvoir, moins Tours. Nous ne raconterons pas ici ses nombreux pèlerinages; nous mentionnerons du moins la fondation du monastère de Saint-Nicolas, en 1033, et de l'abbaye de Notre-Dame de la Charité (plus tard abbaye du Ronceray), en 1028. Foulques Nerra mourut en 1040, après un règne d'un demi-siècle. 

Son fils, Geoffroy Martel (1040-1060) s'attaqua d'abord à la Touraine, dont le roi Henri lui donnait la suzeraineté, mit le siège devant Tours, battit le comte de Blois, Thibaud III, à Saint-Martin-le-Beau (1044), et le réduisit à lui céder Tours et les quelques points qu'il conservait encore en Touraine (Chinon, Langeais, etc.) (1045). Puis il profita du jeune âge du comte du Maine pour lui imposer sa tutelle, malgré les efforts de l'évêque du Mans, Gervais, qu'il retint longtemps en prison (1047-1050). Toujours en guerre, il tourna aussi ses armes vers le Sud et vers l'Ouest (prise de Nantes en 1057); de tous côtés l'Anjou débordait sur les pays voisins. Comme son père, il s'associa à des oeuvres pieuses (Lesvière en 1040, la Trinité en 1046, le Chapitre de Saint-Laud en 1047, etc.). Il ne laissa pas d'enfants et la descendance masculine d'lngelger finit avec lui.

L'Anjou pendant la Guerre de Cent ans

L'Anjou sous les Plantagenets.
Geoffroy Martel avait partagé son héritage entre ses deux neveux, Geoffroy le Jeune ou le Barbu, et Foulques le Réchin, nés du mariage de sa soeur Ermengarde et du comte de Gâtinais, Geoffroy Ferréol : au premier il avait laissé l'Anjou et la Touraine, au second la Saintonge et quelques fiefs, tels que Vihiers. Foulques le Réchin, mécontent de sa part, s'allia aux ennemis de Geoffroy et sut profiter du mécontentement causé dans les couvents de Touraine par les privilèges accordés aux moines angevins. Geoffroy, vaincu dans la plaine de Brissac (1068), subit trente ans de captivité et mourut fou. Foulques, maître de l'Anjou, se trouva en présence d'une terrible coalition, mais il réussit à la dissoudre par des concessions : il renonça à défendre la Saintonge, céda sans guerre le Gâtinais au roi de France, et fit hommage au comte de Blois pour le comté de Tours; puis il se tourna contre son autre ennemi, le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, et lui prit le Lude et la Flèche (1077-1081). Sa quatrième femme, Bertrade de Montfort, l'avant abandonné pour épouser le roi de France Philippe (1092), Foulques s'accommoda de ce mariage et il la reçut même avec honneur quand elle vint à Angers avec le roi (1106). Détesté pour ses violences, il eut à luttes contre son propre fils Geoffroy, qui combattait, dit la chronique, « pour la paix et pour la justice »; il mourut en 1109. Il faut mentionner sous son règne l'hérésiarque Bérenger, mort en 1088, et Robert d'Arbrissel, le célèbre fondateur de l'ordre de Fontevrault, qui devint en peu d'années une des plus puissantes congrégations de la chrétienté. 

Foulques V, dit le Jeune (1109-1129), était fils de Foulques le Réchin et de Bertrade; marié à la fille du comte du Mans, il hérita du comté du Maine en 1110, ramena à l'obéissance ses vassaux de Doué, de I'lle-Bouchard, de Brissac, et les bourgeois d'Angers, qui voulaient s'ériger en commune, puis, s'unissant à Louis VI contre le roi d'Angleterre, il prit Alençon et parut tellement redoutable que le roi d'Angleterre négocia et demanda pour Guillaume Athelin, son héritier présomptif, la main de Mathilde, fille du comte d'Anjou (1118); le mariage fut conclu en 1119. Guillaume périt dans le naufrage de la Blanche-Nef (1120), mais les deux maisons s'unirent de nouveau en 1128, par le mariage de Geoffroy Plantagenet, fils du comte d'Anjou, avec Mathilde, fille du roi d'Angleterre et veuve de l'empereur d'Allemagne Henri V. Bientôt après Foulques, qui s'était déjà signalé par une expédition en Palestine (1120), laissait l'Anjou à son fils et devenait roi de Jérusalem après son mariage avec Mélisende, fille de Baudouin II (1131). Geoffroy, aussitôt assailli par une redoutable coalition, réduisit le comte de Laval, le comte de Thouars, le vicomte de Parthenay, le seigneur de Blaison, Lisiard de Sablé, etc. A la mort de son beau-père, Henri Ier (1135), il revendiqua sa succession, et parvint à conquérir la Normandie (1136-1144), pendant que la comtesse Mathilde passait en Angleterre (1139), battait son compétiteur Etienne de Blois, se faisait couronner (1141), puis se voyait forcée de revenir en France. Après avoir réprimé de nouvelles révoltes dans le Maine et dans l'Anjou, et avoir fondé Chateauneuf-sur-Sarthe, pour maintenir le pays, il accompagna Louis VII en Palestine, dut encore à son retour faire le siège du château de Montreuil-Bellay (1150-1151), et mourut la même année (1151). 

Son fils Henri, par son mariage avec Eléonore de Guyenne (Aliénor d'Aquitaine), ajouta à la Normandie, à l'Anjou, à la Touraine et an Maine le vaste duché d'Aquitaine (1152), puis, à la mort d'Etienne de Blois, il devint roi d'Angleterre (1154). L'histoire politique de l'Anjou se fond alors dans l'histoire générale; quant aux faits particuliers, on peut mentionner l'agrandissement et l'embellissement d'Angers et de Saumur, de grands envois de blé en Anjou, pour remédier à la disette et la construction de la grande levée de la Loire. Richard Coeur de Lion (1189-1199) voulut être enterré à Fontevrault. La guerre de succession de Jean sans Terre et d'Arthur de Bretagne rejeta dans la misère l'Anjou, le Maine et la Touraine (1199); Arthur fut pris à Mirebeau, mais le règne des Plantagenets était fini et l'Anjou allait être réuni à la couronne de France.

L'Anjou réuni à la France.
L'Anjou fut au nombre des provinces confisquées en 1205, et l'ancien sénéchal d'Arthur, Guillaume Desroches, exécuta la sentence : la lutte fut longue, et ce fut seulement en 1214 que les Anglais furent vaincus définitivement à la Roche-aux-Moines par Louis, fils de France, accouru au secours de Guillaume; la puissante forteresse de Rochefort-sur-Loire, qui Ieur avait servi de quartier général, fut détruite, et Angers, qui avait été plusieurs fois pris et perdu, fut de nouveau occupé par les troupes royales (1214). Guillaume Desroches avait été investi par Philippe-Auguste, en 1204, du gouvernement héréditaire de l'Anjou (perception des impôts, nomination des baillis, prévôts et autres officiers secondaires, etc.); à sa mort, en 1222, le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, revendiqua l'Anjou les armes à la main, s'allia au roi d'Angleterre (1225), et obtint de Blanche de Castille, par le traité de Vendôme (1227), la possession d'Angers, de Beaufort et de leur ressort; mais Pierre s'étant joint à la ligue féodale de 1230, Louis IX vint à Angers, avec une armée, en 1230, puis en 1234, et força le duc de Bretagne à la paix. Angers, entouré d'une nouvelle enceinte (1232), et défendu par son formidable château, dû également à saint Louis, devint une importante base d'opérations en face de la Bretagne. Saint Louis revint en Anjou en 1241, pour la grande fête qui eut lieu à Saumur, quand son frère Alphonse fut armé chevalier.

L'Anjou sous les comtes apanagistes.
Philippe-Auguste avait déjà songé à faire de l'Anjou un apanage. Saint Louis, en 1246, le donna au plus jeune de ses frères, Charles, en apanage héréditaire, et l'Anjou fut de nouveau livré à sa vie particulière, pendant que ses comtes et une partie de sa noblesse se consacraient à la conquête des Deux-Siciles. Charles ler (1246-1285), occupé tout entier en Italie, s'inquiéta peu de son comté d'Anjou : ce fut pendant son règne que Henri III abandonna définitivement toute prétention sur l'Anjou; on peut aussi mentionner un règlement que Charles ler rendit en 1269, sur la police et les privilèges des étudiants de l'université d'Angers, qui avait pris un grand développement. Charles II, dit le Boiteux, prit à peine possession de l'Anjou, où il se fit soumettre par une persécution contre les juifs; en 1290 il donna le comté à sa fille Marguerite en la mariant à Charles de Valois, et des lettres patentes de septembre 1297 érigèrent le comté en pairie. 

Charles III y résida plus souvent que ses prédécesseurs et y maintint la paix; ce fut à Aigrefoin qu'il signa la charte accordant aux habitants d'Angers, moyennant une légère redevance, tout droit de chasse dans la quinte ou banlieue, sauf la chasse du gerfaut et du faucon (1321); il mourut en 1325. Quelques années avant lui était mort le célèbre évêque d'Angers, Guillaume Le Maire, qui avait été un des conseillers intimes de Philippe le Bel. Philippe de Valois, comte d'Anjou à la mort de son père (1325), réunit le comté à la couronne en 1328, mais ne tarda pas à le donner en apanage à son fils Jean (1331). L'Anjou jouit alors de quelques années de repos : la vallée, c'est-à-dire la rive droite de la Loire, entre Angers et Bourgueil, fut desséchée et défrichée; la digue de la Loire solidement reconstruite : mais la guerre de Cent ans, avec ses levées d'hommes et ses bandes de pillards, ramena bientôt la misère; Champtoceaux fut pris et repris; enfin la peste noire fit rage à Angers et dans tout le pays (13481349). Jean, à son tour, réunit l'Anjou à la couronne en 1350, mais dès l'année suivante il le donna en apanage à son fils Louis, et, en 1360, il le lui attribua héréditairement, de mâle en mâle, sous la seule réserve des régales, de la foi et hommage, du ressort judiciaire, des monnaies et des autres droits de souveraineté. En même temps le comté d'Angers était érigé en duché-pairie.

L'Anjou sous les ducs.
Sous Louis Ier (1360-1384), qui ne s'occupa de son duché que pour en percevoir rigoureusement les revenus et y instituer la chambre des comptes (1377), l'Anjou souffrit terriblement de la guerre, mais il semble avoir du moins échappé à la guerre civile; une bande d'Anglais occupa pendant quinze ans l'abbaye du Louroux (1355-1370); en 1356, Henri de Lancastre s'avança jusqu'aux Ponts-de-Cé; pendant dix années des pillards, établis à Sablé, au Plessis-Bouré, à La Flèche, à Passavant, à Cunaud, à Beaufort, etc., vivent comme en pays conquis; le salut vint de Du Guesclin. Déjà, en 1361, Il leur avait fait une rude guerre, mais d'autres provinces l'avaient appelé à leur secours; il revint en Anjou en 1370, battit à Pont-Valain la bande principale, commandée par Thomas de Grandson; la bande de Beaufort s'enfuit devant le sire de Maillé, celle du Louroux devant Du Guesclin; quant à la dernière, celle de Cressewelle, qui tenait Saint-Maur, le connétable acheta sa retraite à prix d'or, et se remboursa en établissant un droit de passage (trépas) sur la Loire, entre Candes et Champtoceaux. Après le départ de Du Guesclin, les Anglais reparurent vers Montreuil-Bellay et Château-Gontier; Robert Knolles se hasarda jusqu'aux portes d'Angers; les campagnes furent saccagées, mais les villes et les châteaux faisaient bonne garde, st bien que les Anglais se lassèrent d'attaquer un pays qui se défendait si bien. 

Louis Il, duc d'Anjou à la mort de son père (1384), passa lui aussi la plus grande partie de sa vie loin d'Angers; mais sa femme, Yolande d'Aragon, administra le duché pendant ses absences, fiança sa fille Marie au jeune comte de Ponthieu, Charles, troisième fils du roi (1413), l'éleva sous ses yeux à Angers avec sa fiancée et le rendit ainsi plus digne du trône de France; grâce à elle l'Anjou était revenu à la vie, quand la bataille d'Azincourt ouvrit une ère nouvelle de misère. Les Anglais reparurent en 1419 et s'établirent au Lude, sur le Loir; Louis II était mort en 1417, et son jeune fils Louis III était parti pour l'Italie, mais la régente Yolande était résolue à défendre l'Anjou et la France; le duc de Clarence, s'étant avancé jusqu'aux portes d'Angers, fut contraint à se retirer et s'établit à Baugé (1420); un brave chevalier angevin, Jean de Fontaine-Guérin, réunit une petite troupe, et entraîné par son ardeur le maréchal de La Fayette et le comte de Buchan : le duc de Clarence, surpris à Beaufort, fut battu et tué à Vieil-Baugé (22 mars 1421), malheureusement Champtoceaux venait de tomber entre les mains des Bretons (1420). 

Les Anglais, revenus en 1422, échouèrent devant Segré, et le duc d'Aumale les battit dans les landes de la Brossinière (1423). Yolande, toujours pleine d'énergie, travaillait à ramener le duc de Bourgogne, réussissait à réconcilier le duc de Bretagne avec Charles VII (1423), et faisait donner l'épée de connétable à Richemond; la cour résida souvent à Angers à cette époque; Charles VII régnait, mais la maison d'Anjou gouvernait. Après la prise du Lucie par Gilles de Laval, sire de Retz (Rais) et de Chantocé (1427), l'Anjou se croyait débarrassé des Anglais, mais une de leurs bandes s'avança encore en 1431, jusqu'à Épinard près d'Angers; elle fut mise en fuite; en 1433 ils commirent encore des ravages à Segré, dont le donjon fut rasé, et dans les environs de Sablé; d'autres pillards furent taillés en pièces aux Ponts-de-Cé, en 1438, et à Saint-Denis-d'Anjou, en 1444. 

Vers le même temps, Gilles de Retz, convaincu de crimes monstrueux, fut pendu et brûlé à Nantes (1440), mais ce n'était qu'un brigand de moins, et quand Charles VII vint à Angers en 1443, il y trouva une si profonde misère qu'il suspendit la perception des impôts et réduisit le nombre des paies à fournir pour l'entretien des hommes d'armes. L'Anjou fut encore visité en 1444 par le comte de Somerset, qui poussa une pointe jusqu'aux portes d'Angers, mais l'artillerie du château sauva la ville; l'Anjou était délivré des Anglais; il avait pris une part glorieuse à la défense nationale, et beaucoup de seigneurs angevins, parmi lesquels Pierre de Brézé, continuèrent brillamment de combattre les Anglais jusqu'en 1433. Quant au duc Louis III, il avait, entre deux voyages en Italie, guerroyé bravement contre les Anglais (1427-1429), mais il avait peu résidé à Angers. Quand il mourut sans laisser d'enfants, en 1434, l'Anjou échut à son frère René.

René d'Anjou était duc de Lorraine, roi de Sicile, duc d'Anjou, comte de Provence, pair du royaume; il n'y eut guère de grande question politique à laquelle il ne fût mêlé et son histoire touche de près à l'histoire générale. Il vint à Angers en 1437 revoir sa mère Yolande, marier son fils Jean, donner le Maine à son frère Charles et réunir des ressources pour la conquête du royaume de Naples. Rappelé par la mort de sa mère (novembre 1442), il se consacra à l'Anjou presque entièrement de 1443 à 1471; avec lui revenait la vie : fêtes pour les fiançailles de sa fille Marguerite avec Henri VI d'Angleterre, fêtes pour le mariage de son autre fille Yolande avec Ferry de Vaudemont; Pas du Perron, célébré près de Saumur, en 1446; fondation de l'ordre du Croissant en 1448, etc. Remarié en 1454 avec Jeanne de Laval, il vécut d'une vie nouvelle, dans des divertissements champêtres, à Chanzé (la Baumette), à Reculée, aux Rivettes, à la Ministré, à Launay, à Epluchard. Les châteaux de Saumur, de Baugé, de Beaufort, des Ponts-de-Cé étaient restaurés, agrandis, ornés, entourés de jardins; un grand nombre d'écrivains et d'artistes angevins, flamands, hollandais, provençaux, italiens, se pressaient à sa cour; René était lui-même un peintre et un poète distingué. « Oncques prince n'ayma tant subjectz », dit Bourdigné. Cependant les impôts étaient écrasants, et ils provoquèrent l'insurrection dite de la Tricoterie, qui fut rigoureusement réprimée (1461). Après quelques hésitations à l'époque de la ligue du Bien public, pendant laquelle Pierre de Brézé fut tué à Montlhéry, René prit décidément parti pour Louis XI, tint tête aux Bretons en 1468, et reçut la visite du roi à Angers, en 1470; mais Louis XI convoitait l'Anjou, et y venait pour en préparer l'annexion au domaine : René, renonçant à le lui disputer, partit pour la Provence avec ses officiers, ses livres, ses objets d'art (1471), et laissa le champ libre à Louis XI; il mourut en 1480.

L'Anjou au XVe s. et au XVIe siècle

L'Anjou réuni de nouveau à la couronne de France.
Ce fut seulement deux ans après le départ de René que le roi fit occuper Angers par son conseiller Guillaume de Cerisay (1473); bientôt il octroya à la ville une charte de mairie, et les habitants, non sans quelques troubles, durent prêter serment de fidélité au roi sur la croix de Saint-Laud (1475); une nouvelle émeute fut réprimée en 1478, et l'Anjou goûta jusqu'aux Guerres de religion une paix qu'il n'avait jamais connue. Il était administré par un conseil, composé de hauts personnages, comme le conseil ducal qu'il remplaçait, et en outre du sénéchal, du juge, du procureur et de l'avocat d'Anjou, des gens des comptes et de tous les officiers du roi; la chambre des comptes, maintenue par Louis XI, fut supprimée par Charles VIII, et ses archives transportées à Paris où elles forment un fonds précieux aux Archives nationales. Louis XII fit rédiger définitivement la Coutume d'Angers pour la distinguer nettement de celle du Maine (1508). Sous François Ier l'Anjou fut donné en apanage à Louise de Savoie (1515), et soumis à d'onéreux impôts, gabelles, entretien de francs-archers, etc., et pour comble de misère désolé par la peste, la famine et les incendies; à la mort de Louise, il revint aux mains du roi. Le régne de Henri II fut marqué par l'établissement du Présidial (juin 1552), mais surtout par la Renaissance qui embellit Angers de logis et l'Anjou de châteaux, enfin par la Réforme, qui ramena la guerre civile.

La Réforme en Anjou.
Angers fut la première ville de province où fut fondée une église calviniste (1555); les supplices furent nombreux, mais inefficaces; en 1560, les réformés étaient plus d'un millier. Un premier conflit eut lieu le 14 octobre 1560 (journée des Mouchoirs); les catholiques ayant eu le dessous, Montpensier accourut à Angers avec 900 hommes et rétablit l'ordre; le massacre de Vassy ralluma la guerre : les protestants se soulevèrent le 5 avril 1562 au soir, et se rendirent maîtres de la ville, à l'exception du château : trop de confiance les perdit; loin de demander des renforts, ils en envoyèrent au prince de Condé, et le lieutenant de Montpensier, l'aventurier Puygaillard, envoyé de Saumur, les réduisit à demander merci (mai 1562); Montpensier, arrivant bientôt de sa personne, activa les supplices et ferma les yeux sur les excès de la populace. La ville pacifiée, Montpensier parcourut les campagnes, mit le siège devant Rochefort-sur-Loire, où tenaient cinquante protestants, et s'en empara grâce à une trahison : le courageux Desmarais, conduit à Angers, subit le supplice de la roue (juillet 1562); la terreur s'étendit à Chalonnes, à Beaufort, à Château-Gontier, à Craon, à Saumur, partout où la Réforme avait pénétré. Puygaillard, nommé gouverneur de l'Anjou, satisfit ses rancunes et ses caprices, détruisit la constitution municipale, et écrasa la ville d'impôts. 

La pacification d'Amboise mit fin à son despotisme (1563); les calvinistes obtinrent un prêche dans les faubourgs de Baugé; mais les passions ne s'apaisaient pas; la guerre recommença en 1568; les protestants angevins, grossis de ceux des provinces voisines, brulèrent le château de Montreuil-Bellay, pillèrent l'abbaye de Saint-Florent, détruisirent l'église de Chalonnes, etc. (1569), puis allèrent se faire battre à Moncontour. Après l'édit de Saint-Germain (1570), les colères commençaient à s'apaiser, quand éclata tout à coup la Saint-Barthélemy : le gouverneur de Saumur, Montsoreau sur des ordres envoyés de Paris, fit égorger d'abord les protestants de Saumur (28 août), courut à Angers le jour même, et s'acquitta de sa besogne de bourreau pendant la nuit, puis dans la matinée du 29, où la populace se joignit à lui; la famine et la peste qui survinrent contribuèrent à sauver les calvinistes d'une destruction complète, et l'Anjou resta longtemps absorbé dans sa misère; pillé dans la cinquième guerre de religion par les protestants, il respira après la paix de Monsieur; mais il fut donné en apanage au duc d'Alençon, comme il l'avait été précédemment à Henri, duc d'Anjou, et le nouveau gouverneur, Bussy, y exerça un dur despotisme.

La bourgeoisie, représentée surtout par le maire Jean Ayrault, les échevins, les magistrats du présidial et Ies docteurs de l'université, profita habilement des désordres pour rétablir peu à peu les franchises municipales, et ressaisir l'administration et la garde de la ville. Mais à la mort du duc d'Alençon (1584), l'apanage vacant rentra dans le domaine royal, la constitution municipale disparut et la bourgeoisie perdit le terrain qu'elle avait gagné. Dans la septième guerre, Condé, avec une petite armée, s'avança jusqu'aux portes d'Angers (1585); d'Aubigné enleva le faubourg Bressigny, mais les murailles résistèrent et les protestants furent réduits à une retraite désastreuse. Après l'assassinat de Henri de Guise, Angers fut, avec Saumur, au nombre des quelques villes qui échappèrent à la Ligue; le maréchal d'Aumont en chassa les ligueurs, désarma la population et rétablit la constitution municipale; quant à Saumur, une des villes les plus catholiques du royaume, Henri III la remit comme gage à Henri de Navarre (avril 1589). A la mort de Henri Ill, le gouverneur du château d'Angers, Puycharic, reconnut Henri IV et prévint toute tentative de révolte, pendant que l'évêque Miron contenait son clergé; puis il entreprit de pacifier la province, prit d'assaut Chalonnes, Baupréau, le Lion d'Angers, Brissac, échoua à Rochefort et à Craon (1589- 1592); l'abjuration de Henri IV mit un terme à ces luttes sanglantes, les factions se réconcilièrent et le passage de Henri IV à Angers mit le comble à la joie (mars 1598); le duc de Mercoeur vint faire sa soumission à Briollay; quant aux calvinistes angevins, ils obtinrent des temples à Angers, à Saumur, à Baugé, à Château-Gontier, à Craon et à Prince.

L'Anjou au XVIIe s. et au XVIIIe siècle

L'Anjou sous Henri IV et sous Louis XIII.
L'Anjou vécut en paix pendant la deuxième partie du règne de Henri IV et les premières années de Louis XIII; un arrêt du parlement, révoquant certaines mesures de réaction, rendit aux élections communales leur liberté populaire; Fouquet de la Varenne fonda à La Flèche le collège des Jésuites, 1604; Saumur devint le siège d'une célèbre académie calviniste, et la grande assemblée des églises réformées de France s'y tint en 1641. Marie de Médicis, ayant obtenu en 1619 le gouvernement de l'Anjou, en fit un foyer d'intrigues et y attira de nouvelles calamités; le maire Lanier et une partie des bourgeois émigrèrent à Nantes; le pays fut en proie aux gens de guerre. Enfin, après le combat des Ponts-de-Cé (1620), Angers fut rendu au roi, qui saisit aussi Saumur l'année suivante, malgré la fidélité de Duplessis-Mornay. Aux troubles se mêlaient les inondations, la famine, la peste, qui enleva 2000 personnes à Angers, en 1696; la population, aigrie par la misère, s'insurgea en 1630; les mendiants, chassés des villes, mouraient ou devenaient brigands, enfin la guerre contre la maison d'Autriche rendit les impôts de plus en plus lourds.

L'Anjou sous Louis XIV.
Angers fut une des premières villes qui se jetèrent dans la Fronde (1648). Le maréchal de Brézé, gouverneur depuis 1636, vint aussitôt l'occuper militairement et la livra au pillage. L'année suivante elle reprit les armes et ouvrit ses portes au duc de la Trémoille (mars 1649), malgré la haute bourgeoisie, qui tenait pour Mazarin. La paix de Rueil ne calma pas les Angevins, et Brézé s'associa lui-même, avant de mourir, à la Fronde des Princes; le château de Saumur, commandé par Gaureaux, sieur du Mont, arrêta longtemps les troupes royales (1650). Jarzé, ami de Condé, leva beaucoup de troupes en Anjou; le nouveau gouverneur, le duc de Rohan-Chabot, après quelques hésitations, se prononça pour Condé (1651), excita un soulèvement populaire, emprisonna les magistrats, et chassa l'évêque Henri Arnauld, qui faisait tous ses efforts pour défendre son diocèse contre les gens de guerre, comme il venait de le défendre contre l'inondation, en 1651. Rohan s'était préparé à une vigoureuse résistance : l'armée royale, réunie à Poitiers, se disposait à marcher sur Angoulême et Bordeaux pour accabler Condé : sur le conseil de Mazarin, elle se dirigea vers l'Anjou : la cour s'établit à Saumur, et le maréchal d'Hoquincourt alla assiéger Angers; Rohan, si peu secondé par les habitants qu'ils le menacèrent de se soulever quand ils virent leurs murailles battues en brèche, capitula le 28 février, après trois semaines de siège. Le château des Ponts-de-Cé fut bientôt enlevé d'assaut et la Fronde fut réduite en Anjou (mars 1652). La monarchie absolue enlève dès lors tout intérêt à l'histoire locale; les élections municipales furent supprimées, et il ne resta aux Angevins, de leurs vieux privilèges, que le droit de désigner des candidats pour les charges municipales, et le droit de noblesse laissé au maire après vingt ans de fonctions. 

La révocation de l'édit de Nantes fut la ruine de Saumur; le temple fut démoli et les protestants quittèrent la ville; l'Académie, qui comprenait cinq classes de grammaire, lettres et rhétorique, une d'éloquence, une de grec, deux de philosophie, deux de théologie et une d'hébreu, fut supprimée (janvier 1685); les étudiants se dispersèrent; les industries qui vivent des études libérales disparurent aussitôt, et la population diminua au moins de moitié. La ville de Baugé, qui comptait beaucoup de protestants, fut, elle aussi, profondément atteinte par la révocation de l'édit de Nantes; un certain nombre abjurèrent, de gré ou de force.

L'Anjou à la veille de la Révolution.
L'Anjou sous Louis XV et sous Louis XVI ne connaît aucun événement d'importance; des suspensions et des rachats d'offices municipaux, la fondation d'un hôpital et d'un séminaire, quelques grands travaux publics, tels que le port Ayrault, la levée Besnardière, et le canal de Monsieur, la création de grandes pépinières, le développement du commerce des vins d'Anjou, l'extension de l'industrie du tissage à Chôlet, l'exploitation des ardoisières dans la banlieue d'Angers et de la houille à Montjean, tels sont les principaux faits dignes d'être mentionnés. On peut encore ajouter que l'Anjou fut apanagé à Monsieur, Louis-Stanislas-Xavier, frère de Louis XVI, avec les comtés du Maine, du Perche et de Sénonches, par édit du 21 novembre 1774, mais c'était-là, comme on sait, une simple dotation fiscale.

L'Anjou, en 1789, comprenait, sans compter Angers, 644 paroisses, dont 182 dépendaient des évêchés de Poitiers, de La Rochelle et de Nantes; il formait un gouvernement militaire renfermant le gouvernement particulier du Saumurois, qui débordait sur le Poitou. Il composait, avec le Maine et la Touraine, la généralité de Tours; l'intendant avait un délégué à Angers et un autre à Saumur; il était divisé en cinq élections, Angers, Baugé, Saumur, Château-Gontier et Montreuil-Bellay; pays de grande gabelle, il comptait 16 greniers à sel. Le clergé régulier était représenté en Anjou par vingt abbayes, seize d'hommes et quatre de femmes; les revenus de l'évêché s'élevaient à 50 000 livres environ.

L'Anjou pendant la Révolution

Les Etats Généraux en 1789.
La Révolution devait être accueillie avec enthousiasme en Anjou : les cahiers avaient réclamé énergiquement les réformes publiques, telles que le vote par tête, la périodicité des Etats généraux, le vote libre des impôts, la suppression des emplois inutiles et des apanages, l'abolition de la vénalité des charges, la suppression des justices provinciales, la liberté de la presse, la liberté du commerce, l'uniformité des poids et mesures, l'élection des municipalités par tous les citoyens, etc. Les députés du tiers, élus les 19-21 mars, étaient Milscent, Volney, la Révellière-Lépeaux, Brevet-de-Beaujour, Riche, Allard, Desmazières et Lemeignan; huit autres membres élus formèrent une chambre de correspondance, chargée de correspondre chaque jour avec les députés et avec les habitants. Les représentants de la noblesse étaient Barrin de la Galissonnière, le duc de Choiseul-Praslin, et les comtes de Ruillé et de Dieusie pour l'Anjou, le marquis de Ferrières pour la sénéchaussée de Saumur; les représentants du clergé étaient les trois curés Chatizel, Rangeard, Rabin, et Martinet, le prieur-curé de Daon.

La Révolution en Anjou.
Après la prise de la Bastille, le mouvement de Paris se communiqua à l'Anjou; Ies volontaires s'offrirent par milliers pour marcher en armes au secours de leurs représentants; des réunions politiques eurent lieu à Angers, et une députation se rendit à Pontivy pour jurer avec la Bretagne au nom de l'Anjou de défendre la Constitution, «-les décrets de l'Assemblée nationale et I'autorité légitime de nos rois ».

Le département du Maine-et-Loire (d'abord appelé Mayenne-et-Loire) fut créé au mois de janvier 1790; il était moins étendu que l'Anjou; s'il empiétait légèrement à l'Ouest sur le Poitou et sur la Bretagne, il laissait en dehors, au Nord et à l'Est, 106 paroisses, dont 51 au département de la Mayenne, 29 à celui de la Sarthe et 26 à celui d'Indre-et-Loire; parmi ces paroisses perdues les plus importantes étaient Craon, Château-Gontier, la Flèche, le Lude; le département du Maine-et-Loire comprenait 413 paroisses, sans compter Angers, 99 cantons, 8 districts, qui étaient : Angers, Saumur, Baugé, Chateauneuf, Segré, Saint-Florent, Cholet, Villiers. Le chef-lieu fut fixé à Angers, malgré les prétentions de Saumur.

Les administrateurs du département furent élus les 20-22 mai 1790; le conseil général tint sa première séance le 28 juin et les tribunaux de district furent élus le 26 octobre; jusqu'alors la révolution se faisait sans trouble; la vente même des domaines du clergé eut lieu sans soulever les passions. Mais la constitution civile du clergé commença à diviser la nation en deux partis irréconciliables : la plupart des prêtres, même parmi ceux qui avaient soutenu les réformes, refusèrent le serment exigé par décrets; ils furent soutenus par une partie des populations, surtout dans les districts de Cholet, de Vihiers et de Saint-Florent; les deux commissaires du département, Villier et Bullet, installèrent les nouveaux curés avec le concours des gardes nationales d'Angers et de Cholet; mais les troupes parties, la résistance s'organisa (août 1791). 

La guerre civile ne devait cependant éclater que dans les premiers mois de 1793. Les élections à la Législative se firent sans grand trouble (3 septembre 91) : furent élus de Houlières, Choudieu, Merlet, Ferrière, Clémenceau, Goffaux, Chouteau, Delaunay, Quesnay, Menuau et Bonnemère. Le département fournit sans peine, à la même époque, un premier bataillon de 485 volontaires, qui, sous le commandement de Beaurepaire et de Lemoine, alla s'illustrer à la défense de Verdun. L'année suivante, nouvelles élections qui envoyérent à la Convention de Houlières, Choudieu, Delaunay aîné, Delaunay cadet, La Révellière-Lépeaux, Pilastre, Leclerc, Dandenac aîné, Dandenac jeune, Pérard et Maignan; quatre nouveaux bataillons de volontaires, dont un commandé par Desjardins, furent envoyés à la frontière.

Guerre de Vendée.
Mais en même temps 246 prétres angevins étaient déportés (septembre 1792). L'insurrection qui couvait depuis 1791 éclata au mois de mars 1793 dans le pays des Bauges, dans le Baugeois et dans le Bas-Anjou les gardes nationaux reprirent bientôt le dessus à Cholet et dans les environs d'Angers, mais l'insurrection triomphait dans le pays des Mauges : le 12 mars, 6000 hommes s'emparent de Saint-Florent-le-Vieil, après un petit combat; le 13, les républicains sont battus à Jallais; Ie 14, les troupes de Cathelineau et de Stofflet font leur jonction; d'autres bandes se forment sous d'Elbée et Bonchamps; Cholet, Villiers, Chalonnes tombent au pouvoir insurgés (mars). Une colonne de garde nationale rentra à Cholet le 17 avril, mais en fut chassée le 19 et se débanda; une autre fut surprise à Beaupréau le 22; les gardes nationaux et les volontaires démoralisés ne tenaient nulle part, malgré les 82 commissaires envoyés par la Convention (Les Guerres de Vendée). 

Les Vendéens occupèrent Doué et Montreuil-Bellay le 8 juin, Saumur le 9, Angers le 23; ils échouèrent sous les murs de Nantes, où périt Cathelineau, et furent battus à Martigné-Briand le 15 juillet, mais il furent vainqueurs de Santerre à Vihiers le 18, et jetèrent dans la Loire, à la Roche de Mûrs, les 600 hommes que commandait le capitaine Bourgeois (26 juillet). Le comité de Salut public ordonna la levée en masse de tous les citoyens de seize à soixante ans dans les départements insurgés, mais les bandes qu'on rassembla étaient mal organisées et mal armées; elles furent facilement dispersées à Coron et à Pont-Barré (septembre). L'arrivée des Mayençais avec Kléber, Haxo, Westermann, Marceau, etc., changea la face des choses; si leur avant-garde fut arrêtée à Torfou (19 septembre), ils remportèrent une victoire décisive à Cholet, où toute l'armée vendéenne, forte de 40,000 hommes, s'était réunie sous le commandement de Stofflet, de Bonchamps, d'Elbée, de La Rochejacquelein et de Lescure (17 octobre). 

Alors commença pour les Vendéens cette retraite désastreuse, qui les porta de Cholet à Granville par Saint-Florent, Segré, Château-Gontier, Laval, puis de Granville aux portes d'Angers, d'où ils furent repoussés après deux jours de combat (3 et 4 décembre), enfin leur agonie à La Flèche, au Mans et à Savenay. La guerre semblait finie, mais les cruautés du comité de Salut public rallumèrent la lutte; les colonnes infernales, au nombre de douze, s'abattirent sur la Vendée et la mirent à feu et à sang; de nouvelles bandes s'étaient levées et luttaient avec désespoir, quelquefois avec succès : Cholet fut pris par Stofflet, reperdu, puis repris; la guerre était sans merci; les prisonniers étaient massacrés dans un camp comme dans l'autre; à Angers l'échafaud était en permanence sur la place du Ralliement. 

Le 9 Thermidor arrêta ces massacres; Hoche, par des paroles de modération et des promesses d'amnistie, commença la pacification du pays, et la nouvelle du désastre de Quiberon fit perdre courage au plus grand nombre; les plus opiniâtres ne tardèrent pas à succomber, Stofflet, le 26 février 1796, Scépeaux, le 24 avril, Charette, le 23 mai. Une nouvelle prise d'armes eut lieu en septembre 1799, sous le commandement de James d'Andigné; quelques coups de main furent tentés; mais le mouvement ne se propagea pas; des négociations s'ouvrirent et le 18 Brumaire hâta la pacification du pays; les Vendéens signèrent la paix le 19 janvier 1800, à Montfaucon, et le département du Maine-et-Loire, après huit années de misère, rentra sous la loi commune. (Paul Lehugeur).

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