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Le
Moyen âge.
L'histoire de la littérature
danoise au Moyen âge
peut se diviser en deux grandes périodes : pendant la première, qui s'étend
de l'établissement du christianisme
à la mort de Valdemar le Victorieux, de l'an 1000 à l'an 1241, les premiers
efforts littéraires paraissent sous Svend Estrithsen et ses fils, et les
anciennes lois sont rédigées sous les Valdemars; la deuxième se prolonge
jusqu'Ã l'introduction de l'imprimerie ,
1241-1500, et c'est alors seulement que commence véritablement la littérature
danoise.
Première
période.
Il faut entendre par les premiers efforts
littéraires au Danemark
quelques récits de légendes chrétiennes
et quelques Vies des saints écrites en
latin
par des ecclésiastiques. Les
monastères
rendirent en Scandinavie
les mêmes services à la culture que dans tout le reste de l'Europe ;
ils fondèrent les premières écoles, à Lund, à Roeskilde, à Viborg ,
etc., et des bibliothèques étaient
jointes aux autels dans les grandes églises.
Les relations fréquentes avec l'Université
de Paris aidèrent aussi à répandre dans
le Nord la culture classique et chrétienne; Virgile,
Ovide,
Cicéron,
Justin,
Valère
Maxime, furent ainsi connus, copiés et cités. Quelques moines danois
brillaient déjà au dehors, comme Hugues le Danois, abbé de Saint-Edmond,
auteur du Monasticum Anglicanum. Il est probable que, dès cette
première période, il y eut quelques légendes et des sermons dans la
langue nationale, mais on n'en a pas conservé de preuves; le concile
national d'Odense ,
en 1245, résolut que ses décrets seraient lus dans cette langue aux clercs
et aux laïques (vulgariter exponantur).
L'histoire
trouve de bonne heure à la cour des Valdemar une faveur marquée. Beaucoup
de ces scaldes'
islandais
qui racontaient l'histoire du Nord passaient par le Danemark
en se rendant en pèlerinage à Rome; on les
retenait, et on les écoutait avec charme; des scaldes danois se formaient
même à leur exemple. La Knytlinga Saga
témoigne de ces fréquentes relations avec l'extrême Nord. Le célèbre
archevêque de Lund, Absalon, mort en 1201, exerça sur l'histoire naissante
au Danemark la plus heureuse influence; c'est lui qui engagea Aagesen Ã
écrire sa Compendiosa historia regum Daniae, et qui est le premier
résumé de toute l'histoire danoise jusqu'à la fin du XIe
siècle, et Saxo Grammaticus à composer
sa belle Historia danica; malheureusement l'usage du temps fit composer
en latin ces deux textes, dont le second
surtout, écrit en danois, nous fût arrivé
mieux conservé et mieux compris. Dans le livre de Saxo, l'historien de
la littérature admire, outre le mérite original, l'indication et l'usage
de sources précieuses, comme les vieux chants
et poèmes nationaux (patrii sermonis carmina), et les traditions
orales reçues avec soin des contemporains les plus savants, comme Absalon
lui-même.
Les seuls textes écrits en danois avant
la fin de la première période sont les anciennes lois
danoises; lois religieuses, comme celle de Scanie, écrite en 1162, et
celle de Seeland, donnée par Absalon en 1170; ou lois civiles, comme celle
de Scanie (1163), les lois de Seeland, du roi Valdemar et la loi
jutlandaise du roi Valdemar II (1241).
Seconde
période.
Les éléments d'une littérature
nationale ont paru fort rares dans la première période; ils le sont plus
encore au commencement de la seconde, étouffée par la scolastique
et la culture du latin. Au retour de l'Université
de Paris, on fonde quelques écoles, à Lund en 1256, à Roeskilde avant
1251, Ã Odense
en 1271, Ã Ribe en 1272, Ã Copenhague
vers 1340. On y enseigne la grammaire latine
dans le Doctrinale en vers latins d'Alexandre de Ville-Dieu, mort
en 1240; ce livre sec et obscur, avec le Glossae praestantissimae, notabiles
et aureae, régna au Danemark
pendant 300 ans; il se soutint en France
jusqu'en 1514. Légendaires et chroniqueurs danois composent en latin ces
écrits qu'a enregistrés Langebeck, et cela pendant que l'idiome
national, à peine formé, a encore à se défendre contre la redoutable
influence de la langue allemande qui
pénètre par les duchés.
On ne peut guère citer de compositions
faites alors en danois et conservée jusqu'à nos jours que le curieux
livre de médecine de Henri Harpestreng, quelques lettres ou diplômes
dès le commencement du XIVe siècle, des
traductions ou des abrégés de livres latins,
comme la traduction du Lucidarius ou Aurea gemma, ouvrage
de religion et de géographie
devenu populaire dans toute l'Europe ,
comme celles de certains fragments de la Bible
et des Pères, etc. Les textes législatifs écrits
en danois sont plus nombreux; ce sont : la vieille Loi
royale, les constitutions municipales et les coutumes
des ghildes et métiers, datant en général du commencement du XVe
siècle. La Chronique d'Éric le Poméranien, qui va jusqu'en 1313,
la traduction de l'Itinéraire à Jérusalem
de
Mandeville,
etc., datent aussi de cette époque. Mais surtout la grande Chronique
danoise rimée, écrite vers 1480 par un moine de Soroe, ou peut-être
par plusieurs auteurs, est fort intéressante au point de vue de la langue;
elle n'a aucune valeur historique ni poétique.
Un intérêt plus littéraire s'attache
aux traductions ou imitations faites en danois,
aux XIVe et XVe
siècles, des romans ou des poèmes dont la
lecture passionnait, après la France
d'où ils sortaient, toute l'Europe .
Tels sont le Diderik de Bern, le Tungulus, etc. Tels sont
ce qu'on appelle les Chants d'Euphémie, ou mieux les poèmes que
la reine de Norvège ,
Euphémie, morte en 1315, fit traduire vers 1302 : Ivan et Gavian, Frédéric
de Normandie, Flor et Blancheflor .
Plus originales sont deux sortes de productions qu'il nous reste à citer
pendant cette seconde période : les Proverbes de Pierre Laale,
choisis, il est vrai, parmi les classiques latins et dans des livres français
d'alors, mais exprimés à la fois en latin
et en danois, fort curieux à étudier pour la langue et les moeurs, et
assez souvent sans doute d'origine, toute danoise; il y a, du reste, dans
tout le recueil, un certain mérite de naïveté et de concision.
Mais les chants héroïques (Kjaempeviserne)
sont principalement dignes de toute l'attention du littérateur et de l'historien.
Ils ont été recueillis d'abord par Anders Soerensen Vedel, Ribe, 1591;
puis par Peter Syv, Copenhague, 1695; par Nyerup, Abrahamson et Rahbek,
1812-1814; par Grundtvig, Schaldemose, Molbech, etc., d'après des manuscrits
trop souvent altérés, et qui ne datent guère que du commencement du
XVIe siècle, ces chants
ayant été longtemps conservés par la seule tradition orale depuis le
XIIe siècle suivant
W.
Grimm (Altdänische Heldenlieder, préface), depuis le XIIIe
selon Nyerup. Ces chants, avec rimes et refrains, offrent un tableau précieux
des moeurs féodales, non seulement au Danemark ,
mais dans tout le Nord scandinave .
On peut d'ailleurs distinguer entre eux : les chants mythiques, réminiscences
de l'ancienne mythologie nordique ,
les chants héroïques proprement dits, échos des grandes renommées du
Moyen-âge
et quelquefois même des souvenirs de l'Antiquité ,
de Charlemagne et de la guerre de Troie ;
les chants romanesques et mystiques, etc.
La Renaissance
et le XVIIe siècle.
La fondation de l'Université de
Copenhague,
l'introduction de l'imprimerie
et bientôt celle de la Réforme, préparèrent la naissance de la littérature
moderne proprement dite. Dès 1419, Éric le Poméranien
avait obtenu du pape l'établissement d'une haute école (generale studium)
dans le Nord. Christian Ier
fit renouveler à Rome, en 1474, cette permission
dont on n'avait pas profité. L'Université d'Upsala
fut fondée et consacrée en 1477; celle de Copenhague fut fondée en 1478
et consacrée en 1479. Les modèles étaient naturellement les Universités
de Paris et de Bologne;
c'est toutefois celle de Cologne
qu'on imita plus particulièrement à Copenhague ( A.
Thura, Regiae Academiae Hafniensis infantia et pueritia, 1734, dans
Langebeck, t. VIII.).
A l'institution des Universités se rattachent
les origines du théâtre au Danemark .
Le roi Frédéric II (1559-1588) appelait
souvent au château de Copenhague
les étudiants danois pour quelque fête dramatique.
II fit jouer une comédie de Térence,
mais ce bon exemple ne fut pas assez suivi : on joua le plus souvent de
mauvaises pièces latines du Moyen âge ,
ou des légendes et moralités
écrites en allemand, la Danse des
morts, le Roman du Renard ,
ou des contes de Hans
Sachs, des pastorales de l'écossais
Lindsay,
des idylles morales de Catts, et quelques
poèmes français. Après l'établissement de la Réforme, définitif vers
1540, et la traduction de la Bible
en danois, vers 1550, c'est dans l'Ancien
Testament
que le théâtre va chercher ses inspirations. Les écoliers (= étudiants)
de Ribe représentent devant Frédéric II une Suzanne, Ranch écrit
un Salomon, la Prison de Samson, etc. II est difficile de
fixer l'époque où les ouvrages dramatiques commencent à être écrits
dans la langue nationale; le premier essai parait être celui de Christian
Hansen, directeur de l'école de Notre-Dame à Odense
en 1531.
Avec le règne de Christian
IV (1533-1543) commence une véritable renaissance. D'une part, l'Université
est agrandie, et la littérature classique prospère : sur invitation du
roi, les savants hollandais Meursius et Pontanus
écrivent une histoire latine du Danemark .
Hvitfeld, Olaüs Wormius et Stephanius étudient avec succès les antiquités
nationales. De l'autre, l'évêque Arreboe s'est fait donner, par ses poésies
bibliques, le surnom de Père de la poésie danoise.
Bartholin
et Olaüs Wormius écrivent aussi quelques ouvrages de médecine, et les
mathématiques
sont cultivées avec succès par les élèves de
Tycho
Brahé, l'astronome favori de Frédéric
Il, particulièrement par Christian Longomontanus.
Cette renaissance ne porte cependant pas de fruits immédiats, et le mouvement
littéraire s'éteint jusqu'à la fin du XVIIe
siècle. Signalons toutefois pendant cette période quelque culture des
sciences physiques, par Olaüs Borch et les Bartholins; les travaux historiques
ou archéologiques de Resen, Otto Sperling et Torfaeus;
le premier essai sérieux d'une grammaire danoise par Pierre Syv; enfin
les poésies de Bording et de Kingo.
Le XVIIIe
siècle.
La première moitié du XVIIIe
siècle danois est remplie tout entière par la figure d'Holberg
(1684-1754). Avec lui vont naître enfin et le théâtre
danois et la littérature danoise. Ce ne fut pas sans que l'influence française
y eût une grande place: ce fut un acteur français qui fut appelé par
Frédéric
IV pour donner à la première troupe du nouveau théâtre royal Ã
Copenhague
des leçons de déclamation; on commença les représentations par une
traduction de l'Avare
de Molière, et Holberg lui-même n'hésite pas
à se reconnaître l'élève de Molière. Toutefois Holberg sut montrer,
même en imitant, l'originalité véritable de son talent. Dès 1722, il
fit jouer son excellent Potier d'étain, et quatorze de ses ouvrages
furent représentés ensuite à de courts intervalles. Né en Norvège ,
Holberg s'était fait complètement danois. Aujourd'hui encore le théâtre
de Copenhague ne connaît pas de fêtes littéraires plus complètes que
les représentations du vieil Holberg interprété par quelque artiste
intelligent. On a de lui, outre ses comédies,
un
roman satirique intitulé le Voyage souterrain
de Nicolas Klimm, qui ne manque ni de verve ni d'esprit, des travaux
historiques qui ne sont pas sans valeur, et une curieuse Correspondance.
D'ailleurs, le Danemark
se ressentait de l'effervescence intellectuelle qui agitait l'Europe ;
on y sentait la puissance de l'esprit et l'utilité de ses efforts. Lettres,
sciences et arts trouvèrent des protecteurs dans Frédéric
V (1746-1766) et dans les mêmes ministres, Bernstorf, Moltke, etc.,
qui propageaient les réformes politiques et sociales.
Le XIXe
siècle.
S'il est vrai que, sous Christian
VII (1700-1805), l'influence française fut encore trop exclusivement
dominante, il faut cependant noter pendant cette même période quelques-uns
des épisodes littéraires ou scientifiques les plus remarquables pour
le Danemark, comme le Voyage en Arabie de
Carstens
Niebuhr, les travaux législatifs de Kofod Ancher, les travaux historiques
du savant érudit et linguiste Suhm, enfin la grande collection publiée
par Langebeck. Les poètes Ewald, Baggesen, et Wessel méritent seuls peut-être
d'être cités au début du siècle. Mais l'influence française, si elle
avait trop exclusivement dominé pour un temps, avait éveillé au Danemark
le sentiment de la nationalité, loin de l'étouffer pour jamais. L'Allemagne
et la France
elle-même donnèrent, au commencement du XIXe
siècle, l'exemple d'une inspiration patriotique ou nationale, qui contrastait
avec le cosmopolitisme
du XVIIIe siècle sans lui être absolument
contraire. Le Danemark
suivit. Le même souffle inspira ainsi des archéologues comme Thomsen
et Worsaae, des historiens comme Werlauff, Schiern, Wegener, des
juristes comme Krieger et Oersted, des savants comme Oersted,
Eschricht et Westergaard, et de braves officiers enfin quand il s'agissait
de défendre contre l'Allemagne une nationalité tout récemment révélée
et comprise. Beaucoup d'autres d'auteurs se sont englués dans cette mélasse
patriotique : Grundtvig dans
Chants de guerre, Hans Peter Holst
dans le Petit Trompette, Johannes Boye dans Chants patriotiques,
Johannes Hansen dans le Patriotisme, dont les titres même sont
significatifs.
Mais c'est surtout le poète dramatique
Oehlenschlaeger, qui allait se placer en tête de ce nouveau mouvement.
Après un voyage en France, il fonda une école pareille à celle qu'avait
créé, en France ,
Victor
Hugo. Avec Oehlenschlaeger la littérature
danoise demanda aux souvenirs de l'histoire scandinave ce qu'elle avait
emprunté jusque-là à l'histoire de la France ou à l'esprit de l'Allemagne ;
l'idée de la patrie pénétra la nouvelle littérature, et les anciennes
sagas,
les chants populaires, les traditions et les légendes
du Moyen âge
ouvrirent de précieux trésors jusqu'alors ignorés. C'est à de telles
sources qu'Oehlenschlaeger a puisé ses meilleures tragédies,
celles qui sont historiques, comme Hakon iarl, Hagbart et Signe, Axel
et Walborg, Palnatoke, Hugo de Rheinberg. C'est aux récits
poétiques des Eddas
qu'il a emprunté le sujet de son poème des Dieux du Nord.
Les meilleurs disciples de Oehlenschlaeger
sont : Ingemann, Brédahl, Hauch, Hertz, auteurs de tragédies, de
comédies, de vaudevilles, dont quelques-uns célèbres. Heiberg, imitateur
de Scribe, directeur du Théâtre-Royal de Copenhague,
a de la facilité et de l'entente scénique; Moeller traduit le Village
de Feuillet et l'Invitation à la valse de Dumas;
Holst adapte des pièces allemandes; Boye fait des drames
historiques. De nos jours, en quinze ans, on applaudit Erik Bogls, censeur
du Théâtre-Royal, vaudevilliste estimé; Henning, Jensen, le romancier,
Gjollerup, romantique, avec quelques accents naturalistes, qui donnent
Poissons d'avril, Paroles et Actes, Poison et Contrepoison, pour ne
citer de chacun d'eux que leur chef-d'oeuvre. Etmann entasse vaudevilles
et comédies: les Vieux garçons, Cette
chère famille, la Grande Mascarade, En province; Edouard Brandes donne
Asgerd,
Amour, Remèdes, Sables mouvants, une Visite, Fiançailles.
Il convient de signaler Schandorph, le
romancier (A l'hôtel, les Filles de Sivertsen); Von der Recke,
le poète (Bertrand de Born, la Reine Eigra); Larsen, le romancier,
peintre des existences dévoyées (Femmes, Honneur), et Benzon,
le plus populaire de tous (un Scandale, Sportsmen, Anna Bryde).
N'oublions pas Wied, Hoger, auteur de la Famille Jensen; Emma Gad,
Einar Christiansen, Rosenberg, Holst; et mettons surtout en lumière le
plus grand poète du siècle, Holger Drachmann, de la trempe des Ibsen
et des Björnson, pour ne citer que les Nordiques. Ses oeuvres abondent,
le plus souvent mélodramatiques c'est-à -dire destinées à être
déclamées avec accompagnement de musique, Drachmann s'est attaqué Ã
l'histoire ancienne dans Alcibiade ou les Grecs en décadence; Ã
l'histoire étrangère dans le Bonheur à Arenzano; à l'ancienne
mythologie scandinave
dans Völund le forgeron; au conte féerique,
dans Il était une fois... Ici, il trace des tableau de genre :
les
Gens, de Strandbay, là , de grandes et picturales fresques :
Renaissance,
où il décrit l'Italie
de ce temps et la rénovation morale d'un artiste par l'amour vrai; lÃ
encore, il s'attaque à la question sociale : Brav-Karl (Brave
homme), en une action héroïque et moyenâgeuse, qui a pour but de
prêcher aux seigneurs le partage de leurs biens entre tous leurs serfs
affranchis.
La politique a inspiré quelques poètes
: Parmo Carl Ploug, rédacteur du
Faedereland, a donné des chants
devenus populaires; Sophus Schandorph, Unge Dage, satire du parti
national libéral; Meyer Aron Goldschmidt, romancier juif, traite de la
vie sociale des israélites dans le
Corbeau, Maser, un Juif. Wilhelm Bergsace préside au roman
naturaliste avec la fiancée de Roerwig, Rome sous Pie IX; Mme Gyllembourg-Ehrenswaerd
s'illustre par la Famille Polonius, Ie Rêve et la Réalité,
Deux époques; Carl Bernhard par Anciens souvenirs, Deux Amies
et la série de ses romans historiques moyenâgeux.
D'autres noms d'oeuvres poétiques et d'auteurs
doivent être cités à la même époque : Tidlig Skilmisse de Aarestrup;
les recueils lyriques : la Danseuse, l'Amour et Psyché, Trochées et
iambes, Vénus, Adam homo, l'Amour à la cour, de Paludan Müller,
à ses heures romancier socialiste, célèbre aussi par l'Histoire d'Yvar
Likke. On leur ajoutera la pléiade de poètes et de romanciers de
second ordre, qui suit ces chefs de file : Richard, Kaalung, Arentzen,
Schmidt, Rosing, Nielsen, Thyregod, Henningsen, BrosboeIl.
On le voit, les poètes danois sont nombreux,
au XIXe siècle, ainsi que Ies romanciers.
Certains écrivains ont cultivé simultanément les deux genres; tel Hans
Christian Andersen (1805-1875), le plus connu peut-être, auteur de
l'Enfant
mourant, Fantaisies et esquisses, recueil, poétiques; de l'Improvisateur,
les Deux Baronnes et surtout de Contes,
estimés dans tous les pays. Au nom d'Andersen, il conviendrait aussi d'ajouter
celui de Kierkegaard (1813-1855), dont l'oeuvre
appartient en premier lieu à la philosophie,
mais dans lequel on peut voir aussi un des plus grands écrivains danois
du XIXe siècle (A.
G. / NLI).
La littérature
danoise depuis 1900.
Début
du XXe siècle.
Les débuts du XXe
siècle sont marqués par des oeuvres tournées vers les réalités sociales
et les expériences individuelles. Johannes V. Jensen et Martin Andersen
Nexø sont parmi les écrivains les plus influents de cette époque. Jensen,
lauréat du prix Nobel en 1944, est connu pour ses récits mythiques et
ses romans épiques comme Den lange rejse (Le long voyage).
Nexø, quant à lui, est célèbre pour ses romans prolétariens tels que
Pelle
Erobreren (Pelle le Conquérant) et Ditte Menneskebarn
(Ditte, enfant de l'homme)​​.
Entre-deux-guerres
et Seconde Guerre mondiale.
Pendant l'entre-deux-guerres et la Seconde
Guerre mondiale, la littérature danoise se caractérise par une introspection
accrue et une exploration des tensions sociales. Des auteurs comme Tom
Kristensen et Hans Kirk ont produit des œuvres critiques sur la société
danoise. Kristensen est surtout connu pour son roman Hærværk (Ravage),
une exploration nihiliste de la vie moderne. Kirk a écrit Fiskerne
(Les Pêcheurs), qui décrit la vie des pêcheurs dans une petite
communauté danoise​. On retiendra de Karen Blixen (qui écrit aussi
en anglais), La Ferme africaine (1936) et Contes d'Hiver
(1941).
Après-guerre
et années 1970.
Après la Seconde Guerre mondiale, la
littérature danoise a vu l'émergence de nouvelles voix et de nouveaux
styles. Klaus Rifbjerg a écrit des romans, des nouvelles et des poèmes
qui saisissent l'esprit de l'époque. Villy Sørensen est connu pour ses
essais et ses fictions philosophiques​​.
Modernisme
et postmodernisme.
Les années 1970 ont marqué l'essor du
modernisme et du postmodernisme dans la littérature danoise. Inger Christensen
est une figure clé de cette période, avec des œuvres comme Det
(Ça) et Alfabet (Alphabet), qui sont des recherches
poétiques sur la la langue et la structure​.
Littérature
contemporaine.
Depuis les années 1990, la littérature
danoise est devenue de plus en plus diversifiée, avec des auteurs abordant
des thèmes globaux et personnels. Peter Høeg a acquis une renommée internationale
avec son roman Le Sens de la neige de Smilla. Jens Christian Grøndahl
et Helle Helle sont également des figures importantes de la scène littéraire
contemporaine. Ils s'intéressent aux complexités des relations humaines
et à l'identité personnelle​. |
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