| Les fêtes sont des moments de rassemblements collectifs organisés en l'honneur d'une divinité, d'une personne, d'événements importants ou bien en commémoration de l'anniversaire de ces événements. En général il s'agit d'occasions de réjouissances; mais il existe aussi des fêtes graves ou tristes (pompe officielle, funérailles, etc.). Plus encore que par les divertissements ou les cérémonies dont elles peuvent être le prétexte, les fêtes sont caractérisées par la mise en commun (communion) d'émotions (joie, recueillement, tristesse) et par une rupture dans le rythme de la vie quotidienne (on ne travaille pas, on veille, on jeûne ou au contraire ont fait ripaille, etc.). Les fêtes sont périodiques (annuelles, mensuelles, hebdomadaires) ou accidentelles (pour célébrer une victoire, une inauguration, une naissance, un mariage, un décès), publiques ou privées. Les principales sont naturellement les fêtes publiques périodiques. Le besoin d'une certaine alternance du travail et du repos, de chômages réguliers, paraît très général, pour ne pas dire universel. Il y a là un penchant de la nature humaine, auquel les fêtes donnent satisfaction. Elles répondent de même au besoin d'amusements collectifs. On sait combien la joie est contagieuse et est ressentie plus vive en foule qu'isolément. Cela est surtout vrai des plaisirs bruyants, les plus goûtés des foules. L'institution de grandes fêtes, revenant à époque fixe, est intimement liée à l'évolution des civilisations et des religions. Le caractère religieux des fêtes est si évident que des écrivains ont pu les définir des jours réservés à l'accomplissement de cérémonies religieuses. II serait impossible de passer en revue les fêtes de toutes les populations et sociétés humaines, d'en étudier l'origine, les modifications successives, sans retracer par là même les moeurs, les coutumes, les religions de l'humanité tout entière. Nous ne pouvons aborder cette étude, même restreinte aux fêtes publiques régulières; on en trouvera les éléments dans l'article Religion et dans les articles relatifs à la civilisation des principaux peuples, Egyptiens, Hindous, musulmans, etc. (on devra se reporter aussi au mot Calendrier); enfin, des articles spéciaux sont consacrés à chaque fête importante. Nous n'avons donc ici qu'à présenter des considérations générales, à esquisser un tableau d'ensemble. Les moralistes et les économistes se sont posé la question de l'utilité des fêtes publiques. Ils en condamnent l'abus et mettent en question le principe lui-même. « Ces prétendues réjouissances publiques ont, dit Legoyt, des conséquences économiques regrettables. Elles causent un notable préjudice au travail et interrompent dans la classe ouvrière les habitudes d'ordre, d'économie et de tempérance. » L'ouvrier, disait-on autrefois, passe son temps au cabaret, au grand détriment de sa bourse et de sa santé; trop souvent il s'enivre et prolonge le lendemain le chômage de la veille. En outre, les grandes agglomérations d'hommes provoquent parfois des accidents graves et propagent les maladies contagieuses. Enfin, l'état psychologique des foules est très inférieur moralement à celui des individus qui les composent. Ces objections ont leur valeur; néanmoins on ne peut assimiler l'homme à une machine. Si l'on se place au point de vue du bonheur des membres de la société, les fêtes et les plaisirs dont elles sont l'occasion apportent aux individus une grande somme de satisfaction dont on chercherait vainement l'équivalent ailleurs; qu'elles soient souvent grossières, on peut le regretter, mais les intéressés sont seuls juges. Ce qui reste vrai, c'est que les fêtes peuvent être un moyen d'éducation, qu'il est excellent d'y encourager les exercices physiques, jeux d'adresse; de développer les concerts, les représentations théâtrales, les expositions artistiques, etc. En somme, les fêtes publiques sont une des plus heureuses parties de la vie populaire; elles développent la sociabilité et répondent à un besoin universel. - Une fête en Papouasie-Nouvelle-Guinée (ca. 1955). Source : National Library of Australia. A l'époque contemporaine, les fêtes ont beaucoup perdu de leur importance. Cela est en partie la conséquence de la disparition progressive des pratiques religieuses traditionnelles qui les vivifiaient; la prodigieux développement des moyens de transport, la célérité et la fréquence des communications déracinant l'homme du sol effacent rapidement les coutumes locales. Les médias de masse, la télévision, servent à créeer des occasions d'émotions collectives d'une ampleur sans exemple dans le passé, et des fêtes se perpétuent sous de nouvelles formes, même si la plupart ne sont d'abord de grandes récréations, que chacun peut vivre de son côté. La déclin est sensible même dans les fêtes de famille. Il y en a de deux sortes les fêtes occasionnelles, célébrant un événement considérable de la vie de famille; les fêtes périodiques à certains anniversaires. Dans les deux cas ces fêtes sont une occasion de réunion, de rapprochement pour les divers parents, de manifestation des affections domestiques. Les plus somptueuses sont celles qu'on offre à ses proches et à ses amis à l'occasion des mariages. D'autres fêtes de famille ont lieu quelquefois pour le 25e, le 40e ou le 50e anniversaire du mariage (noces d'argent, d'or, de diamant). Des fêtes périodiques quelques-unes sont propres à la famille; on célèbre l'anniversaire de la naissance. De même au nouvel an; la fête du « jour de l'an » est souvent la principale fête de famille; les enfants viennent complimenter leurs parents; on échange des souhaits de prospérité pour l'année qui s'ouvre. Ces voeux dépassent le cercle de la famille; entre connaissances, on échange sinon des visites ou du moins des cartes de voeux. L'usage des étrennes persiste lui aussi. Les deux fêtes religieuses qui encadrent le jour de l'an sont également des fêtes de famille, Noël, surtout, mais aussi le jour des Rois (Epiphanie). La première est la grande fête des pays germaniques et anglo-saxons; la seconde, des pays du Midi, qui fêtent d'ailleurs toute la période depuis Noël. Les enfants ont la principale part dans la fête de famille à Noël; c'est à eux qu'on offre les jouets suspendus à l'arbre de Noël, au sapin illuminé en leur honneur; c'est (en principe) dans leurs souliers placés auprès de la cheminée qu'on met les cadeaux; il est vrai que les adultes se réservent le souper classique du réveillon. C'est encore un banquet qui célèbre normalement la fête des Rois dont, en pratique, ne subsiste guère que la coutume de se partager une galette où est cachée une fève dispensatrice de la royauté du festin pour celui qui la reçoit, on peut encore considérer comme fête de famille la fête annuelle des Morts. Les fêtes populaires coïncident généralement avec les fêtes religieuses, mais sans grand éclat; dans les villes elles tendent à disparaître; il ne subsiste guère que les fêtes publiques. Cependant là, comme dans les villages, certains quartiers ont annuellement leur fête foraine. La partie religieuse des fêtes est de plus en plus négligée; chez les chrétiens, celles qu'on célèbre encore à Pâques, à la Fête-Dieu, à l'Assomption, etc., ne sont plus les principales. Les ressources locales sont limitées : des bals aux accents d'un orchestre rudimentaire, quelques jeux, des tirs. L'élément d'attraction capital est fourni par les forains nomades qui promènent de ville en ville, de village en village. Ces fêtes foraines ne tiennent plus grand compte du calendrier religieux; chaque village a la sienne à son tour. Les fêtes publiques, officiellement décrétées par l'Etat ou les pouvoirs locaux, sont les plus considérables, bien que factices. Elles donnent une suffisante satisfaction au besoin de divertissement par les jeux, les bals, les illuminations et les feux d'artifice qui sont leur grande attraction. C'est dans cette catégorie qu'il faudrait ranger les concours dont nous parlions et peut-être même la fête foraine annuelle de chaque village. Les fêtes religieuses conservées par l'Etat ne sont marquées que par le chômage de la vie publique. | |