| Louis-Philippe, roi des Français, fils aîné de Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans (dit Philippe-Égalité), né à Paris en 1773, porta d'abord le titre de duc de Chartres, fut confié, ainsi que sa soeur Adélaïde, aux soins de Mme de Genlis, qui lui donna une éducation à la Jean-Jacques; reçut dès 1785 le brevet de colonel des dragons de Chartres, adopta avec enthousiasme les principes de la Révolution, courut à la frontière se mettre à la tête de son régiment aussitôt que des troupes étrangères eurent envahi le sol français, se signala au combat de Quiévrain, à Valmy et surtout à Jemmapes (6 novembre 1792), où il commandait comme lieutenant général et où il décida la victoire; n'en fut pas moins proscrit en 1793, se vit alors forcé de quitter l'armée avec Dumouriez, son général en chef, mais refusa les offres avantageuses que lui faisait le général autrichien s'il voulait servir contre la France; se réfugia avec sa soeur en Suisse, y vécut sous un nom supposé, et professa pendant 8 mois dans le modeste collège de Reichenau (Grisons); quitta cette retraite pour visiter les contrées septentrionales, et pénétra jusqu'au cap Nord; s'embarqua pour l'Amérique en 1796, afin d'obtenir l'élargissement de sa mère et de ses frères détenus en France, vint en 1800 se fixer en Angleterre, habita sept années, avec ses frères, la résidence de Twickenham, qu'il ne quitta que pour accompagner à Malte le duc de Beaujolais, son plus jeune frère, atteint d'une maladie mortelle, se rendit de là à Palerme auprès de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, et y épousa la princesse Marie-Amélie (1809). Il reçut peu après de la junte de Séville l'invitation de se rendre en Espagne pour se mettre à la tête du parti national et repousser l'invasion française, se rendit à cet effet en Catalogne, puis à Séville (1810), mais ne fut pas soutenu par ceux mêmes qui l'avaient appelé, et se rembarqua pour la Sicile; revint en France dès qu'il eut appris les événements de 1814, mais fut accueilli très froidement de Louis XVIII, qui lui refusa le titre d'altesse royale. Il fut cependant investi d'un commandement supérieur dès que l'on connut le débarquement de Napoléon (mars 1815); séjourna de nouveau en Angleterre pendant les Cent-Jours, fut, à son retour, l'objet des défiances de Louis XVIII, ce qui l'obligea à retourner en Angleterre; ne rentra définitivement en France qu'en 1817, devint bientôt par l'effet même de l'état de disgrâce dans lequel il était laissé, un point de ralliement pour les libéraux et les mécontents, s'entoura des notabilités littéraires et politiques de l'époque; acquit ainsi une grande popularité, et se trouva tout désigné à l'opinion publique lorsque éclatèrent les événements de 1830. Il accueillit dès le 31 juillet le voeu des députés qui le pressaient de remplir les fonctions de lieutenant général du royaume, fonctions auxquelles Charles X. l'appelait de son côté, convoqua les Chambres, qui lui déférèrent la royauté, et reçut la couronne, avec le nom de Louis-Philippe, après avoir prêté serment à la nouvelle constitution, promettant que la Charte serait désormais une vérité (9 août). Placé entre des partis extrêmes, le nouveau roi adopta une politique de modération et d'équilibre que l'on a désignée sous le nom de juste-milieu; toutefois il se montra, selon les circonstances, plus ou moins favorable au mouvement ou à la résistance; de là divers ministères que les noms de leurs chefs caractérisent assez : au début, Dupont de l'Eure et Laffitte (1er août, 2 novembre 1830), puis Casimir Périer (13 mars 1831), continué par le maréchal Soult (11 octobre 1832); Thiers (22 février 1836 et 1er mars 1840), Molé (6 septembre 1836 et 15 avril 1837), enfin Guizot (29 octobre 1840-23 février 1848). (La Monarchie de Juillet) Les principaux événements politiques de ce règne sont : le refus fait par le roi du trône offert par les Belges à son fils, le duc de Nemours (17 février 1831), l'entrée en Belgique d'une armée française (9 août), qui repousse les Hollandais et consomme la séparation des deux peuples par la prise d'Anvers (23 décembre 1832); le mariage de la princesse Louise avec le roi des Belges (9 août 1832); l'expédition contre le Portugal dirigée par l'amiral Roussin, qui force l'entrée du Tage (11 juillet 1831) et dicte des conditions à don Miguel; l'occupation d'Ancône par les troupes françaises (23 février 1832), occupation qui arrête les progrès des Autrichiens en Italie; la répression des insurrections de Lyon (21 novembre 1831 et 9 avril 1834) et de Paris (5 et 6 juin 1832, 13 et 14 avril 1834); l'arrestation de la duchesse de Berry, qui tentait de soulever l'Ouest (8 novembre 1832); la Quadruple alliance entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal, pour assurer la paix de la Péninsule troublée par des prétendants (22 avril 1834); le paiement d'une créance de 25 millions réclamée par les États-Unis (18 avril 1835); l'attentat de Fieschi, dirigé contre le roi et ses fils (28 juillet 1835); le vote des lois répressives dites de septembre proposées à cette occasion; l'avènement du ministère Molé, qui débute par une amnistie (8 mai 1837), mais dont l'action conciliatrice est entravée par une regrettable coalition; le mariage du duc d'Orléans, fils aîné du roi, avec une princesse protestante, Hélène de Mecklembourg (mai 1837); la guerre avec le Mexique, le bombardement et la prise de St-Jean-d'Ulloa par l'amiral Baudin (27 novembre 1838); les démêlés avec la république Argentine (1838), auxquels mit fin un traité conclu par l'amiral de Mackau (octobre 1840); la demande d'une dotation pour le duc de Nemours, demande dont le rejet entraîne un changement de ministère (1er mars 1840), l'appui donné par le nouveau cabinet au pacha d'Égypte en guerre avec le sultan, appui qui est le prétexte de la conclusion d'un traité signé entre les grandes puissances, à l'exclusion de la France, pour arrêter les progrès de Méhémet-Ali (15 juillet 1840); la rentrée de la France dans le concert européen par le traité des Détroits (13 juillet 1841) (La Question d'Orient), et par le traité du droit de visite (décembre 1841); la translation en France des restes de Napoléon (15 décembre 1840, et l'inauguration de la colonne de la grande armée à Boulogne (15 août 1841); la mort du duc d'Orléans (13 juillet 1842), et la loi qui défère la régence au duc de Nemours; l'occupation par l'amiral Du Petit-Thouars des îles Marquises (1er mai 1842) et de la Société (septembre 1842, novembre 1843); un traité de commerce conclu avec la Chine (24 octobre 1844); une convention avec l'Angleterre pour la suppression de la traite (29 mai 1845); le mariage du duc de Montpensier avec la soeur de la reine d'Espagne, effectué malgré l'opposition du cabinet anglais (10 octobre 1846). Pendant le même temps, la domination coloniale de la France s'étendait en Afrique. En outre, un grand nombre de lois étaient rendues sur les matières les plus importantes : sur la presse (8 oct. et 29 novembre 1830, 28 août 1835), le jury (11 janvier 1831), la garde nationale (22 mars 1831), les élections (19 avril), la réforme du Code pénal (7 décembre 1831 et 28 avril 1832), la répression de la traite (15 janvier 1831) et l'émancipation progressive des esclaves; l'instruction primaire (28 juin 1833), les écoles de médecine (27 sept. et 13 octobre 1840), et la fondation d'une école française à Athènes (11 septembre 1846); la suppression des maisons de jeu et de la loterie (1er janvier 1838, 1er janvier 1839), le travail des enfants dans les manufactures (13 mars 1642), le recrutement de l'armée (26 avril 1843). Enfin, un grand nombre de monuments et de travaux d'utilité publique étaient entrepris ou achevés, entre autres la colonne de Juillet et la colonne de Boulogne, l'Arc de triomphe, la Madeleine, Notre-Dame de Lorette, St-Vincent de Paul, l'Hôtel de ville de Paris, le palais du quai d'Orsay les ponts Louis-Philippe et du Carrousel, l'hôpital Louis-Philippe; les châteaux royaux étaient splendidement restaurés; le palais de Versailles était converti en un musée historique consacré à toutes les gloires de la France (1837); Paris était entouré de fortifications (1840-46), ainsi que Lyon et Grenoble; la construction des grandes lignes de chemins de fer était décrétée (loi du 8 juin 1842). Un règne si prospère finit cependant par une grande catastrophe : depuis longtemps des réformes étaient réclamées dans la système électoral et parlementaire; plusieurs propositions avaient été faites à cet égard, mais toutes avaient été rejetées : de là un mécontentement et une agitation qui, à la fin de 1847 et au commencement de 1848, furent exaltés par les banquets de réformistes que présidaient les chefs de l'opposition. Un banquet annoncé à Paris pour le 22 février ayant été défendu, il s'ensuivit une collision; le roi changea son ministère pour éviter l'effusion du sang, et forma un cabinet favorable à la réforme (23 février); puis, ces concessions ne suffisant plus, il abdiqua en faveur de son petit-fils le comte de Paris sous la régence de la duchesse d'Orléans (24); mais cette abdication fut considérée comme non avenue : un gouvernement provisoire fut établi, et la République proclamée. Louis-Philippe retourna une dernière fois en Angleterre, où il prit le nom de comte de Neuilly; il y mourut en 1850, au château de Claremont, dans sa 77e année. Tous reconnaissent en Louis-Philippe une haute capacité; mais ses adversaires l'ont accusé, les uns d'avoir usurpé, en acceptant la couronne au détriment de l'héritier légitime, le duc de Bordeaux; les autres d'avoir eu une politique réactionnaire, d'avoir ainsi manqué à son origine en comprimant l'esprit libéral et en se refusant obstinément à toute réforme, d'avoir trop fait prédominer sa volonté personnelle; d'avoir favorisé la corruption politique; d'avoir voulu la paix à tout prix; plusieurs même l'accusaient de thésauriser, tandis qu'il contractait plus de trente millions de dettes dans un intérêt public. Quoi qu'il en soit de ces accusations, on doit reconnaître que ce prince respecta constamment la Charte qu'il avait jurée; qu'il réussit à rétablir l'ordre à l'intérieur, à maintenir la paix à l'extérieur, que la France a joui sous son règne de la liberté la plus étendue, de la prospérité la plus grande; qu'il encouragea de tout son pouvoir les lettres, les arts, l'industrie, enfin qu'il donna aux travaux publics une immense impulsion, ce qui l'avait fait surnommer le Napoléon de la paix. En outre, il, offrit sur le trône l'exemple des vertus privées; enfin il se montra clément, et se refusa toujours à relever l'échafaud politique. Néanmoins, peu de princes ont été l'objet d'attentats aussi répétés : indépendamment des conspirations de toute espèce dirigées contre son trône, sa vie fut attaquée sept fois. (Bt.). Louis-Philippe eut 8 enfants : 1° Ferdinand, duc d'Orléans, né en 1810, mort en 1842 marié à la princesse Hélène de Mecklembourg, dont il ont deux fils, Louis-Philippe, comte de Paris, né en 1838, et Ferdinand, duc de Chartres, né en 1840; 2° Louise, née en 1812, mariée au prince Léopold, roi des Belges, morte en 1850; 3° Marie, née en 1813, mariée au prince Alexandre de Wurtemberg, morte en 1839; 4° Louis-Charles, duc de Nemours, né en 1814, marié à une princesse de Saxe-Cobourg-Gotha; 5° Clémentine , née en 1817, mariée à un prince de Saxe-Cobourg-Cohari; 6° François-Ferdinand, prince de Joinville, né en 1818, marié à une princesse du Brésil; 7° Henri-Eugène, duc d'Aumale, né en 1822, marié à une princesse de Naples; 8° Antoine-Philippe, duc de Montpensier, né en 1824, marié à la princesse Louise, soeur de la reine d'Espagne. | |